La Terreur dans la Révolution jacobine
p. 29-37
Texte intégral
1La Terreur invite à la typologie : terreurs spontanées et Terreur d’État, concept unique ou distinctions chronologiques ("première Terreur" en 1792, "Terreur" en 1793-1794, "Grande Terreur" en juin-juillet 1794). Négativement, la Terreur serait une réponse à la "violence d’État" de l’Ancien Régime ou à sa "pathologie inégalitaire"1, et surtout à des dangers immédiats. Positivement, plus ou moins indépendante des périls2, elle serait un moyen de gouvernement ou, en relation directe avec l’idéologie, l’instrument d’une volonté de régénération, etc.
2Or les luttes révolutionnaires dures et durables connaissent presque toutes une dérive terroriste et saturnienne, via une cristallisation autour de la notion d’Ennemi. Si la Terreur est bien un levier aux mains des maîtres du pouvoir, si elle devient avec la Vertu l’un des deux ressorts du gouvernement de l’an II, devant permettre à celui-ci d’accomplir toute la Révolution, en contrepoint elle est le moyen pour ses acteurs d’affirmer, par delà la légitimité de leur combat, la réalité de la Révolution. Rationnelle comme arme de gouvernement et, dans les prémisses doctrinales, comme instrument de régénération (I), la Terreur devient irrationnelle comme productrice indispensable de finalité et de réalité révolutionnaires (II).
I – Une Terreur rationnelle, instrument du gouvernement révolutionnaire
3La raison peut agir ici de façon défensive, offensive et constructive, ce qui donne au système une redoutable efficacité.
A – Une riposte
4En 1793, pour sauver une République attaquée de toutes parts, des mesures énergiques s’imposent, mais le "salut public", qui justifie la Terreur, demeure ambigu. L’expression peut être entendue dans un sens étroit, évoquant la défense des frontières et la sécurité intérieure menacée par les complots et les soulèvements. À cette conception sécuritaire, qui rejoindrait en partie les notions d’état d’exception ou de circonstances exceptionnelles, peuvent adhérer des républicains relativement modérés. Ainsi l’entendent beaucoup d’hommes de la Plaine qui votent des décrets "pré-terroristes"3 et voient dans le Comité de salut public un simple renforcement du Comité de défense générale de la Convention. Même certains Girondins ont pu avoir ce réflexe de défense républicaine.
5La myopie face à la nature de la Terreur est entretenue pour un temps par les orateurs jacobins. Tel ou tel passage de leurs discours peut sembler s’en tenir à une conception superficielle du salut public et autoriser une double lecture. La véhémence du rapport de Saint-Just sur la création du gouvernement révolutionnaire (10 octobre 1793) peut passer presque inaperçue à une époque où la violence est déjà institutionnalisée. "Punir", "comprimer la minorité monarchique", "gouverner par le glaive" : l’orateur ne dit pas "exterminer"4. Le 18 pluviôse (5 février 1794), Robespierre définit la Terreur comme une "justice prompte, sévère, inflexible", une "émanation de la vertu", une "conséquence du principe général de la démocratie (i.e. la Vertu) appliqué aux plus pressants besoins de la patrie" : les mots sont en deçà du contenu. Apeurés ou non, trompés souvent par la logorrhée officielle et par un vocabulaire qui a changé de sens (justice, patrie, liberté, égalité), peu sensibles aux conséquences de principes pourtant clairs et des mesures qui en découlent, nombre de députés votent sans approfondir. Tous n’ont pas saisi l’ampleur de la notion de salut public5 (cf. infra).
6Camille Desmoulins et Danton n’étaient pas dans cette ignorance. Or leur campagne pour la clémence reposera en partie sur le constat de l’inutilité d’une Terreur-riposte en période de redressement ; argument en porte-à-faux.
B – La Terreur sans l’idéologie
7La raison qui préside aux comportements révolutionnaires n’est pas toujours la Raison jacobine. Tous les Jacobins n’ont pas été des doctrinaires.
8Ministre de la Justice après le 10 août 1792, homme fort du Conseil exécutif, Danton doit imposer à la France le changement de régime, quitte à forcer la main des autorités locales en province. C’est sous son principat que s’opère, du 2 au 6 septembre, le nettoyage des prisons parisiennes en une parodie de justice populaire. Danton n’a pas encouragé explicitement les massacres de Septembre ; informé de leur imminence, il les a laissé faire. En privé, il en endossera la responsabilité, évoquera l’idée de riposte associée à celle de justice ou vengeance du peuple, avouant enfin : "nous ne pouvons gouverner qu’en faisant peur"6. Pour imposer un pouvoir minoritaire dans l’opinion, et qui l’est peut-être resté7, la Terreur sans fioritures n’était-elle pas de bonne méthode ?
9Danton n’a pas été le seul à concevoir et utiliser la Terreur comme un instrument contingent, au regard ou non d’un rapport de forces. Des terroristes plus notoires, des révolutionnaires opportunistes ou un peu frustes sur le plan doctrinal ont pu voir en elle le simple moyen de renforcer le pouvoir. De même, des particuliers pouvaient trouver leur intérêt dans le système. Nul besoin ici d’une justification doctrinale que certains auraient été en peine de fournir. Il n’en demeure pas moins que la Terreur est avant tout un instrument idéologique.
C – Un instrument de régénération
10Si l’on retient du salut public sa définition étroite, on ne s’explique pas pourquoi la Terreur a été décrétée à l’époque où s’amorçait un vigoureux redressement, effectif sur tous les fronts avant la fin de l’année 1793, ni pourquoi elle se déchaîne ensuite pour atteindre son paroxysme apparent lors des grandes contre-attaques victorieuses aux frontières.
11Fin 1793, la Terreur se dégage de son ambiguïté originelle. La situation est rétablie militairement, mais l’oeuvre jacobine n’est accomplie ni politiquement, ni socialement, ni moralement. C’est pourquoi la Terreur, associée à la Vertu publique dont elle découle, doit être l’un des deux ressorts du gouvernement révolutionnaire, permettant à celui-ci de maintenir l’unité républicaine et de régénérer le peuple pour fonder la République.
12Exalter le peuple Un et vertueux tout en identifiant les gouvernants aux gouvernés8 ne laisse nulle place au pluralisme. Or l’unité de la Montagne, maintenue dans la lutte contre la Gironde, va voler en éclats conformément à une sorte de loi de division tendancielle du mouvement révolutionnaire, souvent génératrice de dispersion du pouvoir entre pôles concurrents9. La Terreur, qui a permis d’éliminer la Reine, les Girondins, les Feuillants, va être l’instrument d’une épuration interne : la destruction des "factions" qui divisent, corrompent, discréditent la Révolution et font ainsi oeuvre contre-révolutionnaire10. Les Exagérés et les Indulgents montent sur l’échafaud (24 mars, 5 avril 1794). Amalgame, truquage, les techniques utilisées pour ces deux procès seront désormais de règle. Les formes étaient mutiles. On était passé depuis longtemps à la phase active de la régénération.
13Le "salut public" ou "salut du peuple" au sens fort passe par une régénération complète. Une fois celle-ci opérée par le gouvernement, le peuple sera constitué et, sur cette base, la République fondée. Tel est le mythe politique jacobin. Mythe moderne : l’âge d’or est projeté dans un avenir proche, non dans un passé idéalisé. Mythe hybride, toutefois, encombré de réminiscences antiques. Mythe fortement mobilisateur, enfin, qui, comme tout mythe, ne saurait se voir opposer la contradiction.
14En 1789, beaucoup de révolutionnaires étaient obsédés par la nécessité d’une régénération : il fallait redécouvrir la nature de l’homme, construire là-dessus une cité qui sortît de la barbarie de l’histoire, renouer ainsi, par la Raison, avec le bonheur de la Nature. Les hommes de 1793 veulent aussi retrouver le bonheur par la Raison, mais là s’arrête la similitude. L’homme nouveau qu’ils entendent créer n’a de sens que comme citoyen membre du peuple. L’individu doit se fondre dans une identité collective. Par delà un vocabulaire trompeur11, les droits naturels de l’individu garantis en société le cèdent aux droits d’un peuple de citoyens, et le salut-régénération passe par l’exclusion violente. Les hommes de 1789 n’envisageaient pas une élimination. En 1793 – lecture hâtive de Rousseau12 ? – il s’agit de la mort des ennemis du peuple, non seulement des ennemis actifs et armés mais de tous les étrangers au vrai corps civique. Seuls sont citoyens les hommes vertueux qui ont sacrifié leurs intérêts privés et poursuivent la Révolution en adhérant à ses nouveaux principes. "Il n’y a de citoyens dans la République que les républicains" ; "le gouvernement révolutionnaire (...) ne doit aux ennemis du peuple que la mort" (Robespierre). Sur l’arbre de la population, la Terreur permet d’élaguer toutes les branches pourries ou douteuses. Sont exclus du peuple et promis à la mort ceux qui, par leur passé, leur opposition, leurs opinions, leurs intentions, participent des vices d’avant le 10 août. Émanation de la Vertu, la Terreur est la voie par excellence, morale et rationnelle, de la régénération.
15Socialement, le soupçon pèse sur les couches supérieures, prédisposées à l’immoralité des intérêts privés. La frontière de l’entité politique "peuple" semblerait passer entre les bourgeoisies petite et moyenne. Une situation éminente, si l’intéressé n’a pas donné assez de gages à la Révolution, peut le faire basculer dans l’enfer du Vice ; la moindre bévue en fera un ennemi du peuple. Dans une société égalitaire, en attendant la formation d’un peuple de paysans et d’artisans frugaux où la propriété ne sera plus qu’une institution sociale déterminée par la loi13, le riche vit sous le regard vigilant des bons citoyens. Au mieux, il sera frappé de taxes et d’emprunts forcés.
16La régénération affecte l’administration qui doit être purgée de ses éléments vicieux. Or l’administration, corruptrice, va pervertir les patriotes nommés en remplacement, corrompre même les plus vertueux qu’il faudra frapper à leur tour. On systématise ce cercle vicieux par l’idée et la pratique de l’épuration permanente14, reflet administratif d’une entreprise plus vaste qui conduit déjà aux frontières de l’irrationnel.
II – Une Terreur irrationnelle, productrice de réalité révolutionnaire
17La Terreur-régénération comportait un risque de dérapage dans l’irrationnel. La doctrine jacobine conduisait à la fabrication d’ennemis destinés à la mort. Y concourait, dans le même temps, la dynamique du mouvement révolutionnaire, avec pour résultat, vital pour l’entretien de cette dynamique, une re-création permanente de la réalité révolutionnaire.
A – La fabrication de l’Ennemi
18À la base du jacobinisme, cette morale faite politique, est l’opposition entre le Bien et le Mal, le Vice et la Vertu. Ce fondement moral n’était pas incompatible avec le primat de la Raison, mais l’opposition Ami/Ennemi – sans situation intermédiaire – est outrée par sa logique propre. La doctrine des hommes de 1793 les conduit à se fabriquer des ennemis de plus en plus nombreux. Le 10 octobre, Saint-Just dénonce tous ceux qui n’adhèrent pas activement aux idéaux et aux pratiques de la Révolution jacobine : "Vous avez à punir quiconque est passif dans la République et ne fait rien pour elle". L’opposition stricte entre les sphères du Vice et de la Vertu rejette en bloc dans la première les individus réservés ou réticents, les conciliateurs, les mous, les tièdes, les négligents, les maladroits, les bavards. Elle en fait, par une conséquence logique des principes, des ennemis du peuple.
19Les succès remportés par la République ne sont pas les indices d’une amélioration de la situation. "Qu’il y aurait de légèreté à regarder quelques victoires remportées par le patriotisme comme la fin de tous nos dangers ! (...) On sent que le crime intimidé n’a fait que couvrir sa marche avec plus d’adresse" (Robespierre, 18 pluviôse). Vouloir traquer des ennemis absents peut conduire à en inventer. Seule la loi aurait pu, en précisant les notions, apporter un correctif à ce dérapage ; or la loi révolutionnaire était l’arme juridique première du jacobinisme au pouvoir ; le couronnement du dérapage doctrinal sera donc légal.
20La loi du 22 prairial (10 juin 1794), oeuvre du Comité de salut public, est rapportée par Couthon devant la Convention, ce qui lui donne son label doctrinal. L’accent n’est plus mis sur la notion de suspects à incarcérer (loi du 17 septembre 1793), dépassée depuis des mois dans le discours officiel. La mise en conformité est évidente. Il s’agit d’ennemis du peuple à éliminer : "ceux qui cherchent à anéantir la liberté publique, soit par la force, soit par la ruse" (art. 5). La liste est extensible : "sont réputés ennemis du peuple", entre autres, "ceux qui auront répandu de fausses nouvelles pour diviser ou pour troubler le peuple" (intention comprise dans l’acte) et plus généralement "ceux qui (...) par quelques moyens que ce soit et de quelques dehors qu’ils se couvrent, auront attenté à la liberté, à l’unité, à la sûreté de la République, ou travaillé à en empêcher l’affermissement" (art. 6). Nul ne peut plus se savoir à l’abri d’un procès expéditif : suppression des défenseurs officieux (art. 16), preuves "morales" (art. 8) dispensant de recourir aux témoins (art. 13), possibilité de juger après l’interrogatoire d’identité (art. 12-17), suppression des peines autres que la mort (art. 7). Une caricature, injuste au demeurant, montrera bientôt Robespierre, seul survivant du massacre, guillotinant lui-même le bourreau. Tout pessimiste peut s’attendre à être broyé dans l’engrenage.
B – L’engrenage révolutionnaire
21L’opposition du Bien et du Mal, qui conduit la théorie de la Terreur jusqu’aux limites de l’absurde, est aussi caractéristique du phénomène révolutionnaire en lui-même. À la logique du jacobinisme s’ajoute celle, sociologique, de l’engrenage révolutionnaire, qui a pu être à l’origine de "terreurs" locales. Les phénomènes révolutionnaires tendent à engendrer un emballement et une simplification, accentués par l’effet de groupe, des processus de représentation de soi-même et d’autrui, Ami ou Ennemi. La spirale du soupçon réduit le nombre des amis au fur et à mesure que s’hypertrophie le concept d’Ennemi.
22Dans la mentalité et le discours des gouvernants et des meneurs, qui interprètent souvent le comportement et les désirs de leurs fidèles, comme dans ceux des militants, on diabolise un Ennemi supposé omniprésent et de plus en plus dangereux malgré les succès remportés contre lui. L’ennemi intérieur, plus proche, est plus facile à identifier (prêtres, hommes d’affaires étrangers, etc.). C’est sur lui que se concentre la vigilance terroriste. La tendance s’accentue encore à l’époque de la reconquête de la Belgique et de la "Grande Terreur". La pathologie obsidionale ne dépend pas de l’encerclement effectif mais de la représentation de celui-ci.
23"C’est par principe d’humanité que je purge la terre de la liberté de ces monstres" (Carrier)15. La déshumanisation de l’Ennemi autorise son élimination au nom de l’humanité. Ainsi les ruptures révolutionnaires engendrent-elles souvent l’amoralisme. La morale jacobine, placée sous tension, exaspérée jusqu’à la caricature, se conjugue avec cet amoralisme et le renforce en requalifiant comme morales des actions qui ne le sont guère. Ce faisant, elle se perd, car la Terreur ne manquera pas de frapper un jour des victimes innocentes même au regard des principes. C’est le cas en Vendée où sont exterminés vieillards, femmes, enfants et républicains du cru ; tueries morales jusqu’à preuve impossible du contraire, puisque opérées au nom desdits principes, sous l’égide d’un gouvernement vertueux et de ses agents civils et militaires.
24Si la logique idéologique de la Terreur jacobine adhère si étroitement à celle, sociologique, de l’engrenage révolutionnaire, qui a pu l’influencer, c’est que toutes deux vont dans le même sens : la recherche de la mort de l’Autre comme condition du salut de Soi.
C – La Révolution recréée
25Les Jacobins refusent de voir dans la petite victoire remportée le 19 mars 1793 par les bandes du sud de la Loire un accident imputable à la médiocrité d’un général et de ses troupes. Cette défaite doit être l’indice d’un immense complot qui plonge ses ramifications jusque dans les armées de la République. Ainsi naît la Vendée, "moteur de la Révolution" (J.-C. Martin). Si la Révolution, invincible puisqu’elle représente le Bien, a été vaincue, il y a eu trahison : la collectivité meurtrie par une défaite inconcevable se ressaisit en désignant des ennemis qui lui renouvellent négativement son statut. À l’inverse, si la Révolution a vaincu, l’Ennemi a dû refaire ses forces ailleurs. Le Mal ne saurait avoir disparu. Défaite ou victoire, échec ou succès dans la répression, il faut continuer de traquer l’Ennemi là où nécessairement il se cache, de préférence à l’intérieur.
26L’âge d’or étant à portée de main, tout affrontement, toute divergence d’opinions, toute discussion deviennent autant d’épisodes d’un combat éternel du Bien et du Mal, qui n’en finit pas de toucher à sa fin. Ils donnent chaque jour plus de signification à l’histoire que vivent les révolutionnaires, à tous les actes qu’ils accomplissent. La Terreur devient indispensable parce que, quotidiennement, elle relégitime la Révolution et apporte la preuve de sa réalité. Dès 1792, "la rationalisation du terrorisme est dérisoire. L’épuration des prisons, à l’image des grandes épurations que demandera plus tard Saint-Just, s’avère guidée par la volonté de produire, grâce à la mort des ennemis, la preuve de la réalité de la Révolution"16. C’est la recherche, par le massacre de masse, d’une vérité introuvable.
27"Le bon patriote est un homme inquiet par état, quiconque se rassure est suspect" (A. Cochin). Le militant, tendu vers l’action révolutionnaire et éprouvé par elle, a besoin de la Terreur. Sans le tranquilliser, la Terreur écarte le doute sur l’opportunité de telle action de son fait, de telle mesure gouvernementale, ce qui reviendrait à douter de la Révolution. L’Ennemi devient le représentant nécessaire du Mal unique et absolu, nécessaire à une Révolution qui sans lui devrait s’arrêter. La Terreur n’est plus le ressort d’un gouvernement qui conduirait la Révolution à son terme, mais le ressort de la Révolution elle-même, laquelle, les tensions allant sans cesse croissant, n’aura pas de fin. Dans ces conditions, la Terreur, comme la Révolution jacobine, est interminable en théorie et condamnée en pratique, n’ayant plus d’autre fonction que de créer, par le massacre permanent de victimes quelconques, une réalité révolutionnaire permettant de continuer et aggraver la Terreur. Ce naufrage n’est pas imputable aux seuls gouvernants, mais ils avaient revendiqué leur responsabilité : "Il vaut mieux hâter la marche de la Révolution que de la suivre" (Saint-Just, 13 ventôse).
28"Soyons terribles pour dispenser le peuple de l’être", s’était écrié Danton le 10 mars 1793. Si le "peuple" existe, les Jacobins, inventeurs de la Terreur d’État, se sont montrés plus terribles que lui.
Notes de bas de page
1 f. furet et m. ozouf, Dictionnaire critique de la Révolution française, p 168.
2 m. ozouf, "Guerre et Terreur dans le discours révolutionnaire : 1792-1794", L’école de la France, p. 109-127.
3 La mise hors la loi permet de mettre à mort sous 24 heures les émigrés pris les armes à la main (9 octobre 1792), "ceux qui sont prévenus d’avoir pris part aux révoltes ou émeutes contre-révolutionnaires, ceux qui auraient pris ou prendraient la cocarde blanche ou tout autre signe de rébellion" (19 mars 1793), etc. Dans un climat révolutionnaire, même des députés juristes ont pu s’en accommoder comme d’une nouvelle peine.
4 La rédaction même du décret est ambiguë. Voir notamment les art. 4, 6 et 12.
5 Les discours seront beaucoup moins ambigus au printemps. Rapporteur de la loi du 22 prairial, Couthon dira clairement : "Il s’agit moins de les punir que de les anéantir".
6 f. bluche, Septembre 1792. Logiques d’un massacre, p. 144 et 149.
7 f.-x. beauvais, L’adhésion au gouvernement révolutionnaire, Paris II, mémoire, 1995.
8 Cela explique l’idée d’une représentation souveraine du peuple par le gouvernement révolutionnaire, c’est-a-dire la Convention et, suite à une ultime réduction, le groupe au pouvoir (l. jaume, Le discours jacobin et la démocratie, p. 336 et s. et passim).
9 f. bluche et s. rials, Les révolutions françaises, p. 53 et s.
10 A. de lestapis, La "conspiration de Batz" (1793-1794), passim.
11 Cf. les similitudes de rédaction entre les Déclarations de 1789 et de 1793, la seconde, texte de compromis, étant en retrait par rapport à certains principes jacobins.
12 En matière de droit commun, "tout malfaiteur (...) devient par ses forfaits rebelle et traître à la patrie, il cesse d’en être membre (...). Alors la conservation de l’État est incompatible avec la sienne, il faut qu’un des deux périsse, et quand on fait mourir le coupable, c’est moins comme citoyen que comme ennemi" (Du contrat social, II, 5). En matière politique, "l’insociable" qui n’adhère pas à la religion civile doit être banni, seul le renégat étant puni de mort (Ibid., IV, 8).
13 Discours et projet de Déclaration des droits de Robespierre, 24 avril 1793.
14 Les épurations administratives, XIXe et XXe siècles, p. 6-7.
15 Moniteur, 20 décembre 1794.
16 c. lefort, "La Terreur révolutionnaire", Passé Présent, n° 2, 1983, p. 37, repris dans Écrits sur le politique, p. 75 et s.
Auteur
Maître de Conférences à l’Université de Paris II
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