L’interventionnisme : une doctrine sans théorie
p. 177-195
Texte intégral
1Il est coutume de faire remonter à Keynes le principe de l’intervention de l’Etat dans le domaine économique. La révolution Keynésienne trouve en effet une illustration dans le rôle actif joué par l’Etat en politique économique. Une telle affirmation est cependant très simplificatrice, voire inexacte, si on se penche sur les différents courants de pensée qui se sont succédé avant l’avènement de la théorie générale.
2Déjà, en Egypte, existait un système d’Economie Contrôlée et Henri Pirenne, parlant de Naples, écrivait :1 « ici, sous l’influence de Byzance et des musulmans de Sicile et d’Afrique, on surprend tout au moins les débuts de l’intervention de l’Etat dans l’ordre économique ».
3Enfin, il convient de ne pas ignorer les conclusions des auteurs mercantilistes, de se rappeler certains auteurs classiques2, Ricardo par exemple dans son approche des problèmes monétaires, de relire Stuart-Mill, Sismondi, Dupont-White...
4Ce qui est par contre indiscutable, c’est qu’avant Keynes la doctrine dominante, voire monopolistique, fut la doctrine libérale. Le « laissez-faire laissez-passer » de l’Ecole classique ou le « les produits s’échangent contre les produits » de J.B. Say peuvent en témoigner. Les révolutions industrielles qui vont se succéder, à partir du 18e siècle jusqu’en 1929, s’inspirent toutes du libéralisme économique. Ceci est d’autant plus surprenant que les siècles qui les précèdent sont empreints d’un interventionnisme quasi général.
5Pourquoi alors considérer Keynes comme le précurseur de l’interventionnisme étatique ? Ceci est, nous semble-t-il, la conséquence de l’identification faite entre libéralisme et laissez-faire, d’une part, nationalisme et interventionnisme, d’autre part.
6Pour M.A Heilperin3, le libéralisme se définit comme « une conception de la société basée sur une pleine reconnaissance de la dignité et des droits de la personne humaine », ce qui se traduit dans son approche économique par un « système qui, respectueux de la liberté individuelle et des chances de chacun, fait naître aussi largement que possible la prospérité matérielle ». Le libéralisme économique n’exclut pas l’intervention de l’Etat. Comme le précise J. Rueff4, « le libéralisme économique est un ordre social ». Dans la mesure où l’individu est la préoccupation principale de la société libérale, là où les forces morales apparaissent insuffisantes dans la défense de l’individu, l’Etat doit intervenir.
7Ainsi défini, le libéralisme diffère totalement du « laissez-faire ». Ce « dernier est une réaction contre l’Etat mercantiliste et ses innombrables interventions dans la vie et les activités économiques des individus » (3). La philosophie qui s’en dégage conclut à la condamnation de toute forme d’intervention dans le domaine économique.
8Si on reprend l’analyse de W.E. Rappard, le nationalisme économique est défini comme « une doctrine destinée à servir la nation, en la rendant, non pas plus riche, mais plus libre, en procurant, non pas son bien-être matériel mais son indépendance à l’égard des influences étrangères »5. L’Etat est alors conduit à intervenir, soit par la protection tarifaire, soit par le contrôle des importations et des exportations. En cela, les nationalistes économiques ont comme ancêtres les mercantilistes. Deux auteurs illustrent ce courant de pensée : Fichte et List.
9Le principe général de la philosophie de l’interventionnisme de Fichte s’exprime très exactement dans le titre même de son ouvrage : « L’Etat commercial fermé ». Il s’agit de constituer un état qui soit en toutes circonstances capable de se suffire à lui-même, en économie de paix comme en économie de guerre. Cette aspiration vers l’autarcie est toute différente de celle qu’on rencontre dans certaines doctrines de l’antiquité, où il s’agit simplement de ne pas être à la merci de l’étranger et de se contenter d’une économie rurale des plus modestes.
10Tel n’est pas le fondement de la pensée de Fichte qui ne prétend nullement fonder l’autarcie sur un retour à l’économie naturelle comme le préconisait Aristote, mais sur la volonté d’intervenir pour produire tout ce qui est nécessaire au pays. A cet effet, l’intervention doit avoir une portée d’application absolument générale, car pour réaliser cette autarcie l’Etat doit être tout puissant et l’individu lui être entièrement subordonné. L’Etat doit créer et développer sur le sol national une production harmonieuse et doit réglementer la consommation de façon à ce qu’elle soit strictement limitée à la production nationale. De ce principe général Fichte déduit une politique de l’autarcie, d’où il tire une action en vue du développement des succédanés. En effet, afin de s’affranchir de l’étranger, l’économie nationale, lorsqu’elle ne peut obtenir exactement les mêmes produits que ceux qui seraient importés, doit promouvoir des produits de remplacement, souvent plus onéreux et de moins bonne qualité que le produit importé. Mais l’indépendance doit être obtenue à tout prix, fût-ce à celui d’une élévation des coûts et partant d’un abaissement du niveau général de vie de la population. Aussi bien le rationnement de cette dernière est-il le complément naturel des interventions ayant pour objet de réaliser l’indépendance nationale. S’il le faut, afin de le rendre moins difficile, on pourra aller jusqu’à procéder à un aménagement rationnel de la répartition de la population pour l’ensemble du territoire.
11Cette autarcie est une forme de nationalisme économique qui s’oppose au système national d’Economie Politique de List, comme le rappelle A. Anikine6 : « List proposait de forcer la croissance de l’industrie par un protectionnisme éducatif, un système de mesures d’Etat qui défendrait l’industrie nationale contre la concurrence jusqu’à ce qu’elle soit assez puissante pour concurrencer l’étranger à armes égales ».
12Il faut cependant remarquer que le nationalisme économique de List ne préconise aucun moyen d’action plus restrictif que les droits de douane. En ne recommandant pas la remise en vigueur des contrôles directs pratiqués par les Etats mercantilistes, cette doctrine apparaît moins interventionniste7.
13En conséquence, on peut dire que l’interventionnisme est une forme de nationalisme qui n’exclut pas le libéralisme. C’est pourquoi pour beaucoup d’auteurs, lorsque l’Etat intervenait dans le domaine monétaire, cela ne remettait pas en cause le principe même du libéralisme. Le libéralisme concernait et concerne toujours principalement l’échange et lui seul. Les conditions de production lui demeuraient et lui demeurent encore souvent étrangères. C’est ainsi que David Ricardo fut amené à proposer un contrôle très strict de l’émission de monnaie, contrôle sous l’autorité et la responsabilité de la banque d’Angleterre, tout en se faisant le défenseur du libre échange. A l’opposé, les restrictions douanières réclamées par certains mercantilistes ont toujours été assimilées à une politique interventionniste.
14Au cours de ces différentes étapes, il apparaît indiscutable que l’interventionnisme a toujours eu comme finalité la recherche de solutions à des problèmes du moment. En cela, il se rattache véritablement au courant doctrinal8. Par contre, on doit s’interroger sur le contenu théorique de cette doctrine. Existe-t-il une véritable théorie de l’intervention ? L’objet de cette étude est précisément d’essayer d’apporter une réponse à cette question en analysant les grands courants de pensée de l’interventionnisme que sont le mercantilisme, le réformisme et le keynésiénisme.
I. Les mercantilistes ou les précurseurs de l’interventionnisme étatique
15Pour Sismondi, « le mercantilisme est un système inventé par des marchands, dans un pays où ils étaient sujets et non pas citoyens, où on les écartait des affaires publiques tout en leur demandant des conseils, et où on les réduisait à ne connaître que leurs propres intérêts, en leur faisant juger ceux des autres »9. Les auteurs de ce système considèrent que la richesse est synonyme d’argent et de pouvoir. La politique économique qui s’en dégage doit donc avoir pour objectif de permettre à l’Etat de s’enrichir. Comme, pour ces auteurs, tous les échanges entre Etats n’augmentent pas d’un centime ou d’un penny le numéraire existant, ce que l’un gagne, l’autre le perd. Pour qu’un Etat s’enrichisse, il faut qu’il vende beaucoup aux autres et qu’il leur achète peu. La conséquence première de ce système est de faire accorder par l’Etat une faveur continue aux industries d’exportation. Tout le commerce fut donc soumis à une réglementation très stricte. La conséquence seconde fut d’encourager l’exportation de produits manufacturés, après que l’industrie nationale en ait élevé la valeur. L’Etat fut donc conduit à intervenir pour empêcher l’exportation de la matière première susceptible d’être échangée en l’Etat. Les règlements prirent un second aspect, en interdisant la sortie des matières premières, et en encourageant celle des matières ouvrées. Ainsi, le mercantilisme comporte-t-il une large réglementation gouvernementale de la vie économique. Ceci fait dire à E.F. Hechscher que « les idées de Keynes sur les phénomènes économiques ressemblent étonnamment aux idées des mercantilistes, bien que sa philosophie sociale soit tout autre ». L’intervention de l’Etat peut cependant, telle que la révèle la lecture des auteurs, être soit purement défensive, soit au contraire agressive. Par intervention de l’Etat défensive, nous entendons une intervention de l’Etat qui s’efforce de maintenir des avantages acquis. Par intervention de l’Etat offensive, nous entendons au contraire une intervention qui s’efforce de réduire un handicap initial. Dans le premier cas, le mercantilisme apparaît anti-concurrentiel. Dans le second cas, au contraire, il s’efforce par le jeu du marché de développer une politique industrielle, tout en venant parfois contrôler cette concurrence10.
1. LE MERCANTILISME ANTI CONCURRENTIEL
16Ce système s’est surtout développé en Espagne aux 16e et 17e siècle11. Il se caractérise principalement par une approche empirique de la politique12. Il est le plus souvent qualifié de Bullionisme et s’explique par la situation de l’Espagne au 16e siècle.
17A cette époque, l’Espagne a le monopole d’exploitation des mines d’or et d’argent d’Amérique du Sud. En un siècle le stock d’or et d’argent est multiplié par 10. Toute la politique économique de l’Espagne consiste alors à défendre ce stock de métal précieux, considéré comme le symbole de la richesse, de la puissance et de la prospérité. L’Etat intervient pour empêcher l’exportation du métal, et chose surprenante, l’exportation de marchandises espagnoles. Mais l’interventionnisme étatique se manifeste également dans le domaine monétaire.
18« En même temps, on falsifie les monnaies, en vue d’empêcher leur sortie. On attribue aux pièces étrangères de même poids une valeur plus grande dans les tarifs d’équivalence, espérant par là les attirer ».
19Les conséquences économiques sont catastrophiques pour l’Espagne. L’industrie n’existe plus et le commerce est devenu l’activité principale des Etats voisins (France et Grande-Bretagne en particulier).
2. LE MERCANTILISME CONCURRENTIEL.
20Ce système est illustré par la politique industrielle de la France et par la politique commerciale de la Grande-Bretagne. Le mercantilisme industriel implique impérativement une réglementation intérieure très stricte. Ce qui n’est pas le cas du mercantilisme commercial. L’un comme l’autre, par contre, joue sur la concurrence entre Etats en privilégiant l’industrie pour la France, le commerce pour la Grande-Bretagne, pour enrichir leurs nations respectives. Mais cette concurrence entre Etats n’exclut pas le non-respect de la concurrence à l’intérieur de ces Etats.
a) Le mercantilisme industriel
21L’objectif recherché est toujours l’acquisition de métaux précieux. Pour y parvenir, les auteurs vont proposer une véritable politique de développement industriel, à base de réglementations et d’interventions étatiques. Trois auteurs illustrent ce courant : de Montchretien, Colbert, et de Boisguilbert.
— un précurseur : Antoine de Montchretien —
22Considéré par certains comme « étant le premier qui introduisit dans la littérature socio-économique le terme d’économie politique »13, Antoine de Montchretien, après un séjour de quatre ans en Angleterre, revient en France partisan du développement de l’industrie et du commerce. Dans son principal ouvrage — Traité de l’économie politique — il incite le gouvernement à intervenir pour protéger les industriels et les commerçants. En particulier, il propose d’imposer fortement les marchandises étrangères pour faciliter le développement de la production nationale. L’économie d’un pays doit être l’objet de la gestion publique. Bien que son ouvrage fut connu de la Cour, il fut dédié à Louis XIII et à la reine mère et y reçut un accueil favorable, le gouvernement royal ne mit jamais en pratique les conclusions du traité. Ce ne sera pas, bien évidemment, le cas de Colbert.
— un mercantiliste aux affaires : Colbert —
23Pour Colbert, le rôle de l’Etat est double. Il peut tout d’abord accorder des subventions. Il peut ensuite favoriser le développement de certaines industries en augmentant les réglementations. Peu soucieux de théorie, Colbert se veut avant tout praticien. Pour accroître la richesse de la France, il va limiter les sorties de numéraire en réglementant importation et exportation. Mais contrairement aux bullionistes, il s’efforce de développer l’industrie et le commerce. C’est ainsi qu’il favorise les progrès de la marine et de la navigation. Il est le promoteur des sociétés chargées de développer le commerce international. Des sociétés se créent, subventionnées par l’Etat qui les contrôle. L’industrialisation concerne principalement la production de biens de luxe. Ce sont ceux qui rapportent le plus, d’argent quand on les exporte et qui, de surcroît, sont les plus facilement exportables. Pour garantir la qualité des produits, Colbert va instituer un contrôle extrêmement étendu et minutieux des objets manufacturés. R. Lekachman14 nous donne quelques précisions les concernant : « Le règlement relatif au drap comprenait 59 articles. Les deux règlements relatifs à la teinture en comprenaient respectivement 62 et 98, et le plus étendu de ceux contenus dans l’Instruction Générale, concernant la teinture, arrivait au total formidable de 317 articles ».
24L’efficacité d’une telle politique est liée à l’existence de puissances riches, capables d’acheter les produits des manufactures royales. Le succès de la politique colbertiste dépend alors de la richesse de l’Espagne et de la Grande-Bretagne. P. de Boisguilbert va montrer quelles sont les limites de ce mercantilisme à dominante industrielle.
— un mercantiliste contestataire : P. de Boisguilbert —
25de Boisguilbert commence tout d’abord à rappeler que le système de Colbert réduit à néant toute perspective de développement agricole15. Considérant que la politique économique de l’Etat se réduit à la levée des impôts, en utilisant des préjugés féodaux, il conclut à la nécessité d’effectuer une grande réforme du système d’imposition, dont la conséquence première eut été d’imposer l’aristocratie et le clergé qui en étaient alors exemptés. Paradoxalement, il apparaît convaincu de la nécessité de réduire le rôle de l’Etat. Dans une certaine mesure, il fait sienne la devise du libéralisme : « Laissez faire, laissez passer ». Mais, comme le précise A. Anikine16, il ne lui donne pas l’approche individualiste, égoïste que lui donnera plus tard le capitalisme ; chez lui, cette devise prend une signification humaine libératrice. Il ne s’agit nullement de nier les fonctions économiques de l’Etat. Il convient simplement de préciser sous quelles conditions l’Etat doit intervenir, de Boisguilbert est en réaction contre l’excessive réglementation qui frappe l’industrie. Témoin des premières difficultés économiques du règne de Louis XIV, il les explique par une mauvaise pratique de l’Etat. Dans une certaine mesure, de Boisguilbert annonce le courant classique qui, dans un premier temps, va réagir contre le centralisme excessif et les réglementations par trop nombreuses qui empêchent l’industrie de se développer.
b) Le mercantilisme commercial.
26Principalement anglais, sans négliger l’industrie, il s’appuie essentiellement sur le commerce et la navigation. L’impulsion est donnée sous le règne d’Elisabeth et s’amplifie avec Cromwell. L’acte de navigation de 1651 vient illustrer cette période. Le commerce des marchandises anglaises, jusqu’alors sous dominante hollandaise, devient réservé aux navires de nationalité et d’équipage anglais, ou à ceux du pays d’origine des marchandises importées. En 1699, le gouvernement interdit d’exporter où que ce soit ses tissus de laine. Cette mesure visait particulièrement l’Irlande où la fabrication bon marché et en constant progrès de qualité devenait trop concurrentielle des fabrications anglaises. En 1720, pour limiter les importations des tissus d’origine indienne, le Parlement n’autorise plus que les importations de tissu blanc qui était ensuite imprimé en Grande-Bretagne.
27Par contre, certaines productions vont être directement favorisées par l’octroi de subventions. Ce fut le cas des céréales à partir de 1675 et des produits à forte valeur ajoutée. L’ensemble de ces mesures fut élaboré ou approuvé par des auteurs qui s’efforçaient, déjà, de faire de la théorie économique. Thomas Mun et Josias Child en sont deux des plus représentatifs. Le mercantilisme, d’empirique qu’il était, devient analytique.
28Thomas Mun édicte un certain nombre de propositions qui ont pour but de conquérir la maîtrise des transports maritimes. Sa doctrine est semi libérale ou... semi interventionniste. L’Etat doit intervenir par l’impôt et en favorisant le maintien d’un taux élevé d’intérêt. Car, constate-t-il, « commerce et intérêt s’élèvent ensemble et tombent ensemble ».
29Josias Child est plus libéral. Son objectif reste sensiblement identique à celui de Thomas Mun : permettre à la marine marchande d’être prospère. Cependant, il demeure favorable à l’intervention conditionnelle de l’Etat. L’Etat doit encourager les commerces qui utilisent les produits anglais ou qui fournissent de la matière première à l’industrie. Mais l’Etat doit aussi intervenir pour assurer un taux d’intérêt des plus modiques. A l’inverse de Josias Child, il estime que « pour savoir si un pays est riche ou pauvre, il ne faut pas poser d’autre question que celle-ci : quel est le prix de l’argent ? »17. Un faible taux d’intérêt permettrait alors d’éliminer bon nombre de réglementations, sans pour cela nuire à l’efficacité du mode de production et du commerce.
30Quelle que soit l’époque, quel que soit le pays, quel que soit l’auteur de référence, on peut donc affirmer avec M.A. Heilperin18 que l’une des conclusions importantes des auteurs mercantilistes réside dans l’action délibérée reconnue à l’Etat pour contrôler la structure et le volume des importations et des exportations et pareillement le volume des opérations financières. Ce dernier point est moins connu parce que les opérations financières ont joué un rôle relativement peu important jusqu’au début du 19e siècle.
31En conclusion à cette première partie, on doit remarquer l’absence totale de théorie de l’intervention dans la doctrine mercantiliste. Il s’agit, avant toute chose, de trouver des solutions à des problèmes immédiats. La démarche est le plus souvent empirique et les contradictions, au nom du respect de la doctrine, nombreuses. En particulier, la dépendance respective des Etats attachés à cette époque, excluait que l’on puisse prolonger l’expérience.
32Il est également surprenant d’observer que le premier pays à appliquer la doctrine fut l’Espagne et que les pays qui s’en inspirèrent avaient sous les yeux la décadence économique de la péninsule ibérique.
II. Le mouvement réformiste
33De même que les échecs de la politique économique des mercantilistes avaient conduit à l’avènement du libéralisme quasi général des premiers classiques, de même les insuffisances de ce système vont se traduire par un courant de pensée contestataire, réformiste, insistant sur le rôle de l’Etat dans le domaine économique. Ce courant est représenté par des auteurs de la fin du dix-huitième siècle et du début du dix-neuvième. On y rencontre des socialistes authentiques, Louis Blanc et Sismonde de Sismondi et des auteurs dont la doctrine générale s’inspire bien davantage du courant classique de Stuart-Mill ou du courant mercantiliste de Dupont-White.
1. L’INTERVENTIONNISME DES PREMIERS SOCIALISTES
34On distinguera le précurseur du droit au travail Louis Blanc et l’auteur de l’explication de la crise par la libre concurrence S. de Sismondi.
a) Un précurseur du droit au travail : Louis Blanc
35La doctrine de Louis Blanc est exposée dans un opuscule intitulé « l’organisation du travail » qui eut un vif succès au moment de sa publication mais tomba en désuétude dès son application.
36Il y énumère, dans un défilé impressionnant, les méfaits du régime de libre concurrence qu’il voit se développer dans la première partie du XIXe siècle. Pour lutter contre eux, il faudra créer des associations ouvrières de production qui porteront le nom d’ateliers sociaux. Aussitôt les premiers fondés, estimait-il, leur succès exercera un effet d’entraînement. Mais il faut que l’Etat intervienne pour aider leur démarrage. Fait historique important sur le plan de l’interventionnisme, car c’est la première fois qu’un socialiste se tournera vers l’Etat pour lui demander de l’aide. Cette intervention de l’Etat ne sera d’ailleurs qu’un appui temporaire.
37Les idées de Louis Blanc ont reçu une parodie d’application en 1848. Louis Blanc était membre du Gouvernement provisoire. Il avait imaginé la création d’ateliers sociaux. Le Gouvernement s’engagea immédiatement à garantir l’existence de l’ouvrier, non plus par l’assistance mais en lui fournissant du travail dans les ateliers nationaux. Mais ces derniers échouèrent pour deux raisons :
- parce que les adversaires des idées de Louis Blanc obtinrent que la direction de ces ateliers fût confiée à l’ingénieur Emile Thomas avec mission de les saboter ;
- parce que au cours de l’année 1848, marquant le passage de la prospérité à la dépression, le chômage devait revêtir une ampleur inaccoutumée, les ateliers nationaux étant submergés par l’immensité de leur tâche. Cet échec des ateliers nationaux discrédita pour près d’un siècle la notion de droit au travail qui fut, jusqu’à Beveridge et Keynes considérée comme une billevesée dangereuse.
b) L’explication de la crise par la libre concurrence : l’analyse de Sismondi
38Après avoir exposé le premier en date les maux engendrés par l’économie libérale dans les « Nouveaux principes d’Economie Politique » publiés en 1819, Sismondi précise qu’il faut faire intervenir l’Etat pour limiter les effets désastreux de la libre concurrence qui en est le corollaire et pour instaurer une législation protectrice des travailleurs.
39L’interventionnisme de Sismondi mérite d’être pris tout particulièrement en considération compte tenu de la déférence avec laquelle Keynes traite de la sous-consommation. Cette attitude de Keynes s’explique d’ailleurs fort bien, malgré la différence qui existe entre l’explication des crises par la sous-consommation ouvrière chez Sismondi et l’analyse Keynésienne. Il existe, dit Sismondi, une masse de travailleurs dont le désir d’achat et les besoins seraient mineurs, mais qui ne disposent pas de pouvoir d’achat. Cette théorie de la sous-consommation est inexacte dans son principe car si tel besoin des classes aisées est saturé, le nombre de ces besoins est théoriquement illimité. Mais à ce propos, Sismondi a côtoyé une idée féconde, toute proche de la pensée Keynésienne, à savoir que, au fur et à mesure que le revenu croît, les sommes dépensées par l’individu se réduisent tandis que celles qui sont mises de côté s’accroissent plus que proportionnellement.
2. UN CLASSIQUE AUX FRONTIERES DE L’INTERVENTIONNISME : STUART-MILL
40Dans la doctrine classique, le principe de non intervention supporte peu d’exceptions. Certes Smith lui-même assigne au souverain « le devoir d’ériger et d’entretenir certains ouvrages publics et certaines institutions publiques qu’il ne serait jamais de l’intérêt de chaque particulier ou d’un petit nombre de particuliers d’ériger ou d’entretenir ». Stuart-Mill, tout en proclamant et en démontrant son attachement profond au libéralisme, s’en écarte de manière significative sur des points particuliers.
41Son caractère romantique et le spectacle des excès du capitalisme industriel et libéral font que Stuart-Mill a beaucoup plus de peine que ses devanciers à concilier son souci de liberté et son idéal de justice. Aussi est-il amené à considérer avec sympathie certaines idées socialistes et à suggérer des réformes, hardies pour l’époque, dans trois directions.
- Il souhaite tout d’abord limiter « ce qu’il serait permis à chacun d’acquérir par legs ou par héritage ».
- Il considère ensuite l’accroissement de la rente comme un enrichissement sans cause dont l’Etat pourrait légitimement par l’impôt « s’approprier la totalité ou une partie ».
- Enfin, il envisage favorablement la disparition progressive du salariat et pense que « si le progrès... continue sa marche... les rapports de patron à ouvrier seront remplacés par l’association ».
42Moins connues, mais tout aussi réformistes sont les idées de Mill sur les limites du principe du laissez-faire. Partisan de l’initiative privée et farouchement hostile au monopole public comme au monopole privé, Stuart-Mill estime que la concurrence entre les entreprises privées et publiques peut être stimulante et conforme à l’intérêt général : « Laissant les particuliers libres de conduire avec leurs ressources quelque entreprise d’intérêt général, le Gouvernement sans se mêler de ce qu’ils font, mais sans s’en remettre entièrement à eux, établit à côté de leurs travaux une agence qui lui appartient et qui tend au même but ».
3. LA REACTION ETATISTE DE DUPONT WHITE19
43Si sur le plan de la théorie, Dupont White reprend presque point par point celle de Ricardo, par sa méthode d’observation, par son protectionnisme et son interventionnisme, il apparaît le continuateur de la tradition mercantiliste. A une époque où libéraux et socialistes s’accordent à réduire le rôle de l’Etat dans le domaine politique et économique, Dupont White insiste tout particulièrement sur la vocation économique de l’Etat.
44L’inégalité foncière du riche et du pauvre, du capitaliste et de l’ouvrier explique les raisons de l’intervention de l’Etat. Il faut à ce sujet rappeler qu’à l’époque où écrit Dupont White, on constate un avilissement du travail. Souvenons-nous des conclusions du rapport Buret ou du rapport Villerme. Témoin de la dégradation générale des conditions de travail, Dupont White l’explique par la libre concurrence. Aussi considère-t-il, comme l’écrit Daniel Villey,20 que « c’est à la loi d’affranchir le pauvre du riche, comme elle a jadis affranchi le roturier de la domination du noble, c’est à la loi d’appeler les classes ouvrières à partager les bienfaits du progrès, comme elle a jadis appelé le Tiers-Etat à participer aux fonctions publiques ».
45Cependant, il semble limiter le domaine d’intervention aux deux tâches suivantes : tout d’abord le développement de l’enseignement primaire, ensuite, dans l’organisation d’une assistance pour les ouvriers, destinée principalement à parer aux maux que leur occasionnent les crises, et alimentée par une contribution spéciale levée sur l’industrie.
46Ceci n’est qu’un début car à la différence de Louis Blanc, Dupont White croit à l’accroissement continu des attributions de l’Etat, parallèle au développement du progrès. Aussi, ne faut-il pas être trop critique à l’égard des mesures proposées pour mettre en échec les excès du libéralisme. Sa liste n’est pas close. Ce qui nous paraît le plus important dans les conclusions de Dupont White, c’est l’affirmation d’une vocation économique étatique, à caractère irréversible. Keynes n’ira pas si loin.
47Comme chez les mercantilistes, le courant réformiste s’efforce de résoudre les problèmes du moment ; le chômage chez Louis Blanc, les conséquences sociales de la crise chez Sismondi, les excès du libéralisme chez Dupont White... Aussi apparaît-il bien davantage doctrinal que théorique. Leur analyse, tournée vers la courte période, ne semble pas pouvoir se généraliser à la longue période. Cette préoccupation du court terme sera également présente chez Keynes que nous allons maintenant étudier.
III. Un continuateur de la doctrine mercantiliste : Keynes ?
48Toutes les fois qu’à propos d’un point quelconque de la pensée Keynésienne on s’interroge sur le fait de savoir si Keynes a innové ou repris les idées de ses devanciers, la question se pose en des termes beaucoup plus complexes que s’il s’agissait de n’importe quel autre économiste. Keynes se complaît à citer les auteurs de second ordre, tel Gesell21, et passe complètement sous silence ceux auxquels il a le plus emprunté. C’est ainsi qu’il ne mentionne même pas l’Ecole Suédoise alors que chacun sait que son système repose sur la notion de processus cumulatif d’expansion ou de contraction de Wicksell. D’aucuns sont même allés jusqu’à prétendre que dans l’indication de ses sources, Keynes a fait preuve d’un véritable sens de la mystification22.
49En réalité les choses sont un peu plus complexes. S’il en est ainsi, c’est que la théorie générale est moins une œuvre d’analyse qu’un effort de persuasion en faveur d’un certain type d’intervention économique. Cette manière de présenter les choses peut, de prime abord, paraître choquante. Elle n’est cependant rien d’autre que le fait de tirer la conséquence de la lecture même de la théorie générale. Aussi bien Jean-Claude Antoine ne commence-t-il pas son exposé sur les lacunes de la théorie générale en soulignant que si Keynes a centré sa démonstration sur la notion de demande effective, c’est qu’il a voulu « obéir d’instinct à un principe de stratégie bien connu depuis Clausewitz, suivant lequel il convient, pour vaincre, de savoir concentrer son effort sur un point convenablement choisi, négligeant les points secondaires qui tomberont d’eux-mêmes une fois la victoire remportée23. D’autre part, Alain Barrère, non content de parler du « message » de la théorie générale (pourrait-on parler du message de Ricardo !) ne démontre-t-il pas que « Keynes bouleverse complètement les données d’un problème sur lequel les économistes français ont débattu depuis quelques temps, celui de la distinction entre la doctrine et la théorie »24.
50Keynes s’est d’ailleurs nettement expliqué sur tout ceci : Ne revient-il pas par trois fois, dans la préface de la théorie générale, sur le fait qu’il s’adresse tout d’abord, mais non pas exclusivement, à ses collègues économistes ? Keynes veut que sa politique économique transforme l’équilibre économique du monde occidental. A cet effet, il estime que dans un premier stade il lui est nécessaire de s’adresser à un cercle restreint de spécialistes, tout en ayant soin de leur montrer qu’il ne sont que des destinataires intermédiaires (et en quelque sorte intérimaires) du message. N’oublions pas que Keynes, qui n’est pas seulement économiste, est aussi l’auteur d’un « Essay on Persuasion », et que l’auteur d’un art de persuader ne saurait oublier les principes fondamentaux de cet art lorsqu’il s’agit de promouvoir la politique qui seule est en mesure de sauver le régime capitaliste de ses erreurs pour assurer sa survie.
51Dès 1926, dans « the end of laissez faire »25, Keynes se révèle interventionniste. Reprenant l’analyse de Bentham, il conclut à la nécessité de « repenser à neuf la distinction entre les agendas incombant à la puissance publique et les non agendas »26. Le problème posé, il définit alors le critère de l’interventionnisme en rappelant que « les agendas les plus importants de l’Etat concernent non pas les activités que les personnes privées sont déjà en train d’assurer, mais les fonctions qui échappent aux prises de l’individu et les décisions que personne ne prendra si l’Etat ne les prend pas »27. Dans la Théorie Générale, il va préciser deux des points où l’intervention de l’Etat répond au critère précédent. Il écrit à ce sujet : « Les deux vices marquants du monde économique où nous vivons sont, le premier que le plein emploi n’y est pas assuré, le second que la répartition des fortunes et du revenu y est arbitraire et manque d’équité »28. Cependant nous ne pensons pas comme M.A. Heilperin29 « qu’il exprime des idées que seul un collectiviste pourrait défendre». Pour Keynes il ne s’agit pas en effet d’abandonner le système de Manchester, mais de supprimer les lacunes de la Théorie Générale afin de définir le cadre économique qu’exige le libre jeu des forces économiques pour que les possibilités de la production puissent être toutes réalisées30.
52Pour Keynes, il y a élargissement des fonctions de l’Etat. Cet élargissement est le fait de l’incapacité du système existant à résoudre le problème du chômage. Ceci est la première conséquence de l’individualisme tel qu’il apparaît dans le régime capitaliste. La seconde conséquence s’exprime dans le maintien de fortunes et de revenus trop importants pour quelques-uns et trop faibles voire inexistants pour beaucoup d’autres. Nous verrons donc comment à travers l’intervention de l’Etat, Keynes entend remédier à ces deux excès de l’individualisme et quelles en sont les conséquences.
1. LA REDISTRIBUTION DES REVENUS ET DU CAPITAL
53Keynes explique, en partie, la crise de 1929 par une insuffisance de la consommation, soit donc par un excès d’épargne ou de thésaurisation. Or il précise que « la plupart du temps, les hommes tendent à accroître leur consommation à mesure que leur revenu croît, mais non d’une quantité aussi grande que l’accroissement du revenu »31. La hausse du revenu est associée à un accroissement plus marqué de l’épargne, la baisse du revenu à une diminution de l’épargne. En conséquence, les classes riches épargnent une proportion plus importante de leurs revenus que les pauvres. Une redistribution plus importante du revenu permettrait donc de diminuer, en valeur absolue, le volume de l’épargne des classes aisées, tout en augmentant, dans des proportions moins importantes le volume de l’épargne des classes pauvres. Globalement, on assisterait alors à une augmentation du volume de la consommation, ce qui est l’un des objectifs recherché par Keynes pour la relance du plein-emploi.
54Pour inciter davantage à la consommation, Keynes insiste sur la nécessité d’une politique fiscale appropriée32. En particulier, il fait porter son analyse sur l’imposition des revenus non issus du travail, sur la taxation des plus-values et des droits de succession. Pour lui, une telle politique fiscale, délibérément utilisée par les pouvoirs publics pour obtenir une répartition plus égale des revenus, contribue de la façon la plus efficace à l’augmentation de la propension à consommer33 Enfin, bien qu’il lui accorde un rôle moins important sur ce point, Keynes considère qu’un faible taux d’intérêt permet de réduire l’incitation à l’épargne. Et c’est à l’Etat qu’il appartient d’intervenir pour maintenir ce taux au niveau le plus bas.
2. LE RETOUR AU PLEIN-EMPLOI
55Il ne s’agit nullement ici de reprendre dans son intégralité le mécanisme Keynésien de retour au plein-emploi. Il s’agit seulement de préciser le rôle de l’Etat, tel qu’il apparaît à la lecture de la théorie générale.
56Keynes critique tout d’abord le fait de « préférer les dépenses sur fonds d’emprunt totalement inutiles aux dépenses partiellement inutiles »... C’est pourquoi « le financement des secours de chômage par l’emprunt est plus facilement accepté que le financement d’améliorations économiques à des conditions inférieures aux taux de l’intérêt courant » (33). Le programme comporte donc des travaux d’intérêt public qui ne se préoccupent pas outre mesure de leur utilité. De tels travaux ne peuvent bien évidemment pas être laissés à l’initiative du secteur privé. L’Etat doit en avoir la responsabilité.
57Mais le retour au plein emploi ne peut être seulement la conséquence de la socialisation d’une partie de l’investissement. Des mesures d’ordre monétaire et fiscal doivent l’accompagner.
58Sur le plan monétaire, Keynes considère que « l’Etat étant en mesure de calculer l’efficacité marginale des capitaux avec des vues lointaines et sur la base des intérêts sociaux de la communauté »34 doit prendre la responsabilité de l’organisation de l’investissement. Il peut le faire de deux façons :
59— soit en abaissant, ou en maintenant à un faible niveau, le taux d’intérêt, ce qui doit encourager le secteur privé à investir et décourager l’épargnant thésaurisateur,
60— soit en agissant sur les facteurs qui doivent permettre à la propension marginale à consommer d’être proche de l’unité.
61On retrouve alors les mesures proposées précédemment pour améliorer la redistribution des revenus, et en particulier les mesures d’ordre fiscal précitées. De telles mesures doivent permettre, par le jeu du multiplicateur, de parvenir au plein-emploi, sous certaines conditions de prix et de capacité de production.
62L’interventionnisme de l’Etat est donc caractérisé par sa coopération avec l’initiative privée. Il ne concerne en aucun cas la propriété des moyens de production35. Mais Keynes va encore plus loin, puisque son interventionnisme est limité dans le temps. Ceci apparaît de façon très explicite à la lecture de la théorie générale : « Mais aussitôt que les organes centraux auront réussi à établir un volume de production correspondant à une situation aussi voisine que possible du plein-emploi, la théorie classique reprendra tous ses droits »36.
63En conséquence, Keynes ne propose pas une théorie de l’intervention. Les solutions qu’il retient sont empiriques, même si les réflexions qui les précédent font appel à une thésorisation nouvelle du taux de l’intérêt et des prix. Ceci explique pourquoi, aujourd’hui, les solutions Keynésiennes, pas plus d’ailleurs que les réponses des mercantilistes ou des réformistes, ne permettent de résoudre les problèmes posés par l’existence d’un système d’économie mixte de plus en plus élaboré. Les économies occidentales, qui en sont la meilleure illustration, ont plus que jamais besoin d’une véritable théorie de l’intervention.
Notes de bas de page
1 H. PIRENNE : Histoire Economique et Sociale de l'Europe du Moyen Age, Paris, 1933.
2 Voir à ce sujet l’ouvrage de L. ROBBINS, « The Theory of Economic Policy in English Classical Political Economy » Londres, 1952. L’auteur y apporte un correctif à la manière de voir largement répandue selon laquelle les économistes de l’Ecole Classique étaient tous des partisans du libéralisme le plus total.
3 M.A. HEILPERIN, Le Nationalisme Economique, Paris, Payot, 1963, p. 36 et suivantes.
4 J. RUEFF, L’ordre dans la nature et dans la société, Diogène no 10, Avril 1955.
5 W.-E. RAPPARD, Authority and the Individual, Cambridge (Mass.), 1947, p. 77-78.
6 A. ANIKINE, La pensée économique avant K. Marx, Edition de Moscou, 1975, p. 489.
7 J. VINER, The Custom Union Issue, New-York, Carnegie Endowment for international peace, 1950, p. 94.
8 D. VILLEY, « La doctrine économique ne se rattache pas seulement aux grandes orientations intellectuelles d’une époque, elle en traduit aussi les problèmes pratiques », (Petite histoire des grandes doctrines, Paris, Ed. Genin, p. 49).
9 J. SISMONDI, Nouveaux principes d’Economie Politique, 1971, p. 77 et suiv.
10 E. F. HECKSHER, Mercantilism, London and New-York, 1935, vol. II, p. 340.
11 R. GONNARD, Histoire des doctrines économiques, Ed. Valois, 1930, p. 71 et suivantes.
12 E. JAMES, Histoire sommaire de la pensée économique, Paris, Ed. Montchrestien, 1965, p. 41 et 42
13 A. ANIKINE, op. cit., p. 32.
14 R. LEKACHMAN, Histoire des doctrines économiques, Paris, Ed. Payot, 1960, p. 57.
15 P. de BOISGUILBERT, Ou la naissance de l’Economie politique, Paris, Institut d’Etudes Démographiques, 1966.
16 A. ANIKINE, op. cit., p. 116.
17 Il semble que J. CHILD ait été très frappé du fait que la prospérité hollandaise ait été celle où le taux d’intérêt était le plus faible.
18 Μ. A. HEILPERIN, op. cit., p. 86.
19 D. VILLEY, Petite histoire des Grandes Doctrines, Paris, Ed. Genin, p. 228 et suivantes.
20 D. VILLEY La vie, l'œuvre et la doctrine de Charles Brook Dupont White, Thèse de Doctorat à l’université de Caen, 1936, p. 534.
21 J.M. KEYNES, Théorie générale de l’Emploi, de l’Intérêt et de la Monnaie, Paris, Ed. Payot, 1959, p. 366 et suivantes.
22 E. JAMES, Histoire de la pensée économique au XXe siècle, Tome II, p. 317.
23 J.C. ANTOINE, Introduction à l’analyse macro-économique, Paris, 1953, p. 273.
24 A. BARRERE, Théorie Economique et impulsion Keynésienne, Paris, 1952, p. 12.
25 J.M. KEYNES, Essais sur la monnaie et l’économie, Paris, Petite biblioyhèque Payot, 1926, page 117 et suivantes.
26 Essais sur la monnaie, op. cit., p. 118.
27 Essais sur la monnaie, op. cit., p. 118.
28 Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, op. cit., p. 386.
29 M.A. HEILPERIN, op. cit., p. 133.
30 Théorie Générale, op. cit., p. 393.
31 Théorie Générale, op. cit., p. 113.
32 Théorie Générale, op. cit., p. III : « Dans la mesure où la force qui pousse les individus à épargner est fonction des revenus futurs qu’ils attendent de l’épargne, il est évident qu’elle dépend non seulement du taux de l’intérêt mais encore de la politique fiscale des pouvoirs publics ».
33 Théorie Générale, op. cit., p. 112.
34 Théorie Générale, op. cit., p. 179.
35 Théorie Générale, op. cit., p. 392 : « l’Etat n'a pas intérêt à se charger de la propriété des moyens de production ».
36 Théorie Générale, op. cit., p. 392.
Auteur
Université Paris-Nord. Ecole supérieure de commerce de Paris
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