La mémoire de la Terreur : érudits et historiens pyrénéens du xixe siècle
p. 371-384
Texte intégral
1L’idée d’étudier la façon dont les historiens et érudits pyrénéens du XIXe siècle ont traité la Terreur dans le cadre de leurs ouvrages consacrés à la Révolution de 1789, nous est venue après avoir constaté le peu de renouvellement de l’historiographie sur cette période pour le département de l’Aveyron1. Un tel constat se vérifiait-il pour les départements pyrénéens ? Continuait-on comme pour le Rouergue d’envisager la période révolutionnaire et plus particulièrement la Terreur sans s’interroger sur les problématiques d’auteurs du XIXe siècle, qui pouvaient se révéler un peu dépassées ? Dans quel esprit ce non-renouvellement s’inscrivait-il ?
2L’entreprise était plus délicate que pour le Rouergue dans la mesure où les Pyrénées n’offrent pas un tableau aussi facile à décrypter. Toutefois, malgré leurs différences, l’identité et le contexte catalan et basque pouvaient être rapprochés, au moins par rapport à l’Ariège, et aux départements des Hautes et Basses-Pyrénées. En effet, au printemps 1793, l’effervescence politique à Perpignan et à Bayonne n’est pas la même que celle des autres petits pays qui forment la barrière pyrénéenne. Ces deux places fortes sont menacées par les espagnols. Si les autorités révolutionnaires parviennent à maintenir une certaine pression durant la Terreur, elles le doivent en grande partie à la présence en masse de l’armée2. C’est donc, de façon un peu schématique, un double contexte que l’on peut opposer : sur chaque frange de la chaîne pyrénéenne, la guerre contre l’Espagne permettra de justifier la rigueur indispensable au Salut Public, dans les parties plus centrales la guerre sera surtout civile et politique. L’historiographie de la Révolution dans les Pyrénées rend compte de ces nuances, et permet de constater sans surprise la place à part occupée par la Terreur. Dire que l’histoire de cette période est politisée tient du lieu commun. Le Doyen Godechot dans Un jury pour la Révolution démontre que "l’histoire de la Révolution est partiale parce que son récit porte nécessairement la marque du camp dans lequel s’est placé l’auteur"3.
3Cette constatation nous a été facile à effectuer. Nous verrons comment la plupart des auteurs dévoilent d’emblée leur parti pris. Mais nous verrons aussi combien, même si la dramatisation ou inversement la banalisation du récit de certains événements est manifeste, la contribution de ces historiens aux progrès de la connaissance historique n’est en aucune façon contestable. D’ailleurs, un bilan des parutions concernant la période révolutionnaire dans les départements pyrénéens à l’époque du bicentenaire nous démontre que le nombre de rééditions d’ouvrages du XIXe siècle est au moins aussi important que les publications nouvelles. Tous ceux qui ont écrit récemment des synthèses sur la Révolution dans les différents départements pyrénéens ont eu l’honnêteté de reconnaître non seulement la valeur scientifique de plusieurs de ces travaux mais aussi parfois qu’ils ont constitué la source principale de plusieurs chapitres. Il est vrai, comme le soulignait le Doyen Godechot dans Un jury pour la Révolution, qu’il existe "une véritable chaîne liant les uns aux autres tous les historiens de la Révolution. Le meilleur moyen d’essayer de parvenir à une plus grande impartialité, ajoutait-il, n’étant pas de les ignorer, mais au contraire de bien les connaître, de savoir pourquoi, comment et dans quelles conditions ils ont écrit, quelles ont été leurs idées et leurs buts". C’est dans cet esprit que nous avons envisagé l’étude des écrits sur la Terreur des historiens et érudits pyrénéens du XIXe siècle. Nous avons d’une part, privilégié les auteurs cités en référence dans les monographies les plus récentes sur l’époque révolutionnaire dans les départements pyrénéens. D’autre part nous avons pris en compte les oeuvres de ce qu’il est convenu d’appeler le Grand Dix-neuvième Siècle (c’est-à-dire jusqu’à 1914) mais uniquement lorsqu’il s’agissait de publications qui s’inscrivaient dans le prolongement de celles parues avant 1900. Enfin quatre des cinq départements pyrénéens sont l’objet de notre étude : Pyrénées-Orientales, Ariège, Hautes et Basses-Pyrénées. La Haute-Garonne a été éliminée du fait de l’emprise toulousaine qui attire l’essentiel des regards.
4Ainsi dans un premier temps nous nous attacherons à présenter ces historiens et leur oeuvre. Nous essaierons de comprendre ce qui animait ceux qui voulaient écrire sur la Révolution et la Terreur. Dans un second temps nous tenterons d’analyser la manière dont ils ont écrit, construit et illustré leurs travaux sur la Révolution, et donc leur façon de décrire la Terreur.
I – Écrire sur la Terreur
5Écrire sur la Terreur au XIXe siècle était sans doute aussi difficile qu’écrire aujourd’hui sur le régime de Vichy ou sur la Libération. Comme le dit Jean Walch dans Les maîtres de l’histoire, "le savoir de l’historien est fonction à la fois de sa personnalité, et de son époque ; il est marqué d’une relativité subjective et d’une relativité objective, celle de l’individu et celle du milieu social auxquelles on ne peut échapper"4. Aussi, avant d’entrer dans l’analyse proprement dite de l’histoire de la Terreur chez les historiens et érudits pyrénéens, il nous a semblé opportun de les présenter. Mais plutôt que de présenter une succession de biographies dont l’intérêt serait limité, nous avons décidé de les situer par rapport à leurs écrits. En laissant nos auteurs se dévoiler eux-mêmes, nous avons pu rapprocher les départements des extrêmes (Pyrénées-Orientales et Basses-Pyrénées) et les départements du centre (Ariège et Hautes-Pyrénées).
A – Les départements des extrêmes
6Le département des Pyrénées-Orientales offre sans doute le meilleur exemple de l’affrontement entre l’école critique à l’égard de la Révolution et celle qui lui voue un culte républicain. En effet, il est impossible de ne pas opposer l’abbé Torreilles à Pierre Vidal5. Torreilles débute dans l’érudition roussillonnaise en 1890 avec une Histoire du clergé dans le département des Pyrénées-Orientales pendant la Révolution Française, sorte de réponse à l’Histoire de la Révolution française dans le département des Pyrénées-Orientales de Pierre Vidal. L’ouvrage de Vidal paru en 1885, reflète les positions officielles du temps comme le montre la dédicace qu’il place au début du livre : "Ce livre est dédié à la mémoire des citoyens qui administrèrent le département des Pyrénées-Orientales pendant l’époque révolutionnaire depuis 1789 jusqu’en 1800 ; à celle des braves soldats qui moururent alors sur le sol du département en combattant pour le salut de la France et pour le maintien de la République, à celle de tous les roussillonnais qui aidèrent à détruire l’esclavage et à fonder la liberté"6.
7Dans la préface de son livre, Vidal annonce assez maladroitement qu’il va faire preuve d’objectivité : "Quoique je sois profondément républicain et admirateur de la Révolution, je n’ai pas oublié que le premier devoir de celui qui écrit l’histoire est celui d’être impartial. Il doit éviter l’admiration de parti pris et le dénigrement systématique et dans le cas présent, je suis convaincu que par dévouement même à la Révolution, nous devons condamner ses excès et ses crimes. D’ailleurs je laisse généralement au lecteur le soin d’apprécier ou de juger les événements ou les hommes et quand je l’entreprends, ce n’est qu’après avoir exposé les faits d’après les documents puisés aux meilleures sources : lorsqu’il se présente des contradicteurs sérieux, je les laisse parler.
8L’abbé Torreilles explique dans l’introduction de son premier ouvrage, que les trois volumes de P. Vidal n’ajoutent rien aux publications antérieures : "Nous ne surprendrons personne si nous osons affirmer que ce travail, n’ajoutant rien aux publications de M. Alart sur les premières années de la Révolution et se bornant pour le reste presque exclusivement aux guerres franco-espagnoles, qu’il n’a, ni épuisé la matière ni même répondu aux promesses d’une préface pompeuse"7. L’abbé Torreilles souligne non seulement que Vidal a été très critiqué sur sa méthode et sur la dimension scientifique de son travail, mais aussi qu’il n’a tenu compte que du récit officiel consigné dans les registres du département8. Quelques années plus tard, dans son livre sur Perpignan pendant la Révolution, Torreilles dit vouloir "saisir le drame qui va se dérouler..."9 et désirant sans doute éviter la polémique, précise qu’il ne citera "jamais l’Histoire de la Révolution de M. Vidal".
9Notre description se poursuit par le département des Basses-Pyrénées où l’on rencontre le plus grand nombre d’ouvrages, brochures et articles relatifs à notre période, mais où aucun historien ne semble véritablement sortir du lot. Il ne semble pas qu’il y ait, comme dans les Pyrénées-Orientales d’affrontement direct entre érudits. Une seule synthèse, rédigée dans une optique républicaine, celle du journaliste, directeur du quotidien béarnais l’Indépendant et ancien député, Émile Garet. Mais ses Fragments d’histoire locale depuis 1789 jusqu’en 180010 sont très descriptifs. Le même constat peut être effectué en lisant l’ouvrage Scènes de la Terreur à Bayonne 1793-1794, d’Albert Darricau, un ancien magistrat. Toutefois ce dernier apporte quelques éclaircissements sur la manière dont il a conçu cet écrit : "Jusqu’ici les écrivains ont peu fouillé ce sujet. Ils craignaient peut-être de remuer des souvenirs pénibles. Tout bien examiné nous croyons qu’il est possible de largement dessiner la physionomie de Bayonne durant la Terreur, ... de remettre en lumière les angoisses, les émotions, les passions de ses habitants, de retracer les principaux événements de la guerre d’Espagne, sans éveiller aucune susceptibilité... Nous tenons à déclarer, (...) qu’on a trop souvent englobé dans la longue traînée de réprobation que la Terreur a laissée derrière elle, les citoyens investis de fonctions publiques par le choix de leurs électeurs ou du gouvernement pendant cette période sinistre. Il y eut parmi eux des hommes de coeur et de courage. Si on veut porter des jugements sur leur compte, il importe d’être prudent et d’étudier séparément les actes de chacun. Les charger de tous les méfaits de quelques collègues exaltés, méchants, affolés, serait une injustice. À plus forte raison, faut-il s’abstenir de leur imputer les crimes des ambitieux qui s’étaient emparés de la puissance publique et la gardaient par la Terreur... or comme ce travail concernant les personnes sortirait des limites et de l’esprit de cet écrit, notre judicieuse discrétion sera, non un acte d’excessive réserve, mais un acte de scrupuleuse impartialité"11.
10Avec P. Haristoy et V. Dubarrat, l’historiographie catholique basque fait de la Révolution son thème de prédilection. Parvenus à la direction de la revue les Études Historiques et Religieuses du Diocèse de Bayonne, ces deux curés de paroisse seront les chefs de file de l’école catholique de la Révolution. Pour le clergé basque l’histoire de la Révolution est souvent l’objet de prédications théologique et catéchistique explique Jean Goyhenetche dans sa thèse sur Les Basques et leur histoire12. Haristoy dans son premier ouvrage Le Catéchisme de la Révolution13 fait une pseudo-histoire, c’est l’occasion pour lui de "croiser le fer avec les partisans de la Révolution, sous forme de polémique et de pamphlet" (J. Goyhenetche)14. Haristoy et Dubarat font paraître dans leur revue en 1894, une série d’articles sous le titre "Le martyre d’un peuple ou l’internement des Basques sous la Terreur", suivi de "Chants révolutionnaires", puis à partir de 1895 une suite de monographies sur "Les paroisses du Pays Basque pendant la période révolutionnaire". L’intérêt de cette littérature est très variable. En préambule de la publication des jugements rendus par la commission extraordinaire de Bayonne, on peut lire : "Nous publions les textes des jugements rendus par la commission extraordinaire de Bayonne dont le souvenir lugubre est resté comme un objet d’horreur dans notre pays... on y verra les procédés sommaires dont usèrent de prétendus juges, à une époque où tout conspirait à sacrifier des innocents et à verser le sang des justes. Rien ne saurait expliquer la férocité inouïe de ces sentences, sinon la crainte qu’inspiraient aux juges eux-mêmes les terribles représentants du peuple qui jouaient si facilement avec la vie humaine et envoyaient à la mort d’innocentes victimes sous les plus futiles prétextes".
11Autre homme d’église, l’abbé Taztin qui lui s’intéresse à la Terreur à Pau et écrit au début de son article publié en 1903 dans la même revue : "Ici qu’on nous permette de faire, en même temps qu’oeuvre de science, oeuvre d’imagination, non pas pour dénaturer les faits (Dieu et les savants nous en gardent !) mais pour mieux nous représenter l’état de notre cher pays à cette époque terrible"15.
12Pyrénées-Orientales et Basses-Pyrénées sont bel et bien les départements des extrêmes. De par leur situation géographique et le contexte militaire mais aussi du fait des positions très tranchées de leurs historiens et érudits. Pour le premier de nos départements, l’affrontement entre l’abbé Torreilles et P. Vidal était tellement représentatif de l’opposition des deux grandes écoles, que nous nous sommes limité à l’étude de ces deux érudits. Il est vrai que les érudits des Pyrénées-Orientales du XIXe s’intéressent surtout à la guerre contre l’Espagne. Ce qui frappe pour les Basses-Pyrénées c’est le contraste entre l’abondance de travaux sur la Terreur – dans son essai d’une bibliographie du département des Basses-Pyrénées pour la période révolutionnaire effectué en 1874, Soulice, bibliothécaire de la ville de Pau en dénombre pour son département plus de 20016 – et le manque de qualité. C’est à un tout autre contexte que nous avons à faire dans les départements de l’Ariège et des Hautes-Pyrénées.
B – Les départements du centre
13Si les deux écoles de la Révolution ne s’affrontent pas directement dans les départements de l’Ariège et des Hautes-Pyrénées, elles n’en demeurent pas moins bien présentes. Paul de Castéras, avocat, puis conseiller à la Cour d’appel de Toulouse, se sent obligé comme bon nombre de ses contemporains, de se justifier sur la dimension critique de son travail. Dans l’Histoire de la Révolution dans le Pays de Foix et dans l’Ariège, il se fixe comme objectif de décrire sincèrement l’histoire telle qu’il l’a perçue : "Malgré la dureté de nos appréciations, nous sommes convaincu de ne pas avoir manqué à l’impartialité de l’historien, parce que, d’après notre sentiment, l’impartialité est faite surtout de vérité. L’historien a le droit d’avoir une conscience, de louer ce qui lui paraît louable, de condamner ce qu’il estime condamnable. Le lecteur de son côté a le droit d’avoir son opinion... Nous avons puisé nos renseignements aux sources les plus certaines et les plus véridiques. À défaut de tout autre mérite, notre oeuvre aura celui de la sincérité"17.
14L’abbé M.H. Duclos dans son Histoire des Ariégeois18, écrit à propos de l’ouvrage de Castéras que c’est un "livre rempli de recherches et écrit avec modération". Nous verrons que ces propos peuvent être nuancés, comme d’ailleurs ceux plus récents de Louis Claeys qui dans sa thèse consacrée à l’histoire de la vie politique dans ce département précise que "malgré son ancienneté la meilleure analyse de la Révolution en Ariège demeure celle de G. Arnaud"19. En effet, Arnaud (professeur au lycée Mignet) auteur de l’Histoire de la Révolution dans le département de l’Ariège offre à celui qui se limiterait à la lecture de la conclusion le droit de rester dubitatif sur l’exploitation qu’il a pu faire des sources : "Loin de nous la pensée d’excuser les violences des agents de la Terreur, des commissaires civils, des tortionnaires de Pamiers et de tous les tyranneaux des comités de surveillance et des sociétés populaires ; mais on nous accordera qu’ils ont souvent frappé de grands coupables. Les lois n’existaient pas pour les aristocrates, ils mentaient avec désinvolture, ils étaient avides, corrupteurs, traîtres et sanguinaires. On a fait le compte des aristocrates tombés sur l’échafaud, mais qui dira jamais le nombre des patriotes tués lâchement aux coins des rues, tirés en rase campagne, comme un gibier, ou tombés dans des embuscades ? (...). Qu’on reconnaisse de bonne foi que les aristocrates furent aussi violents que les terroristes et qu’ils ont, les premiers tiré l’épée"20. Même si les ultimes propos d’Arnaud renvoient dos à dos révolutionnaires et contre-révolutionnaires, l’essentiel de ce qu’il énonce correspond de façon caricaturale à l’une des catégories de la typologie proposée par Jean Walch dans Les maîtres de l’histoire21. Ainsi on peut se demander si Arnaud ne fait pas partie des historiens qui "cherchent à expliquer, à excuser, au moins partiellement les violences des journées de Septembre et de la Terreur, par les fautes des aristocrates (...)".
15En continuant vers l’Ouest, nous arrivons au département des Hautes-Pyrénées où, en cette fin de XIXe siècle, un érudit a attiré toute notre attention. C’est l’Abbé Louis Ricaud dont Jean-François Le Nail, dans la présentation qu’il fait de la réédition du Journal d’un bourgeois de Tarbes pendant la Révolution, dit qu’il "fut et reste l’historien de la Révolution dans les Hautes-Pyrénées". Il ajoute que malgré la valeur des travaux qui ont suivi, l’oeuvre de Ricaud "demeure une référence obligatoire sur cette période". Dans toutes les introductions de ses travaux Ricaud légitime sa façon d’écrire l’histoire. Dans le Journal d’un bourgeois..., il annonce qu’il dira "tout simplement la vérité, évitant de la farder ou de la dissimuler", en outre il revendique le droit de "donner son appréciation sur les hommes et les choses". Il réitère ce type de propos dans la préface de La Bigorre et les Hautes-Pyrénées pendant la Révolution : "On ne doit aux auteurs et aux victimes de la Révolution Française que la vérité. Aussi ne faudra-t-il pas plus chercher dans ce livre un panégyrique qu’un pamphlet". Les propos qui suivent nous laissent cependant sceptique sur ses intentions : "La Révolution plus que tout autre événement a été célébrée et maudite. Elle a eu, et elle a encore ses enthousiastes et ses détracteurs. Si les premiers le plus souvent chantent de confiance, trop longtemps nous avons eu à regretter que les seconds ne fussent pas mieux armés ou se servissent mal de leurs armes. Depuis un assez grand nombre d’années pourtant, une phalange d’écrivains, d’historiens catholiques ont changé de manière de combattre et l’on peut prédire, sans témérité que le jour n’est pas très éloigné où la Révolution et les révolutionnaires mieux connus, auront perdu le masque dont on les affuble et l’auréole dont on les couronne. Ce jour là, la vérité contre laquelle on conspire depuis plus de cent ans aura reconquis tous ses droits".
16Dans l’ouvrage paru en 1899, consacré à l’étude des représentants en mission dans les Hautes-Pyrénées, il écrit : "Il faut que l’historien sache se dégager des opinions reçues, des préjugés enracinés par l’éducation pour ne tenir compte que de la vérité, de ce qui du moins lui paraît la vérité. Lorsque je me suis trouvé en présence de documents différents, émanant d’amis ou d’ennemis et quelque peu inconciliables, je les ai rapporté tous, en les laissant au compte de ceux qui les fournissaient et m’en rapportant au lecteur du soin de se faire une opinion"22.
17L’un des enseignements que l’on peut d’ores et déjà tirer, c’est que nos historiens et érudits tous contemporains des débuts de la Troisième République sont marqués par leur époque. Ce besoin que tous ressentaient à prévenir le lecteur, à justifier leur démarche, à proclamer leur sincérité montre à quel point écrire sur la Révolution et plus particulièrement sur la Terreur, était une entreprise délicate. Nous allons voir maintenant que ces précautions n’étaient pas inutiles parce que décrire la Terreur était un art aussi périlleux.
II – Décrire la Terreur
18La plupart de nos auteurs ont consulté un nombre considérable de documents dont beaucoup sont aujourd’hui introuvables ou disparus. L’utilisation de cette documentation est bien entendu très inégale. Le plus souvent ces érudits du XIXe siècle livrent au lecteur de longs passages reproduisant en totalité ou en partie les rapports et comptes-rendus des autorités ou des institutions révolutionnaires. Pourtant les choix qui sont opérés et les commentaires qui les accompagnent nous ont permis, d’une part de mieux saisir leur définition de la Terreur et d’autre part leur vision de la Terreur.
A – Définition et redéfinition de la Terreur
19Darricau (La Terreur à Bayonne) explique à propos du thème bien classique du despotisme brisé par la Révolution que celle-ci "n’est elle-même qu’un despotisme exaspéré et par là plus dangereux. La Terreur en a fourni la preuve. Il y a lieu de penser que les destinées de ce pays auraient été moins heurtées, et ses progrès plus grands, si les violences des sectaires de 1793 n’avaient pas perturbé la vaste évolution politique et sociale qui commença à se dessiner vers la fin du XVIIIe siècle". Garet plus laconique résume la situation en une phrase : "La Terreur et Monestier sont synonymes en Béarn. L’une n’existe que par l’autre"23.
20Castéras dans son analyse du processus révolutionnaire en Ariège oppose le premier acte de la Révolution, avec ses "premières heures d’enthousiasme et de bonheur" au second, "drame sanglant qui succéda aux espérances et aux joies soulevées par la fête et celle de l’Acceptation de la Constitution". Il brosse un tableau contrasté de la situation qui ne cesse de se dégrader et qui aboutit à la Terreur : "La Convention ne fléchit pas. Elle se saisit de la dictature, résolue à sauver la Révolution ou à s’ensevelir sous ses ruines. De ces circonstances extrêmes est née la Terreur... Il fallait étouffer l’anarchie, faire marcher les généraux et les armées, pousser les citoyens aux frontières, trouver de l’argent, des armes... terrifier les ennemis de l’intérieur". Castéras effectue ensuite un descriptif de l’ensemble des mesures qui feront que la Terreur sera une machine implacable : "Pendant dix-huit mois, la France vécut dans le délire d’une fureur démagogique et dans le cauchemar de la mort sans cesse menaçante, sous les accusations le plus souvent fausses des plus vils délateurs. Les agents de la Terreur ne furent pas toujours poussés par la passion révolutionnaire et patriotique. Trop nombreux furent ceux qui allèrent beaucoup plus loin et inondèrent l’échafaud de sang. Ces tyrans éphémères immolaient aussi leurs ennemis personnels. Dans cette crise terrible on vit l’humanité et les caractères se révéler, les uns héroïques et sublimes, les autres vils, méchants et féroces. On frappait à tort et à travers sans discernement, sans équité : et par une sorte de justice distributive, tous les chefs de faction montèrent tour à tour sur l’échafaud, entraînés les uns par les autres., ."24.
21G. Arnaud dans son ouvrage sur l’Ariège propose une lecture différente du processus révolutionnaire avec à la clef une interprétation originale des causes de ce qu’il appelle l’infléchissement de l’opinion : "Portés au pouvoir dans un moment de crise, les démocrates furent bientôt abandonnés par la majorité des habitants de l’Ariège et il fallut la dictature pour les soumettre au régime de l’an IL On peut se demander pourquoi ce peuple, qui avait tant d’élan en 1792, semblait revenir en arrière l’année suivante et ne supportait qu’avec impatience la dictature démocratique. Il est facile d’énumérer les causes d’infléchissement de l’opinion :
Je mettrai, en première ligne, la déchristianisation, résultat suprême de cette longue lutte du clergé contre la Révolution et que la défection des prêtres assermentés, dans la crise girondine, rendait presque nécessaire.
Les longues guerres, les levées incessantes, les réquisitions de toute nature et l’horrible misère, qui en fut le résultat, jetèrent un prompt discrédit sur tous ceux qui détenaient le pouvoir.
L’implacable énergie des représentants du peuple, les violences et les excentricités de leurs agents ne pouvaient être supportées sans impatience par des hommes accoutumés à quatre ans de liberté et même de licence.
Enfin l’ignorance du peuple rendait impraticable le régime démocratique, qui, en fait ne dura que quelques mois, et fut rarement appliqué avec sincérité. C’étaient de grands enfants, à l’esprit très simpliste, que ces paysans du Comté et du Couseran, à qui on confiait tous les pouvoirs. Pour le paysan, la suppression de la féodalité et de la dîme, le partage des communaux et la vente des biens nationaux furent presque toute la Révolution, le reste il ne le comprenait pas... Pouvait-on faire, en quelques jours, d’un paysan ignare un citoyen ?"25.
22Cette explication, révèle chez Arnaud de réelles qualité d’analyse et démontre un souci évident d’élever le débat. Toutefois la vision qu’il propose des événements est, elle beaucoup moins convaincante.
B – Vision et révision sur la Terreur
23En effet, la description de la Terreur effectuée par Arnaud traduit une haine viscérale à l’égard des aristocrates : "Les aristocrates avaient livré pendant trois ans de si formidables assauts, ils avaient jeté le pays dans de telles convulsions, à la fin 1792 et pendant l’été de 1793, qu’on ne put en venir à bout que par la prison et l’échafaud. On les mit tous dans l’impossibilité de nuire ; de long cortèges de prisonniers se dirigèrent sur Toulouse, Montauban et Paris ; les maisons d’arrêt des villes et des bourgs regorgeaient de prisonniers de tout âge et de tout sexe, si nombreux qu’on ne savait comment les nourrir ! Des colonnes de l’armée révolutionnaire parcouraient le département en tous sens, frappant les suspects, quelquefois des innocents"26.
24G. Arnaud ne peut cacher son admiration de l’oeuvre entreprise par les acteurs de la révolution : "Les fonctionnaires de l’an II ne manquèrent pas à leurs devoirs, ils furent exacts et vigilants, on peut même leur reprocher de regrettables excès de zèle". Il en est de même à l’égard des représentants du peuple : "Il faut rendre à Vadier cette justice, c’est que la plupart de ses victimes étaient coupables ; notre étude l’a surabondamment prouvé"27 écrit-il, laissant un doute sur l’utilisation qu’il a fait des sources.
25Dans son introduction (Révolutionnaires et terroristes du département de l’Ariège) Castéras présente une toute autre vision des choses : "Les représentants de notre département ont participé avec plus ou moins de retentissement, à la lutte désespérée d’un peuple qui veut se sauver. Ils étaient tous montagnards et ils avaient, eux aussi juré de vaincre ou de périr. Ils ont pour la défense de la patrie, voté les mesures les plus rigoureuses et les plus douloureuses. Ils sont sortis de cette formidable épreuve purs et grandis. Pas une goutte de sang ne les a tâchés. Il y a une exception. Un représentant de l’Ariège à la Convention nationale, apparaît dans une auréole sanglante, comme la personnification de la haine, de la proscription et de la mort. C’est Vadier "... L’imagination géniale de Shakespeare, si féconde en scènes dramatiques, n’a pas enfanté un drame aussi tragique et poignant que celui qui nous est offert par la Révolution dans sa réalité... La société moderne est née de celle qui finit dans la fin du dix-huitième en déchirant ses entrailles, .."28.
26L’abbé Taztin dans son étude sur la Terreur à Pau offre une vision particulièrement dramatique : "On était au milieu de septembre 93... partout se formaient des sociétés populaires, partout dominaient ces terribles clubs jacobins aux yeux desquels on pouvait être suspect, même si l’on était agent national ou représentant en mission. Enfin les sinistres charrettes commençaient à faire retentir les rues, même des villes de Province, et sur les places publiques, si joyeuses jadis... se dressait le squelette sombre de la guillotine"29.
27Dans son Histoire de Perpignan, Pierre Vidal accorde quelques lignes à la Terreur dont il fait une description claire et rapide : " (...) les nouveaux représentants organisèrent ici le Gouvernement révolutionnaire, les aristocrates, les traîtres, les suspects, les prêtres réfractaires furent impitoyablement pourchassés : le Tribunal révolutionnaire fonctionna, et quelques-uns des accusés qu’il eut à juger montèrent sur l’échafaud. Les églises furent fermées, et un temple décadaire les remplaça, les statues des saints qui ornaient plusieurs de nos rues furent enlevées et brûlées ; un grand nombre de ces rues changèrent de nom. L’ancienne vie locale était éteinte ; c’était comme un nouvel état social, qu’on a qualifié la Terreur. Cela dura jusqu’à la chute de Robespierre"30.
28Pour Torreilles, la Terreur est avant tout synonyme d’épuration : "Épurer c’est d’après les procédés du temps rejeter d’une association ou d’une administration les membres gangrenés qui l’empêchent de prendre des résolutions viriles à la hauteur des circonstances. D’ordinaire l’on se contente, comme l’émondeur de retrancher "les tiges gourmandes". Ce procédé sera usité pendant toute la Terreur même quand le jacobinisme aura tout envahi. La régénération est employée dans les grandes occasions lorsqu’il faut infuser une vie nouvelle à un corps infesté de mauvais principes..."31.
29Torreilles, avant d’aborder l’étude des mesures prises à partir d’octobre 1793 par les représentants en mission dans le but d’endiguer les projets fédéralistes, précise dans une note qu’il a "cru nécessaire de faire ressortir l’attitude des chefs roussillonnais, M. Vidal n’ayant rien dit à ce sujet". En outre, il démontre que bien des notables locaux se sont parfois retrouvés comme forcés d’entrer dans le jeu du système "sous peine d’être regardés comme suspect et traités comme tel"32.
30Les propos de Darricau sur la Terreur à Bayonne vont dans le même sens et sont bien la signature d’un ancien magistrat : "Quant aux particuliers, nul n’a le droit de leur demander compte de leurs opinions, ni même d’incriminer leur conduite, s’ils n’ont pas dans leurs agissements dépassé les limites de leurs droits". Darricau ajoute "On verra du reste, en lisant la suite de cet ouvrage, qu’au milieu des entraînements incompréhensibles de cette époque, bien peu de Bayonnais ont joué un rôle actif, et que presque tout a été mené par des étrangers"33.
31Nous sommes ici très proche des problèmes rencontrés par les historiens qui ont étudié la période de Vichy. Quels sont les plus coupables ? Ceux qui agissent ? Ceux qui se taisent ? Ceux qui sont sincères ? Ceux qui suivent les ordres ? On sent chez certains de nos érudits le besoin de trouver les responsables, chez d’autres le désir de disculper ; mais si les objectifs divergent, les démarches se rejoignent, et nous démontrent que si l’art de l’écriture est incontestablement une des qualités premières des auteurs du XIXe, ils sont loin de posséder la rigueur de la démarche scientifique.
32Ces réflexions nous conduisent à conclure sur le travail de l’historien. Il nous semble qu’une "reproblématisation" de l’histoire locale de la Terreur, avec des retours systématiques aux sources, permettrait de savoir comment elles ont été choisies, comprises et exploitées. Cette démarche manque cruellement à la plupart des synthèses sur la Révolution qui traitent l’histoire de la Terreur dans les Pyrénées. Alors que les historiens critiquent et soulignent l’obsolescence des oeuvres monumentales des Grands Historiens du XIXe siècle, il est étonnant que l’on continue à s’appuyer aussi fidèlement sur des travaux dont nous n’avons pu présenter qu’un petit aperçu de la partialité. Et même si ces érudits osent souvent poser de vraies questions, un retour aux sources – notamment sur celles de la Terreur- lorsqu’elles existent, nous semble urgent. En les confrontant à l’histoire passionnelle du XIXe siècle et aux controverses scientifiques passionnées du XXe bien des lacunes seraient comblées et des certitudes héritées du XIXe, nuancées.
Notes de bas de page
1 Seule l’histoire de la Religion a été l’objet d’une analyse renouvelée, avec notamment les travaux publies de Jean-Marie Carbasse, de Gérard Cholvy et de Jacques Frayssenge qui se sont beaucoup intéressés au sud du département de l’Aveyron. Pour la partie septentrionale, les travaux de Claude Petit autour de Saint-Geniez font références.
2 Michel Brunet, dans le chapitre sur l’Armée des Pyrénées-Orientales face à la population démontre à quel point la politique belliciste des leaders révolutionnaires du Roussillon fut peut-être une réponse à la montée de l’anarchie. Brunet (Michel), Le Roussillon face à la Révolution Française, Al Trabucaire, Perpignan, 1989, p . 105 et s.
3 Godechot Jacques, Un jury pour la Révolution, p. 10.
4 Walch John, Les maîtres de l’histoire, 1815-1850, Slatkine, Genève-Paris, 1986, p. 45.
5 L’abbé Torreilles (1885-1933) est un homme d’une grande culture, après une formation suivie au séminaire de Saint-Sulpice à Paris, puis au séminaire français de Rome d’où il sortira docteur en théologie, il occupera des fonctions d’enseignant dans son département d’origine. Quant à Pierre Vidal, il est professeur au lycée de Perpignan à l’époque où il écrit.
6 Vidal Pierre, Histoire de la Révolution française dans le département des Pyrénées-Orientales, Perpignan, 1885.
7 Torreilles Philippe, Histoire du clergé dans le département des Pyrénées-Orientale pendant la Révolution Française, Latrobes, Perpignan, 1890, p. VIII.
8 Ibid., p. 365 et s.
9 Torreilles Philippe, Perpignan pendant la Révolution (1789-1800), Latrobes, Perpignan, 1896.
10 Garet Émile (ancien député), Histoire du Béarn en deux conférences depuis les origines jusqu’à 1789, suivie de Fragments d’histoire locale depuis 1789 jusqu’en 1800, Pau, 1911.
11 Darricau Albert, Scènes de la Terreur à Bayonne 1793-1794, Bayonne, 1903, p. 5.
12 Goyhenetche Jean, Les Basques et leur histoire. Mythes et réalités, ELKAR, 1993, p. 195.
13 Haristoy Pierre, Le Catéchisme de la Révolution ou la Révolution expliquée dans ses principes, son langage, ses oeuvres et sa fin, Bar-Le-Duc, 1877.
14 Goyhenetche Jean, Les Basques op. cit., p. 195.
15 Abbé Taztin, "La Terreur à Pau", dans Etudes historiques et religieuses du Diocèse de Bayonne, avril 1903, p. 147 et s.
16 Soulice M.L., Essai d’une bibliographie du département des Basses-Pyrénées pour la période révolutionnaire (1789-1800), Paris, 1874.
17 Casteras Paul, Révolutionnaires et terroristes du département de l’Ariège 1789-An VIII, Toulouse, 1911.
18 M. H. Duclos, Histoire des Ariégeois, Paris, 1882, T. 2, p. 345.
19 Claeys Louis, Deux siècles de vie politique dans le département de l’Ariège 1789- 1989, Pamiers, 1994, p. 30.
20 Arnaud G., Histoire de la Révolution dans le Département de l’Ariège (1789-1795), Toulouse, 1904, p. 644.
21 Walch Jean, Les maîtres de l’histoire, 1815-1850, Éditions Slatkine, Genève-Paris, 1986.
22 Ricaud Louis, Les représentants du peuple en mission dans les Hautes-Pyrénées, 1899, p. 5.
23 Garet, Histoire du Béarn en deux conférences depuis les origines jusqu’à 1789, suivie de Fragments d’histoire locale depuis 1789 jusqu’en 1800, Pau, 1911, p. 192.
24 Casteras Paul, Révolutionnaires et terroristes du département de l’Ariège 1789-An VIII, Toulouse, 1911.
25 Arnaud G., Histoire de la Révolution dans le Département de l’Ariège (1789-1795), Toulouse, 1904, p. 644.
26 Ibidem, p. 492.
27 Ibidem, p. 494.
28 Casteras Paul, op. cit.
29 Abbé Taztin, "La Terreur à Pau", dans Études historiques et religieuses du Diocèse de Bayonne, avril 1903, p. 147 et s.
30 Vidal Pierre, Histoire de Perpignan, des origines au XIXe siècle, Barre et Dayez Éditeurs, Paris, 1897 p. 267.
31 Torreilles Philippe, Perpignan pendant la Révolution (1789-1800), Latrobes, Perpignan, 1896, Tome 2, p. 184.
32 Torreilles poursuit à propos des notables contraint d’entrer dans le jeu : "... Que plusieurs d’entre-eux ont essayé par quelques subterfuges de se faire passer pour incapables, incompétents ou malades. Un peu plus tard arriva Chaudron-Rousseau chargé de l’épuration générale, mais la situation demeura particulièrement difficile a gérer. Les représentants en mission dans une lettre adressée au Comité de salut public soulignent notamment qu’ils ne peuvent avoir aucune confiance dans les individus qui composent les administrations et les tribunaux de ce pays... ils ne font que ce qu’ils peuvent s’empêcher de faire par leurs manoeuvres et leur négligence... Il est de la plus grande urgence que vous nous envoyez une centaine de bons jacobins ou Cordeliers pour évangéliser ce département...".
33 Darricau Albert, op. cit., p. 7.
Auteur
Maître de Conférences à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour
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