L’archevêque et la femme de l’hérétique
D’un cas de paupérisme radical dans le Lyon du xiie siècle
p. 283-292
Texte intégral
1Dans le Lyon des années soixante-dix du XIIe siècle, suite à sa conversion évangélico-paupériste radicale, le riche civis Vaudès avait distribué aux pauvres tous ses biens, se mettant ensuite à vivre d’aumônes et de libre prédication. Ce choix poussa toutefois la femme légitime de Vaudès à demander l’intervention régulatrice de l’archevêque de Lyon.
2On se propose ici de montrer le rôle attribué à l’archevêque de Lyon pour trancher le litige survenu entre Vaudès et sa femme, sur la base du témoignage contenu dans le Chronicon Universale de l’Anonyme de Laon1. Pour mieux comprendre la spécificité dissidente de l’affaire Vaudès, on comparera l’épisode conservé dans le Chronicon de Laon à la spoliation de François devant l’évêque d’Assise telle qu’elle est narrée dans la plus ancienne hagiographie franciscaine, à savoir la Vita Prima de Thomas de Celano2.
I - Vaudès et le Chronicon Universale de l’Anonyme de Laon
3L’anonyme Chronicon Universale de Laon, sans doute rédigé par un moine du monastère prémontré de Sainte-Marie de Laon en Picardie, englobe un espace temporel qui commence par la fondation du monde et se termine brusquement en l’an 1219. En dépit de son intitulé sec, ce Chronicon Universale utilise une typologie textuelle contaminée : il appartient certes au genre de la chronique mais il est également empreint de la forme caractéristique des annales3. L’auteur anonyme parcourt en effet de façon rapide et synthétique les événements les plus éloignés dans le temps : et la ré-évocation des faits lointains est à la fois rapide et imaginative. Quoique s’autorisant abondamment aux atmosphères floues de la fantaisie, une narration davantage détaillée des faits se situant à partir de la seconde moitié du XIIe siècle et dans l’horizon géographique que l’auteur anonyme domine le mieux de son regard est en revanche indéniable.
4La finalité prioritaire du Chronicon Universale n’est toutefois pas un enregistrement documentaire aseptique. L’intention fondante du Chronicon Universale est plutôt la narration d’événements séparés mais insérés dans la perspective globale de l’histoire du Salut. Et il est opportun de tenir compte de ceci pour lire correctement non seulement la reconstruction que l’auteur anonyme offre des événements qu’il annote mais aussi et surtout le choix même des événements qu’il décide de signaler et d’introduire dans son œuvre.
5Dans la dernière partie (la plus soignée, comme on l’a dit) du Chronicon Universale, on rencontre trois sections qui narrent la toute première génération vaudoise. Là, l’auteur anonyme s’applique à raconter avec force de détails l’affaire Vaudès, citoyen de Lyon, et de ses premiers compagnons (consortes). Cette narration, qui va de la conversion paupériste individuelle à la condamnation ecclésiastique officielle de l’ensemble du groupe, s’articule autour de trois épisodes que l’on trouve dans les chroniques des années 1173, 1177 et 1179 : donc, au sein d’un espace temporel d’environ six ans.
6Ici on ne s’arrêtera que sur la section vaudoise de 1173 où on narre l’éclatante conversion religieuse de Vaudès et dans laquelle l’archevêque de Lyon est également impliqué.
7Dans la section de 1173, Vaudès, citoyen lyonnais s’étant enrichi par l’usure, écoute un dimanche, narrée par un jongleur, la très célèbre légende de saint Alexis : le noble romain qui, après avoir abandonné sa femme la première nuit de noces, se livra à une existence d’ascèse et de mendicité. Vaudès, ému, invite chez lui le jongleur afin d’écouter une nouvelle fois le récit. C’est ainsi que le lendemain matin, il s’empresse de se rendre dans l’école de théologie : il veut interroger un magister pour savoir quel est d’entre les chemins du Salut celui le plus parfait et le plus certain. La réponse est le célèbre logion évangélique : “Va, vends tous tes biens et donne-les aux pauvres” (Mt. 19, 21). De retour chez lui, Vaudès donne à sa femme la possibilité de choisir entre les biens meubles et les biens immeubles. Bien que fort attristée, sa femme opte pour les immobilia, comprenant terres et eaux, bois et prairies, moulins et fours4.
8Quant à l’argent comptant (mobilia), Vaudès en fait un usage varié. Tout d’abord, il restitue tout ce qu’il a pris aux personnes lésées. Puis, leur assignant une consistante dot, Vaudès envoie ses deux filles, à l’insu de sa femme, dans un monastère de l’ordre de Fontevraud. À cette époque de grande famine, Vaudès utilise ensuite le reste de sa richesse pour organiser pendant plus de deux mois (de la Pentecôte à la Fête de saint Pierre-aux-liens), des repas publics trois fois par semaine pour les pauvres à base de pain, de pulmentum et de viande5.
9Le jour de l’Assomption de Marie, Vaudès, parcourant les ruelles de Lyon, donne de l’argent aux pauvres. Face aux concitoyens qui le prennent pour un fou, Vaudès tient un bref discours solennel sur la nécessité de se libérer de ses biens terrestres et de mettre sa confiance uniquement et exclusivement en Dieu6.
10Le jour suivant, de retour de l’église, il se réduit à mendier de quoi manger à un ancien associé en affaires lequel, pris de pitié, l’emmène chez lui et lui assure que tant qu’il sera en vie, il pourvoira à lui garantir le nécessaire. L’apprenant, la femme de Vaudès, profondément peinée (« devenue presque folle », dit la source), se précipite chez l’archevêque de Lyon pour réclamer ses droits. Là, après avoir informé le haut prélat et tous les présents de son affaire conjugale, la femme de Vaudès les émeut jusqu’aux larmes. L’archevêque, après avoir fait appeler Vaudès (ainsi que l’ancien associé en affaires qui lui avait offert son hospitalité), lui impose de mendier de la nourriture uniquement des mains de sa femme (laquelle, dans la véhémence du moment, implore son mari en le saisissant par ses vêtements7).
11C’est ainsi que se termine la section vaudoise en l’an 1173.
12Il s’agit d’une source riche en détails, aussi étudiée que controversée8. En ce qui nous concerne et dans le cadre du thème de ce colloque, nous nous bornerons à analyser de près le rôle attribué par l’auteur à l’archevêque. Il est toutefois opportun de faire une remarque préliminaire. La source de Laon introduit la narration de la conversion de Vaudès par l’image d’un jongleur qui raconte la célèbre légende de saint Alexis : le noble romain qui, après avoir abandonné sa femme la première nuit de noces, se livra à une existence d’ascèse et de mendicité. De retour dans la maison paternelle sous de fausses apparences, Alexis y demeurera des années durant comme simple mendiant. L’agnitio d’Alexis n’adviendra en effet qu’après sa mort9.
13L’introduction de ce renvoi littéraire est significative dans la construction du texte et remplit deux fonctions. En premier lieu, l’auteur anonyme prépare le lecteur à un événement quasi spéculaire : Vaudès, tout comme Alexis, quitte sa femme, la déchirant de douleur et d’humiliation. Vaudès, tout comme Alexis, retournera vivre chez lui sous la forme d’un mendiant. Toutefois, le rapprochement des deux histoires aide déjà à révéler des différences consistantes qui découcheront en effet sur deux issues antithétiques : d’une part, la sainteté (Alexis), de l’autre, l’hérésie (Vaudès).
14Ceci dit et passant à la figure épiscopale, on remarque que dans la section de 1173, l’auteur anonyme entoure Vaudès d’un réseau de liens riche et varié. Liens familiaux, sociaux et urbains : sa femme ; ses filles ; le maître de théologie ; ses concitoyens ; son associé en affaires ; les pauvres de la ville ; l’archevêque (et la curie). Dans le premier épisode vaudois du Chronicon universale, ces rapports, qui ne sont interrompus que partiellement et temporairement, semblent somme toute résister et prévaloir encore en comparaison à l’individualité explosive de Vaudès. Il y a des failles mais pas encore des fractures. Des solutions conventionnelles et préexistantes se proposent de combler ces failles : la mancipatio de ses deux filles au monastère ; l’aumône et les repas en faveur des pauvres ; la vie domestique en pénitent ; la restitution de ce qu’il a pris aux personnes lésées ; l’intervention médiatrice de la curie. Garanti par la figure épiscopale, dans la section de 1173, le réseau originaire de relations de Vaudès vacille sans pour autant céder, raccommodé et normalisé en son sein même10. Avec le retour (imposé par l’archevêque) de Vaudès au domicile conjugal sous les apparences d’un mendiant, le Chronicon Universale de Laon renvoie l’image d’une église urbaine solide qui admet, prévoit et concède des espaces formalisés de marginalité qu’elle sait surveiller et gérer.
15La recomposition partielle et temporaire du noyau familial de Vaudès n’a donc pas lieu spontanément : elle est imposée par l’archevêque, à la demande de la femme légitime et déchirée. L’autorité ecclésiastique est donc garante de la normalisation familiale. D’un côté, une femme implore ses droits conjugaux. De l’autre, un extravagant pénitent réclame une pauvreté absolue et volontaire. L’archevêque de Lyon fait fonction de convergence, quoique provisoire, des deux exigences : une vie de mendicité est admise mais sous la dépendance de sa femme. Tout ceci entraîne une deuxième remarque. Le long de la ligne de démarcation floue entre conformisme et déviance, dans la phase germinale, embryonnaire, d’une expérience religieuse radicale, l’archevêque lyonnais recoupe un espace de marginalité normalisée, acceptable (et acceptée), au sein de la vie familiale même. L’intervention épiscopale, au commencement de l’affaire vaudoise mais lue a posteriori par l’auteur qui connaît déjà l’issue héréticale de cette expérience, attribue à l’autorité ecclésiastique la tentative (vaine) de recomposition et de normalisation. L’auteur anonyme, représentant de la culture ecclésiastique-cléricale, montre ainsi que l’autorité ecclésiastique-épiscopale avait déjà tenté d’endiguer et de maîtriser l’initiative de Vaudès, comme si elle en entrevoyait déjà, dès les origines, la portée éversive, la dangerosité11.
II - François et la Vita Prima de Thomas de Celano
16Parallèlement au Chronicon Universale de Laon, parmi les nombreuses œuvres existantes qui narrent la conversion paupériste radicale de François d’Assise, on choisit ici de proposer la dite Vita Prima de Thomas de Celano. Il s’agit du tout premier texte hagiographique du saint, commissionné par le même pontife Grégoire IX après la très rapide canonisation de François, advenue en 1228 par la volonté de pape Grégoire IX en personne avec la bulle Mira circa nos. La Vita Prima, qui est achevée avant février 1229, représente donc la plus ancienne hagiographie officielle franciscaine. Respectueuse des modalités propres au genre hagiographique12, elle devint à son tour le point de référence et le premier exemplaire incontournable de nombreux autres écrits qui proliférèrent au cours des siècles et qui formèrent le dense corpus biographique qui s’est progressivement constitué autour du personnage de François13.
17Une remarque : la Vita Prima de Thomas de Celano s’achève, comme on l’a dit, avant février 1229. On a vu que le Chronicon Universale de Laon a brusquement été interrompu en 1219, faisant supposer que sa composition se situe vraisemblablement avant 1220. La remarquable proximité chronologique entre le Chronicon Universale et la Vita Prima (pas plus de dix ans de distance rédactionnelle) rend encore plus intéressante la comparaison des deux sources quant au rôle attribué à l’autorité épiscopale dans la relecture des événements de Vaudès et de François, marqués par une affine conversion paupériste radicale mais dont les issues sont fort différentes.
18La Vita Prima de Thomas de Celano se divise en trois parties. La première partie suit par ordre chronologique la vie de François, de sa naissance à 1224. La deuxième traite des deux dernières années de la vie du fondateur de l’Ordre des frères mineurs (1224-1226). La troisième, enfin, recueille les miracles opérés par François et narre sa canonisation advenue en 1228.
19Dans la Vita Prima de Thomas on assiste au recours à l’autorité épiscopale d’Assise au chapitre VI de la première partie14. Cet épisode fort célèbre porte au plus haut point le processus de spoliation paupériste de François et scelle le conflit de ce dernier avec son père, Pietro di Bernardone15. Dans le texte hagiographique, c’est précisément le père de François, Pietro, décrit comme étant furieux et proférant des imprécations, qui s’adresse à l’évêque d’Assise pour que son fils renonce devant l’autorité ecclésiastique à l’héritage paternel et qu’en plus il rende entièrement et publiquement tout ce qu’il possède. François s’empresse d’accomplir ce qui lui est demandé sans résistance, voire “multum gaudens prompto animo [avec sollicitude et joie]”16. C’est à ce moment-là qu’a lieu la célèbre spoliation intégrale de François qui, se dépouillant de tout, reste nu face à tous17. Dans le récit de Thomas, l’évêque d’Assise comprend et admire François : il se lève, l’étreint et le couvre de son propre manteau. Dès cet instant, l’évêque d’Assise, que Thomas définit de « témoin conscient d’un acte inspiré de Dieu », devient protecteur de François18.
20Dans le cas de François, l’évêque, représentant de l’institution ecclésiastique, est décrit comme comprenant et protégeant l’action et l’initiative de François, même dans son apparente et impétueuse extravagance. Dans la Vita Prima de Thomas de Celano, il s’agit cependant du récit de la conversion éclatante de quelqu’un qui a déjà été officiellement proclamé saint. Et ce récit – qu’on ne l’oublie pas ! –, avait été commissionné par le pontife lui-même qui avait décidé la canonisation de François, célébrée à peine un an auparavant. Il est donc évident, dans le texte de Thomas, que l’évêque d’Assise, en qualité de représentant local de l’Église de Rome, ne pouvait qu’encourager, embrasser et appuyer le choix de François. L’étreinte de l’évêque, dans un texte rédigé une fois la canonisation ayant eu lieu, laissait entrevoir dès le début déjà de l’histoire religieuse de François la future institutionnalisation de la force éversive franciscaine originaire.
21La conduite de l’évêque d’Assise est une conduite épiscopale en fort contraste par rapport à celle narrée par l’auteur anonyme de Laon. Dans le Chronicon Universale, l’autorité épiscopale lyonnaise, s’étant rangée du côté de l’épouse anéantie, avait cherché pour Vaudès le retour à l’ordre précédent, la réconciliation et la recomposition du conflit familial, la récupération (ou du moins le rapprochement) du status quo antérieur à la conversion. Si dans la Vita Prima de Thomas de Celano, l’étreinte de l’évêque d’Assise laissait entrevoir la future sainteté de François, en revanche, dans le Chronicon Universale de Laon, l’intervention régulatrice de l’archevêque de Lyon laissait dès le début entrevoir la non admissibilité ecclésiastique finale de la proposition de Vaudès.
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22Afin de corroborer le fait que les figures épiscopales dans les deux textes étudiés sont citées non tant parce qu’historiques mais surtout parce que correspondant à une fonction textuelle précise, on remarque que dans les deux textes, les noms propres des deux autorités épiscopales ne sont pas mentionnés. Dans le Chronicon Universale, on indique simplement “Archiepiscopus urbis [l’archevêque de la ville]” et “praesul [le haut prélat]19”. De même, Thomas de Celano parle seulement de “episcopus civitatis [l’évêque de la ville]”20. Cet emploi pousse à penser que les figures épiscopales remplissent dans les deux sources une fonction conventionnelle, en cohérence avec leur typologie textuelle. Dans le cas de la Vita Prima, on se trouve face à un texte hagiographique pur, où le conflit et la résistance de la famille à la vocation religieuse radicale, d’une part, et l’appui du corps ecclésiastique, de l’autre, constituent un topos consolidé et séculaire21. Dans le cas du Chronicon Universale, on doit toutefois rappeler que les faits sélectionnés et narrés par l’anonyme de Laon répondent à une perspective globale d’accomplissement progressif de la Historia Salutis dans l’histoire humaine. C’est dans ce sens que l’histoire religieuse controversée de Vaudès, dès ses débuts lyonnais, entre de plein droit dans la structure du Chronicon Universale : elle est elle aussi l’expression d’une Histoire du Salut incarnée, au fil des ans, jour après jour, dans les misères et dans les splendeurs du quotidien humain où le temps historique, d’un côté, et l’autorité ecclésiastique légitime, de l’autre, sont des facteurs essentiels de discernement.
23Indépendamment du fait donc que l’archevêque lyonnais détenait à la fin du XIIe siècle des fonctions civiques aussi (Lyon était, comme on le sait, une seigneurie impériale épiscopale22) et que l’évêque d’Assise dans les toute premières années du XIIIe siècle n’était qu’une autorité religieuse opérant au sein d’une commune libre23, les deux sources construisent autour des figures épiscopales des significations religieuses et ecclésiologiques plus profondes.
24L’archevêque de Lyon tente de contenir celui qui sera par la suite déclaré hérétique24. L’archevêque d’Assise étreint et protège celui qui sera par la suite déclaré saint. Ceci met donc les deux sources en commun : la figure épiscopale locale reflète dans son action l’issue des décisions ecclésiastiques générales qui suivront, qu’elles soient de canonisation ou d’exclusion, d’exemplarité positive ou négative. La symétrie entre les deux personnages épiscopaux se reconnaît donc dans la fonction de représenter les décisions de l’Église déjà dans la phase in nuce de ces deux illustres histoires.
Notes de bas de page
1 On a deux éditions partielles du Chronicon Universale : Georg WAITZ (aux soins de), Chronicon universale anonymi Laudunensis, Hannover 1882, p. 442-457 (MGH, SS, 26) et Alexander CARTELLIERI, Wolf Stechele (aux soins de), Chronicon universale anonymi Laudunesis. Von 1154 bis zum Schluss (1219), Leipzig-Paris 1909. Pour une description codicologique du Chronicon voir Reinhold KAISER, Franken und Merowinger im Spiegel der Hochmittelalterlichen Universalchronistik in Frankreich. Das„ Chronicon Universale Anonymi Laudunesis“(Anfang 13. Jahrhundert), in Hans-Peter BAUM, Reiner Leng, Joachim Schneider (aux soins de), Wirtschaft – Gesellschaft -Mentalitäten im Mittelalter. Festschrift zum 75. Geburtstag von Rolf Sprandel, Stuttgart 2006, p. 541-562, surtout p. 543- 544 (Beitrage zur Wirtschaft- und Sozialgeschichte, 107). Ici on utilise le texte compris en Giovanni GONNET (aux soins de), Enchiridion Fontium Valdensium. Recueil critique de sources concernant les Vaudois au Moyen Age, Torino 1998, II, p. 21-24 (Collana della Facoltà Valdese di Teologia, 22).
2 THOMAE DE CELANO Vita Prima sancti Francisci, in Fontes Franciscani, aux soins de Enrico MENESTO, Stefano BRUFANI, Giuseppe CREMASCOLI, Emore PAOLI, Luigi PELLEGRINI e Stanislao DA CAMPAGNOLA, Porziuncola, Assisi 1995, p. 275-424. Sur Thomas de Celano et sur son œuvre : Tommaso da Celano e la sua opera di biografo di S. Francesco. Atti del convegno di studio, Celano 1985 ; Nicola PETRONE (aux soins de), Frate Tommaso da Celano storico e santo. Atti del Convegno tenutosi nel convento di san Francesco. Tagliacozzo, 6-7 agosto 1994, Tagliacozzo 1995 ; Roberto PACIOCCO, Felice ACROCCA, La leggenda di un uomo chiamato Francesco. Tommaso da Celano e la “Vita beati Francisci”, Milano 1999 (Tau, 9) ; Raimondo MICHETTI, Francesco d’Assisi e il paradosso della “minoritas”. La “Vita beati Francisci” di Tommaso da Celano, Roma 2004 (Nuovi studi storici, 66). Sur la tradition manuscrite de la Vita Prima on peut voir Jacques DALARUN, Le plus ancien témoin manuscrit de la “Vita beati Francisci” de Thomas de Celano, in Luciano BERTAZZO, Donato GALLO, Raimondo MICHETTI, Andrea TILATTI (aux soins de), Arbor ramosa : studi per Antonio Rigon da allievi, amici e colleghi, Padova 2011, p. 129-152 (Centro studi antoniani, 44).
3 Karl Heinrich KRÜGER, Die Universalchroniken, Turnhout 1976 (Typologie des sources du Moyen Age occidental, 16) ; Elisabeth M.C. VAN HOUTS, Local and Regional Chronicles, Turnhout 1995 (Typologie des sources du Moyen Age occidental, 74) ; Mireille CHAZAN, L’Empire et l’histoire universelle de Sigebert de Gembloux à Jean de Saint-Victor (XIIe-XIVe siècle), Paris 1999 (Etudes d’histoire médiévale, 3).
4 ANONYMUS LAUDUNENSIS, Chronicon Universale, in Giovanni GONNET (aux soins de), Enchiridion Fontium Valdensium. Recueil critique de sources concernant les Vaudois au Moyen Age, Torino 1998, II, pp. 21-22 : ˝Currente adhuc anno eodem Incarnationis MCLXXIII fuit apud Lugdunum Galliae civis quidem Valdesius nomine, qui per iniquitatem foenoris multas sibi pecunias coacerverat. Is quadem die Dominica cum declinasset ad turbam quam ante ioculatorem viderat congregatam, ex verbis ipsius compunctus fuit, et eum ad domum suam deducens, intense eum audire curavit. Fuit enim locus narrationis eius qualiter beatus Alexis in domo patris sui beato fine quievit. Facto mane, civis memoratus ad scholas Theologiae consilium animae suae quaesiturus properavit ; et de multis modis eundi ad Deum edoctus, quaesivit a magistro, quae via aliis omnibus certior esset atque perfectior. Cui Magister dominicam sententiam proposuit : “Si vis perfectus esse, vade et vende omnia quae habes…” (Mt. 19, 21). Et ad uxorem veniens dedit ei optionem ut sibi mobilia vel immobilia omnium quae habebat in terris et aquis, nemoribus et pratis, in domibus, redditibus, vineis, necnon in molendinis et furnis, eligeret retinendum : quae licet multum contristata, quia id facere oportuit, immobilibus haesit˝.
5 ANONYMUS LAUDUNENSIS, Chronicon Universale, in Giovanni Gonnet (aux soins de), Enchiridion Fontium Valdensium. Recueil critique de sources concernant les Vaudois au Moyen Age, Torino 1998, II, p. 22 : ˝Is vero de mobilibus, iis a quibus iniuste habuerat, reddidit. Magnam vero partem pecuniae suis duabus parvulis filiabus contulit, quas, matre earum ignorante, Ordinis Fontis-Evraldi mancipavit ; maximam vero partem in usus pauperum expendit. Fames enim permaxima tunc grassabatur per omnem Galliam atque Germaniam. Valdesius vero civis memoratus per tres dies in hebdomada a Pentecoste usque ad Vincula S. Petri cunctis ad eum venientibus panem et pulmentum cum carnibus largiebatur˝.
6 ANONYMUS LAUDUNENSIS, Chronicon Universale, in Giovanni Gonnet (aux soins de), Enchiridion Fontium Valdensium. Recueil critique de sources concernant les Vaudois au Moyen Age, Torino 1998, II, p. 22 : ˝In Assumptione B. Mariae Virginis quamdam summam pecuniae per vicos inter pauperes spargens clamabat, dicens : “Nemo potest duobus dominis servire, Deo et Mammonae” (Mt. 6, 24). Tunc accurrentes cives arbitrati sunt eum sensum perididisse ; et ascendens in loco eminentiori, ait : “O cives et amici mei ! Non enim insanio, sicut vos putatis, sed ultus sum de his hostibus meis qui me fecerunt sibi servum, ut semper plus essem sollicitus de nummo quam de Deo, et plus serviebam creaturae quam Creatori. Scio quod me reprehendent plurimi quod hoc in manifesto feci ; sed propter meipsum et propter vos hoc egi : propter me, ut dicant qui me viderint possidere deinceps pecuniam, me amentem esse ; sed et propter vos hoc feci in parte, ut discatis in Deo spem ponere et non in divitiis sperare”.
7 ANONYMUS LAUDUNENSIS, Chronicon Universale, in Giovanni Gonnet (aux soins de), Enchiridion Fontium Valdensium. Recueil critique de sources concernant les Vaudois au Moyen Age, Torino 1998, II, p. 22 : ˝Sequenti vero die rediens de Ecclesia, a quodam cive quondam socio suo petiit dari ad manducandum pro Deo. Ille ad hospitium eum deducens, ait : “Ego quoad vixero, concedo vobis necessaria”. Quae res cum pervenisset ad notitiam uxoris eius, non mediocriter contristata, sed velut amens affecta, ad Archiepiscopum urbis cucurrit : et conquesta quod scilicet vir eius panem ab alio quam ab ea mendicasset, ea res omnes qui aderant Praesuli commovit ad lacrymas. Tum ex praecepto Praesulis burgensis hospitem suum secum ad Praesulis praesentiam duxit. At mulier arripiens virum suum per pannos, ait : “Numquid non melius est, o homo, ut ego in te peccata mea eleemosynis redimam, quam extranei ?” Et extunc non licuit ei ex praecepto Archiepiscopi in ipsa urbe cum aliis cibum sumere quam cum uxore”.
8 Surtout à partir de l’analyse conduite par Kurt-Victor SELGE, Die ersten Waldenser. Mit Edition des Liber Antiheresis des Durandus von Osca, Berlin 1967, I, p. 231-233 (Arbeiten zur Kirchengeschichte, 37, 1)
9 La meilleure édition critique de la célèbre legenda de saint Alexis dans les versions du XIIe siècle est Maurizio PERUGI, La Vie de Saint Alexis, Ginevra 2000 (Textes littéraires françaises, 529). On signale ici aussi Frede JENSEN, The Language of the Eleventh Century « Vie de Saint Alexis ». A Philological Commentary, Newark 2003 (European Masterpieces, 1) e Maurizio PERUGI, Stratification linguistique dans la Vie de Saint Alexis, in « Vox Romanica », 63 (2004), p. 131-152
10 Voir à ce propos Francesca Tasca, La famiglia dell’eretico : dalla normalità all’esclusione. Una fonte emblematica, in Gerhard Krieger (aux soins de), Verwandtschaft, Freundschaft, Bruderschaft. Soziale Lebens- und Kommunikationsformen im Mittelalter. 12. Symposium des Mediävistenverbandes in Trier, 19. März-22 März 2007, Berlin 2009, pp. 330-342 (Mediävistenverband. Kongressakten, 13).
11 Sur Vaudès et les origines vaudoises la bibliographie est vraiment vaste. On peut s’en apercevoir en consultant Auguste Armand-Hugon, Giovanni Gonnet, Bibliografia valdese, Torre Pellice 1953 et surtout la bibliographie digitale www.bibliografia-valdese.com. Ici on se borne à signaler Kurt-Victor Selge, Die ersten Waldenser. Mit Edition des Liber Antiheresis des Durandus von Osca, Berlin 1967, 2 voll. (Arbeiten zur Kirchengeschichte, 37, 1-2) ; Gabriel Audisio, Les « Vaudois ». Naissance, vie et mort d’une dissidence (XIIe-XVIe siècles), Torino 1989 ; Olivier Legendre, Michel Rubellin, Valdès, un “exemple” à Clairvaux ? Le plus ancien texte sur les débuts du pauvre de Lyon, in “Revue Mabillon”, n.s. 11 (2000), pp. 187-195 ; Peter Biller, The Waldenses, 1170-1530. Between a Religious Order and a Church, Aldershot 2001 (Variorum Collected Studies Series, CS 676) ; Carlo Papini, Valdo di Lione e i « poveri nello Spirito ». Il primo secolo del movimento valdese (1170-1270), Torino 2001 ; Francesca Tasca, Sulla conversione religiosa di Valdesio. Per una rilettura dell’exemplum “De quodam divite sponte sua facto paupere”, in “Bollettino della Società di Studi Valdesi”, 197 (2005), pp. 113-132 ; Grado Giovanni Merlo, Valdo, l’eretico di Lione, Torino 2010 (Piccola Collana Moderna. Serie storica, 133).
12 Claudio LEONARDI, Agiografia, in Lo spazio letterario del Medioevo. Il Medioevo latino. I La produzione del testo, Roma 1993, p. 421-462.
13 Emanuela PRINZIVALLI, Un santo da leggere : Francesco d’Assisi nel percorso delle fonti agiografiche, in Francesco d’Assisi e il primo secolo di storia francescana, Torino 1997, p. 71-116 (Biblioteca Einaudi, 1).
14 THOMAE DE CELANO Vita Prima beati Francisci, in Fontes Franciscani cit., pp. 289- 290.
15 Giovanni Miccoli, La « conversione » di san Francesco secondo Tommaso da Celano, in « Studi medievali », serie III, 5 (1964), p. 775-792. Pour une comparaison de l’épisode avec la deuxième narration agiographique de Thomas : Francis DE BEER, La conversion de saint François selon Thomas de Celano. Etude comparative des textes relatifs à la conversion an Vita I et Vita II, Paris 1963.
16 THOMAE DE CELANO Vita Prima beati Francisci, in Fontes Franciscani cit., p. 289- 290 : “Videns autem pater quod ab incepto itinere ipsum revocare non posset, totus ad extorquendam pecuniam instigatur. Desideraverat vir Dei eam in pauperum victu et illius loci aedificiis totam expendere ac praebere ; sed qui pecuniam non amabat, nulla de ipsa specie boni decipi potest, et qui nullo ipsius detinebatur affectu ad eius amissionem in aliquo non turbatur. Inventa itaque pecunia, quam maximus terrenorum contemptor et caelestium divitiarum nimis cupidus exquisitor in pulverem et fenestram excusserat, saevientis patris aliquantulum extinguitur furor, et avaritiae sitis inventionis vapore utcumque restringitur. Ducit eum deinde coram episcopo civitatis, ut in ipsius manibus omnibus eius renuntians facultatibus, omnia redderet quae habebat. Quod non solum ipse non renuit, sed et multum gaudens prompto animo acceleravit facere postulata”.
17 THOMAE DE CELANO Vita Prima beati Francisci, in Fontes Franciscani cit., p. 290 : “Cumque perductus esset coram episcopo, nec moras patitur nec cunctatur de aliquo, immo nec verba expectat nec facit, sed continuo, depositis et proiectis omnibus vestimentis, restituit ea patri. Insuper et nec femoralia retinens, totus coram omnibus denudatur”.
18 THOMAE DE CELANO Vita Prima beati Francisci, in Fontes Franciscani cit., p. 290 : “Episcopus vero animum ipsius attendens, fervoremque ac constantiam nimis admirans, protinus exsurrexit et inter bachia sua ipsum recolligens, pallio quo indutus erat contexit eum. Intellexit aperte divinum esse consilium, et facta viri Dei quae praesentialiter viderat, cognovit mysterium continere. Factus est propterea deinceps adiutor eius, et fovens ipsum atquae confortans, amplexatus est eum in visceribus charitatis. Ecce iam nudus cum nudo luctatur, et depositis omnibus quae sunt mundi, solius divinae iustitiae memoratur. Studet iam sic propriam contemnere vitam, omnem pro illa sollicitudinem deponendo, ut sibi pauperi pax esset in obsessa via, et solus carnis paries ipsum a divina visione interim separaret”.
19 Sur Guichard, abbé de Pontigny et archevêque de Lyon Philippe POUZET, La vie de Guichard, abbé de Pontigny (1136-1165) et archevêque de Lyon (1165-1181), in « Bulletin de la Société littéraire, historique et archéologique de Lyon » (1929), p. 117-150 ; Jean-Luc BENOIT, Les trois premiers abbés de Pontigny (1114-1174). Quelques éléments biographiques et archéologiques de l’histoire de l’abbaye, in Bulletin de la Société des fouilles archéologiques et des monuments historiques du département de l’Yonne, 16 (1999), pp. 1-24 (pp. 6-12 pour ce qui concerne Guichard) ; Michel RUBELLIN, Guichard de Pontigny et Valdès à Lyon : la rencontre de deux idéaux réformateurs, in Gabriel AUDISIO (aux soins de), Les vaudois, in « Revue de l’Histoire des Religions », 217 (2000), p. 39-58 (et aussi en Michel RUBELLIN, Église et société chrétienne d’Agobard à Valdès, Lyon 2003 (Collection d’histoire et d’archéologie médiévales, 10), p. 479-499.
20 Pour l’identification de l’évêque d’Assise qui assista à la spoliation de François Nicolangelo D’ACUNTO, Il vescovo Guido oppure i vescovi Guido ? Cronotassi episcopale assisiana e fonti francescane, “Mélange de l’École Françaises de Rome- Moyen Age”, 108 (1996), p. 479-524 e Nicolangelo D’ACUNTO, Vescovi e canonici ad Assisi nella prima metà del secolo XIII, Assisi 1996 (Quaderni dell’Accademia Properziana del Subasio, Assisi, 3).
21 Sur le topos de la résistance de la famille à la vocation religieuse Alessandro BARBERO, Un santo in famiglia. Vocazione religiosa e resistenze sociali nell’agiografia latina medievale, Torino 1991, surtout p. 203-223 (« Sacro/santo », 6).
22 Sur l’histoire ecclésiastique-feudale de Lyon René FEDOU, Jacques GADILLE, Henri HOURS, Bernard DE VREGILLE (aux soins de), Histoire du Diocèse de Lyon, Paris 1983, p. 62-93 (Histoire des Diocèses de France, 16) ; Michel RUBELLIN, Église et société chrétienne d’Agobard à Valdès, Lyon 2003 (Collection d’histoire et d’archéologie médiévales, 10), surtout la troisième partie (Au temps de Valdès, p. 357-526). On peut trouver une synthèse rapide in Carlo PAPINI, Valdo di Lione e i « poveri nello Spirito ». Il primo secolo del movimento valdese (1170-1270), Torino 2001, p. 49-55.
23 Pour l’histoire d’Assise au Moyen Age Nicolangelo D’ACUNTO, Assisi nel Medio Evo : studi di storia ecclesiastica e civile, Assisi 2002 (Quaderni dell’Accademia Properziana del Subasio, Assisi, 8).
24 Cela contrairement à l’hypothèse de Michel Rubellin, qui soutient la coopération entre Vaudès et l’archevêque Guichard de Pontigny. Voir Michel RUBELLIN, Guichard de Pontigny et Valdès à Lyon cit. et Michel RUBELLIN, Au temps où Valdès n’était pas hérétique : hypothèses sur le rôle de Valdès à Lyon (1170-1183), in Monique ZERNER (aux soin de), Inventer l’hérésie ? Discours polémiques et pouvoirs avant l’Inquisition, Nice 1998 (Collection du Centre d’Etudes médiévales de Nice, 2), p. 193-218 (maintenant aussi en Michel RUBELLIN, Église et société chrétienne d’Agobard à Valdès, Lyon 2003 (Collection d’histoire et d’archéologie médiévales, 10) p. 455-478 e Francesca TASCA, Gli anni lionesi di Valdesio, in « Bollettino della Società di Studi Valdesi », 192 (2003), p. 127-132.
Auteur
Università degli Studi di Padova
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