1 Les dict. du XIXe et du XXe s., sauf le Gr. Lar. et les ROBERT, qui l’omettent, donnent cet emploi ; mais BESCH., le Lar. XIX, GUÉRIN, le Lar. ill., le Lar. XX, l’ACAD., et VILLENAVE le limitent à tout animal que l’on chasse à courre.
2 D’après VERLINDEN et JANTI (Cerf, 236), on dit l’animal, et non la bête, sauf pour le sanglier, ajoute le Gr. Lar. (s.v. animal) ; nos auteurs ne respectent pas cette distinction.
3 Dans un « Salut aux oiseaux-gibier », Armand MERCIER classe ces oiseaux selon leur renommée gastronomique :
« C’est d’abord le faisan, le beau faisan qui triomphe à toutes les sauces ; puis le canard sauvage et sa miniature la sarcelle aux aiguillettes roses ; la perdrix amie des choux, qu’humecte le Gournay ; le râle d’eau, un idéal, et le râle des genêts, pour lequel Talleyrand aurait trompé trois ou quatre gouvernements ; le vanneau huppé aux œufs délicats et si chers ; les pluviers charmants, aux reflets d’or ; la bécasse au long bec, un régal ; l’ortolan mignon, bouchée délicieuse ; l’alouette aux pâtés fameux, la poule d’eau, reine des étangs, au salmis savoureux ; la caille élégante et coquette, dont la pudeur exige une feuille de vigne ; la grive qui se grise dans les vignes ; le coq de bruyère, un rêve ; la gélinotte, succulente à la moscovite… » (Journ., 25 nov. 27, 271c).
4 Voir pièce de gibier, note.
5 Bourriche, s.f., ’sorte de long panier sans anse, qui sert à transporter du gibier’, se dit aussi en parlant du gibier que contient ce panier, gibier qui est donné à chaque chasseur, à la fin de la journée de chasse. QUEMADA date le sens premier de 1526 (Matériaux…, 1re série, t. 2, p. 156).
6 Gent est qualifié de « mot familier » par LITTRÉ, le DG et GREVISSE (Le bon usage, § 257, e), de « vieux mot » par l’ACAD., le Lar. XX, les ROBERT et GREVISSE (l.c.) ; les ROBERT ajoutent « ou littér. (et souvent ironique) ».
7 La gent trotte-menu, locution créée par LA FONTAINE, est citée par la plupart des dict. (LITTRÉ ; DG ; ACAD. ; Lar. XX ; les ROBERT…), par GREVISSE (Le bon usage, § 257, e) et par HANSE (Dict. diff., 340).
8 Au Moyen Age, gibier était surtout usité dans la locution aller en gibier, ’aller à la chasse’. « Le mot ne désigne que depuis le XVIe s. les animaux pris à la chasse. » (B.W.5)
9 En 1834, BAUDR. refuse d’appeler gibier les « animaux qui ne sont pas bons à manger, quoiqu’ils fassent l’objet d’une chasse quelconque ».
10 « bons à manger », précisent BESCH. et LITTRÉ (voir gibier).
11 Des dict. généraux du XIXe et du XXe s. connaissent pièce de gibier, qui est attesté depuis l’ACAD. 1740 (FEW, VIII, 337a). BESCH., le DG, l’ACAD, la Ch. mod. (Voc.) et le Dict. Lar. signalent l’emploi absolu et cynégétique de pièce, seul.
12 Le « couronnement de la journée, c’est le tableau. J’entends par là non pas la simple addition des pièces tuées, avec en regard, si possible, le nombre des coups de fusil, mais bien la présentation de ces pièces devant les tireurs assemblés à l’issue de la chasse et pouvant ainsi vérifier la preuve de leur adresse, admirer les plus beaux ou les plus rares des trophées, commenter les coups difficiles. […] L’agencement même du tableau mérite des soins attentifs. Les diverses sortes de gibier sont rangées à part, en dizaines alignées : perdrix grises, perdrix rouges, coqs faisans, lièvres, lapins, cailles, ramiers, tourterelles, enfin les pièces moins communes : petites outardes, bécasses, râles de genêts, et, pour terminer la série, le menu gibier : grives, merles et les divers […]. En tête, bien entendu, le gros gibier : chevreuils, sangliers, ainsi que les renards. » (Chass., mars 49, 339b).
13 Petit gibier se trouve chez VILLENAVE, dans le Lar. Ch. (151-186) et dans le Gr. Lar. ; les autres ouvrages et dict. parlent de menu gibier +.
14 Seuls les ROBERT mentionnent ces deux synonymes.
15 Exceptionnellement, menu gibier comprend les faons de chevreuil (Journ., févr. 10, 322a ; 16-30 avr. 20, 152b).
16 BAUDR., BESCH., LITTRÉ, le DG, et l’ACAD. donnent menu gibier, au sens large de petit gibier, et omettent cette dernière expression ; la Ch. mod. (267-273) et le Lar. XX réservent menu gibier aux petits oiseaux.
17 BAUDR. estime qu’entre le gros et le menu gibier, on « pourrait former une classe intermédiaire pour le moyen gibier, qui comprendrait le lièvre, le lapin, et quelques gros oiseaux, tels que les canards, les gélinottes, les tétras, etc. » (s.v. gibier).
18 Dans les dict. et les ouvrages spécialisés, gibier à plume, avec plume au singulier (LITTRÉ, s.v. plume ; DG, s.v. gibier ; ACAD. ; les Larousse ; ROBERT ; BAUDR. ; Ch. mod., Voc., et 157-186 ; VILLENAVE, s.v. plume ; Dict. Lar., s.v. plume), est plus fréquent que gibier à plumes, avec plumes au pluriel (BESCH. ; LITTRÉ, s.v. gibier ; DG, s.v. plume ; Pet. ROB.). Au total, nos exemples montrent à peu près autant de fois le singulier que le pluriel ; mais dans le Chass. des dernières années (oct. 70, 17c ; févr. 71, 19c ; etc.), gibier à plume, au singulier, s’impose nettement.
19 Gibier à poil, qui est attesté depuis 1732, dans la Nouv. Maison rustique (FEW, VIII, 512a), est donné tel quel par tous les dict. et ouvrages cités dans la note précédente. Lorsque nous avons relevé gibier à poils, avec poils au pluriel, l’expression se trouvait généralement à proximité de gibier à plumes, avec plumes au pluriel. Actuellement, on ne rencontre plus que gibier à poil, au singulier (Chass., nov. 70, 3b ; déc. 71, 18b ; etc.).
20 Le FEW (VIII, 512a) n’enregistre que gibier poil, et seulement en 1732 (Nouv. Maison rustique) et en 1885 (PAIRAULT) ; or, l’expression se trouve encore dans la Ch. mod. (Voc.), qui donne aussi gibier plume. Les deux expressions s’écrivent avec ou sans trait d’union, cela dépend de chaque auteur.
21 A. TOUSSENEL utilise plusieurs fois gibier-plume ; or cet auteur est souvent cité ou évoqué : « Comme le constate A. TOUSSENEL dans son célèbre ouvrage sur « Le monde des oiseaux », « le genre Perdrix a toujours tenu le premier rang sur la carte du gibier-plume d’Europe, à raison de son importance et de son ubiquité. » (Vie, août 49, 327a) ; « Toussenel dit, en effet, que la caille est considérée comme le plus fin et le plus délicat de tous les gibiers-plume par une foule d’autorités respectables » (Chass., août 32, 509b), etc.
22 Gibier peut se dire des animaux nuisibles (cfr gibier).
23 Les dict. les citent implicitement dans chien dressé au poil et à la plume, ou chien au poil et à la plume, qui signifient ’chien dressé à arrêter le gibier à poil comme le gibier à plume’. Enregistrée de 1600, chez Olivier de SERRES au DG (FEW, IX, 84a), l’expression être dressé au poil et à la plume figure encore dans l’ACAD., le Lar. XX, le Gr. Lar. et ROBERT, mais elle n’a pas été relevée chez nos auteurs.
24 Pierre MOUCHON, La chasse des oiseaux d’eau en France, Paris, Libr. cynég. Ém. Nourry, [1931]. « Voilà un livre que tout amateur du marais doit posséder. » L’ouvrage contient, entre autres, « l’histoire de la chasse au gibier d’eau à travers les âges » et « une bibliographie critique de la littérature cynégétique relative à la sauvagine » (Journ., 25 janv. 32, 190c-191a et b).
25 Oiseaux de mer… « qui ont le goût sauvagin », ajoutent LITTRÉ, le DG, les dict. du XXe siècle et le FEW (XI, 619b), ce qui est une définition étymologique.
26 Comp. GUILBAUD, Droit, no 117 ; et, CATTIER, Dr. belge, no 101.
27 R. BOMMIER, Notre sauvagine et sa chasse. « C’est un livre de chevet pour quiconque s’intéresse à la Sauvagine » (Journ., 1-15 janv. 22, 277b).
28 Sauvagin (Ch. mod., Voc. ; Dict. Lar. ; Gr. Livre, Voc.), s.m., ou sauvagine, s.f., (LITTRÉ ; ACAD. ; Lar. XX ; Gr. Lar.) désignent également le goût spécial, l’odeur, que peuvent avoir les oiseaux de mer. Mais nous n’avons pas relevé d’exemples avec cette acception.
29 L’emploi de sauvagine pour les bêtes à fourrure sera examiné avec les noms des animaux dits nuisibles.
30 Dans la Ch. mod. (273-276), gibier de hasard se rapporte aux ramiers, aux tourterelles, aux pluviers et aux outardes. D’après le Lar. XX, on donne « souvent » le nom de gibier de hasard à la majeure partie du gibier de passage.
31 Cfr C.S.C., Élevage et lâcher de faisans pour le repeuplement par les sociétés de chasse ; SWARTENBROEKX, Cours d’élevage de faisans de chasse ; etc.
32 Cfr C.S.C., Lâchers de perdrix d’élevage pour le repeuplement ; ID., Élevage des perdrix grise et rouge ; SWARTENBROEKX, Cours d’élevage et de sauvegarde des perdreaux ; etc.
33 Cfr SWARTENBROEKX, Cours d’élevage de lièvres ; B. OLIER et P. MONTET, Comment créer et conduire un élevage de lièvres, Paris, La Maison Rustique, 1972.
34 Saint-Hubert Club de Belgique.
35 Voir les articles 10 et 11 de la Loi sur la chasse du 28 février 1882 (Recueil, 10).
36 Voir GREVISSE, Le bon usage, Composition populaire, § 141 et 142.
37 Cfr GOOSSE, Façons de parler. 1, 326-332.
38 « Les deux gibiers qui traditionnellement faisaient le fond du tableau, le lièvre et le perdreau, disparaissent lentement, mais inexorablement. » (Chass., nov. 50, 649a).
39 Les dict. contemporains signalent que graine est aussi, par analogie, le nom donné à l’œuf du ver à soie, et que semence peut désigner le sperme dont les animaux sont engendrés.
40 Selon le Gr. Lar., grands animaux désigne les cerfs et les biches. Pour MANHÈS d’ANGENY (Chevreuil, 177 et 200), la locution comprend aussi les daims, les chevreuils, les chamois, etc. ; VIDRON (Ch. à courre, 83) y ajoute encore les sangliers.
41 D’après le Lar. XX seulement, grandes bêtes se dit des cerfs, daims et chevreuils ; mais nous n’avons pas d’exemple de cette locution.
42 Tous les dict. et les ouvrages spécialisés définissent gros gibier, tandis que seuls le Gr. Lar. et des techniciens (VILLENAVE ; Lar. Ch., 128-150 ; etc.) connaissent grand gibier.
43 Voir la note précédente.
44 Les synonymes grands fauves et fauves seront examinés à la suite de cet article. Bêtes fauves ou fauve (collectif), synonymes d’animaux nuisibles, seront aussi étudiés dans ce chapitre, mais plus loin.
45 Bestes douces, f.pl., est attesté chez PHÉBUS, au XIVe s. (ROLLAND, Faune pop., VII, 223).
46 La Ch. mod. (Voc.) et le Gr. Livre (Voc.) définissent bêtes douces par : ’celles qui se défendent avec leurs bois : cerfs, daims, chevreuils’.
47 Les Allemands les appellent Rotwild, ’gibier rouge le pelage du cerf est d’un brun-roux, qui, en été, tire sur le rouge (MARION, 17).
48 Seule l’ACAD. signale fauves, s.m.pl., emploi elliptique pour bêtes fauves, et réservé aux cerfs, aux chevreuils et aux daims.
49 ROBERT seulement signale bêtes fauves rousses, ’cerfs, chevreuils, daims, loups, renards’ (voir bête rousse).
50 Bêtes fauves ou fauve (s.m. collectif), au sens de bêtes nuisibles, seront examinés plus loin avec leurs synonymes (animaux nuisibles, mordants, etc.).
51 Fauve, s.m., ’ensemble des bêtes fauves, à poil fauve, qu’il y a dans une forêt’, est attesté depuis 1771, dans Trévoux ; et fauve, ’bête féroce’, existe depuis 1870 environ (FEW, III, 402b). Dans la langue courante actuelle, bêtes fauves, fauves et grands fauves se disent surtout des félins de grande taille (lions, tigres…).
52 « Il y a du fauve dans cette forêt » est l’exemple donné par plusieurs dict. (LITTRÉ ; Lar. XIX ; DG ; Lar. ill. ; Lar. XX ; ROBERT), pour illustrer cet emploi.
53 ROBERT les appelle bêtes fauves noires (s.v. bête), et précise qu’il s’agit de sangliers, de marcassins. Les ROBERT définissent bêtes noires (s.v. noir, e) par « au pelage noir », sans spécifier à quelles bêtes s’applique la locution.
54 Bêtes noires a eu une acception plus large que celle attestée de nos jours. Dans Modus, cette locution s’applique aussi aux loups (encore dans le DG) et aux renards (FEW, VII, 130a). Les dict. et les ouvrages spécialisés ne retiennent que le sens de ’sanglier(s)’, qui est déjà chez du FOUILLOUX, en 1561 (REMIG., 213). LITTRÉ donne bête(s) noire(s) au singulier (s.v. noir, oire) et au pluriel (s.v. bête).