Jean-Paul Didier (1758-1816), premier directeur de l’école de droit de Grenoble : un destin singulier
p. 489-507
Texte intégral
1Jean Paul Didier est un personnage bien connu de l’histoire dauphinoise. Sa célébrité, il la doit à la rocambolesque conspiration qu’il mène en 1816 pour renverser les Bourbons du trône de France. Mais avant d’aller plus loin dans le récit de cette conspiration, il est nécessaire de dire quelques mots sur la vie mouvementée de Didier1.
2Né à Upie dans la Drôme en 1758, d’une famille de la petite bourgeoisie de province, il fait ses études de droit à l’Université de Valence. Il en sort en 1778 avec le grade de docteur en droit. Cette même année il s’installe comme avocat à Grenoble. Reconnu pour ses talents d’orateur, il est introduit dans les salons et séduit par ses « idées nouvelles ». En 1788, il participe à l’Assemblée des notables qui siège à Vizille, faisant ainsi la connaissance de Mounier et Barnave. Profondément monarchiste, il se détourne rapidement des idées révolutionnaires. Il propose même ses services d’avocat pour défendre Louis XVI avant d’émigrer en Suisse et ne finalement réapparaître qu’après le 9 thermidor an II.
3Le régime du directoire lui est favorable. Il ouvre un cabinet d’affaire à Paris et fait fortune en s’occupant de la restitution des biens des émigrés. Cependant, il demeure toujours royaliste et en 1799 publie sous le voile de l’anonymat une brochure intitulée L’Esprit et le vœu des Français qui constitue un appel passionné en faveur des Bourbons. Un an plus tard, Bonaparte arrive au pouvoir et Didier décide de se rapprocher du pouvoir en place. Il le fait savoir en publiant en 1802 un manifeste à la gloire de Napoléon intitulé « Du retour à la religion ». Déçu de ne pas avoir reçu les dignités qu’il escomptait du régime impérial, il se tourne en 1814 vers les Bourbons lors de leur premier retour. Il fait réimprimer, cette fois sous son nom L’esprit et le vœu des Français, mais là encore il n’obtient qu’une nomination au poste de maître des requêtes au conseil d’Etat dont le titre et le traitement ne peuvent que le décevoir. Cette déception le conduit à offrir ses services à l’empereur lors de son retour de l’île d’Elbe. Aussi il se trouve définitivement compromis lors de la seconde restauration. Ulcéré de n’avoir jamais rien reçu en retour des services qu’il estime avoir rendus il déclare : « Ils m’en ont tant fait que je ne puis leur pardonner. Ils auront ma tête ou je les renverserai »2.
4Profitant du malaise général régnant au sein des populations et s’appuyant sur les quelques soutiens dont il peut bénéficier parmi les déçus de l’armée et au sein du barreau de Grenoble, il s’engage dans une vaste conspiration ayant pour but de délivrer la France des Bourbons. Selon lui, la prise de Grenoble doit entraîner la chute de Lyon, et Lyon pris le succès serait assuré. Dans la nuit du 4 au 5 mai 1816, les insurgés s’avançaient vers Grenoble au cri de « Vive l’Empereur ! » Mais composé de 300 à 400 paysans armés de bâtons et de quelques fusils, la troupe se débande rapidement face à la légion de l’Hérault. Didier arrive à fuir mais il est rattrapé peu de temps après à la faveur de quelques trahisons. Il sera jugé par la cour prévôtale qui le condamne à mort. Il est guillotiné le 10 juin 1816.
5Cette partie de la vie de Didier a fait l’objet de plusieurs études de la part des historiens locaux détaillant précisément le déroulement de l’évènement. En revanche, son passage à la tête de l’Ecole de droit reste peu connu. Il occupe en effet à partir de 1806 jusqu’à sa démission en 1809 la place de professeur titulaire de la chaire de droit romain et celle de directeur de l’Ecole de droit, puis de doyen de la Faculté de droit à partir de 1808.
6Didier constitue par conséquent un rouage majeur du fonctionnement de l’Ecole tout autant qu’une clé essentielle de compréhension de l’histoire de la Faculté de droit.
7Jean Paul Didier apparaît donc comme une figure importante de l’histoire de la Faculté de droit de Grenoble au XIXe siècle à la fois de par sa fonction de premier directeur et du fait de sa personnalité atypique. Tout l’enjeu de l’étude sera donc de déterminer quelle a été l’action de ce personnage au sein de la Faculté.
8Pour cela, nous avons eu accès à plusieurs sources au niveau local. Tout d’abord des sources secondaires au travers des nombreuses notices biographiques existant sur Jean Paul Didier et des ouvrages généraux traitant de l’histoire de la Faculté de Grenoble au XIXe siècle comportant des éléments épars sur son action en tant que directeur de l’Ecole. Mais également des sources de première main telles que le mémoire qu’il rédigea pour défendre la candidature de Grenoble comme lieu d’établissement d’une Ecole de droit, les discours qu’il prononça à chaque rentrée ainsi que certains discours de clôture dont l’ensemble est conservé à la bibliothèque municipale de Grenoble. Nous avons également consulté la série T des archives départementales de l’Isère où sont conservés des registres de délibérations des différents conseils institués au sein de l’Ecole puis de la Faculté. Enfin, les archives nationales nous ont fourni des documents précieux en particulier la correspondance entre Didier et ses supérieurs que ce soit, l’inspecteur général ou le directeur général de l’instruction publique.
9L’ensemble de ces données nous a permis de dégager le sens de ses actions dans le domaine de l’enseignement mais aussi en tant qu’administrateur. Il en ressort que Didier se révèle être un professeur directeur particulièrement actif. L’essentiel de son action s’est dirigé vers la formation d’un projet pédagogique ambitieux dépassant largement le cadre des obligations auxquelles il est soumis par les textes (I). Plus généralement, nous pourrons constater que l’ensemble de ses actes exécutés en tant que directeur porte la marque de son inextinguible soif de réussite sociale (II).
I – Un projet de formation des jurisconsultes ambitieux
10Didier est très stimulé par ses nouvelles fonctions. A l’occasion de ses discours prononcés lors de la rentrée ou de la clôture de chaque année scolaire, il détaille avec enthousiasme ce qu’il entend voir enseigner à l’Ecole de droit.
11Par l’étude de ses discours et celle de ses actions en matière d’enseignement, nous pouvons dire que, conformément au texte3, c’est le jurisconsulte c’est-à-dire le professionnel du droit qu’elle est chargée de former, sa vocation est avant tout utilitaire. Mais Didier a une conception particulière du jurisconsulte, il est non seulement un bon juriste mais également un homme vertueux doté de hautes qualités morales. C’est pourquoi, Didier souhaite que l’Ecole de droit dispense au futur jurisconsulte non seulement un enseignement juridique complet mais également une éducation morale exigeante.
A - Une formation juridique complète
12L’enseignement juridique tel qu’envisagé par Didier doit permettre aux étudiants de pouvoir exercer la profession de jurisconsulte dès la sortie de l’Ecole. De ce fait à l’enseignement théorique indispensable, Didier souhaite rajouter une formation plus technique.
1 - L’enseignement théorique
13Didier considère que l’enseignement du droit consiste avant tout dans l’enseignement de l’esprit du texte et non de la lettre. Cet apprentissage des principes plutôt que des termes de la loi doit permettre avant tout à l’étudiant d’apprendre à réfléchir avant d’agir. Pour lui « La jeunesse veut entrer trop tôt dans l’arène, elle y arrive sans arme et sans préparation pour combattre ; […] On veut parler avant même d’avoir appris à penser »4. Il est avant tout nécessaire de comprendre les principes généraux pour trouver les bonnes solutions particulières. En cela, il rejoint les vues de l’inspecteur général de l’époque qui considère, au moins en première année que l’enseignement du droit doit être consacré uniquement aux principes5.
14Dans cette perspective utilitaire, le droit romain doit être enseigné dans le but de comprendre le code civil. Sur ce point, l’enseignement de Didier est conforme à son discours. Lors de son inspection, l’inspecteur général note en effet que « sur chaque sujet il a par une conférence sommaire montré les rapports ou les différences entre le droit civil des romains et le droit civil des Français. Il a eu soin de faire remarquer les avantages de notre code »6. Pour cela, il utilise la méthode de l’exégèse qui est encouragé par les textes7. Son cours débute par une dictée d’une demi-heure puis se poursuit par une explication d’environ une heure et trente minutes. Il ne se contente cependant pas d’appliquer les directives du décret à la lettre, il organise en outre, tous les samedis, une interrogation orale des élèves pour s’assurer que la leçon de la semaine a été bien acquise8.
15Toutefois, Didier n’est pas exempt de tout reproche. Après avoir mis en exergue son érudition, l’inspecteur général lui reproche, tout comme à son homologue d’Aix, de ne pas lier encore assez étroitement le droit romain et le droit français, selon lui « on s’appesantit un peu trop encore sur les parties du droit romain qui ne sont pas dans nos usages ». De plus, il leur recommande d’avoir une approche plus simple du droit romain en insistant surtout sur ses bases et en évitant de s’arrêter sur les subtilités et les difficultés qu’il peut recéler9.
16L’acquisition de la connaissance des principes du droit français ne saurait suffire. Les étudiants doivent sortir de l’Ecole en ayant également acquis « certaines dispositions indispensables pour mettre leurs connaissances à profit »10.
2 - La formation technique
17Pour Didier, les élèves de l’Ecole ne doivent pas en sortir sans avoir développé certaines compétences indispensables à l’exercice du métier comme l’éloquence ou le style d’écriture, il parle du « talent d’énoncer ou d’écrire ses pensées avec ordre, avec clarté »11.
18Cet apprentissage se fait dans le but de permettre aux élèves d’être immédiatement préparés à exercer le métier de jurisconsulte. Pour Didier, le passage de l’Ecole à la vie active est très difficile pour l’étudiant qui n’aurait qu’une formation purement théorique. Didier désire donc mettre en place des exercices pratiques pour l’entraîner et faire en sorte qu’il ne quitte pas l’Ecole sans expérience.
19Aussi, Didier propose début 1807 la création d’une « société de législation » dont le règlement sera approuvé par le conseil de discipline et d’enseignement de l’Ecole de droit le 19 février 1807 et par l’inspecteur général le 13 juin 180712.
20Seront membres de cette société, les professeurs, les membres du conseil de discipline et d’enseignement mais également des praticiens du droit tels que les magistrats des différentes juridictions, les avocats et les autorités de la ville. Leur participation à l’instruction des étudiants est indispensable pour Didier malgré les réserves émises par l’inspecteur général qui voit d’un mauvais œil une trop grande implication des jurisconsultes car ils « ont bien de la peine à séparer la doctrine de la pratique »13.
21Cette société a une double vocation. Elle doit tout d’abord former le style de l’étudiant, lui apprendre à s’exprimer clairement et correctement grâce à une bonne maîtrise de la langue, lui apprendre également à débattre, grâce à une exposition claire des arguments et en évitant également les écarts de langage, « discuter avec décence », répondre avec calme et apprendre à écouter ses adversaires. L’étudiant doit apprendre l’art de la contradiction. En outre, cette société a pour but de l’exercer à résoudre des cas pratiques14.
22Tous les étudiants de l’Ecole y sont admis moyennant le règlement d’une souscription. Ils exposeront le résultat de leur travail devant les jurisconsultes qui les jugeront et remettront aux meilleurs des récompenses par des mentions honorables. Cette société créée en 1807 ne survivra pas à la démission de Didier en 1809. Nous n’avons toutefois aucune trace de son fonctionnement. Elle illustre néanmoins la volonté de Didier de faire de l’Ecole de droit une institution professionnalisante.
23Mais l’enseignement juridique reste cependant insuffisant pour former un bon jurisconsulte. Les étudiants doivent également devenir des personnes dotées de certaines qualités morales.
B - Une formation morale exigeante
24En affirmant que « l’Ecole [de droit] est non seulement l’Ecole des lois, mais encore celle de la morale et de la vertu »15. Didier fait de la morale un élément primordial de l’enseignement et de fait exige, au sein de l’Ecole, une attitude irréprochable de ses membres.
1 - La place primordiale de la morale dans l’enseignement
25Didier met sur le même plan l’enseignement du droit et celui de la morale. Pour lui, l’enseignant doit « inspirer en même temps l’amour de la science et de la vertu, enseigner à la fois morale et législation inséparables l’une de l’autre »16. Emporté par son élan, ses discours étant déclamatoires, enflés et plein de flatteries envers l’empereur, Didier en vient même à dire que « la morale est la première et la principale partie de l’instruction que nous sommes chargés de répandre »17. Il énonce les préceptes qui doivent être inculqués aux élèves : « la connaissance de l’homme, l’amour de la patrie, la grandeur d’âme, le goût de l’étude, l’amour de la simplicité, l’emploi du temps, l’amour de son état »18.
26En l’occurrence, cette place donnée à la morale provient de la conception qu’il se fait du métier de jurisconsulte. Didier explique qu’« il ne pourra jamais être véritablement jurisconsulte, celui qui ne sera pas également inspiré par son génie et par son cœur ; tel est, en effet, Messieurs, l’union intime de la législation et de la morale, que l’application de l’une est toujours réglée par les préceptes de l’autre »19.
27Didier considère que le jurisconsulte est une sorte de prêtre civil qui, certes doit permettre la résolution de question de droit, mais qui surtout doit jouer le rôle de directeur de conscience car « ce n’est pas sur telle question, sur tel intérêt qu’on l’interroge, mais procédés, égards, convenances, devoirs des divers membres d’une famille, des administrés envers les administrateurs, des sujets envers leur Souverain ; tous les rapports de l’homme en société, les secrets les plus intimes, tous les mouvements des passions humaines sont soumis à sa sagesse »20. D’ailleurs, Didier considère le métier de jurisconsulte comme un « sacerdoce », dans son exercice le jurisconsulte « renonce à ses intérêts, à ses passions ; il fait abnégation de lui-même pour le bonheur de ses concitoyens, pour la paix des familles »21.
28Aussi le but de son métier est de garantir la paix sociale, l’ordre. Ces interventions au cours des audiences doivent toujours être dignes et mesurées, ne pas susciter des passions porteuses de désordre. Le traumatisme de la Révolution est ici bien présent. D’ailleurs, à l’inverse du culte de la loi instauré par les révolutionnaires, Didier demande aux futurs jurisconsultes de ne pas hésiter à juger en équité, « vous devez, dit-il, dans un profond recueillement, examiner non seulement ce qui est permis par la loi, mais encore ce qui est conforme à l’équité »22. Conséquence de cette assimilation du métier de jurisconsulte à celui de prêtre, le jurisconsulte doit éviter le plus possible le procès et privilégier la conciliation : « Ah ! C’est ici que nous annonçons la plus belle, la plus sublime, la plus consolante des fonctions du jurisconsulte : combien de différends vous devrez empêcher de naître »23.
29Puisque cette profession est un sacerdoce, la vie privée même du jurisconsulte doit être exemplaire. Il faut qu’on le voit « toujours sujet fidèle, bon citoyen, bon fils, bon époux, bon père »24 et doit mener sa vie selon trois principes : « vivre honnêtement, ne blesser personne, rendre à chacun ce qui lui appartient »25.
30Aussi Didier va avoir la même exigence envers les membres de l’Ecole de droit, que ce soit envers les enseignants ou envers les étudiants.
2 - L’exigence d’une attitude irréprochable au sein de l’Ecole
31Les enseignants sont sommés d’être moralement irréprochables. Le rôle de l’enseignant ne s’arrête pas une fois qu’il a terminé son cours et quitté sa chaire, sa vie doit également servir d’exemple aux étudiants26.
32Didier souhaite également les soumettre à une certaine discipline dans la pratique même de leur enseignement. Pour cela, il institue en 1806 ce qu’il appelle un « comité particulier » réunissant tous les professeurs une fois par mois. Le but de ce comité est d’« imprimer à l’enseignement une marche uniforme ». Grâce à lui, Didier contrôle l’action des enseignants. Ces derniers devront « rendre compte » de la marche de leur cours, de l’assiduité des élèves, les difficultés rencontrées dans l’explication des lois. Le but étant de « produire unité de sentiments et d’action »27.
33Didier se montre tout aussi exigeant vis-à-vis des étudiants. Il édicte en mars 1807 un règlement disciplinaire28 très moralisateur leur imposant un certain comportement à avoir au sein de l’Ecole29. L’ordre doit être parfait durant les cours, le règlement exige que les étudiants arrivent à l’heure, qu’ils fassent silence pendant les cours, qu’ils évitent de sortir pendant les cours. Il détaille également le travail à réaliser pendant les cours (prendre la dictée, suivre les explications). Ce règlement est purement moralisateur dans la mesure où aucune sanction n’est prévue en cas de manquement. Seule plane la menace de la non réussite aux examens, Didier insiste en effet pour dire que les examens seront très sévères. Le règlement invite également les étudiants à ne pas perdre leur temps une fois les cours terminés et à étudier les cours suivis.
34Enfin, plus étonnant est le conseil que donne Didier aux étudiants. Après avoir mis en avant le caractère sacerdotale de la fonction de jurisconsulte, il avance que parmi les « facultés morales » que doit posséder le jurisconsulte se trouve l’ambition, c’est-à-dire la volonté de faire de cette fonction de jurisconsulte un moyen de réussite sociale. Il affirme en effet que « Celui qui entre dans la carrière doit toujours avoir la noble ambition de s’y distinguer ; il vaut bien mieux ne pas embrasser un état, que d’y être trop médiocre : il ne faut jamais être le dernier »30.
35Ce conseil surprend moins lorsqu’on connaît le parcours du personnage. Nous avons déjà pu mettre en évidence que l’ambition explique bien des choix fait par Jean Paul Didier. C’est pourquoi, on ne sera pas surpris de constater que son action en tant que directeur de l’Ecole de droit puis en tant que doyen de la Faculté de droit trouve ses racines dans son caractère ambitieux, dans la volonté de se distinguer.
II - Un ambitieux à la tête de l’Ecole de droit
36Le plus souvent l’ambition possède un caractère péjoratif, elle est assimilée au carriérisme. Cette interprétation convient tout à fait pour décrire l’attitude de Didier. Son entrée dans l’administration de l’instruction publique était un moyen pour lui de devenir un personnage important de l’Empire. Toutefois, cette entreprise échoua, l’Ecole de droit ne lui permit pas de satisfaire ses ambitions (B). En revanche, cette ambition le conduisit à dépenser beaucoup d’énergie en faveur de l’Ecole (A).
A - Une ambition au service de l’Ecole de droit
37Nous avons déjà pu constater que Didier a élaboré un projet pédagogique ambitieux. Son action en faveur du développement de l’Ecole ne l’est pas moins. Il est tout d’abord l’artisan principal du succès de la candidature de Grenoble pour l’établissement d’une Ecole de droit. En outre, il engage une action importante de développement de l’Ecole.
1 - Un rôle prépondérant dans le choix de Grenoble comme lieu d’établissement d’une Ecole de droit
38Le décret du 22 ventôse an XII qui règlemente l’enseignement juridique en France n’est pas susceptible d’application immédiate ; il faut attendre le règlement d’administration publique auquel il laisse le soin de fixer l’emplacement des nouvelles Ecoles. Grenoble se met sur les rangs et Jean Paul Didier est un de ses principaux promoteurs. Il rédige à cet effet un mémoire « où l’on faisait valoir avec force les arguments qui militaient en faveur de Grenoble »31. Il y met notamment en évidence son histoire, sa place de centre judiciaire important, l’existence depuis toujours de personnalités distinguées dans la science du droit. Il insiste également sur les désavantages qu’il y aurait à mettre une Ecole à Lyon plutôt qu’à Grenoble. Didier sera ensuite délégué par le conseil municipal avec l’adjoint au maire La Valette pour aller prêter main forte aux sénateurs et représentants de l’Isère au Corps législatif chargés de faire la promotion de Grenoble devant le Conseil d’Etat.
39Son intervention s’avère décisive. Et cela grâce à ses relations. Ducoin nous apprend que « A cette époque Didier est déjà lié avec Montalivet, Portalis, Cambacérès, Fouché »32. C’est surtout ses liens avec Portalis qui seront déterminants. En effet, Aix, ville d’origine de celui-ci, est la concurrente la plus dangereuse pour Grenoble33. Conscient de cela Didier s’évertuera à prévenir tout conflit avec Aix. Aussi en s’assurant la bienveillance de Portalis, son ami personnel, il sauve Grenoble34.
40Cette activation des réseaux, ce jeu d’influence fait dire à Weisbuch que « les protections politiques ont contribué de façon décisive » au succès de Grenoble35. Et bien entendu, Didier en est le principal artisan. Clary, un des sénateurs représentant Grenoble a pu écrire dans une lettre au maire de Grenoble « je dois vous avouer que le succès de la demande est dû principalement à MM. Sappey et Didier »36.
41A la suite du choix de Grenoble, le Conseil municipal a d’ailleurs marqué sa reconnaissance à Didier en prenant une délibération le recommandant chaudement auprès du ministre pour un poste au sein de l’Ecole de droit. Elle ne tarda pas à recevoir une sanction, car, à quelques temps de là, Didier sera tout d’abord nommé professeur, titulaire de la chaire de droit romain par le décret du 10 brumaire an XIV puis directeur de l’Ecole de Droit par un décret du 17 janvier 1806.
42Cette place à la tête de l’Ecole de droit peut apparaître également comme une conséquence de son activisme en faveur du nouveau régime. Peu après l’arrivée au pouvoir de Bonaparte en tant que consul, et deux ans après avoir publié un manifeste, Venez, famille d’Henry IV, il publie une brochure qui lui est dédiée intitulée Du retour à la Religion. Ce texte à la gloire de Bonaparte a beaucoup de succès. Ecrit au moment de la signature du Concordat, ce manifeste correspond alors parfaitement aux vues du premier Consul. Aussi il est tiré à de nombreux exemplaires et répandu sur tout le territoire sur ordre du ministre de la police lui-même37. Dumolard pourra dire, que Didier a réalisé « un coup de maître »38.
43A ce moment-là, la situation de Didier est des plus avantageuses. Arrivé en grâce auprès du nouveau régime et lié avec les hommes occupant des places parmi les plus importantes au sein de l’administration, cela le mettait dans une position où, selon Ducoin, « il n’attendait plus qu’un mot, qu’une ordonnance pour prendre sa part dans la distribution des faveurs impériales »39. On peut donc penser que les fonctions auxquelles il est appelé à l’Ecole de droit sont la récompense de son zèle de fraîche date motivée par son ambition d’avoir sa place parmi les dignitaires de l’Empire.
44A partir de ce moment, contrairement à ce que différents auteurs laissent entendre, Didier va véritablement s’investir dans ses fonctions de directeur, puis de doyen.
2 - Une action déterminante au sein de l’Ecole
45Se référant à son caractère fougueux et aventureux, certains commentateurs de la vie de Didier le décrivent comme un professeur directeur absent40, peu intéressé par des fonctions qui ne le stimulent pas41. A y regarder de plus près cette vision semble caricaturale. Il est vrai que Didier est plusieurs fois absent au cours de l’exercice de son mandat42. Mais bien souvent ce n’est pas de son fait, en tant que membre important du Conseil municipal, il est souvent appelé pour différentes missions qui exigent un déplacement de plusieurs semaines. De plus, cela ne l’enchante guère. Par exemple, lors d’une demande de congé faite en 1806 au directeur général de l’instruction publique, il fait remarquer que son « absence, dans ce premier moment de l’ouverture de l’Ecole, présenterait des inconvénients »43.
46Par ailleurs, il est loin d’être un directeur inactif à la tête de l’Ecole. Il joue tout d’abord un rôle de protecteur de la réputation de l’Ecole. Entre 1808 et 1809, l’Ecole de droit est impliquée dans de nombreux conflits touchant tour à tour les étudiants et les professeurs. Il est notamment très impliqué dans la résolution d’un violent conflit ayant lieu entre certains élèves de l’Ecole et les acteurs d’une troupe de comédiens. Un des élèves est même arrêté par la police. A cette occasion, Didier joue de toute son influence pour calmer les esprits. D’une part en tant que directeur de l’Ecole, il profite des cours pour inciter les étudiants à la modération. D’autre part, il intervient auprès des pouvoirs publics. Auprès du maire, il s’emploie à lui démontrer que les véritables fautifs sont les acteurs et non les étudiants, que par ailleurs bon nombre de jeunes gens impliqués n’appartiennent pas à l’Ecole. De même, à l’égard du directeur général de l’instruction publique. Après avoir convaincu le maire, il se sert de lui pour convaincre le directeur général que rien de grave ne s’est passé, que le calme est revenu, qu’il contrôle la situation44. Cet empressement à rassurer les hautes autorités de l’instruction publique n’est pas fortuit. Au même moment, à l’occasion de la réorganisation de l’instruction publique, plane la menace de la suppression de l’Ecole de droit. Il est donc indispensable que son image ne soit pas écornée45. Cette fonction de pacificateur Didier l’exerce à plusieurs reprises. Ainsi, en 1808, à l’occasion d’une altercation au cours d’une plaidoirie, M. Pal, professeur à l’Ecole de droit est pris à partie par un avocat qui l’insulte en pleine séance. L’inspecteur général mentionne le rôle joué par Didier en disant qu’« il s’est comporté, comme à son ordinaire avec prudence et fermeté et même avec générosité. Je crois qu’il parviendra à assoupir cette affaire désagréable »46. Enfin, en 1809, à la suite d’un duel entre deux étudiants ayant abouti à la mort de l’un d’entre eux, Didier s’emploie à rétablir le calme pour éviter toute envenimement de la situation47.
47On le voit pacificateur, protecteur de la réputation de l’Ecole, il s’est attaché également à la protection des finances de l’Ecole, mais avec moins de succès. En 1807, le ministre de l’Intérieur réclame, au profit de la mairie le remboursement des frais qu’elle a engagés pour les travaux nécessaires à l’établissement de l’Ecole48. Didier déploie toute son énergie pour démontrer que ce remboursement est impossible. Tout d’abord, d’un point de vue juridique, s’appuyant sur l’article 65 du décret de l’an XII Didier affirme que l’Ecole ne saurait être chargée que de l’entretien des bâtiments. D’autre part, mettre à sa charge ces dépenses entraînerait à l’égard des enseignants la privation d’une partie de leurs revenus issus des droits de présence et des traitements supplémentaires49. Mais ces arguments n’ont servi qu’à repousser l’échéance, en février 1808, l’Ecole paye finalement la somme demandée50.
48Didier ne se contente pas de protéger et de maintenir l’Ecole de droit, il entreprend également de la développer. Il s’emploie notamment à lui attribuer un nouveau local, celui dans lequel elle est actuellement installée au sein du palais de justice étant trop exigu51. Didier propose alors un autre bâtiment, un monastère situé place Sainte-Claire en plein centre ville, proche du lycée et de la bibliothèque52. Son projet reçoit le soutien du préfet et de la municipalité mais un obstacle insurmontable survient. Ce bâtiment est précisément celui choisi par le ministre de l’Intérieur pour y établir un dépôt d’étalon. Ce dernier accepte de céder l’emplacement à l’Ecole mais à la seule condition que la mairie lui trouve un autre emplacement. Or, cela entraînerait des frais trop importants pour la ville qui se voit dans l’obligation de remettre à plus tard l’attribution d’un nouveau local53. Le projet de Didier n’est toutefois pas définitivement abandonné, l’attribution du local de Sainte-Claire sera effectivement réalisée en 181654.
49Durant ces trois années à la tête de l’Ecole, Didier apparaît donc comme un directeur plutôt actif. Mais malgré cette dépense d’énergie, l’ambition de Didier ne parvint pas à être satisfaite.
B - Une ambition insatisfaite par l’Ecole de droit
50Malgré son activisme, Didier n’obtient pas la reconnaissance qu’il espère au sein de l’administration de l’instruction publique. Aussi, il cherchera à satisfaire ses ambitions en dehors de l’Ecole de droit.
1 - Des tentatives infructueuses de gravir les échelons
51La place de directeur professeur dans la hiérarchie sociale est plutôt enviable. Il occupe en effet une place de premier plan au sein de la ville. En outre ses traitements sont plutôt élevés. Didier touchait ainsi en 1807, 6 600 francs annuels55. A titre de comparaison, un juge touche entre 1 000 et 2 400 francs par an et un ouvrier à peine 600 francs56. Ceci a ainsi pu faire dire à Jobert qu’à la suite de cette nomination à ce poste éminent « son ambition fut, pour quelques temps, satisfaite »57. Cependant, on est encore loin des traitements du premier président de la Cour d’appel ou de son procureur général qui plafonnent à 15 000 francs58 ou encore de ceux de préfet qui atteignent jusqu’à 50 000 francs59.
52Aussi Didier tente-t-il rapidement de gravir les échelons. Il postule en particulier au titre d’inspecteur général dont le traitement est de 8 000 francs par an60. Pour cela, il bénéficie de soutiens parmi lesquels le préfet de l’Isère qui le recommande chaleureusement auprès du grand maître de l’Université impériale61. Cette tentative se solde par un échec. Nommé provisoirement recteur d’académie à partir de janvier 1809, il se serait à la rigueur contenté d’être confirmé dans ses fonctions. Mais là encore c’est Pal, un professeur de la Faculté qui est nommé à sa place62. Désormais, Didier est donc dans une position de subordonné. Cette position de dépendance alliée à la déception de ne pas avoir été nommé recteur apparaissent comme étant les causes les plus probables de sa démission63.
53Toutefois certains auteurs attribuent cette démission aux résultats des activités qu’il mène en dehors de l’Ecole.
2 - La réalisation de ses ambitions en dehors de l’Ecole de droit
54En plus de ses fonctions de professeur directeur, Didier s’adonne à différentes activités annexes. Comme la majorité de ses confrères, Didier est également inscrit au barreau de Grenoble64. Plus originales sont en revanche ses activités dans les domaines industriel et commercial. Il s’est en effet lancé dans plusieurs entreprises dans le but de faire fortune. Ainsi, on apprend qu’il a pris part à l’exploitation de plusieurs mines65. Il est également fait mention de ses activités de spéculations sur diverses denrées et en particulier sur les vins66. Aussi, selon certains auteurs, ce serait ces activités qui l’auraient discrédité auprès de l’empereur. Ce dernier, jugeant qu’elles n’étaient pas dignes d’un fonctionnaire de cette catégorie, l’aurait destitué67.
55D’autres avancent des causes plus fantaisistes encore. Aussi Peuchet, après avoir travaillé sur les archives secrètes de la police de Paris, avance que Didier était un agent secret des Bourbons, il aurait échangé une correspondance secrète avec Louis XVIII alors même qu’il était directeur de l’Ecole. Cette double activité connue, l’empereur ne souhaitant pas ébruiter l’affaire, se serait contenté de le contraindre à la démission68.
56Quelle qu’en soit la cause, Didier démissionne en 1809 ; à partir de ce moment il quitte complètement le domaine de l’instruction pour se lancer dans de ruineuses affaires. Il perd une grande partie de sa fortune dans des investissements hasardeux faits dans de grands travaux69. Si ces entreprises ne se révèlent pas rentables, elles lui servent à se faire de nombreuses relations qui faciliteront le recrutement de partisans pour sa conspiration.
57Aussi, il convient, pour finir, de s’interroger sur les conséquences de la conspiration de Didier sur la Faculté de droit. La seule conséquence directe a affecté le professeur Berriat Saint Prix. Il est en effet démis de ses fonctions et exilé non loin de Grenoble pour avoir reçu son ancien doyen peu avant sa tentative de prise de Grenoble. Mais indirectement, on peut conclure avec Balleydier que « La conspiration ourdie par son ancien doyen n’est pas pour rendre le Gouvernement royal favorable à la Faculté de Grenoble ». A la suite de cet évènement l’autorité a pu noter à plusieurs reprises le « mauvais esprit » qui régnait parmi les étudiants70. En 1821, la Faculté sera ainsi sévèrement sanctionnée, à la suite de manifestations étudiantes anti-royalistes, conduisant à sa suppression pure et simple jusqu’en 182471. Cette sévérité trouve peut-être ses racines dans l’attitude de Didier. Aussi, à l’origine de la fondation de l’Ecole de droit, on peut penser que Jean Paul Didier l’a également été de son discrédit.
Notes de bas de page
1 Plusieurs sources nous ont permis de retracer dans ses grandes lignes la vie de Jean Paul Didier. Nous nous sommes tout d’abord référés aux notices biographiques suivantes : Justin Brun-Durand, Dictionnaire biographique et biblio-iconographique de la Drôme, Genève, Statkine reprints, 1970, p. 250-252 ; Pierre Larousse, Grand dictionnaire universel du XIXe siècle, Paris, Administration du Grand Dictionnaire universel, volume 6, 1866-1877, p. 773-774 ; Adolphe Rochas, Biographie du Dauphiné, Genève, Statkine reprints, 1970, p. 312-316 ; Roman D’Amat (sous la dir. de), Dictionnaire de biographie française, Paris, Letouzey et Ané, 1965, p. 280-282. Puis, nous avons utilisé les éléments contenus dans les deux ouvrages consacrés à la conspiration de Didier que sont : Auguste Ducoin, Paul Didier, histoire de la conspiration de 1816, Paris, Dentu librairie-éditeur, 1844 et Henry Dumolard, La terreur blanche dans l’Isère, Jean Paul Didier et la conspiration de Grenoble 4 mai 1816, Grenoble, B. Arthaud, 1928.
2 Paul Dreyfus (dir.), Grenoble et ses avocats, d’hier à aujourd’hui, Presses universitaires de Grenoble, 2002, p. 92.
3 Martial Mathieu affirme en effet que « les Ecoles de droit créées en l’an XII sont des Ecoles professionnelles, dont l’enseignement obéit à un principe purement utilitaire ». Cf. Martial Mathieu, « La réorganisation de l’enseignement du droit sous le Consulat et l’Empire », De l’Ecole de droit à la Faculté de droit de Grenoble (1806-2006), colloque des 6 et 7 avril 2006, (M. Mathieu dir.), Presses universitaires de Grenoble, 2007, p. 82.
4 Bibl. mun. de Grenoble O 9819, Procès verbal de la prestation de serment des membres de l’Ecole de droit de Grenoble et discours prononcé devant la Cour d’appel le 23 décembre 1805.
5 Arch. nat. F17 1976, rapport de l’inspecteur général intitulé : « Observations particulières et confidentielles sur les Ecoles de droit d’Aix et de Grenoble ».
6 Arch. nat. F17 1976, rapport de l’inspecteur général intitulé « cours de droit romain de M. Didier, professeur directeur ».
7 Cf. l’article 70 du décret du 4e jour complémentaire an XII (21 septembre 1804).
8 Il faut cependant noter que l’enseignement du droit romain est difficile du fait de la méconnaissance du latin par la grande majorité des étudiants.
9 Arch. nat. F17 1976, rapport de l’inspecteur général intitulé : « Observations particulières et confidentielles sur les Ecoles de droit d’Aix et de Grenoble ».
10 Bibl. mun. de Grenoble Vh 1616, Discours, prononcé par M. Didier directeur, de la séance de clôture de l’année 1807.
11 Bibl. mun. de Grenoble Vh 1616, Discours, prononcé par M. Didier directeur, de la séance de clôture de l’année 1807.
12 Cette préoccupation de fournir un enseignement technique aux étudiants de l’Ecole de droit n’est pas spécifique à Grenoble à cette époque. Olivier Devaux note ainsi qu’à Toulouse en 1805, un « cours de pratique civile et criminelle » est ouvert dans le but de « faire mettre en pratique par les élèves de l’Ecole, les leçons de leurs professeurs » auquel succèdera en 1806 « un cours d’éloquence de la chaire et du barreau et des devoirs de l’avocat ». La différence réside toutefois dans le fait qu’à Grenoble, la « société de législation » instituée par Didier possède un lien organique avec l’Ecole de droit, alors qu’à Toulouse, cet enseignement pratique est né de l’initiative privée. Ce sont en effet des jurisconsultes locaux qui ouvrent ces cours et les dispensent à leur domicile, l’Ecole de droit de Toulouse se contentant de donner son aval. Cf. Olivier Devaux, L’enseignement à Toulouse sous le Consulat et l’Empire, PIEPT, Toulouse, 1990, p. 542-543.
13 L’inspecteur général note en effet que « Leur tête pleine d’affaires et d’espèce ne peut avoir dans la chaire la stabilité, l’aplomb, la patience nécessaire pour communiquer à des jeunes gens l’intelligence des lois ». Cf. Arch. nat. F17 1976, rapport de l’inspecteur général intitulé : « Observations particulières et confidentielles sur les Ecoles de droit d’Aix et de Grenoble ».
14 Didier a présenté le programme de la « société de législation » dans un discours prononcé le 5 janvier 1807 dont nous n’avons pu nous procurer le manuscrit. L. Balleydier en a reproduit certains passages dans son article. Cf. Louis Balleydier, « La Faculté de droit de Grenoble, 1805-1905 », Livre du centenaire de la Faculté de droit de Grenoble. Discours, études et documents, Grenoble, Allier, 1906, p. 110.
15 Bibl. mun. de Grenoble Vh 1616, Discours, prononcé par M. Didier directeur, de la séance de clôture de l’année 1807.
16 Bibl. mun. de Grenoble O 9819, Procès verbal de la prestation de serment des membres de l’Ecole de droit de Grenoble et discours prononcé devant la Cour d’appel le 23 décembre 1805.
17 Ibidem.
18 Ibidem.
19 Ibidem.
20 Ibidem.
21 Bibl. mun. de Grenoble Vh 1616, Discours, prononcé par M. Didier directeur, de la séance de clôture de l’année 1807.
22 Ibidem.
23 Ibidem.
24 Ibidem.
25 Bibl. mun. de Grenoble O 9819, Procès verbal de la prestation de serment des membres de l’Ecole de droit de Grenoble et discours prononcé devant la Cour d’appel le 23 décembre 1805.
26 Didier affirme en effet qu’« il ne suffirait pas d’éclairer par nos conseils, il faut encore édifier par nos exemples ! Oh, combien serait peu digne de sa place le Professeur qui croirait l’avoir suffisamment remplie, lorsqu’il aurait chaque jour siégé pendant une heure déterminée sur sa chaire ! ». Cf. Ibidem.
27 Arch. nat. F17 1976, un document intitulé « notes particulières sur divers objets » inséré dans le rapport de l’inspecteur général.
28 Arch. nat. F17 1976, Règlement concernant les étudiants.
29 On note ici que Didier court-circuite quelque peu l’action du conseil d’enseignement et de discipline auquel l’article 23 du décret du 4ème jour complémentaire an XII demande de « régler la discipline à l’Ecole ». Toutefois, Didier précise que « le conseil n’en a éprouvé aucune peine », cf. Arch. nat. F17 1976, lettre du directeur de l’Ecole de droit de Grenoble au directeur général de l’instruction publique du 16 mars 1807.
30 Bibl. mun. de Grenoble Vh 1616, Discours, prononcé par M. Didier directeur, de la séance de clôture de l’année 1807.
31 Louis Balleydier, op. cit., p. 78.
32 Auguste Ducoin, op. cit., p. 13.
33 « De toutes les villes, Aix paraissait aux Grenoblois l’adversaire le plus redoutable ». Cf. Louis Balleydier, op. cit., p. 81.
34 Paul Weisbuch, La Faculté de droit de Grenoble (an XII-1896), thèse de droit, Grenoble, 1974, p. 93.
35 Paul Weisbuch, op. cit., p. 94.
36 Henri Jobert, Etudes historique sur Jean-Paul Didier, Lecture faite à la séance solennelle de clôture des conférences du stage, le 5 juillet 1895, Grenoble, 1895, p. 10.
37 Auguste Ducoin, Paul Didier, histoire de la conspiration de 1816, Paris, 1844, p. 12-13.
38 Henry Dumolard, La terreur blanche dans l’Isère, Jean Paul Didier et la conspiration de Grenoble 4 mai 1816, B. Arthaud, Grenoble, 1928, p. 61.
39 Auguste Ducoin, op. cit., p. 13-14.
40 Auguste Ducoin affirme que « professeur à l’Ecole de droit de Grenoble, directeur de cette Ecole, Didier s’occupa fort peu des devoirs que lui imposaient ses fonctions. Il faisait, chaque année, de très longs voyages à Paris, et laissait à un suppléant le soin de faire son cours ». Cf. Auguste Ducoin, op. cit., p. 15.
41 Pour A. Rochas, « cette paisible et honorable position ne pouvait convenir longtemps à son caractère actif et remuant ». Cf. Adolphe Rochas, op. cit., p. 313.
42 Le registre des délibérations du conseil de la Faculté ainsi que le journal de direction tenu par le secrétaire général de la Faculté nous ont permis de dégager trois périodes d’absence de Didier. Il est une première fois absent trois semaines à partir du 17 juillet 1806, puis entre le 2 et le 18 novembre 1808 et enfin il obtient un congé d’une semaine en février 1809. Cf. Arch. dép. de l’Isère 20T1, registre des délibérations de la Faculté (1er avril 1806 – 10 janvier 1839) et 20T3, journal de direction (1808 - 1821).
43 Arch. nat. F17 1976, Lettre du professeur directeur de l’Ecole de droit au directeur général de l’instruction publique du 28 mai 1806.
44 Arch. nat. F17 1976, rapport de Didier au directeur général de l’instruction publique du 31 janvier 1808 et lettre du directeur de l’Ecole de droit de Grenoble au directeur général l’instruction publique du 2 février 1808.
45 En février 1808, des craintes se manifestent au sujet du maintien de l’Ecole de droit de Grenoble. Aussi dans le but de s’assurer de la conservation de l’Ecole auprès du gouvernement, le Conseil municipal de la ville nomme une députation dont Didier sera un des membres. Cf. Arch. dép. de l’Isère 2T3, lettre du maire de Grenoble au préfet de l’Isère du 6 février 1808 et la délibération du Conseil municipal de Grenoble du 10 février 1808.
46 Arch. nat. F17 1976, lettre de l’inspecteur général au directeur général de l’instruction publique du 10 août 1808.
47 Arch. nat. F17 1976, lettre du doyen de la Faculté de droit au grand maître de l’Université impériale du 3 février 1809.
48 Le ministre de l’Intérieur ordonne « le remboursement à la caisse municipale de la somme de 4 000 francs qu’elle a avancée pour frais de premier établissement de l’Ecole de droit ». Cf. Arch. mun. de Grenoble 1R220, lettre du maire de Grenoble au trésorier de la ville de Grenoble du 18 juillet 1807.
49 Arch. mun. de Grenoble 1R220, lettre du directeur de l’Ecole spéciale de droit au maire de Grenoble du 26 novembre 1807.
50 Arch. dép. de l’Isère 20T3, procès-verbal du journal de direction du 4 février 1808.
51 Dans un mémoire adressée au directeur général de l’instruction publique, Didier fait valoir qu’un changement de local est indispensable car « des deux salles destinées aux leçons, aucune ne peut contenir le nombre d’étudiants à l’Ecole. A plus forte raison les actes publics ne pourront y avoir lieu ». Cf. Arch. nat. F17 1976, mémoire adressé au directeur général de l’instruction publique du 20 septembre 1806.
52 Ibidem.
53 Le Conseil municipal a fait des propositions pour trouver un autre emplacement pour le dépôt d’étalon et ainsi permettre de laisser le monastère Sainte-Claire à l’Ecole : « le Conseil municipal a délibéré à l’unanimité de supplier Son Excellence le ministre de l’Intérieur d’établir définitivement le dépôt d’étalons dans la ci-devant Eglise des Carmes et bâtiments en dépendant, dont la ville promet d’assurer la jouissance au gouvernement, et d’accorder en échange à la ville l’emplacement de Sainte-Claire pour être employé à l’établissement de l’Ecole de droit ». Cf. Arch. mun. de Grenoble 1D2, Délibération du conseil municipal de Grenoble du 29 août 1807. Mais le manque de fonds se révèle insurmontable ce qui conduit le Conseil à abandonner son projet, il déclare ainsi qu’« après avoir mûrement délibéré sur une affaire aussi importante, après s’être convaincu que les sommes considérables que la ville avoit à payer pour satisfaire ses divers créanciers, ne lui permettoient pas de s’occuper de l’acquisition de l’Eglise des ci-devant Carmes, des terreins nécessaires qu’il faudroit y adjoindre des dépenses qu’entraîneraient les constructions et les réparations indispensable qui excéderoient la somme de 100 000 f. a jugé devoir renoncer à l’échange projeté du local des Carmes contre le local de Sainte-Claire. Et rapporte sa délibération du 29 août 1807 par laquelle cet échange que des circonstances impérieuses rendent impraticables aujourd’hui ». Cf. Arch. mun. de Grenoble 1D2, délibération du Conseil municipal de Grenoble du 13 mai 1808.
54 Cf. Sylvain Gauche et Eric Pantalacci, « Les lieux d’enseignement de la Faculté de droit de Grenoble : contraintes matérielles et mutations symboliques (XIXe-XXe siècle) », De l’Ecole de droit à la Faculté de droit de Grenoble (1806-2006), colloque des 6 et 7 avril 2006 (M. Mathieu dir.), Presses universitaires de Grenoble, 2007, p. 165.
55 En tant que directeur, Didier touchait 3 000 francs de traitement fixe, 2 400 francs de traitement éventuel et 1 200 francs de préciput. Cf. Paul Weisbuch, op. cit., p. 230.
56 Ibidem.
57 Henri Jobert, op. cit., p. 10.
58 Paul Weisbuch, op. cit., p. 230.
59 Paul Weisbuch, op. cit., p. 232.
60 Cf. article 7 du décret du 4e jour complémentaire an XII (21 septembre 1804).
61 Il prie le Grand maître de l’Université impériale de « vouloir bien comprendre M. Didier au rang des candidats qui ont des titres les plus multipliés à votre protection et aux places principales de l’Université impériale. L’emploi qui pourrait surtout lui convenir serait celui d’inspecteur général de l’Université ». Cf. Arch. nat. F17 1976, lettre du préfet du département de l’Isère au grand maître de l’Université impériale du 2 juin 1808.
62 Paul Weisbuch, op. cit., p. 210.
63 Dans sa lettre de démission il se dit contraint « d’abandonner la carrière qu’[il] avait embrassé dans l’instruction publique, mais [sa] santé ne [le] permettait plus d’enseigner ». Cf. Arch. nat. F17 1976, Lettre de Didier au grand maître de l’Université impériale du 11 mai 1809. On peut penser que cette raison liée à sa santé est purement diplomatique. En effet, il ne manquera pas d’énergie pour mener de front de nombreuses activités industrielles et commerciales. Cf. infra.
64 Didier participe d’ailleurs activement à la réorganisation du barreau de Grenoble balayé par la Révolution en tant que membre du « collège des 12 anciens avocats » qui se constitue à partir de 1807. Cf. Véronique Girard, Histoire du barreau et des avocats de Grenoble de 1750 à nos jours, thèse de droit, Grenoble, 1996, p. 92 et 342.
65 Didier est « concessionnaire depuis 1808, de l’exploitation de la mine d’argent de Challanges et des fonderies d’Allemont ». Cf. Paul Dreyfus (dir.), op. cit., p. 91.
66 « Il avait cherché à rompre la monotonie de ses occupations en se livrant à des spéculations sur les vins et d’autres denrées ». Cf. Henri Jobert, op. cit., p. 11.
67 Bibl. mun. de Grenoble T 3923, Joseph Rey, Histoire de la conspiration de Grenoble en 1816, p. 15.
68 Henry Dumolard, op. cit., p. 63.
69 Il se lance ainsi dans l’assèchement des marais de Bourgoin, le tracé de la route des Alpes par le Lautaret et le Briançonnais, la création du canal d’arrosage de Pierrelatte, l’exploitation de l’anthracite de la Mure, il s’intéresse aux richesses minières de l’Oisans et il achète les mines de fer d’Articole et de plomb de la Grave. Cf. Paul Dreyfus, op. cit., p. 91.
70 Louis Balleydier, op. cit., p. 91.
71 Cf. la contribution de Jean-Christophe Gaven, dans ce colloque.
Auteur
Allocataire-moniteur à l’Université Pierre Mendes France Grenoble II
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