Chapitre VI. Au-delà des frontières : la construction d’une identité supranationale chez les fonctionnaires de l’UNESCO
p. 179-208
Résumé
Ce chapitre s’interroge sur la réalité et la faisabilité d’une identité qui fait fi des frontrières nationales, dans un environnement multinational comme le sont les Nations Unies. En prenant comme population les fonctionnaires y travaillant, cette contribution explore le processus d’élaboration d’une telle identité à travers notamment l’invention du rôle « supranational » de fonctionnaire international. La première partie se concentre sur les éléments de « communalité » sur lesquels repose l’identité des fonctionnaires internationaux et sur les acteurs qui se sont investis dans cette entreprise. Elle revient pour cela aux années cinquante et aux luttes de définition qui ont eu lieu aussi bien dans les milieux académiques qu’au sein du « second UN » lui-même. A partir du cas de l’Organisation des Nations Unies pour l’Éducation, la Science et la Culture, Meryl David-Isamyil montre comment l’Association du personnel a veillé à l’inscription des fonctionnaires internationaux dans le groupe des « diplomates » en participant par exemple à la stylisation des modes de vie. La seconde partie du texte s’intéresse à la persistance des attaches et appartenances nationales au sein d’un tel groupe. Contrairement aux ambitions affichées en effet, les frontières nationales sont toujours bien présentes et leurs « gardiens » ne sont pas toujours ceux que l’on croit. Au-delà des États, qui vont jouer un rôle important dans le maintien de la pertinence de ces critères nationaux d’identité, les fonctionnaires internationaux eux-mêmes participent activement à l’entretien de ces liens qui peuvent être problématiques au regard des textes et réglements. Certains de leurs comportements ont même parfois constitué une négation totale de « l’esprit international » dont ils doivent se prévaloir selon les Normes de conduite requises des fonctionnaires internationaux.
Texte intégral
1Si les fonctionnaires européens peuvent encore construire leur identité collective sur des altérités géographiques, ce schéma n’est plus possible dans le cas des fonctionnaires internationaux, le système des Nations Unies reposant sur le principe de l’universalisme. Comment se forme alors l’identité de ce groupe d’individus qui se dit être « au service de la communauté internationale », voire représenter cette dernière ? Cette question est intéressante à explorer dans le cadre d’une réflexion sur la notion de frontière puisqu’elle permet notamment de mesurer l’importance des frontières nationales au sein des milieux « internationaux ». Apparemment, il n’y a en effet pas d’« Autre » à cette échelle ; or on sait que « les identités collectives se forment toujours par contraste les unes avec les autres2 ». La construction d’une identité commune va donc reposer sur d’autres éléments, comme l’appartenance à un même milieu social.
2Cependant, même dans un milieu multinational comme les Nations Unies et alors même que les « international civil servants can be portrayed as transnational cosmopolitan elites3 », il y a persistance des attaches et appartenances nationales. Les frontières de cet ordre, c’est-à-dire relatives aux États-nations, sont donc toujours bien présentes et leurs « gardiens » ne sont pas toujours ceux que l’on croit. Certes, les États en général vont jouer un rôle dans le maintien de la pertinence de ces critères nationaux d’identité. Mais, d’une part, cette volonté de garder le lien avec les « compatriotes » de la part des États peut être interprétée comme un effet de contrainte de la structure du système international et, d’autre part, des acteurs comme les associations de fonctionnaires internationaux ou les fonctionnaires internationaux eux-mêmes participent activement à l’entretien de ces liens qui peuvent être problématiques au regard des textes et règlements. Et cette participation est d’autant plus surprenante au premier abord que les associations du personnel des organisations internationales ont traditionnellement contribué à l’invention d’un rôle de fonctionnaire international fortement distancié des États.
3Dans ce chapitre, on reviendra d’abord sur le processus d’élaboration d’une « identité supranationale », c’est-à-dire qui fait fi des frontières nationales, en étudiant l’invention de ce rôle de fonctionnaire international. On se demandera sur quels éléments de « communalité », pour reprendre l’expression proposée par Rogers Brubaker4, repose l’identité des fonctionnaires internationaux, comment elle a été construite et quels sont les acteurs qui se sont investis dans cette entreprise. On remontera pour cela aux années cinquante et aux luttes de définition qui ont eu lieu aussi bien dans les milieux académiques qu’au sein du « second UN » lui-même. A partir du cas d’une organisation en particulier, l’Organisation des Nations Unies pour l’Éducation, la Science et la Culture (UNESCO, basée à Paris) au sein de laquelle les recherches empiriques ont été menées5, on expliquera par exemple comment l’Association du personnel a veillé à l’inscription des fonctionnaires internationaux dans le groupe des « diplomates » en participant à la stylisation des modes de vie.
4Dans la deuxième partie, on s’arrêtera sur les effets de contrainte de la structure du système international qui permettent de rendre compte du fait que des États aussi différents que l’Allemagne nazie, l’Italie fasciste, les États-Unis au sortir de la Seconde Guerre mondiale ou encore l’URSS, ont adopté une même attitude face à la fonction publique internationale (FPI), attitude qui allait à l’encontre de son principe d’indépendance en niant la « loyauté internationale » des fonctionnaires internationaux. On finira enfin par pointer ce qui semble être un paradoxe pour l’institution spécialisée des Nations Unies en charge de la lutte contre le racisme : à savoir la relégation, au sein même du personnel de cette Organisation, de « l’esprit international » dont les fonctionnaires internationaux doivent se prévaloir selon les Normes de conduite requises des fonctionnaires internationaux. Cette relégation de « l’esprit international » qui a pu se traduire par des phénomènes de racisme primaire, couplée à la négation de la « loyauté internationale » de la part des États, constituent indéniablement les principaux freins à l’émergence d’une identité détachée des référents nationaux.
I. Construire une identité « internationale » : retour sur une ambition
5Depuis plusieurs années déjà, l’identité est une notion « à la mode ». La notion se voit en effet sur-utilisée et donc saturée de sens et de significations. Comme le souligne Rogers Brubaker, elle constitue à la fois une catégorie de pratique sociale et politique et une catégorie d’analyse sociale, à l’image d’autres notions en sciences sociales telles que « nation », « classe », ou encore « communauté ». Les acteurs sociaux l’utilisent dans leurs rapports quotidiens et peuvent l’instrumentaliser à des fins politiques ou autres, souvent sous forme de revendications.
6Brubaker propose alors, pour aller « au-delà de l’identité », de lui substituer trois familles de termes : identification et catégorisation, autocompréhension et localisation sociale, et enfin « communalité », « connexité » et « groupalité ». C’est de la groupalité que nous partirons pour rendre compte de ce processus continu qu’est la construction d’une identité commune aux fonctionnaires internationaux. Dans cette première partie, nous analyserons comment le développement de l’action collective au sein de cette population a permis le maintien voire le développement de la forte « groupalité » des origines. Nous étudierons également l’élaboration et la diffusion tant par les fonctionnaires que par certains universitaires d’un discours unificateur qui élève les fonctionnaires internationaux au rang de « nouvelle catégorie humaine ». Enfin, le choix des diplomates comme groupe de référence et la stylisation des modes de vies font partie intégrante du processus de construction de cette identité commune qui fait fi des frontières nationales.
A. La forte « groupalité » des origines et le développement de l’action collective
7La « groupalité » est ce sentiment d’appartenir à un groupe, limité, solidaire, et se constitue aussi bien d’éléments de « communalité », c’est-à-dire le partage d’attributs communs, que de « connexité », ces « attaches relationnelles qui lient les gens entre eux6 ». Dans les tout débuts de l’UNESCO, la « groupalité » semble avoir été quelque chose d’évident du fait que les premiers fonctionnaires, expatriés ou non, se vivaient comme « des gens qui n’avaient pas de “chez eux” ». C’est ainsi que l’Association du personnel de l’UNESCO présente les fonctionnaires de cette organisation dans un éditorial de Mercury7 du début de l’année 19478. Ce statut d’« expatrié » fait que ces agents rencontrent les mêmes problèmes concrets : logement9, approvisionnement en produits étrangers10, scolarité des enfants11. Certes, dans le Paris d’après-guerre, les problèmes de logement ou de ravitaillement concernent tout le monde et pas seulement les fonctionnaires internationaux, mais c’est ensemble, au sein de leur « communauté », que ces derniers vont les résoudre. L’idée de créer une coopérative va par exemple rapidement émerger (dès mars 1947). Et cette coopérative, à laquelle les retraités actuels attachent aujourd’hui encore de l’importance au regard de leur « mobilisation » de 2008 pour maintenir celle-ci ouverte, de devenir un lieu fort de sociabilité pour cette communauté en devenir (voir l’encadré no 1), contribuant ainsi au développement de cette « connexité » dont parle Rogers Brubaker.
Encadré no 1
De l’importance de la coopérative pour les fonctionnaires
« La coopérative était avec la cafétéria et le bar, l’un des lieux de rencontre de notre communauté. Elle comprenait alors, tous grades confondus, un bon millier de personnes, dont les deux tiers environ étaient des expatriés qui ne connaissaient personne, ou presque personne à Paris. Nous vivions très largement entre nous, au travail, bien sûr, mais aussi hors du travail. Jusqu’à nos conversations qui se teintaient d’un jargon plus ou moins bilingue, mêlé d’expressions nées de nos formules bureaucratiques, par exemple : "quand tu auras checké ce mémo tu me le renvoies avec un slip." Des liaisons se nouaient et nourrissaient un abondant folklore, fait d’aventures fugaces, de rencontres imprévues entre légitimes et illégitimes, de ruptures et de mariages. Les Français eux-mêmes, peu à peu aspirés par cette nébuleuse, s’y intégraient. Il m’est arrivé de dire que j’ai passé trente ans de ma vie bien plus à l’UNESCO qu’à Paris12. »
8L’interconnaissance entre fonctionnaires au début de l’Organisation est par ailleurs entretenue par le bulletin d’information de l’Association du personnel qui, dans les premiers temps de l’UNESCO, rapporte jusqu’aux propos qu’aurait tenus l’enfant de tel fonctionnaire ou les activités de l’épouse de tel autre, et bien sûr, annonce les naissances, mariages et autres évènements « mondains »13. Comme l’expliquent les fondateurs, « la création de l’Association du Personnel pré-Unesco constitua la première manifestation de la conscience que nous avions de former une communauté, une communauté que rapproche autre chose que le fait d’émarger tous à la même Caisse, et le Mercure constitua la première manifestation du désir qu’avait l’Association de créer un lien vivant entre tous les membres de l’Unesco14 ». Ce bulletin auquel les agents semblent tenir15, et au-delà de lui l’Association elle-même, constituent ainsi des catalyseurs de cette « groupalité » des origines et en cela vont contribuer à la perpétuer.
9Mais au-delà du règlement des problèmes concrets rencontrés par les fonctionnaires, l’Association va également s’attribuer des missions moins « matérielles » comme être « responsable du moral du personnel16 » ou bien contribuer « à la création d’une véritable fonction publique internationale17 » en faisant prendre « conscience » à chaque fonctionnaire de son « rôle particulier ». Dès 1949, le Comité exécutif affirme par exemple : « un des buts de notre association est de nous aider à prendre conscience de notre rôle particulier de “fonctionnaires internationaux” au sein de la communauté humaine […]18 ». Dans cette perspective, un discours insistant sur le caractère inédit et unique de la FPI, et par conséquent de ses « serviteurs », va progressivement se mettre en place et être porté aussi bien par les associations du personnel que par des acteurs extérieurs tels que certains juristes et autres spécialistes de l’administration internationale. Lors des commémorations du vingtième anniversaire de l’UNESCO, on peut ainsi lire dans le bulletin d’information de l’Association du personnel :
[N] i diplomate, ni soldat mais participant un peu des deux, le fonctionnaire international, ce “tiers qui, par définition, n’est ni arbitre, ni partie”, qui ne représente personne, qui occupe une place à part sans précédent dans l’histoire, ne doit pas oublier qu’il constitue désormais une nouvelle catégorie humaine, qui témoigne, utopiquement mais, il faut l’espérer, prophétiquement, de l’unité de la famille humaine tout entière19.
B. Le fonctionnaire international comme « nouvelle catégorie humaine »
10Sont repris dans ce journal associatif des passages entiers d’un ouvrage d’un juriste français, Georges Langrod, un auteur de référence pour tous ceux qui s’intéressent à la FPI20. Langrod développe l’idée que « l’apparition sur la scène internationale du tiers impartial constitue un bouleversement véritablement révolutionnaire. […] sa naissance symbolise un nouvel essai – capital parce qu’institutionnalisé – de l’introduction de l’élément de l’ordre dans la vie internationale21 ». Les fonctionnaires internationaux seraient selon lui une « personnification » de l’intérêt « international » ou « universel »22. Lui et d’autres développent ce que devrait être le « loyalisme international »23 et « l’esprit international », et considèrent que seuls les fonctionnaires internationaux s’essaieraient « au rôle de catalyseur de [cet] esprit international24 ».
11Les fonctionnaires de l’UNESCO vont s’engouffrer dans cette brèche, à commencer par le « premier » d’entre eux, René Maheu25, qui conforte les fonctionnaires dans cette croyance. Dans le discours qu’il leur adresse à l’occasion du vingtième anniversaire, il insiste sur le fait que « les fonctionnaires missionnaires de ces organisations auront joué un rôle essentiel dans la préparation d’un monde nouveau » ; que le « sens de l’universel » est une des « vertus essentielles du fonctionnaire international26 ». Les membres de l’Association du personnel vont également reprendre la rhétorique de Langrod et construire le rôle de fonctionnaire international en opposition à celui de leur homologue national qui serait, quant à lui, enfermé dans les frontières nationales, car « les fonctionnaires internationaux ne se trouvent jamais dans une situation comparable à celle de diplomates mandatés par leur gouvernement et responsables devant ce dernier.27 » A l’inverse de celui-ci, le fonctionnaire international « représente loyalement l’intérêt international auprès des délégations nationales qu’il a à servir.28 » Lors de ce vingtième anniversaire toujours, le Comité exécutif de l’Association se demande : « sommes-nous une préfiguration, une ébauche, un embryon, d’un gouvernement mondial auquel l’humanité finira par confier le sort ?29 » Question à laquelle il répond : « ce que nous sommes avant tout c’est l’expression vivante ou, si l’on préfère, le symbole de cette solidarité internationale, de cette unité fondamentale de l’espèce humaine, sans lesquelles on ne peut concevoir l’avenir. »
12Cette philosophie qui doit imprégner et guider le comportement de tout un chacun n’est pas seulement mobilisée lors de ces grands moments de commémoration : un simple hommage posthume permet par exemple de se souvenir que le fonctionnaire décédé était avant tout un « nouveau serviteur de la res publica30 ». Les vœux du Comité exécutif sont également l’occasion de souligner que « les fonctionnaires internationaux demeurent pleinement conscients qu’ils sont l’ébauche d’un monde en devenir31 ». Même dans des numéros « ordinaires » de leur bulletin d’information on peut lire que « les fonctionnaires internationaux constituent une espèce à part32 » ; ailleurs, les rédacteurs rappellent à leurs pairs « la conscience planétaire qui doit être la nôtre33 » et que « c’est en ne dépendant uniquement que de la Communauté internationale que nous servons le plus utilement la culture de notre pays d’origine dans ce qu’elle a de meilleur et d’universel34. » Ce qui va caractériser le fonctionnaire international est donc précisément la négation ou la relégation des frontières nationales au rang d’« archaïsmes ». Pour les plus fervents, « la justification de notre identité par une administration nationale » en vient elle-même, en effet, à être considérée comme une « pratique archaïque35 » ; et de souhaiter de se « libérer » de ces « liens nationaux restrictifs36. » On peut lire par exemple dans la profession de foi d’une fonctionnaire pour les élections au Comité exécutif de l’Association du personnel, la présentation suivante :
[J] e suis née sur la planète Terre le 21 avril 1944. Le hasard a choisi pour moi comme lieu de naissance Rome, en Italie. J’ai toujours trouvé la notion de nationalité quelque peu réductrice et limitative pour l’être humain. Je préfère plutôt me considérer comme citoyenne du monde n’appartenant qu’à une seule et grande famille : l’humanité37.
13Sans surprise, certains anciens fonctionnaires parlent de « conversion à l’universel » dans leurs « souvenirs » ; d’autres soulignent que les fonctionnaires internationaux sont des « acteurs de la culture “terrienne” en devenir38 ». Ce terme de « terrien » n’est d’ailleurs pas une exception dans leur littérature. La singularité et le caractère inédit du métier de fonctionnaire international sont ainsi constamment rappelés aux agents qui sont priés de s’y conformer s’ils veulent être considérés comme de « bons » fonctionnaires internationaux selon les normes indigènes. Ce travail de construction du rôle de fonctionnaire international qu’opèrent les représentants du personnel va donc s’appuyer sur la figure du diplomate, c’est-à-dire du représentant permanent « national » par définition, et en s’en distinguant, va permettre de créer et de prendre conscience de cette identité particulière qui fait fi des frontières nationales. L’identité de ce groupe s’est en effet formée sur l’idée que ce sont eux, et eux seuls, qui représentent et travaillent « pour » la « communauté internationale » dont ils défendent et personnifient l’intérêt. Les fonctionnaires internationaux se considèrent comme les « précurseurs de la communauté internationale de demain39 » et estiment ne rien avoir en commun avec les représentants des États membres, c’est-à-dire les membres des délégations permanentes qui sont même identifiés par certains comme des « intrus » à l’origine de la dégradation de la FPI40.
C. Les « diplomates » comme groupe de référence
14La frontière du groupe, c’est-à-dire ce qui distingue le « eux » du « nous » et qui « a pour objectif d’instituer le groupe ainsi constitué » comme le rappelle Christine Schaut41, va donc se situer entre ceux qui reconnaissent les frontières nationales et s’y inscrivent et ceux qui font d’ores et déjà partie de l’« universel ». Mais si les fonctionnaires internationaux vont construire leur rôle par opposition à leurs homologues nationaux, la référence à la figure du diplomate est en même temps ambiguë car celle-ci va également constituer une référence, d’un point de vue sociologique, pour les fonctionnaires internationaux.
15Dès la mise en place des Nations Unies (et même du temps de la Société des Nations), les fonctionnaires internationaux se sont en effet construits en référence, sociologiquement parlant, aux diplomates. Leurs « pairs », même s’ils s’en distinguent, ce sont les membres des ambassades nationales et en aucun cas les représentants d’ONG par exemple (avec lesquels ils travaillent également). Ainsi, dès 1947, on peut lire par exemple dans Mercury que l’équipe de squash de l’UNESCO « envisage de former une équipe Unesco-Ecito qui lancerait un défi aux joueurs de l’ambassade britannique42 ». Une fois de plus, le bulletin d’information de l’Association du personnel est une source de premier ordre car son étude rend compte du travail de stylisation des modes de vie qui a été opéré auprès de ces premières générations de fonctionnaires internationaux. Les informations contenues dans Mercury témoignent en effet, autant qu’elles ont participé à le construire, d’un mode de vie qui s’inscrit très clairement dans celui de la haute bourgeoisie (voir l’encadré no 2).
Encadré no 2
L’Association du personnel et la stylisation des modes de vie
à l’image de ce qu’ont opéré les syndicats de cadres et qui a abouti à une « représentation stylisée du cadre de « haut niveau » doté d’attributs possédant une valeur emblématique particulièrement forte : H.E.C., I.B.M., Marketing, publicité, informatique, Mercedes ou BMW43 », on assiste de la part de l’Association du personnel à une entreprise de « stylisation des modes de vie » des fonctionnaires internationaux, ce que Didier Georgakakis a également observé à propos des syndicats européens44. Lorsque l’Association s’occupe des problèmes de logement par exemple, elle souligne que cet aspect renvoie en fait à un « style de vie45 ». Par ailleurs, « pour ceux qui n’ont pas le temps de le découvrir par eux-mêmes46 », les rédacteurs de Mercury consacrent un article au Musée de l’homme, enjoignant en cela les fonctionnaires à s’intéresser à ce dernier en particulier et à la « culture » en général. Les comptes rendus de visite d’« exposition de peinture47 » et les articles sur « la mode chez Christian Dior48 » participent de la même logique. Dès 1947 toujours, le Comité exécutif de l’Association s’interroge sur « la possibilité de faire et d’entendre de la musique au personnel de l’UNESCO49 ». Sport, loisir, culture : il est possible de retrouver tous les aspects du mode de vie de la haute bourgeoisie dans Mercury, comme les œuvres de bienfaisance également50, ou encore l’appartenance à des clubs sélectifs tels que le Racing ou le Rotary.
16L’Association du personnel contribue très clairement à la diffusion de normes professionnelles (elle se prononce sur ce que serait « une fonction publique internationale digne de ce nom51 ») mais aussi sociales qui participent de la construction et de l’institutionnalisation du rôle de fonctionnaire international (« le véritable statut de fonctionnaire international52 »). L’Association se pose de plus comme « censeur » de la bienséance qui doit régner dans un milieu aussi « cultivé » que celui des fonctionnaires internationaux, et n’hésite pas à rappeler à l’ordre ceux qui s’en écartent53. Le rôle de l’Association est donc de régler les « problèmes qui nous concernent tous », de « créer des centres d’intérêts communs54 », de « susciter une vie intellectuelle et artistique au sein même du secrétariat55 » mais aussi de veiller au respect et au maintien d’un certain style de vie que se doivent d’honorer les fonctionnaires internationaux.
17Les discussions qui ont eu cours durant les années soixante-dix, sur « l’engagement » des fonctionnaires internationaux, peuvent également être analysées comme des « rappels à l’ordre » de la part des tenants de cette conception du rôle de fonctionnaire international. Au moment des « évènements » au Chili en septembre 1973, un groupe de fonctionnaires de l’UNESCO rédige une pétition « demandant au Directeur général d’intervenir pour que soient respectés les droits de l’homme, et en particulier, le droit d’asile dans ce pays56 ». Lors d’une assemblée du Conseil, un « débat animé » a lieu sur l’opportunité ou non d’une résolution sur ce sujet, les uns la justifiant au regard du « caractère exceptionnel de la situation au Chili », les autres mettant « en garde le Conseil contre toute action n’étant pas du ressort de l’Association et qui nuirait à la solidarité de cette dernière. » Une résolution est finalement adoptée et sera publiée dans un supplément d’Opinion57. Mais le débat ne s’arrête pas là, plusieurs fonctionnaires prenant la plume pour exposer leur point de vue58.
18Deux ans plus tard, en 1975, le même débat ou presque refait surface à l’occasion d’exécutions en Espagne59. Ce qui est en jeu à chaque fois, c’est la définition légitime du « bon » fonctionnaire international et très clairement son maintien dans le sillage de la « diplomatie »60. Car si le rôle de fonctionnaire international s’est dans une certaine mesure construit par opposition à celui du diplomate national, le groupe revendique la même éthique professionnelle (le refus de ce qu’ils considèrent comme une « politisation »61) ainsi qu’une appartenance commune au même monde, celui de la haute bourgeoisie et de l’aristocratie, dont sont souvent issus les diplomates à cette période-là62. Toute la complexité et l’ambivalence de la notion de frontière, sur lesquelles Christine Schaut conclut son chapitre, sont ici palpables. On constate en effet que l’opposition aux diplomates nationaux est relative alors même que la circulation d’un ensemble à l’autre la rend d’autant plus nécessaire. Circulation que les anciens aiment à mettre en avant aujourd’hui :
[B]eaucoup, après avoir quitté l’institution, font de brillantes carrières dans leur pays, au niveau ministériel le plus clair du temps, souvent aussi en qualité d’ambassadeurs. Dans un cas comme dans l’autre, ils et elles sont légion ; et leur style dans l’exercice de leurs nouvelles fonctions doit beaucoup à l’expérience engrangée au sein de l’Organisation, – comme si s’étaient façonnées au creuset de l’UNESCO des mentalités conquises à l’international63.
19Mais cette « conversion à l’international » n’a rien d’évident et elle a pu être freinée aussi bien par l’attitude des États membres que par l’Association elle-même paradoxalement.
II. La persistance du national au sein de l’international
20Le principe d’indépendance de la FPI « signifie que la personne recrutée par une organisation, tout en conservant sa nationalité, doit être, dans l’exercice de ses fonctions, totalement indépendante de son pays de nationalité64 ». Établi sous la SDN, on le retrouve dans tous les règlements car il est censé protéger les fonctionnaires internationaux de toute tentative d’influence de la part de leur État dans le cadre de leur fonction. Mais dès cette époque, certains gouvernements, comme l’Allemagne nazie ou l’Italie fasciste, ont refusé ce principe, imposant une logique nationale. Comme l’explique Sandrine Kott, « jouant sur le flou juridique qui préside à la fondation de l’OIT, les nazis imposent au BIT une logique nationale. Ils demandent et obtiennent le renvoi des fonctionnaires et experts allemands qu’ils considèrent comme politiquement peu sûrs65 ». Les États-Unis feront de même à l’UNESCO dans les années cinquante, témoignant en cela de la force de contrainte de la structure du système international.
A. Les effets de contrainte du système international
21Au milieu des années cinquante, le gouvernement américain exigea en effet le renvoi de sept Américains travaillant pour l’UNESCO car il ne les jugeait pas assez « loyaux » ; c’est « l’Affaire des Américains » pour laquelle l’UNESCO a été condamnée par la Cour internationale de Justice pour ne pas avoir respecté le principe d’indépendance de la FPI66. Concernant le recrutement, dès la mise en place du système des Nations Unies, les États-Unis ont imposé un « filtrage national », traduction des termes « screening » ou « clearing », pour tout Américain souhaitant ne serait-ce que « collaborer67 » avec une organisation internationale. Mais outre cette procédure de « clearance » qui va donc s’imposer très tôt, le gouvernement des États-Unis n’hésite pas à exiger de ses ressortissants qu’ils rendent de menus services, comme l’explique un ancien fonctionnaire de l’UNESCO68, considérant que leur loyauté doit aller premièrement et uniquement à leur État. Cette attitude qui constituait indéniablement un frein à l’avènement de la « loyauté internationale » telle que promue et exigée dans les textes et règlements relatifs à la FPI était également partagée par l’autre Bloc durant la Guerre froide. La différence est que, contrairement aux États-Unis qui officiellement ne se disaient pas contre les principes de la FPI mais les violaient dans les faits et passaient des accords secrets avec les dirigeants des organisations internationales69, l’Union soviétique affichait et assumait cette opposition. Les notions de neutralité et d’indépendance, qui sont « l’élément clé » du statut de fonctionnaire international selon les juristes Alain Pellet et David Ruzié70, sont en effet totalement étrangères au système administratif soviétique. Le mot de Khrouchtchev restera d’ailleurs célèbre : « alors qu’il y a des États neutres, il n’y a pas d’hommes neutres71 ».
22Cette sincérité a fait dire à certains que les fonctionnaires internationaux soviétiques n’étaient pas de « véritables fonctionnaires internationaux72 », des universitaires allant même jusqu’à parler d’« une instrumentalisation séditieuse73 » de la FPI de la part de l’Union soviétique. Cependant, outre une tendance naturelle à l’échelle individuelle à se retrouver entre personnes partageant une culture et une langue communes lorsque l’on vit à l’étranger (comme pour nombre d’immigrés ou d’expatriés, quelle que soit leur nationalité), contribuant sans doute à une loyauté nationale paradoxalement renforcée dans le chef des diplomates, il faut plutôt voir dans cette persistance du primat national une manifestation des effets de contrainte de la structure du système international lui-même. Depuis Theory of International Politics de Kenneth Waltz74, on sait en effet que la structure du système international compte pour comprendre l’attitude des États, et il en va de même pour comprendre l’attitude de ces derniers vis-à-vis du « new type of public institution75 » qu’est la FPI. Concrètement, la Realpolitik s’est traduite au sein des organisations internationales par ce refus d’une FPI indépendante de la part des deux Grands durant la Guerre froide, et se décline aujourd’hui en une « politique de présence »76 pour les États qui en ont les moyens, autrement dit, une lutte pour occuper un maximum de postes au sein des secrétariats internationaux, qui repose sur la conception assumée ou non d’une loyauté première à l’égard de son État.
23Les effets de contrainte du système international permettent donc de rendre compte du fait que tous les États qui comptent (counting states) – quelle qu’ait été la nature des régimes politiques de ces États – ont adopté cette même attitude vis-à-vis de la FPI. On rappellera que la structure du système international est quelque chose de différent des unités qui le composent, qui agit comme un « écran », à l’image du marché dans la théorie micro-économique. Et Waltz de souligner : « the effects are produced in two ways : through socialization of the actors and through competition among them ». La structure du système international va par conséquent « sélectionner » les acteurs ; « those who conform to accepted and successful practices more often rise to the top and are likelier to stay there77 ». C’est ainsi que l’on peut comprendre pourquoi des États enclins à l’origine à respecter les règles normatives de la FPI (dont son principe d’indépendance) se sont progressivement orientés vers la mise en place de ce genre de politiques, notamment depuis la fin de la Guerre froide78 : s’ils veulent compter dans le jeu, ils doivent en suivre les règles, et plus précisément les règles pragmatiques.
B. La relégation de l’« esprit international » au sein même du groupe des fonctionnaires
24Mais si l’attitude des États qui comptent n’a pas favorisé l’avènement de cette « loyauté internationale », on note qu’à l’UNESCO l’Association du personnel elle-même n’a pas forcément contribué non plus au développement de l’« esprit international79 ». Les Normes de conduite requises des fonctionnaires internationaux, parues pour la première fois en 1954 et auxquelles sont soumises toutes les personnes travaillant pour une organisation internationale, expliquent que l’esprit international
désigne le fait de respecter le droit d’autrui d’avoir des opinions et des schémas culturels bien différents. Cela suppose que le fonctionnaire international est disposé à travailler sans parti pris avec des personnes de toutes nationalités, religions et cultures, se montre constamment sensible à la signification des propositions, des circonstances ou des déclarations qui peuvent avoir pour d’autres personnes et évite scrupuleusement tout propos susceptible d’être considéré comme entaché de parti pris ou d’intolérance […]80.
25Cette exigence de tolérance et d’ouverture d’esprit va également être développée dans les années cinquante par le Directeur général de l’UNESCO, Luther Evans ; dans un éditorial81, il l’érige même en véritable « compétence » à l’aune de laquelle devraient être évalués les fonctionnaires en poste (voir l’encadré no 3). En cela, cet éditorial constitue une remise en cause à peine voilée de la légitimité de certains fonctionnaires occidentaux à occuper des postes au sein du secrétariat d’une organisation internationale en général et de l’UNESCO en particulier. Cette prise de position d’Evans s’inscrit dans un débat plus général portant sur le principe de répartition géographique que l’on retrouve posé à cette époque dans d’autres arènes des Nations Unies et qui a toujours constitué un sujet sensible pour les fonctionnaires. Dès le départ, ce principe fondateur de la FPI, établi lui aussi dès la SDN et jugé « crucial » par les fondateurs du Système des Nations Unies82, a en effet été considéré comme un « danger »83 par les fonctionnaires en place qui étaient majoritairement occidentaux84. Progressivement l’idée s’impose, au sein d’une partie du personnel, que les deux principes de base de la FPI, compétence et internationalité, peuvent être contradictoires.
Encadré no 3
La répartition géographique ou l’esprit international comme compétence première des fonctionnaires internationaux
Dans cet éditorial intitulé « la répartition géographique du personnel du secrétariat », Luther Evans explique qu’il s’est « souvent demandé quel est le sens du mot “compétence” » et que « nombre de ces Occidentaux si “efficients” sont bien loin d’avoir de l’efficience, au vrai sens du terme. » Pour Evans, « la qualité la plus importante, c’est la sensibilité sur le plan moral ». Il ne faut pas raisonner « comme si l’Unesco avait pour rôle de mettre des pommes de terre dans un sac, le plus vite possible, aux moindres frais, avec un minimum de main-d’œuvre, etc. […] [U] ne fois sortis de notre cadre culturel familier, nous sommes presque tous maladroits » rappelle-t-il. Pour lui, « la seule solution consiste [donc] à avoir un Secrétariat largement représentatif, qui soit en contact et en sympathie avec toutes les formes contemporaines de la civilisation humaine. […] ». Il poursuit : « je puis vous assurer que certains programmes ne sont devenus acceptables pour tel ou tel pays ou groupe de pays que lorsqu’on a confié un rôle actif dans leur application à quelqu’un qui connaissait vraiment ces pays de l’intérieur. Peut-être cet homme a-t-il écrit moins de lettres, peut-être a-t-il fallu que sa secrétaire corrige sa syntaxe dans la langue de travail ; mais il a gagné plus de cœurs, il a inspiré davantage de réformes parmi ses compatriotes, il a contribué à atténuer des haines ou des préjugés qui dressaient les hommes les uns contre les autres ». Et de terminer en affirmant que « si l’on avait apprécié cette qualité [celle de savoir « développer une sympathie plus large et une compréhension plus profonde à l’égard des sociétés différentes de la nôtre »], peut-être n’auriez-vous pas votre poste actuel ! ».
26Dès les années cinquante, certains représentants du personnel n’hésitent pas à affirmer publiquement qu’« il arrive que la répartition géographique soit à l’encontre du rendement et de l’efficacité85 ». Si le président de l’Association du personnel, un Pakistanais à l’époque, rappelle qu’« il n’existe pas de contradiction entre le concept de représentation géographique et celui de compétence ou de loyauté [et que] le privilège de la loyauté envers l’Organisation et ses buts relatifs à la compréhension internationale devrait être celui de toutes les nationalités et non de quelques-unes seulement86 », cette position ne va pas être relayée par la suite en raison de l’hégémonie française qui s’instaure au début des années soixante, qui se traduit notamment par l’arrivée de René Maheu à la tête de l’Organisation87. A partir de ce moment, les Français étant surreprésentés, on ne trouve plus rien sur l’importance de cette compétence pour exercer le métier de fonctionnaire international ou ne serait-ce que pour le bon fonctionnement de l’Organisation. Au début des années quatre-vingt, on pourra même lire dans une publication de l’Association du personnel que « la tentation de considérer le Secrétariat comme une “poubelle dorée” est d’autant plus forte que les conditions d’emploi dans certains pays sont moins favorables que dans le Secrétariat. […] La compétence professionnelle [sous-entendu, une compétence purement administrative] doit recevoir la priorité88 » y est-il martelé alors que l’importance de la répartition géographique du Secrétariat n’est à aucun moment mentionnée. Au cours des années soixante-dix et quatre-vingt, ce discours va même prendre des connotations clairement racistes à l’UNESCO, balayant complètement « l’esprit international » et l’exigence d’ouverture d’esprit. Michel Prévost par exemple, bien qu’il reconnaisse qu’il fallait sans doute « ouvrir plus largement [les] rangs aux compétences du “Tiers-Monde” », se fait ainsi l’écho dans ses mémoires de ce discours disqualifiant à l’égard des « nouveaux arrivants89 ». En entretien, plusieurs anciens nous ont expliqué que certains fonctionnaires nouvellement recrutés étaient désignés sous le terme de « géo » pour « géographique », « car on savait qu’ils avaient été recrutés pour leur nationalité90 », ce qui revenait à leur dénier a priori toute autre « compétence ». Et il en ira de même pour l’élection en 1974 d’Amadou Mahtar M’Bow, premier Africain à devenir Directeur général d’une des principales organisations internationales ; selon certains, ce dernier aurait uniquement été élu parce que « c’était le tour de l’Afrique91 » alors qu’il n’aurait pas été compétent pour occuper ce poste – affirmation que l’on retrouve même sous la plume de certains universitaires92.
C. « L’UNESCO ou le NÉGRESCO… »
27S’il est possible de parler ici de racisme, c’est que le critère d’attribution de ce terme indigène de « géo » n’était pas simplement fonction du statut du pays d’origine du fonctionnaire (pays non ou sous-représenté au sein du Secrétariat) ; il semble en effet avoir été utilisé essentiellement à l’encontre des ressortissants de pays du Sud93. C’est ce que constate l’Association internationale du personnel de l’UNESCO (AIPU) dans les années 1980 :
Charger ceux que l’on considère incompétents ou parachutés, c’est d’abord trahir son refus de l’égalité des cultures car, curieusement, ces qualificatifs ne s’appliquent qu’à ceux qui viennent de certaines régions (souligné par nos soins). Il est en effet significatif que depuis 1974 tout recrutement de fonctionnaire dans ces régions est ressenti comme un scandale par certains […]94.
281974 marque l’arrivée de M’Bow à la tête de l’Organisation au terme d’une véritable « guerre » interne, Maheu, bien qu’âgé à l’époque de 69 ans et gravement malade depuis plusieurs années95, ayant souhaité se présenter pour un troisième mandat. Et un témoin privilégié d’expliquer :
M’Bow c’est la goutte d’eau qui va faire déborder le vase, c’est la ligne jaune franchie ; ces colonisés qui vont prétendre pour la première fois à la direction d’une organisation internationale, […] dans ma naïveté, je pensais qu’on se serait glorifié de ça, que l’UNESCO aurait été fière d’avoir fait de ce pas-là. Mais ça a été le contraire. Tout s’est organisé à partir de ce jour-là pour démontrer qu’il ne pourrait pas diriger cette maison. Nous avons été dans tous les journaux, il a été traîné dans la boue, il n’a pas été défendu comme il aurait dû l’être96.
29Et effectivement, quelques mois après l’investiture de M’Bow, le journal français d’extrême droite Minute publiait un article intitulé « L’UNESCO ou le NÉGRESCO… ». Mais ce qu’il faut savoir, c’est que cette expression de « Négresco »97, qui perdurera tout le mandat de M’Bow, est l’invention non pas d’une presse xénophobe comme beaucoup de fonctionnaires le croient ou veulent le croire, mais bien des fonctionnaires de l’UNESCO eux-mêmes, comme le précise l’article. En entretien, certains d’entre eux n’hésitent d’ailleurs pas à affirmer que cette expression est « amusante », voire « très drôle ».
30C’est vers la fin du mandat de M’Bow que la violence symbolique et le racisme atteignent leur summum à l’UNESCO. Les témoignages des acteurs, bien que rares soient les anciens fonctionnaires à accepter de parler de ce sujet à visage découvert98, sont sans équivoque à ce propos, un ancien fonctionnaire français expliquant par exemple qu’« il y a eu un afflux de Noirs » et qu’effectivement, « il y a eu vraiment du racisme à ce moment-là […] » (voir l’encadré no 4). Les archives rendent compte également de cette situation puisqu’une brochure d’information de l’AIPU nous apprend que le 10 décembre 1985, Z’Ahidi Ngoma, un Zaïrois alors Président de cette association, décide d’entamer une grève de la faim – moyen d’action totalement inédit dans le répertoire d’action des fonctionnaires internationaux – « pour que le racisme n’ait pas sa place à l’UNESCO99 ». Et de préciser que « ces attitudes, dont la démonstration a été donnée au cours de l’Assemblée de l’Association du personnel du 9 décembre 1985, sont incompatibles avec l’exercice de la Fonction publique internationale et le message au monde de l’Unesco100 ». L’Association du personnel porte en effet une responsabilité certaine dans le développement de ce qui est la négation même de l’« esprit international » dont doivent se prévaloir les fonctionnaires internationaux. A aucun moment elle n’a favorisé son émergence ; c’est le contraire même qui semble s’être produit puisque l’UNESCO est l’unique institution du système des Nations Unies à avoir connu en son sein une division de son personnel sur des bases « géo-culturelles », dans les termes employés.
Encadré no 4
Du racisme à l’UNESCO ?
« Alors on a fait venir énormément d’Africains. […] Les Africains peut-être maintenant ça s’est arrangé mais à l’époque le gouvernement changeait tout le temps, selon les ethnies, et on plaçait le cousin du ministre, le neveu du ministre, le beau-frère du ministre […]. Donc [M’Bow] nommait à tour de bras. Des fois même les Norvégiens étaient africains, ils étaient noirs quoi. Je veux dire qu’on prenait des Africains avec toutes les nationalités possibles… Alors il y a eu un afflux de Noirs, des Noirs…
- mais ça, ça ne changeait rien à la répartition géographique, si on prenait un Canadien ou un Norvégien parce qu’il était Noir…
- Ah si, ah bah si. Parce que c’étaient des Africains d’origine, je veux dire.
- Oui mais on s’en fout, entre guillemets, qu’il soit Africain d’origine, puisque c’est la nationalité qui compte.
- Ça arrangeait les nationalités.., ça arrangeait les Norvégiens. Ça…
bon, mais en fait, il y a eu quand même beaucoup d’Africains qui sont arrivés, d’Africains d’une nationalité africaine qui sont arrivés, mais il y avait aussi d’autres, et il y a eu un afflux de Noirs qui étaient revendicatifs, qui… qui ne parlaient que du colonialisme. Alors, je peux le comprendre, mais nous, on n’y était pour rien [rire], c’était nos grands parents, voire nos parents. Alors évidemment, il a commencé à y avoir une réaction anti-noire ; les gens se sont, et il y a eu vraiment du racisme à ce moment-là. […] En 87, où c’était vraiment devenu épouvantable, à la fin du mandat de M’Bow. […] Nous, les Européens, nous étions sous la coupe des Africains101. »
31A la fin de l’année 1980, l’AIPU, « une association du personnel de l’Unesco réellement internationale102 », voit le jour au terme de plusieurs années de conflits entre fonctionnaires. « Née du souci de prendre en compte concrètement la diversité géoculturelle des membres du Secrétariat103 », les agents investis dans cette association revendiquent d’être habités par « un esprit authentiquement international » et se donnent pour mission d’« éliminer la discrimination au sein du Secrétariat », vilipendant par-là tout « groupe culturel qui prétendrait à l’universalisme culturel104 ». Comme Amara Camara l’explique trente ans plus tard, « l’universel de l’époque nous rejetait, nous le Tiers-monde105 », illustrant en cela comment, concrètement, l’universel peut parfois fonctionner « comme un dispositif idéologique de domination106 ». Car en essayant de construire une identité commune qui ne tenait pas compte des frontières nationales, les tenants de la première Association du personnel ont refusé dans le même temps la diversité culturelle caractéristique des milieux internationaux, diversité culturelle que les fonctionnaires des organisations onusiennes ont toujours été encouragés à conserver et dont la promotion est au cœur même du mandat de l’UNESCO. Ce que propose l’AIPU est donc « une nouvelle façon d’être fonctionnaire à l’UNESCO », marquant ainsi l’échec de cette « identité supranationale » professée pendant des décennies et qui était en fait dans la pratique, la négation même de cet « esprit international » propre à la FPI.
Conclusion
32Alors que l’UNESCO, en tant qu’institution, était à l’avant-garde de la décolonisation et de la lutte contre le racisme, selon ce témoin privilégié qu’est Amara Camara « elle a refusé la décolonisation de l’intérieur107 ». Si le paroxysme des tensions « raciales » est indéniablement atteint lors de la crise des années quatre-vingt, certains signes avant-coureurs sont perceptibles bien en amont. En 1977 par exemple, plusieurs candidats aux élections du Comité exécutif de l’Association du personnel laissaient entendre dans leurs professions de foi qu’« il n’y a pas assez de communication interculturelle parmi les différents peuples même au sein de l’Association (sic) » et appelaient donc au « strict respect de l’Homme par une compréhension mutuelle entre les différentes régions culturelles108 ». En 1973, trois fonctionnaires avaient signé un article dans Opinion dans lequel ils affirmaient que « le racisme est même dans la maison109 ». Le rapport de la Table ronde110 de 1970 y consacrait un paragraphe explicite111. Dès 1957, un fonctionnaire qui avait souhaité rester anonyme soulignait que « pour être fonctionnaire international, on n’en est pas moins homme », titre même de son article paru dans Les Nouvelles du Secrétariat : il y mentionnait pêle-mêle « notre vernis cosmopolite, notre sentiment d’avoir une mission, notre air de nous accommoder de mœurs et de manières différentes », ce qui n’a en fait rien d’évident en effet, mais rares sont les fonctionnaires, actifs ou anciens, qui le reconnaissent. A ce titre, le témoignage de Nino Chiappano, un Italien entré lui aussi dans les années soixante, est exceptionnel autant par sa réflexivité que par son honnêteté intellectuelle. Il rend compte notamment de ce qu’a été pour lui « la découverte de l’altérité »
amère surprise, si on est honnête avec soi-même, de découvrir l’étendue et la puissance des stéréotypes. Je m’aperçois que ma perception des personnes et des choses est passée à travers le filtre des préjugés, qui superposent leurs couleurs à la réalité qui m’entoure, qui m’enveloppe. Ethnocentrisme. Racisme inconscient. Long, laborieux, sera le chemin du dépassement, la progression du refus au respect112.
33Ce qui ressort de ce témoignage, c’est d’une part l’impréparation de cet agent au « choc anthropologique » (terme utilisé dans son témoignage), d’autre part l’absence de « soutien » de la part de l’UNESCO, que ce soit de l’Administration ou bien de l’Association du personnel, pour y faire face : l’« aideront l’effort de comprendre, l’autocritique, une plus intime fréquentation des êtres, et dans des rencontres privilégiées, l’amitié et l’amour », comme Nino Chiappano le précise. Nulle part il n’est question d’une quelconque formation en matière de « dialogue interculturel », « tolérance et compréhension », « respect de cultures et de coutumes différentes », « ouverture d’esprit », autrement dit de formation à « l’esprit international » tel qu’il est stipulé dans les Normes de conduite requises des fonctionnaires internationaux. Dans un autre témoignage, cet ancien fonctionnaire confirmera d’ailleurs cette absence de formation113. Pourtant, dès les années soixante, George Langrod pointait le fait que « l’esprit international » était « une œuvre d’éducation114 ». Se pose alors ici la question de la formation des fonctionnaires internationaux, et on peut se demander si ces tensions interculturelles bien réelles ne sont pas précisément une conséquence de l’absence de formation à la FPI.
34Cette formation auprès des fonctionnaires était d’autant plus nécessaire que les États membres qui veulent compter au sein du système international n’étaient et ne sont toujours pas enclins à favoriser le développement de ce qui constituerait selon certains « one of the most important innovations in the history of humanity115 », à savoir la « loyauté internationale ». Construire une identité du même ordre, c’est-à-dire qui fait fi des frontières nationales, était donc possible et dans les premiers temps l’Association du personnel de l’UNESCO y a activement participé, que ce soit par l’entretien de la « groupalité » des origines à travers le développement de l’action collective, l’instauration d’un groupe de référence en la personne collective des diplomates, la mobilisation d’un discours sur le caractère innovant du rôle de fonctionnaire international, ou encore la stylisation des modes vie. L’Association, par contre, ne s’est pas investie dans le développement de « l’esprit international » qui « s’acquiert grâce à l’entraînement adéquat116 ». Si durant les premières années d’existence de l’Organisation, des initiatives spontanées avaient été prises afin de renforcer la connaissance et la compréhension mutuelle entre les différentes cultures présentes au Secrétariat, comme lors d’évènements nationaux particuliers117 ou à l’occasion de fêtes culturelles118 ou nationales, ces pratiques n’ont pas été reprises par l’Association alors même que « la célébration des fêtes nationales à la maison de l’Unesco par des réceptions sans caractère officiel, offertes à l’ensemble du personnel par les nationaux dont c’est la fête, est […] une contribution précieuse au développement de l’entente, du respect et de l’amitié entre nations, qui sont de règle à la maison de l’Unesco119 ». Le fait que l’Association ait été très vite dominée par un groupe de Français ne faisant preuve ni d’ouverture d’esprit, ni de « bonne volonté »120, explique peut-être que cette « règle » se soit perdue et, partant, explique l’échec de l’instauration d’une « identité réellement internationale ». A l’UNESCO en tout cas.
Bibliographie
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Notes de bas de page
2 Badie (Bertrand), Sadoun (Marc) dir., L’Autre, Études réunies pour Alfred Grosser, Paris, Presses de Sciences Po, 1996.
3 Anderfuhren-Biget (Simon), Häfliger (Ursula), Hug (Simon), « The Values of Staff in International Organizations », in Reinalda (Bob) dir., Routledge Handbook of International Organization, New York, Routledge, 2013, p. 273.
4 Brubaker (Rogers), « Au-delà de l’identité », Actes de la Recherche en Sciences Sociales, 2001, no 139, p. 69.
5 Ces recherches ont été menées dans le cadre de notre doctorat de science politique qui avait pour objet l’étude du processus de construction du groupe formé par les fonctionnaires de l’UNESCO. Cette enquête de plusieurs années comprend aussi bien des entretiens (plus d’une centaine) que du travail en archives ainsi que plusieurs périodes d’observation directe (voir David-Ismayil (Meryll), Les fonctionnaires internationaux : un groupe non professionnalisé ? La formation du groupe des fonctionnaires de l’UNESCO comme analyseur des rapports de domination à l’échelle internationale, thèse de science politique soutenue à l’université Paris 1, 2013). Outre des extraits d’entretiens réalisés dans le cadre de notre thèse, les matériaux mobilisés dans ce chapitre sont essentiellement des documents d’archives dont certaines, comme celles des associations du personnel de l’UNESCO, n’avaient jamais été exploitées. Extrêmement riches, elles constituent une source exceptionnelle pour qui souhaite ouvrir la boîte noire des organisations internationales.
6 Brubaker (Rogers), op. cit., p. 79.
7 Nom du premier bulletin d’information de l’Association qui prendra par la suite le nom d’Opinion.
8 « Nous sommes tous plus ou moins, français ou étrangers, des gens qui n’avons pas de “chez nous”. » in Mercury, no 20, 26th March 1947. Dans un autre éditorial, on peut lire que « lors de l’arrivée de l’Unesco à Paris, en septembre dernier, nous étions déjà quelques 200 membres du secrétariat, venus d’une trentaine de pays différents, ne se connaissant pas pour la plupart et pour la plupart ne connaissant pas Paris. […] » in Mercury, no 14, 12th February 1947.
9 En 1946, « de tous les problèmes qui préoccupent le personnel de l’Unesco c’est celui du logement que l’on discute le plus certainement et avec le plus d’anxiété. » (Mercury, no 6, November 1946) Mercury souligne par ailleurs que « l’anxiété » liée à ce problème « s’aggrave du fait que beaucoup d’entre nous sont appelés pour la première fois à vivre à l’étranger », ce qui renvoie à ce statut d’expatrié.
10 Autre « problème extrêmement urgent », les cartes de rationnement françaises, qui sont liées aux « cartes d’identité » que le gouvernement français doit délivrer aux fonctionnaires internationaux (no 10, 13th January 1947).
11 Sur la création des écoles internationales pour les enfants de fonctionnaires onusiens, voir Dugonjic (Leonora), « Who Needs a United Nations School ? A Struggle between International Officials and Education Specialists. New York, 1946-1949 », Prospects. Quarterly Review of Comparative Education, special issue Setting a Global Education Agenda : A Historical Perspective, 45(1), 2015, p. 127-140.
12 Prévost (Michel), L’île des Uneskimos, Paris, 1997, p. 49-50. Michel Prévost était un Français entré en 1947 à l’UNESCO et qui fait toute sa carrière à l’UNESCO. Par chance (Prévost ayant occupé un rôle important au sein de l’Association du personnel et pour l’Organisation elle-même), il a déposé ses mémoires aux archives de l’UNESCO quelques mois avant son décès en 1996. Ce manuscrit non publié de plus de 300 pages et intitulé L’île des Uneskimos, est disponible aux archives de l’Organisation.
13 Voir notamment les rubriques « corridor echoes » et « unesco diary » de Mercury.
14 Mercury, no 14, 12th February 1947.
15 Preuve en sont les plaintes d’anciens fonctionnaires lorsque ceux-ci reçoivent le bulletin avec du retard (voir par exemple Opinion 4-1960 et Opinion avril-mai 1981).
16 Opinion, 1-1966.
17 St. A/976, mars 1960.
18 « Les buts de l’Association », STA Bulletin, septembre 1949, no 1.
19 Opinion 3, 1966. Nous soulignons.
20 Son ouvrage paru en 1962, La Fonction publique internationale, sa genèse, son essence, son évolution, est en effet devenu un « ouvrage de référence » sur la FPI dans le monde académique, aussi bien anglo-saxon que francophone.
21 Langrod (Georges), op. cit., p. 71.
22 Ibidem, p. 241.
23 Exposé au paragraphe 7 des Normes de conduite requises des fonctionnaires internationaux.
24 Langrod (Georges), op. cit., p. 45.
25 Directeur général de l’UNESCO de 1962 à 1974 et par intérim dès 1960.
26 Opinion 3-1966. La compilation de ses discours, publiés à cette occasion, s’intitule d’ailleurs La Civilisation de l’universel.
27 Langrod (Georges), op. cit., p. 76.
28 Opinion 1, 1967.
29 Opinion 3, 1966.
30 Opinion 2, 1969.
31 Supplément 7 d’Opinion, le 29 décembre 1970.
32 Opinion 3, 1969.
33 Opinion 11, 1976.
34 Opinion 2, 1969.
35 Opinion 2, 1969.
36 Opinion, décembre 1973.
37 Opinion spécial élections, 19 mars 1986.
38 AAFU, L’UNESCO racontée…, op. cit., p. 65 et 63 respectivement.
39 Lien 85.
40 Une ancienne de l’UNESCO écrit ainsi : « les rares délégués permanents, qui à l’époque erraient discrètement dans les couloirs, logeaient dans des bâtiments préfabriqués dans la cour arrière de Fontenoy. Avec le temps, leur nombre s’accrut considérablement ainsi que leur pouvoir. On les installa dans de nouveaux bâtiments, privilèges à l’appui. L’indépendance de la fonction publique internationale allait se fissurer et sa déontologie avec » (in Chlebowska (Krystyna), Souvenirs d’une FPO, AAFU, 2004, p. 22).
41 Voir sa contribution « Des murs et des passages. Une approche socio-anthropologique de la frontière » dans le présent ouvrage.
42 Mercury, no 17, 5th March 1947.
43 Boltanski (Luc), Les Cadres, la formation d’un groupe social, Paris, Éditions de Minuit, 1982, p. 488.
44 Georgakakis (Didier), « The institutionalisation of the European administrative corps as a transnational elites », in Kauppi (Niilo), Madsen (Mikael Rask) dir., Transnational Power Elites : The New Professionals of Governance, Law and Security, London, Routlege, 2013, p. 36-64.
45 Intitulé précisément « Problèmes de logements et style de vie », un éditorial de 1948 fait mention du « besoin de recevoir, de s’entretenir intellectuellement », ce qui n’est pas possible lorsque l’on est logé dans une chambre d’hôtel ou chez l’habitant, et les rédacteurs de mettre en garde contre le fait que « le secrétariat peut être amené à en souffrir plus tard » (in Mercury, no 45, 4th February 1948).
46 Mercury, no 18, 12th March 1947.
47 Mercury, no 14, 12th February 1947.
48 Mercury, no 47, 16th March 1948.
49 « Ce ne serait là qu’un modeste prélude à un effort général de développement du désir de culture, lequel, nous semble-t-il, aidera davantage à la création d’un Secrétariat international permanent que toutes les excellentes dispositions, en voie de réalisation, qui ont été prises pour assurer au personnel un maximum de bien-être dans l’ordre social et dans l’ordre matériel » (in Mercury, no 32, 9th July1947).
50 no 14, 12th February 1947.
51 Opinion 1, 1969. Opinion 3, 1966.
52 Opinion 2, 1969.
53 « Un minimum d’esprit de corps, de tenue et de courtoisie est certes indispensable dans un milieu cultivé comme le nôtre – et le comité de Mercure est précisément là pour veiller à la correction du ton comme à celle du style » (no 48, 28 avril 1948).
54 « Les buts de l’Association », STA Bulletin, septembre 1949, no 1.
55 STA Bulletin, January 1950, no 4.
56 St. A/C. 73/49, 25 septembre 1973.
57 Suppl. 4-1973.
58 Voir notamment les articles suivants : « les fonctionnaires de l’UNESCO et la politique » et la lettre ouverte de Raymond Johnson in Opinion 2-1974, ainsi que Opinion de décembre 1973.
59 STA/C.75/58, 22 octobre 1975. Compte-rendu de la réunion du Conseil du 30 septembre.
60 Meredith Kingston de Leusse a étudié cette « réserve et cette distanciation, caractéristiques du rôle de l’ambassadeur. » Elle rend compte également de « la sanction diplomatique des audaces » par le corps lui-même, ce qui n’est pas sans rappeler les cas présentement exposés (Kingston de Leusse (Meredith), Diplomate, une sociologie des ambassadeurs, Paris, L’Harmattan, 1998, p. 118 sq.).
61 Opinion 2-1974.
62 Kingston de Leusse (Meredith), op. cit., p. 63.
63 AAFU, op. cit., p. 274.
64 Hadi Maher (Abdel), La Carrière internationale, Saint-Étienne, CERPAJE, 1984, p. 14.
65 Kott (Sandrine), « Dynamiques de l’internationalisation : l’Allemagne et l’Organisation internationale du travail (1919-1940) », Critique internationale, 2011/3, no 52.
66 Ces sept fonctionnaires avaient été renvoyés pour avoir refusé de témoigner devant une commission gouvernementale. On est alors en plein maccarthysme. Pour plus de détails, voir notre thèse de doctorat.
67 « Aucune forme de collaboration entre le Secrétariat et un ressortissant américain ne peut intervenir sans l’obtention préalable d’un avis favorable du Département d’État, même s’il s’agit d’une participation pour laquelle il n’est pas versé d’honoraires » indique ainsi une note interne au Secrétariat de l’UNESCO faisant le point sur « les bases des interventions des gouvernements des États membres dans les procédures de recrutement de membres du Secrétariat » (CPX/UCE/2/C/200/78.015, 10 juillet 1978).
68 Raymond Johnson explique ainsi les pressions qu’il a subies dans les années soixante et les « services » qu’il a rendus (comme la transmission du dossier confidentiel d’un fonctionnaire soviétique). Voir son article « Être américain à l’Unesco dans les années soixante », Lien, no 80, avril-juin 2002.
69 Voir notamment Archibald (Gail), Les États-Unis et l’UNESCO, 1944-1963, Paris, Publications de la Sorbonne, 1993, p. 172 sq. et Behrstock (Julian), The Eighth Case, Troubled Times at the United Nations, University Press of America, 1987, p. 25 sq.
70 Pellet (Alain), Ruzié (David), Les Fonctionnaires internationaux, Paris, PUF, 1993, p. 12.
71 Et de continuer son discours en expliquant qu’« il ne peut exister un fonctionnaire impartial dans ce monde profondément divisé et le genre de célibat politique que préconise la théorie britannique du fonctionnaire est une fiction dans les affaires internationales […] ». Entretien avec Nikita Khrouchtchev, New York Herald Tribune, 17 avril 1961, qui sera repris par Dag Hammarskjöld lors de son discours d’Oxford, et qui est cité dans de nombreux ouvrages portant sur les Nations Unies.
72 Prévost, op. cit., p. 173. Cette conception est également revenue au cours d’entretiens. Nous soulignons.
73 Placidi (Delphine), Le Multilatéralisme onusien dans les politiques extérieures française et russe depuis 1945, ressources et contraintes de la coopération internationale, thèse de doctorat de science politique soutenue à l’IEP de Paris, 2008, p. 325.
74 Waltz (Kenneth), Theory of International Politics, New York, McGraw Hill, 1979.
75 Mailick (Sidney), « Towards an International Civil Service », Public Administration Review, May-June 1970, p. 206.
76 Terme indigène que l’on retrouve notamment dans les documents officiels du ministère des affaires étrangères français. Pour plus de détails, voir David-Ismayil (Meryll), « Les politiques de présence des États occidentaux au sein des organisations internationales : comprendre le maintien de la domination occidentale à partir du cas français », Études internationales, vol. XLV, no 2, 2014, p. 285-307.
77 Waltz (Kenneth), op. cit., p. 74 et 92.
78 C’est le cas de l’Allemagne, de la France ou encore du Japon.
79 C’est l’expression « international-mindedness » qui est utilisée en anglais.
80 Paragraphe 13.
81 UNESCO House News, 13, 1957. UNESCO House News était un bulletin d’information interne à l’UNESCO paru dans les années cinquante.
82 Voir à ce sujet notre article dans Études internationales.
83 Comme on peut le lire par exemple dans un des bulletins d’information de l’Association du personnel, « the only danger for the present temporary staff was the question of geographical distribution as one or two countries had far too many members on the staff and Unesco, as international body, was bound to draw in representatives from all over the world » (Mercury, no 10, 13th January 1947).
84 Selon la première Unesco Staff list, les Français représentaient 47 % de l’ensemble du personnel de l’UNESCO et les Britanniques 30 %, alors qu’à l’époque, l’Organisation comptait déjà 30 pays membres (Unesco Staff list arranged by nationality. Deuxième session du Conseil Exécutif du 3 avril 1947).
85 St. A/1.004, 28 juin 1960. Compte-rendu de la session extraordinaire de l’Assemblée du 11 janvier 1960.
86 Dans l’éditorial du numéro 28 d’Opinion en 1959, intitulé « The true international spirit », il développe l’idée que l’accroissement du nombre des États membres devrait être répercuté dans toutes les structures de l’association (revendication à l’origine de la scission de l’Association du personnel à la fin des années soixante-dix et de la création de l’Association internationale du personnel de l’UNESCO – AIPU – au début des années quatre-vingt) et affirme que « our international outlook is the measure of our justification to be international civil servants ».
87 René Maheu n’était à l’époque qu’un « simple » fonctionnaire ayant fait toute sa carrière au sein de l’Organisation, alors que les dirigeants d’organisations internationales sont censés être des personnalités politiques choisies pour leurs compétences dans les domaines de l’Organisation qu’ils vont diriger. Pour comprendre comment il a pu accéder au pouvoir, se reporter à notre thèse de doctorat. Y sont expliquées également les collusions qui ont existé entre lui et l’Association du personnel (dirigée elle aussi par un groupe de Français dont Michel Prévost est un des piliers) et qui lui ont permis de diriger d’une main de fer l’UNESCO pendant près de quinze ans (1960-1974).
88 « Réformes proposées par la STA pour améliorer le fonctionnement de l’Organisation », 1983.
89 Il écrit par exemple que, « sous couvert de répartition géographique, s’établit un clientélisme de plus en plus ouvert. […] C’est alors que nous avons commencé à dire : “nous étions entrés dans le système des NU pour le servir ; voici que sonne l’heure de ceux qui y entrent pour s’en servir”. Je n’eus pas de mal à me rendre compte d’une baisse du niveau moyen des nouvelles recrues. […] L’incompétence chasse la compétence » (Prévost (Michel), op. cit., p. 255-256).
90 Entretien avec une ancienne fonctionnaire de nationalité française entrée dans les années cinquante, août 2011.
91 Ibidem.
92 Thomas Weiss par exemple parle de « l’incompétence flagrante d’Amadou Mahtar M’Bow et d’Edouard Saouma (Directeur général de la FAO de 1976 à 1993, Édouard Saouma était libanais) [qui] furent élus parce que c’était le tour de leur région de diriger l’Organisation. Tous deux accomplirent plusieurs mandats et mirent leur institution au bord de la faillite » selon lui (Rapport commémoratif de l’AAFI-AFICS, 90e anniversaire de la création de la fonction publique internationale, 2009, p. 19).
93 Ainsi, un Monégasque, fils du maire de Monaco et qui « n’était vraiment pas une lumière si vous voyez ce que je veux dire, […] son orthographe était épouvantable, […] mais Monaco était très actif à l’UNESCO ; ils faisaient plein de choses et ils n’avaient aucun représentant, donc… » (entretien précité ; cette ancienne fonctionnaire avait eu ce Monégasque un temps dans son service) ; lui, ne s’est pas vu affublé de ce qualificatif de « géo ».
94 Et de demander si « la compétence serait […] elle l’apanage de certains ? » (PR/AIPU/84/560, 5 décembre 1984).
95 Il mourra d’ailleurs quelques mois plus tard.
96 Extrait d’une intervention d’Amara Camara (un ancien fonctionnaire de nationalité guinéenne entré à l’UNESCO aux débuts des années soixante-dix) devant le « club histoire » de l’Association des Anciens Fonctionnaires de l’Unesco, le 30/10/2008. En 2008 il est alors doyen des médiateurs de l’UNESCO.
97 Qui est le nom d’un palace à Nice.
98 Henri Lopes, entré à l’UNESCO comme haut fonctionnaire au début des années quatre-vingt, se permet d’en parler, peut-être étant donné la position qu’il occupe au moment de l’entretien (le 7 juin 2011), puisqu’il est alors Ambassadeur du Congo en France. Et d’expliquer : « J’ai un ami français, blanc, que j’ai fait rentrer à l’UNESCO, qui m’a dit qu’il avait entendu à plusieurs reprises dans le petit personnel des propos comme “ces nègres qui ne foutaient rien”, “ces nègres arrogants”. Lui n’était pas suspect, vous comprenez. Mais ce n’était pas une politique systématique. […] Certains fonctionnaires pouvaient sympathiser avec le FN [Front National, parti français d’extrême droite] ; on le savait […] ».
99 Il demande à ce que « le Directeur général [prenne] des dispositions administratives conséquentes pour endiguer cette vague de racisme » et affirme qu’il « accordera toute son importance au principe de la répartition géographique équitable, tous les membres du personnel ayant été recrutés sur la base de la compétence et de l’efficacité ». Dans sa déclaration, Ngoma se dit « profondément préoccupé par des attitudes racistes qui, sous-couvert de revendications de justice et d’équité, tendent à diviser le personnel de l’Organisation en cherchant à accréditer l’idée que la compétence et l’efficacité sont situées géographiquement ».
100 Quand, en 2011, nous avons reparlé de cette grève à l’ancien Directeur général, Amadou Mahtar M’Bow, celui-ci a répondu que « ça ne [l]’étonn[ait] pas. Parce qu’ils subissaient le racisme eux-mêmes. C’est une maison invraisemblable de ce point de vue. Tous ces gens-là que vous voyez s’agiter [M’Bow fait alors référence aux membres actifs de l’Association du personnel de l’UNESCO], c’étaient des racistes au dernier degré mais qui n’osaient pas l’affirmer » (entretien avec M’Bow, juin 2011). Déjà lors d’un interview en décembre 2009 dans le cadre du projet histoire de l’UNESCO, Amadou Mahtar M’Bow avait affirmé : « il y a eu, je dois le dire, parmi des gens du personnel et de l’association du personnel de l’Unesco, des gens qui étaient personnellement hostiles au DG parce qu’il était africain. Ça je dois vous le dire ; ça existait. Ce n’est pas moi qui l’ai cherché » (entretien disponible aux archives de l’UNESCO).
101 Extrait d’entretien réalisé en août 2011 avec un ancien fonctionnaire occidental, entré dans les années cinquante et qui a occupé des fonctions importantes au sein de l’Association du personnel de l’UNESCO et de l’Association des Anciens Fonctionnaires de l’UNESCO.
102 No 1 de Consensus, 16 janvier 1981. Nous soulignons.
103 Réunion entre l’ADG/CAB et l’AIPU, 19 janvier 1987.
104 Droit de réponse du Bureau provisoire de l’AIPU, 17 octobre 1980. Document sans cote, disponible aux archives du STU en 2008.
105 Intervention du 30/10/2008 précitée.
106 Cagiao y Conde (Jorge), Gomez-Muller (Alfredo) dir., Le Multiculturalisme et la reconfiguration de l’unité et de la diversité dans les démocraties contemporaines, Peter Lang, Bruxelles, Bern, Berlin, Frankfurt am Main, New York, Oxford, Wien, 2014, p. 13.
107 Clare Wells avait déjà parlé de « décolonisation du Secrétariat » dans les années 1980, mais dans un sens un peu différent. Voir sa contribution « The UNESCO Secretariat “decolonised” ? Geographical Distribution of the Staff, 1972-1984 » in Pitt (David), Weiss (Thomas G.) dir., The Nature of Unite Nations Bureaucracies, Boulder, Westview Press, 1986.
108 Opinion, spécial élections, mars 1977.
109 Opinion, décembre 1973.
110 Phénomène unique au sein du Système des Nations Unies, « La Table ronde du Secrétariat » renvoie à un mouvement de révolte interne d’une partie des fonctionnaires de l’UNESCO au début de l’année 1970 contre la gestion autocratique de René Maheu. Son « rapport » (Secretariat Round Table Report, 1970), disponible aux archives de l’UNESCO, est un document précieux sur le fonctionnement de l’Organisation.
111 « La discrimination », in Secretariat Round Table Report, p. 142 sq.
112 « Souvenirs et réflexions d’un “expert” de l’UNESCO », in Atelier 3 : Sur le terrain, in, 60 ans d’histoire de l’UNESCO, Paris, UNESCO, 2007.
113 Témoignage donné au Club histoire de l’AAFU le 30/10/08.
114 « Il est plus qu’une idéologie, une disposition d’esprit innée puisqu’il n’est pas seulement « une affaire de conviction et d’intention, mais une affaire de compréhension et de formation » (nous soulignons). […] C’est donc aussi une œuvre d’éducation. » Langrod (Georges), op. cit., p. 78.
115 Young (Tien-Cheng), International Civil Service : Principles and Problems, Bruxelles, International Institute of Administrative Sciences, 1958, p. 217.
116 Langrod (Georges), op. cit., p. 78.
117 « La princesse Juliana donne le jour à une fille ; à cette occasion, nos collègues hollandais du secrétariat nous ont offert une collation de gin hollandais et de gâteaux d’une espèce rare » (no 16, 26th February 1947).
118 « Les délégués et les membres chinois de l’Unesco avaient organisé pour le secrétariat une réception charmante où l’on nous offrit un véritable “régal” de musique, de thé et de gâteux. Cette soirée était consacrée à une double célébration ; celle de la nouvelle année et, suivant une coutume chinoise, celle du premier mois d’existence d’un bébé, - l’Unesco ! » (no 11, 22nd January 1947).
119 no 35, 20th August 1947.
120 Langrod écrit en effet que « l’esprit international est un peu comme la connaissance des langues étrangères : il s’acquiert par la pratique à condition qu’on ait quelques dispositions pour l’acquérir et qu’on mette quelque bonne volonté… » (Langrod, op. cit., p. 78).
Auteur
Docteure en science politique de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, est actuellement visiting scholar et lecturer à l’université York à Toronto. Elle s’intéresse aux rapports Nord-Sud et aux phénomènes de domination au sein des organisations internationales. Elle a publié plusieurs articles à ce sujet dans des revues telles que Études internationales, Cultures & Conflits ou encore la Revue française d’administration publique.
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