Réflexions sur la concertation entre l’État et l’Entreprise
p. 249-250
Texte intégral
1La brièveté du temps qui m’est alloué va m’autoriser à quelques schématisations qui auront plus l’aspect de provocations que de conclusions à propos de la concertation.
2Un certain nombre de questions méritent d’être posées, elles tournent autour de trois points :
Quels partenaires retenir ?
Comment organiser la concertation ?
Quel est l’objet de la concertation ?
1) Quels partenaires retenir ?
3On pense que la concertation doit avoir lieu entre l’Etat et les entreprises. Reste à savoir s’il s’agit de toutes les entreprises ou seulement de celles qui sont en difficulté. Faut-il mettre en place des organismes spécialisés ou au contraire la concertation prend-elle un caractère ponctuel ?
4De certains propos tenus au cours des débats, semble se dégager l’idée qu’il serait préférable que la concertation se fasse avec des techniciens appartenant à un corps bien organisé dont la durée de vie serait indépendante de celle des gouvernantes et affranchi du pouvoir politique. Il n’est pas certain que cette solution soit la meilleure. En effet, l’administration n’a pas obligatoirement plus de compétence ou d’imagination pour résoudre les problèmes qu’un groupe d’experts désignés à chaque occasion ; de plus, cette conception entraînerait des difficultés de fonctionnement et d’organisation de la concertation.
2) Comment organiser la concertation ?
5Le secteur public a tendance à pratiquer un contrôle « a priori ». Pour éviter les gaspillages, la prévision de toutes les éventualités est systématisée sinon codifiée. Une sorte de typologie des solutions est élaborée, cadre vide que l’on s’efforce d’appliquer en toutes circonstances. Comme de nombreux orateurs l’ont déclaré, cette organisation ne donne pas aux organismes concernés la possibilité de s’adapter à la mouvance de la conjoncture. Le risque d’être envahi par un juridisme « partout présent, nulle part agissant » devient grave. On oublierait même l’objet de la concertation.
3) L’objet de la concertation
6Implicitement, la concertation n’est envisagée qu’en cas de difficulté. La confusion entre assistance et concertation semble d’ailleurs fréquente. Les commentaires faits à propos du projet de loi belge sur la gestion assistée confirment cette confusion. Seules les entreprises ayant au moins 50 salariés seront l’objet d’une assistance. Tout se passe comme si les problèmes d’emploi étaient la justification automatique d’une intervention et si les difficultés de gestion étaient réduites à des problèmes de main-d’œuvre. Cette conception me paraît à la fois trop étroite et partiellement erronée, car elle conduit à plus traiter les conséquences d’une mauvaise gestion qu’à en rechercher les racines. C’est peut être une remise en cause de la finalité de l’entreprise essentiellement conçue comme un employeur.
Auteur
Professeur agrégé à l’Université de Caen
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