Laïcité et Christianisme
p. 685-703
Texte intégral
1Dans l’éventail des options idéologiques proposées aux jeunes de l’enseignement public belge, les cours de religion voisinent avec l’enseignement de « la morale laïque ». Instaurés légalement dès 1948, il a fallu attendre le « Pacte scolaire » de 1959 pour que ces cours fussent organisés et subsidiés dans l’ensemble du réseau scolaire géré par les pouvoirs publics. Les leçons de morale non-confessionnelle font désormais partie des conquêtes de la pensée laïque qui, dès l’indépendance belge, luttait pour la prise en compte équitable de tous les citoyens, quelles que soient leurs convictions.
2Soutenue jadis par les partis libéraux et ouvriers, la laïcité a perdu une partie de cet appui lorsqu’en 1961 ces formations politiques ont voulu s’ouvrir au pluralisme interne. Pour défendre leur cause devant les instances officielles, plusieurs groupements se sont alors rassemblés dans un « Centre d’Action Laïque » (1969), dont la fonction première était de coordonner et de soutenir l’action de tous ceux qui œuvraient pour la promotion de la laïcité. Au sein de cet ensemble, le « Cercle du Libre Examen » (1928) joue un rôle important d’orientation idéologique.
3« Méthode de pensée et d’action »1, « foncièrement polémique et conquérante »2, l’attitude « libre-exaministe » préconise la libre recherche des vérités, sans sujétion aucune à quelque autorité que ce soit. Elle se veut en opposition ferme à tout « dogmatisme », entendons l’affirmation d’une vérité absolue et intangible. Le projet du libre-examen est résumé dans la déclaration proposée à la signature des enseignants de l’Université Libre de Bruxelles : « Je... déclare sur l’honneur adhérer au principe du libre-examen et m’engage en conséquence à conformer mes affirmations et mes actes à ce que je tiens pour vrai après un examen personnel, objectif et désintéressé ; à rejeter tout argument d’autorité en matière intellectuelle, philosophique ou morale, même si je dois être en opposition avec les prescriptions d’une autorité quelle qu’en soit le fondement ou la nature »3.
4Fondée sur cette option, la laïcité s’assigne un projet positif : elle exprime « la volonté de construire une société libre, progressiste et fraternelle assurant à chacun la liberté de la pensée et de son expression... »4. Il s’agit d’« un humanisme constructif qui cherche à bâtir une société tolérante, plus équitable pour tous les êtres humains »5.
1. Les axes de la morale laïque
5Craignant de contredire ses propres principes en sécrétant une « nouvelle orthodoxie »6, plusieurs témoins de la laïcité n’en ont pas moins cherché à définir l’horizon éthique de leur option.
6« Bond qualitatif de la conscience humaine »7, la morale laïque n’est que « l’expression de la nature rationnelle de l’homme »8 car, comme le notait Marc-Aurèle, « si notre raison est commune, alors il y a une loi commune »9. Le décryptage de cette dernière n’est point aisé. Tout en se refusant à jamais « transformer une moyenne statistique en norme »10, la laïcité s’attache — sans prétendre avoir abouti de façon définitive — à susciter un consensus maximal11 autour de quelques principes susceptibles de promouvoir le bien de l’homme.
7L’horizon laïc se proclame résolument eudémoniste, l’idéal consistant dans « le bonheur de chacun florissant au sein du bonheur général »12. Au niveau individuel des consciences, cet ambitieux projet se coulera dans une « sagesse », sorte d’« apprentissage personnel » requérant la mise en œuvre de toutes les ressources de l’être13.
8L’anthropologie qui sous-tend ces perspectives, se veut optimiste. L’histoire est volontiers présentée en termes de « marche du Progrès»14, marche fondée sur le « pari que l’homme est perfectible et qu’il peut maîtriser de mieux en mieux son destin en dépit des multiples difficultés »15. C’est là une vision qui se sait et se veut « prométhéenne » au sens où l’individu se définit comme bâtisseur, et conquérant16, « maître et créateur de son avenir »17. Toute résignation comme tout assujettissement sont exclus, en particulier la soumission à une « Nature » qui serait censée déterminer la trajectoire de l’humanité18 : « la nature n’offre aucun critère, aucune loi qui satisfasse l’exigence humaine »19. La raison seule, perpétuelle innovatrice, constitue une référence acceptable. L’homme est « mesure de toutes choses »20. Il n’a « d’autre maître qu’une conscience éclairée, la sienne autant que possible »21.
9Il serait tentant de réduire cette option à quelque subjectivisme individualiste. La laïcité se veut sensible aux dimensions et aux retombées sociales des décisions personnelles22. C’est dans ce contexte qu’elle plaide pour « un civisme actif » et critique23, soucieux d’intégrer l’avertissement de Montesquieu : « Une injustice faite à un seul est une menace faite à tous »24. Dénonçant à de multiples reprises « l’agressivité et la dureté des sociétés dites avancées »25, la laïcité préconise l’instauration d’une démocratie authentique, dans laquelle chacun serait intensément « respectueux du droit d’autrui à être lui-même, épanoui et différent »26.
10Pour promouvoir l’édification d’une telle société, les laïcs suggèrent le centrement sur certaines valeurs privilégiées conçues moins comme des entités abstraites et autoritaires, que comme des axes, toujours révisables, à proposer aux consciences27. Une des valeurs fondamentales est le relativisme qui peut aller, le cas échéant, « jusqu’à la remise en question de soi-même, de ses options et méthodes, des principes mêmes de la laïcité »28. En effet, d’après A. Clausse, figure de proue du mouvement, « la vérité... est relative aux conditions toujours nouvelles que la nature se fournit dans le déterminisme de son évolution »29.
11C’est dans cette perspective qu’il est possible de préconiser une autre valeur essentielle : la tolérance, conçue « comme le respect, non des idées — il en est d’exécrables et de dangereuses — mais des personnes sincères et loyales, à qui l’on reconnaît a priori le droit à la différence, le droit à la diversité, le droit à l’erreur »30.
12Outre qu’il ouvre un espace au dialogue, le relativisme permet de conserver la souplesse d’esprit qui est absolument requise pour que, dans un monde en mutation, l’homme « soit capable de s’adapter à des circonstances nouvelles, mieux d’en créer qui lui soient plus favorables et d’ainsi améliorer son existence autant que la conscience qu’il a de celle-ci »31.
13Mais il ne s’agit point d’assujettir l’individu à quelque intuition ponctuelle. La voie de la vérité est fondée sur le savoir, compris d’abord comme la soumission aux faits, qui précède et conteste toutes les théories et les concepts32.
14Cette ouverture (scientifique) aux faits n’est néanmoins ni indifférente ni supérieure à l’éthique, alors même qu’elle en constitue une pièce importante. La laïcité dénonce avec force les tendances technocratiques actuelles et la propension à ériger en normes certains acquis scientifiques33 ; elle dénonce « la priorité donnée à la vision technicienne des choses, l’inflation technocratique qui noie la perspective humaniste et le chantage à la rentabilité immédiate »34.
15Sensible au collectif, attentif aux aléas du progrès, le laïc s’attache enfin à développer le sens de la justice, ce délicat « équilibre entre les droits et les devoirs de chacun et de tous »35. Il s’impose plus que jamais de promouvoir la coopération dans la solidarité, en particulier au plan international.
16Cet imposant bouquet de valeurs oriente tout normalement le laïc vers le non-conformisme, sinon vers la révolte, contre tout ce qui contredit l’humanisme qu’il proclame36. Pour les jeunes, en particulier, « la formation morale... consiste à forger des instruments de pensée et des comportements non-conformes aux stéréotypes imposés. Elle est un entraînement à résister à la mise en condition et un exercice d’autodéfense face aux multiples agressions intellectuelles de notre société »37.
17Au plan pédagogique, si les cours de morale laïque visent bien à susciter « une adhésion informée, raisonnée et éclairée »38, leur but premier est de susciter « une qualité d’être »39, faite de pensée libre, de générosité40 et de créativité41. Le témoignage personnel de « l’enseignant », appuyé sur des méthodes actives de dialogue et de recherche, doit normalement stimuler l’édification de la personne où interagissent « l’intellect qui comprend, la volonté qui décide et l’affect qui émeut »42.
2. Les combats de la laïcité
18Outre la promotion de la morale laïque et de son enseignement, le Centre d’Action Laïque se dépense encore sur d’autres fronts : la libéralisation de l’avortement, l’encouragement à l’organisation par les pouvoirs publics de « cérémonies laïques », ainsi que la reconnaissance et la subsidiation, à égalité avec les « ministres du culte », des « conseillers laïcs » présents dans les hôpitaux, les prisons et les casernes43.
19A plus long terme, et malgré les rééquilibrages actuellement souhaités, la laïcité milite pour la séparation absolue de l’Eglise et de l’Etat44. Cela entraînerait la suppression de l’appui financier aux cultes reconnus45, ainsi que la disparition des cours de religion dans les écoles officielles.
20Au plan de l’enseignement, une solution, présentée sans trop d’illusions, est celle de l’école pluraliste unique, définie comme celle « qui assure la libre confrontation de toutes les idées, de toutes les opinions, de toutes les tendances dans un esprit d’analyse et de recherche objective et loyale, ce qui implique pour l’élève comme pour le maître le droit de faire part de sa démarche intellectuelle ou philosophique, de son engagement personnel »46. Aux dires de ses promoteurs, cette institution nouvelle, désormais autorisée par la loi belge, se refuserait à tout dosage entre les « familles spirituelles »47. On ajoute cependant que ne seraient acceptés comme collaborateurs que ceux-là seulement qui « sont prêts à collaborer à l’œuvre commune dans les intentions et les directives précisées par notre axiologie »48. Ce type d’école est en effet appelé à « développer une éthique »49, celle dont la laïcité s’institue l’avocate.
3. Le christianisme au regard de la laïcité
21Les penseurs laïcs se réclament volontiers des grands rationalistes français des XVIIIme et XIXme siècles. Voltaire, d’Holbach, Helvétius sont présentés comme ces pionniers qui, face aux pouvoirs établis de l’Ancien Régime, visaient à libérer les consciences de toute sujétion. La raison individuelle constitue, à leurs yeux, le seul repère fiable50. Ultérieurement, cette option inspira le positivisme pour qui, désormais, c’est la méthode scientifique qui constitue la première voie d’accès à la vérité51.
22Chez certains laïcs contemporains, le rationalisme se veut moins affirmatif, au point que « le rationalisme classique » est considéré comme « aujourd’hui dépassé »52. Inspiré par le libre-examen, le mouvement répugne à « une Raison universelle, véritable substitut de Dieu »53, tout autant qu’aux systèmes, toujours générateurs de « dogmatisme »54. Le rationalisme revêt désormais une allure dynamique et entreprenante : il est conquête ou recherche55 d’une rationalité maximale, quête « de la réponse optimale à un problème »56.
23Sur cet horizon de rationalisme rénové, la position de la laïcité face au christianisme apparaît, dans la logique même du libre-examen, comme singulièrement complexe et multiple. Ce relatif pluralisme reflète la situation interne du christianisme lui-même qui, par les orientations diverses qu’il inclut désormais, ébranle certains stéréotypes traditionnels et oblige le discours laïc à corriger ses propos d’antan57.
241° Le premier courant, amplement représenté dans le monde de l’enseignement, affirme l’incompatibilité absolue entre le libre-examen, noyau de la laïcité, et toute conviction fondée sur une révélation. Le principe fondamental est et demeure « le refus de toute transcendance »58. La science « se substitue à la religion pour expliquer le cosmos et son histoire »59, et la méthode expérimentale qui la fonde est « jusqu’à preuve du contraire » et « dans son ensemble », « la meilleure voie de la reconnaissance et de l’amélioration de la vie »60.
25Dans cette perspective, il faut refuser l’existence d’un Dieu, conçu comme source de Vérité définitive. Car, outre qu’elle défie les acquis de la recherche scientifique, cette option sécrète naturellement l’intolérance. Les Eglises, dont la raison d’être est de promouvoir un tel Dieu, sont et restent des « ennemis en puissance »61, même si d’autres périls, plus redoutables encore, marquent les civilisations occidentales.
26De nombreux penseurs laïcs recourent volontiers aux analyses de Marx, pour affirmer que « Dieu, c’est simplement l’expression du sentiment de l’impuissance humaine devant la nature »62, l’aboutissement d’« une angoisse dont on sait qu’elle a toujours été la mère de l’irrationnel, de la recherche du mystérieux, de l’inexplicable »63. Au plan moral, on reprend l’argument de Sartre, selon lequel « le caractère partiel et partial de toute valeur implique... nécessairement l’impossibilité d’un être qui en lui pourrait réunir toutes les valeurs possibles ou imaginables » : un Dieu doté de toute perfection est à la fois impensable et nuisible. En effet, « si toutes les perfections sont déjà réalisées, quelle est alors la valeur de l’existence humaine ? Que peut-on encore ajouter à cette montagne lumineuse qui est devant nous ? »64. La seule signification acceptable que pourrait revêtir le mot « Dieu » est, éventuellement, « l’expression d’une rationalité globale qui caractériserait les lois de l’univers — donc une ”hypothèse” de caractère non transcendantal telle que la métaphore philosophique du ”grand architecte de l’Univers” »65.
272° Une deuxième tendance, pour sa part, admet, au nom même de la tolérance, que certains, même parmi les laïcs, fondent leur existence sur la foi en un Dieu transcendant, mais à condition que celle-ci soit disposée à se remettre en question. Aux dires de certains, pareille éventualité est exclue si le croyant professe appartenir à une Eglise66. En outre, il faut que l’adhésion croyante ne cherche pas à se couler dans des formes politiques et que soit scrupuleusement respectée la « saine » distinction entre le spirituel et le temporel. La religion est affaire privée, et la Cité n’a pas à en connaître. Du moment que de tels croyants communient aux grandes valeurs de la laïcité, ils y ont leur place, de même d’ailleurs que dans certaines loges maçonniques67 dont les liens avec la laïcité, sans être officiels, sont néanmoins très réels.
283° Un troisième courant prend aujourd’hui de l’ampleur, tout spécialement chez certains laïcs fort engagés dans les médias : c’est l’option agnostique. Sans être ni farouchement militant, ni agressif, le laïc agnostique, à l’instar de certains néo-positivistes, prétend que la question de Dieu se situe en dehors du champ de la connaissance humaine et qu’elle ne peut donc recevoir de solution. A moins qu’il n’opte pour l’indifférence religieuse, le représentant de cette tendance ne s’intéressera au phénomène religieux que sous l’angle historique ou sociologique. Mais, jusqu’à plus ample informé, il se refuse à fonder sa vie sur une base aussi fragile.
29Si ce courant témoigne d’une remarquable ouverture au pluralisme idéologique, c’est qu’il se réclame d’un scientisme mitigé, soulignant au passage qu’aucun être humain ne peut faire totalement l’économie de « croyances » ou de « confiances » qui, à la différence de la « foi », se veulent « raisonnables, conditionnelles, susceptibles de se remettre en question et capables de détachement »68. Les objets de ces croyances sont multiples : l’intelligence humaine, « la générosité et la perfectibilité de nos semblables »69. Au reste, aucune morale ne peut prétendre être intégralement raisonnable, puisque « les jugements de valeur... ne sont et ne peuvent être fondés sur des démonstrations logiquement contraignantes »70. L’éthique pas plus que la science elle-même ne peuvent évacuer le rôle de l’imagination71. En définitive, la reconnaissance de la part non rationnelle de l’homme n’est-elle pas exigée par la raison elle-même72 ?
30Cette option, souvent représentée par des personnalités de formation scientifique, a évidemment partie liée avec le relatif discrédit des sciences comme seuls instruments d’humanisation. On se désolidarise du positivisme pour souligner qu’en aucun domaine des certitudes intangibles ne sont pensables : le nouvel humanisme se veut « humble » et ne prétend plus fournir des appuis indiscutables73.
31La religion, dans la mesure où elle prétendrait échapper à l’universelle contingence, est présentée comme une illusion par laquelle, faute d’exigences plus hautes, certains êtres sont encore provisoirement séduits.
32Quelle que soit la tendance des laïcs, le jugement sur le christianisme comme synthèse doctrinale, liée à une pratique collective, est relativement homogène. On s’accorde en effet pour contester la « prétention » des chrétiens à disposer d’une Vérité dont la source échapperait, pour une grande part, à la juridiction de la raison. On rejette plus encore le propos universaliste des Eglises et la mission qui en découle. Certes, et à la limite, l’option chrétienne pourrait être tolérée comme un choix individuel contingent, mais on récuse que la Cité ait à soutenir positivement une telle orientation. C’est dans cette optique que la laïcité combat avec persévérance le « cléricalisme », entendu comme ingérence du personnel ecclésiastique dans les affaires publiques. La société doit être pluraliste ; il lui faut faire place à une multiplicité d’options mais elle ne peut en privilégier aucune74. Son seul rôle est de protéger « le droit à la différence ».
33Pourtant — et c’est là une relative nouveauté ! — une petite partie de la laïcité reconnaît aux chrétiens — et non aux Eglises, toujours critiquées75, — un double mérite.
34Même si, pour certains, le christianisme n’a fait que s’approprier des orientations surgies ailleurs76, il aurait néanmoins contribué au développement de l’Occident, tant au plan culturel qu’au niveau social77. La « charité » — dont on relève la « rareté » — est présentée comme une option positive78. Certaines valeurs, telles que la justice, ont été diffusées par les chrétiens, alors même qu’au plan de la sauvegarde des libertés, le bilan est sensiblement plus négatif.
35Le second mérite que certains laïcs reconnaissent au christianisme, est d’avoir pris en compte et organisé le besoin humain de rites et d’expressions symboliques. Car « il est vain d’ignorer l’affectif »79 ; le discours verbal à dominante rationnelle apparaît inapte à rencontrer cette part de l’homme qui a et aura besoin de « fêtes » et qui aspire à solenniser les grands tournants de l’existence. C’est dans cette optique qu’il faut accueillir le phénomène typique, spécialement développé depuis 1964, des « fêtes laïques ». La plus connue est « la fête de la jeunesse laïque » dont la première édition remonte à 1889, fête « marquant le passage de l’enfance à l’adolescence, célébrant les espoirs de fraternité, de tolérance et de liberté qui sont les axes fondamentaux de l’éthique laïque »80. Sans être en aucune façon « un substitut de communion solennelle », ces cérémonies « sont conçues comme le couronnement du cours de morale laïque en fin de primaires »81. Depuis peu, des célébrations de « parrainage laïc », peu après la naissance, ainsi que la solennisation des mariages laïcs sont organisées en plusieurs endroits. Mais tous les « rituels » prévus à ces occasions, soulignent avec une insistance significative que les fêtes laïques n’ont aucune prétention à lier l’avenir des personnes dans un sens idéologique particulier. Expressions d’émotions et d’idéaux, les cérémonies laïques ne se veulent obligatoires pour personne ; elles prétendent laisser toutes leurs chances à d’éventuelles conversions ultérieures.
36Ce phénomène semble d’une grande importance car, à l’encontre d’un rationalisme rigide, il veut prendre en compte certains besoins humains profonds et les rencontrer efficacement. Tel représentant éminent de la laïcité belge va jusqu’à plaider, à la suite d’A. Malraux, pour la reconnaissance d’un inextinguible besoin de « Sacré »82.
37S’il importe d’intégrer certaines demandes à dominante affective, ce ne peut pourtant pas être à n’importe quel prix. Et c’est ici que la laïcité prend volontiers à partie certaines composantes de la théologie chrétienne, jugées destructrices de la dignité humaine. C’est ainsi que l’éventualité d’un au-delà et d’une rétribution personnelle83 est présentée comme une illusion démobilisatrice84. L’espoir d’éternité, qui sommeille chez beaucoup, ne peut recevoir une semblable réponse85. D’autre part, l’affirmation d’une autorité divine révélatrice, dotée de surcroît d’un important pouvoir culpabilisant86, est fréquemment dénoncée comme inacceptable. L’option laïque, fondée sur « la liberté et la joie de vivre »87 répugne à l’idée d’une « chute » originelle dont chacun aurait à porter les lointaines conséquences88. Le concept de « faute » est à remplacer par celui d’« erreur » : « revenons à Socrate pour qui le mal n’est qu’un égarement »89.
4. Les chrétiens face à la laïcité
38Dans ce contexte, les chrétiens et les Eglises elles-mêmes sont impérativement conviés à prendre position.
39Hormis dans quelques cercles restreints, le « dialogue » entre les croyants et les laïcs, dénués de « représentants autorisés », est d’une extrême rareté. Plusieurs raisons expliquent ce phénomène. D’abord, le fait que plusieurs parmi les laïcs réduisent la foi chrétienne à un phénomène « rituel et affectif »90, échappant, par définition, à toute confrontation d’ordre rationnel. Ensuite, parce que la méfiance subsiste, ample et tenace91, une méfiance souvent nourrie par des expériences historiques hautement regrettables. Or, « on ne bâtit rien de moralement valable sur la méfiance »92.
40Si le dialogue est compris comme « respect réel et agissant de l’autre, capacité de lui donner raison contre mon intérêt... »93, il ne pourra sans doute se déployer que dans un climat de relative égalité des forces, et sans que quiconque ait à redouter une concurrence ruineuse. On en est loin. Car au niveau de la société belge, y inclus le champ politique, les laïcs se sentent largement minoritaires. Les institutions dont ils se sont dotés, bien que bénéficiant de soutiens puissants, sont souvent jeunes et inexpérimentées. Par contre, dans d’autres cas, le rapport des forces s’inverse : dans nombre d’institutions scolaires, les chrétiens sont très peu nombreux et ont souvent à travailler dans un climat de mépris voire de tracasseries94, souvent moins imputables aux principes de la laïcité qu’au zèle militant de certains de ses représentants.
41Le dialogue « sur le terrain » reste donc singulièrement difficile, même si, désormais, les chrétiens disposent de principes qui devraient faciliter la rencontre et le respect des autres.
42Ces principes ont été formulés sous une forme très claire dans la constitution Gaudium et spes (n. 19 à 21) du concile Vatican II (1965), elle-même précédée de quelques mois par l’encyclique Ecclesiam suant du pape Paul VI, tout entière consacrée aux requêtes du dialogue. Depuis lors, ces options sont mises en œuvre, sous une forme parfois légèrement durcie, par le Secrétariat romain pour les non-croyants, mis sur pied dès 1965.
43Il n’existe guère, à l’heure actuelle, de réflexion approfondie sur le phénomène de l’agnosticisme contemporain. Les seules indications fournies à ce propos se limitent souvent à reproduire les déclarations conciliaires sur la possibilité, pour la raison, de connaître Dieu. C’est là une lacune, partiellement compensée par la reconnaissance réitérée de ce que l’athéisme, quant à lui, constitue un « signe des temps » devant lequel les chrétiens sont invités à s’interroger sérieusement, et ce à un double niveau.
44La première exigence est de s’attacher à comprendre ce qu’est et ce que pense réellement l’interlocuteur. Alors que bien des laïcs se nourrissent encore d’une image du christianisme quelque peu dépassée, qu’ils dénoncent souvent sans ménagements, les chrétiens veulent aborder la laïcité avec équité. Loin de les réduire à ce qu’ils nient, il est important de relever les valeurs défendues par les non-croyants et de reconnaître, sans trop vite s’en attribuer la paternité, que ces valeurs font partie intégrante de l’humanisme dont les chrétiens eux-mêmes se veulent les partisans95. C’est le cas pour les axes majeurs de la laïcité : liberté, tolérance et solidarité, même si, parfois, ces concepts centraux prêtent à compréhensions multiples96. Le constat de certaines convergences éthiques devrait ainsi ouvrir la voie au dialogue et à l’action commune. Mais ceci présuppose que certains croyants surmontent l’émoi éveillé en eux par la découverte que ces valeurs ne sont pas toutes organiquement liées à la foi. Cela requiert en outre que soit surmontée, de part et d’autre, la tentation dualiste d’un découpage de l’humanité en « bons » et en « méchants », tout tiers étant exclu. Cette propension, rassurante pour l’esprit, ne pourrait malheureusement qu’être encouragée par un discours qui ferait trop dépendre de la foi, l’accès à une humanité véritable.
45Avec une certaine audace, le concile Vatican II a suggéré que certaines formes d’athéisme pouvaient avoir leur origine dans les déviations des chrétiens eux-mêmes97. Un examen rapide de l’histoire de Belgique confirme en effet que certaines positions de la hiérarchie catholique ont grandement contribué à la radicalisation progressive, au XIXme siècle, tant des « libéraux » que de la Franc-Maçonnerie98
46Plus urgent et efficace est l’examen de ce qui pourrait être aujourd’hui corrigé dans le témoignage qu’apportent les chrétiens. Sous ce rapport, certaines interpellations des laïcs peuvent constituer un support non négligeable99
47Certes, il faut le souligner, le christianisme ne peut, sous peine de disparaître, consentir à limiter ses horizons à ceux que lui ouvre la raison. De ce point de vue, le dépassement du rationalisme strict par la laïcité elle-même, est un élément de rapprochement possible. Mais d’autre part, la foi chrétienne, fondée sur des signes non contraignants, se doit de persévérer dans sa reconnaissance d’un Dieu transcendant et personnel, révélé comme jamais dans le personnage historique de Jésus de Nazareth. En outre, les chrétiens ont au moins le droit de s’inscrire dans le projet de leur Fondateur en se rassemblant en « Eglises », structurées pour le témoignage, dans la perspective d’un Royaume au-delà de la mort. Enfin, le christianisme doit tenir que, sans ignorer ou déprécier les valeurs d’autrui, la vocation de tout homme trouve un accomplissement unique dans l’adhésion à l’Evangile et à son Centre. Les croyants, comme tous les citoyens, doivent être autorisés à affirmer ces convictions de base, et à leur donner des expressions sociales100. Mais cela doit pouvoir s’assortir d’une réflexion approfondie sur la manière dont est pensé et vécu le Message chrétien101. Quelques exemples suffiront.
48Face à l’exigence de rationalité des laïcs, les chrétiens auraient à se souvenir des multiples interpellations du Magistère, pour lesquelles le « fidéisme » — la dissociation de la raison et de la foi — est foncièrement inadmissible. Dans la mesure où la foi engage la totalité de la personne, y compris dans sa dimension sociale, on ne peut réduire l’adhésion au Christ à un quelconque sursaut affectif. Sous ce rapport, les nombreuses recherches actuelles sur le « catholicisme populaire » méritent d’être sérieusement prises en compte. Appelé à prendre forme sociétaire, le christianisme exige par ailleurs des responsables ecclésiaux une extrême vigilance quant aux médiations sur lesquelles ils se fondent, que ce soit dans les domaines politique, syndical, scolaire, hospitalier ou autres. Il est vrai, en effet, que « toute théocratie est synonyme de dictature»102 et que le recours aux pouvoirs est gros d’embûches103. Il faut donc s’assurer que les médiations retenues sont effectivement justifiées par la qualité chrétienne des engagements qu’elles portent et légitiment.
49Face au reproche, souvent assez imprécis, de « dogmatisme », sans doute faut-il rappeler, avec la Tradition, qu’est inacceptable la tentation sectaire de « posséder » la Vérité intégrale sur Dieu et sur l’homme. Pour un catholique, en particulier, il ne peut être vrai que « la révélation sacralise l’énoncé et le rend intouchable sous peine de sacrilège »104. Le meilleur de la théologie fondamentale contemporaine se plaît à souligner que la foi porte sur Dieu, un Dieu qu’aucune expression humaine ne peut décrire adéquatement. C’est là le fondement même du mouvement œcuménique. En outre, cela oblige à prendre en compte les valeurs et convictions des interlocuteurs et cela interdit que soit imposée, par quelque violence que ce soit, une conversion dont Vatican II a rappelé qu’elle ne peut être que libre105.
50Face aux Eglises, la laïcité tient souvent un discours marqué autant par un manque d’information correcte, que par l’agressivité de certains qui, déçus par une institution dont ils ont parfois été des piliers, s’attachent maintenant à la discréditer radicalement. Mais certains griefs ont pourtant le mérite de rappeler que les structures ne peuvent étouffer ni l’Esprit ni la liberté individuelle, et que, désormais, la participation de tous est impérativement requise pour la construction de l’Eglise.
51Au plan théologique enfin, il est opportun de rappeler, aux croyants comme aux autres, que la foi n’a pas pour fin d’endormir les inquiétudes ni de combler tous les désirs. Si elle apporte certains éclairages libérateurs, elle éveille de nouvelles questions et incite souvent à de douloureux ébranlements. Dans le domaine moral, en particulier, la faute et la culpabilité ne sont certes pas l’essentiel de l’éthique chrétienne. Ces termes évoquent sans doute une dimension de l’homme peut-être trop méconnue par la laïcité. Mais, en toute hypothèse, la finitude morale ne prend sens chrétien que lorsqu’elle est rencontrée par un Dieu qui pardonne et que, de ce contact, peuvent jaillir des engagements renouvelés, tant individuels que collectifs.
52Il serait naïf de croire qu’un tel examen de conscience ouvrira de lui-même les portes du dialogue, d’autant qu’il faut être deux pour pouvoir échanger utilement. Mais il est probable que si certaines interpellations des laïcs sont accueillies par les croyants et si, d’autre part et conformément à ses propres aveux, la laïcité consent elle aussi à se laisser interroger, alors la voie du dialogue se trouvera considérablement dégagée.
Notes de bas de page
1 M. VOISIN, dans F. PLUMART et M. VOISIN, Leçons de morale laïque, dans La Pensée et les Hommes, t. 24, no 10, mars 1981, p. 272.
2 S. KEULEERS, Recherche-incongruité-communication, dans Bulletin de l’U.L.B. et de l’U.A.E., no 5, février 1977, p. 28.
3 Cité par L. DE BROUCKERE, Le principe du libre-examen et son prolongement : la laïcité, dans La Pensée et les Hommes, t. 23, no 11, avril 1980, p. 313.
4 Livre blanc de la laïcité. Bruxelles, 1973, p. 7s.
5 G.C. LIENARD, président du C.A.L., dans Histoire de la laïcité, principalement en Belgique et en France, sous la direction de H. HASQUIN, Bruxelles, La Renaissance du Livre, 1979, p. XI.
6 Cf. H. VAN DEN EYNDE, Pour une définition de la laïcité, dans La Pensée et les Hommes, t. 23, no 6, novembre 1979, p. 159.
7 Ibid.
8 H. JANNE, Spécificité de la morale laïque, dans Histoire (cf. n.5), p. 309.
9 Cité dans ibid., p. 317.
10 M. VOISIN, Vivre la laïcité (Coll. « Laïcité »), Bruxelles, Ed. de l’U.L.B., 1981, p.11.
11 Cf. Th. BEAUPAIN, Normes et morale, dans La rencontre des autres (Coll. « Laïcité »), Bruxelles, Ed. de l’U.L.B., (1981), p. 25s.
12 M. VOISIN, Spécificité de la morale laïque, dans La Pensée et les Hommes, t. 23, no 2-3, juillet-août 1979, p. 58.
13 M. VOISIN, Vivre (cf. n. 10), p. 18.
14 H. JANNE, art. cit., p. 310
15 M. VOISIN, Vivre, p. 23.
16 Cf. M. VOISIN, Spécificité, p. 54.
17 M. VOISIN, Vivre, p. 39. H. JANNE (art.cit., p.313) semble pourtant nuancer quelque peu cet enthousiasme « prométhéen ».
18 « La Nature n’existe pas ! Il n’existe aucune entité métaphysique, aucune référence philosophique ou morale qui corresponde à cette dénomination, qui n’est qu’une étiquette commode mais fallacieuse et un vague substitut de dieu » (M. VOISIN, Vivre, p. 39).
19 Ibid.
20 M. VOISIN, Spécificité, p. 54.
21 Ibid., p. 55.
22 Cf. P. VANBERGEN, L’éducation doit mener à la responsabilité, dans La Pensée et les Hommes, t. 23, no 2-3, juillet-août 1979, p. 42.
23 Cf. M. VOISIN, Vivre, p. 32.
24 Cité par M. VOISIN, Enseigner et vivre la laïcité : une expérience de l’autre, dans La rencontre des autres (Coll. « Laïcité »), Bruxelles, Ed. de l’U.L.B. (1981), p. 17.
25 M. VOISIN, Vivre, p. 18
26 A la découverte de la laïcité. Guide pratique, Bruxelles, 1980, p. 16.
27 Cf. M. VOISIN, Spécificité, p. 56 ; ID., Enseigner, p. 17.
28 A la découverte, p. 17s.
29 Cité par M. VOISIN, Vivre, p. 26.
30 A la découverte, p. 17. Cf. aussi L. DE BROUCKERE, art. cit., p. 311 : « La tolérance n’impose pas à proprement parler le respect des opinions d’autrui. Comment respecter ce qui est jugé faux, ce que l’on condamne, ce que l’on s’efforce de détruire ? ».
31 M. VOISIN, Vivre, p. 89.
32 P. VANBERGEN, art. cit., p. 43.
33 Cf. G. HOTTOIS, Quelques réflexions sur la formation philosophique du professeur de morale, dans Enseignement de la morale et philosophie (Coll. « Morale et enseignement »), Bruxelles, Ed. de l’U.L.B., 1980, p. 70.
34 M. VOISIN, Vivre, p. 11.
35 Ibid., p. 34.
36 Cf. H. JANNE, art. cit., p. 317. « Il faut faire de la révolte une valeur » (M. VOISIN, Spécificité, p. 59).
37 M. VOISIN, L’enseignement de la morale et de la philosophie dans le secondaire, dans Enseignement de la morale et philosophie (cf. ci-dessus, n. 33), p. 94.
38 G. HOTTOIS, Pour un cours de « Philosophie et morale laïques », dans La Pensée et les Hommes, t. 24, no 9, février 1981, p. 263.
39 M. VOISIN, Vivre, p. 17.
40 « La générosité d’être soi-même, et de permettre aux autres d’être eux-mêmes » (M. VOISIN, dans F. PLUMART et M. VOISIN, art. cit., p. 274).
41 Cf. M. VOISIN, Enseigner, p. 16.
42 ID., Vivre, p. 67.
43 Cf. Livre blanc de la laïcité, p. 9.
44 Cf. G. HAMAIDE, Athéisme et laïcité, dans Bulletin de l’U.L.B. et de l’U.A.E., no 5, février 1977, p. 34 ; G. LIENARD, art. cit., p. X.
45 « ... l’abrogation de la loi sur le temporel des cultes — ce que, au fond de notre cœur, nous souhaiterions sans doute... » (G. HAMAIDE, ibid., p. 35).
46 Livre blanc de la laïcité, p. 22.
47 Ibid., p. 24.
48 Ibid. Nous soulignons.
49 Ibid.
50 Cf. M. NEUSCH, art. Incroyance, dans Dictionnaire des Religions, Paris, P.U.F., 1984, p. 771.
51 « La soumission de la raison aux faits est la seule acceptable ainsi que le rappelle la fameuse formule de Poincaré » (A la découverte, p. 16).
52 M. VOISIN, Vivre, p. 9.
53 ID., Enseigner, p. 17.
54 ID., Vivre, p. 10.
55 H. JANNE, art. cit., p. 317.
56 M. VOISIN, Vivre, p. 27.
57 Il est remarquable que ceux parmi les chrétiens qui sont les interlocuteurs privilégiés de la laïcité, représentent souvent les extrêmes au sein de l’Eglise : soit progressisme moral, soit, plus fréquemment, conservatisme doctrinal.
58 H. JANNE, art. cit., p. 315.
59 Ibid., p. 311.
60 A la découverte, p. 18.
61 Ibid., p. 15.
62 L. APOSTEL, Le problème de l’athéisme : athéisme et libre examen, dans Bulletin de l’U.L.B. et de l’U.A.E., no 5, février 1977, p. 25.
63 Ibid.
64 Ibid.
65 H. JANNE, art. cit., p. 312.
66 Cf. L. DE BROUCKERE, art. cit., p. 312.
67 Les rapports entre la Franc-Maçonnerie et l’Eglise catholique ont été l’objet de nombreuses études récentes. Les dernières prises de position du Magistère romain paraissent, en ce domaine, quelque peu hésitantes sinon contradictoires. On lira avec profit H. de THIER, Le Dieu des Francs-Maçons, dans La Pensée et les Hommes, t. 18, no 9, février 1975, p. 281-291 ; H. de THIER et J. BARTIER, L’Eglise et le temple, dans ibid. t. 27, no 2, septembre 1983, p. 73-84 ; J. LEMAIRE, L’Eglise catholique et la Franc-Maçonnerie, dans ibid., t. 27, no 1, juin 1983, p. 41-57 ; J.P. MANIGNE, Le difficile dialogue de l’Eglise et de la Franc-Maçonnerie, dans I.C.I., no 490,15 octobre 1975, p. 16-25 ; J.L. SERVAIS, Dialoguer avec les « catholiques », dans La Foi et le Temps (Tournai), t.10, no 2, mars 1980, p. 127-135. Pour une approche historique des rapports entre la laïcité et les loges maçonniques, cf. J. BARTIER, Laïcité et Franc-Maçonnerie, Bruxelles, Ed. de l’U.L.B., 1981.
68 M. VOISIN, Spécificité, p. 56.
69 ID., Vivre, p. 33.
70 H. JANNE, art. cit., p. 306.
71 S. KEULEERS, art. cit., p. 28.
72 Cf. M. VOISIN, Vivre, p. 16.
73 Cf. E. GRIFFIN-COLLART, Le rôle de la philosophie dans l’enseignement de la morale, dans Enseignement de la morale et philosophie (Coll. « Morale et enseignement »), Bruxelles, Ed. de l’U.L.B., 1980, p. 24.
74 Cf. L. DE BROUCKERE, art. cit., p. 314.
75 Par exemple, dans M. VOISIN, Spécificité, p. 51.
76 Cf. R. JOLY, Morale antique et morale chrétienne, dans Histoire de la laïcité (cf. n. 5), p.287.
77 Cf. M. VOISIN, Spécificité, p. 52.
78 Ibid., p. 59.
79 ID., Vivre, p. 33.
80 R. HAMAIDE, L'affirmation de la laïcité en Belgique, dans Histoire de la laïcité (cf. n. 5), p. 269.
81 Livre blanc de la laïcité, p. 29.
82 Relevant les signes actuels d’un retour du Sacré en Occident, H. HASQUIN cite le diagnostic de R. Bastide : « Le Sacré d’aujourd’hui se veut un Sacré sauvage contre le Sacré domestiqué des Eglises ». Estimant que « l’homme du XXIme siècle » sera encore « religieux », H. HASQUIN termine son exposé, fait devant le Grand Orient de Belgique, par cette question évocatrice : « Si par accident l’homme cessait d’être religieux, est-on certain que la franc-maçonnerie existerait encore au XXIme siècle ? » (L’homme du XXIme siècle sera-t-il encore religieux ?, dans Problèmes d’histoire du christianisme, éd. M. Mat-Hasquin, t. 12, Bruxelles, Ed. de l’U.L.B., 1983, p. 164 et 168).
83 Cf. M. VOISIN, Vivre, p. 30.
84 Cf. ID., Spécificité, p. 61 : « C’est l’homme qui instaurera le royaume de l’homme ! Et dans cette perspective « le royaume de dieu » n’est qu’une fuite de responsabilité ».
85 C’est dans cette optique, on le sait, que la laïcité milite, depuis le XIXme siècle, pour la promotion de la crémation, expression symbolique — à ses yeux — d’un refus de l’au-delà. « Le véritable tombeau des morts, c’est le coeur des vivants », telle est la devise de la Société Belge pour la Crémation, fondée dès 1906.
86 Cf. M. VOISIN, Vivre, p. 25.
87 Ibid., p. 82.
88 Cf. H. JANNE, art. cit., p. 310.
89 M. VOISIN, Vivre, p. 25.
90 L. APOSTEL, art. cit., p. 26.
91 « L’anticléricalisme dans sa vigilance pour contenir l’influence de la religion est enclin à soupçonner dans les expressions les plus banales et les plus légitimes de la croyance des indices de cléricalisme » (R. REMOND, art. Anticléricalisme, dans Dictionnaire des Religions, Paris, PUF, 1984, p. 63).
92 M. VOISIN, Vivre, p. 23.
93 Ibid., p. 40.
94 « A la haine de la religion... s’ajoute (chez certains non-croyants) un mépris, voire une révulsion, comme si l’ennemi était aussi à l’intérieur... Le psychisme s’en est défendu en l’éjectant comme une maladie » (A. VERGOTE, Religion, foi, incroyance (Psychologie et Sciences humaines, 126), Bruxelles, Mardaga, 1983, p. 194). Cette interprétation pourrait-elle être étendue à l’attitude de certains croyants face aux athées, comme si un athéisme latent et menaçant les habitait ?
95 Cf. P. POUPARD, art. Secrétariat pour les non-croyants, dans Dictionnaire des Religions (cf. n. 91), p. 1557.
96 D’éclairantes remarques sont faites à ce propos dans J. GIRARDI, Réflexions sur le fondement d’une morale laïque, dans ID., Dialogue et révolution, Paris, Cerf, 1969, p. 171-196.
97 « L’athéisme, considéré dans son ensemble, ne trouve pas son origine en lui-même, il la trouve en diverses causes, parmi lesquelles il faut compter une réaction critique en face des religions et spécialement, en certaines régions, en face de la religion chrétienne » (VATICAN II, Constitution « Gaudium et spes » sur l’Eglise dans le monde de ce temps, no 19 § 3).
98 Cf. Le livre blanc de la laïcité, p. 8 ; H. HASQUIN, art. cit., p. 161.
99 On n’invoquera pas trop facilement, pour neutraliser ces interpellations, l’assertion du P. W. SCHMIDT, reprise par E.E. EVANS-PRITCHARD : « Il n’est que trop à craindre que le non-croyant parle de religion comme un aveugle des couleurs, ou un sourd d’une belle composition musicale ».
100 « Même la religion la plus humble, la plus discrète, la plus soucieuse de ne pas porter ombrage à l’indépendance de la collectivité et à la liberté d’autrui, ne peut sans se renier renoncer à exercer une influence sur la conduite des hommes en société » (R. REMOND, art. cit., p. 69).
101 Cf. M. NEUSCH, art. Athéisme, dans Dictionnaire des Religions (cf. n. 91), p. 117.
102 M. VOISIN, Spécificité, p. 52.
103 Ibid., p. 51.
104 ID., Vivre, p. 37.
105 Cf. VATICAN II, Déclaration sur la liberté religieuse (1965), no 2 § 1.
Auteur
Professeur au Centre d’études théologiques et pastorales de Bruxelles, et chargé de cours aux Facultés universitaires Saint-Louis
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