Chapitre I. Présent et futur de la prière
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Texte intégral
I. Introduction : les formes de la prière
1En se bornant au seul domaine religieux déjà, on peut donner au mot « prière » des sens très différents. Ce terme pourra désigner un déroulement de formules auxquelles le priant peut rester très extérieur : le cas extrême est ici celui du moulin à prières ; il pourra signifier, par contre, un élan venant du plus profond de l’être en y restant peu formulé : appel angoissé ou cri d’adoration.
2On peut donc parler de prières sans qu’existent des expressions verbales. Ainsi, Bergson écrit : « La prière est indifférente à son expression verbale. C’est une élévation de l’âme, qui pourrait se passer de la parole ».
3Cependant, on réserve d’habitude le terme de prière à des démarches verbalement exprimées.
4Mais, en cherchant à classer ces démarches, on peut faire bien des distinctions. Bornons-nous — et ceci est évidemment une limitation considérable — aux seules prières des chrétiens catholiques, sans oublier l’importance de la piété protestante et de la piété orthodoxe.
5Aux yeux du chrétien, il est des prières immédiatement efficaces : les prières sacramentelles qui constituent quelqu’un prêtre ou évêque, notamment. Il faut, bien sûr, les mettre complètement à part des prières qui, dans la religion populaire, même chrétienne, ont un caractère magique en prétendant mettre la main sur Dieu, les saints ou des esprits mauvais. Notons que l’usage de ces formules n’a pas entièrement disparu de nos régions.
6Il est, dans l’Eglise, des prières officielles, notamment celles de la liturgie eucharistique. Nous pourrions en tenter l’analyse ou bien tâcher de discerner les sentiments de ceux qui y participent et, dès lors, nous interroger sur la crise de la pratique religieuse.
7Il existe des prières privées codifiées et plus ou moins largement répandues. Outre le chapelet, l’« acte d’abandon » du Père de Foucauld par exemple, ou la prière du Cardinal Mercier au Saint-Esprit.
8Il existe enfin des prières plus spontanées et ainsi, en quelque sorte, plus personnelles. C’est à elles surtout que nous penserons.
9Mais, en parlant de la seule prière personnelle, on peut et on doit faire diverses distinctions encore.
10Du point de vue du contenu, bien sûr : adoration, action de grâces ou demande. Du point de vue de l’inspiration : prière bénédictine ou ignatienne, par exemple. Du point de vue des interlocuteurs en cause : Dieu, les saints... Et ici, on pourrait s’attacher aux diverses dévotions, naguère encore vivantes et qui tendent à être oubliées : dévotion au Saint Sacrement, au Christ-Roi...
11Du point de vue des relations des hommes entre eux dans leurs prières personnelles, il faut distinguer la prière solitaire — lecture méditée, oraison méthodique sous les diverses formes qui se sont structurées depuis le XVIe siècle surtout — et la prière faite en commun : en famille, par exemple, ou en pèlerinage, ou encore en groupes de prière.
12Quant aux diverses formes d’expressions de la prière, on devra relever notamment la musique religieuse, le chant, et on pourra s’interroger sur la part que prennent dans la prière la poésie, la manifestation de divers sentiments : le patriotisme par exemple...
13On peut et on doit aussi distinguer les diverses composantes de l’expression religieuse qui correspondent aux diverses étapes de la vie mystique avec leurs caractéristiques propres, comme la prédominance de l’ascèse, des diverses purifications qui préparent l’union paisible à Dieu.
14Il y a lieu de s’interroger aussi sur l’éducation à la prière, d’être attentif à l’évolution de la vie de prière avec l’âge et les grands moments de l’existence : entrée dans la vie professionnelle, mariage, naissance des enfants, souffrance, mort. Autre est la prière de l’étudiant, autre celle de l’ouvrier manuel, celle du malade, de l’agonisant...
15Cette fastidieuse énumération des distinctions possibles n’était peut-être pas inutile pour nous faire deviner la complexité du phénomène humain qu’est la prière. Il s’agit d’une sorte de réseau souterrain aux embranchements infinis qui irrigue la majeure partie de l’humanité, même si nous n’avons souvent l’attention attirée que par les déserts.
16La réflexion que nous tenterons ici ne pourra être que très générale. Elle sera cependant autant que possible concrète, c’est-à-dire attentive à ce que devient la prière dans le mode de vie qui est le nôtre.
17Notre image de l’univers et de Dieu dépend de toutes les conditions passagères dans lesquelles nous vivons et nul d’entre nous n’a exactement la même vision matérielle ni la même interprétation de son environnement que ses parents ou que ses voisins. Notons, à titre d’exemple, que chacun atteint le monde avec son propre corps : une personne handicapée a de ce qui l’entoure une perception partiellement plus riche et partiellement moindre, à cause de son handicap. Et son interprétation globale de la vie en est colorée.
18Aussi ne tâcherons-nous pas ici de parler de Dieu ou de la prière en termes de vérité immuable, en formulations définitives. Plutôt que de chercher à présenter une pensée close, ces notes devraient simplement donner à penser et, un peu, à vivre. Cette modestie s’impose d’autant plus que nous sommes dans une mutation de culture où la seule réalité stable est le changement.
19La méditation que nous tenterons devrait donner des éléments de réponse aux questions que voici : Vaut-il la peine de consacrer aujourd’hui une session à la prière chrétienne ? Cette prière mérite-t-elle qu’on s’y attache dans les difficiles circonstances présentes et a-t-elle encore un avenir ?
II. Traits distinctifs de la prière chrétienne
20Puisque nous voulons restreindre notre réflexion aux horizons de la prière chrétienne, il convient de commencer par nous interroger sur les traits distinctifs que nous adopterons comme critères.
21Il apparaît d’emblée que la prière chrétienne peut être dite telle en vertu de multiples caractères : sa place dans l’histoire de l’Occident, son rôle dans la culture où elle s’est développée, ses aspects psychologiques propres... Nous tâcherons seulement de dire ce qu’a de particulier son langage sur Dieu.
22Nous limitant à ce point de vue théologique, nous devrons, en ce domaine restreint, nous borner encore. Nous tâcherons de dégager, sans trop les dénaturer, les intuitions fondamentales d’une prière qui veut aller à Dieu avec le regard de Jésus-Christ ; nous n’entrerons pas dans la description de la diversité des visages de Dieu dessinés par les différents systèmes théologiques et les différentes spiritualités.
23Ce qui retiendra notre attention sera surtout ce que suggère de Dieu la prière chrétienne par excellence, la prière même de Jésus, le « Notre Père ». Si elle est la prière chrétienne par excellence, elle est du coup le « traité théologique » par excellence auquel se référer pour parler du Dieu de Jésus-Christ.
24D’emblée, Dieu y est dit Père. Et c’est évidemment dans un tout autre sens que les religions antiques parlent de terre-mère, par exemple. Dès la seconde phrase, on dit : « Que ton règne vienne ! » ; et cette formule de prière est sans doute une originalité exclusive de la religion judéo-chrétienne.
25Pour commenter ce langage, nous supposerons acquis les travaux exégétiques qui en donnent les clefs. La foi nous fait considérer les textes inspirés comme porteurs de sens pour l’homme d’aujourd’hui. C’est en termes d’interpellations à l’homme d’aujourd’hui que nous en résumerons les enseignements.
26Le Pater est à la jonction de l’Ancien et du Nouveau Testament. Il résume l’antique foi au Dieu de l’Alliance. Le Dieu que Jésus reconnaît comme Père dans la fidélité à la vie religieuse et aux écrits de l’Ancien Testament, c’est le Dieu de l’Alliance. Dieu adopta Israël, pour le bien de tous les hommes, dans un choix que rien ne conditionne ni n’explique : il est gratuité première, initiative que rien ne commande. Il aime simplement parce qu’il est l’amour : on ne conquiert pas son estime à force de mérites ; on ne peut le décourager à force de péchés. Souverainement libre devant le mal comme devant le bien, il n’a pas aimé l’homme au commencement seulement, en un acte d’affection qui passe : il ne cesse à chaque instant d’aimer le premier, d’être la source de toute bonne pensée comme de toute bonne action, d’être la miséricorde qui tire à tout moment le bien du mal.
27Ce qu’il demande, dans une relation qui ne pourra être que la rencontre de deux libertés, c’est de nous mettre librement à la merci de son amour, sans avoir devant lui d’autres garanties que la foi en la gratuité de son affection, sans pouvoir devant lui rien faire valoir d’autre que ses propres dons, qui sont sans repentance. Exemplaire à cet égard est la prière de Moïse après l’adoration du veau d’or : il rappelle à Dieu tout ce qu’il a fait pour son peuple ; ému, Dieu ne peut que pardonner.
28Jésus pousse bien plus loin qu’on n’avait osé le faire dans l’Ancien Testament cet enseignement sur le Dieu de l’Alliance, sur ses liens avec le croyant. On avait souvent dit Dieu « père » dans l’Ancien Testament ; le premier, Jésus a l’audace de l’interpeller en disant « papa » et il ose nous inviter, nous si différents de lui, à oser parler ainsi à son Père et notre Père, en reprenant ses propres mots.
29Il ose nous dire, dans la « parabole de l’enfant prodigue », que la joie de Dieu est de s’entendre appeler ainsi par le pécheur que les fautes ne paralysent pas, tandis que sa souffrance est de ne plus trouver ce mot dans la bouche du fils qui se croit exempt de tout reproche ; il tâche de l’attendrir en prenant l’initiative de lui dire : « Toi, mon enfant ». Cette parabole correspond à celle qui met en scène le pharisien et le publicain, à celle qui décrit la dureté de cœur des ouvriers de la première heure devant la façon dont sont récompensés les paresseux, à celle du festin refusé par ceux qui n’avaient pas de temps à perdre pour partager la joie du maître, et distribué à ceux qui n’avaient nul titre à y être admis.
30Ce qui est au cœur de l’enseignement et de la prière de Jésus nous est présenté en formules théologiques frappées comme des médailles dans les écrits de saint Paul et de saint Jean. C’est toute la doctrine de ce qu’on a appelé depuis la « justification par la foi » plutôt que par les œuvres. Ce sont ces phrases johanniques si percutantes : « Nous avons cru en l’amour et l’amour consiste en ceci que ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais Dieu qui nous a aimés le premier... L’amour parfait bannit la crainte... Si ton cœur te fait quelque reproche, Dieu est plus grand que ton cœur... ».
31Mettons-nous à l’école de saint Paul pour méditer la portée de l’interpellation « Notre Père », qui est l’audace propre de la prière chrétienne et la première démarche théologique du chrétien réfléchissant dans la foi à la relation que Dieu lui propose, et se mettant ainsi en situation de pouvoir un peu deviner qui est ce Dieu, son Dieu.
32C’est l’Esprit, dit saint Paul, qui nous fait reconnaître Jésus comme Seigneur et, avec lui, nous adresser à Dieu en disant : « Notre Père » ; prier, c’est se laisser visiter par l’Esprit Saint.
33Les grands docteurs de l’Eglise ancienne et les conciles expliciteront davantage le secret de ces relations du chrétien avec le Dieu de la Nouvelle Alliance : unis à Jésus, nous sommes introduits par une indéfectible miséricorde dans l’intimité de l’échange trinitaire. Sous la mouvance de l’Esprit, notre prière prolongeant celle de Jésus Sauveur est participation au mystérieux dialogue des Trois Personnes.
34Prier, c’est consentir à cette grâce. C’est être activement passif en laissant monter en nous les paroles que l’Esprit fait sourdre au cœur de notre cœur.
35C’est prendre comme point d’appui, à nos demandes comme à notre adoration et à notre action de grâces, l’affection divine qui nous est offerte en partage, inexplicablement, dans une spontanéité qui est le privilège de l’amour absolument premier. Il n’est donc de prière chrétienne qu’à partir d’un enchantement de la mémoire. Et du coup, à partir d’une espérance que fonde la bienveillance toujours actuellement agissante, toujours première, de l’Esprit qui nous fait partager la vie de Jésus.
36Le Dieu de Jésus-Christ n’est le Dieu des temps antiques que pour être le Dieu de l’avenir et de l’unité finale. Prier chrétiennement, c’est entrer dans un peuple en marche, faire sienne une religion de nomades, se rallier à l’espérance même du Dieu de l’Alliance, qui est le Dieu des promesses, en lui disant : « Que ton règne vienne ! ».
37Pareille prière demande une constante conversion : saint Augustin dit qu’on trouvera bien plus de gens pour donner leurs biens aux pauvres que pour se reconnaître pauvres de Jésus-Christ : pour aller à Dieu en étant désappropriés de leurs péchés (ils nous collent tellement à la peau, avec la toxicité de nos sentiments de culpabilité, de nos déceptions à l’égard de l’image de nous que nous voudrions donner et nous donner), en étant dépouillés autant que possible de nos suffisances et de nos revendications.
38Dans la mesure où nous nous laissons convertir par la contemplation des bienfaits de Dieu et de ses promesses, où nous nous laissons ainsi entraîner de l’action de grâces à l’espérance (ce qui constitue la démarche esquissée par la première partie du Pater), nous pourrons parler à Notre Père de nos besoins : « Donne-nous... ».
39Pour éclairer ce que doit être cette nouvelle démarche de foi, recourons à des exemples tirés de nos relations quotidiennes. On peut s’adresser à quelqu’un en pensant qu’on a quelque titre à être entendu de lui et qu’il n’osera donc pas repousser la demande qui lui a été faite ; on peut, d’autre part, s’humilier devant lui et tâcher d’attirer ainsi sa pitié. Dans les deux cas, on tâche de faire pression sur lui. On peut, par contre, s’ouvrir de ses nécessités à quelqu’un, simplement à cause de la confiance qu’il inspire, sans faire appel à aucun droit ni à aucune condescendance. On est simplement soi-même, devant l’autre, tel qu’il est : on se sent libre à son égard et on entend le laisser libre.
40C’est dans ce dialogue de deux libertés qu’on dira la seconde partie du Pater, si l’on a bien assimilé la première.
41Parmi les demandes, il en est une qui est particulièrement audacieuse : « Pardonnez-nous comme nous pardonnons ». Jésus nous fait dire « comme nous pardonnons » en signe de la sincérité de notre demande. Pardonner est le propre de Dieu, dont la liturgie dit qu’il n’est jamais aussi véritablement Dieu que dans la miséricorde. Saint Thomas d’Aquin estime que c’est plus que créer et un auteur très ancien affirmait déjà que c’est plus que de ressusciter un mort. Demander sincèrement d’être pardonné en se disant dès lors disposé à pardonner soi-même, c’est vraiment s’engager fort loin ; c’est demander une liberté et une paix, une grâce que nous avons difficilement le courage d’accepter.
42C’est sur le modèle du Pater que sont construites les oraisons de la liturgie. Alors que nous penserions spontanément à commencer nos prières en disant devant Dieu : « Moi qui me reproche ceci ou ai besoin de cela », les textes liturgiques commencent par : « Dieu qui ». Ils continuent en racontant Dieu et ses bienfaits : « Dieu qui as révélé ceci en ton Fils ou conduit vers toi tel saint... ». Après cette rapide contemplation reconnaissante, les oraisons liturgiques expriment l’une ou l’autre demande qui lui correspond. Elles s’achèvent en évoquant, dans une nouvelle action de grâces, le don suprême que Dieu nous fait : Jésus-Christ, son Fils, Notre Sauveur, par son Esprit, qui nous fait vivre et nous unit.
43La contemplation par laquelle une oraison liturgique s’achève est trinitaire, comme la formule sacramentelle du baptême qui nous fait chrétiens.
44Il importe de noter que ces oraisons, comme le Pater, s’expriment pratiquement toutes au pluriel. L’Esprit qui nous fait dire : « Père », nous le fait dire ensemble, il nous réunit en Eglise.
45En évoquant, comme nous venons de le faire fort brièvement, ce qu’est théologiquement la prière chrétienne, nous avons mis au centre de notre réflexion la théologie de la grâce, qui achève la théologie de l’Alliance et qui est au cœur de l’enseignement du Nouveau Testament sur Dieu. Cette doctrine, il n’est pas inutile d’en redire l’importance en rappelant combien furent passionnées les disputes de saint Augustin avec Pélage, de quelle âpreté furent les conflits entre catholiques et protestants, puis entre catholiques et jansénistes ; aujourd’hui, plus de sérénité dans la confrontation des approches différentes du mystère permet de retrouver sans esprit polémique la force vivifiante d’une théologie de la gratuité divine. Réfléchir sur la grâce, c’est réfléchir sur le Christ, Fils de Dieu et Sauveur, sur l’Esprit, sur la théologie de l’histoire habitée par le Dieu dont nous nous remémorons les actions passées, en y puisant l’espérance qui nous tourne vers l’avenir...
46Toute cette réflexion, provoquée par la prière, nous devons la mener dans la foi, c’est-à-dire dans la prière... Car la foi est déjà prière en étant réponse consentante à la parole de Dieu.
III. Situation de la prière aujourd’hui (difficultés et renouveau)
47Après nous être mis à l’écoute de Dieu dans l’Ecriture, que nous lisons en nous situant dans ce qui nous apparaît comme l’expérience chrétienne fondamentale, la prière, considérons ce que devient cette prière aujourd’hui, en nous et autour de nous.
48Un des traits les plus caractéristiques de l’actuelle mutation de la culture est que les faits se sont mis à parler plus que jamais : les sciences humaines d’aujourd’hui, la psychologie et la sociologie notamment, leur ont donné la parole. Elles nous obligent à ne pas décréter abstraitement et a priori ce qui devrait être, mais à nous laisser instruire par les situations concrètes, afin de voir clair dans les valeurs à y faire surgir. Pour le croyant, c’est là se laisser instruire par Dieu lui-même.
49Nous ne pouvons prétendre mener ici une quelconque enquête scientifique, mais nous pouvons discerner quelques courants et relever quelques faits significatifs.
50Commençons par réfléchir aux difficultés présentes de la prière. Ce sont sans doute celles de toujours, mais qu’il nous faut découvrir dans le visage particulier que leur donne le mode de vie propre au moment que nous vivons, afin de mieux voir ce qu’attend de nous l’avenir de la prière.
51Tout d’abord, bien des formes de prière traditionnelles sont devenues impraticables dans les conditions de vie d’aujourd’hui. Remarquons, à propos des progrès techniques, qu’aucune machine n’est innocente ; chacune façonne celui qui l’utilise : nos outils nous transforment, nos maisons nous habitent.
52Où sera conduite la vie chrétienne de chez nous, par exemple par l’incompatibilité de la prière en famille avec la dispersion des membres, que disséminent leurs travaux et leurs loisirs ? Plus profondément, la prière ne va-t-elle pas être étouffée par l’envoûtement des moyens de diffusion, qui imposent à nos rétines l’immédiatement visible avec une intensité qui tue la vision du clair obscur, indispensable pour rester sensible à l’invisible ? Quelqu’un me disait, il y a peu, à propos des habitudes religieuses traditionnelles : elles ont disparu parce qu’elles sont incompatibles avec une civilisation du stress ; avoir le goût du religieux suppose un mode de vie où l’on ait du temps.
53Dans notre univers technicisé, le langage de la prière paraît désuet ; souvent ses formules ne parlent plus et bien des rites qui les accompagnent ont, eux aussi, cessé d’être signifiants. Dès qu’il y a vie vraiment humaine, il y a conventions et rites : on célèbre les anniversaires, on se souhaite bonne année ou, tout simplement, on se dit bonjour au long des rencontres quotidiennes. Toute activité nouvelle donne jour à de nouveaux rites, notamment s’il s’agit d’une communauté quelque peu festive ; c’est ainsi que le sport a son rituel et que la liturgie des jeux olympiques, notamment, est impressionnante. Pourquoi ces gestes restent-ils expressifs, tandis qu’on est gêné par ceux de la prière : génuflexion, mains jointes ou mains levées dans l’attitude de l’homme désarmé ? Pour de multiples raisons, dont l’une est que des rites sont vivants quand ils traduisent les sentiments partagés par une communauté. Dans l’anonymat de la société industrielle, les liens de la communauté chrétienne se désagrègent ; corrélativement, le langage et les gestes de la foi se vident de leur puissance d’expression.
54C’est au niveau profond d’une anémie collective de la foi que se situe le vrai problème de la prière moderne. Tous ne sont plus croyants dans notre milieu de vie et tous les croyants ne croient plus de la même manière. La vraie foi n’est peut-être pas plus rare ni moins vive qu’autrefois, c’est le secret de Dieu, mais la partie visible de tout l’iceberg qu’est la foi d’un peuple s’est effritée : elle s’est affaissée et diversifiée.
55Il faut insister sur la réciprocité des liens entre crise de la foi et crise de la prière. La prière dépérit faute de foi vive, mais la foi s’étiole à partir du dégoût pour la prière. On peut même dire que c’est souvent la difficulté de prier qui évolue en difficulté de croire : beaucoup de nos contemporains qui passent par une crise religieuse y entrent par la désaffection à l’égard de la liturgie, puis l’indifférence à l’égard de toute prière. La crise de la prière se manifeste sous bien des formes : chute de la pratique religieuse officielle, disparition de traditions bien ancrées comme celle du chapelet, abandon de la prière en famille, des rites entourant la naissance, le mariage, le décès. Mais l’expression la plus manifeste de cette crise est le refus de la jeunesse d’entrer dans les états de vie qui n’ont de sens que dans la mesure où la prière en a : le sacerdoce et la vie religieuse.
56Et pourtant, s’il y a crise de la prière chrétienne et même peut-être de toute prière, comme jamais sans doute depuis les origines humaines, le besoin et le goût de la prière resurgissent aujourd’hui, tantôt sous des formes très traditionnelles et tantôt sous des formes très neuves.
57Mentionnons d’abord la vitalité de pratiques traditionnelles : Lourdes est plus fréquenté que jamais et c’est le cas de nombreux pèlerinages ; des formes de religion populaire comme celle-ci prospèrent là où la pratique officielle s’effondre. Notons ensuite le succès des maisons de prière et de retraite, la surabondance de publications consacrées à la religion et, très particulièrement, à la prière, l’attrait des monastères où les hôtelleries sont souvent remplies. Et si nous ne nous limitions pas ici à la prière chrétienne, nous poumons mentionner la place occupée dans les grandes librairies par les livres relatifs à la « méditation transcendantale », au zen, au yoga, aux diverses formes de spiritualité orientale. Nous pourrions et devrions aussi réfléchir à l’étonnant succès des sectes plus ou moins mystiques.
58Ce qui mérite notamment qu’on s’y arrête dans une réflexion sur le présent et l’avenir de la prière chrétienne, c’est le ressourcement biblique qui vivifie de nombreux groupes informels, où des jeunes, surtout, se réunissent pour prier au nom de Jésus. Ils pratiquent une forme de prière nouvelle dans l’Eglise d’aujourd’hui : la prière personnelle partagée en équipe. On peut se demander quelle en est l’origine. Sans doute, les racines sont-elles à chercher dans les groupes de réflexion suscités par la J. O. C. et constitués ensuite dans tous les mouvements d’action catholique : en partant de faits, selon la méthode « voir, juger, agir », on y méditait ensemble l’Evangile. Sont venues ensuite les techniques de dynamique de groupe adoptées dans les récollections et retraites. La nouvelle liturgie, avec sa prière d’intentions après l’homélie, a également favorisé la mise en commun du dialogue de chacun avec Dieu. Taizé a répandu l’usage des partages de prières en petits groupes ; le mouvement dit charismatique — qui s’appelle de préférence aujourd’hui le renouveau dans l’Esprit — les pratique selon son climat spirituel propre de liberté d’expression en commun.
59Après ces quelques mots sur les influences en cause, venons-en au style et au contenu de la prière des groupes de jeunes. Nous résumerons ici les apports de quelques témoignages recueillis ces dernières semaines.
60La base de cette prière est la Bible : on commence par la lecture d’un passage d’Ecriture ou la récitation de psaumes. Je me suis longtemps étonné du succès des psaumes qui me choquaient par leurs plaintes ou leurs appels à la vengeance. Je comprends mieux à présent qu’on soit séduit, parce qu’ils clament des cris d’hommes où s’expriment, sans onction ecclésiastique, sans spiritualisme dévitalisant, les souffrances, les indignations, les révoltes d’êtres de chair et d’os. Les auteurs bibliques ont un corps, une affectivité, des passions. Leur langage, parfois ou souvent teinté d’emphase orientale, est concret, vrai ; tour à tour paisible et dramatique, il rend un indéniable son d’authenticité. Au lieu de nous scandaliser de ses violences, il faut nous y reconnaître, avec nos sentiments inavoués. La Bible nous met en présence d’hommes qui ne se cachent pas ce qu’ils sont, qui clament leurs souffrances et leurs questions, qui les assument dans la foi sans les étouffer. L’homme d’aujourd’hui, écœuré par la fausse vertu douceâtre et les idéaux aseptisés y trouve des références enracinées avec réalisme dans un terreau humain semblable au sien.
61Après la lecture ou la récitation biblique, on fait silence ensemble et parfois on se borne à cela. Le silence partagé est une aide dont chacun sent le besoin pour prendre distance par rapport au visible qui l’occupe au long de la journée, pour en retrouver la face cachée, oser aborder les problèmes de sens et faire en soi la paix.
62Souvent, le silence est suivi de prières spontanées où se mêlent remerciements et demandes. Un de leurs apports précieux à la vie du groupe est qu’on ose y dire ce qu’on ne se risquerait pas à livrer au cours d’un quelconque dialogue, et qu’il importe cependant de mettre en commun pour s’entraider ou pour lever les malentendus, aplanir les désaccords.
63Dans la complémentarité de ces trois moments — prise à son compte par chacun des formules bibliques lues à voix haute, silence vécu en commun, partage de prières personnelles —, on se réconcilie, grâce à la présence accueillante de Dieu, avec les autres et avec soi-même. C’est une expérience de miséricorde dont on part animé d’un souffle nouveau.
64Les participants ne cachent pas que cette expérience est austère et qu’on n’échappe pas toujours à la tentation de la fuir. On s’y sent pauvre devant Dieu, souvent peu inspiré ; dans la foi en sa miséricorde, on doit accepter l’indigence, l’aridité. Ceux qui se sont réunis par goût de la prière la redoutent bien des fois et doivent se vaincre pour persévérer dans cette épreuve de vérité.
65L’apparition de groupes de prière n’est évidemment pas un phénomène isolé dans le foisonnement de la vie chrétienne d’aujourd’hui. Il existe actuellement chez nous des centaines d’autres groupements chrétiens plus ou moins informels, avec des objectifs divers : approfondissement du contenu doctrinal de la foi, action caritative, familiale... A peu près tous font place à la prière et sans doute selon des cheminements apparentés. On cherche à se tenir ensemble en présence de Dieu, du Dieu de la Bible et très particulièrement du Dieu de Jésus-Christ : c’est la part contemplative qui correspond à la première partie du Pater. On cherche aussi, et solidairement, une animation pour la vie chrétienne : on demande à Dieu une libération personnelle et l’inspiration d’une action libératrice autour de soi. Ce que ces divers groupes informels attendent de la prière est aussi ce que visent plus ou moins explicitement, avec plus ou moins de bonheur, les efforts de l’ensemble du travail pastoral dans l’Eglise d’Europe.
66Je me suis borné à évoquer les groupes de prière peu organisés. Ils ne doivent pas faire oublier la vitalité de mouvements comme le renouveau charismatique, les Focolari, les Fraternités du Père de Foucauld, les équipes Notre-Dame.
67Je voudrais faire mention particulièrement insistante de la prière des communautés de handicapés. Je pense aussi à la prière des malades. Plusieurs de ceux que j’ai connus me disaient, en sachant la mort proche, que l’acceptation confiante (qui n’est pas résignation passive) était le secret de la paix et de la joie. Dès qu’ils avaient pu faire ce pas qu’ils avouaient très difficile, leur paix devenait visible ; elle gagnait leurs proches et transformait leur maison.
68Il sied, avant de clore ces quelques évocations, de laisser tout au moins deviner la vie intérieure insoupçonnée de tant d’hommes habitués au recueillement, familiers de l’invisible. Je pense ici à tel et tel humble serviteur de maisons religieuses...
69A la prière en général et aux groupes de prière en particulier, on reproche parfois de « démobiliser », de contribuer à aliéner les chrétiens en les distrayant de leurs tâches d’hommes et en les écartant, sous prétexte de charité ou de soumission à la volonté divine, des luttes que requièrent les actuels problèmes de société.
70Le grief n’est certes pas sans fondement. Cependant, en se mettant dans la lumière de l’Evangile, on verra que les attitudes nourries par l’esprit de prière ne peuvent se réduire à des solutions de facilité !
71Au chapitre V de son Evangile, saint Matthieu nous montre Jésus prenant position à l’égard des trois expressions essentielles de la religion juive : l’aumône, la prière, le jeûne, qui correspondent à trois attitudes humaines fondamentales : le souci d’autrui, le rapport à Dieu, la maîtrise de soi.
72Ce que Jésus demande en ces trois domaines, c’est le détachement dans l’engagement, le désintéressement dans l’intérêt à ce qu’on fait avec cœur : il faut, en tout, éviter de donner du spectacle à autrui et à soi-même, d’agir avec le désir d’être apprécié et celui de se faire bonne conscience. Le Père de Grandmaison disait que c’est passer au milieu du feu sans se brûler...
73C’est dans ces dispositions que devra prier et agir celui qui s’inspire de la doctrine de la grâce que nous avons brièvement esquissée tantôt. Elles sont dans la ligne de ce qui se réalise en une famille humaine affectueusement unie : chacun sent qu’il est porté par les autres ; il échappe dans cette mesure à la suffisance et à la dureté. Il n’est pas propriétaire exclusif de ce qu’il fait et l’affection, à laquelle il doit le courage de ses engagements ainsi que le goût de son travail, relativise ce qu’elle lui fait prendre à cœur. Il a conscience de recevoir en même temps que de donner et ce qu’il reçoit l’empêche de dramatiser ses projets, ses réussites et ses échecs.
74Vivre dans le climat spirituel que nourrit le Pater, c’est vivre en esprit de famille. La vie de prière devient vie de foi, vie tout court, à condition de revenir constamment aux sources : la foi en un amour qui fait tout en nous. C’est le riche et difficile équilibre que le vocabulaire spirituel appelle « sainte indifférence », et qui est loin d’être indifférence seulement.
75Il est à peine besoin de noter que, selon les temps, les lieux, les cultures, les paradoxes évangéliques ont été vécus de façon qui privilégiait tel ou tel de leurs termes. Pratiquer la « sainte indifférence » est certes un thème traditionnel et la conjonction de l’effort humain avec l’abandon à Dieu se rencontre de manière souvent émouvante dans les humbles dévouements inspirés par la religion populaire. Mais c’est de façon souvent neuve que prière et vie se confortent mutuellement aujourd’hui dans de multiples groupes informels : « communautés de base » agissantes surtout chez les chrétiens d’Amérique latine, souvent pris comme modèles chez nous.
76Taizé paraît avoir trouvé des formules heureuses pour traduire en langage moderne l’enseignement évangélique : lutter avec un cœur pacifié, pratiquer la violence des pacifiques, agir en esprit de contemplation.
77Dans l’histoire de l’Eglise comme dans celle d’un peuple, chaque époque découvre ou apprécie des valeurs plus ou moins méconnues par les générations antérieures. La nôtre insiste notamment sur l’aptitude à prendre ses responsabilités terrestres en homme debout, devant les autres et devant Dieu, ainsi que sur la capacité d’assumer les conflits inhérents aux progrès sociaux. Ceci ne manque pas de se répercuter sur la doctrine et la pratique de la prière. En sont exclues les positions trop unilatérales de résignation et de providentialisme assez fréquemment présentes dans les spiritualités du siècle passé : les mouvements d’action catholique, par exemple, ont souligné que l’homme recevait de Dieu le monde à bâtir et à aimer. Et une littérature religieuse stimulante invite aujourd’hui à renoncer au rêve d’une unité sans heurts, qui ne serait qu’uniformité, pour vouloir, au contraire, joyeusement mais difficilement, qu’autrui soit différent et donc éprouvant. Pratiquement, ceci implique de prendre parti en s’appliquant, en esprit de prière, à un discernement aussi impitoyablement lucide que fraternellement serein.
78Celui qui rencontre Dieu dans la prière n’y est pas invité à devenir un doux illuminé, ni un perfectionniste tourmenté, ni un révolutionnaire haineux, ni un vaincu de la vie. Il courra le risque de tomber dans l’un ou l’autre de ces travers, selon les circonstances, selon sa personnalité, selon la profondeur de sa vie de foi. Devant Dieu, il devra choisir ses risques et rectifier souvent la route choisie.
IV. L’avenir de la prière chrétienne
79Nous avons dit dès le début de cette réflexion que nous ne pouvions attendre de l’Evangile un système clos, mais des orientations à préciser au long des jours en vivant à l’écoute des événements au cœur desquels, comme autrefois du buisson ardent, Dieu appelle.
80Au sein des paradoxes qu’une vie de foi demande d’assumer, quel sera l’avenir de la prière chrétienne ?
81Ne nous bornons pas à nous interroger sur ce qu’en feront les autres. Il dépend de chacun de nous.
82Prier, c’est espérer. La grande tentation qu’il nous faut tous vaincre en ce moment est celle de la désespérance. La crise de la prière, l’ébranlement de l’Eglise, la fragilité du mariage, la dénatalité sont aujourd’hui les formes diverses d’un même manque de foi en la vie ; dire « Notre Père », c’est, par contre, affirmer que la vie n’est pas absurde, que notre société n’est pas sans avenir.
83La prière donne élan à nos vie, à la vie quotidienne simple et tragique que le croyant doit partager cordialement avec tout homme ; elle reçoit de cette vie le contenu concret de son dialogue avec Dieu.
84Toute vie est faite de rythmes : rythmes des jours, des nuits, de la succession des saisons, rythme des naissances, des croissances et des morts. Une vie priante doit avoir son rythme : pour triompher des difficultés évoquées tantôt, il faut retrouver des temps pour l’amitié, pour le silence, pour l’écoute de Dieu. Et il faut non seulement des temps, mais des lieux : la fréquentation de l’église peut être pour nous la solution de facilité de celui qui se croit en règle avec la vie parce qu’il s’est contenté de prendre des assurances au lieu de prendre des risques, mais déserter l’église peut être la première capitulation qui nous fera déserter la vie même.
85La vie exige non seulement la complémentarité des temps et des lieux, mais celle des personnes. De même qu’il faut un jour qui soit tout entier dimanche pour qu’il y ait un peu de dimanche dans tous les jours de la semaine, il faut des professionnels de la prière pour que d’autres prient dans leurs tâches séculières : les religieux sont comme le dimanche de l’Eglise. Si la prière mérite de survivre, les existences qui lui sont consacrées le valent aussi.
86Notre temps est celui de la communication, mais aussi de l’isolement dans l’anonymat. D’une part, la difficulté d’animer de grandes assemblées liturgiques où chacun se sent étranger et, d’autre part, l’essaimage spontané de petits groupes de prière montrent assez que l’avenir de celle-ci est lié à celui de la vie en communauté.
87La prière est une vie. Comme toute vie, elle a de l’avenir dans la mesure où elle est en symbiose avec son milieu. Elle dépérit si elle se détache du reste de la vie... ou si cette vie se détache d’elle...
88Ceux qui se nourrissent de la fréquentation des textes de l’Ecriture et des auteurs anciens prient spontanément dans le langage de ces textes ; ceux qui sont immergés dans les tâches profanes ont souvent besoin de prier avec d’autres mots. L’expérience des groupes spontanés de prière, celle des familles où l’on prépare ensemble une liturgie personnalisée, pour un baptême, un mariage, une veillée mortuaire, montrent que l’on peut faire confiance à une créativité de bon aloi, là où le sens évangélique est présent. On le peut et on le devrait davantage : ici, les catholiques risquent de manquer d’initiative en raison même du poids de riches traditions ; les protestants créent plus spontanément que nous des expressions neuves de la prière, à la fois proches de l’Ecriture et de l’actualité.
89Une prière vraie doit éviter l’« onction ecclésiastique », échapper à l’angélisme comme aux formules usées, qui dénoncent abstraitement d’éternels péchés sans visage. Elle doit dépasser aussi la rationalité sèche pour creuser jusqu’aux sources d’où jaillit la poésie. La prière est ennuyeuse et sans fruit quand elle est terne, sans saveur. Il arrive trop souvent que des chrétiens en quête de spiritualité ne trouvent qu’une morale sans sève...
90Je note ici les réflexions d’un homme qui venait — il y a vingt ans déjà — de découvrir la richesse de la prière contemplative d’un monastère et de la vie liturgique qui la nourrit : « Les guides de nos assemblées religieuses se préoccupent surtout d’enseignement et d’exhortation morale. Or, l’enseignement ne parle qu’à la raison et l’exhortation aboutit à s’occuper de soi-même sous prétexte de perfection. Au contraire, la prière doit être contemplation et louange, et aussi attente humble et patiente pour que Dieu puisse devenir réel. La prédication ne devrait être rien d’autre que dévoilement de la réalité divine ».
91La prière contemplative sera gonflée de ce que la vie quotidienne lui apportera de chaleur humaine, d’amitiés et d’épreuves ; elle renverra chacun à cette vie, avec un cœur à la fois résolu et pacifié.
92Nul croyant n’est en possession de toute la foi, nul priant ne peut réaliser — ni deviner — tout ce qu’implique la prière chrétienne.
93Mais la prière chrétienne n’est pas toute la prière. Aux complémentarités que nous avons évoquées, il faut ajouter celle des prières d’inspirations les plus diverses. L’action de Dieu en ce monde est tellement plus profonde et plus variée que nous ne devinons dans nos particularismes : pour mieux assimiler les ressources de l’Evangile, nous avons tant à apprendre d’autres religions, comme de l’incroyance.
94Les réflexions que nous arrêtons ici ne sont qu’une introduction. A chacun de les conduire un peu plus loin...
Auteur
Professeur à l’Université catholique de Louvain, où il enseigne la théologie pastorale. Il est l’auteur d’ouvrages de spiritualité et prêche aussi de nombreuses retraites.
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