Avocats, littérateurs et érudits au xvie siècle1
p. 139-156
Texte intégral
1On a dit et répété qu’ "au XVIe siècle, les jurisconsultes ont représenté l’élite culturelle de la France"1. La première génération des grands professeurs ouvre la voie à l’humanisme juridique ; ils sont bientôt relayés par les praticiens, avocats et magistrats qui participent au même mouvement2. L’enseignement d’Alciat, de Baudouin et plus encore de Cujas leur a appris plus que le droit romain, une méthode. Formés par les facultés de droit qui retrouvent alors un nouvel éclat, ils apprennent également le grec et l’hébreu et suivent les leçons de Dorat et de Turnèbe au Collège royal. Ces juristes deviennent historiens et philologues ; quelques-uns sont d’authentiques érudits, d’autres de simples amateurs, des esprits curieux. Les fonctions qu’ils exercent leur laissent des loisirs et sont souvent l’occasion de recherches savantes. Avocats et magistrats éditent des textes anciens, commentent les coutumes, deviennent historiens de leur province "ce sont de tels hommes -a-t-on pu écrire- qui donnent à la culture son aspect définitif"3.
2Quelques-uns sont célèbres, d’autres occupent le second rang, beaucoup aujourd’hui ne comptent plus, tous cependant ont contribué au développement de la vie intellectuelle que dominent alors les hommes de droit.
3Nous voudrions le montrer pour quelques avocats, dont certains se sont hissés au premier plan, Etienne Pasquier, Pierre Pithou, Antoine Loisel ou Guy Coquille. D’autres sont passés en seconde ligne, Louis Le Caron ou Pierre Ayrault, la plupart sont aujourd’hui oubliés, comme Philibert Bugnyon que l’on a sorti récemment de l’ombre4 et François Grimaudet qui mériterait de l’être.
4Ces avocats sont tous représentatifs d’un milieu, celui des robins, où se rencontrent littérateurs, savants et érudits. Ils font partie avec quelques magistrats et professeurs du monde de l’humanisme juridique. Un monde qui doit son unité aux liens de famille, à une même formation et aux relations d’amitié qu’ils ont su nouer. Ces liens en viennent à atténuer les différences qui tiennent à la personnalité de chacun, qui le plus souvent nous échappe, à la diversité des carrières, à la qualité de leurs œuvres et même aux diverses générations5. Ils entretiennent d’étroites relations, partagent des goûts communs pour les belles lettres, l’érudition et l’on retrouve chez la plupart d’entre eux une unité de pensée politique et religieuse.
5La plupart des avocats que nous étudions sont issus de la bourgeoisie du Palais. Fils d’avocats ou de procureurs, ils se marient dans leur milieu et leurs enfants embrassent souvent le barreau avant d’accéder parfois à la magistrature. Jean Crespin est fils d’un avocat d’Arras ; Thomas Papillon d’un avocat de Dijon. Maurice Scève est issu d’une famille de magistrats. Antoine Mornac est fils et petit-fils d’avocat. Jean Duret vient d’une longue lignée de jurisconsultes ; il aime rappeler dans son Traité des peines et amendes, ce qu’il doit à sa famille6. Etienne Pasquier a un fils avocat, puis magistrat7. Toute la famille de Pierre Pithou se retrouve au Palais ; elle est, en outre, selon Cujas un "séminaire de bonnes lettres"8. Charles Massac, avocat à Agen, est fils de médecin, comme Jacques Le Gras, avocat au Parlement de Normandie9. Jean Besly, en revanche, est fils d’un marchand d’origine vendéenne.
6Tous ont fait de bonnes études. Ils ont fréquenté les collèges à la mode. Pierre Pithou a étudié au collège de Boncourt qu’avait fréquenté quelques années plus tôt Etienne Jodèle ; Etienne Pasquier, élève au collège de Presle a eu vraisemblablement Ramuz comme professeur10. Jean Brèche est boursier au collège de Tours de 1526 à 153011. Jean Papire-Masson est formé chez les Jésuites, il entre même dans la Compagnie qu’il devra quitter, jugé trop gallican12.
7Outre le latin, ils apprennent le grec, l’hébreu et très souvent l’espagnol et l’italien. Plusieurs suivent les cours de Jean Dorat et d’Adrien Turnèbe, avant de commencer leur droit. Comme la plupart des étudiants, ils fréquentent plusieurs universités attirés par la réputation d’un grand maître. Quelques universités françaises sont au premier rang13. Toulouse retrouve un peu de la splendeur qu’elle avait connue au XIVe siècle. Si Cujas n’y enseigne pas comme professeur, ses études, le prestige de ses travaux et de ses nombreux élèves, rejaillissent sur l’université auquel ajoute encore son départ. En quelques années, des maîtres de premier plan vont enseigner, attirant les élèves de la France entière. On sait tout cela par les Mémoires du Président de Mesmes et le séjour toulousain de Jean Bodin. Jean de Boyssonné entretient une correspondance érudite avec Etienne Dolet, Jean de Coras que l’on redécouvre, est le type même de l’humaniste ; il n’est pas jusqu’à Etienne Forcadel, rival heureux de Cujas, "qui est loin d’être le médiocre que l’on a cru"14. Dans le même temps l’université de Poitiers, qui a tout juste cent ans, attire les étudiants ; elle en aurait compté 4 000 en 1428. La faculté de droit est la plus célèbre ; elle est vantée par Scaliger et Agrippa d’Aubigné15. À Orléans qui reste encore très fréquentée, existe vers 1530 une société de savants, mais qui décline peu à peu ; il semble bien que l’université perde de son influence après 155016. Le cardinal de Lorraine vient de créer l’université de Reims ; Valence, qui perdra tout crédit au XVIIe siècle, voit encore affluer les étudiants. Avignon attire à elle des élèves, Maurice Scève y fait ses études. Mais les jeunes juristes font surtout le voyage de Bourges pour suivre les leçons de Cujas. Pasquier qui l’a connu à Toulouse, le met au premier rang des professeurs de Bourges, avec Alciat, Le Douaren et Baudouin, tandis qu’Hugues Doneau leur est inférieur17.
8L’Italie est à la mode, plusieurs vont parfaire leur formation. "De Budé à Papire-Masson le voyage d’études en Italie concurrença victorieusement, chez les humanistes gallicans, le séjour d’études en Allemagne ou en Suisse qui avait la faveur des humanistes calvinistes"18. Étienne Pasquier qui a fini ses études à Bologne et Pavie, s’y rend en compagnie de Thomas Sibillet ; Louis Gollut y séjourne avec son condisciple le futur archevêque de Besançon, Claude de la Baume en compagnie de leur maître commun Gilbert Cousin ; Claude Expilly commence ses études à Padoue. Papire-Masson séjourne quatre ans en Italie (1563-1567), enseignant les belles lettres à Naples. Certains dans les années 1560 profiteront du Concile de Trente pour accompagner un prélat et y faire quelques séjours ; il y a une espèce de tourisme conciliaire à la mode19. Comme Papire-Masson, plusieurs avocats ont enseigné, Bernard Durand à Clermont, Louis Gollut se verra confier la chaire de littérature latine à Dole où il a fait ses études ; Pierre Matthieu sera principal de collège à Verceil en Franche-Comté.
9Ces hommes qu’unissent une même formation, une même culture, fréquentent les mêmes cercles et les mêmes salons. Comme le notait V.L. Saulnier, ce monde des humanistes constitue "une véritable confrérie". Ils entretiennent entre eux une importante correspondance, utilisent leurs amis, s’envoient leurs ouvrages et organisent un véritable réseau de recommandations. Nos avocats qui sont pour nous aujourd’hui des inconnus, étaient en leur temps considérés et avaient d’illustres amis20.
10Vers 1560, la bibliothèque d’Henri de Mesmes attire, outre Adrien Turnèbe, quelques conseillers au Parlement de Paris dont Germain Vaillant, commentateur de Virgile et futur évêque d’Orléans, Claude Faucher, Thomas Sibillet et le jeune avocat Louis Le Caron21. La correspondance d’Etienne Pasquier donne la mesure de ses relations dans le monde du Palais, de la politique, mais aussi de la littérature22.
11Il fréquente le salon de la Maréchale de Retz où il retrouve notamment Nicolas Rapin, Rémi Belleau et Etienne Jodèle. Pendant les "Grands Jours" de Poitiers de 1579 il est l’un des familiers du salon de Madeleine des Roches, où se retrouvent le Président Harlay, l’avocat général Brisson, Antoine Loisel et Nicolas Rapin. Ils participent au fameux tournoi poétique sur la "puce" de Catherine des Roches que remporte Nicolas Rapin23. À Poitiers précisément, l’université a donné naissance à "un milieu d’humanistes de grande culture"24. Chez les juristes, André Tiraqueau est le grand homme ; à ses côtés s’établit une véritable société érudite, que l’on retrouvera à la deuxième génération aux "Grands Jours" et rivalisera avec les salons parisiens. On compte également Roland Bétolaud, qui publie en tête de ses Règles de droit civil et canonique (Poitiers 1557), des vers d’un autre juriste Pierre Fauveau. Il est proche de Muret et de Scévole de Sainte-Marthe25.
12À Lyon, les humanistes se réunissent autour de Maurice Sceve. Dans les années 1534-1544, Étienne Dolet y rencontrera Du Bellay, Guillaume et Maurice Sceve, Bonaventure du Perrier, Philibert Bugnyon, Charles Fontaine et Pontus de Tyard. Les relations sont étroites avec Toulouse et Jean de Boyssonné. La sœur de Maurice Sceve, Catherine, épouse un avocat Mathieu Vauzelles, qui deviendra échevin de Lyon et avocat général au Parlement des Dombes26. À la fin du siècle, l’avocat Pierre Matthieu fait figure de grand homme. Lié aux Guise, il offre sa Guisiade au duc de Mayenne, il se rallie ensuite à Henri IV et obtiendra un brevet d’historiographe du roi27. À Toulouse, la première génération de nos juristes humanistes est représentée par Jean de Boyssonné en relation avec Rabelais, Michel de l’Hospital, Etienne Dolet et Clément Marot28. Dans les années 1560 on retrouve Robert Garnier, deux fois couronné par l’Académie des Jeux Floraux et plusieurs conseillers au Parlement29. Quelques avocats font partie du milieu tourangeau Jean Breche, Antoine et Nicolas Papillon, issus d’une famille d’érudits et de bibliophiles30. À la fin du siècle, Dominique Baudier, avocat, séjourne à Tours vers 1591, il est proche de Scaliger et de Louis Servin31. On lui avait promis l’office d’historiographe qui, comme nous l’avons vu, échoit à Pierre Matthieu sur la recommandation du Président Jeannin.
13La plupart de nos avocats sont liés à La Pléiade et se sont eux-mêmes essayés à la poésie. Ainsi ces deux confidences d’Etienne Pasquier. La première à Pierre Pithou, lui avouant qu’il s’était mis à la poésie sur les conseils deThomas Sibillet qu’il avait accompagné en Italie après la publication de son Art poétique32. L’autre à l’abbé de Basse Fontaine reconnaissant qu’il y avait pris goût "Je suis advocat le jour et poète la nuit"7. Nous avons déjà mentionné sa participation au tournoi poétique sur la puce de Mademoiselle des Roches, remporté par Nicolas Rapin, il a publié en outre plusieurs œuvres poétiques33. Plusieurs, comme le "sévère" Pasquier, se sont essayés à la poésie. Thomas Sibillet s’est fait le théoricien de la poésie. Il publie en 1548 son Art poétique qui heurtera bien des poètes et lui vaudra la réponse célèbre de du Bellay, Défense et illustration de la langue francoyse (1549)34. Philibert Bugnyon a publié des vers sur le modèle de Maurice Sceve, Les Erotasmes 35. Gilles d’Aurigny, avocat parisien, surnommé le Pamphile, s’est lui aussi adonné à la poésie. Jean Besly est jugé généralement comme un mauvais disciple de Ronsard dont il a édité et commenté les Hymnes36. Louis Le Caron laissant une œuvre abondante, a trouvé le temps de réserver une place à la poésie, jugé sévèrement par l’abbé Goujet : "s’il n’avait pas été meilleur avocat et jurisconsulte que poète, sa réputation ne serait pas parvenue jusqu’à nous"37. En 1556 dans ses Dialogues, faisant parler ses amis, Ronsard, Jodèle, Pasquier et Claude Fauchet, il trouve l’occasion d’exprimer la conception que La Pléiade se faisait de la poésie38. Pierre Matthieu qui, comme nous le verrons, a donné dans tous les genres, a publié des poèmes et de sentencieuses tablettes de la vie et de la mort qu’on lisait encore du temps de Molière39. Jean Boiceau, avocat au présidial de Poitiers, connu pour son Traité de la preuve, est aussi auteur de poésies.
14La poésie se retrouve dans certaines traductions bibliques. Gilles d’Aurigny a traduit en vers trente psaumes de David40 ; Guillaume Aubert a mis Job en vers français ; Guy Coquille a publié en vers latins les psaumes (1592)41.
15Ils participent aux hommages funèbres, les "célèbres tombeaux" dédiés aux poètes. Ainsi, Nicolas Rapin, Étienne Pasquier, le Président de Thou, Antoine Loisel et Pierre Pithou collaborent à celui de Ronsard42. Papire-Masson donne à la mort du poète un éloge latin43 et fait l’éloge de Jean Dorat44. Guillaume Aubert publie une élégie sur la mort de du Bellay45 ; il est très proche de Ronsard qui lui envoie son poème La Rose, Guy de Brues le met en scène dans ses Dialogues et le vante "tant pour sa singulière érudition, que pour ses louables vertus qui font en lui l’ornement de tout son pays"46.
16Leur goût de l’Antiquité, sur lequel nous reviendrons, a conduit quelques-uns de nos avocats à traduire les anciens. Thomas Sibillet a donné une traduction d’Iphigénie47. Il est également le traducteur d’une vie d’Apollon de Tyane, restée à ce jour inédite48. Jean Breche a traduit notamment Hippocrate et Jean de Damas49. Pierre Daniel a donné une édition du Quérolus et des notes sur le Satyricon de Pétrone50. Barthélemy Fournier, avocat au présidial de Lyon, a traduit en 1577 en vers français les préceptes ou enseignements de Phocylide et les vers dorés de Pythagoras51. Nicolas Pavillon a donné en 1578 une traduction des sentences de Théonis que vante l’abbé Goujet "c’était un homme savant en grec et en latin et l’un des meilleurs poètes"52. Luc de La Porte a traduit les Odes d’Horace pour la première traduction des œuvres complètes du poète latin en 158453. Jacques Le Gras a traduit les Besognes et les Jours d’Hésiode en 158654. Charles de Massac enfin, avocat à Agen, a traduit avec son père Raymond, médecin, les Métamorphoses d’Ovide qui ont connu plusieurs éditions55.
17La littérature ancienne offre avec la religion de bons sujets de théâtre. Si nous mettons à part Robert Garnier, on peut mentionner Pierre Matthieu et Jean de BeaubreuiL Le premier publie en 1589 une Clytemnestre56 et donne en 1593 Esther, jouée au collège de Verceil en Franche-Comté, dont il était le principal57. Le second, avocat à Limoges, dédiait à Jean Dorat une tragédie Regulus58.
18Mais ces juristes sont avant tout des historiens "les intellectuels […] presque tous étaient gens de robe longue, soit des hommes nouveaux, juristes de formation, dont les familles étaient fortement enracinées dans les bourgeoisies des villes de province" dans ce monde "l’érudition historique s’épanouit brusquement dans un concert d’activités savantes qui s’étalent au grand jour"59. Ils ont appris à la faculté, une méthode, ils vont l’appliquer dans leurs travaux. Ils éditent les grands textes, non seulement de l’Antiquité, mais du Moyen Âge, qu’ils apprennent à critiquer. Charles du Moulin publie les Quaestiones de Jean Le Coq et le Stylus Curiae Parlamenti de Guillaume du Breuil, auquel il joint une collection d’arrêts du Parlement de Toulouse, dûe sans doute à Etienne Aufrery60. Jean Beaufils, avocat au Châtelet de Paris, a publié en 1541 une traduction du De triplici vita de Marcile Ficin qui avait déjà été éditée en 148961. Louis Le Caron édite la Somme rurale, Gilles D’Aurigny le Songe du Vergier, Papire-Masson, les lettres de Fulbert de Chartres et celles de Loup de Ferrières ; Antoine Fontanon, la Practique de Masuer. Ils recherchent les manuscrits, les livres rares. "Les Pithou, dira Scaliger, sentoient les bons livres, comme un chien un os ou un chat une souris"62. Ils constituent d’importantes bibliothèques, dont l’une des plus riches est celle de Jean Le Feron, avocat parisien63. Il y a puisé largement les renseignements pour ses travaux d’érudition sur les blasons et les armoiries64. Érudition diversement appréciée. Si du Verdier le tenait pour "un des plus diligents et des plus curieux hommes de France pour la recherche des maisons nobles, des armoiries et de l’histoire"65, Pasquier qui l’avait connu est moins élogieux. Ainsi écrit-il à Moreau, avocat au Parlement de Bordeaux, qui l’interrogeait sur les armoiries "il était un ancien advocat en nostre Palais qui ne fit jamais grand profession de sa charge, ains seulement de blasonner les escussons et armoiries... et néanmoins il eut jamais la langue si bien déliée, comme quelques-uns qui luy ont succédé"66.
19S’en tenant à sa bibliothèque très éclectique et très moderne, R. Doucet range J. Le Feron "au groupe des spécialistes du droit et de l’administration […] esprits les plus actifs et les plus éclairés de la société parisienne"67.
20Ils s’intéressent à l’histoire générale et plus encore à l’histoire locale. L’une et l’autre sont pour Guy Coquille un devoir de mémoire : "Il est bien à propos, note-t-il dans la préface de son édition de l’Histoire du Nivernais, que les successeurs prennent plaisir à se ramentevoir et avoir mémoire des actes vertueux de leurs prédécesseurs, tant pour servir d’exemple à eux et pour les semondre à mieux faire : comme aussi pour le contentement à chacun en son esprit, quand il se sent estre trop créé de bonne race". Pierre Matthieu, auquel on doit une Histoire de Louis X168 a laissé une Histoire des derniers troubles de la France, alors qu’il venait de quitter la Ligue ; on a pu reconnaître quelques emprunts à Montaigne69. Guillaume Aubert s’est intéressé à l’histoire de la Terre Sainte70. Étienne Pasquier est incontestablement le meilleur historien de sa génération. La recherche historique est conçue comme "une information judiciaire"71. Le premier volume des Recherches de la France auquel il travaille depuis 1557, paraît en 1560 ; l’ouvrage inaugure "l’histoire nouvelle, celle qui devait permettre que l’histoire de France fut à la hauteur de l’histoire de Rome"72. Le titre dit très exactement la méthode, celle qu’il a reçue de ses maîtres, Baudouin et Cujas, pour expliquer le droit romain. Il étudie l’histoire de France, mais il l’aborde sous tous ses aspects, la littérature, le droit, les institutions laïques et ecclésiastiques73.
21L’histoire locale liée à l’édition des coutumes a la faveur de nos avocats. Nicolas Bergier avait commencé une histoire de Reims dont seuls les deux premiers livres ont été publiés par son fils en 1635. C’est également le fils de Jean Besly qui a édité avec les frères Dupuy les ouvrages historiques de son père sur le Poitou74. Jean Chenu, dont la bibliographie est immense, est aussi connu comme historien de Bourges et du Berry75. Claude Jurin, avocat à Dijon, est historien du comté d’Auxonne76. Guy Coquille reste l’historien du Nivernais. Il explique d’emblée son projet, avec une certaine fausse modestie, faire un ouvrage grossier que d’autres pourront ouvrer plus délicatement77. Louis Gollut doit de ne pas être totalement oublié à ses Mémoires historiques de la république séquanaise et les provinces de la Franche-Comté de Bourgogne78.
22Nos avocats trouvent dans la recherche historique les arguments pour justifier leur gallicanisme et leur nationalisme. Mêlés aux querelles religieuses qui agitent le siècle, on a dit des juristes qu’ils étaient "bons catholiques, peu romains, très gallicans et partant, assez ennemis des Jésuites"79. S’il y a quelque peu à redire sur le qualificatif "’bons catholiques", leur gallicanisme en revanche est très net. Gallicans, ils sont attachés aux Libertés anciennes de l’Église. Le recours à l’histoire leur paraît déterminant et les dispense de toute construction doctrinale. "L’un des traits caractéristiques du gallicanisme était de préférer l’argument historique, à la théorie pure"80. Ils en viennent à des recherches érudites que Gabriel Le Bras traitait de "fantaisies". Paraissent en quelques années les premiers grands traités : en 1594 celui de Pierre Pithou81, que suivent ceux de Jacques Gillot, Claude Faucher et Jacques Leschassier82. Les traités de Guy Coquille ont été réimprimés dans ses œuvres, notamment en 1665. Etienne Pasquier qui consacre le troisième livre de ses Recherches aux institutions ecclésiastiques, est défenseur de ces libertés83.
23S’ils ne sont pas d’accord avec le nombre de ces Libertés, ils reconnaissent tous, la supériorité du concile sur le pape, proclament l’indépendance du temporel et dénoncent plus que tout les empiétements de la papauté. Ils analysent le gallicanisme à la lumière des arrêts du Parlement, qui s’est érigé en gardien des libertés gallicanes. Leurs développements sont bien souvent des arguments de plaidoirie. Rien ne le montre mieux que leur attachement à la Pragmatique Sanction de Bourges, qualifiée de charte du gallicanisme. Promulguée en 1438, sous l’influence du concile de Bâle, hors de l’autorité romaine, elle garde un incontestable prestige au Palais. Son abolition une première fois par Louis XI, la mauvaise application qu’on en a fait tout au long du XVe siècle et son abolition définitive au concordat de Bologne n’y font rien. On réclame toujours son application aux Etats généraux d’Orléans et à ceux de Blois. Pasquier écrit à de Raimond, conseiller au Parlement de Bordeaux "nous avions en notre France la Pragmatique sanction, nerf très fort et très certain de notre discipline ecclésiastique"84. Pierre Matthieu dans son Histoire de Louis XI, l’évoque en ces termes "aussi la Pragmatique sanction estoit une loy sur tous les accidents de la police de l’Église, un baume souverain à tous les ulcères que l’avarice, le luxe et l’ignorance pouvaient faire en ses membres"85. Quant à son abolition par le Concordat de Bologne, Guy Coquille la rappelle dans son Histoire du pays et duché du Nivernais "mémorable mutation où la police de l’Eglise, quand la Pragmatique sanction tirée du Concile de Basle fut abolie en France"86.
24Pour la plupart, ils sont hostiles au Concile de Trente et se prononcent contre sa réception. On sait la position très tranchée de Charles du Moulin qui fait paraître à Lyon en 1564 le Conseil sur le faict du Concile de Trente. Baptiste du Mesnil, moins catégorique et virulent, met en avant la défense des libertés de l’Eglise gallicane et publie la même année un mémoire assez bref Advertissement sur le faict du Concile de Trente. François Grimaudet que l’on peut juger "ultra gallican " est farouchement lui aussi contre le Concile87.
25Tous n’étaient pas aussi bons catholiques. Plusieurs sont souvent proches de la Réforme, pour le moins tolérants, hostiles aux excès. Étienne Pasquier déplore la Saint-Barthélemy, comme le double meurtre de Blois ; en revanche il louera l’Édit de Nantes88. Pierre Pithou, dont le frère aîné Nicolas restera réformé, a longtemps hésité, mais revient à la religion catholique89. Jean Crespin est protestant et sera l’historien des martyrs de la Réforme90.
26Bons gallicans, nos avocats sont enfin "assez ennemis des Jésuites". Ils participent ainsi aux procès que ces derniers ont eu à soutenir, notamment contre l’université. Etienne Pasquier revient au Palais à cette occasion en 1565. Il est alors soutenu par du Mesnil, de Thou, du Vair et Pierre Ayrault qui aura plus tard bien à se plaindre des Jésuites91. Le procès ne tourne pas à l’avantage de l’université, le collège de Clermont n’est certes pas incorporé à l’université, mais la Compagnie peut continuer à enseigner92. Trente ans plus tard, nouveau procès, Antoine Arnauld et Louis Dollé plaident pour l’université, les Jésuites sont défendus par Jean Duret. Simon Marion, beau-père d’Antoine Arnauld se prononce contre les Jésuites en 159793. Les plaidoiries sont truffées de mentions érudites et l’on peut juger de la formation humaniste de ces avocats gallicans et parisiens, à défaut de la pertinence de leurs arguments94.
27Le goût de l’histoire a également conforté et entretenu le nationalisme des robins. L’histoire de l’Antiquité leur a servi de modèle pour une histoire de la France. Certes en ce domaine il y a évidemment deux écoles bien connues, celle de ceux qui ne voient comme modèles que les Grecs et les Romains et de ceux qui vantent les modernes sans rien renier du passé. Tout cela ressortit à l’histoire de la littérature qui dépasse largement notre propos. Mais il n’est pas sans intérêt de retrouver l’écho de ces querelles ou prises de position chez nos avocats. Quelques-uns restent attachés à l’Antiquité. Nicolas Bergier affirme en tête de son Histoire des grands chemins de l’Empire romain "c’est une chose résolue entre ceux qui sont versez en l’histoire que l’empire de Rome a surpassé tous les autres en grandeur, en générosité et magnificence"95. Thomas Sibillet, dans un échange épistolaire avec Pasquier, soutient la supériorité des Romains sur les Gaulois, ce qui lui vaut cette invitation "quant à vous, si vous n’avez rien à me répliquer sur ce que dessus, la porte vous en est ouverte"96. Ce même Pasquier qui veut écrire en français "quoy ?" écrit-il à Turnèbe, "nous porterons le nom de François, c’est-à-dire de Francs et libres, et néanmoins nous asservirons notre esprit à une langue étrangère"97, est le parfait représentant de ces juristes historiens renonçant à la thèse "romaniste" de Budé, influencés par l’historiographie érasmienne et luthérienne, les juristes historiens, faisant appel pour éclairer les coutumes, aux documents et monuments non littéraires du Moyen Âge, aussi bien qu’aux chroniques connues ou redécouvertes, instaure un grand débat sur les origines de la nation et des institutions françaises98.
28C’est bien, en effet, dans le domaine juridique que le nationalisme va trouver à s’exprimer. La plupart des praticiens vont prendre leur distance à l’égard du droit romain ; ils resteront cependant fidèles à la méthode d’enseignement. Ce que les avocats et parlementaires avaient appris de Baudouin et de Cujas, ils vont désormais l’appliquer aux coutumes99. Cette opinion est partagée par la plupart des juristes de la deuxième génération, Le Caron, Pasquier, Grimaudet, Philibert Bugnyon et Guy Coquille100 qui défendent la loi et le roi. La publication des coutumes locales, les éditions des recueils du Moyen Âge déjà mentionnés, participent à ce mouvement. Ainsi cette remarque de Pasquier à Robert, avocat au Parlement de Paris, qui vient de lui faire parvenir ses Rerum judicatarum "je diray doncques, que le droit commun de la France gist en quatre points : aux ordonnances royaux, coustumes diverses des Provinces, arrests généraux des cours souveraines, et en certaines propositions orales, que par un long et ancien usage, nous tenons en foy et hommage des romains"101. Philibert Bugnyon défend les ordonnances que les Français ont du mal à appliquer102.
29Si leur nationalisme est juridique, "il est également politique". Ce sont les hommes du juste milieu, "des politiques". Pendant les troubles et les guerres, la tolérance est leur religion ; en politique, ils restent fidèles à la monarchie. Ils sont, comme le notait P. Barrière, représentatifs de "cette bourgeoisie de légistes […] que dirige le bon sens contre l’individualisme démagogique". Ils sont liés au groupe, ou tout au moins à l’esprit de la Satire Ménippée. Autour de Jacques Gillot, conseiller au Parlement de Paris, se retrouvent Nicolas Rapin, Pierre Pithou, Antoine Loisel, Etienne Pasquier, Jean Passerat et Philippe Des portes103.
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30Ces avocats que nous venons de citer sont représentatifs d’un milieu de praticiens humanistes, sont-ils représentatifs du barreau ? La réponse à une telle question est beaucoup plus difficile104. Bornons-nous à quelques remarques. On notera tout d’abord, qu’au début du siècle, le barreau a encore une réelle importance et que la fonction garde quelque prestige ; on assiste -c’est en tout cas le témoignage des contemporains- à un certain déclin dans la deuxième moitié du siècle. L’opinion de Loisel, rapportée tout au long de son "dialogue des avocats" est très nette105. On accuse généralement la vénalité des offices106. De nombreux avocats deviennent magistrats, quelques-uns fort célèbres, d’autres se contentent de charges inférieures. L’ascension de la famille des frères Dupuy est révélatrice de cette évolution du barreau. Le grand-père, Clément († 1554) est un important avocat au Parlement de Paris, dont Loisel fait l’éloge, Claude († 1594) leur père, inscrit au barreau à vingt-et-un ans, n’a sans doute jamais plaidé et devient magistrat ; quant à Pierre Dupuy il ne plaide jamais mais gardera le titre107.
31Plusieurs en effet quitteront le barreau pour les charges de judicature. Pierre Pithou, dont on nous rapporte qu’il n’aurait plaidé qu’une fois, Pierre Ayrault, Papire-Masson, Nicolas Rapin au destin plus complexe encore. Etienne Pasquier, en revanche, est resté avocat trente-six ans. Il prête serment d’avocat en 1549, mais ne plaide sa première affaire qu’en 1556 ; il s’agit de la réforme du collège de Beauvais. Il s’éloigne du barreau, y revient en 1565 pour plaider pour l’Université contre les Jésuites. S’il plaide assez peu c’est volontairement ; il préfère se consacrer à ses travaux. Il avait commencé, nous l’avons dit, les Recherches en 1557. La fonction est à ses yeux encore très prestigieuse. Lorsque l’un de ses amis Basmaison, avocat au présidial de Riom, lui annonce son intention de quitter la barre pour un of fice de juridicature, afin de "procurer à ma vieillesse un repos, et avancer ma famille" il tente de l’en dissuader, lui rappelant qu’il est tellement mieux d’être le "Roy" en sa ville108. Lorsque son fils Théodore prête serment en 1580, il lui donne des conseils qui manifestent toujours son attachement au barreau. L’avocat doit faire preuve de bonne volonté et continuité, bien connaître la jurisprudence ; le jeune doit écouter les plaidoiries de ses aînés et bien se convaincre que "le but où vise l’advocat par ses plaidoieries est de persuader les juges"109. Il obtient enfin la charge d’avocat général à la chambre des comptes en 1580110.
32On ne peut nier que quelques avocats aient très mal réussi au barreau. L’exemple célèbre de Charles du Moulin venge tous ceux qui s’y sont montrés médiocres. Gilles Durant quant à lui avoue s’être ennuyé "ce que je fais m’importune" note-t-il dans un de ses poèmes111.
33D’autres "en revanche" ont plaidé souvent et avec succès, Versoris, Nicolas Bergier, avocat au présidial de Reims, dont son biographe note "il embrassa ensuite la profession d’avocat où il se rendit fort habile"112, Louis Gollut si l’on en croit l’Ode en tête de ses mémoires qui le présente comme un avocat très occupé "quoyque pressé de mille affaires"113. Guillaume Aubert est plutôt médiocre si l’on s’en tient au jugement de Loisel114.
34Ces hommes ne représentent certainement pas tout le barreau du XVIe siècle, dont la majorité des membres était à coup sûr moins humaniste, mais surtout plus avocat. Il n’empêche, ils sont les témoins d’un milieu. À l’humanisme et l’humanisme juridique en particulier, ils ont apporté l’expérience d’une pratique. Il y a à l’époque, un genre avocat érudit. Tous ont reçu la même formation, appartiennent pour l’essentiel à la même société et fréquentent les mêmes salons. Ils révèlent ainsi qu’au cœur de la Renaissance, un certain nombre d’avocats -plus nombreux que ceux que nous avons cités- ont pris part à tout un mouvement érudit. Cette page de l’histoire de l’érudition est à inscrire au chapitre de l’histoire des avocats.
Notes de bas de page
1 THIREAU (J.-L.), "Le jurisconsulte”, dans Droits 20,1994, p. 7.
2 REULOS (M.), "L’importance des praticiens dans l’humanisme juridique", dans Pédagogues et Juristes, Paris 1963, p. 119-133.
3 BARRIERE (P.), La vie intellectuelle en France du XVIe siècle à l’époque contemporaine, Paris 1974, p. 80.
4 LAINGUI (A.), "Philibert Bugnyon ou les plaisirs de l’historien", dans Hommage à Romuald Szramkiewicz, Paris 1998, p. 189-199.
5 Parmi les avocats que nous avons étudiés on peut déterminer trois générations. La première formée de ceux qui sont nés à la fin du XVe et au début du XVIe siècle : Guillaume Lerouille (1494), Maurice Scève (1501), Jean Le Féron (1502), Joachim du Chalard (1510), Thomas Sibillet (1512), Thomas Papillon (1514), ainsi que Jean Crespin, Jean Breche, Gilles d’Aurigny. Ils sont contemporains de Charles Dumoulin, Jean de Boyssonné, Le Douaren ; Alciat et André Tiraqueau font déjà figure d’anciens, Ils ont côtoyé Rabelais, Ramuz, Marot, Dorat, Turnèbe, Etienne Dolet, Christophe de Thou, Jean de Coras, Michel de l’Hospital et Jean Calvin. C’est la génération des aînés. La deuxième est celle des premiers disciples nés entre 1520 et 1540 ; c’est la plus importante, la plus représentative, citons : François Grimaudet (1520), Guy Coquille (1523), Etienne Pasquier (1529), Claude Fauchet (1530), Philibert Bugnyon (1530), Pierre Daniel (1531), Guillaume Aubert (1534), Louis Le Caron (1534), Louis Gollut (1535), Nicolas Rapin (1535), Pierre Ayrault (1536), Antoine Loisel (1536), René Chopin (1537), Pierre Pithou (1539), Jean Duret (1540), Louis d’Orléans (1542), Papire-Masson (1544), Robert Garnier (1545). Presque tous ont été les élèves de Baudouin, Cujas et Doneau. Ils sont les exacts contemporains de du Bellay, Rémi Belleau, Ronsard, Jodèle, Jean Bodin, Montaigne, le Président de Harlay et Barnabé Brisson. Enfin la troisième génération est celle des héritiers nés après 1550, qui annonce déjà le XVIIe siècle : Jean Chenu (1551), Antoine Mornac (1554), Jacques Le Gras (1560), Claude Expilly (1561), Dominique Baudier (1561), Pierre Matthieu (1563), Nicolas Bergier (1567) et Jean Besly (1572). Ils voient la gloire de Malherbe et les premiers travaux de Peiresc. La plupart de ces juristes sont étudiés dans les Dictionnaires des Lettres et dans les anciens traités de littérature de Gidel, Brunetière, Lanson, Faguet et Jasinski que nous avons abondamment utilisés. On peut voir l’importance des gens de robe, magistrats et avocats dans le milieu culturel français à la fin du XVIe siècle (1540-1584), à partir de la Bibliothèque Francoise de La Croix du Maine, dans HUPPERT (G.), L’idée de l’histoire parfaite, Paris, 1973, p. 193-200 ; voir également l’ouvrage classique de FUMAROLI (M.), L’age de l’éloquence. Rhétorique et res literaria de la Renaissance au seuil de l’époque classique, Paris-Genève 1980.
6 Il se dit petit-fils de jurisconsultes, fils d’avocat, frère de magistrat. Dans la deuxième édition de son ouvrage que nous avons consultée (Lyon 1583), il se qualifie lui-même de "jurisconsulte de Moulins, naguère advocat du roy et de monseigneur le Duc d’Anjou et de Bourbonnais et enquesteur en la Sénéchaussée et siège présidial dudit pais". Il dédie d’ailleurs son précédent ouvrage, le plus connu l’harmonie et conférence des magistrats romains avec les officiers franfais tant layz, que ecclésiastiques (Lyon 1574) à son frère avocat du roi au Duché de Bourbonnais.
7 Il adresse à son fils Théodore, une longue lettre sur la profession d’avocat qui contient des conseils dans la veine de ceux que l’on retrouve dans le dialogue de Loisel (cf. Oeuvres, t. II, col. 229-232).
8 Cité par ZUBER (R.), "Tombeaux pour les Pithou : frontières confessionnelles et unité religieuse (1590-1600)", dans Mélanges sur la littérature de la Renaissance à la mémoire de V. L. Saulnier (Genève 1984), p. 333.
9 Son père, savant médecin, a été célébré par plusieurs poètes dont les hommages ont été réunis par son fils dans Le tombeau de feu noble maistre Richard Le Gras (Paris 1586).
10 BOUTEILLIER (P.), Recherches sur la vie et la carrière d’Etienne Pasquier, historien et humaniste du XVIe siècle (éd. ISI, Paris 1989), p. 12.
11 CHEVALIER (B.), "La vie dans un collège parisien au début de la Renaissance, le collège de Tours : 1463-1541", dans L’intelligence du passé, Mélanges offerts à Jean Lafont (Tours 1988), p. 31. Brèche profite de son séjour parisien pour apprendre les langues anciennes et la rhétorique ; il devient quelques années plus tard notaire au Châtelet (1533-1534) avant de revenir à Tours comme avocat au présidial cf. GUIGNARD (Jacques), "Humanistes tourangeaux", dans Bibliothègue d’ humanisme et Renaissance (1940), p. 148.
12 RONZY (P.), Un humaniste italianisant, Papire-Masson (1544-1610), Paris 1924.
13 Pour la bibliographie se reporter à THIREAU (J.-L.), "Les facultés de droit françaises au XVIe siecle. Eléments de bibliographie", dans Revue d’histoire des facultés de droit et de la science juridique 5, 1987, p. 101-123 ; et 7,1988, p. 177-203.
14 MESNARD (P.), "Jean Bodin à Toulouse", dans Bibliothèque d’humanisme et Renaissance XII, 1950, p. 31-59 et GILLES (H.), "La faculté de droit de Toulouse au temps de Jean Bodin", dans Actes du Colloque International jean Bodin (1984), Angers 1985, t. 1, p. 313-326.
15 FAVREAU (R.), "L’université de Poitiers et la société poitevine à la fin du Moyen Âge", dans The Universities in the Late Middle Ages, Leuven 1978, p. 549-583.
16 NIVET (J.), "L’humanisme Orléanais au XVIe siècle", dans Bulletin de la société archéologique et historique de l’orléanais 1960, p. 339-350.
17 THIREAU (J.-L.), "Hugues Doneau et les fondements de la codification moderne", dans Droits 26,1997, p. 81-100.
18 FUMAROLI (M.), "Aux origines de la connaissance historique du moyen âge. Humanisme, réforme et gallicanisme au XVIe siècle", dans XVIe siècle 114-115, 1977, p. 17 ; et l’opinion de BARRIERE (P.), "L’essentiel, de toute évidence, c’est l’Italie", La vie intellectuelle..., p. 62-63).
19 TALON (A.), La France et le Concile de Trente, p. 572, 602-603.
20 SAULNIER (L.), "Les dix années françaises de Dominique Baudier (1591-1601)", dans Bibliothègue d’humanisme et Renaissance 1945, p. 178 et s.
21 ESPINER-SCOTT (J.-G.), "Notes sur le cercle de Henri de Mesmes et sur son influence", dans Mélanges offerts à Abel Lefranc, Paris 1936, p. 354-361.
22 Parmi ses correspondants, on peut citer Ronsard, Jodèle, Pontus de Tyar et Ramuz et pour nous en tenir aux seuls juristes que nous étudions, on retrouve les noms de Thomas Sibillet, Antoine Loisel, René Chopin, Pierre Pithou, Jacques Leschassier et Pierre Ayrault.
23 AUGUSTIN (J.-M.), "Les Grands Jours de Poitiers... ou le Parlement chimérique", dans Les Parlements de province, pouvoirs, justice et société du XVe au XVIIIe siècles, Toulouse 1996, p. 89-104.
24 FAVREAU (R.), art. cit., p. 567.
25 LEBEGUE (R.), La tragédie religieuse en France, les débuts (1514-1573), Paris 1929, p. 255.
26 MARGOLIN (J.-C.), "Le cercle humaniste lyonnais d’après l’édition des Epigrammata (1537) de Jean Visagier", dans L’humanisme lyonnais au XVIe siècle, Grenoble 1974, p. 151-183.
27 Sur ce personnage que nous retrouverons et sur le milieu lyonnais, BOUCHER (J.), Lyon et la vie lyonnaise au XVIe siècle, Lyon 1992, et plus spécialement p. 73-77. Quelques notes également dans BOUCHER (J.), Présence italienne à Lyon à la Renaissance, Lyon s. d.
28 JACOUBET (H.), Jean de Boyssonné et son temps, Toulouse 1930.
29 THIBAULT (G.), "Antoine de Bertrand, musicien de Ronsard et ses amis toulousains", dans Mélanges Abel Lefranc, p. 282-300.
30 GUIGNARD (J.), "Humanistes tourangeaux", dans B.H.R. 1940, p. 133-175.
31 SAULNIER (L.), "Les dix années françaises de Dominique Baudier (1591-1601)", dans B.H.R. 1945, p. 139-204.
32 6Nous citons d’après l’édition de ses Oeuvres de 1723, t. II, col. 195-200.
33 Le monophyle (Paris 1554), avec une deuxième édition augmentée de plusieurs sonnets, élégies et chansons (Paris 1578) ; Recueil de rymes et proses, Paris 1555 ; La main, ou œuvre poétique fait sur la main, Paris 1584 ; il rapporte à l’un de ses amis avocat les circonstances qui l’ont amené à rédiger l’apologie de la main, alors qu’il était aux "Grands Jours" de Troyes en 1583, cf. Oeuvres, col. 207 ; cf. THICKETT (D.), La bibliographie des œuvres d’Étienne Pasquier, Paris-Genève 1956 et supplément dans B.H.R. 1975, p. 251-263.
34 Sibillet répondra à son tour dans les avertissements au lecteur de sa traduction d’Iphigénie. Sur l’ensemble de la polémique, CHAMARD, Histoire de La Pléiade, t. I, p. 205-221. Son Art poétique francoys pour l’instruction des jeunes studieux et encore peu avancez en la poésie francoyse a été édité au début du siècle par F. GAIFFE dans la Collection des textes français modernes.
35 Erotasme, Lyon 1557. Les sonnets ont été publiés en 1900 par H. VAGANAY. La poésie n’est qu’une petite partie de son œuvre, mais ses vers érotiques ont servi de sujet à la thèse latine de BRUNO (F.), De Philiberti Bugnoni vita et erotices versus, Lyon 1891.
36 Paris, 1604.
37 GOUJET (Abbé), Bibliothèque francais, Paris 1744, t. XIV, p. 273.
38 CHAMARD (H.), Histoire de La Pléiade, t. III, p. 203 et t. IV, p. 153-154.
39 TRINQUET (R.), "Pierre Matthieu, lecteur de Montaigne", dans B.H.R. 1955, p. 249- 254. Les tablettes ont été fréquemment éditées (Paris 1612, 1613, 1616, 1624 et 1629) et également avec les quatrains de du Faur de Pibrac jusqu’au XVIIIe siècle ; ces mêmes tablettes étaient encore éditées au XIXe siècle.
40 Traduit du latin (selon le vray texte et phrase hébraïques) en rythme francoyse, Paris 1549. On lui attribue également La contemplation sur la mort de Jésus Christ par laquelle est montrée la différence qui est entre Adam céleste et Adam terrestre, Paris 1546.
41 Psalmi Davidi centum quinquaginta paraphrastice translati in versus heroicos, Nevers 1592. On lui doit également un recueil Poemata (Nevers 1590). Plusieurs autres avocats ont laissé des recueils de poésies latines sur les sujets les plus divers. Ainsi, Antoine Mornac, Étienne Pasquier, Pierre Pithou ou Jacques Le Gras.
42 Funèbres regretz sur la mort de Pierre de Ronsard, Gentilhomme vendômois, Paris 1586. CHAMARD (H.), op. cit., t. III, p. 411 et CHAMPION (P.), Ronsard et son temps, p. 483. Participent également à ce tombeau Papire-Masson, Antoine Hotman, Thomas Sibillet, Louis d’Orléans et Jacques Le Gras.
43 Petri Ronsardi Vindocinencis, nobilis poetae Elogium.
44 Henri Chamard juge avec quelque faveur cet éloge dont on ignore la date de la première édition ; les travaux de Papire-Masson sont d’ordinaire jugés assez sévèrement, op. cit., t. I, p. 127.
45 L’éloge fera partie de son tombeau ; il sera avec Jean Morel d’Embrun le premier éditeur des œuvres de du Bellay, Oeuvre Francoise de Joachim du Bellay, Gentilhomme angevin et poète excellent de ce temps, Paris 1568. CHAMARD (Henri), op. cit., t. I, p. 23- 24 ; t. II, p. 349.
46 BRUES (Guy de), Dialogues contre les nouveaux académiciens (1557), cité par CHAMPION (P.), Ronsard et son temps, Paris 1925, p. 88.
47 L’Iphigénie d’Euripide, poète tragique : tournée du grec en francais par l’auteur de l’ Art poétique, Paris 1549. L’ouvrage est dédié à Jean Brinon, célèbré mécène des poètes de la Pléiade. CHAMARD (H.), op. cit., 1.1, p. 160.
48 La vie ditz et faitz merveilleux d’Apollon le tyanien, philosophe pythagoricien, histoire escrite en grec par Philostrate Lemnien, et naguère mise en Francois par M. Thomas Sibillet, advocat en la court de parlement de Paris, Paris 1566. Cet esprit curieux n’a pas manqué d’être "fasciné par cette aventure spirituelle hors du commun", LE HIR (Y.), "Sur un manuscrit inédit de Thomas Sibillet", dans B.H.R. 2,1992, p. 477-480.
49 Les Aphorismes d’Hippocrate… plus le commentaire de Galien, avec les annotations sur le premier livre desdictz Aphorismes…, Paris 1550 et DAMAS (Jean de), Aphorismes… plus Epitome surtout les trois livres des tempéraments de Galien, Lyon 1555.
50 Querolus (Paris, 1564) et une édition postérieure d’Heidelberg (1595) ; Notes sur le Satyricon de Petrone (Frankfort 1629), on lui doit également une édition de Claude Chansonnette ; ainsi qu’une Epistola ad Alciatum (Orléans 1561) sous un pseudonyme.
51 Les vers dorés de Pythagoras et Phocylide… traduits en partie et en partie imités par B.F., Lyon 1577. Ces mêmes œuvres auxquelles il faut ajouter les Bezognes et jours d’Hésiode composaient un recueil : BAIF (Antoine), Etrenes de poésie fransoeze an vers mesurés (Paris 1574) ; les enseignements de Phocylide sont en fait de Simonide, CHAMARD (HJ, Histoire de La Pléiade, t. IV, p. 9.
52 GOUJET, Bibliothèque francoyse…, t. IV, p. 304.
53 LEBEGUE (R.), "Horace en France pendant la Renaissance", dans B.H.R. t. III, 1936, p. 369-391. Il a également traduit de l’espagnol les Espitres spirituelles du R.P. Jean de Avila (Paris 1588) et l’Histoire du grand royaume de la Chine situé aux Indes du R. P. Juan Gonsales de Menoea (Paris 1588).
54 Ouvrage vanté par l’abbé GOUJET, t. IV, p. 156-157 et La CROIX DU MAINE l’appelle "homme fort docte es langue et poète François très excellent".
55 Édition de 1603, 1605 et 1617. On pourrait ajouter la traduction du premier livre de L’Enéide par Jean Galaut, avocat et poète toulousain.
56 Réédité récemment par R. GRENST, Paris-Genève 1984.
57 LEBEGUE (R.), La tragédie religieuse en France, p. 153. Il avait publié, comme nous l’avons vu, une œuvre de circonstance en 1589 : la GUISTADE dédiée au duc de Mayenne, marquant son attache aux Guise et à la Ligue. L’œuvre généralement jugée assez sévèrement ; LENIENT notait que "la tragédie distille l’ennui", dans la Satire en France, t. II, p. 308-312. Elle a été récemment rééditée par L. LOBBER, Paris-Genève 1990.
58 Regulus, tragédie dressée sur un faict des plus notables que l’on puisse trouver dans toute l’histoire romaine, Limoges 1582.
59 HUPPERT (J.), L’idée de l’histoire parfaite, Paris 1973, p. 8 et 9, voir également DUBOIS (C.-G.), La conception de l’histoire de France au XVIe siècle, 1560-1670, Paris 1977.
60 Du Breuil et les arrêts toulousains ont été édités à la même époque par Hugues Celse Descousu.
61 LEFRANC (A.), "Le platonisme et la littérature en France à l’époque de la Renaissance (1500-1550)", dans Grands écrivains francais de la Renaissance, Paris 1914, p. 73-74.
62 Cité par ZUBER (R.), "Cléricature intellectuelle, cléricature politique. Le cas des érudits gallicans (1580-1620)", dans Travaux de linguistique et littérature XXI-2, Strasbourg 1983, p. 124.
63 L’inventaire dressé au décès de sa femme le 19 mars 1548 est analysé par DOUCET (R.), Les bibliothèques parisiennes, op. cit., p. 105-164.
64 Son œuvre la plus importante Histoires des connétables, chanceliers et gardes des sceaux, mareschaux… avec leurs armes et blasons, depuis leur origine jusqu’en 1555 (Paris 1555), l’œuvre a été continuée au XVIIe siècle par Denis Godefroy. L’auteur cite en tête de l’ouvrage ses sources, Grégoire de Tours, Robert Gaguin, Nicole Gilles, Vincent de Beauvais, Adam Cousinot, Jean Boucher, Froissart, Nicolas Bertrand, Guillaume du Bellay, avec lequel il était lié. On peut retrouver certains de ses ouvrages dans sa propre bibliothèque.
65 Cité par DOUCET (René), Les bibliothèques parisiennes, op. cit., p. 15.
66 Oeuvres, p. 549-550.
67 DOUCET (R.), op. cit., p. 21.
68 Dédié à Henri IV, l’ouvrage paraît au lendemain de la mort du roi. Dans l’avertissement, l’auteur fait une comparaison entre Henri IV et Louis XI qui tourne à l’avantage d’Henri IV. Tous les deux sont issus de saint Louis, nés éloignés de la cour, ont été instruits "en la patience, en l’escole de la nécessité", ont connu un mauvais début de règne et ont chassé les ennemis du pays "mais ce que l’un a fait par la ruse et la force, l’autre par la justice des armes et la douceur de sa démence." L’ouvrage est divisé en onze livres auquel il ajoute Les maximes, les jugements et observations politiques de Commines, seigneur d’Argenton, sur la vie, le règne et les actions de Louis XI et autres diverses occurrences. L’année suivante Matthieu publie une Histoire de la mort déplorable d’Henri IV, roi de France et de Navarre, dédiée à la reine qu’il compare à Blanche de Castille.
69 La première édition est de 1595 ; l’ouvrage a été fréquemment réédité (1596,1597, 1600, 1601, 1603,1604, r606,1610, 1611, 1613, et 1622). Il cite à côté d’auteurs anciens, des contemporains Ronsard, du Barthas, Jean Bodin et Montaigne. Sur Montaigne, TRINQUET (R.), "Pierre Matthieu, lecteur de Montaigne", dans B.H.R. 1957, p. 249- 254.
70 Histoire des guerres faictes par les chrestiens contre les chrestiens […] pour le recouvrement de la France de la Terre Sainte, Paris 1559, histoire de la Terre Sainte conquise par les barbares. Il a laissé également un mémorial juridique et historique édité par F. FAGNIEZ, dans les Mémoires de la société d’histoire de Paris, 1909, p. 47-82.
71 HUPPERT (J.), op. cit., p. 15.
72 HUPPERT (J.), op. cit., p. 35.
73 BOUTILLIER, "Un historien du XVIe siècle : Étienne Pasquier", dans B.H.R. t. VI, 1995 et HUPPERT (J.), "Naissance de l’histoire de France : les Recherches d’Étienne Pasquier", dans Annales 1968. On peut désormais lire une édition moderne, Les recherches de la France, édition critique établie sous la direction de Marie-Madeleine FRAGONARD et François ROUDAUT, 3 volumes, Paris 1996.
74 Évesques de Poitiers ; Histoire des comtes du Poitou (1647), l’ouvrage a été réédité en 1840. Jean Besly avait en outre collaboré avec un des frères de Sainte-Marthe à l’Histoire généalogique de la maison de France.
75 Voir notamment, Recueil des antiquités de Bourges, Paris 1621 et Chronologie historica patriarcharum archiepiscoporum Bituricensium…, Paris 1603, plusieurs fois rééditée.
76 Histoire des antiquités et prérogatives de la ville et comté d’Auxonne, Dijon 1611.
77 "Moy Guy Coquille, subject naturel de monseigneur Lodovico de Gonzague et de Madame Henriette de Cleves son espouse, duc et duchesse du Nivernois, ayant estably par leur pur bienfaict leur procureur général en ce duché pairie de Nivernois, après avoir recueilly de divers lieux ce qui concerne leur lignage, leurs alliances et leurs grandeurs et ce qui est de leurs seigneurie et droicts en ce pays de Nivernois : en ay bien voulu faire ce discours malpoly qui pourra servir de matière grossière, pour este ouvrée plus délicatement par quelques esprits plus gentils, ay accommodé par occasion quelques histoires estrangères qui selon les humeurs des lecteurs pourront servir d’exemple, doctrine ou délectation : ay commencé par l’histoire de la ville de Nevers et du diocèse et establissement des choses ecclesiastiques dudict pays". Malgré le plan en trois parties l’ouvrage est présenté sans ordre, il procède par nombreuses digressions. L’ensemble cependant se lit avec quelque agrément.
78 L’ouvrage est paru à Dôle en 1592, dédié à Philippe II, il lui a valu quelques ennuis avec les magistrats de Besançon, car il réclamait pour Dôle sa patrie le titre de capitale de la comté. Les mémoires ont été brûlés par le Parlement. Cette vaste compilation eut quelques succès. Elle est rééditée à Dijon en 1647 et encore au siècle dernier, avec notes et éclaircissements historiques par M. Ch. DUVERNOYS et une notice biographique d’Emmanuel BOUSSON DE MAIRET, (Arbois, 1846) ; voir une réédition Roanne-Horwath (1978), 2 volumes. L’auteur se fait une haute idée de lui-même, n’hésitant pas à se comparer, la comparaison tournant à son avantage, à Tite-Live et Salluste. Il donne la liste des auteurs qu’il a utilisés grecs, latins, français, parmi lesquels Adam Cousinot, Vincent de Beauvais, Froissart, Villehardouin, Robert Gaguin, Jean Bodin, René Choppin, Pierre Pithou, Commines et Guichardin. Quelques notes de GRIZEY (M.), ’ Louis Gollut (1535-1595), historien dolois", dans Nouvelle revue de Franche-Comté t. XV, n° 60, 1976, p. 201-208.
79 LENIENT, Histoire de la satire, t. II, p. 126.
80 KELLEY (M.-D.), cité par THIREAU (J.-LJ, Charles du Moulin (1500-1566), Genève 1980, p. 199.
81 Traitez des droits et libertés de l’Eglise gallicane.
82 LESCHASSIER (J.), De la liberté ancienne et canonique de l’Église gallicane aux cours souveraines de France, Paris 1606 ; FAUCHER (Claude), Traité les libertez de l’Eglise gallicane, Paris 1609 ; GILLOT (J.), Traictez des droicts et libertez de l’Eglise gallicane Paris 1609.
83 SUTTO (CL), "Étienne Pasquier et les libertés de l’Église gallicane", dans Revue d’histoire de l’ Amérique francaise 1969, p. 246-284, l’essentiel de ses conclusions sont reprises dans l’importante introduction de son édition du Catéchisme des Jésuites, Centre d’étude de la Renaissance de l’Université de Sherbrooke, 1992, p. 30 et s.
84 Cité par LENIENT, op. cit., t. II, p. 157. Claude Sutto peut écrire "à bien des égards, Pasquier demeure fidèle à la conception du gallicanisme exprimé par la Pragmatique sanction de Bourges", cf. Catéchisme, oy. cit., p. 34.
85 Histoire de Louis XI, éd. 1610, p. 61.
86 Éd. 1622, p. 74. Les regrets sur la "défunte" pragmatique sont un genre alors à la mode. Marnix de Sainte-Aldegonde, protestant, poète et diplomate, réfugié en Hollande, qui lance un pamphlet "Différend de la Religion" fait l’éloge de la pragmatique sanction "car certes nostre pragmatique sanction, la bonne vieille demoiselle, avec son large tissu de satin pers et ses grosses patenôtres de joyet, ne nous peut garantir dorénavant. Elle n’a pas une dent à la bouche, la chaleur naturelle commence à lui défaillir ; et même sa bonne commère, la liberté de l’Eglise gallicane, est dès longtemps passée à l’autre monde ; on lui chante pieça force De profondis et messe de Requiem, cité par LENIENT, op. cit., t. I, p. 264.
87 Sur cette question il faut se reporter au récent ouvrage de TALON (Alain), Le Concile de Trente et l’Eglise de France, p. 412 et s. Antoine Loisel donnera en 1596 une consultation sur la réception du Concile de Trente. Jacques Gillot publie en 1608 les Instructions et missives des roy très chrestiens et de leurs ambassadeurs, et autres pièces concernant le Concile de Trente, d’esprit très gallican.
88 Sur l’édict du mois d’avril 1598 publié le XXV février 1599, cf. SUTTO (Claude), Catéchisme, op. cit., p. 37.
89 ZUBER (R.), "Le tombeau...", art. cit.
90 Jean Crespin est né à Arras en 1520, fils d’un avocat de cette ville ; il fait ses études à Louvain, fréquente Charles du Moulin ; est lui-même avocat au Parlement de Paris ; se lie alors à Théodore de Bèze qu’il accompagne à Genève en 1548. Il devient imprimeur et le rival des Estienne ; il est fait bourgeois de Genève en 1553 et meurt en 1572. Son œuvre la plus connue est Le livre des martyrs depuis Jean Huss jusqu’en 1554, dont la première édition paraît à Genève la même année ; l’ouvrage est réédité fréquemment et complété jusqu’en 1619, notamment par Simon Goulart. Le livre ou histoire des martyrs est encore réédité en 1885 à Toulouse. Jean Crespin est beaucoup plus connu comme éditeur que comme historien, cf. GILMON (J.-F.), Jean Crespin, un éditeur réformé du XVIe siècle, Paris-Genève, 1981. Parmi les études récentes, on peut citer KENZ (David), Les bûchers du roi. La culture protestante des martyrs (1523-1577), Seyssel 1997. On peut citer encore parmi les protestants Baudier et un avocat fils d’un ami de Calvin.
91 Son fils ayant été "enrôlé" dans la compagnie contre son gré. D’où son Traité de la puissance paternelle, contre ceux qui sous couvert de religion volent leurs enfants à leurs père et mère, Tours 1589 ; 2e éd, 1593.
92 Sur ce sujet, SUTTO (Claude), Catéchisme, op. cit., p. 38 et s.
93 POUSSEREAU (L.), "Un grand jurisconsulte et avocat nivernais du XVIe siècle, Simon Marion", dans Bulletin de la société de Clamcy 1931, p. 59-83.
94 SUTTO (Claude), "Le contenu politique des pamphlets anti Jésuites français à la fin du XVIe siècle", dans Théorie et pratiques politiques à la Renaissance, 17e colloque international de Tours, Paris 1977, p. 233-246.
95 Histoire des grands chemins de l’Empire romain, contenant l’origine, progrès et estendue quasi incroyable les chemins militaires, pavez depuis la ville de Rome jusques aux extremitez de son Empire, Paris 1622, l’ouvrage a été réédité par souscription à Bruxelles en 1728, 2 volumes. Nicolas Bergier utilisant les auteurs anciens, expose que dans l’étude de l’histoire romaine on a négligé des chemins qui ont pourtant servi à l’unité de l’Empire, au même titre que les lois et la police "car ces chemins estoient comme certaines grandes rues par le moyen desquels, et du rapport qu’elles avoient avec Rome, tout le monde sembloit avoir esté changés en une seule ville, pour la facilité qu’ils donnoient lors de courir de l’un des bouts du monde à l’autre, souz la domination d’un seul, sans aucune crainte" (préface de l’édition de 1622).
96 Oeuvre, t. II, col. 22 ; Pasquier évoque tout au long la supériorité guerrière des Gaulois qui n’ont été vaincus qu’à la faveur des guerres civiles. Sur ce sujet, on peut citer aussi l’œuvre posthume de Guillaume Le Rouille († 1550), avocat et lieutenant général de Beaumont, Le recueil de l’antique preexcellence de la Gaule et les gauloys, Paris 1551, cf. VIVANTI (C.), "Les recherches de la France d’Etienne Pasquier. L’invention des Gaulois", dans Les lieux de mémoire, t. II : La Nation, Paris 1986, p. 215-245.
97 Cité par HUPPERT (J.), op. cit., p. 22.
98 FUMAROLI (M.), Aux origines de la connaissance historique du Moyen Age…, art. cit., p. 17. Voir la même opinion exprimée à propos de Charles Loyseau, BASDEVANT-GAUDEMET (B.), Aux origines de l’état moderne. Charles Loiseau (1564-1627), Paris 1977, p. 16 et plus généralement pour tout ce développement, PIANO-MORTARI, Diritto romano e diritto nazionale in Francia net secolo XVI, Milan 1962.
99 THIREAU (J.-L.), "Le comparatisme et la naissance du droit français", dans Revue d’histoire des facultés de droit n° 10-11, 1990, p. 153-191 et KRIGEL (P.), "L’Historiographie et l’histoire du droit aux XVIIe et XVIIIe siècles", dans Histoires de France, ouvr cit., plus spécialement p. 191-197.
100 Sur Guy Coquille, voir la toute dernière étude de THIREAU (J.-L.), "Préfaces de Guy Coquille", dans Revue d’histoire des facultés de droit n° 19, 1998, p. 217-249 et spécialement p. 218-221 : Guy Coquille jurisconsulte provincial et national.
101 0euvres, t. Il, col. 575-582 ; toute la lettre serait à citer sur l’importance des coutumes et de la jurisprudence.
102 "Pour donc n’estre le Roy de France asservy ny subiect es loix romaines ny autres, il luy est permis si bon luy semble, d’en user ou den faire particulièrement d’autres toutes nouvelles", Traité des lois abrogées, 7e éd., Lyon 1578, p. 3. "Les loix et ordonnances du royaume de France sont aussi bonnes et sainctes qu’autres qui furent iamais establies. Mais de tout temps, les François sont durs à l’observation d’icelles, quoy qu’elles soient générales et concernent règlemens perpétuel, soit pour le faict de la justice, soit pour l’entretien de la police", op. cit., p. 445. Dans le même esprit, voir PEACH (T.), "Le droit romain en français au XVIe siècle : deux Oraisons de François de Nemond (1555)", dans RHD 1982, p. 5-44.
103 On peut se reporter à Études sur la Satire Ménippée publiées sous la direction de D. MENAGER et F. LESTINGANT (Genève 1987). On compte cependant quelques avocats ligueurs comme Louis d’Orléans, Etienne Bernard et Nicolas Versoris.
104 Voir pour les avocats au Parlement de Paris l’étude sociale de QUILLET (B.), "La situation sociale des avocats au Parlement de Paris à l’époque de la Renaissance (1480-1560)", dans Espace, idéologie et société au XVIe siècle, Grenoble 1975, p. 121-152 et quelques éléments dans son ouvrage, Les corps d’officiers de la prévôté et vicomté de Paris, Lille 1982, 2 volumes.
105 THIREAU (J.-L.), "Lumières et ombres de la profession d’avocat au tournant des XVIe et XVIIe siècle d’après le dialogue des avocats au Parlement de Paris", dans Revue Internationale d’Histoire de la Profession d’Avocat n° 5, 1993, p. 51-67.
106 Ainsi l’opinion de Philibert Bugnyon exprimée dans l’avant-propos à son Traité des loix abrogées.
107 DELATOUR J., "Pierre Dupuy, pamphlétaire", à paraître dans Revue de la Société Internationale d’Histoire de la Profession d Avocat n° 10.
108 Oeuvres, t. II, col. 181-184 ; il l’avait félicité quelques années plus tôt d’être resté en province "du premier coup avait mieux aimé estre le coq de vostre de pais”.
109 Oeuvres, t. II, col. 229-322.
110 Sur les détails biographiques concernant Étienne Pasquier, cf. BOUTEILLER (P.), Recherches sur la vie et la carrière d’Étienne Pasquier, op. cit., Paris 1980.
111 Parmi ceux qui ont laissé la barre pour leurs travaux et que Bernard QUILLET nomme les "avocats épisodiques", citons Pierre Matthieu, Jean Le Feron, Jacques Le Gras, avocat au Parlement de Normandie, et Jean Crespin, nous l’avons vu, plus connu comme éditeur.
112 Éloge publié en tête de la deuxième édition de L’Histoire des grands chemins, Bruxelles 1728 ; il faut évidemment se méfier de telles assertions, les éloges comme les critiques étant dispensées assez librement.
113 Édition de 1592.
114 Scévole de Sainte Marthe, avec lequel Aubert était lié, lui adresse une élégie imitée de Solon à propos de sa traduction du 12e livre d’Amadis de Gaule :
Aubert, qui feis par ta docte éloquence
Nagueres voir au Grand Sénat de France
Combien plus vaut la simple vérité
Que les aguets de la subtilité
Cité par CHAMPION (P.), Ronsard et son temps, Paris 1925, p. 88.
Notes de fin
1 Extrait de Excerptiones iuris. Studies in honor of André Gouron, Edited by Bernard DURAND et Laurent MAYALI, The Robbins Collection, Berkeley 2000, p. 261 à 281. Les Presses de l’Université des sciences sociales de Toulouse remercient Max Withers, Senior Publications Coordinator, de les avoir autorisées à publier cet article.
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