L’économie du Vanuatu : un défi à la théorie économique ?
Texte intégral
Introduction
Enseigner au Vanuatu, même les principes de bases de l’économie, n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît, il suffit simplement de songer à l’inadaptation des illustrations de cours utilisées en France métropolitaine. Mais, si ce problème est aisément compréhensible, une autre difficulté tient à une sorte de paradoxe.
En effet, le second trait frappant, quand on s’intéresse à l’économie vanuataise, se situe, lorsque sont considérées les performances économiques, dans le grand écart entre les rangs de classement en ce qui concerne deux indicateurs l’Happy Planet Index (HPI) et l’Indice de Développement Humain (IDH). Cet écart s’explique, bien sûr et avant tout, par la différence de critères de construction des deux indices.
Créé, depuis 2006, par un laboratoire d’idées britannique, la New Economics Foundation (NEF), l’Happy Planet Index (valeur théorique allant de 0 à 100) est calculé à partir de trois indicateurs : l’empreinte écologique (en hectares globaux), l’espérance de vie (en années) et le degré de bien-être des populations (indice de 0 à 10 obtenu par sondage).
Alors que, l’Indice de Développement Humain (valeur théorique allant de 0 à 1), défini pour le PNUD en 1990 par Amartya SEN et Mahbub ul HAQ, considère la moyenne géométrique de trois indicateurs : l’espérance de vie, la durée moyenne de scolarisation et le revenu national brut en parité de pouvoir d’achat.
Si un des items est commun, l’autre probablement lié, le troisième diffère totalement. Mais, l’écart est inversé pour la France.
PAYS | HPI | IDH |
VANUATU | 1er 68,21 (2006) | 134e 0,594 (2014) |
FRANCE | 129e 36,42 (2006) | 22e 0,888 (2014) |
Le Vanuatu si mal placé à l’IDH est leader pour l’HPI. Certains parlent de ce pays comme du pays de l’homme heureux.
Cela porte donc à croire que l’économie locale est caractérisée par un certain particularisme pour ne pas dire un particularisme certain.
Ces constatations, incitent à approfondir les caractéristiques économiques du Vanuatu. Car si l’HPI correspond bien à la satisfaction de l’objectif fondamental de l’économie, à savoir, le bien être, l’IDH laisse entendre que la réussite économique est piètre. Comment peut-on être aussi faible quant aux moyens, tout en atteignant excellemment l’objectif ?
Bien sûr, les travaux de la commission Joseph STIGLITZ, Amartya SEN et Jean-Paul FITOUSSI, rendus le 14 septembre 2009, ont bien montré l’insuffisance du Produit Intérieur Brut (PIB), constituant de l’IDH, comme indicateur de mesure des performances économiques et du progrès social. Cet indicateur numérique se voit notamment reprocher la non prise en compte des données qualitatives, importantes quant au ressenti du bien être, et aussi la sous évaluation de données quantitatives.
Une part de l’explication réside là, mais il faut probablement aller chercher plus loin dans la théorie économique. L’économie du Vanuatu constitue-t-elle un défi à la pensée économique ?
Si la pensée économique explique bien la problématique de la situation, et n’est donc pas mise en défaut (I), le défi lancé à l’économie consiste à trouver dans la pensée économique des solutions (II).
I - Si la pensée économique explique bien la problématique de la situation
L’économie du Vanuatu dépend nécessairement du comportement de choix des agents économiques. En ce sens, la définition de l’économie de Lionel ROBBINS : “l’économie est la science qui étudie le comportement humain en tant que relation entre les fins et les moyens rares à usage alternatif”, a une portée universelle, le Vanuatu n’y échappe donc pas.
Il y a donc bien une économie au Vanuatu, même si celle-ci, selon le niveau de l’IDH, est classée en économie en développement.
Or, l’un des traits, très caractéristique de ce type d’économie, correspond à la non intégration des activités, soit la désarticulation de l’économie, ou, encore le dualisme.
Selon François PERROUX, le dualisme se traduit par la cohabitation d’un secteur traditionnel autochtone et d’un secteur moderne dépendant de l’étranger, sans complémentarité et donc sans effet d’entraînement.
La pensée économique voit donc ici un cas typique de pays en développement (A) dont le risque est de suivre la dynamique habituelle (B).
A – Un cas typique de pays en développement…
Le paradoxe soulevé plus haut, être à la fois le meilleur et presque le moins bon, comme tous les paradoxes, selon le philosophe et mathématicien Bertrand RUSSEL, tient à la confusion des niveaux de complexité (théorie mathématique des types logiques). La complexification de l’Univers est une des caractéristiques établie par les astrophysiciens. Pour le sociologue Edgar MORIN1, le promoteur de la pensée complexe, est complexe “ce qui est tissé ensemble”.
En général, la complexité d’une structure est liée au nombre d’éléments et au nombre de relations entre les éléments. Mais ici, l’évaluation de la complexité, dans une optique économique, va reposer sur les quantités et qualités de travail, sur les quantités et qualités de capital, et surtout, sur ce qui nourrit les deux, les quantités et qualités de savoir. Car, ces trois éléments sont créateurs de valeurs ajoutées dont le total correspond précisément au PIB.
Il y a donc, du point de vue de la complexité, non pas un mais, deux Vanuatu, répondant à des logiques de deux niveaux de complexité très différents. Le thème du colloque, “oscillation entre unité et diversité” ne pouvait être mieux choisi.
D’un côté, une population qui vit en système d’autoconsommation, d’autosubsistance sans trop de ressources monétaires (le revenu mensuel moyen par tête est de 17 0002 Vu soit 136 €), ce qui explique d’une part la faiblesse du PIB, mais aussi, d’autre part, paradoxalement, le bien être atteint. Sous population faiblement complexe, dans le sens indiqué d’un faible niveau de connaissance, d’un travail peu qualifié et sans capital.
L’explication du bien être réside, peut-on avancer, dans une relation plus directe au réel, donc finalement plus économique, que dans les pays développés, où la relation au réel, est falsifiée par le développement de la complexification marqué par l’importante médiation du langage et de la monnaie. Médiation qui ne permet de vivre que dans un monde artificiel de représentations, dominé par l’emprise de la technique, au sens de volonté de puissance nietzschéenne, dénoncée par Martin HEIDDEGER.
Ainsi, le Vanuatu n’est-il pas loin, de ce point de vue, de représenter ce qui est recherché, par bon nombre de contestataires de l’économie occidentale, à travers les mouvements rassemblés aujourd’hui derrière les vocables, entre autres, d’ubérisation (le numérique en moins, le tam tam en plus ;-)), d’écologie et d’économie participative.
De l’autre, un ensemble d’entreprises qui emploient une petite partie de la population salariée et qui comprend notamment des banques offshores au point de faire considérer le Vanuatu comme un paradis fiscal.
Donc, une autre sous population, de managers, généralement expatriée, plus complexe, dotée de connaissances, compétente en terme de qualification de travail et disposant du capital.
Le Vanuatu est donc, aussi, représentatif de tout ce qui est le plus décrié en économie. Cette partie là apparaît, malgré son artifice, plus conforme à la représentation dominante de ce qu’est l’économie et donc plus respectueuse de la théorie économique orthodoxe.
Le tableau des sources de revenu suivant illustre bien ces deux mondes en opposant la province de Shefa, province de la capitale Port-Vila, aux autres provinces.
1C’est donc la mise en évidence des distances entre ces deux mondes qui présentent un intérêt et un enjeu économique. Le développement passe par la réduction de la diversité à l’unité, le rapprochement de ces deux figures du Vanuatu. Se pose alors le problème de qui doit faire le chemin et vers quoi ?
B – …dont le risque est de suivre la dynamique habituelle
La tradition doit-elle se plier à une modernité venue d’ailleurs ou, la modernité doit-elle revenir à, et respecter, la tradition. Là, comme ailleurs, le retour en arrière semble impossible.
L’économie du développement a aujourd’hui montré que tous les pays n’avaient pas à suivre un modèle universel de type ROSTOV, que plusieurs développements “soutenables” pouvaient exister, que l’objectif pouvait être, à l’exemple du Bhoutan, le Bonheur National Brut (BNB).
En tous cas, l’enjeu de la réduction de la distance est fondamental pour l’avenir du Vanuatu.
La mise en évidence du risque et son analyse peuvent s’illustrer par l’utilisation de l’outil statistique. Il faut d’abord souligner que le concept de variance, plus qu’une formule mathématique, est philosophiquement représentatif de connaissance et par là de pouvoir.
Grâce à l’analyse de variance, les études sociologiques montrent que la dynamique va dans le sens d’une réduction de la variance intra groupe et une augmentation de la variance inter groupe, dès lors que cette dernière a atteint une valeur critique. Par exemple, si une population est caractérisée par une variable qualitative, qui prend deux modalités, et une variable quantitative. Si les deux modalités enregistrent des moyennes de la variable quantitative très différentes, deux sous-populations vont se distinguer. Les individus de chaque groupe ont tendance à se rapprocher les uns des autres et donc à se distancier de l’autre groupe. En d’autres termes, les écarts ont tendance à s’accroître.
Le phénomène est connu depuis l’ère préscientifique par la parabole des talents et celle des mines, que le sociologue Robert K. MERTON3 a dénommé l’effet Matthieu : “Car on donnera à celui qui a, et il sera dans l’abondance, mais à celui qui n’a pas on ôtera même ce qu’il a.”
D’ou une impressionnante littérature, pour expliquer comme l’exprime, par l’exemple, le titre de l’ouvrage de Monique PINÇON-CHARLOT, Michel PINÇON et Etienne LECROART4, pourquoi les riches sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres. Ce livre de sociologues partisans décrit bien l’évolution mais, ne présente pas les causes réelles.
C’est la même ambition qui est développée, à un niveau plus macroéconomique, dans le livre de Erik S. REINERT5 : Comment les pays riches sont devenus riches et pourquoi les pays pauvres restent pauvres. C’est la volonté des états à développer les activités à rendement d’échelle croissant qui tout en donnant un pouvoir de marché à quelques entreprises génèrent en elles-mêmes leur développement par les gains de productivité.
Ici, le problème se manifeste à l’intérieur d’un même pays.
Ce que toutes ces références montrent, ou cachent, c’est l’importance de la complexification qui se dissimule derrière la diversité, la productivité et les synergies.
Et, en conséquence, le risque, que courent les ni-vanuatais, à rester en dehors de cette course.
En effet, ce que le biologiste Henri LABORIT, le père du concept de pensée complexe, qualifie de “secret des secrets” : “toute structure de niveau d’organisation (ou de complexité) supérieur vit toujours au détriment des structures de niveau d’organisation (ou de complexité) inférieur”, cette loi de la complexification, ne peut manquer de se produire.
II – Le défi consiste à trouver dans la pensée économique des solutions
2Face au problème du développement la pensée a proposé deux voies de résolution. Des solutions exogènes risquées (A) et donc des solutions nécessairement endogènes (B)
A – Des solutions exogènes risquées
La communication entre les deux communautés doit se faire pour éviter ces dynamiques. Or, la communication n’est vraiment possible qu’à un même niveau de complexité. L’économie informelle, par exemple, ne peut être financée par le crédit bancaire, alors que le microcrédit le peut.
D’un côté, le monde, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Japon, la Chine, soit 17% des ressources budgétaires du pays, de l’autre les ni-vanuatais. L’échange entre les deux communautés paraît à la fois nécessaire et risquée.
Nécessaire car la thermodynamique montre les conséquences des systèmes autarciques fermés, et risqué du fait du “secret des secrets”. Il n’y a donc pas de choix. Jean-Paul SARTRE l’avait remarqué “En fait, nous sommes une liberté qui choisit, mais nous ne choisissons pas d’être libres : nous sommes condamnés à la liberté”.
Par ailleurs, la pensée complexe soutient, en passant de la logique aristotélicienne du tiers exclus à celle du tiers inclus, qu’il ne faut pas opposer les contraires, la concurrence ne s’oppose pas à la collaboration.
Mais, le problème est le même que celui qui se pose au niveau de la mondialisation et du libre échange. S’ils obéissent à un intérêt supérieur, l’optimisation au niveau global, celle-ci a un coût par rapport à une situation donnée.
L’échange n’est, en effet, pas systématiquement favorable à tous, l’échange conduit souvent à un partage inégal. (A. EMMANUEL, Samir AMIN, Jacques SAPIR).
Ce phénomène est lié à la dégradation des termes de l’échange qui conduit à une croissance appauvrissante selon les termes de l’économiste Jagdish BHAGWATI. En effet, derrière l’apparence des quantités de produits échangés, se cache des quantités de valeurs ajoutées dont l’importance évolue à des vitesses différentes dans le temps entre les protagonistes. Or, ce qui génère de la valeur ajoutée c’est le travail, le capital et le savoir, les trois vecteurs de la complexité.
Les règles de l’échange font donc que pour échapper à la dégradation des termes de l’échange, la partie autochtone du Vanuatu doit développer, dans son produit, travail, capital et savoir, tant en quantité qu’en qualité. Sinon, ce sont des phénomènes de croissance appauvrissante qui la caractériseront, les écarts s’accroitront.
L’échange est donc le vecteur de la complexification, mais aussi, du développement des inégalités. En effet, si les deux échangistes tirent un gain absolu de l’échange, la part de surplus ricardien6, il y a aussi un gain relatif mais que pour un seul, l’écart se creuse, d’ou le terme de croissance appauvrissante.
Les inégalités, souvent mesurées par commodité en termes monétaires, reposent en fait sur de nombreux facteurs autres que pécuniaires. Selon les sociologues, elles dépendent des capacités d’accès à toutes les ressources aussi bien naturelles que crées. C’est donc principalement l’accès au capital naturel, humain, culturel, social et économique, en d’autres termes aux vecteurs de la complexité qui est concerné.
Nombreux sont les obstacles à lever. Amartya SEN fait coïncider le développement humain avec ce libre accès à la productivité, à la justice sociale, à la durabilité et au contrôle des personnes sur leur destinée. Pour expliquer que l’égalité en droit devant ces ressources n’est pas suffisante, Amartya SEN et Martha C. NUSSBAUM7 développent le concept de “capabilités” pour exprimer le rapport de chacun au développement.
Si, en théorie, chacun a les mêmes droits, en pratique, leur accès est dépendant de la situation économique, sociale et culturelle. Ou, pour le dire autrement, cela dépend du paradigme (Edgar MORIN, Thomas KUHN), du capital social et culturel (Pierre BOURDIEU), de la culture (Edward T. HALL) ou de l’épistémè (Michel FOUCAULT) de chacun, en bref, de l’importance de la coupure épistémologique entre réel et représentation.
B – Des solutions nécessairement endogènes
Pour éviter les risques liés à l’échange exogène, il faut trouver des solutions dans l’ensoi. Les modèles économiques dit de croissance endogène répondent à cette quête.
Le modèle de la connaissance technologique de Paul ROMER (1986), explique que la recherche est la matière première de la recherche. En d’autres termes, la recherche nourrit la recherche et donc trouve en soi le moteur de la croissance. Mais, la connaissance nécessite sa concrétisation par l’investissement en capital économique, l’un des vecteurs de la complexité.
La compétence collective liée à l’accumulation de capital humain (concept de Gary BECKER8(1964)) du modèle de Robert E. LUCAS (1988) insiste sur l’importance de la formation. D’autant que la connaissance s’inscrit aussi bien dans le capital que le travail, créateurs de valeur ajoutée, donc de complexité.
Enfin, les effets externes des dépenses publiques d’infrastructure de Robert J. BARRO (1990) participent au développement de la productivité totale des facteurs, le fameux facteur résiduel, de Robert M. SOLOW9. Ces gains de complexité apportent les ressources fiscales qui permettent de financer les investissements publics futurs.
Ces trois modèles entraînent des rendements d’échelle croissants. Ainsi, l’investissement en capital physique, en capital humain et en capital public se combinent-ils. Les effets d’expérience, learning by doing, et l’organisation de la production apportent une croissance auto-entretenue. Ce sont des externalités positives qui, entraînant un phénomène quantitatif cumulatif, peuvent engendrer un développement qualitatif. L’approche systémique explique ainsi l’éclosion éventuelle de phénomènes d’émergence, changement de niveau de complexité, selon le concept d’auto-organisation d’Edgar MORIN (ou d’autopoïèse d’Umberto MATURANA et Francisco VARELA).
La marche vers une modernité choisie, pour éviter la déception d’une modernité importée et donc imposée, ne peut passer que par une prise de conscience approfondie de ces mécanismes. Celle-ci ne peut qu’être liée à la recherche et à l’éducation. Il faut connaître les racines, mais aussi, investiguer un avenir téléonomique.
L’inscription de l’investissement, dans une université publique et dans un centre de recherche, dans les priorités du gouvernement Charlot SALWAI montre que le Vanuatu souhaite défendre son indépendance en misant sur le développement endogène plus qu’exogène.
Cependant, l’investissement requiert soit de l’épargne soit du crédit. La question du pouvoir se pose alors, le pouvoir de décision véritable est fonction de moyens. Faute de ceux-ci, l’aide financière est inévitable. Qu’elle soit multilatérale, ce qui serait préférable, ou unilatérale, l’aide des principaux bailleurs doit être négociée. Il ne doit pas s’agir d’aumône ou de prise de contrôle.
A l’image de l’amour Agapè (Simone WEIL10), les prêteurs ne doivent apporter au Vanuatu qu’une raison d’exister. La souveraineté doit conférer à l’état vanuatais une position d’offreur d’opportunités et non de demandeur d’aides.
Cette souveraineté ne peut se réduire à l’existence d’un état, le Vanuatu, au delà des clivages politiques naturels doit construire une unité, car il est bien connu depuis les romains que la division profite à ceux qui sont plus structurés. Ici, au Vanuatu, particulièrement, l’unité repose sur la question de la langue.
En France, le sociologue Georges DUBET prétend que le rôle de l’école est : “de faire en sorte que les petits garçons parlent français et que les petites filles n’aillent plus à la messe”. Ce qui en clair signifie que la France a construit son unité qu’en s’arrachant aux particularismes des patois et des religions, et en accédant en conséquence, à un certain universalisme kantien. En conservant une certaine neutralité, cela plaide en faveur de la généralisation d’un bilinguisme parfait anglais-français, dans l’enseignement, sans pour autant rejeter les langues vernaculaires.
Conclusion
Le défi à la pensée économique posé par le Vanuatu est finalement le défi à la pensée tout court. Le problème économique se pose partout dans les même termes, il est comme toute question sans réponse définitive, coupure épistémologique oblige et, heureusement.
Devant le dualisme, faut-il laisser faire ou faut-il intervenir ? La question semble mal posée. Laisser faire ou intervenir avec quel mode de représentation ?
Dès lors, deux phrases d’Albert EINSTEIN éclairent le débat.
Albert EINSTEIN : “Le monde que nous avons créé est le résultat de notre niveau de réflexion, mais les problèmes qu’il engendre ne sauraient être résolus à ce même niveau.”
Et : “Si nous ne changeons pas notre façon de penser, nous ne serons pas capables de résoudre les problèmes que nous créons avec nos modes actuels de pensée.”
Tout plaide donc en faveur de compréhensions de niveaux de complexité supérieurs. Encore faut-il les développer. Or, s’il est naturel que les individus disposent d’une logique répondant au problème de leur niveau, il ne faut pas oublier que déjà la logique sociale ne s’articule pas avec cette logique, contrairement à leurs projections.
Une situation économique, c’est d’un côté un réel et de l’autre des individus caractérisés par autant de représentations de ce réel. Les interactions qui en résultent dépendent, d’une part, des paradigmes individuels et, d’autres part, à un niveau de complexité supérieur, celle des effets externes et des émergences sociales. Quelles sont les distances entre les représentations entre individus, entre représentations individuelles et représentation sociale et entre représentation(s) et réalité ?
Seule l’éducation peut permettre l’établissement d’une unité complexe et ainsi la conciliation entre la vie traditionnelle et la vie moderne relevant ainsi le défi économique posé par le Vanuatu.
“Mon Peuple périt parce qu’il lui manque la Connaissance” Osée 4:6
Notes de bas de page
1 E. Morin, Science avec conscience, Librairie Artheme Fayard, 1982.
2 VNSO.
3 R. K. Merton, The Matthew Effect, Science, 1968, vol. 159, no 3810, pp. 56-63.
4 M. Pinçon-Charlot M. Pinçon et E. Lecroart,Pourquoi les riches sont de plus en plus riche et les pauvres de plus en plus pauvre ? Mon premier manuel de pensée critique, La ville Brûle, 2014.
5 E. S. Reinert, Comment les pays riches sont devenus riches et pourquoi les pays pauvres restent pauvres, Éditions du Rocher, 2012.
6 David Ricardo avait ainsi justifié l’échange par la théorie des coûts comparatifs.
7 M. C. Nussbaum, Capabilités. Comment créer les conditions d’un monde plus juste ?, Climats (Flammarion), 2012.
8 G. Becker, Human capital : A theoretical and empirical analysis,1964.
9 R. M. Solow, Technical Change and the Aggregate Production Function, The Review of Economics and Statistics, 1957, Vol. 39, No. 3, p. 312–320.
10 S. Weil, La pesanteur et la grâce, Plon, 1942.
Auteur
Maître de conférences, Université Toulouse 1 Capitole, Responsable pédagogique de la licence AES délocalisée au Vanuatu
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2011