L’angoisse, signal d’un risque subjectif
p. 439-447
Texte intégral
Introduction
1Qu’est-ce qu’un risque ? Un danger plus ou moins prévisible. Dans le champ de la psychanalyse, et au premier rang de la pratique clinique, une notion, très incarnée, se rapporte directement à l’idée de danger. C’est l’angoisse. Le Petit Robert la définit comme « un malaise physique et psychique né du sentiment de l’imminence d’un danger [...] ». Risque et danger peuvent fonctionner ici comme synonymes.
2Le risque, dans le champ interdisciplinaire, engage soit l’examen du concept comme tel, soit la représentation d’un risque objectif, plus ou moins objectivable (le risque en économie, le risque écologique, en santé publique, les conduites à risque etc.) La particularité de la psychanalyse est de se pencher sur le risque subjectif qui pour être bien présent et signalé de manière tonitruante par l’angoisse, n’est pas, lui, objectivable. Proche de la peur, l’angoisse se caractérise d’être, à l’inverse de la première, sans objet. Curieux affect qui nous met en malaise sans que nous sachions pourquoi. La découverte freudienne de l’inconscient et le rattachement progressif du phénomène de l’angoisse à son système va permettre à Freud de jeter une lumière nouvelle sur la question. L’angoisse ne se rattache à rien pour le... système conscient, ne se rattache à rien de manifeste. Mais si l’on se met à l’écoute de la dimension inconsciente, latente, l’angoisse commence, pour le sujet lui-même, à acquérir une intelligibilité.
3L’angoisse fonctionne comme un signal d’alarme qui nous mobilise contre une menace. Mais de quel type de menace l’angoisse est-elle le signal ?
I. La notion d’angoisse chez Freud
4L’angoisse, cet affect, est un phénomène omniprésent et énigmatique dans la clinique. Elle s’impose à la curiosité de Freud dès ses toutes premières réflexions puisqu’on en trouve déjà la trace dès le début de sa correspondance avec son ami Fliess, auquel il soumet ses premières tentatives d’élaboration théorique surgies de la pratique psychanalytique qu’il est en train d’inventer avec ses patients. Freud ne cessera d’ailleurs, tout au long de son œuvre, de penser le phénomène de l’angoisse.
5Au départ, la question est surtout posée en rapport aux préoccupations nosologiques de Freud. L’angoisse, telle qu’il la perçoit de manière aiguë chez un grand nombre de ses patients névrosés va lui permettre d’ouvrir le chapitre de l’angoisse névrotique et de distinguer la névrose d’angoisse (voir infra) de l’hystérie d’angoisse (phobie) et d’étudier ses manifestations dans la névrose obsessionnelle.
6On peut distinguer deux théories freudiennes de l’angoisse. La première s’élabore de 1894 à 1925, la seconde de 1926 à la fin de sa vie. La première théorie est constituée elle-même de deux approches distinctes. L’une concerne ce que Freud nomme la névrose d’angoisse. Celle-ci se caractérise précisément par le fait que le patient est en permanence et cruellement envahi par de l’angoisse que Freud ne parvient pas à relier à des traumatismes infantiles. Par contre, constatant qu’il s’agit toujours de sujets qui ont une vie sexuelle actuelle inexistante ou fortement perturbée, il conçoit une théorie toxicologique où un quantum d’excitation sexuelle psychique non déchargé se transforme en angoisse. Mais, parallèlement, Freud étudie l’angoisse dans les névroses de défense : hystérie de conversion (somatisation avec ou, rarement, sans angoisse), hystérie d’angoisse (phobie) et névrose obsessionnelle où l’angoisse apparaît en force si le rite obsessionnel est entravé. Ici, dans l’angoisse névrotique, le mécanisme en jeu serait qu’une représentation inconciliable avec la conscience bienséante – et donc refoulée – est accompagnée d’un affect également indésirable (honte, confusion, émoi, rage...) qui, ne pouvant, en tant qu’affect, être refoulé, est converti en angoisse. L’angoisse sert donc de monnaie d’échange universelle à tout affect malvenu. Le phénomène de l’angoisse est articulé à la théorie du refoulement.
7En 1926, après la parution du livre d’Otto Rank, Le traumatisme de la naissance, Freud va entièrement repenser sa théorie de l’angoisse et lui consacre un ouvrage important, Inhibition, symptôme, angoisse1. Si Freud et Rank sont d’accord pour considérer que la naissance est pour chacun l’occasion de la première sensation d’angoisse, pour Freud celle-ci n’apparaît pas du fait d’un vécu de séparation objectale qui traverserait le nourrisson encore plongé dans l’indistinction moi-non moi. Cette expérience objectale est encore inaccessible pour lui malgré ce que prétend Rank. Elle provient pour Freud de l’énorme perturbation « économique » (perturbations physiques et psychiques) que la naissance engendre. Elle trouve, avec le passage à la respiration pulmonaire et le moment d’anoxie qu’il présuppose, sa matrice formelle en tant que sensation de difficulté respiratoire voire d’étouffement. Du fait-même de cette amplitude, cette perturbation produit un premier traumatisme et avec lui, la première angoisse.
8En raison de la prématuration spécifique du bébé, ce dernier est confronté à ce que Freud qualifie de détresse primordiale du nourrisson (Hilflosichkeit). Cette situation, quelles que soient la bienveillance et l’adéquation parentales, implique la traversée de réels moments de détresse physique et psychique qui laissent des traces plus ou moins traumatiques. L’angoisse surgira dès lors chaque fois qu’une situation évoque pour le sujet le risque d’être replongé dans cette situation de détresse primordiale où il ne s’est pas senti secouru. Pour Freud, une intelligibilité de l’angoisse nécessite qu’elle soit rattachée au système inconscient où il devient lisible qu’elle se manifeste devant toutes les situations de perte et de séparation que l’enfant traverse.
9Dans Inhibition, symptôme, angoisse, Freud donne le tableau suivant qui reprend pour chaque période de la construction psychique le danger auquel le psychisme doit faire face et qui génère de l’angoisse :
Période | Danger |
Immaturité du moi | Détresse psychique dérivée de la détresse biologique |
Dépendance des premières années | Perte de l’objet |
Phase phallique | Castration |
Période de latence | Colère du surmoi |
10Il est à noter que les différentes périodes peuvent subsister côte-à-côte dans le psychisme.
II. La notion d’angoisse chez Lacan
11Prenant le contre-pied de Freud sur ce point, Lacan estime que l’angoisse ne résulte pas d’une perte mais d’un envahissement2. Et si même il peut s’agir de perte, ce n’est pas celle que vise Freud. Chez ce dernier ce qui est en jeu, on l’a vu, est l’abandon par l’autre secourable qui risque de me replonger dans une détresse primordiale. Pour Lacan la perte angoissante c’est plutôt tout ce que je perds de moi du fait des réquisits de l’Autre. La condition de l’angoisse pour lui est le manque du manque. Le manque étant la condition du désir, tout ce qui peut venir exagérément le boucher génère de l’angoisse. Pour Lacan, l’angoisse c’est d’être la visée d’un désir de l’Autre, chaque fois que cette visée risque de m’annuler en tant que sujet désirant. Il reprend les étapes freudiennes en y articulant un danger différent.
12Pour lui, l’angoisse a un objet mais un objet fort particulier qu’il appelle l’objet a. Retenons ici simplement de ce concept très complexe qu’il s’agit d’un objet partiel, qui est toujours une partie du corps propre sollicité par l’Autre et qui a dès lors été imaginairement perdu par le sujet du fait même d’avoir été cédé à cet Autre. Ce qui se joue autour du nourrissage, du sein, suscite toujours aussi une angoisse d’être vampirisé par un sein omniprésent, envahissant, gaveur, intrusif dont l’anorexique, par exemple, se défend. Autour du scybale, de l’objet anal, se manifeste l’angoisse d’être contrôlé, maîtrisé, dressé dans une exigence maternelle de propreté voire de « torchage », comme dit Lacan, illimitée. Autour du phallus qui, rappelons-le, en tant qu’il apparaît comme primat, correspond uniquement à une théorie infantile précoce que se donne l’enfant pour expliquer la différence des sexes, se noue l’angoisse de la castration.
13Lacan complète le tableau en y ajoutant deux objets partiels : d’abord le regard qui saisit une belle totalité permettant d’élider l’angoisse par le désir visuel. Sa théorie semble ici contradictoire puisqu’il n’y a là ni manque ni angoisse. Mais il vise quelque chose d’autre : dans l’image, dans le miroir, le corps comme totalité ne semble pas entamé, du moins pour le névrosé. Ensuite la voix. Et on sait l’importance que Lacan accorde à la dimension symbolique, au signifiant, à la parole. Si la première angoisse est par rapport à l’Autre, parce que je me demande ce qu’il me veut et que, n’en sachant trop rien, il représente un danger pour moi (che vuoi ?, selon la formule de Lacan), le deuxième moment, celui de la nomination, permet à l’angoisse, enfin, de s’élaborer et non plus de s’éluder. Ce qui correspond à ce moment de nomination - le moment où l’Autre énonce la place et l’identité du sujet ainsi que les exigences et interdits qui en résultent – est ce que Lacan va conceptualiser comme Nom-du-père. C’est le moment qui permet à l’angoisse de se convertir en culpabilité élaborable.
14Tentons de rendre compte très brièvement et simplement de ce concept très complexe, ramifié, multivoque et même instable dans l’œuvre de Lacan. Le Nom-du-père est une opération de langage par laquelle l’instance maternelle signifie à son enfant qu’elle est tributaire, elle, la mère, quant à son propre désir, d’un autre que celui-ci, l’enfant. Elle lui signifie en faisant exister par le verbe un autre objet de désir que l’enfant et lui signifie aussi que la situation fondamentale qui les unit ne se configure pas à deux mais à trois. Le Nom-du-père est donc l’opération symbolique qui permettrait, structurellement, au sujet d’être dans autre chose que l’inceste.
15Pour résumer à grands traits et reprendre notre question initiale de ce qui angoisse dans l’angoisse, ou de quel danger l’angoisse est le signal, disons que, pour Freud comme pour Lacan, le phénomène de l’angoisse concerne toujours nos relations affectives, la matrice de celles-ci étant constituée par nos relations affectives archaïques et de prime enfance, au sein de la constellation familiale ou de ce qui en fait fonction, les premières que nous ayons nouées et qui impriment leurs marques et leurs traces sur toutes celles qui suivront.
III. L’issue lacanienne à l’angoisse
16Comme on l’a vu, ce qui vient arrêter le développement infini de l’angoisse selon Lacan est la nomination de la place, de l’identité du sujet et partant, des interdits y afférant.
17Cette vision suscite aujourd’hui un débat majeur dans la communauté analytique et au-delà d’elle dans les sciences humaines. En effet, la place accordée au père symbolique positionne celui-ci dans le registre de la Loi, de la parole, de la séparation et du manque tandis que la mère appartient à celui de la voracité, de l’engloutissement, de la fusion, de l’inceste. Elle est, pour reprendre l’image de Lacan, un crocodile toujours prêt à ravaler son propre produit. Crocodile empêché dans son mouvement par le père qui vient placer son bâton (phallique) entre les mâchoires du monstre. Dans cette conception, la mère n’apparaît pas vraiment comme un sujet. Comme pour Freud, le père, la sphère paternelle, est du côté de l’intelligible tandis que la mère, la sphère maternelle est du côté du sensible. D’un côté le monde de l’esprit, de l’autre celui de la chair. Divers auteurs, dont par exemple Jacques Derrida, Sabine Prokhoris, Claude Levesque et récemment Michel Tort (Fin du dogme paternel), tentent d’interroger et de déconstruire la solution paternelle lacanienne en ce qu’elle rejoint les principaux présupposés de la domination masculine, du patriarcat et du phallocentrisme.
18Lacan pointe dès 1938 un déclin de la fonction paternelle. Différents auteurs lacaniens sont partis de cette élaboration théorique pour se faire, et de manière bruyante depuis quelques années, les annonciateurs prophétiques d’une nouvelle apocalypse imminente. Dans une civilisation post-patriarcale, le père ou son instance, ne serait plus capable d’accomplir valablement sa fonction. Ce qui suppose que sa fonction existante et connue est, sans aucun doute pour ces auteurs, de structure et donc immuable et universelle. Quelle est-elle ? Elle est foncièrement de présentifier symboliquement l’interdit séparateur mère-enfant, matrice de tout interdit, de toute Loi. Que cette solution paternelle exprimée de cette façon soit une construction historique incluant des préjugés de la domination masculine millénaire qui a fait son temps et qui est en train d’être remplacée par de nouveaux dispositifs de distribution du pouvoir et des contre-pouvoirs qui en résultent, que dès lors ce n’est pas l’existence de l’interdit qui est en cause mais ses modalités de transmission semble fort angoisser certains psychanalystes nostalgiques. D’après ces prophètes de mauvais augure, nous serions entrés dans un monde sans limites, matriarcal, incestuel, qui dénie la différence des sexes (mécanisme propre à la perversion). Forts d’une « psychanalyse » devenue science prédictive ( !), ils nous annoncent la montée en flèche d’une perversion généralisée, d’un accroissement spectaculaire des psychopathies et des psychoses (forclusion du Nom-du-père).
IV. L’issue freudienne à l’angoisse
19D’un côté, Freud développe dans ses écrits « historiques », qui sont plutôt mythologiques (Totem et tabou et Moïse et la religion monothéiste), une figure du père exaltée, idéalisée, celle d’un père fondateur de la civilisation, de la culture. Le père, contrairement à la mère, étant incertain, c’est pour Freud un progrès de l’esprit qui a permis à la culture de donner au père une place reconnue. Il s’agit du passage du sensible (maternel) à l’intelligible (paternel). Michel Tort analyse ces productions comme un symptôme de Freud : symptôme de son rapport à son propre père et au judaïsme comme religion de ses pères3.
20Mais dans un autre ouvrage, L’avenir d’une illusion, Freud aborde la question d’une issue face à l’angoisse. Dans cet ouvrage, Freud s’en prend à la religion en tant que celle-ci s’apparente pour lui à une illusion. Sa thèse : Dieu est la figure sur-idéalisée du père. L’enjeu : « rendre la détresse humaine supportable4. » Le prototype : la situation infantile. La mère, dit Freud, en tant qu’elle satisfait la faim, est le premier objet d’amour, la première protection contre l’angoisse. « Plus tard elle est remplacée par le père plus fort, plus protecteur ». Verdict : « [...] la religion est comparable à une névrose infantile » « vous dites que l’homme ne saurait absolument pas se passer de la consolation que lui apporte l’illusion religieuse, que, sans elle, il ne supporterait pas le poids de la vie, la réalité cruelle. Oui, cela est vrai de l’homme à qui vous avez instillé dès l’enfance le doux – ou doux et amer – poison. Mais de l’autre, qui a été élevé dans la sobriété ? Peut-être celui qui ne souffre d’aucune névrose n’a-t-il pas besoin d’ivresse pour étourdir celle-ci. Sans aucun doute l’homme alors se trouvera dans une situation difficile ; il sera contraint de s’avouer toute sa détresse, sa petitesse dans l’ensemble de l’univers ; il ne sera plus le centre de la création, l’objet des tendres soins d’une Providence bénévole. Il se trouvera dans la même situation qu’un enfant qui a quitté la maison paternelle, où il se sentait si bien et où il avait chaud. Mais le stade de l’infantilisme n’est-il pas destiné à être dépassé ? L’homme ne peut pas éternellement demeurer un enfant, il lui faut enfin s’aventurer dans l’univers hostile. On peut appeler cela "l’éducation en vue de la réalité" ; ai-je besoin de vous dire que mon unique dessein, en écrivant cette étude, est d’attirer l’attention sur la nécessité qui s’impose de réaliser ce progrès ? Vous craignez sans doute que l’homme ne supporte pas cette rude épreuve ? Cependant, espérons toujours. C’est déjà quelque chose que de se savoir réduit à ses propres forces. On apprend alors à s’en servir comme il convient5. »
21Pour Freud, la solution paternelle est une solution infantile à l’angoisse infantile. Elle doit être dépassée comme illusion infantile grâce à la prise d’autonomie, à la raison et, dans l’analyse, par l’élaboration du refoulé (inconscient et infantile sont des synonymes).
Conclusion
22Là où certaines approches ont pour visée de faire taire l’angoisse, la psychanalyse a vocation de la laisser parler, condition pour qu’elle soit élaborable. Dans notre société, la tendance est à couvrir les risques afin de risquer le moins possible. La tendance au pragmatisme et à l’efficacité ne favorise pas les démarches introspectives par rapport à l’angoisse. Mais la repousser, tenter de l’enterrer, néglige ou sous-estime les effets souterrains délétères d’une telle démarche, effets révélés par la clinique.
23Tant qu’il y aura du désir et de l’angoisse, la psychanalyse sera vivante. Car ce qu’elle propose dans son dispositif tout à fait singulier (association libre du côté de l’analysant, écoute avec suspension de tout préjugé de la part de l’analyste), c’est précisément de permettre au désir et à l’angoisse de se formuler dans les méandres de l’association libre, d’être entendus, reconnus, d’être élaborés et perlaborés. Que par ce travail d’analyse l’affect d’angoisse puisse retrouver l’affect dérangeant (émoi, rage, honte...) contre lequel il a été changé, et l’angoisse névrotique perd sa raison d’être.
Notes de bas de page
1 S. Freud, Inhibition, symptôme, angoisse, Paris, PUF, 1961.
2 J. Lacan, Le Séminaire, tome X, Paris, Seuil, 2004.
3 M. Tort, Fin du dogme paternel, Paris, Aubier, 2005.
4 S. Freud, L’avenir d'une illusion, Paris, PUF, 1971, p. 26.
5 S. Freud, L’avenir d'une illusion, Paris, PUF, 1971, p. 70.
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Les ambivalences du risque
Ce livre est cité par
- Leider, Blanche. (2014) Les recommandations médicales au secours des familles en période critique. Retraite et société, n° 67. DOI: 10.3917/rs.067.0043
- Quirion, Bastien. D’Addese, Lisa. (2011) De l’évaluation clinique au calcul de probabilité : le recours aux outils actuariels dans les pénitenciers canadiens. Criminologie, 44. DOI: 10.7202/1005798ar
Les ambivalences du risque
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