La justice dans la cité épiscopale de Pampelune (royaume de Navarre) jusqu’en 1319
p. 69-87
Texte intégral
1La ville de Pampelune fut une seigneurie épiscopale de la fin du Xe siècle ou début du XIe, à 1319 ou, si on veut, à 1321, ce qui caractérisa le chef-lieu du royaume de Navarre pendant toute cette période. Le fait que cette seigneurie n’ait pas été recueillie dans le « Catalogo de los señoríos temporales de los obispos en la Edad Media » (Catalogue des seigneuries temporelles des évêques au Moyen-âge), de Manuel Pérez-Villamil (1916)1, lui a permis de passer inaperçue pour l’historiographie spécialisée espagnole, et même dans les années quatre-vingt2, même si la seigneurie de Pampelune était bien connue par les travaux de Paul Kehr (1928, 1946)3, de José Goñi Gaztambide (1957, 1962, 1965, 1979)4, de Mª Ángeles Irurita (1959)5, et de José Mª Lacarra et de Ángel J. Martín Duque (1975)6, pour ne citer que les auteurs les plus significatifs. À partir des années quatre-vingt, nous avons assisté à l’apparition de différentes études élaborées par des médiévistes navarrais, qui ont contribué à une connaissance plus approfondie de la seigneurie épiscopale de Pampelune, parmi lesquelles on remarque celles élaborées par Ángel J. Martín Duque (1994)7, Luis Javier Fortún Pérez De Ciriza (1994)8, Eloísa Ramírez Vaquero (1998)9, Félix Segura Urra (2005)10 et Fermín Miranda García (2011)11.
I - La création de la seigneurie ecclésiastique et les mystères concernant la première juridiction
2Nous ne savons pas avec certitude à quel moment est créée la seigneurie ecclésiastique de Pampelune. Les historiens de l’Église, de Prudencio de Sandoval (1614) à José Goñi Gaztambide (1979), en sont venus à situer son origine au roi Sancho Garcés II Abarca (970-994), qui aurait remis la ville, libre de tout service royal, à l’Église de Pampelune12. Cette affirmation se base sur la mention faite de cet événement historique sur un document falsifié réalisé vers 1032 : « Le roi Sancho, appelé Abarca, avait donné à Dieu et à sainte Marie, en rémission de ses péchés, la ville même de Pampelune, libre de toute servitude royale et ingénue de toute forme de domination du roi, avec ses limites et appartenances, et le château de San Estéban [de Deio], avec ses villes, ses églises, ses limites et autres droits »13.
3Les historiens médiévistes José María Lacarra et Ángel J. Martín Duque (1975), envisageant la falsification documentaire, ont daté la création de la seigneurie épiscopale sous le règne de Garcés III le Grand (1004-1035)14. Des dizaines d’années plus tard, le professeur Martín Duque n’a pas écarté l’idée que la concession ait été réalisée par Sancho Abarca15, hypothèse que soutient Fermín Miranda qui, après une révision critique de la documentation et de l’historiographie existante sur le sujet, a considéré que la concession de la seigneurie sur la ville de Pampelune à l’évêque et sa cathédrale avait dû se produire au cours des premières années du règne de Sancho Abarca, peut-être pendant l’épiscopat de Velasco (970- 972)16. La discussion n’est nullement close. Sans refuser les arguments érudits de Fermín Miranda, nous n’excluons pas que la concession ait été de Sancho le Grand. La clé du mystère, dans ce cas dans une perspective comparative avec une réalité analogue, pourrait se trouver sur un autre document falsifié, celui concernant la restauration du diocèse de Palencia de la part de Sancho le Grand (21 décembre 1034)17. Ce monarque remit la seigneurie de Palencia à l’évêque, ce qui donna ainsi forme à une seigneurie épiscopale18. Il serait de trop d’aborder maintenant cette question, certes intéressante, mais éloignée de l’objectif de ce travail, essentiellement axé sur la justice. Certes, la documentation de Sancho le Grand concernant la seigneurie ecclésiastique de Pampelune n’apporte rien sur les aspects juridictionnels ni sur la justice seigneuriale.
4Le roi de Pampelune – que ce soit Sancho Abarca ou Sancho le Grand – aurait érigé la seigneurie ecclésiastique à travers un privilège sur lequel serait établie la portée de l’immunité juridictionnelle. Nous considérons que l’évêque de Pampelune exerce sur la ville une pleine juridiction ou une haute justice sur les causes majeures (Causae majores), c’est-à-dire celles concernant les délits graves commis au sein de ses seigneuries, juridiction qui implique le droit de connaître, en matière civile, les affaires les plus importantes concernant l’état civil des personnes et de la propriété ; et, en matière criminelle, le droit de juger les délits les plus graves, méritant même la peine de mort. Tenez compte du fait que nous nous situons à un moment de transition dans la justice, où nous passons d’une prédominance de la justice privée à la prédominance, à partir du XIe siècle, de la justice publique. De plus, à partir des Xe et XIe siècles, nous assistons au développement dynamique des seigneuries épiscopales, aboutissant à une augmentation du pouvoir juridictionnel des évêques, en même temps que se réduit la marge d’intervention royale.
5Pampelune est une petite enclave limitée à ce qui, au fil du temps, devient le quartier de Navarrería, présidé par le complexe de la cathédrale, et dont la population réduite s’en tient aux ecclésiastiques et à leurs serfs ; il y a très peu d’hommes libres. La cour royale de Pampelune est itinérante, et Nájera (La Rioja), devenue siège diocésain, devient, dès le Xe siècle, résidence habituelle des monarques, y compris Sancho Garcés III le Grand. Dans la confirmation d’Alphone VI des droits de Nájera conférés par Sancho le Grand et García de Nájera, il est dit que « ceux qui habitent la terre de la région de Nájera ayant demandé, avec le serment de mes chevaliers, les anciennes lois qu’ils eurent au temps de mon grand-père le roi Sancho le Grand et de mon oncle le roi García, j’ai autorisé qu’ils vivent selon la coutume des lois anciennes et qu’ils ne me fassent rien d’autre, ni à moi, ni à mes successeurs » (1076)19. La ville de La Rioja possède, par conséquent, une délimitation juridictionnelle claire, et la justice du roi peut être impartie directement, à la différence de Pampelune, où le monarque va en confier l’exercice à l’évêque, son conseiller de plein droit sur le plan religieux et moral, et dont, en plus, il contrôle la désignation20. Cette relation étroite entre la couronne et la mitre fait que dans les premiers moments de la seigneurie épiscopale de Pampelune, l’immunité ab omni siggillatione regali ne présente pas de conflits entre les deux pouvoirs21.
6Il reste à dire que la seigneurie épiscopale de Pampelune est mise, comme c’est le cas pour la presque totalité des seigneuries épiscopales22, sous l’autorité partagée de l’évêque et du chapitre de la cathédrale Santa María, institution composée par les chanoines, présidés par un prieur. Le pouvoir seigneurial effectif de l’évêque est exercé dans les moments où celui-ci détient le pouvoir, c’est-à-dire dans les périodes de plein siège, alors que le chapitre a le pouvoir dans les moments où le siège épiscopal est vacant.
II - La ville épiscopale et les nouveaux bourgs de francs : pluralité de juridictions
7La réalité commence à changer à partir des années soixante du XIe siècle, lorsque Pampelune commence à connaître la croissance urbaine produite par l’installation lente d’un nouveau bourg, qui connaît un élan revitalisé à partir du règne de Sancho Ramírez (1076-1094), artisan du phénomène d’urbanisation autour du chemin de Saint-Jacques de Compostelle sur ses royaumes d’Aragon et Pampelune. Ce monarque provoque une crise importante dans le diocèse à l’occasion de l’élection des évêques23, qui va avoir des conséquences importantes pour la seigneurie épiscopale. Les faits sont motif de scandale en ces temps de réforme grégorienne qui, comme chacun sait, a tout intérêt à venir à bout de l’intromission laïque dans les élections épiscopales24. La solution à la crise passe par la nomination d’un évêque français, Pierre de Rodez ou d’Andouque, originaire de Rodez, siège épiscopal suffragante d’Albi25. Cela met fin à l’élection des évêques par les rois, même si cela ne suppose pas, dans ce cas, que la politique soit contraire à celle des monarques. La présence de Pierre de Rodez en tant qu’évêque élu de Pampelune apparaît dès 108326. Son épiscopat s’étend jusqu’en 1115.
8C’est à Pierre de Rodez que l’on doit l’introduction de la réforme grégorienne dans le diocèse. Mais c’est également lui qui, encouragé par les réussites vécues dans le Midi de la France qu’il connaît si bien, stimule le développement des noyaux bourgeois de Pampelune et contribue à leur configuration juridique. Il doit articuler la nouvelle situation provoquée par les nouveaux habitants bourgeois par rapport à la juridiction de la seigneurie épiscopale. Avant d’envisager la concession d’un pouvoir municipal comme ceux étendus entre 1076 et 1077 à Sangüesa, Estella et Jaca, on délimite la juridiction de Pampelune à travers un privilège conçu par Sancho Ramírez à l’évêque Pierre et aux chanoines de la cathédrale (1092)27. Cette concession réaffirme la constitution de Pampelune en tant que seigneurie ecclésiastique, dont les habitants, paysans pour la plupart, dépendent directement de l’évêque et des chanoines de Santa María, même si elle introduit une certaine tutelle ou supervision de la part de la couronne. Comme l’ont fait remarquer José María Lacarra et Ángel J. Martín Duque, le roi confirme l’évêque dans la possession de « la ville de Pampelune, libre et ingénue (« ingenue »), avec toutes ses limites », ce qui suppose que la ville est exemptée des charges qui pèsent sur la terre par le pouvoir éminent que le roi a sur elles. La concession n’implique pas que les gens ne dépendent du monarque sous quelque aspect, car ils ont l’obligation de réaliser des prestations militaires lorsque cela leur sera ordonné par le roi, et il y a même aussi des hommes qui dépendent directement du monarque, en raison de leur statut personnel privilégié, dans le cas des Infanzones, ou bien par leur simple condition d’homme libre, ce qui les exempte d’être soumis aux charges seigneuriales. Le document de 1092 n’indique pas le statut de la population roturière dépendante de l’évêque, car la liberté et l’ingénuité (« ingenuitas ») concédées par Sancho Ramírez touchent uniquement les relations de ses gens avec le roi, et pas celles que renferme leur soumission à la seigneurie épiscopale. Par ailleurs, le roi conserve sa juridiction sur le marché et le péage28, dont il partage les droits avec l’Église : le roi aurait dans la ville un officier (« clavero »), qui perçoit ses rentes ; mais pour qu’il n’abuse pas dans l’exercice de ses fonctions en préjudice des hommes de Santa María, il est établi qu’il reçoive la nomination des mains de l’évêque, et si le roi veut changer l’officier, il doit passer par l’évêque. Le document de 1092 règlemente aussi les amendes pour les infractions commises sur le marché par les hommes de Santa María, qui se répartiront entre l’Église et le seigneur du marché, qui dans ce cas est placé par le roi. Malgré cette nomination royale, aussi bien dans la ville qu’au marché, les hommes de Santa María ne peuvent être arrêtés sans autorisation de l’évêque, et ils doivent être jugés en présence de celui-ci. De leur côté, les hommes du roi doivent dédommager pour ce qu’ils feront de manière indue et ne doivent introduire en ville aucune mauvaise habitude ou coutume. Les injures à l’évêque sont punies comme celles faites au roi29.
9Une fois la portée juridictionnelle de la seigneurie délimitée, l’évêque voit son pouvoir renforcé sous les règnes de Pierre Ier (1094-1104) et Alphonse Ier (1104- 1134) avec la bulle d’Urbain II, qui déclare libre de toute puissance séculaire et des tributs à l’Église de Pampelune (1er juillet 1096)30. Quatre ans plus tard, Pascual II promulgue un nouveau Privilège, avec lequel il confirme la possession épiscopale du château de San Esteban de Monjardin (4 mars 1100)31, donné par Sancho Ramírez à la mitre de Pampelune en 1092.
10Comme l’a constaté Mª Ángeles Irurita, la faible importance économique de la ville de Pampelune à cette époque-là, ainsi que sa population réduite, ne présente pas encore de grands problèmes de juridiction. Bien que peu nombreux, les fonctionnaires épiscopaux vont suffire à la perception de rentes et l’administration de la ville. Le seigneur du marché va maintenir l’ordre et l’autorité royale sur le marché, et percevoir les impôts et amendes sur celui-ci. Toutefois, le privilège de 1092 devient obsolète en quelques années. Les problèmes surviennent lorsque la population franche augmente, et les nouveaux marchands, artisans et aubergistes étrangers modifient profondément le statut prévu en 109232. Ce n’était pas un phénomène exclusif à Pampelune car on assiste à cette époque à un déclin de la seigneurie épiscopale dans d’autres villes européennes33.
11Pierre de Rodez encourage le repeuplement de Pampelune dans une zone physiquement à l’écart de la vieille ville épiscopale, le Bourg Neuf, dont l’église est mise sous le vocable toulousain de Saint Saturnin, également connue sous sa forme occitane, Saint Cernin. Le quartier existe avant 1100 et son église apparaît pour 1107. La reconnaissance publique du statut de franchise du bourg arrive en 1129, avec la concession du pouvoir de Jaca, conféré par Alphonse Ier, dit le Batailleur34. Le roi donne expressément la localité d’Iruña (Pampelune) « à Dieu et à sainte Marie [nom donné à la cathédrale] et à l’évêque de ce siège, de telle sorte que ni l’évêque ni l’Église ne puisse en aucune façon transférer ni changer cette localité pour un autre domaine, et qu’elle soit pour toujours de l’évêque et de Santa María ». L’évêque nommerait, parmi les voisins du bourg, l’amiral (almirat), chargé du gouvernement ; mais aussi le maire, chargé de la justice, bien que, dans ce cas, tiré d’une liste de trois hommes bons préalablement choisis par les habitants eux-mêmes. Ce maire doit accorder la justice selon ce qui est établi dans le code de Jaca35.
12La réussite de l’initiative et l’affluence de plus en plus grande de pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle attire de nouveaux habitants de Navarre et d’autres lieux, qui ne peuvent s’installer dans le bourg de Saint Saturnin du fait que le code de 1129 l’interdit. En effet, celui-ci indique explicitement que « aucun homme, ni navarrais, ni clerc, ni noble ni infanzón n’habite parmi vous ». Ces nouveaux habitants s’installent hors de l’enceinte fortifiée du bourg. Viennent s’ajouter à eux d’autres nouveaux, dans ce cas des Francs, en conséquence de la vague migratoire déclenchée sous le règne de Sancho VI le Sage (1150-1194), dont surgissent les dites poblaciones (localités) (Estella, Sangüesa, Monreal). Le deuxième noyau bourgeois de Pampelune allait exister pour novembre 1174 lorsqu’il est fait mention du burgo uetero Sancti Saturnini36. Trois ans plus tard, la mitre allait répartir des rentes entre les chanoines de la cathédrale, correspondant à l’archidiacre de la Table le « dominium Noui Burgi cum redditibus suis, et ecclesiam Sancti Nicolai cum oblationibus suis »37. Nous ne savons pas à quel moment les bourgeois de Saint-Nicolas reçoivent le privilège de franchise -au moins avant 118438–, qui doit être similaire à celui de Saint-Saturnin. La localité de Saint-Nicolas est, comme le bourg voisin de Saint-Saturnin, soumise à la seigneurie ecclésiastique de Pampelune, et paie à celle-ci une rente annuelle de deux soldes par terrain à bâtir39.
13Le vieux noyau configuré autour de la cathédrale vient à être connu sous le nom de Navarrería, du fait qu’il comprend de préférence la population autochtone, pas franche. C’est là que se consolide le quartier juif, avec les mêmes garanties juridiques que celui d’Estella, par concession de Sancho VI le Sage à l’évêque Lope et aux chanoines de Santa María de Pampelune (1154)40. Le quartier des Juifs reste, ainsi, lié à la seigneurie épiscopale41. Le texte indique explicitement que « De sorte que ces Juifs soient de Dieu et de Santa María de Pampelune, et vôtres et de vos successeurs, évêques et chanoines actuels et futurs, pour faire votre propre volonté, et aussi de votre propre cause, ingénue, libre et franche de tout service au roi. Et qu’ils soient en sécurité et protégés sur ma terre comme les Juifs d’Estella. Et si un homme les dérange sur ma terre pendant les sept prochaines années, qu’il paie mille soldes, et qu’il y en ait 500 pour vous et 500 pour moi. Et à partir de ces sept années, que toutes les amendes et tous les droits soient à vous. Et ceux qui ont été sur ma terre et qui ont eu des propriétés sur ma terre, où ils se sont habitués à me servir, alors, qu’ils me servent comme d’habitude ; et ceux qui sont dans le domaine de Santa María, qu’ils servent Dieu et Sainte Marie et l’évêque et les chanoines ». Au fil des années, ce lien reste vide de contenu, et le quartier juif devient propriété du roi, comme le prouve le fait que le bailli du roi à Pampelune ait perçu des droits de justice des Juifs et les rentes pour la location du four du quartier juif, même avant que la Navarrería n’ait été détruite42.
14Les Juifs ne sont pas le seul groupe social de la ville sur lequel le roi étend les compétences de sa juridiction. Il le fait aussi sur les nobles, dans ce cas en vertu du droit nobiliaire43.
15À la fin des années quatre-vingt du XIIe siècle, il s’avère péremptoire de donner à la Navarrería un statut analogue à celui des localités voisines, et finalement, en 1189, l’évêque obtient du roi Sancho VI le Sage la concession que les Navarrais qui habitent dans la ville de la Navarrería soient désormais régis « in iudiciis suis et causis cum ómnibus hominibus » selon les habitudes et les droits dont jouissent les bourgeois de Saint-Saturnin. Le roi cède à l’évêque la réception de toutes les amendes judiciaires sur la totalité de la ville de Pampelune, annulant l’intervention du bailli ou des mérinos du propre monarque dans l’encaissement des droits royaux, comme il est habituel jusqu’alors44.
16Le statut de franchise exclut les trois noyaux qui forment Pampelune de toute sorte d’attaches serviles, mais ils restent sous l’autorité de l’évêque, qui intervient, comme nous l’avons vu, dans la nomination de l’agent judiciaire des bourgs, appelé almirat, et dans celle du maire du quartier. Pour sa part, en sa qualité de seigneur de la ville, l’évêque exerce ses fonctions judiciaires à travers des officiers nommés selon son bon vouloir, un maire et un agent judiciaire appelé prévôt.
III - Le début de la crise : la lutte des quartiers
17Il serait de trop d’analyser ici les causes complexes de la crise qui finit par déchaîner la guerre brutale de la Navarrería (1276), et qui suppose la destruction de ce quartier et de son quartier juif. Elles sont bien connues par l’historiographie. Il suffit de commencer par signaler que la puissante seigneurie ecclésiastique de Pampelune s’avère bientôt comme n’étant pas viable face au nouveau cap de la monarchie et face à la plénitude démographique et socioéconomique des quartiers de Pampelune, qui dépasse la capacité exiguë de réponse de l’évêque45. D’après ce qu’Eloísa Ramírez et Fermín Miranda ont constaté, dès 118946, la porte s’ouvre pour la revendication du droit du roi à son intervention sur la ville, face à l’incapacité de l’évêque, seigneur de Pampelune, d’exercer un pouvoir judiciaire approprié47.
18Cependant, la position de l’évêque de Pampelune se renforce quelques années plus tard, lorsque la guerre motivée par la conquête castillane de la portion occidentale du royaume de Navarre (Alava, Duranguesado et Guipuzcoa), oblige Sancho VII le Fort à être assisté par l’évêque, García Fernández, avec 70 000 sueldos sanchetes (monnaie de l’époque). La seigneurie épiscopale en ressort plus forte, car Sancho le Fort remet à l’évêque le palais royal de Saint Pierre -ce par quoi le monarque perd son siège dans la ville principale du royaume-, la dîme du péage de Pampelune, l’immunité fiscale et judiciaire des clercs diocésains, et une plus grande sécurité des prérogatives seigneuriales que l’évêque possède sur cette ville (juillet 1198)48. Une fois la guerre passée et la paix consolidée, Sancho VII le Fort veut renforcer le pouvoir royal face à l’évêque49. Un premier essai conciliateur arrive avec un évêque français, Aspàreg de la Barca (1212-1215)50, qui ratifie, avec le roi, l’entente faite depuis longtemps entre les quartiers de la Navarrería, Saint-Michel51, Saint-Saturnin et Saint-Nicolas sur les problèmes d’homicides, de défis, de blessures, de malfaiteurs, d’incendiaires, de refuge et d’asile de délinquants dans des églises, des calomnies ou amendes judiciaires, et des dettes, entre autres aspects (14 avril 1213)52.
19La crise de tarde pas à se raviver et le nouvel évêque, le Français Guillaume de Santonge (1216-1219) s’affronte durement avec le roi53. Le conflit reste en suspens à la mort du prélat (1219), et la paix, pour lors momentanée, arrive avec l’élection de Remiro de Navarre en tant qu’évêque de Pampelune, un fils bâtard de Sancho le Fort54. Suite au décès de Remiro, le 22 janvier 1228, le monarque finit par perdre le contrôle sur la mitre55.
IV - La lutte pour la juridiction de Pampelune
20La lutte entre la couronne et la mitre continue sous les règnes de la maison de Champagne (1234-1274)56. Suite au décès de l’évêque Pedro Ramírez de Piédrola (1238), le siège de Pampelune reste vacant pendant trois ans, durant lesquels le conseil est divisé pour une raison de position à adopter dans l’affaire de la seigneurie temporelle de la mitre. Entre temps, Thibaud Ier (1234-1253), premier monarque de Champagne, envahit à maintes reprises la juridiction spirituelle et temporelle de l’évêque, et profite de ce que le poste épiscopal soit vacant pour que les officiers royaux reviennent des villes du district de Saint Étienne57.
21Les nouveautés constitutionnelles introduites à l’occasion de l’arrivée au trône de Thibaud Ier vont, à court terme, donner aux bourgeois de Pampelune de nouveaux arguments pour s’émanciper de la juridiction de l’évêque. L’articulation d’une assemblée de classes, chargée de recueillir par écrit la législation du royaume, et à laquelle participe l’évêque en personne (1238), est l’origine du futur Parlement de Navarre, auquel sont représentées les bonnes villes du royaume et les entités municipales de Pampelune. Ajoutons à cela, comme le signale Ángel J. Martín Duque, que les noyaux bourgeois viennent se plaindre au monarque, avec de plus en plus d’insistance, au détriment de la puissance intermédiaire de l’évêque-seigneur, incapable de sauvegarder convenablement l’ordre et la paix des habitants de Pampelune58.
22Pedro Jiménez de Gazólaz, évêque énergique entre 1242 et 1266, probablement contaminé par la fermeté du pape Innocent IV face à l’empereur Frédéric II sur des questions similaires59, comparaît devant le pape, et l’informe des infractions et violations commises par le roi. En ce qui concerne l’exercice judiciaire, l’évêque indique que les gens du bourg de Saint-Saturnin avaient refusé de livrer un homicide à l’almirat épiscopal pour qu’il soit exécuté, et qu’en revanche, ils le donnent au bailli du roi, qui ordonne sa pendaison au nom du monarque60. La controverse se prolonge jusqu’en juillet 1254, lorsque les maires nommés par Thibaud II rapportent que Thibaud Ier a agi injustement en ordonnant des confiscations à Saint-Cernin, faculté qui revient à l’almirat de l’évêque. Le document souligne que l’évêque est le seigneur juridictionnel de Pampelune61.
23Cette décision n’est pas un point final, ni même un point à la ligne, mais bien un point-virgule. Thibaud II fait immédiatement pression afin d’amoindrir le pouvoir juridictionnel de l’évêque, et en 1255, il oblige Pedro Jiménez de Gazólaz à signer une entente qui répartira le domaine, les possessions et les rentes de la ville à parts égales entre l’évêque et le roi, y compris la justice et la juridiction sur les Juifs62. C’est pourquoi l’évêque et le monarque nomment ensemble les autorités de Saint Saturnin en 1256, et le bailli prête serment devant l’évêque que leyalment demandará et cuyldrá et rendrá todos los drechos del seynnorio en aqueill burgo al rey don Thibalt de Navarra et a nos don Pedro… segunt que las cartas de la composition et de la paz entre eillos dizen et departen, et que non responda al rey senes el obispo, nin al obispo senes el rey, mas ad ambos ensemble o a lur mandamiento63.
24L’accord n’a pas d’effectivité, et la dispute prend un nouveau tournant : la Curie romaine refuse d’approuver l’entente de 1255, et ordonne son annulation, interdiction qu’elle réitère en 1259 devant la révolte de l’évêque, qui continue de la défendre. Félix Segura note que la position épiscopale porte à penser que, dans la pratique gouvernementale, l’accord a été mis en marche et a été mis à exécution. Cet historien soupçonne aussi que la position de l’évêque a continué d’être en vigueur sur certains points de Pedro Jiménez de Gazólaz (1266), ce qui expliquerait la constante intervention du roi au cours des années suivantes. Ce n’est pas en vain que dans des accords ultérieurs, les deux parties conviennent du domaine partagé de la ville et même du domaine plein en faveur du monarque64.
25En marge du monarque, ou plutôt, dans une tentative de prévenir d’éventuels abus de sa part, les bourgeois de Pampelune souscrivent le 20 juin 1266 une lettre conjointe de « entente, paix et unité », par laquelle, au lieu des douze jurés pour chacun des trois principaux noyaux et des six du petit bourg de Saint-Michel, il est institué un seul conseil municipal de vingt jurés65.
26Entre temps, les luttes entre les quartiers de Pampelune augmentent. José Mª Lacarra et Ángel J. Martín Duque ont signalé que l’amiral, le maire et le bailli désignés par l’évêque se montraient imposants devant les jurés désignés par les bourgs. En 1272, ces vingt jurés emprisonnent un assassin, et refusent de le livrer à l’amiral de l’évêque. Bien que le prélat n’hésite pas à les excommunier pour avoir usurpé les droits de son amiral en matière de justice66, ces jurés le font exécuter. L’évêque est poussé par le nouveau roi, Henri Ier, qui place sous sa protection ses ressortissants naturels, « les vingt jurés et tout le peuple de Pampelune » (23 mai 1272)67. Armingot doit céder, et signe un accord avec le roi, dans lequel, en échange de certaines concessions économique du monarque, la ville de Pampelune devra passer intégralement au domaine royal, sauf certaines rentes qui seront fixées par un délégué pontife68.
27La mort d’Henri Ier (1274) annule l’effet de cet accord. Les disputes pour la succession ne contribuent pas à pacifier la situation. Dans ce cas, la noblesse, installée à la Navarrería et soutenue par l’évêque Armingot (1268-1277), réclame l’alliance avec la Castille ; alors que la bourgeoisie de Saint-Saturnin et Saint-Nicolas s’allie avec les Français. C’est finalement cette solution qui prospère, lorsque la princesse Jeanne épouse un fils du monarque français, le futur Philippe IV de France (Philippe le Bel), roi de Navarre jusqu’en 1305, à la mort de Jeanne Ire.
28Les armées de Philippe III de France, dit Philippe le Hardi, au nom de sa bru, Jeanne Ire, attaquent la Navarrería (1276), dans la célèbre guerre chantée par Anelier de Toulouse, avec le tragique résultat de la destruction de la vieille ville épiscopale, dont il ne reste que les édifices religieux. Parmi tous les affrontements existants dans les villes espagnoles entre les seigneuries épiscopales et les collectivités d’habitants pour le contrôle du gouvernement local, c’est, sans doute, l’épisode le plus tragique69.
V - Situation de la seigneurie épiscopale après 1276
29Les rois capétiens ne cessent de reconnaître la seigneurie théorique de l’Église de Pampelune après la guerre de la Navarrería, mais leur intervention dans les affaires de Pampelune est permanente, et c’est pourquoi ils renforcent les mécanismes de gestion du monarque dans la ville. N’oublions pas que Philippe le Bel, bien qu’il soit encore roi de France, est inspiré par la politique de sa patrie où, comme nous le savons, on assiste à une implantation progressive de la justice royale, qui cherche à réduire le pouvoir juridictionnel seigneurial.
30Malgré les tentatives du nouvel évêque, Miguel Sánchez de Uncastillo (1277- 1287) pour rétablir la situation, en arrivant même à la médiation du pape, le roi fait valoir le droit de conquête sur la Navarrería, considérée comme traitresse ; l’évêque ne peut pas prouver ses droits sur elle, car, comme l’ont fait remarquer Lacarra et Martin Duque, tous les privilèges ont été détruits dans le pillage70. Les facultés juridictionnelles suprêmes découlant de l’autorité du souverain sont exercées par le biais d’un officier unique, le bailli de Pampelune, qui se charge d’exécuter la justice et d’administrer les rentes, consistant en les confiscations de la guerre de 1276, les revenus du marché, et différents droits sur quelques vignes et maisons71. La concurrence effective de l’évêque dans la pratique judiciaire de la seigneurie de Pampelune se réduit à des affaires mineures. Le prélat possède une prison épiscopale, dont on trouve les premiers documents en 129072.
31Le chapitre de la cathédrale, conscient de sa faiblesse, décide de transiger, et donne des pouvoirs en 1280 pour négocier une convention par laquelle il cèderait la moitié du domaine temporel sur Pampelune et il renoncerait aux châteaux disputés, en échange d’une compensation à la cathédrale de Pampelune de la part de Philippe III de France. La convention est négociée au début de l’année 1281, sans résultat effectif, car elle n’est finalement pas approuvée par le pape Martin IV73.
32Philippe le Bel, devenu Philippe IV de France en 1285, s’est réaffirmé au long de tout ce processus dans sa position par rapport à la seigneurie épiscopale de Pampelune, politique qu’il envisage dans son royaume français au nord des Pyrénées, caractérisé par un pari ferme sur le contrôle monarchique des bonnes villes74, et, tout particulièrement, de la justice, conformément à la doctrine propre de la réception du ius commune75, avec des politiques aussi connues que celles qu’il développe au sud et au nord de la France, étudiées par Sébastien Hamel76. Le contrôle effectif du monarque sur une Navarrería encore détruite est constaté lorsque le quartier juif finit par appartenir pleinement au roi. Le bailli récupère ainsi son activité de perception sur les Juifs (1285)77, alors éparpillés dans les différents quartiers intramuros de Pampelune, ce à quoi vient s’ajouter, en 1291, l’incorporation de deux nouvelles taxes78. Les comptes du roi de cette même année reprennent minutieusement les revenus produits par les amendes découlant de délits commis par la communauté juive79.
33Des années plus tard, le texte de la convention frustrée de 1280 sert de base pour négocier un nouvel accord avec la Couronne sur le domaine de la ville (1290). Le roi cède, entre autres aspects, la moitié de l’empire simple et mixte sur les quatre villes de Pampelune (Burgo, Población, Navarrería et Saint-Michel), et toutes les rentes de celles-ci, sauf la justice des Infanzones et des traîtres, qu’il se réserve pour lui, ainsi que les amendes du marché. Chacun de ces quatre noyaux devra avoir des maires, amiraux et autres baillis, qui seront nommés et déchus d’un commun accord entre le roi et l’évêque (bourg de Saint Saturnin), entre le roi et l’archevêque (Navarrería et localité de Saint-Nicolas), et entre le roi et l’hôtelier (Saint-Michel). L’accord prévoit aussi la construction d’une prison commune dans le palais du roi, et entre temps, les prisonniers seront surveillés dans la prison de l’évêque. Les gardiens de la prison, crieurs publics, nonces et autres officiers seront nommés et destitués d’un commun accord entre le roi et l’évêque80.
34Cette convention tarde à être approuvée par le pape (1298), car elle coïncide avec un moment de trêve dans les disputes passionnées entre le pape Boniface VIII et Philippe IV de France, mari de Jeanne Ire de Navarre81. C’est à partir de ce moment-là que le chapitre de Pampelune approuve également la convention (18 février 1299)82, celle-ci entrant en vigueur83. D’après Luis Javier Forún, cette approbation représente un fait important qui marque un tournant dans les relations entre le roi et l’Église de Pampelune, et initie un chemin, non exempt de hauts et de bas, vers la réconciliation84.
35La convention de 1291 n’est pas acceptée par toutes les forces vives de la Navarrería. Lors d’une visite de l’archevêque de Tarragone à Pampelune en 1295, les jurés et autres personnes de la ville se plaignent à lui de la négligence de l’évêque, « à qui, comme chacun sait, appartient la juridiction dans le domaine spirituel sur la ville en question », car beaucoup de crimes restent impunis. Les jurés ajoutent d’autres plaintes, et l’archevêque adresse à l’évêque de Pampelune une sévère réprimande85. L’évêque de Pampelune doit nier la réalité. Les vingt jurés de la ville ont un entretien avec lui, dont ils dressent un acte, et lors duquel le prélat assure qu’il n’a pas l’intention de modifier le statut juridique de la ville, et qu’il s’est limité à une négociation sur le repeuplement de la Navarrería (26 juin 1301)86. Auparavant, les jurés avaient fait appel au pape et Boniface VIII avait chargé les abbés des monastères d’Iratxe et de La Oliva, et le prieur de Roncevaux, de citer Monseigneur Miguel et le chapitre de Pampelune à comparaître devant lui dans le délai de quatre mois afin de répondre sur les allégations des jurés de Pampelune contre ce qui était convenu concernant la domination de Pampelune par l’évêque et Philippe le Bel87.
36C’est ainsi que s’ouvre un procès à Rome, interrompu en 1304, année où décède l’évêque Miguel Pérez de Legaria, et où le prieur Íñigo López de Lumbier assume le gouvernement du diocèse, dont le siège est vacant. L’évêché de Pampelune reste vacant pendant six ans. Entre temps, le décès de la reine Jeanne (1305) donne lieu à une crise politique qui dure jusqu’en 1307, en raison des réticences de Louis Ier le Hutin (le futur Louis X de France depuis 1314) pour assumer la couronne de Navarre tant que son père est vivant. Les Navarrais exigent, conformément aux lois successorales du royaume, que le nouveau roi soit le Hutin, comme il l’est en effet jusqu’en 1316. Sur le siège apostolique il y a aussi une relève, en la figure de Clément V (1305-1314), qui en 1309 se voit contraint de transférer le siège papal à Avignon, en raison de l’insécurité qui règne à Rome, immergée dans des luttes et des intrigues politiques.
37C’est dans ce panorama compliqué que Philippe le Bel ratifie en 1305 l’entente de 129088. Le positionnement favorable du chapitre de la cathédrale vers le couronnement du roi en 130789, tentant de freiner d’éventuelles insurrections, fait que, suite à son couronnement, le monarque récompense la fidélité du prieur de la cathédrale et de son chapitre en faisant respecter à son sénéchal, cette même année, l’accord de 129090.
38Toutefois, il n’est pas facile de mener l’entente à la pratique91, et dans le domaine judiciaire, la justice usurpée par les jurés, et beaucoup de crimes sont impunis. La seigneurie temporelle de l’évêque doit disparaître, et en finir ainsi avec les discordes. Le roi décide de ne pas mettre en pratique la convention signée tant qu’il ne contrôlera pas le siège épiscopal, ce qu’il parvient finalement à faire en la figure du Gascon Arnaud de Puyana (1310-1316)92, désignation que suit celle d’autres clercs français dans les abbayes de Leyre et Fitero. Comme l’a observé Luis Javier Fortún, Puyana est un homme conciliateur, qui a réussi à pacifier dans sa presque totalité le chapitre de la cathédrale. Son court épiscopat ne lui a cependant pas permis d’obtenir du monarque l’exécution de la convention de 129193.
39Avec la mort de Puyana commence une période marquée par le début de réserve pontificale, qui prive le chapitre de son traditionnel droit d’élection épiscopale. Quatre nominations réalisées du pontificat d’Avignon, toutes proches de la monarchie française, se succèdent sur une période de trois mois94. À cette même époque, la France vit sa crise de succession particulière, qui se résout finalement par le couronnement de Philippe V de France en 1316, également roi de Navarre, connu sous le nom de Philippe II le Long (1316-1322). La crise se transfère en Navarre, où la loi salique, et où, conformément à la législation du royaume, devrait régner Jeanne, la fille de Louis Ier le Hutin. Le Parlement accepte, avec beaucoup de réticences, le couronnement de Philippe II le Long. Le nouveau monarque annonce qu’il ne voyagera pas en Navarre pour être couronné, allant ainsi à l’encontre de la constitution du royaume. Il demande qu’une représentation du Parlement se déplace à Paris pour assister au serment réciproque entre le roi et le royaume et à la proclamation royale (24 octobre 1317)95. Le Parlement refuse, et le monarque décide d’envoyer à Pampelune un nouvel évêque qui résidera dans la ville et contribuera à faire changer d’avis le Parlement.
40C’est Arnaud de Barbazán, chanoine de Pamiers, qui est élu et gouverne le diocèse de Pampelune entre 1318 et 135596. Peu après avoir pris en charge le siège, il réussit à ce qu’en une même séance du Parlement, le 11 juin 1319, la commission du Parlement devant assister au serment à Paris soit désignée97, ainsi qu’une autre commission, dans ce cas du chapitre, qui négociera l’application du la convention de 1291 ou sa révision98. La prestation de serment royal a lieu à Paris le 30 septembre 131999, dans la préparation de l’acte, il parvient à atteindre un accord définitif entre les procureurs du roi et l’évêque Arnaud de Barbazán, l’archidiacre de la Table, l’aubergiste et le chapitre de Pampelune. La dissolution de la seigneurie juridictionnelle de Pampelune, concrétisée par le transfert du domaine temporel au monarque, constitue un exemple symptomatique de la politique de renforcement de l’autorité royale impulsée par les capétiens. Avec le nouvel accord, l’Église renonce au pouvoir temporel sur les quatre quartiers de Pampelune, ce qui, dans le domaine de la justice, suppose de renoncer à toute sorte de juridiction sur la ville (omnimodam jurisdictionem temporalem, altam et baxam, cum mero et mixto imperio, et quiquid juris dominationis et superioritatis temporales pertinet seu pretiñere debet et potest predicto domino obispo ex donatione regum Navarrae)100. Un mois plus tard environ, le procureur de l’évêque et le chapitre de Pampelune supplient le pape de confirmer l’accord convenu entre l’Église de Pampelune et le roi sur la cession du domaine temporel101.
41Le transfert de la seigneurie s’étend sur deux années. Le 26 décembre 1320, Philippe le Long donne l’ordre au gouverneur de Navarre d’exécuter l’accord et d’allouer à l’évêque et au chapitre de Pampelune cinq cents livres de revenu annuel sur les ressources des vignes de la Navarrería confisquées en 1276102. Le paiement des cinq cents livres est une exigence du pape lui-même. Sans ce paiement, le domaine temporel sur la ville ne sera pas cédé103. L’important déboursement économique était pleinement justifié, s’il s’agissait de récupérer le plein exercice du pourvoir dans le seul bourg navarrais ayant catégorie de ville, chef-lieu du royaume et lieu de proclamation du souverain104.
42Finalement, le 6 avril 1321, les procureurs de l’évêque et du chapitre remettent aux commissaires du gouverneur de Navarre la juridiction temporelle sur la ville105. L’Église de Pampelune n’a pas une attitude unitaire à cet égard. L’archidiacre de la Tabla conteste la séance, et fait appel à Avignon, sans succès106. Le 19 octobre 1331, Philippe et Jeanne d’Évreux confirment la composition faite avec l’évêque et le chapitre en 1319107. Le repeuplement de la Navarrería, conclus en juin 1324, représente le final de tout ce processus, lorsque le roi Charles II le Chauve (Charles IV de France, 1322-1328) concède à nouveau le pouvoir de Jaca aux habitants de la Navarrería et leur donne un nouveau statut juridique108.
Notes de bas de page
1 Manuel PEREZ-VILLAMIL, « Catálogo de los señoríos temporales de los obispos en la Edad Media », Boletín de la Real Academia de la Historia, 68 (1916), p. 361-391.
2 En ce sens, on remarque l’article généraliste de V. SANCHEZ, « Señoríos eclesiásticos », dans Quintín ALDEA VAQUERO, Tomás MARIN MARTINEZ et José VIVES GATELL (sous la dir. de), Diccionario de Historia eclesiástica de España. Suplemento I, Madrid, 1987, p. 676-686 ; et l’étude sur les seigneuries épiscopales espagnoles qui servit d’introduction au livre d’Adrián BLAZQUEZ GARBAJOSA, El señorío episcopal de Sigüenza, Guadalajara, 1988, p. 31-37.
3 Paul KEHR, Papsturkunden in Spanien Vorarbeiten zur Hispania Pontificia, II, Navarra und Aragón, II, Urkunden und Regesten, Berlin, 1928. Partiellement traduit en espagnol dans « El papado y los reinos de Navarra y Aragón hasta mediados del siglo XII », Estudios de Edad Media de la Corona de Aragón, 2 (1946), p. 74-186.
4 José GOÑI GAZTAMBIDE, « Los obispos de Pamplona del siglo XIII », Príncipe de Viana, XVIII, 66 (1957), p. 41-237 ; « Los obispos de Pamplona del siglo XII », Anthologica Annua, 13 (1965), p. 135-358. Ces deux articles furent réédités, révisés en profondeur, sans les annexes documentaires et en ajoutant les épiscopats antérieurs au XIIe siècle, dans son livre Historia de los obispos de Pamplona. I. Siglos IV-XIII, Pamplona, 1979 ; « Los obispos de Pamplona del siglo XIV », Príncipe de Viana, XXIII, 86-87 (1962), p. 309-400. Cet article fut réédité, après une révision pertinente et sans l’annexe documentaire, dans son livre Historia de los obispos de Pamplona. II. Siglos XIV-XV, Pamplona, 1979.
5 María Ángeles IRURITA LUSARRETA, El Municipio de Pamplona en la Edad Media, Pamplona, 1959.
6 José María LACARRA et Ángel J. MARTIN DUQUE, Fueros derivados de Jaca. 2. Pamplona, Pamplona, 1975.
7 Ángel J. MARTIN DUQUE, « El señorío episcopal de Pamplona hasta 1276 », dans Carmen JUSUE (sous la dir. de), La Catedral de Pamplona, Pamplona, 1994, t. 1, p. 72-80 ; réédité dans Pirenaica. Miscelánea Ángel J. Martín Duque. Príncipe de Viana, LXIII, 227 (2002), p. 791-806.
8 Luis Javier FORTUN PEREZ DE CIRIZA, « Catedral y poder político, 1276-1512 », dans Carmen JUSUE (sous la dir. de), La Catedral de Pamplona, Pamplona, 1994, t. 1, p. 81-90.
9 Eloísa RAMIREZ VAQUERO, « Pouvoir seigneurial sur les villes de Pampelune de la fin du XIIIe siècle au début du XVe siècle », dans Noël COULET et Olivier GUYOTJEANNIN (éd.), La Ville au Moyen Âge, Paris, 1998, p. 537-552.
10 Félix SEGURA URRA, Fazer justicia. fuero poder público y delito en Navarra (siglos XIII-XIV), Pamplona, 2005, p. 234-237.
11 Fermín MIRANDA GARCIA, « Pamplona, ciudad y señorío episcopal. Apuntes para un debate historiográfico », dans Gregoria CAVERO DOMINGUEZ (sous la dir. de), Iglesia y ciudad. Espacio y poder (siglos VIII-XIII), León, 2011, p. 219-243.
12 Du moment qu’il a été formulé pour la première fois par le frère Prudencio de SANDOVAL, Catálogo de los obispos de Pamplona, Pamplona, 1614, p. 29, jusqu’à José GOÑI GAZTAMBIDE, Historia de los obispos, op. cit., p. 117.
13 « In primis uero ipsam uillam de Pampilona ab omni prorsus seruitio regali liberam, omnibusque modis ab omni suggillatione regali ingenuam, cum omnibus suis terminis ac pertinentiis, quam dompnus rex Sancius, auus meus, cognomine Auarca, Sanctique Stephani castrum cum suis uillis uel suis ecclesiis atque terminis, suisque cunctis pertinentiis, Deo et Sancte Marie absque ulla contradictione ac mala uoce pro redemptione omnium peccatorum suorum donauerat, predicto iam episcopo bona ac spontanea uoluntate reddidi atque in perpetuam possessionem Sancte Marie pro remissione delictorum meorum concessi ». Éd. Roldán JIMENO ARANGUREN et Aitor Pescador Medrano, Colección documental de Sancho Garcés III el Mayor, rey de Pamplona (1004-1035), Pamplona : Pamiela, 2003, nº 45.
14 José María LACARRA et Ángel J. MARTIN DUQUE, fueros, op. cit., p. 17.
15 Ángel J. MARTIN DUQUE, « El señorío episcopal », p. 74 (éd. 1994), p. 797 (éd. 2002). Ibid., Sancho III el Mayor de Pamplona. El rey y su reino (1004-1035), Pamplona, 2007, p. 126.
16 Fermín MIRANDA GARCIA, « Pamplona », op. cit., p. 220-226.
17 Éd. Roldán JIMENO ARANGUREN et Aitor PESCADOR MEDRANO, Colección documental, op. cit., nº 81.
18 Seigneurie qui, des dizaines d’années plus tard, à partir de la deuxième moitié du XIe siècle et au long du XIIe, reçoit de nombreux privilèges des rois de Castille : Asunción ESTEBAN et María Jesús IZQUIERDO, « Palencia en la Edad Media, una ciudad de señorío eclesiástico », dans Margarita TORREMOCHA HERNANDEZ (sous la dir. de), El Estudio General de Palencia. Historia de los ocho siglos de la Universidad española, Valladolid, 2012, p. 19.
19 « Petentibus illis qui terram Nagerensis regionis inhabitant, cum iuramento meorum militum antiquas leges quas habuerunt in diebus aui mei regis Sancii Maioris et auunculi mei Garsie regis, reddidi, ut more illarum legum antiquarum uiuant et nichil michi neque successoribus meis amplius faciant ». Éd. Roldán JIMENO ARANGUREN et Aitor PESCADOR MEDRANO, Colección documental, op. cit., nº 84, p. 282-283. À cet égard voir Gregorio MONREAL ZIA et Roldán JIMENO ARANGUREN, Textos histórico-jurídicos navarros. I. Historia Antigua y Medieval, Pamplona, 2008, p. 403.
20 Cf. Ángel J. MARTIN DUQUE, « El señorío episcopal », op. cit. p. 74-75 (éd. 1994), p. 797 (éd. 2002).
21 Félix SEGURA URRA, Fazer justicia, op. cit., p. 234.
22 Voir Adrián Blazquez Garbajosa, El señorío episcopal, op. cit., p. 355.
23 Sancho Ramírez profita du décès de l’évêque Belasius (1078) pour placer au siège de Pampelune un de ses frères, l’infant García, qui était déjà évêque de Jaca. La situation se compliqua en 1082, ou peut-être avant, lorsque la comtesse Sancha déplaça son frère García et prit la direction du diocèse du château de Monjardín : Voir José GOÑI GAZTAMBIDE, Historia de los obispos de Pamplona. I, op. cit., p. 253.
24 L’interdiction catégorique de Grégoire VII fut suivie par les mesures approuvées aux synodes de Poitiers (1070), de Rome (1080), de Bénévent (1087), de Melfi (1089), de Plaisance (1095), de Sutri (1111) et, de manière définitive, au concordat de Worms de 1122, où l’investiture laïque fut interdite et où il fut décrété que les élections seraient faites librement par le clergé et le peuple, bien qu’en présence du pouvoir civil ou de ses émissaires. Le pouvoir temporel sans simonie était transmis aux évêques, qui prêtaient serment de fidélité si c’était nécessaire. Le concordat de Worms fut solennellement approuvé l’année suivante par le Ier Concile du Latran, et l’intromission du pouvoir civil diminua dans les royaumes européens. Les rois français et anglais, par exemple, dans les deux premières décennies du XIIe siècle renoncèrent tacitement à l’investiture, en se contentant de la confirmation royale de l’élu, serment de fidélité et investiture des droits temporels sans les symboles de la crosse et de l’anneau. Voir Antonio GARCIA Y GARCIA, Historia del Derecho canónico. 1. El Primer Milenio, Salamanca, 1967, p. 364-365.
25 Grégoire VII chargea son légat en Espagne, le cardinal Ricardo, de réunir un concile d’évêques et d’abbés pour mettre fin à la situation du diocèse de Pampelune. Il y parvint, et l’évêque García et sa sœur Sancha disparurent de l’évêché. Mais Sancho Ramírez, irrité contre le cardinal Ricardo, demanda l’envoi d’un nouveau légat afin de mettre de l’ordre dans les églises de ses royaumes d’Aragon et de Pampelune. Grégoire VII envoya Frotardo, abbé de Saint-Pons de Thomières, avec les pleins pouvoirs. Frotardo considéra que le candidat le plus approprié était le Français Pierre de Rodez.
26 José GOÑI GAZTAMBIDE, Historia de los obispos de Pamplona. I, op. cit., p. 254-255.
27 Éd. José María LACARRA et Ángel J. MARTIN DUQUE, fueros, op. cit., nº 2.
28 Cf. de même, le document de la réglementation des péages des marchés de Jaca et Pampelune dans, Ángel CANELLAS LOPEZ, La colección diplomática de Sancho Ramírez, Zaragoza, 1993, nº 159.
29 José María LACARRA et Ángel J. MARTIN DUQUE, Fueros, op. cit., p. 19-20. Ángel J. Martin Duque, « El señorío episcopal », op. cit. p. 74 et 76 (éd. 1994), p. 795, 798 et 803 (éd. 2002). Fermín MIRANDA GARCIA, « Pamplona », op. cit., p. 229-230. Eloísa RAMIREZ VAQUERO, « Pouvoir seigneurial », op. cit., p. 539.
30 Éd. Paul KEHR, Papsturkunden, op. cit., nº 21. Voir José GOÑI GAZTAMBIDE, Historia de los obispos, I, op. cit., p. 273.
31 Éd. Paul KEHR, Papsturkunden, op. cit., nº 16. Voir José GOÑI GAZTAMBIDE, Historia de los obispos, I, op. cit., p. 273.
32 María Ángeles IRURITA LUSARRETA, El Municipio, op. cit., p. 44. Cet auteur date le document en 1087 ; la date de 1092 obéit à la précision dans la critique documentaire de Lacarra et Martín Duque, dans l’édition déjà mentionnée (fueros derivados, op. cit.).
33 Voir, par exemple, Olivier GUYOTJEANNIN, Episcopus et comes, affirmation et déclin de la seigneurie episcopales dans le Nord du Royaume de France (Beauvais, Noyon, Xe-début XIIe siècles), Genève, Paris, 1987.
34 Éd. José GOÑI GAZTAMBIDE, Colección Diplomática de la Catedral de Pamplona. 829- 1243, Pamplona, 1997, nº 176.
35 Ángel J. MARTIN DUQUE, « El señorío episcopal », op. cit. p. 76 (éd. 1994), p. 799 (éd. 2002).
36 Éd. Guadalupe LOPETEGUI SEMPERENA, « 1150-1194 », Archivo General de Navarra (1134-1194), Donostia, 1997, nº 54. Voir José María LACARRA et Ángel J. MARTIN DUQUE, Fueros, op. cit., p. 27., José GOÑI GAZTAMBIDE, Historia de los obispos, I, op. cit., p. 469-470.
37 Éd., José GOÑI GAZTAMBIDE, Colección Diplomática, op. cit., nº 176. Voir José María LACARRA et Ángel J. MARTIN DUQUE, fueros, op. cit., p. 27.
38 Le droit de Saint-Nicolas fut étendu par Sancho le Sage aux habitants de Villaba en 1184. Éd. Guadalupe LOPETEGUI SEMPERENA, « 1150-1194 », op. cit., nº 90.
39 José María LACARRA et Ángel J. MARTIN DUQUE, Fueros, op. cit., p. 28-29. Ángel J. MARTIN DUQUE, « El señorío episcopal », op. cit. p. 79 (éd. 1994), p. 802 (éd. 2002).
40 Éd. José GOÑI GAZTAMBIDE, Colección Diplomática, op. cit., nº 277.
41 Eloísa RAMIREZ VAQUERO, « Pouvoir seigneurial », op. cit., p. 539-540. Fermín MIRANDA GARCIA, « Pamplona », op. cit., p. 228 et 235-241.
42 Juan CARRASCO PEREZ, « Juderías y sinagogas en el reino de Navarra », Príncipe de Viana, LXIII, 225 (2002), p. 124.
43 Félix SEGURA URRA, Fazer justicia, op. cit., p. 234.
44 Éd. José María LACARRA et Ángel J. MARTIN DUQUE, fueros, op. cit., nº 15, voir Ibid., p. 29-30. Eloísa RAMIREZ VAQUERO, « Pouvoir seigneurial », op. cit., p. 540. Fermín MIRANDA GARCIA, « Pamplona », op. cit., p. 232-233.
45 José María LACARRA et Ángel J. MARTIN DUQUE, Fueros, op. cit., p. 39. Ángel J. MARTIN DUQUE, « El señorío episcopal », op. cit. p. 80 (éd. 1994), p. 806 (éd. 2002). Félix SEGURA URRA, Fazer justicia, op. cit., p. 235.
46 Le début des problèmes arriva avec le pouvoir octroyé par Sancho VI à la Navarrería (1189), vu précédemment, et où le roi autorisait aux habitants de ce quartier à sortir de ses remparts en construisant de nouvelles maisons en direction du bourg de Saint Saturnin, contrairement à ce qui était établi dans la loi de 1129.
47 Eloísa RAMIREZ VAQUERO, « Pouvoir seigneurial », op. cit., p. 540-541. Fermín MIRANDA GARCIA, « Pamplona », op. cit., p. 241.
48 Éd. José María JIMENO JURIO et Roldán JIMENO ARANGUREN, Colección documental de Sancho VII el Fuerte (1194-1234). Archivo General de Navarra, dans « Obras completas de José María Jimeno Jurío », t. 8, Pamplona, 2008, nº 23. Le 31 décembre de cette année-là, le roi confessait avoir reçu de l’évêque la quantité indiquée, en paiement des nombreuses faveurs qu’il lui avait faites (Éd. José GOÑI GAZTAMBIDE, Colección Diplomática, op. cit., nº 424), et peu après Innocent III confirmait la donation du palais et le reste des concessions (29 janvier 1199) (Éd. Ibid., nº 425).
49 Pour cela, il n’hésita pas à aliéner le conseil de la cathédrale des Castillans de Huarte et Monjardín -cette dernière déjà appréhendée par la force par Sancho le Sage-, deux remarquables possessions de l’Église de Pampelune correspondantes au domaine temporel confirmé en 1092 et intégré par ces enclaves, la ville de Pampelune, le château d’Oro, cinq villages et la localité aragonaise de Navardún. Ce fait provoqua un conflit entre Sancho le Fort et l’évêque Jean de Tarazona (1205-1211), qui dut être résolu par une commission désignée par le pape Innocent III. À la mort de l’évêque Jean de Tarazona (1211), le pape ne s’empressa pas de couvrir le siège vacant. Il voulut d’abord connaître l’état de l’Église diocésaine, ce dont il chargea les évêques de Saragosse et Tarazona et l’archidiacre de Jaca, qui devaient s’occuper, en plus, de bien choisir le nouvel évêque et de réussir la restitution des biens usurpés (5 novembre 1211). José GOÑI GAZTAMBIDE, Historia de los obispos, I, op. cit., p. 533-539.
50 Aspèreg de la Barca ne fut élu qu’en juin 1212, ce qui a porté à supposer qu’entre temps Sancho le Fort avait dû faire pression pour que la mitre retombât sur un prélat navarrais. Aspàreg de la Barca était originaire de France et parent de Pierre II d’Aragon. Il chercha la conciliation et s’abstint de revendiquer les châteaux de Huarte et Monjardín et tenta de pacifier les tensions existantes entre les quartiers de Pampelune, confrontés par la protection que le monarque dispensait au bourg de Saint Saturnin. Ángel J. MARTIN DUQUE, « El señorío episcopal », p. 80 (éd. 1994), p. 805 (éd. 2002).
51 Ce quartier, situé autour de la Navarrería, probablement dans la zone occupée par l’actuel marché Santo Domingo et la place de Los Burgos surgit au XIIe siècle autour de l’hôpital Saint-Michel. Détruit par Sancho le Fort et reconstruit en 1214, il fut rasé à l’occasion de la guerre de la Navarrería. Voir, Roldán JIMENO ARANGUREN, El culto a los santos en la Cuenca de Pamplona (siglos V-XVI). Estratigrafía hagionímica de los espacios sagrados urbanos y rurales, Pamplona, 2003, p. 70-71.
52 José María JIMENO JURIO et Roldán JIMENO ARANGUREN, Colección documental, op. cit., nº 86.
53 L’évêque organisa un synode diocésain, dont la première ordonnance menaçait d’excommunication tous ceux qui usurperaient les biens d’ordres religieux (1218), à partir duquel il excommunia Sanche le Fort, car il continuait de retenir les châteaux de Saint-Étienne de Monjardin, Oro et Huarte, la ville d’Arimain et d’autres propriétés épiscopales. José GOÑI GAZTAMBIDE, Historia de los obispos, op. cit., p. 549-550.
54 Le décès de Guillaume de Santonge permit à Sancho le Fort de déplacer des positions et d’obtenir que Rome place son fils bâtard Remiro de Navarre à la tête du siège de Pampelune (1220-1228). Remiro était formé pour exercer la fonction depuis qu’Honorius III lui concéda une dispense pour recevoir les ordres sacrés et toute dignité ecclésiastique (27 octobre 1218) (Éd. José GOÑI GAZTAMBIDE, Colección Diplomática, op. cit., nº 521). Père et fils rétablirent, pour le moment, la paix entre les quartiers de Pampelune, et établirent des normes pour la reconstruction des maisons du quartier de Saint Nicolas contigus au bourg de Saint Saturnin (28 juillet 1222) (Éd. Ibid., nº 533), mesure clairement humiliante pour ceux de la localité de Saint-Nicolas. Remiro renonça formellement au château de Saint-Étienne de Monjardín et au château et à la ville de Huarte avec tous leurs droits et appartenances – déjà usurpés par son père –, en considération des biens et des grâces dispensées par le roi et de ceux qu’il allait réaliser dans le futur dans l’église de Pampelune (avril 1223) (Éd. José María JIMENO JURIO et Roldán JIMENO ARANGUREN, Colección documental, op. cit., nº 197). Il le fit avec le consentement du chapitre, même si, une fois Sancho VII décédé, l’Église de Pampelune réclama la restitution de ces biens (Voir José GOÑI GAZTAMBIDE, Historia de los obispos, I, op. cit., p. 556).
55 Le siège resta vacant pendant quelque temps, et c’est Lope de Laguardia, prieur de la cathédrale, qui exerça en tant que vicaire. Cela provoqua que l’archevêque de Tarragone tînt un synode à Pampelune en siège vacant, et dénonçât comme étant excommuniés ceux qui accumulaient plusieurs églises avec vicaire (première moitié de 1230). Sancho le Fort tenta l’élection du propre prieur Lope de Laguardia, mais n’y parvint pas, car Rome préconisa Pedro Ramírez de Piédrola (c. julio 1230-octubre 1238), jusqu’alors évêque d’Osma. Le roi dut rendre à l’évêque les villes dépendantes de Saint Étienne de Monjardín, mais conserva le château. Il parvint ainsi à ce que la commission déléguée par le pape Grégoire IX recherchât les usurpations de biens ecclésiastiques précédentes (1233). Voir José GOÑI GAZTAMBIDE, Historia de los obispos, I, op. cit., p. 565-572.
56 José María LACARRA et Ángel J. MARTIN DUQUE, Fueros, op. cit., p. 31-44. José GOÑI GAZTAMBIDE, Historia de los obispos, I, op. cit., p. 585-678. María Raquel GARCIA ARANCON, La dinastía de Champaña en Navarra : Teobaldo I, Teobaldo II, Enrique I (1234-1274), Gijón, 2010, p. 73-75, 149-152.
57 José GOÑI GAZTAMBIDE, Historia de los obispos, I, op. cit., p. 569-573 et 592. Ángel J. MARTIN DUQUE, « El señorío episcopal », p. 80 (éd. 1994), p. 805 (éd. 2002).
58 Ibid., p. 80 (éd. 1994), p. 805 (éd. 2002).
59 Ángel J. MARTIN DUQUE et, Eloísa RAMIREZ VAQUERO : « El reino de Navarra (1217-1350) », dans Historia de España Menéndez Pidal. Vol. XIII-II. La expansión peninsular y mediterránea (c. 1212-c. 1350). El reino de Navarra, la Corona de Aragón, Portugal, Madrid, 1990, p. 38.
60 Félix SEGURA URRA, Fazer justicia, op. cit., p. 235.
61 Éd. José María LACARRA et Ángel J. MARTIN DUQUE, Fueros, op. cit., nº 32.
62 Éd. María Raquel GARCIA ARANCON, Colección Diplomática de los Reyes de Navarra de la Dinastía de Champaña. 2. Teobaldo II (1253-1270), San Sebastián, 1985, nº 15. Voir Ángel J. MARTIN DUQUE, « El señorío episcopal », p. 80 (éd. 1994), p. 805-806 (éd. 2002). Félix SEGURA URRA, Fazer justicia, op. cit., p. 236.
63 Éd. José María LACARRA et Ángel J. MARTIN DUQUE, Fueros, op. cit., nº 38 ; voir Ibid., p. 40.
64 Félix SEGURA URRA, Fazer justicia, op. cit., p. 235.
65 Ángel J. MARTIN DUQUE, « El señorío episcopal », p. 80 (éd. 1994), p. 806 (éd. 2002).
66 Éd. María Ángeles IRURITA LUSARRETA, El Municipio, op. cit., nº 34.
67 Éd. José María LACARRA et Ángel J. MARTIN DUQUE, Fueros, op. cit., nº 47 ; voir José GOÑI GAZTAMBIDE, Historia de los obispos, I, op. cit., p 658-659. Ángel J. MARTIN DUQUE, « El señorío episcopal », p. 80 (éd. 1994), p. 806 (éd. 2002).
68 José María LACARRA et, Ángel J. MARTIN DUQUE, Fueros, op. cit., p. 41. Ángel J. MARTIN DUQUE, « El señorío episcopal », p. 80 (éd. 1994), p. 806 (éd. 2002).
69 Cf. Juan Ignacio RUIZ DE LA PEÑA SOLAR, « Las ciudades de señorío eclesiástico y los conflictos por el control del gobierno local (1252-1350) », Conflictos sociales, políticos e intelectuales en la España de los siglos XIV y XV. XIV Semana de Estudios Medievales, Nájera, del 4 al 8 de agosto de 2003, Logroño, 2004, p. 113-145.
70 José María LACARRA et Ángel J. MARTIN DUQUE, Fueros, op. cit., p. 41. José GOÑI GAZTAMBIDE, Historia de los obispos de Pamplona. I, op. cit., p. 683-691.
71 Eloísa RAMIREZ VAQUERO, « Pouvoir seigneurial », op. cit., p. 547. Voir Félix SEGURA URRA, Fazer justicia, op. cit., p. 236.
72 Félix SEGURA URRA, Archivo General de Navarra. Sección de Comptos. Registro nº 4 (1290), Donostia, 2002, nº 1497. Même s’il est probable que cette prison ait pu exister depuis le début de la seigneurie, et même avant, en raison des compétences épiscopales dérivées de la juridiction ecclésiastique. Cette même juridiction ecclésiastique explique que la prison de l’évêque ait continué d’exister une fois la seigneurie disparue. La prison épiscopale réapparaît dans les documents en 1329. María Itziar ZABALZA ALDAVE, Archivo General de Navarra (1322-1349). II, Donostia, 1998, p. 234.
73 José María LACARRA et Ángel J. MARTIN DUQUE, fueros, op. cit., p. 41.
74 Voir Albert RIGAUDIERE, Gouverner la ville au Moyen Âge, Paris, 1993, p. 67-84.
75 Cf. Claude GAUVARD, « Théorie, rédaction et usage du droit dans les villes du royaume de France du XIIe au XVe siècle : esquisse d’un bilan », dans Pierre MONNET et Otto GERHARD OEXLE (édité par), Stadt und Recht im Mittelalter = La Ville et le droit au Moyen Âge, Göttingen, 2003, p. 33-35.
76 Sébastien HAMEL, Les gens de justice du Languedoc sous Philippe le Bel, dans « Cahiers de l’Association Marc Bloch de Toulouse. Études d’Histoire Méridionale », nº 5, Toulouse, 1970. La Justice dans une ville du Nord du Royaume de France au Moyen Age. Étude sur la pratique judiciaire à Saint-Quentin (fin du XIe-début XVe siècle), Turnhout, 2011, p. 115- 117.
77 Béatrice LEROY, « La Navarreria de Pampelune au XIVe siècle : Le témoignage des archives de la cathédrale de Pampelune », dans Hommage au Musée Basque, Bayonne, 1989, p. 117-132. Juan CARRASCO PEREZ, « Fiscalidad y demografía : las rentas de la Navarrería de Pamplona (1280-1334) », dans Les sociétés urbaines en France méridionale et en péninsule ibérique au Moyen Âge. Actes du colloque de Pau, 21-23 septembre 1988, Paris, 1991, p. 241-278. « Juderías y sinagogas », op. cit., p. 125. Eloísa RAMIREZ VAQUERO, « Pouvoir seigneurial », op. cit., p. 546.
78 Juan CARRASCO, « Juderías y sinagogas », op. cit., p. 125., Eloísa RAMIREZ VAQUERO, « Pouvoir seigneurial », op. cit., p. 547.
79 Voir, Félix SEGURA URRA, Fazer justicia, op. cit., p. 236. Quel que soit le cas, lorsqu’en juin 1324 – alors que la seigneurie épiscopale avait déjà disparu- il fut envisagé de repeupler et réhabiliter la Navarrería, le roi se réserva la propriété du quartier juif : José María LACARRA et Ángel J. MARTIN DUQUE, Fueros, op. cit., nº 72.
80 Éd. José María LACARRA et, Ángel J. MARTIN DUQUE, Fueros, op. cit., nº 52. Voir Ibid., p. 42. Fermín MIRANDA GARCIA, « Pamplona », op. cit., p. 242.
81 Luis Javier FORTUN PEREZ DE CIRIZA, « Catedral », op. cit., p. 82.
82 María Ángeles IRURITA LUSARRETA, El Municipio, op. cit., nº 40, datant le document le 19 février 1298. José María LACARRA et Ángel J. MARTIN DUQUE corrigent la date, fueros derivados, op. cit., p. 42.
83 Voir tout ce processus, de manière détaillée, dans, José GOÑI GAZTAMBIDE, Historia de los obispos de Pamplona, I, op. cit., p. 711-722.
84 Luis Javier FORTUN PEREZ DE CIRIZA, « Catedral », op. cit., p. 82.
85 Éd. José María LACARRA et Ángel J. MARTIN DUQUE, Fueros, op. cit., nº 53. Voir Ibid., p. 42.
86 Éd. José María LACARRA et Ángel J. MARTIN DUQUE, Fueros, op. cit., nº 54.
87 Éd. Ibid., nº 55. Voir María Ángeles IRURITA LUSARRETA, El Municipio, op. cit., p. 50- 51.
88 José María LACARRA et, Ángel J. MARTIN DUQUE, Fueros, op. cit., p. 43.
89 José GOÑI GAZTAMBIDE, Historia de los obispos de Pamplona, II, op. cit., p. 22-28. José María LACARRA, El juramento de los reyes de Navarra (1234-1329), Zaragoza, 1972, p. 50-52 ; réédité Dos discursos académicos. El juramento de los reyes de Navarra (1234- 1329). La expedición de Carlomagno a Zaragoza y su derrota en Roncesvalles, Pamplona, 2002, p. 74-78. Luis Javier FORTUN PEREZ DE CIRIZA, « Catedral », op. cit., p. 82.
90 Éd. María Ángeles IRURITA LUSARRETA, El Municipio, op. cit., nº 49. Voir Eloísa RAMIREZ VAQUERO, « Pouvoir seigneurial », op. cit., p. 548.
91 Louis Ier le Hutin imposa des amendes aux chanoines désaffectés qui s’étaient dressé contre son autorité lors de la crise de succession. L’un d’eux était García de Egüés, qui assuma en 1308 le priorat de la cathédrale et, par conséquent, le gouvernement du diocèse dont le siège était vacant, ce qui mettait en danger le processus de pacification. José GOÑI GAZTAMBIDE, Historia de los obispos de Pamplona, II, op. cit., p. 26-28. Luis Javier FORTUN PEREZ DE CIRIZA, « Catedral », op. cit., p. 82.
92 José GOÑI GAZTAMBIDE, Historia de los obispos de Pamplona, II, op. cit., p. 38-46.
93 Luis Javier FORTUN PEREZ DE CIRIZA, « Catedral », op. cit., p. 83.
94 José GOÑI GAZTAMBIDE, Historia de los obispos de Pamplona, II, op. cit., p. 70-76.
95 Gregorio MONREAL ZIA et, Roldán JIMENO ARANGUREN, Textos histórico-jurídicos navarros. I, op. cit., nº 41.1 et 41.2.
96 José GOÑI GAZTAMBIDE, Historia de los obispos de Pamplona, II, op. cit., p. 84-201.
97 Gregorio MONREAL ZIA et Roldán JIMENO ARANGUREN, Textos histórico-jurídicos navarros. I, op. cit., nº 41.1 et 41.2.
98 José María LACARRA, El juramento, op. cit., p. 54 (éd. 1972), p. 85 (éd. 2002)., Luis Javier FORTUN PEREZ DE CIRIZA, « Catedral y poder político », op. cit., p. 83.
99 Gregorio MONREAL ZIA et Roldán JIMENO ARANGUREN, Textos histórico-jurídicos navarros. I, op. cit., nº 41.2.
100 Ils renonçaient également aux châteaux d’Ollo et de Monjardín, et aux villes de Villamayor, Azqueta, Luquin, Urbiola et Adarreta, en échange, en tout, d’une rente annuelle généreuse de cinq cents livres. Éd. José María LACARRA et Ángel J. MARTIN DUQUE, fueros derivados, op. cit., nº 58. Voir José GOÑI GAZTAMBIDE, Historia de los obispos de Pamplona. II, op. cit., p. 86-91., Luis Javier FORTUN PEREZ DE CIRIZA, « Catedral », op. cit., p. 84.
101 Éd. José GOÑI GAZTAMBIDE, « Los obispos de Pamplona del siglo XIV », op. cit., nº 12.
102 Éd. José María LACARRA et Ángel J. MARTIN DUQUE, fueros, op. cit., nº 59.
103 Éd. José GOÑI GAZTAMBIDE, « Los obispos de Pamplona del siglo XIV », op. cit., nº 14.
104 Félix SEGURA URRA, Fazer justicia, op. cit., p. 237.
105 En plus des châteaux de Monjardín et Oro, et des villes de Villamayor, Azqueta, Luquin, Urbiola et Adarreta. Éd. José María LACARRA et Ángel J MARTIN DUQUE., Fueros derivados, op. cit., nº 60. Voir de manière plus ample, José GOÑI GAZTAMBIDE, Historia de los obispos de Pamplona, II, op. cit., p. 92-93. Eloísa RAMIREZ VAQUERO, « Pouvoir seigneurial », op. cit., p. 548-552., Fermín MIRANDA GARCIA, « Pamplona », op. cit., p. 242.
106 José María LACARRA et Ángel J. MARTIN DUQUE, fueros, op. cit., p. 44.
107 Éd. María Ángeles IRURITA LUSARRETA, El Municipio, op. cit., nº 65.
108 Éd. José María LACARRA et Ángel J. MARTIN DUQUE, Fueros, op. cit., nº 62. Voir Ibid., p. 45-46.
Auteur
Universidad Pública de Navarra
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