La Terreur dans le Tarn (1792-1795)
p. 253-265
Texte intégral
1La découverte récente de la première mention d’une Marianne républicaine1 dans une chanson écrite par un habitant de Puylaurens constituerait-elle la seule originalité du département du Tarn à l’époque révolutionnaire ? Créé en 1790 à partir de la réunion des trois anciens diocèses d’Albi, Castres et Lavaur, le département du Tarn ne fait guère parler de lui pendant la Révolution. L’un des premiers historiens locaux de cette période ne constate-t-il pas en 1818 que "le sang souilla très peu ce territoire"2. Il est vrai que le Tarn n’a pas fourni d’hommes politiques de premier plan durant la période révolutionnaire, exceptions faites du conventionnel Alba-Lasource3 ou du général vendéen Louis Marie de Lescure4, originaire de l’Albigeois. Quant aux représentants en mission envoyés dans la région pour accélérer le processus révolutionnaire, ils sont plutôt modérés, si l’on met à part François Chabot du département voisin de l’Aveyron, qui, au printemps 1793, sème la perturbation au sein des autorités locales. Le Tarn a pourtant ses grands hommes mais ce sont, à l’époque révolutionnaire, des gloires finissantes ou des gloires naissantes. Appartenant à l’Ancien Régime, deux personnalités émergent sans conteste : le célèbre navigateur Lapérouse (1741-1788)5 et le cardinal de Bernis (1715-1794)6. Du côté des personnalités qui deviendront célèbres, des médecins7, des militaires qui se distingueront sur les champs de bataille napoléoniens8 dont le plus célèbre est le futur maréchal Soult, originaire de Saint-Amans que Napoléon appellera "le premier manoeuvrier d’Europe" et Las Cases, futur mémorialiste de l’Empereur, originaire de la Montagne noire9. Loin d’avoir approché cette célébrité, le personnel politique local est formé de révolutionnaires ordinaires, qui ont épousé les contradictions et les évolutions politiques de leur temps. Tel est le cas à Albi d’Henri Pascal de Rochegude10, à Gaillac de Benoît Lacombe11 ou à Castres de Marie Joseph Dor de Lastours, prototype du noble montagnard, comme le comte Pierre Joseph de Toulouse-Lautrec est celui du contre-révolutionnaire.
2Le département fait preuve d’une grande modération qui se traduit notamment par la longévité des autorités politiques locales issues dans les principales villes des élites de l’Ancien Régime, le partage du vote des députés tarnais au moment du procès de Louis XVI, l’attentisme local durant l’épisode fédéraliste12 ou encore la relative circonspection des sociétés populaires locales dominées par celle de Castres13. L’étude plus précise des procédures menées devant le tribunal criminel départemental14 de 1792 à 1795 conduit pourtant à brosser un tableau plus accusé de cette Terreur ordinaire qui se manifeste à travers les nombreuses atteintes à l’ordre public dont la répression est très variable (I) et l’application locale de la répression antireligieuse (II).
I – Les atteintes à l’ordre public
3Elles sont multiformes et assez difficiles à interpréter. On peut ranger sous cette rubrique à la fois les violations de propriétés privées, les débordements des gardes nationales, les troubles occasionnés par les opérations du recrutement militaire et les infractions à la législation économique.
4De nombreuses atteintes à la propriété privée sont constatées en 1792 et 1793 dans différentes localités. Dans la nuit du 29 au 30 janvier 1792, une quarantaine d’hommes portant des habits tournés à l’envers et le visage teint de noir ou couvert de leur mouchoir enfoncent le portail d’entrée du château de Saint-Hypolitte, près de Modestiés, appartenant à Pierre Vialar, habitant de Gaillac. L’agent principal et sept serviteurs à gages sont conduits à la prison seigneuriale et maltraités, les servantes menacées avec des fusils, du mobilier et de l’argent dérobés, des titres féodaux volés, incendiés ou déchirés15. Les 13 et 14 mars 1792, le château de Saint-Géry, près de Rabastens est assailli par une "troupe de brigands" dont l’un des chefs demande au propriétaire Derey s’il a remis les titres16. D’autres troubles sont signalés à Milhars au nord du département. Plusieurs maisons font l’objet de pillages et de vols. Une troupe envahit les 18 et 21 novembre 1792 le château du citoyen Rey, enfonçant le portail et forçant le propriétaire à donner à boire et à manger et à laisser faire une farandole. Deux cents hommes armés reviennent dans ce même château dans la nuit du 21 au 22 avril 179317. La municipalité d’Albi doit faire face à un rassemblement considérable dans la nuit du 3 au 4 juin 1792. Une troupe de brigands connue sous le nom de bande noire cherche à investir les maisons de certains particuliers réputés aristocrates pour fracasser et piller les meubles, comme ils l’ont déjà fait quelques jours auparavant. Sont principalement visées la maison de Marliaves, citoyen d’Albi, chez lequel se trouvent en dépôt les meubles appartenant au ci-devant archevêque et celle de Lugan, négociant au faubourg du pont18. Tous ces mouvements, difficilement contrôlés par des autorités constituées, visiblement débordées, se situent dans le prolongement des troubles de l’été 1789 connus sous le nom de "grande peur". Ils sont perpétrés par des troupes nombreuses, anonymes. Les motivations semblent à la fois lucratives et politiques, comme si, à la faveur d’un processus révolutionnaire incertain, le mobile politique puisse être commodément utilisé pour masquer des comportements anarchiques ou criminels et ceci d’autant plus facilement que l’impunité est pratiquement assurée. Les arrestations sont rares, les condamnations exceptionnelles et les évasions des prisons révolutionnaires nombreuses19.
5Les autorités constituées gardiennes du respect de l’ordre public se trouvent à plusieurs reprises malmenées, y compris d’ailleurs par une partie des gardes nationales dont on peut se demander si elles contribuent davantage au maintien de l’ordre ou à sa dégradation. Des troubles ont lieu à Rabastens au mois de février 1792. Le 12 février, le commandant en second de la garde nationale de Couffouleux, Jean-François Pagès (25 ans), à la tête d’environ deux cents hommes et de paysans armés, se rend chez le juge de paix du canton de Rabastens. Après l’avoir menacé, il obtient que le magistrat lui remette une procédure dirigée contre lui et lui fait défense "avec des jurements, de ne jamais plus faire de pareilles procédures, sous peine d’encourir les événements"20. À l’instigation du commandant de la garde nationale de Rabastens, Jean Hippolyte Tournai, ancien receveur du droit d’équivalent, des troupes armées en provenance des localités voisines : Couffouleux, Mèzens, Lisle-sur-Tam, Parisot convergent vers Rabastens. La garde nationale de Rabastens refuse d’obtempérer aux ordres de la municipalité qui appelle au calme et s’empare de force des armes, "le greffier et la municipalité manquant d’être écrasés" puis se transporte au bord de la rivière pour forcer la gendarmerie "menacée d’être égorgée", à laisser le passage à une troupe armée. Mille deux cents hommes environ se livrent à des voies de fait à Rabastens : désarmement des citoyens jugés suspects, expulsion de l’ancien curé et de trois autres prêtres, établissement de garnison chez les citoyens désarmés, déploiement du drapeau rouge21. Le 24 février, les commissaires du département se trouvant à Rabastens et ayant ordonné l’emprisonnement de Pagès, son chef demande et obtient "au nom du peuple... et sous la menace de faire sonner le tocsin” la libération de Pagès dont il se porte garant. Un mois plus tard, le château de Saint-Gèry étant assailli par une troupe armée commandée par Pagès, la garde nationale de Gaillac sous les ordres d’un commissaire du district parvient à "désarmer les brigands et à arrêter Pagès". Tournai arrive sur les lieux avec une troupe de Rabastens que son chef présente comme un groupe de "patriotes" alors que le commissaire du district les traite de "brigands". Une altercation s’ensuit entre les deux gardes nationales. Plus déterminée et prête à faire usage de ses armes, la troupe de Rabastens l’emporte et récupère à la fois les armes et Pagès. Elle rentre à Rabastens en triomphe et menace le procureur syndic de Gaillac d’être pendu sur la place22. On retrouve la même ambiguïté sur le rôle de la garde nationale lors des troubles survenus à Albi, début juin 1792. Pour éviter les pillages, une garde est installée par la municipalité chez le citoyen Marliaves23. Le capitaine de gendarmerie, dont l’action est freinée par la municipalité qui craint les représailles, déclare que cette garde "n’est composée que de brigands, qu’elle se soûle à longs traits et menace d’égorger les gendarmes". Ces derniers parviennent toutefois à arrêter "cinq individus des plus malfamés" qui seront remis en liberté dès le lendemain par le juge de paix. D’autres troubles sont occasionnés par la garde nationale de Milhars commandée par Jean-Pierre Cousin Puymarcel, ancien maire de la commune. Des violences sont commises à l’égard du notaire et greffier de la justice de paix du canton. Un officier municipal est traîné par son écharpe et menacé d’être jeté dans l’Aveyron. Dans la nuit du 21 au 22 avril 1793, cette troupe formée d’environ deux cents hommes se rend sur le territoire d’une autre municipalité, celle du Riols et commet d’autres voies de fait : une quinzaine de maisons sont visitées et pillées, plusieurs femmes insultées et maltraitées. Un mois plus tôt déjà, une troupe de cent vingt hommes venant de Milhars pourvue d’un armement hétéroclite composé de fusils, sabres, broches, faux, fourches de fer et de bois et de grands couteaux s’était rendue à Lexos où se déroulaient les opérations de recrutement militaire. L’objet de cette expédition était de venir chercher un apprenti cordonnier de Milhars engagé "de force" par la municipalité de Lexos et les commissaires chargés du recrutement. Ces derniers refusant de rayer l’intéressé de la liste, la maison du maire est menacée de pillage. La municipalité de Lexos laisse partir l’apprenti cordonnier en déclarant qu’elle n’a pas voulu le "constituer prisonnier mais qu’il doit être considéré comme soldat de l’armée de la République". Les attroupés répondent "qu’ils s’en foutent et qu’il ne joindra pas, excepté que le sort en décide autrement24. Ce dernier exemple de troubles révèle l’absence ou l’impossibilité de contrôle de la part des autorités constituées sur ces bandes armées, le désir de chaque village de rester maître chez soi, y compris pour les opérations de recrutement militaire traditionnellement délicates25, les vieilles rivalités de clocher et aussi une certaine résistance à l’égard du recrutement militaire lui-même.
6De nombreux troubles éclatent dans le département au printemps 1793 au moment de l’application de la loi du 24 février 1793 sur la levée de 300.000 hommes. Le département du Tarn doit fournir 3.299 hommes répartis entre les cinq districts, proportionnellement à leur population26. Les ressources du volontariat ayant déjà été exploitées dans la période précédente, il faut procéder de manière plus coercitive et réquisitionner parmi les hommes, âgés de 18 à 40 ans, célibataires ou veufs sans enfants. Dans le district de Lacaune, les jeunes gens répondent à la convocation armés de bâton et refusent de tirer au sort. Des émeutes ont lieu à Brassac et à Lacaune où, devant l’effervescence, le maire est obligé de renvoyer les opérations à huitaine27. Les mêmes troubles sont constatés à Murat et à Viane. À Brassac est arrêté Paul Boulade considéré comme le chef de l’attroupement porteur d’un almanach où se trouve "une petite image représentant un coeur enflammé surmonté d’une croix avec cette inscription : voila le coeur qui a tant aimé le monde et qui en est si peu aimé"28. Le 3 avril 1793, le district de Lavaur reconnaît que "le fanatisme désole les campagnes qui environnent la ville de Puylaurens, que les paysans se sont rendus à la ville, armes de gros bâtons, poussant des cris séditieux, en disant qu’il fallait que tous les citoyens marchassent ou aucun, que les autorités n’avaient qu’à se mettre à la tête et qu’il fallait s’opposer au sort et au scrutin". Quatre jeunes gens de Puylaurens sont accusés de s’être rendus à Lavaur pour "offrir aux malintentionnés de cette ville de se réunir à eux pour empêcher l’exécution de la loi" (sur le recrutement militaire) et organiser la guerre civile. Ils prétendent avoir "les secours de douze paroisses de Dourgne, Caraman et autres lieux" et que l’on ne veut pas faire la levée à Castelnaut et Revel. La femme d’un aubergiste les accuse d’avoir, le 15 mars au soir, tourné la levée en ridicule, en buvant à la santé de la "Sainte Égalité et de la Sainte Constitution"29. Dans le district d’Albi, il manque, début mai 1793, 38 % du contingent requis. Au mois de septembre, après que le décret du 23 août 1793 ait ordonné la levée en masse, des émeutes éclatent à Albi en raison de l’émoi provoqué par un arrêté des représentants en mission près l’armée des Pyrénées Orientales (daté du 28 août 1793) imposant le départ de tous les citoyens sans exception. Exposée à "l’effervescence d’une jeunesse dont on cherche à égarer les intentions et à pervertir le patriotisme", la municipalité d’Albi indique au district qu’elle a été obligée de "faire hérisser les rues de canons"30, sans préciser d’ailleurs si elle dispose de canonniers pour les actionner.
7D’autres troubles se produisent dans le district de Castres. Le 25 mars 1793, une discussion éclate à Montredon-Labessionniè sur le point de savoir si, pour le recrutement, on doit procéder au scrutin par paroisse ou en commun entre tous les jeunes gens du canton. Jean-Jacques Combes, âgé de 24 ans, est accusé de s’être trouvé à la tête d’un groupe de jeunes hommes qui criaient : "guerre, guerre, icy nous sommes les plus forts"31. Les événements les plus graves se produisent à Castres, chef-lieu du département le 16 mars 1793, alors que dans la nuit du 13 au 14 mars avait été arraché l’arbre de la liberté32. Ce jour-là doivent se tenir dans l’église des ci-devant Jacobins les opérations permettant de désigner ceux qui partiront pour l’armée. Un bruit court dans la ville selon lequel les jeunes gens doivent se rendre sur l’esplanade du jeu de Mail et résister au recrutement. Le mouvement prenant une grande ampleur puisqu’il est formé d’environ deux mille hommes, les autorités constituées (département-district-municipalité) décident de s’assembler extraordinairement et de se porter au devant du rassemblement. Les rues retentissent de cris jugés séditieux : "Vive la liberté. Point de sort. Nous ne voulons pas partir. À bas la cocarde". Le président de l’administration départementale, Foulquier, essaie de prendre la parole pour rappeler à chacun son devoir. Une grêle de pierres s’abat sur les commissaires et la force armée. Dans une certaine confusion, la gendarmerie et les gardes nationaux parviennent à disperser l’attroupement. À l’issue de ces événements, la répression s’abat sur les meneurs présumés, accusés d’avoir voulu organiser "une guerre civile" et s’être rendus coupables d’une émeute contre-révolutionnaire destinée à s’opposer au recrutement militaire. Dix-sept personnes sont traduites devant le tribunal criminel départemental, toutes de condition modeste, la plupart gens de métier. Six inculpés seront relaxés, sept maintenus en état d’arrestation et quatre condamnés à mort le 3 avril 1793. Il s’agit de Joseph Fèdou, 33 ans, plâtrier à Castres, convaincu "d’avoir provoqué et maintenu l’attroupement des révoltés", Baptiste Ricard, 28 ans, tailleur pour hommes à Castres, convaincu "d’avoir fait et provoqué la résistance à la loi, et d’avoir maintenu l’attroupement", Dominique Pouilhès, 32 ans, convaincu "d’avoir pris part à la révolte et d’être domestique du ci-devant chevalier de Sénégats" et Marc Javerzac, dit Périgord, 25 ans, convaincu "d’avoir pris part à la révolte et d’être cuisinier de la ci-devant comtesse Debonne". Ces condamnations révèlent un état d’esprit terroriste qui s’exprime par l’application rétroactive de la loi du 19 mars 1793 sur la mise hors-la-loi33 alors même que l’attroupement n’était pas véritablement armé, la prise en considération de l’état de domesticité à l’égard de deux anciennes familles nobles pour deux des condamnés et la nécessité de rendre un jugement exemplaire dans une ville, chef-lieu d’un département situé à proximité de l’Espagne à laquelle la Convention vient de déclarer la guerre. La répression reste malgré tout sélective puisque l’accusateur public, après avoir relevé que les plus violents soupçons d’instigation pèsent sur Joseph Malpel, 64 ans, "cy-devant grammairien", voisin de Ricard, accusé par ce dernier, dans un testament du mort, de l’avoir invité à la rébellion, conclut que les soupçons ne sont pas des preuves légales. Les quatre condamnations à mort ont été exécutées dix jours plus tôt, les autorités se félicitant, à cette date, de ce que le recrutement se soit fait à Castres "très paisiblement et (de ce) que le nombre des volontaires dépasse celui porté par la loi"34.
8La répression des infractions économiques, c’est-à-dire le non respect des lois du 27 juillet 1793 sur l’accaparement et du 4 mai 1793 puis du 29 septembre 1793 sur le maximum semble avoir été atténuée par les autorités révolutionnaires locales dès lors que n’entre pas en jeu le mobile politique. En témoigne par exemple l’acquittement d’un cultivateur de Lagrave, François Franque (32 ans) accusé en octobre 1793 par un membre de la société populaire de Gaillac d’accaparement ayant abusé d’une commission donnée par la municipalité de cette ville pour acheter des grains qu’il n’a pas remis à la municipalité et qu’il a proposé de revendre à gros profits à divers particuliers35. De même, Baptiste Barthe, de Dénat est poursuivi en avril 1794 pour dissimulation de blé et de farine afin de les soustraire à la réquisition ordonnée par le représentant du peuple Paganel. Bien que le fait soit avéré, le jury de jugement décide qu’il n’est pas convaincu "d’avoir laissé pourrir le blé volontairement et par malveillance" d’où son acquittement36. Le maire de Carlus, Jean-Pierre Durand, est accusé de prévarication par l’administration du district d’Albi en mai 1794. Ce dernier faisait payer aux habitants de sa commune la livre de pain vingt-cinq sols, alors qu’elle valait moins de trois sols dans la commune voisine d’Albi. Par ailleurs, il détournait à son profit une partie de la farine obtenue lors de la conversion du blé en farine. Le 18 thermidor an II (5 août 1794), le maire est condamné à la destitution de sa place et à la restitution du blé détourné, mais échappe à de plus graves sanctions, ce qui traduit de la part du tribunal criminel une volonté de clémence37. La situation est toute différente à Lisle-sur-Tam, lorsque des paysans attaquent fin février 1794 des greniers publics pour reprendre des grains réquisitionnés alors que la population souffre de pénurie, comme tel avait déjà été le cas à Carmaux en septembre 1793. L’émeute s’étend à Rabastens et Salvagnac avec comme mot de ralliement : "la religion et du pain". Cent-cinquante personnes sont inculpées, deux exécutions à mort prononcées et exécutées dont l’une concernant le maire de Salvagnac. La prise en considération du mobile religieux qui aggrave singulièrement la répression dans ce domaine révèle la place importante qu’occupent les problèmes religieux alors même qu’il n’y a pas d’affrontement dans le département entre catholiques et protestants.
II – La politique antireligieuse
9Des trois anciens évêchés d’Albi, Castres et Lavaur, la Constitution civile du clergé n’a conservé que celui d’Albi38. Le 15 mars 1791 est élu évêque constitutionnel du Tarn : Jean Joachim Gausserand, ancien curé de Rivières et député du clergé aux États généraux. Cette élection a lieu au troisième tour de scrutin contre le Père Hyacinthe Sermet qui sera élu à Toulouse évêque métropolitain du Midi. Le nouvel évêque, vite réputé schismatique, aura le plus grand mal à mettre en place l’Eglise constitutionnelle, en raison de la faiblesse du clergé assermenté. En effet, le département du Tarn est l’un des plus réfractaires du pays. En 1792, la proportion de prêteurs jureurs est de 20 % dans le district d’Albi, 19 % dans celui de Gaillac, 16 % dans celui de Castres, 14 % dans celui de Lavaur et de 5 % dans celui de Lacaune39.
10Les administrations locales profitent largement de la vente des biens nationaux de première origine, alors que les biens du clergé sont estimés à plus de huit millions de livres dans le département. La municipalité de Castres achète le palais épiscopal construit par Mansart et l’affecte à l’administration départementale (1790-1797), celle d’Albi prend possession du palais de la Berbie où l’administration départementale sera transférée (1797-1823). Bien vivant quoique affaibli à la fin de l’Ancien Régime40, le monachisme local subit de plein fouet la politique révolutionnaire. Disparaissent dans le département vingt-et-un couvents (regroupant cent-quarante quatre moines) et douze établissements abritant deux-cent-soixante et onze religieuses. À Albi, le couvent des Carmes deviendra palais de justice (jusqu’à nos jours), après avoir abrité l’école centrale créée en 1796, le couvent des Cordeliers est transformé en prison, l’église Saint-Salvy en magasin à fourrages, le grand séminaire en fabrique de boulets à canons, l’abbatiale Saint-Michel de Gaillac deviendra un hôpital, l’église Saint-Jacques de Castres une fabrique de salpêtre.
11La cathédrale Sainte-Cécile d’Albi, splendeur du gothique méridional, dont on redécouvre aujourd’hui les richesses artistiques41, sera elle-même menacée. L’évêque constitutionnel Gausserand souhaite, le 9 mai 1792, la démolition du choeur afin que "le service divin puisse se faire sans trouble"42. Beaucoup d’oeuvres d’art (tableaux, statues, vitraux, autels) seront détruites pendant la Révolution, les statues en pierre de la courtine du palais de la Berbie mutilées, de même que seront irrémédiablement détruites les archives ecclésiastiques, notamment celles du chapitre métropolitain. La mémoire des Albigeois a conservé le souvenir43 de l’intervention courageuse d’un ingénieur des Ponts et Chaussées, Mariés, qui s’adressera, le 5 novembre 1792, au Ministre de l’Intérieur Roland pour lui demander de prendre sous sa protection la cathédrale44, en tant que "Conservateur des Monuments publics". Le ministre répondra le 9 décembre 1792 en demandant de suspendre toute décision relative à l’édifice jusqu’à ce qu’il prenne lui-même une décision, après avoir reçu un rapport complet. En effet : "les monuments de ce genre, lorsqu’ils sont remarquables par un certain degré de hardiesse, d’élégance et même de goût dont quelques étincelles brillaient... au milieu de ces siècles de ténèbres ont tout à la fois quelque chose de précieux pour les amis des arts, d’utile à leurs progrès et de touchant pour tous ceux qui étudient les rapports du présent au passé". Le 3 octobre 1793, l’ingénieur en chef du département, Dodun, proposera encore de détruire la cathédrale pour 3.500 livres. Affectée au culte de la Raison, sans grand succès d’ailleurs, la cathédrale parviendra à traverser la tourmente révolutionnaire.
12La politique de déchristianisation se manifeste également par le changement du nom de certaines communes : Castelnau-de-Lévis devient Castelnau du Tarn ; Saint Benoît de Carmaux, la Montagne ; Saint-Juéry, Bellevue ; Réalmont, Mont-Dadou ; Saint-Antonin-de Lacalm, Haute-Montagne ; Saint-André, Mont-Marat ; Saint-Lieux-Lafenasse, Pied-Montagne ; Saint-Paul-Cap-de-Joux, Agout-Rousseau.
13La politique menée par les autorités révolutionnaires en matière religieuse a pour résultat d’opérer un clivage radical entre l’Église constitutionnelle et l’Église réfractaire. Les curés constitutionnels, nettement minoritaires sont mal vus et souvent considérés comme des intrus45. Le curé constitutionnel de Villegoudou à Castres46 est injurié le 17 décembre 1792, le curé d’Auterive et tous les curés constitutionnels sont traités de "coquins et de putassiers" et ceux qui vont à la messe d’un curé constitutionnel, "de mauvais catholiques" par un citoyen de Castres47. Certains paroissiens n’hésitent pas à s’opposer à l’adjudication d’anciens presbytères48 ou à soustraire pour les mettre à l’abri certains effets nationaux dans les presbytères et sacristies, ces infractions étant d’ailleurs traitées avec indulgence par le tribunal criminel départemental. Sont acquittées Élisabeth Montant et les soeurs Viguier, le 23 thermidor an II (16 août 1794) qui étaient accusées d’avoir diverti du linge et une batterie de cuisine appartenant au chanoine Bel, ci-devant curé non assermenté de Massac, canton de Fiac. Il en va de même le 15 fructidor an II (1er septembre 1794) pour Jean-Antoine Guille, dit Nantais, ancien marguillier de la cathédrale Saint Alain de Lavaur qui a soustrait de l’or, de l’argent, du damas, de la soie et autres étoffes utilisées pour le culte religieux49. Même au cas de recel de prêtres réfractaires, le tribunal a parfois tendance à considérer que la présence d’un prêtre peut avoir été fortuite, ce qui met à l’abri de la répression certaines personnes découvertes a proximité d’un lieu fréquenté par ce clergé que l’on traque bientôt comme du gibier. En sens inverse, des mouvements ont parfois lieu à l’encontre de prêtres réfractaires50. À Rabastens, l’ancien curé et trois autres prêtres sont expulsés de la ville51 en février 1792. En mars 1793, une promenade civique est menée par la turbulente garde nationale de Milhars dans la maison curiale de Saint-Projet dépendant de la municipalité de Rarayssens. Après pillage, consommation et enlèvement des provisions du curé, la garde force sa servante à monter sur un âne et la conduit en spectacle à Milhars. Le curé lui-même est saisi à l’issue de la messe, se voit reprocher de tenir chez lui des assemblées de prêtres insermentés et d’interdire aux femmes de venir à la messe du curé constitutionnel de Milhars. Accablé d’injures et de mauvais traitements, il est enfermé dans les prisons du corps de garde de Milhars52.
14La répression antireligieuse, dans sa dimension la plus violente, présente une certaine ambiguïté dans le département du Tarn. D’un côté, la répression effective, longtemps freinée par les autorités locales, n’est déclenchée que tardivement (fin 1794), par rapport aux autres départements du Midi toulousain engagés dans cette politique dès le début de l’année 1793. Il est significatif, à cet égard, que quatre des cinq condamnations à mort de prêtres réfractaires prononcées par le tribunal criminel départemental interviennent après Thermidor. Pour autant, cette répression est loin d’être négligeable et il n’est pas tenable de considérer que les prêtres qui en ont fait l’objet aient en quelque sorte forcé la main des autorités pour obtenir la palme des martyrs. Des travaux récents53 montrent que la répression antireligieuse est loin d’avoir été marginale dans un département réputé modéré. Le bilan de cette répression peut Être résumé de la manière suivante. Cinq à six cents prêtres ont été contraints à l’exil, principalement en Espagne. Cent quarante-cinq ecclésiastiques ont été reclus à la Chartreuse de Saïx, près de Castres, entre le 20 juin 1792 et le 9 septembre 1794, dans des conditions extrêmement dures puisque quarante d’entre eux sont morts en réclusion, douze d’épuisement peu de temps après leur sortie et six en déportation. Au total, 40 % des ecclésiastiques reclus ont donc trouvé la mort. Cent quatorze ecclésiastiques ont été déportés dont cent onze à Cayenne. Cinq exécutions capitales ont été prononcées par le tribunal criminel départemental et exécutées à Castres, à l’encontre de prêtres ou de religieux. Il faut y ajouter une autre condamnation à mort prononcée contre un laïc, Jacques Sudre, cordonnier à Albi, , âgé de soixante-onze ans, coupable de recel de prêtre réfractaire dans sa maison. Toutes ces condamnations54 interviennent entre le 13 avril 1794 et le 6 février 1795, ce qui montre bien le prolongement de la Terreur après la chute de Robespierre. Il faut ajouter à ce martyrologe, deux prêtres tarnais exécutés en dehors du département55 et cinq prêtres tarnais, titulaires de passeports en règle visés par la municipalité d’Albi, se rendant en Suisse, massacrés à Saint-Chinian dans l’Hérault, le 9 mai 1793 par un groupe de volontaires de la légion de Tonneins (Lot-et-Garonne). Le mot "massacre" n’est pas trop fort puisque le procès-verbal d’autopsie des cadavres fait état outre de larges plaies à la tête, à la cage thoracique ou à l’abdomen, de l’arrachement des oreilles, du nez ou des parties génitales.
15Tel est le bilan sommaire que l’on peut faire de la Terreur dans le Tarn, au vu de l’activité du tribunal criminel départemental. Cette Terreur "ordinaire", exercée dans un département modéré est loin de n’être qu’institutionnelle. Si les autorités officielles ont plutôt tendance à amortir l’onde de choc révolutionnaire, il faut tenir compte de l’activisme de groupes incontrôlés qui, au-delà même des parastructures révolutionnaires incarnent, à leur manière, l’essence de la Révolution qui est, par nature, subversive de toute légalité.
Notes de bas de page
1 L’auteur est Guillaume Lavabre, né à Puylaurens, qui composa début octobre 1792 une chanson écrite en occitan : "la garisou de Marianne, cansou patriotique. Ayré : Des dous Saboyards". Consulter : Colloque de Puylaurens, 1989. "La Révolution vécue par la province. Mentalités et expression populaire en Occitanie". Béziers, CIDO, 1990, ainsi que Christian Laux et Paul Hormière, Marianne, l’Occitane de Puylaurens, Toulouse, Loubatières, 1987.
2 J-F. Massol, Description du département du Tarn suivie de l’histoire de l’ancien pays albigeois et principalement de la ville d’Albi, 1818, Réédition, 1981. Orientation bibliographique : Nicole Le Pottier, "Bibliographie sur la Révolution dans le département du Tarn", Bibliothèque municipale d’Albi et Archives départementales du Tarn, Albi, 1988 ; Henri Bru, La Révolution dans le Tarn, 1789-1799, Publication du Centre départemental de Documentation Pédagogique du Tarn, 1989 ; Jean-Louis Biget, sous la direction de, Histoire de Castres, Mazamet, la Montagne, Privat, 1992 et du même auteur, Autour de la Montagne Noire au temps de la Révolution ; Christian Capdevieille, "Tarn et Révolution, les nouvelles règles du jeu", Conseil général, Archives départementales du Tarn, service éducatif, 1989.
3 Né à Anglés, ancien pasteur protestant de Roquecourbe, membre de la Législative à 28 ans, Marc-David Alba dit Lasource sera élu à la Convention qu’il présidera un moment. Membre du comité de sûreté générale début 1793, hostile à Marat et à Robespierre, il sera décrété d’arrestation avec les Girondins le 2 juin 1793 et exécuté à Paris. Georges Almairac, "Alba Lasource, pasteur de Roquecourbe, député du Tarn et la Révolution", Revue du Tarn, 1989, n° 133, p. 11-27.
4 Sur les origines albigeoises de la famille des Lescure, consulter : Jean-Claude Souyri, Louis-Marie de Lescure, général vendéen (1766-1793), Le Cercle d’or, Histoire, 1987.
5 Sur Lapérouse, consulter les Actes du colloque Lapérouse, Association Lapérouse, Albi, 1988.
6 Titulaire de l’archevêché d’Albi depuis 1764, le cardinal de Bernis a mené à la fois une carrière littéraire, ministérielle, diplomatique et épiscopale. Nommé à partir de 1769, ambassadeur auprès du Saint-Siège à Rome, le cardinal de Bernis continuera à s’intéresser à l’administration et à la vie spirituelle de son diocèse. Il a comme coadjuteur son cousin, François de Pierre de Bernis. Sur le cardinal de Bernis qui fut l’une des personnalités politiques et religieuses parmi les plus lucides au XVIIIe siècle, consulter l’utile mise au point de Jean de Viguerie dans son Histoire et dictionnaire au temps des Lumières, Ed. Robert Laffont, collection bouquins, 1995, p. 756.
7 Ainsi Philippe Pinel (1745-1826) et Antoine Portai (1742-1832), cf. Henri Bru, La Révolution dans le Tarn, op. cit., p. 110-111.
8 Ainsi les futurs généraux Frégeville, Fornier-Ferérols, Lacombe Saint-Michel et Jean-François d’Hautpoul qui conduira les grandes charges de cavalerie auprès de Murat.
9 Cf. les "Actes du colloque de Las Cases", Revue du Tarn, 1995, n° 160, p. 589-686.
10 Sur Rochegude, consulter Robert Fabre, "Henry Paschal de Rochegude : marin, révolutionnaire, savant (1741-1834)", Revue du Tarn, 1989, n° 135, p. 401-427.
11 Joël Cornette, Un révolutionnaire ordinaire : Benoît Lacombe, négociant, 1759- 1818, Ed. Champ Vallon, 1986, thèse, 430 p.
12 Loin de venir secourir l’un de ses représentants, le député Lasource décrété d’arrestation avec les Girondins, le département du Tarn lèvera un bataillon de huit cents volontaires appelé "le Vengeur” réuni à Castres le 3 novembre 1793. Après avoir songé à l’envoyer en Lozere s’opposer au soulèvement royaliste, le représentant Paganel le fait partir pour Toulon afin de prêter main-forte au représentant Charles Nicolas Beauvais emprisonné par les fédéralistes. Ce bataillon arrivera à Marseille en décembre 1793, la ville de Toulon ayant été reprise par Bonaparte. Voir ADT, L449/19 et Jean Éscande, "Le bataillon "Le Vengeur"", Revue du Tarn, 1984, p. 299-306. Au printemps 1793, un détachement de 207 gardes nationaux, dont celui d’Albi dirigé par un certain Jacques Chirac, cafetier membre de la société populaire, avait été envoyé pour s’opposer au soulèvement royaliste de Charrier en Lozère.
13 P. duperon, Étude sur la société populaire de Castres, Albi, 1900.
14 Archives départementales du Tarn (ADT), 69 II L 17-44. Issu du décret du 20 janvier 1791, le tribunal criminel du département du Tarn est mis en activité dans les derniers jours du mois de décembre 1791. Il a pour président Pierre Solomiac puis Louis Defos après le renouvellement consécutif à la journée du 10 août 1792 puis Teyssonières au début de l’année 1795.
15 ADT, 69 II L20.
16 ADT, 69 II L 19.
17 ADT, 69 II L 31.
18 ADT, 69 II L 22.
19 Par exemple, l’un des principaux meneurs des troubles survenus à Rabastens début 1792, Jean-François Pagès, âgé de 25 ans, travailleur de terre et volontaire au septième bataillon de Toulouse échappe d’abord à la prison grâce à l’intervention de Tournai, commandant de la garde nationale de Rabastens. On le retrouve ensuite dans la maison d’arrêt du district (le 13 août 1792). Le 5 septembre 1792, il s’évade avec cinq autres détenus de la prison de la Tourcaudié à Castres, "en passant par le trou des commodités qui donne sur la rivière", ADT, 69 II L 22.
20 ADT, 69 II L 21.
21 ADT, 69 II L 22.
22 ADT, 69 II L 19.
23 Il y a une dizaine de gendarmes à Albi en 1792 alors que la ville est peuplée d’environ dix mille habitants.
24 ADT, 69 II L 31.
25 Cf. Contis (Alain), "Les Tarnais et l’armée sous la Révolution, volontaires et déserteurs", La Révolution vécue par la province. Actes du colloque de Puylaurens, op. cit. p. 253-255.
26 Le district de Castres doit fournir 941 hommes, celui d’Albi : 783, celui de Gaillac : 766, celui de Lavaur : 467 et celui de Lacaune : 342. ADT L 71.
27 ADT, L 425.
28 ADT, 69 II L 42.
29 ADT, 69 II L 29.
30 ADT, L 425/22.
31 ADT, 69 II L 29.
32 ADT, L 72.
33 Sur le décret du 19 mars 1793, consulter Royer (Jean-Pierre), Histoire de la justice en France, PUF, 1995, collection droit fondamental, p. 379-381 et 401 ainsi que Éric de Mari, La mise hors de la loi sous la Révolution française, thèse droit Montpellier, 1990.
34 ADT, 69 II L 29.
35 ADT, 69 II L 35.
36 ADT, 69 II L 39.
37 ADT, 69 IIL40.
38 Élevé au rang d’archevêché en 1678, le siège épiscopal d’Albi est occupé au XVIIIe siècle par des représentants de la haute noblesse : Henri de Nesmond (1703-1722), Armand-Pierre de la Croix de Castries (1722-1747), Dominique de Larochefoucauld (1747-1759), Léopold-Charles de Choiseul Stainville (1759- 1764) auxquels succède le cardinal de Bernis.
39 Cf. Anne Pons, "La fin de l’Ancien Régime en Albigeois", Revue du Tarn, 1988, n° 132, p. 653.
40 Ferras (Fr. Vincent, OSB), "Le monachisme tarnais en 1789", Revue du Tarn, 1989, n° 134, p. 293-296.
41 Jean-Louis Biget et Michel Escourbiac, Sainte-Cécile d’Albi, peintures. Éditions Odyssée, Toulouse, 1994.
42 ADT, L 98/44.
43 Léon Belot, L’ingénieur Mariés, sa vie, son oeuvre (1758-1851), Albi, 1914.
44 ADT, C 216/12.
45 Des troubles ont lieu à Lavaur. Cf. Jean-Marie Garban, "Problèmes religieux à Lavaur sous la Constituante", Revue du Tarn, 1989, n° 136, p. 723-729.
46 ADT, 69 II L 30.
47 ADT, 69 II L 29.
48 ADT, 69 II L 40.
49 ADT, 69 II L 39 et 40.
50 ADT, 69 II L 39.
51 ADT, 69 II L 22.
52 ADT, 69 II L 31.
53 Pour une étude d’ensemble sur le département, on se référera à Desprats (abbé Bernard), "Prêtres tarnais de l’an II, Au carrefour de l’Histoire, Albi, 1990 et pour des études plus particulières : Maynadier (abbé André), Jacques Barthe, meunier devenu pretre, victime de la Terreur à Castres (s.d.) ; Cassagnac (Paul de), Jean-Pierre Alengrin (1749-1795), archiprêtre de Graulhet, 1996.
54 Les prêtres victimes de la Terreur dans le Tarn sont les suivants :
– Jean-Baptiste d’Imbert, ex sous-prieur du couvent des Dominicains de Castres, exécuté le 13 avril 1794, à l’âge de cinquante-trois ans,
– Jacques Barthe, ancien meunier, devenu prêtre à 29 ans, vicaire de Saint-Étienne de Terrabusset (1787-1792) près de Teillet dans l’Albigeois, arrêté à Albi le 18 novembre 1794 au moment de la célébration d’une messe clandestine chez le cordonnier Jacques Sudre. Tous les deux seront exécutés à Castres le 26 novembre 1794, à 37 ans et Jacques Sudre à soixante-onze ans,
– Bernard-Guillaume Cabrié, ancien vicaire à Mazamet exilé en Espagne puis revenu dans le département, arrêté à Castres dans la nuit du 24 au 25 novembre 1794, exécuté à Castres le 27 novembre 1794, à l’âge de trente-cinq ans,
– Jean-Antoine Puech, ancien vicaire à Dénat puis à Salvy de Fourestés (paroisse annexe de Teillet), commune du Terre-Clapier, exécuté le 2 décembre 1794 à Castres, à l’âge de trente-sept ans,
– Jean-Pierre Alengrin, originaire de Lacaune, archiprêtre de Graulhet à Notre-Dame du Val d’Amour, exécuté le 6 février 1795 à Castres, à l’âge de quarante-six ans.
55 Joseph Puech, ancien vicaire à Murat, puis à Belmont sur Rance (Aveyron), arrêté le 21 janvier 1794, condamné à mort par le tribunal criminel de l’Aveyron et exécuté à Rodez le 3 ventôse an II (21 février 1794), à l’âge de trente-deux ans,
– André Portefaix, dit Borie, lazariste, ancien supérieur du grand séminaire d’Albi (1774-1791), originaire du diocèse de Mende, retiré près de Saint-Chély d’Apcher, chez sa soeur, condamné à mort par le tribunal criminel de Lozère et fusillé le 1er mai 1794 à l’âge de cinquante-sept ans.
Auteur
Professeur à l’Université de Lille II
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