Taine et la Terreur
p. 385-394
Texte intégral
1Terminer la crise ouverte par la Révolution française en l’accomplissant, en ne conservant que les principes de 89 ou bien en la niant, semble constituer l’essence même du débat politique du XIXe siècle. L’un des points essentiels de ce débat reste la question de la Terreur, posée dès Thermidor1 et qui hypothèque jusqu’en 1871 le développement de l’idée républicaine. Il faut la répression de la Commune de Paris pour que la République s’impose, comme un régime d’ordre et de stabilité.
2C’est justement l’épisode de la Commune qui ranime chez Taine le spectre de la décomposition sociale et lui fait entreprendre la rédaction des Origines de la France contemporaine, oeuvre dans laquelle il compte déterminer les causes historiques du "mal français". Son ambition est la réorganisation d’une société démembrée par la crise révolutionnaire. Or cette réorganisation ne peut passer que par l’acceptation des leçons de l’histoire.
3À l’époque, le livre surprend, et déroute même. En effet, en précisant que l’Ancien régime a produit la Révolution2, Taine réaffirme à la suite de Tocqueville l’idée d’une certaine continuité historique entre l’ancienne et la nouvelle France. C’est en libéral qu’il adresse à l’absolutisme de la monarchie française le reproche d’avoir contribué à générer la crise révolutionnaire. Par ailleurs, c’est en positiviste qu’il entreprend cette vaste enquête sur la Révolution. Or la science, comme il l’écrit à Guizot, conduit à l’esprit de conservation non à celui de révolution et de renversement3. Le réquisitoire tainien aboutit ainsi à la condamnation scientifique de la France révolutionnaire et de ses prolongements.
4Par rapport à la "Terreur", l’originalité de Taine se fonde d’une part sur l’idée que ce processus de violence politique prend forme dès le 14 juillet 1789, au moment où la société française verse dans ce qu’il appelle "l’anarchie spontanée"4, d’autre part sur l’idée que la Terreur est inhérente au phénomène jacobin. Condamnant en bloc la Révolution, Taine en arrive à l’identifier totalement à la Terreur, phénomène qui est explicable par le fait que la Révolution développe deux tendances, l’une anarchique, l’autre despotique. Dans son esprit, la première est l’effet d’une psychologie propre au peuple français, et particulièrement exacerbée chez les jacobins ; la seconde est la résultante politique de la "conquête jacobine".
I – Une explication psychologique de la Terreur
5Taine, qui n’a jamais défini le concept de révolution de manière précise, considère la Révolution française comme la naissance d’un grand sentiment. Quel est ce sentiment, comment se lie-t-il aux autres, quel est son degré, sa source, son effet, comment transforme-t-il l’imagination, l’entendement, les inclinations ordinaires, quelles passions l’alimentent, quelle proportion de folie et de raison renferme-t-il, sont les questions capitales qu’il se propose de résoudre en écrivant les Origines de la France contemporaine. De fait, analyser une révolution et ses prolongements, c’est faire "un morceau de psychologie"5. À ce titre, Taine peut passer pour l’initiateur au XIXe siècle d’une véritable psychologie des foules, dont Gustave Le Bon sera l’un des continuateurs6.
6Le point de départ de cette vision psychologique de la Terreur est l’idée pessimiste que Taine entretient sur la nature humaine. Selon lui, le dérèglement et l’animalité risquent à tout moment de percer sous l’écorce humaine7. L’homme devient, sous sa plume, un animal "voisin du singe, carnivore et carnassier, jadis cannibale"8. La nature humaine véhicule ainsi un fond persistant de brutalité, de férocité, d’instincts violents et destructeurs9. De fait, Taine emprunte à Spinoza, en montrant l’homme mû par la crainte plutôt que par la raison10, à Hobbes11 et plus loin à Darwin en réduisant les mouvements de l’être humain aux impératifs de la lutte pour la survie.
7Cette analyse s’oppose au mythe du bon sauvage cher à Rousseau et aux philanthropes des Lumières, ainsi qu’au credo révolutionnaire de la perfectibilité humaine. Taine aboutit par conséquent à exalter la finalité traditionaliste et conservatrice d’une société humanisante et hiérarchisée, seule à même d’endiguer et de contrôler les passions humaines12.
8Selon Taine, dès que les circonstances détruisent les freins que la civilisation oppose à sa nature, l’homme retourne subitement à l’état sauvage. Or à ses yeux, l’oeuvre de la Révolution française est la dissolution entière du corps social : "la ruine pendant dix ans de tout gouvernement, (...) l’abolition foncière dans tout individu de la confiance et de l’obéissance, bref l’anarchie"13. Dans une vision organiciste du politique, il la compare à "une maladie générale qui éclate à tous les points du corps social... un mal organique"14. Ainsi sont rendues intelligibles les étapes du processus terroriste : les excès des journées insurrectionnelles qui jalonnent l’histoire révolutionnaire, les massacres de septembre 1792, la radicalisation de la violence révolutionnaire. Selon lui, on voit à ces occasions sortir "le démon de Dante, à la fois bestial et raffiné... l’iroquois et le cannibale"15. La Terreur est la forme que revêt cette "dissolution", elle marque l’effondrement de la société humaine et le retour de l’homme "dans l’état de nature"16.
9La démarche de Taine présente par ailleurs une dimension déterministe. En disséquant la psychologie sociale de l’individu et des foules révolutionnaires, il établit qu’une prédisposition maîtresse et supérieure régule le comportement humain17 : l’homme en tant qu’être social est un produit historique de la civilisation qui découle de la race, du milieu et du moment18. L’individu est ainsi relié à une tradition, un passé, une famille. L’application stricte de sa méthode des dépendances et des conditions lui fait mettre en exergue le conditionnement de l’esprit révolutionnaire par l’existence de ce qu’il prétend être un trait dominant de la nature française : l’excitabilité. En période de révolution, écrit-il, ce sentiment rend les français "fous, (...) ou féroces". La nation française est ainsi dotée d’une "prédisposition à la folie enthousiaste, fiévreuse, et aux idées dangereuses"19.
10Dès lors, fort de ce raisonnement qui se veut scientifique, Taine peut démonter la psychologie du jacobinisme qu’il fait procéder des Lumières et de la philosophie classique du XVIIIe siècle. Ainsi, la Révolution n’est que la résultante nécessaire de l’évolution de l’esprit classique dont 1789 constitue le "moment". Elle est l’expression du génie national français du XVIIIe siècle. De manière discutable, il écrit : "Boileau conduit à Rousseau et Racine à Robespierre"20.
11Cet esprit jacobin, qu’il traite de manière pathologique comme une maladie de "croissance", donne pour l’historien des Origines l’anarchie "spontanée" de 1789, puis les dogmes et les instincts "absolutistes" qui se manifestent dans le gouvernement révolutionnaire. Il combine dogmatisme et démagogie, fait de l’homme une "brute sanguinaire" qui "confine à l’aliéné". Sous la plume de Taine, le jacobin devient un fou qui a de la logique et un monstre qui se croit de la conscience21, dont le sens moral est perverti et qui aspire à la domination politique. De cette aliénation naît la "monomanie homicide", idée que Taine développe plus particulièrement à propos de Marat qui selon lui s’est trouvé établi "du premier bond sur la cime aiguë que ses rivaux n’osent pas gravir ou ne gravissent qu’en tâtonnant"22. Dès lors, il n’est pas étonnant de voir sous la philanthropie affichée par les révolutionnaires percer la férocité et la Révolution présenter une "face hideuse". Dans la Terreur, Taine voit partout la main des jacobins, "ces machiavels de places publiques et de mauvais lieu" qui "ont remué les hommes du ruisseau et les femmes du trottoir"23. Il est à noter, par ailleurs, que Taine démonte le mécanisme psychologique et moral du militant révolutionnaire par l’étude des chefs jacobins, fidèle en cela à la méthode de l’historien anglais Carlyle qui par l’évocation de Cromwell avait dépeint les sentiments qui animaient les puritains du XVIIe siècle. Ainsi, l’esprit révolutionnaire et terroriste constitue un ensemble mental qui intègre le "délire ambitieux" et "la manie des persécutions"24 de Marat, "l’amour propre souffrant" et "l’infatuation" de Robespierre, la "démagogie" de Danton, ce "barbare" né pour commander "une plèbe gauloise et parisienne"25.
12Cette analyse des mentalités jacobines, dont l’âpreté est constante tout au long des Origines, est cependant réduite à une "psychologie clinique des révolutionnaires", selon le mot d’Augustin Cochin26. Le reproche qu’encourt l’auteur des Origines est d’avoir sous-estimé les circonstances dramatiques au milieu desquelles la Révolution a dû se développer. De même, dans son interprétation du déroulement de la Terreur, l’importance du mouvement contre-révolutionnaire est occulté par Taine, qui diverge en cela de Guizot27. Parce qu’il est moins sensible à l’énergie28 qu’à la violence, sa vision des acteurs de la Révolution française demeure incomplète. Renan lui reprochera de ne dévoiler les choses qu’à moitié en représentant ce qui a été "horrible ou monstrueux" et en masquant ce qui fut "grandiose et sublime"29. Bien entendu, les historiens républicains condamneront son oeuvre comme trop partisane et Aulard le traitera de "conservateur épouvanté et furieux"30.
II – Une explication politique de la Terreur
13Comme l’a souligné Augustin Cochin, le jacobin est l’échantillon favori de Taine31, qui a parfaitement compris que le jacobinisme est à la fois un pouvoir et une idéologie : un système d’action et un système de représentation32. En ce sens, Taine fait du Club des jacobins un véritable parti politique moderne.
14Selon lui, les jacobins constituent une minorité active et organisée dont il entend dévoiler les rythmes d’accession au pouvoir. Sans pour autant reprendre la thèse du complot de Barruel, il aboutit à la peinture d’une France révolutionnaire dans laquelle s’est tissé un réseau de sociétés populaires33. Le club parisien étant "la société mère... dont les rejets multipliés ont envahi tout le territoire et qui couvre le moindre de ses adhérents de sa toute puissante protection"34.
15Taine décèle ainsi dans le jacobinisme l’émergence d’une politique militante, prête à la "conquête de la France et des français"35. Cette conquête du pouvoir est alors rendue possible par les institutions mises en place à partir de 1791 qui, à ses yeux, "livrent tous les pouvoirs à l’élection et confère aux clubs le contrôle des autorités"36, et qui permettent à la minorité jacobine d’accaparer le pouvoir au niveau local, dans les municipalités, puis dans les assemblées primaires et enfin dans les assemblées : Législative ou Convention. Avant même de promouvoir la Terreur légale et judiciaire, les jacobins sont accusés de peser sur les élections par les pressions qu’ils exercent sur leurs adversaires, par les émeutes qu’ils déchaînent contre les pouvoirs publics. Leur seule loi est "l’arbitraire du peuple et l’insurrection qui fait rentrer le peuple dans une souveraineté inaliénable"37. À ce titre, la violence politique devient une arme du parti jacobin. Les passions populaires sont de ce fait autorisées par ce gouvernement "illégal" qui "les excite et les conduit". Selon Taine, "le chef d’oeuvre de la raison spéculative et de la déraison pratique est accompli ; en vertu de la constitution, l’anarchie spontanée devient l’anarchie légale"38. De fait, l’idée de Taine est de montrer que la radicalisation de l’an II et la Terreur ne sont que les prolongements logiques de la prise du pouvoir par la Montagne39 qui ne fait que perpétuer la violence politique, mais en changeant de plan.
16Cette dénonciation du jacobinisme aboutit ainsi à identifier le processus terroriste à l’idéologie jacobine elle-même. Elle conduit également à la condamnation des principes démocratiques. Taine fait ainsi le procès de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen40, et du constitutionnalisme volontariste. Cette idéologie, il la définit comme propre à bâtir ou à détruire d’après un procédé rectiligne41, dont le chef d’oeuvre est la constitution de juin 1793, "édifice imaginaire qui repose sur le préjugé égalitaire et niveleur"42. La liberté, l’égalité, la raison sont les notions élémentaires de la pensée jacobine, que Taine condamne en tant qu’axiome de géométrie politique43, auquel est associé une conception abstraite de l’homme. Souveraineté du peuple, droits de l’homme, nourrissent le credo jacobin dont Taine entrevoit la matrice dans le Contrat social de Rousseau, oeuvre dont l’historien fait un évangile qui "réduit la science politique à l’application stricte d’un axiome élémentaire"44.
17Dès lors, les jacobins forment le peuple même, "le souverain est immédiatement dans les sociétés populaires". Le jacobinisme devient l’expression de la Révolution et aboutit à la désignation d’un homme nouveau, le héros révolutionnaire45 que Taine dénonce en tant que "modèle idéal tracé d’avance"46. L’idéologie jacobine implique l’idée de la régénération de l’homme naturel en vue de l’édification de l’homme social. Or selon Taine, cette volonté politique et sociale ne peut que déboucher sur la Terreur. Comme il l’écrit, "celui qui se dresse contre le gouvernement (révolutionnaire) devient criminel et digne de tous les châtiments car il se déclare rebelle et parjure, ennemi de l’humanité et traître au pacte social"47. Taine a ainsi bien perçu le caractère inéluctable et irréversible du processus terroriste qui ne laisse finalement le choix qu’entre deux positions, l’une de participation, l’autre d’anéantissement. Ce faisant, il livre sa vision de l’achèvement du système jacobin : "sous le règne nominal d’une théorie humanitaire, il couvre la dictature"48. N’est-ce pas affirmer que dès qu’une utopie se croit réalisable et qu’on veut la réaliser coûte que coûte, elle devient terreur49.
18Le 9 thermidor et la chute de Robespierre ne constitue nullement pour Taine la fin de la Révolution française. Le Directoire est accusé de reprendre le régime de 1793. Taine va jusqu’à considérer le 13 vendémiaire comme la reconquête de la France par la "bande jacobine"50. Le régime thermidorien poursuit en effet à ses yeux la politique jacobine de déchristianisation, de consolidation du règne de l’égalité51. Madame de Staël elle aussi avait accusé les institutions de l’an III d’alimenter le "torrent révolutionnaire" et non de l’arrêter52.
19Taine fait donc de la Terreur un fondement et une conséquence de l’idéologie jacobine de la table rase. Il se place ainsi dans la continuation de Burke. Son analyse reflète également l’influence hégélienne dans la mesure où l’on retrouve chez l’historien français, quand il dénonce les dogmes rousseauistes, l’argumentation que le philosophe allemand avait développé sur la Terreur dans ses Principes de la philosophie du Droit53.
20Enfin, Taine, longtemps qualifié de traditionaliste à part entière, se distingue néanmoins du courant de pensée contre-révolutionnaire, et se rapproche des libéraux Tocqueville et Rémusat54, et même du républicain Quinet55, en voyant dans la Terreur la forme jacobine d’un retour à l’absolutisme. En effet, selon lui, les maximes constitutionnelles de 1789 laissent immédiatement la place aux maximes contraires. La Révolution aboutit ainsi au but inverse de celui qu’elle s’était fixée : au lieu de soumettre le gouvernement au peuple, elle soumet le peuple au gouvernement. La sentence de Taine tombe alors : c’est la hiérarchie et les pouvoirs de l’ancien régime qui sont rétablies de façon bien plus redoutable56. Ainsi, le jacobinisme, dans sa phase despotique, nie les principes institutionnels de 1791 au moins sur deux plans : la primauté du corps législatif et la décentralisation. En restaurant l’instrument exécutif et le pouvoir central, il reconstruit "la vieille machine à contrainte" et la manoeuvre avec plus de mépris pour les droits privés et pour les libertés publiques que "Louis XIV"57. La Révolution française n’a pas réussi à débarrasser l’esprit Français d’une conception rétrograde de la société et de l’État dont Taine date les linéaments de l’époque de Philippe le Bel58.
21On peut alors se demander, dans la mesure où Taine emprunte à Tocqueville l’idée d’une continuité profonde de l’histoire, s’il ne considère pas que dans la Terreur l’ancien régime et la Révolution ont "cumulé leurs effets"59.
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22Force est de constater que l’analyse tainienne de la Révolution française, et donc de la Terreur, comporte des facettes irrémédiablement datées, une part de bois mort60. Par ailleurs, certaines de ses conclusions politiques ont été démenties par les faits : le régime républicain qui s’est enraciné dans les mentalités a assuré le triomphe de la démocratie sans pour autant verser dans "l’anarchie spontanée" ou générer "le despotisme".
23Cependant, en évoquant le problème de l’origine et du développement du jacobinisme, qui reste sa contribution majeure à l’historiographie de la Révolution française, Taine a posé la question récurrente des rapports entre gouvernants et gouvernés, et le problème de la position de l’individu face à l’État. Sa dénonciation de la Terreur permet d’envisager les dangers qui menacent toute expérience démocratique, et qui résident dans l’atomisation de la société, dans l’anonymat et l’isolement des citoyens. De ce fait, il conserve une grande acuité. De plus, l’oeuvre de Taine met en avant une certaine capacité "prédictive"61 de son auteur, bien que cette oeuvre n’implique aucune dimension prophétique ou messianique. En effet, le développement des totalitarismes et l’avènement des masses durant le XXe siècle ont redonné vie aux inquiétudes tainiennes sur le devenir de la liberté et de l’humanité. Ainsi, ces signes de l’inhumain dont notre époque n’est pas exempte forcent l’homme moderne à prêter à Taine une attention nouvelle. Voilà au moins une raison de relire ce "génial analyste de l’idéologie française"62.
Notes de bas de page
1 F. Furet et M. Ozouf, "Introduction à" The French Révolution and the création of modem political culture, Paris, Institut R. Aron, vol. 3, 1989, p. XIV.
2 H. Taine, Les Origines de la France contemporaine, Paris, Laffont, 1986, 2 tomes, tome 1, p. 5.
3 "Lettre à F. Guizot" du 12 juillet 1873, Correspondance, Paris, Hachette, 1902- 1907, tome III, p. 247.
4 À propos du 14 juillet 1789, Taine écrit : "L’événement était bien plus grave encore. Non seulement le pouvoir avait glissé des mains du roi, mais il n’était point tombé dans celles de l’Assemblée ; il était par terre, aux mains du peuple lâché, de la foule violente et surexcitée...", Les Origines..., tome 1, op. cit., p. 315.
5 H. Taine, Histoire de la littérature anglaise, Paris, Hachette, 1866, tome V, p. 314.
6 Selon S. Barrows : l’oeuvre de Le Bon est en grande partie..."l’écho sinon l’imitation consciente de celle de Taine", Miroirs déformants : réflexion sur la foule en France à la fin du XIXe siècle, Paris, Aubier, 1990, p. 151.
7 H. Taine, Les Origines..., Tome 1, op. cit., p. 179.
8 Ibid., p. 180.
9 Ibid.
10 Pour Spinoza : l’homme est mû par la crainte plutôt que par la raison ..."L’expérience... leur aura enseigné qu’il y aura des vices aussi longtemps qu’il y aura des hommes ; ils s’appliquent donc à prévenir la malice humaine, et cela par des moyens dont une longue expérience a fait connaître l’efficacité, et que des hommes mus par la crainte plutôt que guidés par la raison ont coutume d’appliquer...", "Traité politique", Oeuvres, Paris, Garnier-Flammarion, Tome IV, 1966, p. 11.
11 T. Hobbes, Léviathan, Paris, Sirey, 1983, p. 124 : "Il apparaît clairement par là qu’aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les tienne tous en respect, ils sont dans cette condition qui se nomme guerre, et cette guerre est guerre de chacun contre chacun".
12 H. Taine, Les Origines... op. cit., tome 1, p. 180..
13 H. Taine, "Extraits des notes préparatoires aux Origines", Correspondance, Paris, Hachette, 1902-1907, tome III, p. 313.
14 Ibid., p. 312.
15 Taine trace ainsi le canevas de toute insurrection populaire : ..."La toute-puissance subite et la licence de tuer sont un vin trop fort pour la nature humaine ; le vertige vient, l’homme voit rouge, et son délire s’achève par la férocité"... Les Origines... op. cit.., tome 1, pp. 344-345.
16 Ibid., p. 315.
17 Cf. E. Gasparini, La pensée politique d’H. Taine. Entre traditionalisme et libéralisme, Aix, PUAM, 1993, pp. 117 -151.
18 H. Taine, Histoire de la littérature anglaise, Paris, Hachette, 1863, Tome 1, p. XXIII : ..."Trois sources différentes contribuent à produire cet état moral élémentaire, la race, le milieu et le moment".
19 H. Taine, Extraits des notes préparatoires aux Origines, op. cit.., p. 319.
20 H. Taine, Histoire de la littérature anglaise, Paris, Hachette, 1864, tome III, p. 2.
21 H. Taine, Les Origines... op. cit., Tome I, p. 582.
22 H. Taine, Les Origines... op. cit., Tome II, p. 105.
23 H. Taine, Les Origines... op. cit., Tome I, p. 382.
24 H. Taine, "Psychologie des chefs jacobins", Revue des Deux Mondes, 1884, tome V, p. 329.
25 Ibid., p. 339
26 A. Cochin, La crise de l’Histoire révolutionnaire, Paris, Champion, 1909, pp. 55 – 56.
27 F. Guizot, Du gouvernement de la France depuis la Restauration et du ministère actuel, 1820 cité par P. Rosanvallon, Le moment Guizot, Paris, Gallimard, 1985, p. 207 : "Le jacobinisme est à la Révolution, ce que la Saint-Barthélémy est à la religion et ce que les maux du régime féodal sont à la noblesse".
28 Barrès, sensible à l’énergie, condamnera la description des jacobins faite par Taine : "Tant d’injures au jacobin atteignent celui qui croit à l’énergie, à l’héroïsme"..."Mes cahiers", L’Oeuvre de Barres, Paris, Club de l’honnête homme, 1968, tome XIII, p. 138.
29 E. Renan, lettre du 17 août 1879, Correspondance avec Berthelot, Paris, Calmann Lévy, 1898, p. 477.
30 A. Aulard, Taine historien, Paris, A. Colin, 1907, p. 18.
31 A. Cochin, La crise de l’histoire révolutionnaire, op. cit.., p. 55. Cochin avait écrit que Taine avait l’instinct du phénomène jacobin. En effet, selon lui, Taine a posé le premier le problème jacobin, "écartant par le fait même les solutions admises jusqu’à lui, qui allaient à le nier, bien plus qu’à le résoudre", L’esprit du jacobinisme, Paris, PUF, reprint 1979, pp. 114 -115.
32 F. Furet, Penser la Révolution française, Paris, Gallimard, 1978, p. 48 . : ..."La conviction jacobine est fondée sur la réalisation immanente des valeurs dans et par l’action politique : ce qui implique que ces valeurs soient l’objet d’un conflit entre les personnes incarnées par elles, repérables, connaissables au même titre que la vérité".
33 H. Taine, Les Origines... op. cit., Tome I, p. 590.
34 Ibid., p. 596.
35 Ibid., p. 579.
36 Ibid., p. 572.
37 Ibid., p. 603.
38 Ibid., p. 349.
39 "Ni dans les pouvoirs locaux, ni dans le pouvoir central, la montagne ne rencontrera de résistance : son despotisme est établi dans la pratique : il ne lui reste plus qu’à le proclamer dans la loi", H. Taine, Les Origines... op. cit., Tome II, p. 41.
40 Taine condamne la Déclaration des 20-26 août 1789 parce quelle considère, à ses yeux, l’homme abstrait et non pas l’homme réel, Les Origines... op. cit., tome 1, p. 464. À ce titre, il exalte le Bill of Rights anglais, ce "corps de contrats, c’est à dire de droits reconnus", H. Taine, Histoire de la littérature anglaise, op. cit.., tome III, p. 313. Taine se montre par ailleurs vrai libéral en posant la question de la garantie des droits de l’homme et en affirmant qu’il est nécessaire d’établir les libertés publiques comme des prescriptions positives qui peuvent servir de support à une réclamation judiciaire, Les Origines... op. cit., tome 1, p. 462.
41 H. Taine, Les Origines... op. cit., Tome 1, p. 578.
42 "Lettre à Alexis Delaire" du 19 avril 1890, Correspondance, Paris, Hachette, 1902-1907, tome IV, p. 304.
43 "Le principe du jacobin est un axiome de géométrie politique qui porte en soi sa propre preuve, car, comme les axiomes de la géométrie ordinaire, il est formé par la combinaison de quelques idées simples", H. Taine, Les Origines... op. cit.., Torne 1, p. 576.
44 Ibid.., p. 377.
45 Cf. M. Ganzin, "Le héros révolutionnaire 1789-1794", Revue Historique du Droit Français et Étranger, Paris, Sirey, 1983, Vol. 61, p. 386.
46 H. Taine, Les Origines... op. cit., Tome II, p. 52.
47 Ibid.
48 H. Taine, Psychologie des chefs jacobins, op. cit.., p. 367.
49 J. Freund, L’essence du politique, Paris, Sirey, 1986, p. 528.
50 H. Taine, Les Origines... op. cit., Tome 2, p. 323.
51 Ibid., p. 339.
52 Des circonstances actuelles qui peuvent terminer la révolution et des principes qui doivent fonder la république en France, Genève, Droz, 1979, p. 165.
53 Cf. Luc Ferry, "Le sens de la Terreur chez Hegel", The French Révolution and the création of modem political culture, Paris, Institut R. Aron, vol. 3,1989, p. 230.
54 Rémusat écrivait en effet : "La Révolution française est devenue le dénouement naturel d’un drame de dix ou douze siècles"... Politique libérale, ou fragments pour servir à la défense de la Révolution française, Paris, Michel Lévy frères, 1860, réed.. 1875, p. 4. Sur Charles de Rémusat, voir la pénétrante étude d’E. Tillet, Le concept de république dans la pensée de Charles de Rémusat, Aix, PUAM, 1996, 189 p.
55 Pour Edgar Quinet : "La Révolution française, comme tout autre événement, a ses rapports avec ce qui l’a précédé, elle est sous le fardeau du passé de la France. Souvent, elle le reproduit, même en le combattant. Ne pas voir ce lien, c’est nier lame même de l’histoire", La Révolution, 1865, Paris, Belin, rep. anast. 1987, p. 71.
56 H. Taine, Les Origines... op. cit., Tome 2, p. 43.
57 Ibid., p. 13.
58 Lettre à Saint-René de Taillandier du 6 août 1881, Correspondance, op. cit., Tome IV, p. 128 : ..."Notre société contemporaine a des racines historiques et psychologiques. Les premières sont visibles dès Philippe le Bel".
59 F. Furet, "Terreur", Dictionnaire critique de la Révolution française, Paris, Flammarion, 1988, p. 169.
60 Comme le fait remarquer J-J. Chevallier : ..."il reste que de nos jours, personne ne souscrirait plus aux pages longtemps fameuses de Taine... où le jacobin apparaît comme un fou", Histoire de la pensée politique, Paris, Payot, Tome 3,1984, p. 38. – Pour D. Aubry : ..."la peinture des jacobins en 93 est si outrée quelle ferait sourire aujourd’hui", 93 et les Jacobins – Regards du XIXe siècle, Lyon, Presses Universitaires, 1988, p. 111.
61 Le terme est de Mona Ozouf.
62 Selon le mot de Daniel Lindenberg, "Taine", Dictionnaire des oeuvres politiques, Paris, PUF, 1986, p. 803.
Auteur
Maître de Conférences à l’Université d’Aix-Marseille III
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