1 Encyclopaedia Universalis, t. XIV, p. 620.
2 Sur deux points on peut éventuellement donner raison à M. Jurdin. Saint-Simon dément non sans maladresse et — sans doute à tort, mais il n’est pas le seul — que le Régent ait été un père incestueux et il ne fait jamais d’allusion directe à de possibles tendances homosexuelles de son ami que certains contemporains lui attribuent.
3 Sous la Régence, la cour se transporta à Paris.
4 Le terme est à prendre au sens le plus large.
5 IV, p. 838.
6 Philippe est né le 2 août 1674, Louis le 16 janvier 1675.
7 I, p. 17. Le texte des Mémoires commence à la p. 15. On le voit : dès les toutes premières pages des Mémoires, Saint-Simon éprouve déjà le besoin de parler de son amitié pour Philippe. Mais le texte soulève plus d’une question. Il est certain que, à proprement parler, les deux enfants ne furent pas élevés ensemble. Mais à partir de cinq ans (nous dit un autre texte), ils partagèrent leurs jeux et leurs loisirs. Qui fut responsable de cette intimité ? Selon M. POISSON (op. cit. p. 17), on ne peut répondre à cette question. Le plus probable est que la similitude d’âge et, partiellement, de condition en fournit l’explication.
8 Souligné par nous. Notice sur la maison de Saint-Simon, VI, p. 1271.
9 VI, p. 1271.
10 Le titre que nous avons donné à cet ouvrage prouve que Saint-Simon n’exagérait pas.
11 VI, p. 1272.
12 Saint-Simon se refuse à interrompre son dithyrambe pour céder à une association qui lui est certainement venue à l’esprit et nous rappeler que le Régent avait la vue naturellement très basse. En outre, adolescent, il avait eu un œil crevé au jeu de balle. Il fut alors presque aveugle et Madame, dans sa correspondance, exprime fréquemment sa crainte d’une cécité complète. Il avait notamment beaucoup de mal à écrire et son écriture était à peu près illisible. Saint-Simon a très fréquemment tenu la plume pour lui.
13 VI, p. 1272-73.
14 VI, p. 1273.
15 Dubois a-t-il vraiment été « valet » ? Et comment aurait-il alors pu acquérir les connaissances nécessaires à toutes les fonctions qu’il exerça ? La vérité est que Saint-Simon, dans une haine qui a quelquefois des accents de jalousie, nous le verrons, ne nous épargne jamais aucun ragot qui le concerne, y compris les plus suspects. C’est ainsi qu’il raconte que Dubois aurait été marié mais aurait fait disparaître la preuve de cette union. Un de ses agents se serait rendu sous un quelconque prétexte chez le curé de la paroisse où avait été célébré le mariage. Après moultes libations, le curé s’effondra et tandis qu’il cuvait son vin, l’autre s’empara du registre paroissial et déchira la page qui témoignait du mariage. Le récit n’est guère crédible (Saint-Simon n’est du reste pas absolument formel) en l’absence de tous renseignements précis sur la personne et le sort de l’« épouse ».
16 VI, p. 1273.
17 Ceci ne correspond pas seulement aux vœux de Saint-Simon : il prouve effectivement que le Régent méprisait Dubois. Mais Philippe était indifférent à la moralité de ses collaborateurs et ne pouvait se défaire de gens auxquels il était accoutumé. De fait, Philippe d’Orléans n’eut dans sa vie que trois affections stables : Madame, sa mère, sa fille aînée et Saint-Simon. Certains ont mis en doute cette dernière amitié. Il y a, nous le dirons, des preuves incontestables du contraire. Non moins remarquable est la totale dissemblance de ces trois personnages. Quant aux femmes, dont Philippe a tant usé, aucune n’a jamais compté pour lui (sauf peut-être une seule exception). Madame disait de son fils qu’il n’appréciait et n’exigeait d’une femme que trois qualités : qu’elle puisse boire comme un trou, manger comme une ogresse et être toujours prête du c., car telle était la verdeur (allemande) du langage de Madame. Saint-Simon n’a donc pas tort lorsqu’il affirme, en apparence paradoxalement, que la Régence marque, par rapport au règne de Louis XIV, un déclin total de l’influence des femmes.
18 VI, p. 1275.
19 Cette politique allait jusqu’à favoriser une éducation systématiquement abêtissante, comme on le vit par exemple, avec le duc de Berry : la chasse, la table et le lit étaient, pour les cadets, les seuls théâtres d’exploits possibles. Arme à double tranchant, au cas où un coup du sort modifiait la succession au trône.
20 Ce qui est vraiment beaucoup dire. Cependant Saint-Simon s’explique : « La religion suivit les mœurs ; mais il ne put jamais venir à bout de deux choses ; l’une, de l’effacer de son esprit ; l’autre, de voir le diable, pour à quoi arriver il n’y ait folie qu’il n’ait tentée » (VI, 1276). « Pour la religion, il tâcha toujours à s’en défaire, et ne le put jamais » (VI, 1277). Après la rupture avec Mme d’Argenton (dont nous parlerons plus loin). Saint-Simon chercha la voie de la conversion. Il fut étonné « de la sincérité et de la lumière qu’il lui trouva » (VI, 1277). Philippe se prépara plus de deux mois à faire ses pâques, termina sa méditation par une confession générale qui le rendit malade pendant deux jours. « Mme la duchesse d’Orléans et M. de Saint-Simon furent ses directeurs » (VI, 1277). Il voulut communier encore à la Pentecôte. Mais ses « directeurs » s’y opposèrent. « Ils trouvèrent que le devoir pascal, l’exemple, le divorce avec sa maîtresse, qui lui avait infiniment coûté, avaient dû le faire approcher de la sainte table ; mais que s’en approcher encore six semaines après, c’était trop pour un pécheur de sa sorte, à qui la pénitence et la séparation convenaient si fort, et qui, par ses désirs, par ses œuvres, par son humilité et ses autres dispositions, devait entretenir une faim si sainte, pour mériter dans les suites d’être admis à la rassasier plus dignement. Le prince s’y soumit par persuasion, mais avec douleur. La vérité est qu’elle ne dura guère ; non plus que sa conversion » (VI, 1278). On comprend que Saint-Simon nous dise ailleurs que si Philippe en avait eu l’occasion, il eût convoqué à son lit de mort tous les capucins de Paris (il mourut tout à fait inopinément). En fait, il professait une totale impiété, et totalement provocatrice.
21 Saint-Simon est orfèvre en la matière. Fin gourmet, il n’est de dîner, ni de souper dans les Mémoires — et il y en a beaucoup — sans qu’il ne nous communique ses impressions, diverses et nuancées, sur la qualité des mets. La chère est la seule sensualité du duc. De ce point de vue, l’ambassade en Espagne lui fut un supplice qu’il ne cherche pas à cacher.
22 Saint-Simon ne fait jamais aucune allusion aux tendances homosexuelles présumées du Régent, s’il parle vingt fois de celles de son père. Est-ce ici une exception ? On a plutôt l’impression, confirmée par d’autres textes du même genre, qu’il veut parler d’ébats collectifs, ce qui n’infirme d’ailleurs pas la première hypothèse. Le certain est que des homosexuels notoires participaient régulièrement aux « soupers ». Madame a une attitude analogue à celle de Saint-Simon. Le vice de son mari a été la plaie de sa vie ; elle ne cesse de s’en plaindre, dans sa correspondance, non seulement jusqu’à son veuvage, mais même au-delà. Mais si son total amour pour son fils ne lui dissimule aucun des défauts de celui-ci, elle ne souffle mot de ce sujet. Pourrait-on conclure en supposant que ces inclinations n’étaient pas naturelles à Philippe, mais que son goût irrépressible du scandale et de la provocation peut aussi s’être manifesté par là ?
23 VI, p. 1275-76.
24 Ceux qui la connaissaient bien, dont son mari et Saint-Simon, la surnommaient : Madame Lucifer, ce qui donne la mesure, entre autres choses, de son humilité, de sa souplesse et de son inclination envers autrui.
25 VI, p. 1278. « On », c’est naturellement Saint-Simon lui-même. Le texte est tiré de la Notice sur la maison de Saint-Simon où l’auteur parle de lui-même à la troisième personne. Ce texte a été rédigé bien des années après la mort de Philippe.
26 Ailleurs, Saint-Simon écrit de « vices ».
27 VI, p. 1278.
28 Au moment de la mort du dauphin, le duc de Bourgogne, le Régent eut été le duc de Berry, frère cadet du défunt, qui lui aussi mourra avant Louis XIV, laissant la voie ouverte à Philippe d’Orléans.
29 Rappelons que la société de Louis XIV fut à diverses reprises gravement ébranlée par des affaires, vraies ou imaginaires, d’empoisonnement, et cela au plus haut niveau social. Mme de Montespan elle-même y fut impliquée (?), en sorte que l’empoisonnement était devenu une véritable obsession.
30 Saint-Simon qui prétend avoir prévu ce qui allait arriver (cela lui advient fréquemment) supplia Philippe, mais sans succès, de fermer son trop fameux laboratoire : « M. de Saint-Simon qui n’en approchait [du laboratoire] non plus que de ses parties de débauches, ne put venir à bout de les lui faire rompre qu’après les plus tristes expériences du pernicieux usage qu’il avait prévu qu’on en ferait » (VI, p. 1278).
31 Si, pour l’instant, nous nous référons principalement à ce texte, c’est parce que nous savons qu’il a été composé de longues années après la mort de Philippe et, donc, à une époque où Saint-Simon a dû acquérir à propos des faits et des sentiments qu’il relate la distance de l’âge et du temps.
32 VI, p. 1279.
33 VI, p. 1279-1280.
34 VI, p. 1280.
35 Et Saint-Simon ne doute pas non plus de la totale amitié de Philippe, en dépit de toute la méfiance naturelle de celui-ci. Un texte de la Notice, presque hyperbolique, le confirme : « il faut faire souvenir que, si M. le duc d’Orléans avait de l’amitié, de l’estime, de la confiance, et tout cela dans la plus grande étendue, pour quelqu’un, c’était pour Saint-Simon. C’est le seul homme sur qui jamais il se soit expliqué en ces termes, et qu’il eût recommandé à son fils d’aimer comme le meilleur, le plus sûr et fidèle ami qu’il eût jamais eu dans tous les temps de sa vie, et qui lui avait rendu les plus grands et les plus importants services, et dans des temps très dangereux, et avant qu’il y eût aucune apparence qu’il pût avoir aucun crédit. Le désintéressement, la probité, la vérité, et tout le reste fut exalté. » (VI, p. 1283). Les propos du duc d’Orléans à son fils furent tenus en carrosse et dans la présence de deux gentilshommes. Par eux, ils revinrent à Saint-Simon qui ne peut s’empêcher d’ajouter « et cela dura tout le trajet, dès en montant en carrosse » ! « S’il aima et estima quelqu’un, ce fut lui [S.S.] sur tout autre. » (VI, p. 1286).
36 Par contre, nous verrons que l’inscription charnelle (mais ce ne sont pas des larmes) de la haine ne lui est nullement étrangère.
37 VI, p. 1281.
38 VI, p. 1281-82.
39 VI, p. 1282.
40 On appelait ainsi des refrains satiriques qu’on chantait au marché du Pont-Neuf.
41 VI, p. 1282.
42 VI, p. 1282. Ce n’est pourtant pas absolument vrai. Il y en a eu au moins une autre, et de taille. Un jour le Régent fit accroire à Saint-Simon qu’il allait se convertir et changer de vie (il ne s’agit pas ici de l’ébauche de conversion réelle dont il fut question plus haut). Saint-Simon tombe en plein dans le panneau et se répand en félicitations exaltées et en conseils judicieux. Détrompé dès le lendemain, il se fâcha tout rouge, vexé surtout de ce que, le soir même, le récit de la « conversion » avait joyeusement diverti les convives du fameux « souper ». C’est du reste par l’un d’eux qu’il en fut gentiment averti.
43 VI, p. 1282. En présence de tels textes et de bien d’autres, on reste confondu à la lecture de certains commentaires, tel celui de M. François-Régis BASTIDE, Papiers en marge des Mémoires, cité par POISSON : Monsieur de Saint-Simon, p. 202. Il s’agit d’un propos de Louis XIV se réjouissant de l’amitié entre le futur Régent et Saint-Simon : « Clairvoyance étonnante d’un Roi, qui n’aime ni son neveu, ni Saint-Simon, mais qui a compris que leurs deux caractères si dissemblables se compléteraient pour former cet étrange assemblage d’estime, de mépris, de dégoût, de tolérance, de lassitude, d’affection, de sincérité, que l’on nomme amitié ».
44 VI, p. 1282.
45 III, p. 345.
46 III, p. 345.
47 III, p. 345.
48 III, p. 346.
49 Remarquons ici une fois de plus les constantes références de Saint-Simon à la puissance du regard. Nous y reviendrons très précisément mais en pouvant alors nous dispenser de trop abondantes citations.
50 III, p. 346.
51 III, p. 347.
52 Mme d’Argenton, écrit-elle, était « horriblement rapace,...elle le [son fils] traitait comme un esclave, lui disait des mots grossiers comme on n’en dit pas à un valet de chiens ; elle lui donnait des coups de pied... » etc. MADAME, Correspondance, éd. Holland-Jaeglè (2e), II, p. 110-111.
53 III, p. 347.
54 A l’avant ou à l’arrière-plan de ces relations, il y a, qui en douterait ?, une question de « rang » ! Les princesses de Lillebonne — car c’est d’elles qu’il s’agit —, sont princesses de Lorraine et, par conséquent, du Saint-Empire. Elles sont en France (théoriquement) des étrangères et ne jouissent que du rang de « prince étranger », mais elles intriguent furieusement pour avoir à Versailles le rang qui est le leur à la cour de Vienne. Il y a, bien entendu, une opposition dont l’intraitable « leader » leur est parfaitement connu. Les frayeurs des dames de Saint-Simon trouvaient un aliment supplémentaire dans le fait que les Lillebonne (comme tous les membres de la maison de Lorraine) étaient apparentées par alliance au duc d’Orléans. Celui-ci ne manquera donc pas d’alliées, s’il entend résister à l’assaut qui se prépare.
55 Il le sera lorsque les accusations — qui restèrent purement mondaines — d’empoisonnement accrurent encore sensiblement la disgrâce du prince.
56 III, p. 351.
57 III, p. 351.
58 III, p. 352.
59 III, p. 352.
60 III, p. 352.
61 III, p. 352-53.
62 III, p. 353.
63 III, p. 355.
64 III, p. 355.
65 III, p. 355.
66 III, p. 356.
67 III, p. 356-57.
68 III, p. 357.
69 III, p. 358.
70 III, p. 358-359.
71 Une voyante avait décrit (je résume) qu’elle voyait Philippe en souverain non couronné de la France, en un temps où la probabilité d’une régence était presque nulle et la chance qu’elle fût exercée par Philippe tout aussi improbable, sinon plus.
72 III, p. 359.
73 III, p. 360.
74 III, p. 361.
75 III, p. 361-362.
76 III, p. 362.
77 III, p. 363.
78 III, p. 364.
79 III, p. 364.
80 III, p. 364.
81 III, p. 364.
82 III, p. 365.
83 Saint-Simon a stigmatisé bien des fois le caractère ignominieux du renvoi de Mme de Montespan. Pour ne citer que cet exemple et qui concerne une personne pour laquelle notre duc n’a aucune sympathie. Il est vrai qu’il en a encore moins pour celle qui fut la cause de l’éviction.
84 III, p. 365.
85 Souligné par nous.
86 III, p. 365
87 III, p. 366.
88 III, p. 366.
89 III, p. 367.
90 III, p. 368.
91 III, p. 368.
92 Et que d’ailleurs Saint-Simon jugeait lui-même scandaleux.
93 III, p. 369.
94 III, p. 373.
95 III, p. 374.
96 On reconnaît ici la propension permanente de Saint-Simon à « sentir » l’idée (ou ce qu’il croit être tel) plus que le sentiment.
97 III, p. 374.
98 III, p. 374.
99 III, p. 377.
100 III, p. 378.
101 Cette même expression reviendra plus loin dans un contexte encore plus dramatique. Les gestes auxquels elle correspond sont tout sauf habituels à Saint-Simon, personnage assez généralement compassé et qui tient tout à distance de son terrible regard.
102 III, p. 380. « envoyé » est elliptique pour dire qu’il a envoyé quelqu’un de sa suite pour solliciter une audience de « la fée ».
103 III, p. 381-382.
104 III, p. 382.
105 III, p. 383.
106 III, p. 386.
107 Saint-Simon emploie toujours ce mot dans le sens demeuré usuel en Belgique : le repas pris à midi.
108 III, p. 386.
109 III, p. 386.
110 III, p. 388.
111 III, p. 388.
112 III, p. 389.
113 III, p. 389.
114 III, p. 391.
115 III, p. 392.
116 Sans doute, note Saint-Simon, retrouvant sa langue, la fée ne se souciait-elle pas d’introduire une louve dans ses bergeries.
117 On reviendra sur ce thème capital.
118 VI, p. 1224.
119 VI, p. 1225.
120 Saint-Simon, lors d’une conversation privée avec Mareschal, apprend que celui-ci doute moins de l’empoisonnement qu’il ne l’avait dit au Roi. Toutefois, n’étant pas certain, il veut à tout prix prévenir la panique du Roi, et entraver le développement des cabales, dont il avertit Saint-Simon — qui n’en avait nul besoin — qu’elles vont prendre pour cible le duc d’Orléans. III, p. 1207.
121 III, p. 1203.
122 III, p. 1202. L’accusation reparut plusieurs fois par la suite, et jusque sous la Régence. En outre, on accusa le Régent de préparer l’empoisonnement du jeune Louis XV, qui, à ce moment, était seul à séparer Philippe du trône. Il se peut que Saint-Simon fasse aussi allusion à une autre accusation de nature très différente. Pour achever de discréditer Philippe, on chercha à le représenter comme un père incestueux. Nous reparlerons de ce problème, où la calomnie est bien moins certaine, encore que ce ne soit pas l’avis de Saint-Simon.
123 A la mort du duc de Bourgogne, la Régence devenait quasiment inévitable. Le défunt laissait trois fils tous en très bas âge (deux moururent quelques temps après leur père) et Louis XIV avait dépassé soixante-dix ans. Le duc de Bourgogne avait deux frères aptes à exercer cette régence. L’aîné, l’ex-duc d’Anjou était roi d’Espagne et son acceptation — contraire d’ailleurs aux engagements pris — eût remis le feu à l’Europe. Le cadet, le duc de Berry, lamentable lourdaud, ne servirait que de paravent à un ou à des maîtres réels. Il mourut lui aussi avant Louis XIV, et heureusement pour Philippe, ce fut d’un accident de cheval. Mais comme le décès, dû vraisemblablement à une perforation intestinale, ne survint que quelques jours plus tard, les bruits d’empoisonnement reprirent force. Dès lors, Philippe devint régent virtuel et n’était séparé du trône, à la mort du Roi, que par un unique enfant de cinq ans, malingre et chétif.
124 III, p. 1210.
125 III, p. 1216.
126 L’opinion de Saint-Simon à ce propos est que la première femme de Monsieur a bien été empoisonnée, mais par un mignon de Monsieur et tout à fait à l’insu de celui-ci. Il est aussi de fait — nous l’avons dit — que Madame, sa seconde épouse et la mère de Philippe, ne se sentit pas toujours en parfaite sécurité.
127 III, p. 1217.
128 III, p. 1220. Certes, la totale innocence de Philippe ne fait pas l’ombre d’un doute. Mais Saint-Simon laisse transpirer quelque partialité en parlant de l’insoupçonnabilité d’un prince du sang. Les Mémoires nous administrent la preuve, à plusieurs reprises, et avec des raisons décisives, du contraire. Les Condé étaient aussi princes du sang !
129 III, p. 1221.
130 III, p. 1223. Saint-Simon a toujours soutenu que« Madame Lucifer » aurait sacrifié la personne et l’avenir de son époux par orgueil pour sa « famille » dont du Maine était l’aîné et le chef, alors qu’en réalité elle n’éprouvait aucune attirance affective pour ce frère.
131 III, p. 1224.
132 Résidence des ducs d’Orléans à Paris.
133 Résidence de la cour utilisée pour quelques jours ou semaines plusieurs fois dans l’année.
134 III, p. 1224.
135 III, p. 1224-1225.
136 III, p. 1225.
137 IV, p. 27.
138 IV, p. 24.
139 IV, p. 723.
140 En fait, Mme de Saint-Simon espérait devenir dame d’honneur de la duchesse de Bourgogne, première princesse de France, lors de la très prochaine retraite d’une titulaire fort âgée.
141 Nous ne déciderons pas si Saint-Simon a eu vraiment dans ce mariage la part qu’il dit. Mais, même exagérée par lui, cette part ne fut certainement pas négligeable.
142 III, p. 549.
143 III, p. 550.
144 III, p. 550.
145 III, p. 551. Or Saint-Simon nous répète souvent que le duc d’Orléans, tant par la parole que par la plume, était l’un des hommes les plus spirituels de son temps. Que la personne de Louis XIV l’intimidait, est certain (il n’était pas le seul). Mais nous avons vu qu’il n’était incapable ni de lui parler ni de lui écrire.
146 III, p. 554.
147 III, p. 557.
148 III, p. 583.
149 Boislisle, sans se prononcer, fait néanmoins cette remarque incontestable, dont on vient de vérifier la justesse : « Il convient de rappeler la répugnance singulière que le duc manifesta pour marier sa fille au petit-fils du Roi, au dire même de notre auteur, qui vient de s’en étonner à deux reprises ». BOISLISLE, XIX, p. 271, note.
150 M. le duc d’Orléans... « avait aimé cette fille dès sa naissance préférablement à tous ses enfants,... et il n’avait cessé de l’aimer de plus en plus » (III, p. 1045).
151 III, p. 698 : « L’effet du vin, haut et bas, fut tel qu’on en fut en peine ».
152 Certains mémorialistes rapportent même qu’un jour le duc de Berry mit la main à son épée et qu’il fallut séparer les deux hommes.
153 Le duc d’Orléans avait d’autres filles presque aussi insupportables que la duchesse de Berry mais il ne les aimait pas. Madame, toujours portée aux expressions excessives, écrit à leurs propos : « Bon Dieu, quel bonheur c’eût été pour mon fils s’il avait perdu ses trois premières filles dans leur enfance. Je ne veux pas en dire davantage » (MADAME, Correspondance, éd. Brunet, II, p. 100). En note, Brunet lit dans ce passage une allusion aux relations incestueuses entre le père et sa fille aînée.
154 III, p. 1045.
155 III, p. 1046.
156 Correspondance, éd. Jaeglé, III, p. 35.
157 Correspondance, éd. Jaeglé, III, p. 43.
158 VI, p. 370.
159 VI, p. 371.
160 Celle-ci était de règle pour les personnes du premier rang.
161 IV, p. 856.
162 IV, p. 856.
163 IV, p. 858.
164 IV, p. 860.
165 Il y a pourtant quelques exceptions, notamment avec le terrible P. Tellier.
166 Il n’est guère douteux que le sens du drame entraîne ici Saint-Simon dans une exagération manifeste. Il s’est toujours défié d’une femme qu’il savait être l’instrument bénévole d’un frère redoutable et abhorré de lui. M. Poisson l’exprime nettement : « Envers l’épouse de son ami d’enfance, Saint-Simon, obnubilé par la tare de bâtardise, n’arrivera jamais à adopter une attitude franche ». (op. cit., p. 45). C’est le moins qu’on puisse dire. Deux jugements de Saint-Simon (il y en a bien d’autres) témoignent de la « chaleur » de ses sentiments envers la duchesse. « Cette princesse, qui, comme Minerve, n’avait point de mère et ne reconnaissait de parents que ceux de Jupiter » (V, p. 200). Elle n’aimait qu’elle-même et même la mort de Louis XIV, Jupiter, ne lui causa pas une grande peine. Elle « me surprit. Je m’étais attendu à de la douleur ; je n’aperçus que quelques larmes, qui, sur tous sujets, lui coulaient très aisément des yeux, et qui furent bientôt taries. Son lit, qu’elle aimait fort, suppléa à tout pendant quelques jours, avec la façon de l’obscurité qu’elle ne haïssait pas ; mais bientôt les rideaux des fenêtres se rouvrirent, et il n’y parut plus qu’en rappelant de fois à autre quelque bienséance » (IV, p. 1094). Quant à « Madame Lucifer », je l’ai dit, elle ne s’intéresse qu’à elle-même. Certes elle sait gré à Saint-Simon de son attitude et de son action lors de la rupture de son mari avec Mme d’Argenton, de sa fidélité lors des accusations d’empoisonnement et en d’autres circonstances. Mais chez elle, « savoir gré » est la limite positive de ses sentiments envers autrui. En fait, connaissant l’influence de Saint-Simon sur son mari, elle a plutôt cherché à s’en servir. Elle apprit durement que c’était une parfaite illusion.
167 IV, p. 860. Un texte décisif de Saint-Simon rassemble tout ce que nous avons dit et mesure exactement les sentiments qu’il porte à la duchesse. « Ce qu’on ne peut entendre sans le dernier étonnement, c’est que l’intérêt de M. du Maine effaçait tout autre dans son cœur et dans son esprit, et ce qui va jusqu’à l’incroyable en même temps qu’il est dans la plus étroite vérité, c’est que la béatitude anticipée de l’autre monde eût été pour elle en celui-ci, si elle avait pu voir le duc du Maine établi roi de France, au préjudice de son mari et de son fils, beaucoup plus si elle avait pu y contribuer. Que si on y ajoute qu’elle connaissait fort bien le duc du Maine, qu’elle en éprouvait des artifices et des tromperies qu’elle ressentait beaucoup, qu’elle ne l’aimait point du tout et l’estimait moins encore, que ce que j’en avance ici, elle me l’a dit à moi-même sans colère, mais en parlant et en raisonnant avec poids et avec réflexion, on sentira à quel point elle était possédée du démon de la bâtardise. » (IV, p. 730-731).
168 Comme les bâtards étaient forcément des pairs de création récente, les réduire à leur rang d’érection de pairie, c’était aussi les placer dans les derniers rangs des pairs, et loin derrière Saint-Simon.
169 Averti par un messager d’avoir à se rendre d’urgence auprès de Philippe, il est également informé de ce que le Régent attend de lui. Ce fut pour Saint-Simon « un coup de foudre » (VI, 1 76). Néanmoins, il se hâte vers le Palais-Royal, non sans avoir auparavant « avalé du potage et un œuf » (VI, 176). Il essaie alors de dissuader le Régent. Celui-ci avoue qu’il ne peut écrire à sa femme, car les époux ne sont plus « sur le tour de tendresse » (VI, p. 177), et qu’il craint que cette lettre ne soit montrée à tout le monde. Il vaut donc mieux que la duchesse reçoive un message verbal, et que « l’amitié que j’avais pour l’un et pour l’autre, le déterminait à me prier, pour l’amour de tous les deux, à me charger de la commission ». (VI, p. 1 77-178), Saint-Simon répond qu’il est l’homme le moins désigné du monde pour une telle démarche puisque « j’avais sans cesse et ardemment soupiré après ce qu’il venait d’arriver ; que je l’avais dit cent fois à Mme la duchesse d’Orléans » (VI, p. 178). La dernière phrase est pour le moins une exagération. Saint-Simon évitait ce sujet dans ses conversations avec la duchesse, mais celle-ci, comme tout le monde, ne pouvait douter de ses sentiments. Le Régent répond qu’elle sait aussi que Saint-Simon a tout fait pour « l’union et la paix du ménage », « vous qui êtes dans tout l’intérieur de la famille », « ne me refusez point cette marque-là d’amitié » (VI, 178). Lui qui ne cède jamais, conclut ; « il fallut céder » (VI, 179), Il prophétise — et il aura raison — que cette entrevue le brouillera à jamais avec la duchesse, mais cette issue n’est qu’un argument-prétexte car on ne saurait dire auquel des deux interlocuteurs elle est la plus indifférente. Pour finir Saint-Simon s’accorde une prime. Il demande s’il doit voir aussi Madame. Le Régent le remercie d’y avoir pensé. Saint-Simon sait bien que cette entrevue sera aussi mouvementée que l’autre mais que l’excès des félicitations y succédera à l’excès des pleurs.
170 VI, p. 180.
171 Bien entendu, elle ne peut rien voir, mais l’emploi de ce verbe souligne l’extrême importance du voir et du regard chez Saint-Simon. Nous en parlerons bientôt.
172 VI, p. 180-181.
173 VI, p. 182.
174 VI, p. 183.
175 VI, p. 183.
176 VII, p. 382.
177 POISSON, op. cit., p. 381.
178 L’objet était le laxisme — il ne fut que provisoire — du Régent à l’égard du Parlement, sujet épineux entre tous, Saint-Simon haïssant le Parlement et poussant le Régent à réduire celui-ci à merci.
179 V, p. 906. Les italiques sont de Saint-Simon, qui n’en use que très rarement.
180 V, p. 906. Même remarque que ci-dessus.
181 V, p. 937.
182 VII, p. 230. « Il me dit qu’il n’avait plus besoin de femmes, et que le vin ne lui était plus de rien, même le dégoûtait ».
183 V, p. 937-938.
184 V, p. 938.
185 V, p. 938.
186 V, p. 938.
187 V, p. 939.
188 V, p. 940.
189 V, p. 940.
190 Ceux-ci furent d’ailleurs dénués du moindre effet. Les relations entre Saint-Simon et le fils de son ami furent toujours d’une froideur proche de l’hostilité et Saint-Simon ne s’en cache aucunement.
191 IV, p. 416.
192 Le duc du Maine avait esquissé, par intermédiaires proches et même quasi directement, des tentatives de rapprochement avec Saint-Simon, dont le but était d’isoler totalement le futur Régent.
193 IV, p. 416-417.
194 IV, p. 417.
195 Il veut dire que contrairement à son attitude passée, il évitera les ripostes trop violentes et de répondre à la provocation par la provocation. Mais il attend son heure.
196 IV, p. 418-19.
197 On peut lire en VII, p. 344-345, une description de l’état dans lequel Saint-Simon, un matin, surprit Philippe.
198 VII, p. 346.
199 VII, p. 377.
200 VII, p. 378.
201 VII, p. 378.
202 VII, p. 378-79.
203 VII, p. 379.
204 VII, p. 379.
205 VII, p. 379-80.
206 VII, p. 381.
207 VII, p. 384.
208 Pourquoi cette invitation à s’éloigner, venant de la part d’un homme avec qui Saint-Simon avait entretenu des rapports distants mais corrects, et qui resteront tels, à l’occasion ? Saint-Simon ne s’en explique pas et la question est pour nous secondaire. Une hypothèse parait s’imposer. Fleury, ex-précepteur et favori du jeune Roi, cherchait à se rendre absolument maître de celui-ci. Or le jeune Louis XV avait une vive affection pour le duc d’Orléans, nonobstant tout ce que l’on avait fait pour l’en détourner, menaces d’empoisonnement comprises. Là encore le charme personnel de Philippe avait tout emporté. Fleury pouvait donc craindre que le Roi ne se tourne vers l’intime du cher disparu. Cela sans préjudice de toutes les querelles et revendications surannées que Saint-Simon incarnait et aurait cherché à ranimer, sûrement sans succès mais non sans embarrasser le pouvoir. Là, le passé était garant de l’avenir.
209 VII, p. 384.
210 Voir note 205.
211 VII, p. 385.
212 Le Régent lui promit tout, ne tint rien ou presque rien, étant trop intelligent pour s’embarquer dans cette opération anachronique.
213 Saint-Simon ne reconnaît ni les talents politiques de Dubois, ni son intégrité morale, ni la justice de ses idées diplomatiques, étant lui-même farouchement adversaire de l’alliance anglaise.
214 VII, p. 389.
215 Philippe d’Orléans meurt le 2 décembre 1723.
216 Quelques allusions anticipatives nous laissent entendre qu’il en fut grandement affecté, et nous savons aussi que le manuscrit des Mémoires porte, au moment de la rédaction qui correspond à cette mort, une ligne de signes qui figurent soit des croix, soit des larmes, et aussi que la rédaction de l’œuvre s’interrompit six mois.