La citoyenneté dans les villes françaises d’Ancien Régime
p. 163-191
Texte intégral
1Dans cette étude, la notion de citoyenneté est comprise comme une affirmation d’appartenance à une communauté urbaine à travers une action relevant du politique1, c’est-à dire de la gestion de la chose publique, renvoyant prioritairement à l’institution municipale, incarnation du corps de ville dont la prétention est d’englober tous les autres corps urbains2, mais aussi à l’administration royale3. Elle se déploie à travers des procédures formelles comme informelles, dans une diversité d’expressions : délibérations, élections4, pétitions, mobilisations, protestations, revendications, actions directes... Dans une conception de la ville comme construction sociale d’un espace matériel à la fois modelé5 et modeleur6, la citoyenneté entre en résonance avec la police urbaine, au sens de l’administration des affaires communautaires, dans l’articulation entre les intérêts privés et publics, particuliers et généraux, sous l’invocation traditionnelle du « bon gouvernement »7, éthos hérité de l’humanisme à partir de l’osmose entre la rationalité de la philosophie gréco-romaine et la théologie chrétienne.
2La citoyenneté s’exerce au sein d’une société urbaine hiérarchisée, dominée globalement par la verticalité des rapports sociaux dans les liens de patronage et guidée par l’idéal de la concorde harmonieuse des états sociaux, mais aussi structurée par l’horizontalité des liens de parenté, de travail, de croyance, voire de voisinage8. Vues du haut de la pyramide sociale, donc pour la grande majorité des sources contemporaines, toutes les paroles n’ont pas la même valeur, ce qui justifie des exclusions. Il paraît donc essentiel de pratiquer une histoire par le bas afin de mieux comprendre le point de vue de l’ensemble des habitants, au sein d’une culture hiérarchique favorable à l’expression prioritaire de la « saine et maire partie », à toutes les échelles et dans toutes les formes d’action citoyenne9. C’est ce qui justifie la double entrée distinguant une citoyenneté statutaire et institutionnelle et une citoyenneté de mobilisation d’action directe dans l’espace public.
3Le cadre communautaire favorise le localisme puisque sa défense contre les agressions de toute nature passe prioritairement par la défense des privilèges collectifs associés au cadre urbain10. La pratique citoyenne assure l’articulation entre le lieu, produit des rapports sociaux, et le territoire, construction politique de l’espace urbain11. Les missions de la municipalité concernent l’ensemble de la population, nourrissant la conception d’un pacte moral justifiant l’exercice du pouvoir local en l’appuyant sur la justice dans la protection. Toutefois, les villes françaises ne sont ni des cités-État, ni les fondations puissantes d’une république décentralisée, mais des communautés intégrées dans le corps du royaume de plus en plus confondu avec celui du roi, dans sa double dimension réelle et mystique. Entrent donc en concurrence deux horizons d’identification, à toutes les échelles du social et dans toutes les formes d’expression de la citoyenneté urbaine.
I. Exercice institutionnel de la citoyenneté
A. La participation aux structures basiques d’encadrement urbain
4Le cadre paroissial, par son ancienneté et sa stabilité jusqu’à la Révolution, offre une première opportunité de participation à une gestion collective dans une insertion dans une communauté de salut, dimension essentielle pour la citoyenneté urbaine étant donné l’enracinement du politique dans le religieux. Les enquêtes de bonnes mœurs et catholicité préalables à tout exercice de fonction publique, élective ou vénale, s’imposent également dans l’attribution du droit de bourgeoisie. La désignation et le rôle des Anciens dans les consistoires de l’Église réformée établissent le pendant dans les villes ayant joui du privilège d’érection de temple dans l’espace urbain.
5Pour la désignation des marguilliers, appelés aussi « ouvriers » dans le Midi, chargés de la gestion de la fabrique paroissiale, les règles s’avèrent d’une grande diversité tout en obéissant au principe fondamental de la cooptation des éligibles. La fréquentation des assemblées électives est variable, par exemple autour de deux cents chefs de famille pour Notre-Dame de la Dalbade à Toulouse au xviie siècle, avec quelques pics à cinq cents. Le plus original dans cette paroisse est le principe de représentation par quatre sous-ensembles regroupant des rues autour d’une principale : rue des Couteliers, rue Sainte-Claire, île de Tounis, mais « messieurs de la cour ». Au xviiie siècle, un projet de rotation entre le groupe des Couteliers et Tounis, à la sociologie plus populaire, mène à un procès où est dénoncée une manœuvre des officiers du parlement. Pour Tounis, on choisit les habitants les plus aisés afin de réduire le déficit d’honorabilité avec les trois autres ensembles. Globalement, la sociologie des « ouvriers » de la Dalbade (écuyers, officiers de justice, marchands) se présente comme un reflet légèrement déformé de la règle de répartition pour le capitoulat toulousain (écuyers, avocats, procureurs et marchands)12. Il ressemble au profil fabricien majoritaire dans les grandes villes, tant à Paris13 que dans les capitales provinciales. La position géographique périphérique ou le moindre appareillage institutionnel des petites villes favorisent une meilleure représentation artisanale.
6Dans le Sud-Ouest, la dimension paroissiale est renforcée par des confréries de dévotion entretenant une solidarité locale de type charitable. Leurs bailles, responsables dirigeant des « tables » ou des « bassins », sont élus selon la même procédure parallèlement aux « ouvriers » devant qui ils doivent rendre leurs comptes annuels à la fête de Pâques. Dans l’exemple de la Dalbade, ces confréries sont aussi assises sur un découpage spatial par groupes de rues. Il existe toutefois des unités de même type à échelle encore plus réduite, véritables corps de rue ayant pu préserver leur autonomie d’action : leurs bailles, élus par les chefs de famille, ne rendent compte qu’à leurs successeurs. En 1690, une tentative de l’official de l’archevêché pour les soumettre au contrôle du curé se solde par un échec. Ces bailles s’occupent en priorité des quêtes en faveur des pauvres honteux de la rue, de leur accès au sacrement d’extrême-onction, de leur sépulture et de la célébration de messes pour leur salut, tout en jouant le rôle de caisse de secours avec des prêts sur gages au denier vingt. La bourse Dieu de la rue des Couteliers tient son assemblée annuelle dans l’église de la Dalbade en 1684 : 42 personnes sont associées à deux bailles (un maître boulanger et un autre tailleur d’habits)14.
7Le même modèle se retrouve dans la gestion de deux églises non paroissiales de Toulouse, entendues par les habitants comme des églises de voisins. Ce sont eux qui ont financé la reconstruction de Notre-Dame de Nazareth en 1486 ; ils assurent aussi la gestion de Saint-Barthélemy, prieuré à l’origine. Les chefs de famille élisent leurs représentants (bailles) à des « tables » qui, outre l’entretien de l’église et du culte, sont prêteuses d’argent dans le voisinage. Il n’est jamais fait mention d’un découpage par « rues », mais l’observation fine des résidences de la quarantaine de votants à Saint-Barthélemy au début du xviiie siècle montre une prééminence d’une rue principale sur des adjacentes. En conséquence du principe de cooptation des éligibles et de la position géographique, les bailles sont le plus souvent des avocats et des marchands, mais aussi des artisans, ce qui associe le principe du voisinage à une plus forte ouverture sociale, même si cela régresse au XVIIIe siècle15.
8Le cadre paroissial contribue également à renforcer l’identité citoyenne communautaire par le fait qu’il sert souvent d’unité fiscale de base, tant pour la levée exceptionnelle d’une imposition municipale pour répondre aux contraintes de la conjoncture ou aux exigences de la monarchie, que pour servir d’assemblée primaire dans les élections municipales à suffrage indirect. Les exemples d’Angers où le principe a été établi en 1584, annulé en 1589, mais rétabli en 1601, et de Tours depuis 1619 illustrent les convergences et les variations16. Dans le cas angevin, les paroisses étaient traitées à égalité avec deux députés chacune ; dans le cas tourangeau, une hiérarchie distinguaient les deux paroisses de notabilité supérieure à quatre députés chacune, suivies de deux autres à trois, de six autres à deux et de six dernières limitées à un seul.
9Les compagnies de milice bourgeoise forment le second cadre favorable à l’entretien d’une conscience citoyenne urbaine, même si une érosion paraît manifeste sur le long terme. Dans un premier temps, elles le doivent à leur association au privilège d’auto-défense, conséquence de l’alliance politico-militaire passée entre la monarchie et ses « bonnes villes » dans les deux derniers siècles médiévaux afin de repousser les agressions extérieures et les prétentions intérieures des grands féodaux. La non entrée des soldats dans l’espace urbain, sauf décision volontaire pour compléter l’auto-défense, n’était pas le moindre des privilèges collectifs tant la peur du soudard était répandue dans la population. Face aux ravages des campagnes, la sécurité de la ville close méritait d’être défendue, d’où l’importance des compagnies de citoyens-soldats couvrant l’ensemble de la ville, y compris les faubourgs, dans un zonage qui ne recoupait pas celui des paroisses, mais fournissait un second ancrage territorial. En 1722, le rôle des miliciens bordelais comporte environ 6 000 noms pour une population de 55 000 habitants17.
10La compagnie milicienne fondait la citoyenneté sur le partage d’une résidence de quartier, là aussi défini comme un assemblage hiérarchisé de rues autour de pôles organisateurs, et sur la verticalité de liens de service assurant une concorde des divers états sociaux. De l’état-major à la troupe en passant par les officiers intermédiaires, le système de patronage assurait un échange d’honorabilité en associant fabrication de bas en haut et redistribution de haut en bas18. Là encore, à la base était le voisinage de rue. L’observation de la mobilisation défensive contre les intrus et les dangers dans les questions de l’ordre public ou de lutte contre les catastrophes comme les incendies ou les inondations le montre bien. Au départ est un réflexe d’entraide entre voisins immédiats qui s’organise assez vite par la recherche du sous-officier le plus proche, véritable cristallisateur d’efficacité à travers le recours spontané à son autorité, révélateur de la force des liens de cohésion entretenus à l’échelon élémentaire de la compagnie19.
11La mobilisation milicienne ne pouvait qu’être fluctuante, liée à la conscience de l’importance et de la proximité du danger, mais aussi à la transformation profonde des armées professionnelles issue de la « révolution militaire » du XVIIe siècle. Tant que les menaces d’invasion du royaume ou que les guerres civiles et les révoltes aristocratiques ont fait l’actualité, les villes ont alterné entre mobilisation d’urgence à l’approche de la menace et relâchement suite à son éloignement. Avec le règne de Louis XIV, la sanctuarisation de l’intérieur du royaume grâce à la fortification intensive des frontières et l’organisation d’une intendance militaire couplée à un effort disciplinaire conséquent ont d’abord fait disparaître les risques pour la plupart des villes et habitué les habitants, au prix de beaucoup de récriminations, au logement des gens de guerre qui a cessé d’être une arme punitive de la monarchie. Les compagnies de milice ont vu alors leur rôle se centrer vers l’autogestion de l’ordre public, question majeure avec l’expansion démographique, surtout dans les centres urbains les plus dynamiques du royaume20. Les pennons de Lyon, identifiés par leurs bannières, passés de 18 à 36 avant de revenir à 26, illustrent cette évolution21, débouchant même sur la philanthropie et les loges de franc-maçonnerie au XVIIIe siècle.
12Après la création des offices de lieutenant généraux de police dans les villes de province en 1699, prolongée par celles des commissaires de police dans les années 1720, ces derniers sont souvent amenés à expliquer aux intendants que leur degré d’efficacité est lié à celui de la qualité du soutien des compagnies miliciennes. Le rapprochement s’impose avec les dizaines de Toulouse, relais ancien entre le capitoulat et les quartiers saisis comme des regroupements de rue, associés ou non en tant qu’îlot de maisons, unité administrative de base nommée localement « moulon ». Le dizenier, qui reçoit ses lettres de provision du capitoulat, ne peut exercer sa mission de police, tout spécialement le contrôle résidentiel et la surveillance des étrangers et des vagabonds, sans l’appui des corps de rue22. Entre 1735 et 1757, la documentation parle du « baille de la dizaine du moulon de Saintes Carbes »23, ici un menuisier. L’augmentation des compétences des dizeniers en 1754 n’a pu que favoriser cette collaboration.
13Les compagnies de milice ont plusieurs points d’ancrage dans les institutions municipales. Conservatrices de la mémoire d’auto-défense, elles sont convoquées dans les cérémonies publiques pour illustrer leur dimension communautaire et populaire. Elles font partie des principaux corps urbains consultés par les maires et échevins ou les consuls pour la résolution de problèmes graves. La charge de capitaine de milice entre dans le cursus honorum qui facilite l’élection au gouvernement municipal. À Paris, les seize quartiers miliciens servent d’assemblées primaires pour désigner les « mandés » aux assemblées générales de l’hôtel de ville, formant autant de communautés civiques ordonnées par leur quartenier grâce à sa puissance de patronage sur les cinquanteniers24. Jusqu’aux années 1670, le mode de preuve de l’appartenance bourgeoise fut la participation à la milice25. Les huit capitoulats toulousains ont comme relais principal les dizeniers. À Nantes, les élections des officiers de l’état-major observent les mêmes règles que celles du maire et des échevins26.
14Le croisement de ces divers cadres corporatifs territoriaux passe par l’enchaînement des responsabilités de certains petits notables. Dans la paroisse toulousaine de la Dalbade, les assemblées du corps de rue des Couteliers se tiennent souvent dans la maison du marchand-financier Guillaume Artigue qui devient baille de la bourse en 1675, « ouvrier » de la fabrique paroissiale en 1680, alors qu’il est déjà dizenier du moulon correspondant27.
15Les corporations de métier forment le troisième grand cadre élémentaire de construction d’une identité citoyenne urbaine. En tant que bénéficiaire d’une charte instaurant le privilège de monopole du travail dans une gamme d’activités très ouverte allant des produits de base au commerce de luxe, sur la base d’une éthique du juste prix équilibré entre les besoins des producteurs et des consommateurs et de l’idéal de la petite unité de travail pour favoriser l’entrée du plus grand nombre sous un statut d’autonomie, la jurande se situait au cœur des préoccupations essentielles des habitants des villes. Son rayonnement allait bien au-delà de la régulation économique, jouant un rôle majeur dans le modelage des liens sociaux et une vision globale du corps de métier. Fonctionnant sur un principe intégrateur vertical associant maîtres, compagnons et apprentis, les corporations de métiers étaient doublées de confréries dont les rituels religieux revivifiaient régulièrement la solidarité qui se manifestait prioritairement dans une recherche de sécurisation du salut dans l’univers mental catholique. Les élections des jurés et les conditions délibératives au sein des assemblées de métier restaient des supports majeurs d’exercice de citoyenneté28. L’échec de leur suppression par le contrôleur général Turgot entre 1774 et 1776 montre l’attachement des populations urbaines à leur égard.
16Alors que les paroisses et les compagnies de milice avaient un ancrage territorial évident, les métiers jurés ou réglés renvoyaient vers une structuration communautaire par le travail incorporant une quantité plus ou moins importante d’exercice manuel, ce qui ne pouvait prétendre à la totalité. Il est bien sûr possible de considérer que cette limitation était compensée par l’adjonction en parallèle de nombreux corps concernant le grand commerce (consulat), l’administration29 et les professions libérales. Mais les insuffisances étaient à l’intérieur même du système. Toutes les activités manuelles n’étaient pas couvertes, des enclaves de liberté créaient des exceptions pour celles concernées et le recours aux chambrelans travaillant illégalement était doublement le fait des consommateurs et des maîtres les plus puissants essayant de contourner les freins à la concentration à travers une sous-traitance. Pourtant, la dimension territoriale était plus ou moins préservée dans la persistance d’habitudes anciennes de concentration d’activités dans certaines rues ou de coloration de certains quartiers par des conditions techniques dont l’accès à l’eau était de loin la plus prégnante.
17Prétendre inscrire une représentation communautaire urbaine dans le système représentatif des arts et métiers équivalait à considérer comme déterminantes la dimension globale de leur rôle et leur suprématie sur les marchés du travail, de la production et de la consommation. Ceci était d’autant plus facile à concevoir que la fonction administrative était très largement placée sous l’autorité municipale. C’est pourquoi ce sont plutôt les franges orientales du royaume de France qui ont eu recours à cette solution, comme extension ultime d’une vaste zone alliant les anciens Pays-Bas et le Saint-Empire, aux nombreuses cités-État ou cités marchandes et manufacturières assurant les fondations d’un système politique décentralisé30. À Dunkerque où l’intégration française en 1662 s’est faite dans le respect de la coutume de Bruges, le corps de métier est dirigé par un « serment » composé d’un doyen en charge et de deux assistants, aidés par un vicaire, tous élus par les anciens doyens. Pour resserrer les liens en forme de relais, le Magistrat (municipalité) y a placé un connétable, à la fois agent de contrôle et protecteur des privilèges du corps31. À Lyon, cinquante métiers délèguent chacun deux députés venant siéger à l’assemblée de ville aux côtés de notables autour du consulat. Dès 1352, un contrôle est établi sur cette représentation : les délégués ne sont plus élus par les maîtres de métier, mais choisis par les conseillers qui entourent les douze consuls. Une demande, portée par une coalition de notables et d’artisans, de revenir aux statuts originels reconnaissant la libre élection par les maîtres dans chaque métier ou bannière de métiers, échoue dans son objectif malgré six ans de crise (1515-1521)32.
18Les quelques exemples d’extension tardive en Bretagne, sous forme concrète à Brest ou comme projet à Nantes, invitent à y lire une recherche de préservation symbolique de la représentation populaire dans une logique globale de fermeture sociale des assemblées de ville33. Dans la capitale, la progression de la vénalité des offices a fini par asphyxier la logique de la représentation territoriale remplacée progressivement par celle des corps d’activité coiffés par le groupe prestigieux des Six Corps. Engagée dès 1615 avec l’obligation de l’élection annuelle d’un échevin marchand, cette substitution est achevée en 168034.
B. La participation aux institutions municipales
19Du point de vue de la citoyenneté institutionnelle, la forme supérieure s’inscrit d’abord dans une participation aux assemblées générales de la ville, électives ou délibératives. Celles-ci sont de type direct, avec une assemblée unique, ou indirect, avec une assemblée supérieure rassemblant des députés d’assemblées primaires, appuyées sur diverses solutions corporatives comme mentionné antérieurement. La tendance générale est à la disparition de ces assemblées ouvertes à tous les chefs de feu, même si des exceptions demeurent à l’état de vestiges. Partout s’exprime la même obsession d’éliminer les « mécaniques », accusés d’y introduire le désordre et d’en disqualifier le jugement35. Il en est ainsi de l’assemblée électorale nantaise, cas aberrant où l’oligarchie municipale ne parvient pas à réformer un système direct au XVIIIe siècle36. L’évolution angevine illustre une juxtaposition de solutions opposées dans un système indirect, certaines assemblées paroissiales recevant un règlement de fermeture alors que d’autres, plus périphériques, demeurent fidèles au principe de libre entrée des chefs de feu37. L’idéal qui prévaut est de faire coïncider la sphère sociale des électeurs avec celle des éligibles, soit de manière nette et brutale, soit de façon plus souple en ménageant une place secondaire à des représentants de l’élite populaire.
20Cependant, dans les deux cas, force est de constater que le nombre de participants demeure toujours très inférieur aux ayants-droit. Plusieurs causes conjuguent leurs effets. Faut-il mettre en premier une intériorisation du discours dévalorisant tenu par les notables ? Celui-ci est ancien, déjà présent dans les derniers siècles médiévaux, avec la distinction des « bonnes gens » dont les avis sont à privilégier38. Cette qualification s’appuie sur une appréciation principalement morale mettant en valeur l’éthique, la sagesse, la droiture beaucoup plus qu’une assignation d’échelle sociale, ce qui change avec l’avancée dans l’époque moderne. La symbiose croissante entre les critères de dignité de la fonction et de richesse acquise ne pouvait qu’y contribuer, en défaveur des catégories populaires. L’accroissement du fossé culturel entre les élites et le peuple malgré les progrès de l’instruction et de l’alphabétisation, principalement manifesté dans l’étiolement des loisirs partagés dans l’espace public et le retrait des « importants » au sein de cercles culturels fermés, rend de plus en plus intolérable la mixité sociale dans les assemblées de ville. On peut y ajouter une expérience désagréable d’inutilité et de marginalisation dans les assemblées générales étant donné le mode très hiérarchisé de la distribution de la parole39, réduisant au rôle de simple caution de solutions élaborées par les détenteurs de l’autorité.
21Ceci soulève la question des motivations de ceux qui continuent à les fréquenter : reconnaissance symbolique de la dignité de citoyen, inclusion dans un parti pour soutenir un notable avec lequel s’est construit un lien de dépendance ou dont on espère partager une partie de l’honorabilité40 ? On peut y lire aussi un effet secondaire de la bureaucratisation progressive de l’administration municipale sous l’influence de l’intendance et du glissement de l’État de justice à l’État de finances, même si le xviiie siècle voit une correction qui ne parvient guère à se concrétiser dans la réforme du contrôleur général L’Averdy en 1764-176541. N’oublions pas l’importante rotation démographique qui caractérise les villes d’Ancien Régime les plus dynamiques, avec un très important flux d’immigration qui dépasse largement les sorties d’émigrants, entretenant une partie importante de la population sans enracinement ancien, mal fixée dans l’espace urbain, sans accès à une propriété même minime, véritable vivier de précarité.
22La forme la plus accomplie de la citoyenneté vient avec l’éligibilité consacrée par l’élection aux échevinages ou consulats. Dans les villes du Languedoc, où le statut de bourgeoisie correspond au droit d’« habitanage », la notion de bourgeois est intimement liée au passage par les charges consulaires42. À Bordeaux, le titre de citoyen valorise les anciens jurats, avec une extension aux juges du consulat commercial. S’il est vite adopté par les marchands et les avocats, il finit par être repris par les gentilshommes au XVIIIe siècle43. Le monde de la notabilité municipale apparaît ainsi formé de trois cercles concentriques, le premier tracé par la frontière informelle, mais connue localement, qui fait sortir des conditions sociales jugées contraires à l’éligibilité par l’élite urbaine, le second issu du procédé électif de la cooptation, le dernier rassemblant les élus en charge et anciens.
23La jonction entre les deux derniers cercles dépend d’un choix local de laisser la liberté au corps électoral de composer selon ses suffrages la sociologie du gouvernement de la ville ou par opposition de l’existence d’une règle coutumière de composition sociale idéale, censée garantir une représentation équilibrée des catégories jugées pleinement citoyennes et par là même entretenir la concorde sociale urbaine. La tradition de répartition des charges de consul dans la France du sud selon des échelles regroupant des états sociaux ou des qualifications professionnelles jugés proches en est la plus belle illustration44. Le modèle le plus fréquent associe la noblesse urbaine, le monde du droit et la marchandise supérieure45. L’appareillage institutionnel a des conséquences importantes à travers la densité d’offices anoblissants. Dans les capitales provinciales parlementaires, le retrait par jugement hautain des officiers de cette cour d’appel, qui entraîne par mimétisme celui des officiers moyens, favorise la présence des avocats et des procureurs46. Dans les villes sans parlement, ces mêmes officiers moyens sont au contraire très fiers de leur participation à la direction du corps de ville47.
24La condition sociale supérieure n’explique pas tout. Dans chaque groupe d’éligibilité, des individus et des familles s’intéressent aux responsabilités municipales quand d’autres les ignorent. Cela renvoie à la dynamique sociale et à la position de chacun dans le modèle d’ascension dans la société d’Ancien Régime. Il ne faudrait pas négliger les motivations personnelles ou les traditions familiales, où les formes de culture, principalement religieuses ou philosophiques, tiennent le civisme urbain en haute estime48. L’engagement dans les échevinages et les consulats ne se résume pas à la pure stratégie de l’ambition sociale, mais relève sûrement pour les meilleurs et les plus actifs d’un devoir moral de service public du bien commun.
II. La citoyenneté de mobilisation d’action directe dans l’espace public
25Le retrait, la marginalisation et l’exclusion de l’exercice de la citoyenneté institutionnelle ne signifient pas nécessairement une inexistence ou une disparition de cette conscience, mais recouvrent plutôt une mise en sommeil en temps ordinaire, avec possible réactivation en temps de crise. Elle surgit en mobilisation collective impulsant une protestation revendicatrice dans l’espace public. L’historiographie a beaucoup discuté sur la nature communautaire ou proto-lutte de classes de ces mouvements sociaux urbains d’Ancien Régime49. La principale difficulté vient du biais originel de la documentation écrite qui provient pour l’essentiel des opposants qui s’expriment dans une intention de disqualification. En renversant le point de vue, cette étude cherche à caractériser les motivations et les comportements des protestataires en action, dans une perspective d’interaction avec l’expression institutionnelle, entre antithèse et porosité.
A. Réaction civique face à la rupture d’un contrat moral
26L’acceptation de la mise à l’écart se fait sur l’intériorisation d’un double discours, celui sur la hiérarchisation comme vertu cardinale de toute construction sociale, y compris dans l’expression des opinions, et celui sur la défense du bien commun, de l’intérêt général et de la concorde sociale dans un devoir de justice reçu en délégation royale, elle-même d’origine divine. Il s’ensuit une culture de la réciprocité adossée à la logique du don contre don, associant la réservation de l’autorité à la « saine et maire partie » des habitants en échange d’une mission protectrice, dans une reproduction à l’échelon urbain de la figure paternelle du roi50. Dans cette perspective, la vie municipale vue par le plus grand nombre d’habitants, et spécialement tous ceux qui ne parvenaient pas à s’insérer dans un exercice formel de citoyenneté, même minime, pourrait bien être perçue comme une variation spécifique de la notion de contrat social qui a tant préoccupé la réflexion philosophique et politique à l’époque moderne. Cette approche populaire du politique n’a pu qu’être influencée par l’évolution de l’idéologie monarchique en France, tant le pouvoir municipal était pensé comme une autorité mitoyenne, à la fois populaire et royale51. Si l’idée contractuelle s’accorde bien avec le modèle des « bonnes villes » au temps de l’entente cordiale entre le roi et les autorités municipales52, elle s’étiole avec la progression de la figure de la « ville royale » où les privilèges ne sont plus négociés mais de pure grâce royale, au moins dans la rhétorique des juristes royaux53. Le calendrier de cette mutation demeure difficile à établir, non seulement parce qu’il se révèle divers à l’échelle du royaume, mais aussi parce que les deux références se sont toujours partiellement entremêlées, soit comme préfiguration, soit comme héritage. Du point de vue du respect des autorités publiques au sein de révoltes urbaines, une dégradation semble s’être accélérée de 1635 à 167554.
27Cette perception d’une rupture d’un contrat moral est d’autant plus diffuse dans le corps social qu’elle découle du discours religieux fondant la légitimité des communautés politiques sur le droit naturel d’origine divine, approche dont les fondements sont à rechercher dans le thomisme et l’approfondissement de ses présupposés dans la scholastique théologique du XVIe siècle. La verticalité sociale va de pair avec l’association des privilèges, pensés comme les libertés fondamentales, à la sûreté, justification reconnue de tout exercice d’autorité publique. Lorsque la survie est en question, soit matérielle par la hausse excessive des prix des produits de base ou plus encore par la menace de la famine, ou par une augmentation jugée disproportionnée de la fiscalité, soit religieuse par peur de l’hérésie et de l’éloignement du salut, il advient qu’une partie de la population considère que les autorités publiques sont défaillantes, que le pacte politique a été rompu et qu’il est légitime d’entrer en action pour le faire savoir et obtenir sa restauration55. On a parlé du « devoir de révolte » comme composant majeur de la culture nobiliaire de la première modernité, dans une perspective d’avertissement d’une rupture du lien congénital entre le roi et sa noblesse et d’une demande de rétablissement56. Pourquoi une attitude de même nature ne pourrait-elle pas concerner le peuple, en protestation contre une injustice contraire à l’ordre naturel du politique, dans une sollicitation de sa restauration57 ?
28La plupart des villes ont connu ces rébellions dites populaires dont les plus célèbres sont la grande Rebeyne de Lyon en 1529, l’extension de la révolte des Pitauds à La Rochelle en 1542 et surtout à Bordeaux en 154858, le soulèvement des Lanturlus à Dijon59 et des Cascavéous à Aix-en-Provence en 1630 et l’enchaînement depuis Bordeaux (1635)60, Rouen (1639)61, Tours (1643), Montpellier (1645) jusqu’à l’année terrible de 1675 (Bordeaux, Nantes et Rennes)62, en passant par le pic de la Fronde et de ses séquelles (Paris, 164863 ; Bordeaux, 165364 ; Angers, 165665 ; Marseille, 1660). L’historiographie a longtemps opposé une première modernité, caractérisée par la répétition régulière des révoltes urbaines jusqu’en 1675, et une seconde modernité marquée par la contagion de l’obéissance avant la surprise brutale de 178966. La grande enquête de Jean Nicolas a montré qu’il n’en était rien, même si l’ampleur sociale de la mobilisation a baissé d’intensité et que les archives reflètent peut-être plus une montée d’inquiétude des pouvoirs publics locaux qu’une poussée combative populaire. Après une réduction depuis les années 1660, le mouvement se redresse dans les années 1690 pour culminer vers 1710, entre de nouveau en décélération jusqu’en 1740, date où il repart à la hausse, modérément jusqu’en 1765, dans une intensité croissante jusqu’en 178967. Les citadins, qui ne font que 15% de la population, sont à l’origine de 40% des troubles recensés, et même 60% en y ajoutant les bourgs ou 70% en ne prenant que les mobilisations de plus de cinquante personnes. Mais déjà, dans la Provence des années 1596-1635, 60% des rébellions ont concerné seulement huit villes, dont Marseille (21 crises) et Aix‑en‑Provence (15)68.
B. Les formes d’expression d’une citoyenneté d’action directe
29Des bruits et murmures à l’émotion, du tumulte à la fureur, de la rébellion à la sédition, la sémantique se révèle riche dans la description de la contestation de rue par les élites urbaines. L’enclenchement et le mécanisme de la contagion ont depuis longtemps fasciné les historiens, attentifs à définir l’étincelle réveillant des causes dormantes qui facilitent l’engrenage. L’exercice n’est pas si aisé qu’il n’y paraît, car les mots d’ordre changent au long de la progression du mouvement social, ce qui conduit à s’intéresser davantage au comment plutôt qu’au pourquoi. Il s’agit d’une mobilisation de foule dans laquelle l’insertion des individus dans un groupe en action favorise l’exaltation, le dépassement de soi et la griserie de la force collective69. Dans l’espace urbain, les informations circulent très vite, dans une gamme très ouverte allant des faits réels aux rumeurs infondées. L’escalade verbale et gestuelle s’alimente à la symbiose de tous ces excitants psychologiques où la peur a autant d’importance que le sentiment de la juste cause.
30Si l’action associe des bandes autonomes, elle n’est pas un désordre furieux comme aiment à le dénoncer les élites urbaines. Leurs témoignages parlent de bataillons, renvoyant à l’expérience milicienne, obéissant à des chefs. L’émergence des meneurs reste difficile à décrire, de même que leur identité sociale, car ils se cachent volontiers sous des surnoms. Une fausse piste est de prétendre les identifier à partir des sanctionnés par la justice royale, car une bonne partie s’est prudemment fondue dans la masse à la fin du processus ou a trouvé suffisamment de complicités pour s’enfuir70. La présence déterminante des femmes et des enfants singularise plutôt les accès de colère devant la flambée des prix alimentaires71, les seconds ajoutant leur présumée innocence pour justifier la cause, comme il en a été lors des massacres dans les guerres civiles et religieuses de la seconde moitié du xvie siècle. La géographie rébellionnaire illustre une claire conscience des lieux de pouvoir : les parcours, y compris les cortèges macabres de punition des traitres, associent toujours l’hôtel de ville et la principale cour de justice de la ville, le siège de l’intendance, et naturellement les bureaux de perception et les maisons des traitants lors des émeutes antifiscales72.
31La violence fait partie intégrante des modalités d’action, ce qui ne doit pas étonner tant elle est présente dans la vie ordinaire, surtout dans la première modernité73. Son repli, mesuré par les études historiques sur la justice qui montrent un déport des crimes sur les humains vers les biens, diminue l’intensité des engagements au XVIIIe siècle, sans en changer la nature car elle n’a jamais été aveugle, mais toujours ciblée contre les présumés acteurs et complices de l’injustice. Elle vise en premier lieu les supposés accapareurs dans les crises frumentaires et les traitants dans la contestation antifiscale, s’en prenant d’abord à leurs commis ou domestiques dans un premier temps pour une raison d’accessibilité, avant de viser leurs maisons dans un second temps, alors que leurs résidents ont pris la précaution de se retirer à l’abri. Du point de vue d’une identité communautaire de simples habitants, ces derniers symbolisent la trahison et l’abandon du pacte politique moral, méritant une punition exemplaire légitimée par une culture des représailles74.
32Cette violence est d’abord verbale avec des torrents d’injures, puis physique au sens d’affrontements d’agrégations humaines, psychologique avant d’être matérialisée, et ne répugne pas au sac et à l’incendie des maisons, avec des dérapages aboutissant à des morts. Il s’agit d’une mobilisation armée, dans un mélange d’ustensiles du quotidien et d’outils de travail, mais aussi de véritables armes blanches ou à feu, illustrant la militarisation de nombre de foyers à partir des exigences d’équipement milicien75. La violence demeure encadrée par des rituels, soit d’origine festive en reprenant les habitudes des défilés de mise en scène de l’inversion de l’ordre social comme les charivaris ou les carnavals76, soit d’origine institutionnelle en s’inspirant des pratiques de la justice royale. Les procédures de médiation empruntent aux méthodes de l’exercice de la citoyenneté ordinaire dans les structures de base de la vie communautaire, par transfert d’expérience.
33De ce point de vue, le jeu de l’oralité, censé caractériser la culture des analphabètes et informer par là même les pratiques populaires, et de l’écrit, réputé apanage des élites sociales dans sa maîtrise approfondie et son usage protéiforme, s’avère en réalité très complexe77. La destruction des papiers par le feu illustre la persistance d’une méfiance, outre la symbolique du geste. La recherche de la publicité de l’espace public pour la négociation dans laquelle les échanges verbaux gardent une importance stratégique signale une approche culturelle partagée des pratiques politiques de temps de crise entre les antagonistes. La publication des accords s’inscrit dans les habitudes des cris institutionnels dans les principaux lieux publics. Pourtant, le recours aux placards comme outils de mobilisation est ancienne comme l’indique leur rôle déclencheur dans la grande Rebeyne de Lyon en 1529. La lecture collective commentée, vieille pratique d’accès à l’information écrite de la vie ordinaire, endosse en temps de crise un rôle stratégique de mobilisation, phénomène récurrent et fort surveillé dans toutes les révoltes urbaines du XVIIe siècle.
C. Mobilisation d’action directe et fracture sociale
34L’expression classique de révoltes populaires pour désigner les mobilisations d’action directe des habitants a le mérite de souligner une participation principalement fournie par les différentes strates du peuple urbain, avec une adjonction marginale et variable dans le temps de certains membres de catégories sociales supérieures. Outre que les notions de peuple et d’élites demeurent trop vagues, les avancées de la recherche ont montré combien les formes de participation à la contestation ou à son rejet étaient diverses et variables, y compris pour un même individu. L’observation des modifications de comportement des divers acteurs dans la trajectoire d’une mobilisation citoyenne est un préalable pour une bonne compréhension du phénomène.
35Le croisement le plus diversifié possible des sources montre que ce n’est pas le menu peuple, le plus menacé par la précarité, qui constitue l’aile marchante de la contestation. Il s’agit plutôt de la partie supérieure, bien intégrée dans les corporations de métier, riche pour certains d’une expérience citoyenne dans le cadre paroissial et/ou milicien. La mobilisation de rue est d’ailleurs facilitée par la fermeture des boutiques et des ateliers qui libère ainsi une quantité de travailleurs porteurs de toute la culture corporative du métier, y compris ses modes internes de fonctionnement associant règlement protecteur, élections des jurés ou des gardes, procédures de délibération78. Les autorités ont claire conscience de cette réalité, à l’image du gouverneur d’Albret et de l’intendant De Sève à Bordeaux au printemps 1675, qui se préoccupent de faire revenir les bayles des métiers dans le droit chemin79.
36Parmi les acteurs de terrain, la documentation donne à voir des membres de la petite bourgeoisie, relevant surtout de l’univers du droit et de la justice : procureurs, greffiers de petits tribunaux, huissiers, notaires, soit la basoche inférieure, augmentée de quelques marchands détaillants, voire de quelques prêtres habitués ou vicaires de paroisse. Ici, c’est la question de la dynamique sociale qui semble majeure, soit qu’elle soit enrayée par un horizon bouché, soit qu’elle soit renversée vers une dégradation, entre réalité et crainte que cela n’advienne. Les expressions plus personnelles, surtout livrées par les correspondances et les écrits du for privé, rendent compte d’hésitations, dans un mélange d’adhésion aux mots d’ordre et de réticence à la forme, certaines critiques de plume ne débouchant jamais dans un basculement dans l’action.
37La question de la spontanéité ou de la manipulation des contestations urbaines a été posée immédiatement par les contemporains. On peut comprendre la prudence des institutionnels locaux, soucieux de se dédouaner devant le pouvoir royal, pour qui toute protestation qui dure, en restant sourde à leurs appels au retour à l’ordre qu’ils incarnent, ne peut être qu’orchestrée par des partis clientélistes dérogeant ainsi à l’idéal communautaire de concorde. Toutes les figures sont possibles et les grandes crises d’autorité comme la Ligue ou la Fronde sont riches d’exemples80. Certains enclenchements sont manifestement spontanés par rassemblements sur les marchés, les places ou devant les boutiques débitant les produits nouvellement taxés, voire même à partir des tavernes ; d’autres sont préparés par un petit groupe, sans que cette tactique se concrétise automatiquement. Toute écriture un peu élaborée d’un catalogue revendicatif provoque des réactions de suspicion de manipulation chez les adversaires, jetant ainsi un éclairage sur les préjugés concernant le fossé culturel entre les peuples et les élites.
38Toutes ces observations conduisent à caractériser le mouvement protestataire comme un front social situé au-dessous de la frontière haute de la stratification sociale urbaine, celle séparant l’élite urbaine de la couche médiane, celle qui place la première hors de la menace de crise économique et sociale quelque soit la variation du contexte et qui permet même aux plus spéculateurs d’agir en profiteurs des malheurs des plus faibles, alors que la seconde subit ou craint de subir une régression. L’aile marchante de ce front se positionne au-dessus de la seconde frontière fondamentale séparant la couche médiane urbaine du menu peuple des précaires. D’un côté, le cumul de l’accès à la propriété, de la richesse, de la dignité des activités, d’une instruction poussée et de l’exercice des principales responsabilités communautaires ; de l’autre la masse de ceux qui en sont exclus. Entre les deux, les acteurs de la citoyenneté protestataire dénonçant la rupture du pacte communautaire81.
39Les variations d’attitude au sein de la milice bourgeoise éclairent bien les mécanismes d’élargissement ou de rétrécissement de ce front. Dans la phase d’engrenage, la contagion est facilitée par les difficultés à mobiliser l’ensemble des citoyens-soldats de la milice. Les autorités demeurent prudentes car seule une petite minorité des compagnies paraît fiable, les autres étant trop divisées ou majoritairement en faveur des révoltés82. Le principal point de bascule survient lorsque la radicalisation du mouvement ne respecte plus la propriété privée en perdant sa légitimation de cibles contre des traitres par extension à des nouveaux riches, semblant ainsi remettre en cause le fondement même de toute mobilité sociale. Une partie des maîtres des métiers, et tout spécialement les jurés qui fournissent aussi les cadres intermédiaires de la milice, se sentent alors menacés et rejoignent les forces du maintien de l’ordre, accélérant le processus de démobilisation à travers leur patronage social. On a parlé de complicité et d’ambiguïté, les historiens épousant un peu vite les jugements des contemporains. Dans la phase de relative inaction qui favorise la contagion, il ne faut pas sous-estimer la paralysie par la peur, conduisant à la discrétion pour ne pas être rangé sur la liste des suspects. Lorsque cela ne suffit plus à garantir la sécurité, la réaction contre les excès de la radicalisation s’impose83. Ces variations des membres de la structure milicienne renvoient surtout à leur appartenance à la couche médiane de la société urbaine, entretenant les contradictions d’intermédiaire, ce qui explique le glissement d’une attitude empathique à une réprobation.
III. Citoyenneté et construction sociale d’une identité territoriale
A. Les nobles, bourgeois, manants et habitants
40Ces désignations entrent le plus souvent dans la formulation classique utilisée par le pouvoir royal pour s’adresser aux communautés urbaines à travers leurs municipalités. Il ne s’agit pas d’une vision sociologique répartissant les habitants en quatre catégories, mais d’une légitimation d’une frontière juridique dans la reconnaissance de la citoyenneté par association des termes deux à deux84. D’un côté, ceux qui ne peuvent s’appuyer que sur le principe de résidence, mais qui sont intégrés dans les missions confiées par le roi aux autorités municipales ; de l’autre, une partie supérieure où le lien à la ville ou au bourg est associée à une noblesse, c’est-à-dire à une condition sociale privilégiée supérieure, en même temps locale et validée par la grâce royale. Le roi, qui ne connaît que des sujets à l’échelle de son royaume, reconnaît ainsi des citoyens de deux niveaux dans ses villes conceptualisées comme des entités politiques mitoyennes, à la fois populaires et royales. Dans sa législation et dans sa délégation de pouvoir aux autorités municipales, le pouvoir royal distingue deux formes d’appartenance communautaire: une passive et inférieure, fondée sur la seule résidence, reconnaissant l’apport économique, social et culturel au développement de l’ensemble urbain, ouvrant droit à bénéficier de l’action et des ressources municipales, de parenté conceptuelle avec la citadinité des villes italiennes85 ; une active et supérieure, identifiée avec le privilège de citoyenneté institutionnelle.
41Il existe une grande variété de définitions du droit de bourgeoisie à l’échelle du royaume, depuis des approches statutaires, plus ou moins fermées86, et des coutumières, beaucoup plus ouvertes. Si la hauteur des exigences varie, les critères restent les mêmes, associant enracinement familial ancien, de parenté directe ou par alliance matrimoniale, durée de résidence pour les nouveaux venus, jouissance d’un bien immobilier d’une certaine valeur, durée d’activité au sein de l’ensemble urbain et par-dessus tout cooptation sociale87. Dans le Languedoc, la durée de résidence varie de dix ans à Narbonne à un an et un jour à Montpellier, contre cinq ans à Toulouse88.
42L’accessibilité aux privilèges n’est pas qu’une question de gradation de fermeture statutaire. Elle dépend également de la position socio-économique qui rend certaines dispenses très intéressantes ou totalement virtuelles. Les exemptions de taxations locales sur l’importation des produits tirés des exploitations rurales ou les avantages de priorité de calendrier dans leur mise en vente, tout spécialement les vins, intéressent les propriétaires, tous ces sieurs qui ont investi dans le foncier autour de la ville, dans une densité déclinante en proportion de l’éloignement. Cela peut couvrir large89, y compris la frange de la population urbaine s’adonnant au travail rural dans la banlieue proche (jardiniers, maraîchers, vignerons), mais principalement les marchands de produits de luxe ou en gros et les officiers royaux et professions libérales, soit le monde de l’éligibilité municipale. Quand il s’agit de l’exemption du franc-fief ou du ban et l’arrière-ban, renvoyant vers le marché des seigneuries, c’est beaucoup plus sélectif.
B. Citoyenneté et police urbaine
43La citoyenneté ne se résume pas à un principe abstrait renvoyant à diverses formes de participation à la vie publique communautaire, à différents étages. Le champ d’action et les compétences de la municipalité ne s’arrêtent pas à la frontière de la bourgeoisie, entendue au sens de juridiquement privilégiée, mais concernent et englobent tous les résidents de l’espace urbain, amenés à contribuer aux finances locales, beaucoup plus par le biais des octrois municipaux que par des levées directes qui demeurent pensées comme extraordinaires. C’est bien ainsi que l’entendent les protestataires de l’espace public qui ne sont pas parvenus à s’insérer dans les corps de voisinage agissant à la frontière de l’informel et de l’institutionnel.
44La citoyenneté ne prend consistance que dans la gestion des réponses apportées aux grands problèmes de la vie des habitants dans un espace urbain durant les trois siècles de l’époque moderne, c’est-à-dire dans la police urbaine au sens le plus global du terme. Selon les époques, les priorités d’action n’ont pas été les mêmes, déterminées par les urgences imposées de l’extérieur90. Dans la première modernité, les questions de sûreté ont dominé la scène, du quadruple point de vue de l’approvisionnement en temps de crise climatique et de la maîtrise publique du juste prix par le contrôle du marché, du traitement municipal de la question de la pauvreté en se substituant partiellement aux institutions religieuses, de l’endiguement des vagues épidémiques successives et de la sécurisation militaire en temps de guerre civile et de révoltes nobiliaires. Cette accumulation des problèmes est sanctionnée par un endettement massif des municipalités, aggravé par le marchandage croissant de la prorogation des privilèges communautaires, justifiant leur mise sous contrôle financier des intendants par le contrôleur général Jean-Baptiste Colbert autour de 1670 afin de préserver leur rôle de relais de l’État dans la gestion de son crédit.
45Après la transition du règne de Louis XIV où le retrait de la peste fait baisser la menace épidémique et la sanctuarisation du royaume renvoie la pression militaire sur les villes frontières, la collaboration entre les municipalités et l’administration étatique fait progresser les politiques d’anticipation dans la constitution de réserves céréalières et de redistribution à échelle régionale ou interrégionale. Le recentrage du financement des hôpitaux sur les édifices grâce à un recours prioritaire aux dons et legs charitables pour le fonctionnement prétend répondre aux exigences sociales et morales du soin des malades pauvres et de l’enfermement des pauvres valides. L’essor du grand commerce et des activités manufacturières, comme le retour à un cycle économique favorable à l’investissement, soutiennent une expansion démographique assez générale, bien qu’inégale selon les villes. La montée en puissance des programmes d’embellissement urbain, en forme pionnière en Provence avec Aix-en-Provence et Marseille dans les années 166091, de manière plus affirmée dans les grands ports dans les années 1720 et plus généralisée dans l’ensemble des villes dans la seconde moitié du XVIIIe siècle92, impose cette question comme sujet central pour les communautés urbaines, avec évidemment une intense compétition institutionnelle pour en contrôler le processus93.
46Du point de vue des habitants, ce nouvel horizon de transformation du paysage urbain fait surgir au premier plan la question du droit de propriété foncière et immobilière. Des syndicats de possédants biens de voisinage se constituent devant notaire afin d’acquérir la personnalité morale leur permettant d’entreprendre des actions en justice qui s’accompagnent d’argumentaires appelant des réponses des municipalités. Le suivi de ces affrontements autour de la fiscalisation et du droit d’initiative à Marseille des années 1680 à la fin du XVIIIe siècle illustre le jeu de maniement des mêmes notions d’intérêts privé et général, de droit particulier et du bien commun, du respect de l’initiative privée et de la légitimité de l’autorité publique, débats à la substance éminemment communautaire94. La reconstruction d’une grande partie du centre de Rennes après l’incendie de 1720 a suscité un tollé quasi général des propriétaires dressés contre l’idée première de l’administration royale d’effacer l’ancien parcellaire afin de reconstruire au plus près des normes urbanistiques valorisées par les chantiers parisiens du XVIIe siècle95. L’ajout de l’embellissement urbain comme champ de compétence majeur a fait ainsi fait progresser le droit de propriété dans une conscience citoyenne96, entre mobilisation d’action directe et action para-institutionnelle, ce qui s’est traduit par l’émergence des procédures de consultation publique97.
C. Citoyenneté et emboîtement d’échelles
47Les formes d’exercice de la citoyenneté institutionnelle et de mobilisation d’action directe ont ceci en commun qu’elles renvoient à un horizon communautaire local. Pourtant, personne n’oublie qu’il ne s’agit pas de cité-État, mais d’organes particuliers dans le grand corps du royaume dont le roi est la tête. La circulation des images mentales au sujet de la mission de protection révèle la conscience de ce dualisme. De même que le roi se présente et est considéré comme le père de son peuple ou son premier boulanger, de même les panégyriques adressés aux échevins et aux consuls les valorisent pour les mêmes qualités. Dans les émotions antifiscales, les protestataires se mobilisent au cri de « Vive le roi sans gabelle », tout en cherchant un soutien du côté de l’hôtel de ville autant qu’auprès du gouverneur et de la plus haute cour de justice royale.
48L’essence corporative du sociopolitique sous l’Ancien Régime favorise l’identification communautaire à travers la médiation municipale car cette institution à l’avantage d’être en position surplombante et englobante par rapport à tous les autres corps de dimension sociale ou géographique plus limitée. Les échevinages ou les consulats ou les « magistrats » du Nord incarnent au mieux le corps de ville dont ils sont la tête pensante. Toutefois, le modèle monarchique français a ceci de spécifique par rapport à ses voisins européens qu’il s’est construit dans une certaine défiance vis-à-vis de l’institution municipale, développant en parallèle et en concurrence une administration étatique d’officiers royaux dont les points d’ancrage sont dans les villes. Dès le XVIe siècle, les élites urbaines se trouvent donc en position de choisir entre une identification municipale, renvoyant vers un modèle étatique plutôt décentralisé, et un investissement de l’État, afin de profiter des bénéfices de sa montée en puissance98. Le rétrécissement du front social protestataire à partir du règne de Louis XIV montre combien la seconde option l’a emporté. Une fracture croissante sépare ceux qui perçoivent les initiatives étatiques comme une intrusion menaçante pour les privilèges communautaires et ceux qui considèrent l’État comme une puissance de redistribution dont il faut tirer profit99.
49La répartition des compétences de la police urbaine est un champ concurrentiel, stabilisé à travers divers compromis au XVIIe siècle, avant que la création de l’office de lieutenant général de police en 1699, en imitation de l’initiative parisienne de 1667, ne vienne relancer la rivalité, limitée toutefois par l’encadrement de l’intendance. Dans les réalités urbaines, ce schéma binaire trop simpliste se complique puisque, sous le double effet de recherche d’honorabilité, les logiques institutionnelle et familiales convergent pour favoriser l’entrisme des officiers ou de leurs dépendants dans les gouvernements urbains. Un maire, officier du roi, est ainsi porteur de deux horizons d’identification. On peut penser qu’il a existé autant qu’équilibres que de personnalités, avec une forte influence du contexte général et local.
50La progression d’une centralisation administrative, surtout à partir du règne personnel de Louis XIV, a-t-elle favorisé un certain phagocytage de l’institution municipale par l’administration centrale et ses ramifications à travers l’action des intendants et de leurs subdélégués ? Cela semble être le cas dans la capitale où le prévôt des marchands et les échevins sont devenus des rouages dans un processus de bureaucratisation en perdant, à partir du milieu du XVIIIe siècle, l’autonomie que pouvait préserver un riche capital social, dans un processus de décrochement par rapport à l’élite corporative incarnée par les Six Corps100. Cette orientation ne peut être dupliquée automatiquement à l’échelle provinciale où la volonté de réduire l’influence des parlements pousse à soutenir le renforcement des institutions municipales, sous la protection de l’intendance, au moins dans les villes sans parlement, avec en toile de fond les compétences dans le domaine de l’embellissement urbain, comme l’illustre en Bretagne l’opposition entre Nantes et Rennes101. La réforme L’Averdy, qui entendait revitaliser la substance corporative des municipalités, au bénéfice de la citoyenneté élective102, peut être interprétée, à côté d’autres finalités, comme une tentative de diversion pour satisfaire à l’échelle des communautés urbaines le désir montant d’une participation à la vie politique que la monarchie refusait à l’échelle du royaume103. Sa difficile mise en application, au prix d’exemptions ou d’amendements plus ou moins importants, montre combien l’imaginaire politique urbain restait attaché au particularisme qui lui semblait toujours la meilleure garantie de protection de la concorde sociale.
51En ne restant pas prisonnier des jugements de valeur renvoyant à une vue d’en haut, mais en saisissant au mieux l’ensemble des habitants en action, à partir d’une vue d’en bas, il devient possible de distinguer deux formes d’expression de la citoyenneté dans les villes françaises d’Ancien Régime : un exercice inégal au sein des institutions corporatives urbaines et une mobilisation protestataire dans l’espace public. Ces deux réalités cohabitent, sous forme antagoniste, tout en s’interpénétrant à travers les transferts d’expérience de certains acteurs de la première vers la seconde. Dans son rejet, la citoyenneté d’action directe façonne à son tour la pratique institutionnelle, en accélérant l’exclusion des « mécaniques » dans les instances supérieures de la citoyenneté légale.
52Ce dualisme et ces interpénétrations sont facilités par la mission globale des municipalités qui doit répondre aux besoins de tous les habitants, en partageant les charges et les protections, dans la perspective du maintien de la concorde des états sociaux. Dans l’imaginaire communautaire, le corps de ville englobe tous les autres corps urbains, de définition plutôt géographique ou sociale, en forme de construction pyramidale appuyée sur trois grands piliers que sont les paroisses et leurs annexes de corps de rue pour la bienfaisance, les compagnies miliciennes, organisation civique associant sécurité urbaine, solidarité de voisinage et verticalité sociale, et les corps de métier fondant l’intégration sociale sur une vision globale à partir du travail. La communauté de ville est par ailleurs travaillée par sa double essence, à la fois populaire et royale, ce qui engendre des comportements variés quant à l’engagement citoyen des individus et des familles.
53Sur les trois siècles, ce dualisme citoyen associe d’abord la sûreté aux libertés urbaines, entendues comme des privilèges collectifs du lieu, dans des définitions sociales variables selon les formes d’affirmation de la citoyenneté, avant d’y associer de plus en plus la notion de propriété, dans un formatage relevant du principe admis de la qualification des opinions selon la verticalité sociale. L’exercice de la citoyenneté obéit au principe d’honorabilité, tout en contribuant à sa production, et ceci à tous les étages de la société urbaine.
Notes de bas de page
1 A. Rigaudière, Gouverner la ville au Moyen Âge, Paris, Anthropos, 1993, p. 21-51. M. Boone, S. Cerutti, R. Descimon et P. Maarten, « Introduction: Citizenship between individual and community, 14th‑18th centuries », dir. M. Boone et P. Maarten, Statuts individuels, statuts corporatifs et statuts judiciaires dans les villes européennes (Moyen Âge et temps modernes), Louvain/Apeldoorn, Garant, 1996, p. 3‑10.
2 R. Descimon, « Le discours de la représentation bourgeoise et l’Hôtel de Ville de Paris. Aperçus synoptiques du xvie au xviiie siècle », dir. L. Croq, Le prince, la ville et le bourgeois, Paris, Nolin, 2004, p. 203-221. N. Lyon‑Caen et M. Marraud, « Multiplicité et unité communautaire à Paris », Histoire urbaine, 2014, n° 40, p. 30‑35.
3 G. Saupin, « Le pouvoir municipal en France à l’époque moderne. Bilan historiographique des vingt dernières années », dir. P. Hamon et C. Laurent, Le pouvoir municipal de la fin du Moyen Âge à 1789, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2012, p. 15‑54.
4 O. Christin, Vox populi. Une histoire du vote avant le suffrage universel, Paris, le Seuil, 2014 ; « À quoi sert de voter aux XVIe-XVIIIe siècles ? », Actes de la recherche en sciences sociales, 2001/5, n° 40, p. 21‑30.
5 C. Topalov, « Langage, société et divisions urbaines », dir. C. Topalov, Les divisions de la ville, Paris, Éditions Unesco/Éditions de la MSH, 2002, p. 375-440.
6 A. Torre, Luoghi. La produzione di località in età moderna e contemporanea, Romme, Donzelli Editore, 2011, p. 3-5, 211-250 ; « Les lieux de l’action : transcription documentaire et contexte historique », dir. N. Bombart et A. Cantillon, Localité, localisation des écrits et production locale d’actions, Les dossiers du Grill, 2008-1 : http://dossiersgrill.revues.org. J. Morsel, « Appropriation communautaire du territoire ou appropriation territoriale de la communauté ? Observations en guide de conclusion », Hypothèses, 2006/1, n° 9, p. 89-104.
7 Sur la fresque du Bon Gouvernement peinte vers 1337-1339 dans le palais communal de Sienne, Ambrogio Lorenzotti a représenté la Concorde qui s’empare d’une corde tendue depuis les plateaux de la balance tenue par la Justice et qui tient sur ses genoux un rabot, outil de l’équité.
8 D. Garrioch, Neighbourhood “and Community in Paris, 1740-1790, Cambridge, Cambridge University Press, 1986, p. 4-8, 16-55. M. Vacher, Voisins, Voisines, Voisinage à la fin du XVIIIe siècle – Les cultures du face-à-face à Lyon à la veille de la Révolution, Lyon, Presses Universitaires de Lyon, 2007, ch. 2 : Habiter la ville, p. 63-104.
9 P. Pharo, Le civisme ordinaire, Paris, Librairie des Méridiens, 1985, p. 90-94, 134-139, 196-202.
10 C. Dolan, « Introduction », dir. C. Dolan, Les pratiques politiques dans les villes françaises d’Ancien Régime. Communauté, citoyenneté et localité, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2018, p. 7-19.
11 M. Lussault, L’homme spatial. La construction sociale de l’espace humain, Paris, Le Seuil, 2007, p. 97-110.
12 C. Dolan, « Représenter la communauté à Toulouse au XVIIe et au XVIIIe siècle : la paroisse, le quartier, la rue », dir. C. Dolan, Les pratiques politiques…, op. cit., p. 77-86.
13 L. croq et N. Lyon-Caen, « Le rang et la fonction. Les marguilliers des paroisses parisiennes à l’époque moderne », dir. A. Bonzon, P. Guignet et M. Vénard, La paroisse urbaine du Moyen Âge à nos jours, Paris, Les Éditions du Cerf, 2014, p. 199-244 (203).
14 C. Dolan, « Représenter la communauté à Toulouse… », op. cit., p. 97-101.
15 Ibid., p. 86-97.
16 G. Saupin, « L’ouverture sociale des institutions municipales », dir. G. Saupin, Histoire sociale du politique. Les villes de l’Ouest atlantique français à l’époque moderne (XVIe-XVIIIe siècle), Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2010, p. 66‑69, 81‑83.
17 C. C. Sturgill, « Le rôle des miliciens de Bordeaux de 1722 », Annales du Midi, 1974, t. 86, n° 117, p. 165‑180.
18 R. Descimon, « Solidarité communautaire et sociabilité armée : les compagnies de la milice bourgeoise à Paris (xvie-xviie siècle) », dir. F. Thélamon, Sociabilité, pouvoirs et société, Rouen, Presses Universitaires de Rouen, 1987, p. 599‑610.
19 G. Saupin, « Milice bourgeoise et sociabilité de quartier à Nantes au début du XVIIIe siècle », dir. S. Bianchi et R. Dupuy, La Garde nationale, entre nation et peuple en armes. Mythes et réalités, 1789-1871, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2006, p. 41-57 ; « La milice bourgeoise : relais politique fondamental dans la ville française d’Ancien Régime. Réflexions à partir de l’exemple de Nantes », « éd. » B. Dumons et O. Zeller, Gouverner la ville en Europe, du Moyen Âge au XXe siècle, Paris, L’Harmattan, 2006, p. 73‑89.
20 L. Coste, « Les milices bourgeoises en France », dir. J.‑P. Poussou, Les sociétés urbaines au XVIIe siècle, Paris, Presses Universitaires de Paris-Sorbonne, 2007, p. 175‑188.
21 O. Zeller, Les recensements lyonnais de 1597 et 1636 : démographie historique et géographie sociale, Lyon, Presses Universitaires de Lyon, 1983, p. 60-82.
22 J.-L. Laffont, Policer la ville. Toulouse, capitale provinciale au siècle des Lumières, thèse de doctorat, Université Toulouse 2–Le Mirail, 1997, ch. VII, tome I, p. 735-782 ; « L’évolution de la police communautaire dans la ville des Lumières. Le cas des dizeniers toulousains, 1760-1789 », dir. S. Bianchi et R. Dupuy, op. cit., p. 73-93 ; « La police de voisinage, à la base de l’organisation policière des villes de l’ancienne France », Annales de la Recherche urbaine, 1999, n° 83‑84, p. 23‑30.
23 C. Dolan, « Représenter la communauté… », op. cit., p. 104.
24 R. Descimon et J. Nagle, « Les quartiers de Paris du Moyen Âge au XVIIIe siècle. Évolution d’un espace plurifonctionnel », Annales. Économies, sociétés, civilisations, 1979, 34/5, p. 956-983. M. Demonet et R. Descimon, « L’exercice politique de la bourgeoisie : les assemblées de la Ville de Paris de 1528 à 1679 », dir. C. Dolan, Les pratiques politiques…, op. cit., p. 116‑120.
25 R. Descimon, « Le discours de la représentation bourgeoise… », op. cit., p. 206.
26 G. Saupin, Nantes au XVIIe siècle. Vie politique et société urbaine, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 1996, p. 140‑152.
27 C. Dolan, « Représenter la communauté… », op. cit., p. 106‑107.
28 F. Caron, « L’exercice de la démocratie au quotidien : les débats au sein des assemblées de métiers de Douai et Valenciennes (de Louis XIV à la Révolution) », « éd. » P. Guignet, Le peuple des villes dans l’Europe du Nord-Ouest (fin du Moyen Âge – 1945), Villeneuve d’Ascq, Université de Lille III, 2003, vol. II, p. 355‑368.
29 C. Dolan, Délibérer à Toulouse au XVIIe siècle. Les procureurs au parlement, Paris, Éditions CTHS, 2013.
30 P. Guignet, « Pouvoir municipal et communauté de métier dans les Pays‑Bas méridionaux aux Temps modernes », dir. G. Saupin, Le pouvoir urbain dans l’Europe atlantique du XVIe au XVIIIe siècle, Nantes, Ouest Éditions, 2002, p. 101‑113.
31 A. Leyssens, « Le pouvoir dans la ville. De l’utilisation des corps de métiers par le Magistrat de Dunkerque », dir. P. Hamon et C. Laurent, Le pouvoir municipal…, op. cit., p. 145‑162.
32 C. Fargeix, « La querelle des artisans et des consuls : mémoire, pouvoir et conflit à Lyon au début du XVIE siècle », dir. P. Hamon et C. Laurent, Le pouvoir municipal…, op. cit., p. 253‑269.
33 G. Saupin, « L’ouverture sociale… », op. cit., p. 64‑65.
34 R. Descimon, « La vénalité des offices politiques de la ville de Paris (1500-1681) », Bulletin de la Société d’histoire moderne et contemporaine, 1994/ 3-4, p. 16-27 ; « La vénalité des offices politiques et perpétuels de la municipalité de Paris (procureur du roi, greffier et receveur de la ville) XVIe-années 1750 », dir. P. Hamon et C. Laurent, Le pouvoir municipal…, op. cit., p. 59‑82 ; « Bourgeoisie et communauté : deux notions incompatibles ? », dir. C. Dolan, Les pratiques politiques…, op. cit., p. 178‑179.
35 G. Saupin, « Les artisans dans les corps politiques urbains en France sous l’Ancien Régime », « éd. » P. Guignet, Le peuple des villes…, op. cit., vol. II, p. 369‑380.
36 G. Saupin, « La réforme des élections municipales en France au XVIIIe siècle : réflexions à partir de l’exemple nantais », Revue d’Histoire moderne et contemporaine, 1999, 46‑4, p. 629‑657.
37 J. Maillard, Le pouvoir municipal à Angers de 1657 à 1789, Angers, Presses Universitaires d’Angers, 1984, p. 76‑87.
38 T. Dutour, « Le consensus des bonnes gens. La participation des habitants aux affaires communes dans quelques villes de la langue d’oïl (XIIIe-XVe siècle), dir. P. Hamon et C. Laurent, Le pouvoir municipal…, op. cit., p. 187‑204.
39 C. Fargeix, « La querelle des artisans et des consuls… », op. cit., p. 254.
40 C. Dolan, « Une culture politique en mutation : la nomination des capitouls à Toulouse à la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècle », Annales du Midi, 2017, t. 129, n° 297, p. 5‑28.
41 M. Bordes, La réforme municipale du contrôleur général Laverdy, Toulouse, Publications de la Faculté des Lettres et Sciences humaines, 1967.
42 P. Bonin, Bourgeois, bourgeoisie et habitanage dans les villes du Languedoc sous l’Ancien Régime, Aix-en-Provence, Presses Universitaires d’Aix-Marseille, 2005, p. 427‑446.
43 L. Coste, Messieurs de Bordeaux. Pouvoirs et hommes de pouvoir à l’hôtel de ville (1548-1789), Bordeaux, Fédération historique du Sud-Ouest – CAHMC, 2006, p. 96.
44 P. Bonin, Bourgeois, bourgeoisie…, op. cit., p. 331-368. S. Mouysset, Le pouvoir dans la Bonne Ville. Les consuls de Rodez sous l’Ancien Régime, Rodez/Toulouse, Société des Lettres, Sciences et Arts de l’Aveyron/ CNRS-Université Toulouse Le Mirail, 2000, p. 85‑124.
45 G. Saupin, « Composition sociale des corps de ville », dir. G. Saupin, Histoire sociale du politique…, op. cit., p. 101-115, 130‑139.
46 G. Saupin, « Sociologie municipale des villes de parlement en France au XVIIe siècle », « éd. » G. Aubert et O. Chaline, Les parlements de Louis XIV. Opposition, coopération, autonomisation, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2010, p. 205-226. G. Aubert, « Rennes : robe seconde et pouvoir municipal à l’ombre du parlement », dir. G. Saupin, Histoire sociale du politique…, op. cit., p. 115‑129.
47 G. Saupin, « Fonctionnalisme urbain et sociologie des corps de ville français (XVIe-XVIIIe siècle) », dir. G. Saupin, Le pouvoir urbain dans l’Europe atlantique…, op. cit., p. 235‑258.
48 F.-J. Ruggiu, « Pour une étude de l’engagement civique au XVIIIe siècle », Histoire urbaine, 2007, n° 19, p. 145‑164.
49 G. Aubert, Révoltes et répressions dans la France moderne, Paris, Armand Colin, 2015, p. 3-8, 219-221. Sélection de la bibliographie essentielle.
50 O. Ranum, La Fronde, Paris, Le Seuil, 1995, p. 181‑185.
51 R. Descimon, « Bourgeoisie et citoyenneté… », op. cit., p. 165‑169.
52 B. Chevalier, Les bonnes villes de France du XIVe au XVIe siècle, Paris, Aubier, 1982.
53 Y. Lignereux, Lyon et le Roi. De la « bonne ville » à l’absolutisme municipal (1594-1654), Seyssel, Champ Vallon, 2003.
54 M. Servanton, « Politiques parlementaires de l’émotion populaire : Bordeaux, 1635 », S. Dauchy et alii, Les Parlementaires, acteurs de la vie provinciale, XVIIe-XVIIIe siècles, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2013, p. 189-203. G. Aubert, Les Révoltes du papier timbré…, op. cit., p. 99‑101.
55 G. Aubert, Révoltes et répressions…, op. cit., p. 117-118, 123-125.
56 A. Jouanna, Le devoir de révolte. La noblesse française et la gestation de l’État moderne, 1559-1661, Paris, Fayard, 1989.
57 W. Beik, « La participation politique du menu dans la France moderne », dir. B. Barbiche et alii, Pouvoirs, contestations et comportements dans l’Europe moderne. Mélanges en l’honneur du professeur Yves-Maris Bercé, Paris, Presses Universitaires de Paris-Sorbonne, 1005, p. 43‑59.
58 A. Jouanna, La France du XVIe siècle, 1483-1598, Paris, Presses Universitaires de France, 2012, p. 125-137. A.‑M. Cocula, « “Je vis en mon enfance un gentilhomme commandant à une grande ville”…Montaigne et la révolte bordelaise de 1548 », dir. B. Barbiche et alii, op. cit., p. 531‑547.
59 C. Lamarre, « Les Lanterlus de Dijon en 1630 : un peuple en rébellion », dir. P. Guignet, Le peuple des villes…, op. cit., p. 29‑41.
60 Y.-M. Bercé, Histoire des croquants. Étude des soulèvements populaires au XVIIe siècle dans la France du Sud-Ouest, Paris-Genève, Droz, 1974, 2 vol.
61 M. Foisil, La révolte des Nu-Pieds et les révoltes normandes de 1639, Paris, Presses Universitaires de France, 1970.
62 G. Aubert, Les révoltes du papier timbré, 1675. Essai d’histoire événementielle, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2014, p. 18-29, 425 (illustration 13). F. Loirettte, « La sédition bordelaise de 1675, dernière grande révolte urbaine de l’Ancien Régime », Actes du 102e Congrès national des sociétés savantes, Paris, 1978, t. II, p. 237‑260.
63 R. Descimon, « Les barricades de la Fronde parisienne : une lecture sociologique », Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, 1990, n° 2, p. 397‑422.
64 H. Sarrazin, La Fronde en Gironde : l’Ormée, un mouvement révolutionnaire, Bordeaux, Les Dossiers d’Aquitaine, 1996.
65 F. Lebrun, « Les soulèvements populaires à Angers aux XVIIe et XVIIIe siècles », Actes du 90e Congrès national des sociétés savantes, Paris, 1966, p. 119‑140.
66 G. Aubert, Révoltes et répressions…, op. cit., p. 42-45, 71-80. 107‑110.
67 J. Nicolas, La rébellion française. Mouvements populaires et conscience sociale, Paris, Seuil, 2002, p. 34.
68 R. Pillorget, Les mouvements insurrectionnels de Provence entre 1596 et 1715, Paris, E. Pédone, 1975.
69 A. Farge et J. Revel, Logiques de foule. L’affaire des enlèvements d’enfants. Paris, 1750, Paris, Hachette, 1988. E. P. Thompson, « L’économie morale de la foule dans l’Angleterre du XVIIIe siècle », dir. F. Gauthier et G.‑R. Ikni, La guerre du blé au XVIIIe siècle, Paris, Éditions de la Passion, 1988, p. 31‑92.
70 G. Aubert, Révoltes et répressions…, op. cit., p. 146-150 ; Les révoltes du papier timbré…, op. cit., p. 121‑135, 302‑305.
71 D. Godineau, Les femmes dans la société française. XVIe-XVIIIe siècle, Paris, Armand Colin, 2003, p. 76‑79.
72 G. Aubert, Les révoltes du papier timbré…, op. cit., p. 424/425 : illustrations 1‑6.
73 R. Muchembled, Une histoire de la violence, Paris, Seuil, 2008. M. Nassiet, La violence. Une histoire sociale, Seyssel, Champ Vallon, 2011.
74 W. Beik, Urban Protest in seventeenth century: the culture of retribution, Cambridge, Cambridge University Press, 1997, p. 146‑157.
75 G. Aubert, Révoltes et répressions…, op. cit., p. 148‑158.
76 Y.-M. Bercé, Fête et révoltes : des mentalités populaires du XVIe au XVIIIE siècle, Paris, Hachette, 1976.
77 G. Aubert, Révoltes et répressions…, op. cit., p. 159‑164.
78 G. Aubert, Les Révoltes du papier timbré…, op. cit., p. 51-52.
79 Ibid., p. 79, 83.
80 C. Jouhaud et R. Descimon, « De Paris à Bordeaux : pour qui court le peuple pendant la Fronde (1652) ? », dir. J. Nicolas, Mouvements populaires et conscience sociale, XVIe-XIXe siècle, Paris, Maloine, 1985, p. 31‑42.
81 G. Aubert, Révoltes et répressions…, op. cit., p. 167-175 ; Les révoltes du papier timbré…, op. cit., p. 82-93, 147-154.
82 G. Aubert, « Une municipalité pour temps de crise ? Rennes, 1675 », dir. P. Hamon et C. Laurent, Le pouvoir municipal…, op. cit., p. 285-299 (291-292).
83 G. Aubert, Révoltes et répressions…, op. cit., p. 176-186 ; Les révoltes du papier timbré…, op. cit., p. 203‑215.
84 P. Hamon et C. Laurent, Le pouvoir municipal…, op. cit., p. 205‑208.
85 M. Barbot, « La résidence comme appartenance. Les catégories spatiales et juridiques de l’inclusion sociale dans les villes italiennes sous l’Ancien Régime », Histoire urbaine, 2013/1, p. 27-49. B. Marin, « Une “citadinité” au ras du sol ? Gestion urbaine et habitants ordinaires », « L. Dakhili et V. Lemire, Étudier en liberté les mondes méditerranéens. Mélanges offerts à Robert Ilbert, Paris, Publications de la Sorbonne, 2016, p. 189‑199.
86 O. Zeller, La bourgeoisie statutaire de Lyon et ses privilèges. Morale civique, évasion fiscale et cabarets urbains (XVIIe-XVIIIe siècle), Lyon, Éditions lyonnaises d’Art et d’Histoire, 2016. De 1619 à 1789, 2450 individus (4% de la population en moyenne) se sont inscrits dans les « nommées », registres des « véritables habitants » ; le contrôle s’est renforcé au XVIIIe siècle, avec une validation de la cour de l’élection. Les principaux privilèges sont l’exemption de taille sur les biens ruraux et de taxes sur l’entrée du vin de son crû, avec droit de vente en sa maison.
87 M. Zarb, Les privilèges de la ville de Marseille du Xe siècle à la Révolution, Paris, Picard, 1961, p. 15, 140, 237, 242, 276. Hérédité du droit, mariage avec fille de bourgeois, dix ans de résidence, ramenée à cinq ans en cas de bien immobilier d’au moins 5.000 livres, et à trois ans pour une valeur de 10.000 livres. l. coste, Messieurs de Bordeaux…, op. cit., p. 94-97. Le règlement de 1622 ramène de dix à cinq ans de résidence, avec la possession d’un bien d’au moins 1.500 livres. Par comparaison, le droit coutumier parisien se limite à une résidence d’un an et un jour et une situation de chef d’hôtel, donnant la priorité à la participation aux charges communes, fiscales et miliciennes. J. di Ciorcia, « Bourg, Bourgeois, Bourgeois de Paris from the Eleventh to the Eighteenth Century », Journal of Modern History, 1978, 50/2, p. 207-233. R. Descimon, « “Bourgeois de Paris”. Les migrations sociales d’un privilège, XIVe-XVIIIe siècle », dir. C. Charle, Histoire sociale, histoire globale ?, Paris, Éditions de la Maison des Sciences de l’Homme, 1993, p ; 173-182. L. Croq, « Des “bourgeois de Paris” à la bourgeoisie parisienne (XVIIe-XVIIIe siècle), « dir. » T. Belleguic et L. Turcot, Les Histoires de Paris (XVIe-XVIIIe siècle), Paris, Hermann, 2013, t. I, p. 269-283.
88 P. Bonin, Bourgeois, bourgeoisie…, op. cit., p. 51.
89 Ibid, p. 97. Sociologie des 445 habitants reçus à Narbonne de 1549 à 1789 : 261 marchands, 43 artisans, 27 rentiers, 12 nobles, 9 officiers royaux, 6 notaires, 5 patrons de barque, 4 avocats, 4 chirurgiens…
90 G. Saupin, Nantes au xviie siècle…, op. cit., p. 29-46.
91 J. Puget, Les embellissements d’Aix et Marseille. Droits, espace et fabrique de la ville aux XVIIe et XVIIIe siècles, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2018, p. 263-294 ; « Une opération d’utilité publique au service d’intérêts privés : l’exemple de la création du quartier Mazarin d’Aix-en-Provence (1646-1750) », Histoire urbaine, 2015, n° 42, p. 81‑97.
92 J.-L. Harouel, L’embellissement des villes : l’urbanisme français au XVIIIe siècle, Paris, Picard, 1993.
93 N. Marqué, « La communauté des Toulousains, bénéficiaire ou enjeu de l’urbanisme durant le dernier siècle de l’Ancien Régime ? », dir. C. Dolan, Les pratiques politiques…, op. cit., p. 45‑71.
94 J. Puget, « Une “communauté spatiale” au fondement de l’action politique ? Les mobilisations d’habitants face aux projets urbains à Marseille à l’époque moderne », dir. C. Dolan, Les pratiques politiques…, op. cit., p. 23-42 ; « Devenir “les membres d’une même famille”. Revendiquer l’intégration urbaine à Marseille dans la seconde moitié du XVIIe siècle », dir. I. Backouche et alii, La ville est à nous ! Aménagements urbains et mobilisations sociales depuis le Moyen Âge, Paris, Éditions de la Sorbonne, 2018, p. 37‑50.
95 C. Nières, La reconstruction d’une ville au XVIIIe siècle (Rennes, 1720-1760), Paris, Klincksieck, 1972.
96 P. Garnsey, Penser la propriété. De l’Antiquité à l’ère des révolutions, Paris, Les Belles Lettres, 2013 (2007), ch. VIII, « La propriété en tant que droit de l’homme ».
97 F. Fraber, « Entre commodités et consentement. Des enquêtes publiques au XVIIIe siècle », Participations, 2012/2, n° 3, p. 93-117.
98 B. Chevalier, Les bonnes villes…, op. cit., p. 129-180. L’auteur parle de trahison officière après l’éclatement de l’oligarchie municipale au XVIe siècle. J. Nagle, Un orgueil français. La vénalité des offices sous l’Ancien Régime, Paris, Odile Jacob, 2008.
99 G. Aubert, Les Révoltes du papier timbré…, op. cit., p. 639‑664.
100 L. Croq, « La municipalité parisienne à l’épreuve des absolutismes : démantèlement d’une structure politique et création d’une administration (1660-1789), « éd. » L. Croq, Le Prince, la ville et le bourgeois…, op. cit., p. 175‑201 ; « Les édiles, les notables et le pouvoir royal à Paris, histoire de ruptures (XVIIe-XVIIIe siècles) », « P. Hamon et C. Laurent, Le pouvoir municipal…, op. cit., p. 223‑244.
101 G. Saupin, « Lecture sociale des choix institutionnels », dir. G. Saupin, Histoire sociale du politique…, op. cit., p. 49-57.
102 B. Baumier-Legrand, « Le corps de ville de Tours de la réforme de L’Averdy à la Révolution. Étude sociale », dir. D. Turrel, Regards sur les sociétés modernes, XVIe-XVIIIe siècle. Mélanges offerts à Claude Petitfrère, Tours, CEHVI, 1997, p. 335‑344.
103 G. Saupin, « La réforme des élections municipales… », op. cit., p. 645-649. J. Félix, Finances et politique au siècle des Lumières. Le ministère L’Averdy, 1763-1768, Paris, Comité pour l’histoire économique et financière de la France, 1999.
Auteur
Université de Nantes
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