Les catholiques et la question du programme (1878-1884)
De katholieken en het 'programmisme' (1878-1884)
p. 45-68
Résumé
Om de katholieke verkiezingsoverwinning van juni 1884 te begrijpen, moet zeker de verhouding tussen de parlementaire Rechterzijde en de ultramontanen tijdens de voorgaande jaren bekeken worden. Deze bijdrage tracht het aandeel te bepalen dat het 'programmisme' en de Nationale Unie voor het Herstel der Grieven in de katholieke verkiezingsoverwinning hebben gehad.
Onder de regering-Frère-Orban waren er duidelijke tekenen van toenadering tussen de Rechterzijde en de ultramontanen. Stellen dat aan de vooravond van de verkiezingen alle tegenstellingen waren opgeheven, gaat echter te ver. Er was vooral een taktisch akkoord, op basis van een driepuntenprogramma, geformuleerd door Victor Jacobs. De Nationale Unie voor het Herstel der Grieven en de Federatie van Katholieke Kringen en Conservatieve Verenigingen verbloemden in feite blijvende meningsverschillen in de katholieke rangen. De kwestie van het dwingend mandaat was nog steeds niet opgelost.
Niettegenstaande de spanning tussen de ultramontanen en de Rechterzijde in zekere mate aanhield, werd de programmistische beweging van de jaren 1883-1884 met succes bekroond. De Nationale Unie mobiliseerde op grote schaal het electoraat, wat zeker bijdroeg tot de katholieke overwinning. Zij bevorderde daarnaast de toenadering tussen de Federatie van Katholieke Kringen en Conservatieve Verenigingen enerzijds en de Rechterzijde anderzijds. Zij verbreedde de politieke basis van de Belgische katholieken en wist een groter aantal kiezers voor het politiek leven te interesseren.
Texte intégral
1Un examen approfondi des relations entre la droite parlementaire et les ultramontains constitue un élément indispensable pour comprendre la victoire électorale catholique du 10 juin 18841. Sous le gouvernement Frère-Orban (1878-1884), les deux fractions catholiques furent confrontées au difficile problème de l'élaboration d'un programme gouvernemental. L'histoire complexe du catholicisme politique en Belgique durant cette période suscite plusieurs questions auxquelles nous avons tenté d'apporter des éléments de réponse lors du colloque. Dans quelles circonstances les catholiques ont-ils été amenés à resserrer leurs rangs entre 1878 et 1884 ? Quelles furent les étapes de ce rapprochement ? Quelles en furent les conséquences sur les structures politiques catholiques ? Au terme de notre exposé, nous avons essayé de déterminer la part qui revenait à l'Union nationale pour le redressement des griefs dans le succès électoral catholique de juin 1884. L'union des catholiques durant les semaines qui ont précédé le scrutin était-elle apparente ou réelle ?
2A la veille des élections législatives de juin 1878, les ultramontains estimaient que la politique de concessions au libéralisme était la cause principale du recul progressif des catholiques au Parlement. Soutenus par Mgr Dumont, Mgr Gravez et Mgr de Montpellier, ils dénonçaient la passivité de la droite parlementaire face à la politique sécularisatrice des libéraux. Pour rechristianiser la société, les ultramontains voulaient favoriser la constitution d'un parti véritablement catholique composé de défenseurs de l'orthodoxie romaine.
3Après la défaite électorale catholique de 1878, le conflit entre les catholiques libéraux et les ultramontains reprit. La droite parlementaire refusait tout programme. Elle s'en tenait au respect de la Constitution. A ses yeux, le moment n'était pas aux programmes mais à l'action : les catholiques devaient défendre et développer l'enseignement libre. Pour les ultramontains, "la droite sans programme, sans énergie, sans unité véritable"2 ne pouvait plus avoir la direction exclusive du parti catholique. Afin de rompre l'ancien monopole de la droite au Parlement, la Confrérie de Saint-Michel utilisa différents moyens3. Elle favorisa l'établissement de Sociétés des intérêts catholiques qui réunissaient les ultramontains au niveau local. Elle travailla l'opinion publique en créant une Agence de journaux catholiques et en publiant des brochures qui énonçaient le programme net et précis de la nouvelle droite. Sur le terrain, les ultramontains appuyèrent les candidatures d'hommes nouveaux qui s'engageaient à respecter le programme. A plusieurs reprises, ils essayèrent d'étendre leur emprise sur la Fédération des cercles et des associations catholiques pour contrebalancer l'influence catholique libérale qui y dominait. En 1879, 1882 et 1883, ils tentèrent de réunir à Malines un congrès catholique qui aurait donné une large audience au programme ultramontain. Ces projets demeurèrent sans lendemain à cause des réticences de l'épiscopat qui voulait maintenir l'unité de la résistance catholique face à la politique scolaire du gouvernement Frère-Orban. De plus, la droite parlementaire n'entendait pas être liée par un programme qui n'émanait pas d'elle.
4Le rapprochement entre les catholiques libéraux et les ultramontains fut favorisé par des circonstances extérieures et intérieures. L'accession de Léon XIII au trône pontifical en 1878 avait inauguré une politique romaine plus réaliste au point de vue des rapports de l'Eglise et de l'Etat. En 1879 et en 1881, le pape engagea les catholiques belges à respecter la Constitution et à ne former qu'un seul front. A la même époque, l'ultramontanisme perdit quelques-uns de ses plus ardents défenseurs : Mgr de Montpellier, évêque de Liège, décéda le 24 août 1879, Mgr Du Rousseaux remplaça Mgr Dumont à Tournai à partir du 22 novembre 1879, et Charles Périn donna sa démission de l'Université de Louvain, du Courrier de Bruxelles et de la Confrérie de Saint-Michel en 1881.
5Durant les années 1879-1884, la hiérarchie catholique adopta une politique complexe dont les effets furent parfois contradictoires. Soucieux de respecter les directives romaines en faveur d'un rapprochement des catholiques, le Cardinal Dechamps ne cessa de prêcher, après 1878, l'union des catholiques. L'archevêque de Malines craignait que les discussions théoriques à propos de la Constitution n'entraînent une action en ordre dispersé sur le terrain scolaire. Aussi considéra-t-il en 1881 la collaboration de la Confrérie de Saint-Michel et de la Fédération des cercles catholiques et des associations conservatrices comme une condition sine qua non pour l'organisation d'un congrès catholique4. Dans les faits, les choses étaient cependant un peu différentes. Mgr Dechamps fit davantage confiance à la Fédération des cercles catholiques et des associations conservatrices que par le passé. Les adresses envoyées par plus de 80 cercles et associations catholiques pour soutenir les évêques lors de la publication de la lettre collective sur l'enseignement primaire du 7 décembre 1878 attirèrent l'attention de Mgr Dechamps sur "le bon esprit" et sur l'influence que la Fédération pouvait exercer en tant que groupe de pression5. A partir de ce moment, des liens plus étroits furent noués entre l'épiscopat et la Fédération. En 1882 et en 1883, le Cardinal Dechamps envisagea également l'établissement de contacts plus officiels avec la droite parlementaire. Un comité consultatif fut mis sur pied pour éclairer l'épiscopat au point de vue des questions mixtes6. Les parlementaires invités à faire partie de ce comité entendaient cependant ménager leurs collègues de la Chambre et du Sénat. A leurs yeux, le comité aurait pu donner l'impression de constituer "un petit parlement". Aussi le projet resta-t-il lettre morte. Il était néanmoins représentatif de l'état d'esprit régnant à Malines.
6La politique scolaire du ministère Van Humbeeck constitue un quatrième facteur du rapprochement des catholiques libéraux et des ultramontains. Elle rendit nécessaire l'union de toutes les forces catholiques. Après la promulgation de la loi organique de l'enseignement primaire du 1er juillet 1879, un accord de principe vit le jour entre la droite parlementaire et les ultramontains : il fallait abroger la loi Van Humbeeck. Des divergences subsistaient cependant concernant les modalités pratiques de la résistance catholique. La droite parlementaire souhaitait accorder la direction du mouvement aux laïcs, tandis que les ultramontains préféraient agir sous l'autorité des évêques et du clergé7. Divers projets de réforme scolaire furent également discutés. La droite parlementaire était favorable au système anglais de la liberté subsidiée, l'Etat jouant un rôle supplétif. Les ultramontains soutenaient plutôt la proposition d'Arthur Verhaegen "L'Etat hors de l'école" 8. La défense de l'enseignement libre encouragée par l'épiscopat ouvrait néanmoins la voie à la collaboration de tous les catholiques.
7L'examen de la politique des ultramontains et de la droite parlementaire durant les années 1881 et 1882 permet de constater que le conflit subsistait mais que les positions étaient cependant moins tranchées. En 1881, les ultramontains adoptèrent une attitude plus conciliante qu'en 1878. Le programme publié le8 novembre par le Bien Publia ne visait plus la révision de la Constitution9. Il préconisait des réformes dans le cadre institutionnel belge. L'idée d'un programme gagna aussi du terrain au sein de la droite parlementaire. Lors de l'assemblée générale de la Fédération des cercles catholiques et des associations conservatrices tenue à Gand les 29 et 30 avril 1882, Victor Jacobs énonça une plate-forme électorale en trois points : réforme électorale, liberté provinciale et communale, et abrogation de la loi scolaire de 187910. Durant la campagne pour les élections législatives de juin 1882, Auguste Beernaert, Jules Malou et Charles Woeste popularisèrent les idées de Jacobs. La droite persistait toutefois à refuser le caractère impératif de ce programme. Aux yeux des ultramontains, le "programme croupion" de la droite offrait trop peu de garantie pour les griefs catholiques et pour la liberté de l'Eglise11. Il n'assurait pas la représentation du "pays réel". La presse ultramontaine évita cependant de critiquer ouvertement le programme de la droite par crainte de briser l'unité de la campagne électorale et de compromettre ainsi les chances catholiques.
8En juillet 1882, en réaction aux mesures proposées par le ministre de la Justice, Jules Bara, en vue de la diminution du nombre de vicariats et de la suppression des traitements octroyés aux prêtres étrangers et aux professeurs de séminaire, les ultramontains et la droite parlementaire organisèrent des meetings et rédigèrent des pétitions contre la politique sécularisatrice du gouvernement12. Des journaux catholiques - La Gazette de Liège et Le Constitutionnel du Limbourg belge - suggéraient l'établissement d'un mouvement semblable à celui mis sur pied lors du début de la guerre scolaire13. L'adoption d'un programme catholique s'imposait. Plusieurs facteurs expliquent le développement du "programmisme" dans les provinces du Limbourg et de Liege. Ces deux régions furent les premières à ressentir les effets des restrictions budgétaires du ministre Bara étant donné le nombre important de prêtres hollandais et allemands qui y résidaient. De plus, la Commission d'Enquête scolaire qui siégea à Hasselt à la fin du mois de juin 1883 acheva d'échauffer les esprits14.
9En août 1883, l'abbé Eugène Keesen15, curé de Tessenderloo, décida de lancer une campagne de presse mobilisatrice16. Il préconisa l'élaboration d'un programme précis qui lierait les parlementaires. En s'inspirant des cahiers de doléances ayant précédé la Révolution française, le "pays réel" formulerait le programme du pays légal. La droite parlementaire liée par un mandat impératif serait obligée de respecter les voeux de l'électorat. Les programmistes souhaitaient ainsi renforcer les liens entre les électeurs et les élus. Ils voulaient élargir la base de la représentation politique. Le mouvement programmiste ne fit cependant pas l'unanimité dans les rangs catholiques. Selon le Courrier de Bruxelles, l'opinion publique catholique était divisée en trois tendances : "Il y a d'abord les journaux qui considèrent le programme pratiquement nécessaire et demandent que le mandat de nos représentants défini en conformité à ce programme devienne leur règle de conduite. Il y a ensuite les journaux qui repoussent le mandat défini par les électeurs et réclament pour nos représentants le droit de faire eux-mêmes leur programme. Mais même dans ce groupe il y a unanimité sur l'obligation qui incombe à la droite redevenant majorité, de redresser les griefs du pays catholique. Toutefois, sur ce redressement des griefs, il y a une nuance dont il faut tenir compte, les uns exigeant que tous les griefs seraient redressés, les autres y mettant une réserve en ce sens que ces griefs ne seraient redressés que "dans la mesure du juste, du nécessaire, du possible", trois conditions dont le futur ministère conservateur serait juge"17.
10Après avoir préparé idéologiquement le terrain, Keesen lança la deuxième phase du mouvement : la publication du programme suivie de la constitution des comités programmistes locaux. Le 19 octobre 1883, le Constitutionnel du Limbourg belge proposa un programme en douze points : rétablissement des relations diplomatiques avec le Saint-Siège ; abrogation de la loi du 1er juillet 1879 sur l'enseignement primaire ; solution de la question scolaire par le principe de l'autonomie communale combinée avec le système anglais ; suppression du ministère de l'Instruction publique ; réforme électorale dans les limites de la Constitution ; mesures décentralisatrices (entre autres la nomination des échevins par les conseils communaux) ; rétablissement des traitements ecclésiastiques supprimés ; rétablissement des immunités ecclésiastiques en matière de milice ; respect de la volonté des testateurs en ce qui concerne les fondations d'enseignement et de charité ; une loi garantissant la liberté des sépultures ; réduction des impôts par la suppression des dépenses inutiles ; une interprétation des lois qui régis sent les cultes18. Ces mesures, à propos desquelles un large consensus existait dans les milieux catholiques, ouvraient la voie à des reformes démocratiques et décentralisatrices dans les limites de la Constitution. Le mandat impératif exigé par les programmistes était néanmoins loin de faire l'unanimité chez les parlementaires catholiques.
11Lorsqu'ils lancèrent leur campagne, les partisans du programme espéraient que la Fédération des cercles catholiques et des associations conservatrices, à laquelle se joindraient des délégués de la droite parlementaire, prendraient les rênes du mouvement19. Une révision des statuts de la Fédération visant à resserrer les liens avec la droite fut longuement discutée20. Cette proposition témoignait d'une volonté de restreindre la liberté de la droite vis-à-vis du "pays réel". Malgré les encouragements des ultramontains, les pourparlers demeurèrent sans résultats. La première phase du mouvement lancé par Keesen s'effectua en dehors des cadres politiques traditionnels. La Fédération des cercles catholiques et des associations conservatrices, la droite parlementaire et les associations ultramontaines n'avaient pas pris l'initiative du mouvement. Il s'agissait d'une manifestation populaire spontanée conduite par le clergé limbourgeois et liégeois. Dans un second temps, les ultramontains - qui avaient été à l'origine du manifeste électoral publié par le Bien Public en 1881 - semblent avoir récupéré à leur profit le mouvement de protestation lancé par le Constitutionnel du Limbourg belge. Les projets de Keesen entraient dans les vue des ultramontains qui, à plusieurs reprises, avaient tenté de populariser un programme formulé par le "pays réel"21. La Confrérie de Saint-Michel avait été ébranlée par les coups de crosse portés à l'ultramontanisme par Léon XIII et par la défaite électorale catholique de 188222. Les idées de Keesen lui donnèrent l'occasion de renouer avec la politique active. La constitution d'un "Comité des griefs", appelé à diriger le mouvement de protestation proposé par le curé de Tessenderloo, permettra à moyen terme de créer le lien entre l'opinion ultramontaine et le mouvement limbourgeois. Après la rencontre d'Alexandre Delmer23, Léon Collinet24, Eugène Keesen25 et Godefroid Kurth26 à Liège le 23 octobre 1883, la Confrérie de Saint-Michel prit la direction du mouvement. Le 19 novembre, elle constitua un Comité central programmiste chargé de coordonner l'activité des comités locaux, qui conservaient toutefois une grande autonomie27.
12Effrayée du succès du mouvement programmiste, la droite parlementaire tenta de se rapprocher de la Fédération des cercles catholiques et des associations conservatrices28. Elle espérait ainsi éviter l'alliance entre les cercles et les programmistes, qui l'obligerait à accepter un mandat impératif. D'interminables conflits entre partisans et adversaires du programme paralysèrent les négociations. Face à cette situation, les programmistes qui avaient souhaité ramener la Fédération dans la voie du programme, décidèrent de développer leur organisation et de poursuivre les concertations en vue de la promotion du programme du "pays réel". Les pourparlers secrets menés au sein du Comité central programmiste conduisirent à un véritable "pronunciamiento" du programmisme. Le 4 février 1884, une Union nationale pour le redressement des griefs fut fondée au Cercle catholique de Bruxelles sans consultation préalable de la Fédération des cercles catholiques et des associations conservatrices, ni de la droite parlementaire, ni de l'épiscopat29.
13La fondation de l'Union nationale pour le redressement des griefs encouragea la Fédération des cercles catholiques et des associations conservatrices à reprendre les négociations avec la droite parlementaire. Les discussions aboutirent à un accord. Les statuts de la Fédération furent revisés lors des séances des 18 et 28 février 188430. Désormais, une députation de la droite parlementaire disposant d'un droit de vote siégeait officiellement au bureau de la Fédération. Le député Auguste Beernaert, qui allait prendre la direction du cabinet catholique en octobre de la même année, en devint le président. De manière indirecte, l'Union nationale favorisa le rapprochement de la Fédération et des parlementaires catholiques.
14L'Union nationale connut un succès rapide et considérable. Des listes d'adhésion énonçant les principaux griefs catholiques furent diffusées dans le pays. Afin d'accroître la participation du pays réel aux affaires publiques, la campagne de recrutement visait à rallier au mouvement les électeurs nationaux, provinciaux et communaux31. Un grand nombre d'hommes politiques locaux y souscrivirent. En contact direct avec les électeurs, ils servirent de relais pour faire connaître les voeux des populations catholiques. Les mandataires nationaux tenus à l'écart du bureau adhérèrent dans une faible proportion. Les noms des signataires furent publiés dans le Constitutionnel du Limbourg belge et dans le Courrier de Bruxelles. A la fin du mois de mai 1884, l'Union nationale comptait près de 7000 adhérents représentant surtout les provinces flamandes : 1976 signatures furent recueillies dans le Limbourg, 2497 dans les deux Flandres et 787 dans le Brabant32. L'Escaut avait reproché à l'Union nationale de ne pas accorder de place aux revendications flamandes33. Cette polémique gêna le développement de l'organisation dans la province d'Anvers. L'Union nationale n'y recueillit que 345 signatures. En Wallonie et à Bruxelles, le succès était relativement limité : 757 adhésions dans la province de Namur, 183 dans la province de Liège et 225 dans le Hainaut. Dans le Luxembourg, le mouvement se heurta à l'indifférence.
15L'Union nationale adopta un langage plus modéré et plus conciliant que les programmistes de la première heure. La nouvelle organisation proclama son attachement à la Constitution. Elle espérait que la droite rallierait ses rangs. Même si, en 1884, la plupart des parlementaires se tinrent à l'écart de l'Union nationale et firent davantage confiance à la Fédération des cercles catholiques et des associations conservatrices, un rapprochement entre ces deux organisations et la droite parlementaire eut lieu à la veille des élections. En mars, elles menèrent conjointement campagne contre l'établissement d'une réserve nationale34. Lors du congrès de l’Union nationale qui eut lieu à Bruxelles le 21 avril, son président, Léon Collinet, fit appel à la participation de la droite parlementaire35. Quelques jours plus tard, la Fédération des cercles catholiques et des associations conservatrices réunie en assemblée générale à Marche se rallia au programme en trois points - réforme électorale dans les limites de la Constitution, réforme scolaire, décentralisation provinciale et communale - formulé par Victor Jacobs36. A partir de ce moment, le conflit entre les deux organisations disparut de la scène politique.
16Faut-il en conclure que toute forme d'opposition entre les différentes tendances et organisations catholiques s'étaient définitivement évanouies à la veille du scrutin ? La réponse à cette question, que nous avons brièvement évoquée dans un précédent article, mérite d'être approfondie ici. Certes, le succès catholique lors des élections législatives du 10 juin 1884 n'aurait probablement pas été possible sans l'entente de la droite parlementaire et des ultramontains à l'approche de la confrontation électorale. L'accord fut cependant plus tactique que réel. Afin de préserver les chances de succès catholique aux élections, l'Union nationale pour le redressement des griefs et la Fédération des cercles catholiques et des associations conservatrices dissimulèrent leurs oppositions. Au cours de la campagne électorale, la presse catholique critiqua violemment la politique fiscale, militaire et scolaire des libéraux ainsi que le déficit financier qui résultait des six années de gouvernement libéral. En mai et juin 1884, tous les candidats catholiques défendirent le programme en trois points énoncé par Victor Jacobs. A ce niveau, le consensus entre les catholiques semblait complet. Des divergences fondamentales continuaient cependant de diviser la droite parlementaire et les ultramontains. Ni la résistance catholique à la loi Van Humbeeck durant les années 1879-1884, ni la question du programme n'avaient assuré l'unanimité dans les milieux catholiques. Les instructions pratiques à l'usage des confesseurs de septembre 1879 et les suites qu'elles avaient eues, avaient irrité les populations catholiques37. De plus, les ultramontains et la droite parlementaire ne partageaient pas les mêmes idées concernant une éventuelle révision de la législation scolaire. La question du mandat impératif, qui fut la principale pierre d'achoppement entre les programmistes et la droite, n'était toujours pas résolue. La droite parlementaire refusait encore d'être liée à l'électeur par un programme contraignant. Elle n'avait pris aucun engagement vis-à-vis du programme publié par le Constitutionnel du Limbourg belge. Elle s'était ralliée à une plate-forme électorale restreinte qui avait déjà été préconisée par Beernaert, Jacobs, Malou et Woeste en 1882. A côté de l'entente apparente des ultramontains et de la droite parlementaire, il ne faut pas sous-estimer l'impact d'autres facteurs dans la victoire électorale catholique. Le déficit budgétaire, la question des impôts, le projet de réserve nationale ainsi que l'alliance des catholiques et des indépendants à Bruxelles38 ont contribué à la défaite libérale. Les divisions entre les radicaux et les doctrinaires au cours de la campagne électorale ont également porté préjudice aux libéraux.
17Dans l'exposé qu'il présenta au colloque, R. Falter a démontré que le système censitaire et l'évolution du corps électoral étaient favorables aux catholiques39. Il a également bien mis en lumière l'impact du programme pacificateur des catholiques. La défense des intérêts matériels de la petite et de la moyenne bourgeoisie a incité une partie de l'électorat flottant à voter catholique ou indépendant. Les catholiques profitèrent du réflexe conservateur des classes moyennes. Il ne faut cependant pas en conclure, comme l'a écrit jadis le chanoine Daris, que l'influence de l'Union nationale pour le redressement des griefs sur le résultat électoral du 10 juin 1884 a été nulle40. Même si une dangereuse tension subsistait dans les coulisses entre les ultramontains et la droite parlementaire, le mouvement programmiste des années 1883-1884 fut couronné de succès. L'Union nationale pour le redressement des griefs a constitué une remarquable mobilisation de l'électorat qui contribua à la victoire catholique. Les comités programmistes ont permis d'élargir la base politique des catholiques dans le pays. Ils ont encouragé un plus grand nombre d'électeurs à s'intéresser à la vie politique. En resserrant indirectement les liens entre la Fédération des cercles catholiques et des associations conservatrices et la droite parlementaire, le programmisme a assuré une meilleure représentation du "pays réel" au Parlement.
Notes de bas de page
1 Sur les relations entre la droite parlementaire et les ultramontains durant les années 1878 à 1884, voir d'une manière générale : J. CLAES, De ultramontaanse druk op het wettelijk lard, 1878-1884, mém. dactyl., Louvain (K.U.L.), 1976, passim ; J. DE MAYER, Arthur Verhaegen, Bijdrage tot de studie van het ultramontanisme : 1847-1884, mém. dactyl., Louvain (K.U.L.), 1976, p. 155-224 ; E. IAMBERTS, Het ultramontanisme in België 1830-1914, dans De Kruistocht tegen het Liberalisme, Louvain, 1984, p. 53-56 ; A. SIMON, Catholicisme et Politique. Documents inédits (1832-1909), Wetteren, 1955, p. 112-272 ; J.-L. SOETE, L'ultramontanisme et la formation du parti catholique en Belgique de 1875 à 1884, dans De Kruistocht tegen het Liberalisme, Louvain, 1984, p. 200-221 ; K. VAN ISACKER, De katholieke opinie tegenover de rechterzijde, 1863-1884, Anvers, 1955, p. 257-287 ; L. WILS, De politieke ontwikkeling in België 1870-1894, dans Algemene Geschiedenis der Nederlanden, Haarlem, t. 13, 1978, p. 178-185.
2 Cf. A.G.R.B., Papiers Verhaegen-Lammens (microfilms), 152, lettre de D. Casier et de A. Verhaegen au Cardinal Dechamps, 30 septembre 1878.
3 Sur la Confrérie de Saint-Michel, société ultramontaine fondée en 1875 et présidée par Charles Périn, voir : J. DE MAYER, De ultramontanen en de gildenbeweging 1875-1896 : het aandeel van de Confrerie de St-Michel, dans De Kruistocht tegen het Liberalisme..., p. 223-236 et p. 323-324 ; E. LAMBERTS, Joseph de Hemptinne : een kruisvaarder in redingote, dans Ibidem, p. 89-90. En ce qui concerne l'action menée par les ultramontains en vue de la promotion d'une "nouvelle droite catholique", voir : J. DE MAYER, Arthur Verhaegen..., p. 155-198 ; J.-L.SOETE, Op. cit., p. 201-204 ; K. VAN ISACKER, op. cit., p. 261-267.
4 Cf. la réponse du Cardinal Dechamps au comte Ch.-Ant de Villermont datée du 1er décembre 1881 concernant un projet de congrès catholique qui aurait eu lieu à Malines en 1882 :"...Une seule chose est claire, d'avance pour tout le monde, c'est que le Pape veut qu'il n'y ait plus d'ombre de division, ici, entre les catholiques. Il faudra donc, pour dissiper pleinement cette ombre, a priori que les chefs (des deux camps d'autrefois) s'entendent, et que les membres de la confrérie de St-Michel se mettent en rapport avec les cercles et les associations catholiques de tout le pays afin que le Congrès soit en vérité le Congrès catholique de Belgique...". Cette lettre conservée dans les Archives de Villermont a été publiée dans A. SIMON, Catholicisme et Politique,... p. 222-223.
5 Cf. la note du Cardinal Dechamps aux évêques du 4 janvier 1879 publiée dans A. SIMON, Réunions des Evêques de Belgique 1868-1883, Procès-verbaux (C.I.H.C. Cahiers 17), Louvain-Paris, 1961, p. 118-119. Les lettres envoyées par les cercles catholiques à l'occasion de la lettre collective de l'épiscopat sur l'enseignement primaire du 7 décembre 1878 sont conservées aux Archives de l'Archevêché de Malines, Fonds Dechamps, VIII, Enseignement 1c.
6 Voir à propos de la constitution du comité consultatif le procès-verbal et les annexes de la réunion des évêques des 31 juillet et 1er août 1882 publiés par A. SIMON, Réunions des Evêques de Belgique, 1868-1885..., p. 139 ; Archives de l'Evêché de Liège, Fonds Doutreloux, 5 (supplément), lettre de Mgr Dechamps aux Evêques, Malines, 4 octobre 1882 ; Archives Croy (Rumillies), A 11, Confrérie de Saint-Michel, P.-V. du 18 déc. 1882 et du 15 janvier 1883 ; Ch. WOESTE, Mémoires pour servir à l'histoire contemporaine de la Belgique, t. 1, 1927, p. 199-200.
7 Sur les conceptions divergentes de la droite parlementaire et des ultramontains au point de vue de l'organisation de la résistance catholique à la loi Van Humbeeck (1879), voir : Archives de l'Evêché de Bruges, Papiers Faict, B 295, Plan de résistance légale transmis par Mgr de Montpellier à Mgr Faict, Liège 19 juin 1879 ; Archives du Ministère des Affaires Etrangères, Papiers d'Anethan (microfilms), 518 V, lettres de J. Malou au baron J.-J. d'Anethan, Bruxelles, 23 et 24 juin 1879 ; A. CLAES, op. cit., p. 39-40 ; J. DE MAYER, Arthur Verhaegen..., p. 186-187 ; A. SIMON, Catholicisme et Politique..., p. 207-210 ; J. VANDER VORST-ZEEGERS, Le "Journal de Bruxelles" de 1871 à 1884 (C.I.H.C. Cahiers 36), Louvain-Paris, 1965, p. 204-205 ; Ch. WOESTE, op. cit., t.1, p. 197-198.
8 Cf. la brochure d'Arthur Verhaegen L'Etat hors de l'école !, Gand, 1879 ainsi que l'analyse qui en a été faite par J. DE MAYER, Arthur Verhaegen..., p. 153-169 et p. 186-188.
9 Cf. le texte du projet de manifeste électoral catholique de 1882 publié dans A. SIMON, Catholicisme et Politique..., p. 269-272.
10 Cf. Archives Delmer, (Bruxelles), Journal, 1er, 4 et 8 mai 1882 ; Archives Croy, A 11, Confrérie de Saint-Michel, P.-V. 8 mai 1882 ; J. CLAES, op. cit., p. 77-78 ; A. SIMON, Réunions des Evêques de Belgique, 1868-1883..., p. 140 note 302 ; Bien Public, 1er au 8 mai 1882 ; Courrier de Bruxelles, 1er, 3 et 5 mai 1882 ; Journal de Bruxelles, 2 et 5 mai 1882 ; La Patrie, 1, 2, 3, mai 1882.
11 Cf. Archives Delmer, Journal, 8 mai 1882 et Archives Croy, A 11, Confrérie de Saint-Michel, 8 mai 1882.
12 Sur les restrictions budgétaires proposées par Jules Bara à l'encontre du clergé, voir : J. CLAES, op. cit., p. 85-89 ; L. HYMANS, Histoire parlementaire de la Belgique, 2e série, 1880-1890, Bruxelles, 1890, p. 87-88 et p. 181-182 ; A. SIMON, Réunions des Evêques de Belgique, 1868-1883..., p. 152-153 ; J. VANDER VORST-ZEEGERS, op. ait., p. 247-248.
13 Cf. Gazette de Liège, 22-23, 29-30 juillet, 26-27 août ; 8, 11, 14-15, 21-22, 31 octobre, 1er, 25-26 novembre 1882 ; Constitutionnel du Limbourg belge, 13, 20, 27 octobre, 24 novembre 1882.
14 Voir les procès-verbaux de l'Enquête scolaire tenue à Hasselt les 25 et 26 juin 1883 dans Chambre des représentants. Enquête scolaire, t. VI, 1883, p. 771-828.
15 Sur Eugène-Jean Keesen (1841-1923), curé de Tessenderloo (1877-1895), sénateur provincial du Limbourg à partir de1894, voir G. GODELAINE, Mgr Keesen. Een groot populair Limburger (1841-1923), Maaseik, 1928 ; R. WARLOMONT, Keesen Jean-Eugène, dans Biographie Nationale, t.XI (supplément 12), 1977-1978, col. 553-557 ; P. VAN MOLLE, Le Fortement belge 1894-1972, Anvers, 1972, p. 203 ; F. LIVRAUW, Galerie Nationale. Le Parlement belge en 1900-1902, Bruxelles, 1901, p. 572 ; R. VANLANDSCHOOT, Keesen Eugeen-Jan, dans Encyclopedie van de Vlaamse Beweging, t.1, 1973, p. 763.
16 Cf. Constitutionnel du Limbourg belge, 10 et 17 août 1883.
17 Cf. Courrier de Bruxelles, 30 septembre 1883, p. 1. La campagne en faveur du programme était conduite par Le Constitutionnel du Limbourg belge, L'Ami de l’Ordre, L'Echo de Namur, La Gazette de Liège, Courrier de l'Escaut, Le Belge, Het Fondsenblad, Journal d'Ypres, Journal de Huy, Gazette de Louvain, L'Avenir de Charleroi, Gazette de Nivelles, L'Impartial de Soignies, De Brusselaar, Courrier de Courtrai, Het Lard van Aalst, Echo de Courtrai, Kempenland (Herentals), La Feuille d'Ostende, La Gazette de Bruges, De Vrede (Lokeren), La Dépêche, Dender en Schelde (Termonde), Het Zondagblad (Grammont), L'Union du Centre, Journal d'Aubel. Le Bien Public était également placé dans cette catégorie par le Courrier de Bruxelles. En fait, le Bien Public, quoique très proche du Courrier de Bruxelles, éprouvait quelques réticences à l'égard du mandat impératif. La Patrie de Bruges et L'Union de Charleroi exi(...)geaient que le redressement de tous les griefs soit mené par la droite parlementaire. Ces deux journaux refusaient toutefois le mandat impératif. Le Journal de Bruxelles, Le Nouvelliste de Verviers, La Paix, Le Hainaut, L'Escaut et Het Handelsblad entendaient préserver la liberté de la droite parlementaire. Ils lui faisaient confiance pour procéder au redressement des griefs catholiques au gré des circonstances.
18 Cf. Constitutionnel du Limbourg belge, 19 octobre 1883 ; Bien Public, 21 octobre 1883 ; Courrier de Bruxelles, 21 octobre 1883 ; A.G.R.B., Papiers Verhaegen - Lammens (microfilms), 153, lettre de E. Keesen à A. Verhaegen, Tessenderloo, 19 octobre 1883 ; Archives Delmer cor.83.69, lettre de E. Keesen à A. Delmer, Tessenderloo, 20 octobre 1883.
19 Cf. Archives Delmer, cor. 83.26, min. de A. Delmer à P. de Haulleville, 30 avril 1883 ; Archives Michaelis (Arlon), (photocopies Archives Delmer, cor.83.7), lettre de G. Kurth à A. Delmer, (24 janvier) 1883. Cette lettre a été publiée dans X. MICHAELIS, Godefroid Kurth, Vieux-Virton, 1961, p. 161-162.
20 Voir sur les projets de révision des statuts de la Fédération des cercles catholiques et des associations conservatrices en 1882-1883 : A.G.R.B., Papiers Neut, Note envoyée par le canité central de l'Association conservatrice de l'arrondissement d'Ypres au bureau de la Fédération le 9 décembre 1882 ; Ibidem, lettres de J. Malou à A. Neut, 14 février et 11 avril 1883 ; Ibidem, Projet de statuts de la Fédération des cercles catholiques présenté par MM. Jacobs, Malou et Woeste, mai 1883 ; Ibidem, procès-verbal de la réunion du 16 mai 1883 ; Ibidem, brouillons de discours de A. Neut, s.d. ; Courrier de Bruxelles, 30 avril, 1er et 2 mai 1883 ; Bien Public, 30 avril, 1er et 7 mai 1883 ; La Patrie, 1er et 2 mai 1883 ; Journal de Bruxelles, 1er et 2 mai 1883.
21 Sur les interventions de la Confrérie de Saint-Michel en faveur d'un programme catholique, voir entre autres : Archives Croy (Rumillies), A 11, Confrérie de Saint-Michel, P.-V. des 11 février, 8 juillet, 12 août, 2 septembre 1878 ; 12 mai 1879 ; 9 février, 8 mars, 12 avril, 14 juin, 12 juillet, 9 août, 11 octobre, 15 novembre et 13 décembre 1880 ; 14 février, 4 avril, 2 mai, 14 novembre, 19 décembre 1881 ; 9 janvier, 17 avril, 8 mai, 18 décembre 1882 ; 15 janvier, 13 août 1883 ; A SIMON, Catholicisme et Politique..., p. 219-220 ; J. DE MAYER, De ultramontanen en de gildenbeweging 1875-1896..., p. 230.
22 Le 12 janvier 1880, le comte Albert de Robiano, secrétaire de la Confrérie de Saint-Michel, écrivait : "Nous traversons une crise, ménageons les personnes dans la polémique mais maintenons les principes", cf. Archives Cray, A 11, Confrérie de Saint-Michel, 12 janvier 1880. Quelques mois plus tard, Alexandre Delmer notait : "Saint-Michel à son déclin", cf. Archives Delmer, Journal, 10 mai 1880. Voir également les remous suscités par les démissions de Charles Périn et Jules Lammens dans Archives Croy, A 11, Confrérie de SaintMichel, 10 octobre 1880, 18 décembre 1882.
23 Alexandre Delmer (1835-1914) était rédacteur en chef du Courrier de Bruxelles (1871-1889), membre de la Confrérie de Saint-Michel et de la Fédération des cercles catholiques et des associations conservatrices depuis leur fondation. En 1883-1884, il a introduit l'abbé E. Keesen et G. Kurth à la Confrérie de Saint-Michel. A. Delmer assura le lien entre le mouvement programmiste limbourgeois et la Confrérie de Saint-Michel.
24 Léon Collinet (1842-1908), avocat, bourgmestre de Huccorgne, collaborateur de La Gazette de Liège et du Courrier de Bruxelles, membre de la Confrérie de Saint-Michel depuis sa fondation, président de l'Union Nationale pour le redressement des grief s (1884).
25 L'abbé E. Keesen fut admis à la Confrérie de Saint-Michel le 8 octobre 1883. Cf. Archives Delmer, Journal et Livre de comptes, 8 octobre 1883.
26 Godefroid Kurth (1847-1926), beau-frère d'Alexandre Delmer, historien et professeur à l'Université de Liège (1872-1906). Il fut admis à la Confrérie de Saint-Michel le 7 janvier 1884. Cf. Archives Delmer, Livre de comptes, 7 janvier 1884.
27 Sur l'organisation du Comité central programmiste et sur l'activité des comités locaux, voir : Archives Delmer, Livre de comptes, 23 octobre 1883 ; Ibidem, cor. 83.70, 83.75 et 83.78, lettres de E. Keesen à A. Delmer, 24 octobre, 5 et 10 no(..) vembre 1883 ; Archives Croy, A 5 varia I, lettre de A. Verhaegen à A. de Robiano, 17 novembre 1883 ; Archives Kurth (Louvain-La-Neuve) (photocopies Archives Delmer, cor. 83.71, 83.76 et 83.82), lettres de A. Delmer à G. Kurth, 25 octobre, 5 et 19 novembre 1883 ; Archives Michaelis (Arlon) (photocopies Archives Delmer, cor. 83.74), lettre de G. Kurth à A. Delmer, 30 octobre 1883 publiée en partie par P. GERIN, Catholiques liégeois et question sociale (1833-1914), Bruxelles, 1959, p. 558-559 ; Constitutionnel du Limbourg belge, 1er novembre 1883 ; Courrier de Bruxelles, 5 novembre 1883 ; Bien Public, 6 novembre 1883.
28 Voir concernant les réactions de la droite parlementaire et de la Fédération des cercles catholiques et des associations conservatrices au programme ainsi que sur les négociations en vue de leur rapprochement : A.G.R.B., Papiers Neut, Lettre de Ch. Woeste à A. Neut, 19 octobre 1883 ; Ibidem, procès-verbal de la réunion de la commission des neuf, 26 novembre 1883 ; Ibidem, lettre de E. de Kerckhove à A. Neut (janvier 1884) ; Ibidem, lettre de J. Malou à A. Neut, 30 janvier 1884 ; Archives Delmer, Livre de comptes, 11 et 12 novembre 1883 ; Ibidem, cor. 83.72,83.75, lettres de E. Keesen à A. Delmer, 26 octobre et 1er novembre 1883 ; Ibidem, lettre de A. Neut à A. Delmer, 1er décembre 1883 ; Archives Kurth, (Louvain-la-Neuve) (photocopies Archives Delmer, cor. 83.71, 83.77, 83.79, 83.86, 83.92), lettres de A. Delmer à G. Kurth, 25 octobre, 9, 13, 24 novembre 1883 ; Ibidem, lettre de N. Goblet à G. Kurth, 14 décembre 1883.
29 Voir sur l'Union nationale pour le redressement des griefs : A.G.R.B., Papiers Schollaert-Helleputte, 181 et 1075 ; Papiers Neut ; Archives Delmer, Journal et livre de comptes, 4 février 1884 ; Archives Croy, A11, Confrérie de SaintMichel, P.-V. de la réunion du 4 février 1884 et de la visite chez Mgr Du Rousseaux, évêque de Tournai, le 5 février 1884 ; J. CLAES, op. cit., p. 109-140 ; J. DE PAYER, Arthur Verhaegen..., p. 206-207 ; K. VAN ISACKER, op. cit., p. 276-279 ; O. DELMER, La question du programme, dans Revue générale, XXXIX, 1884, p. 406-418 ; Union nationale pour le Redressement des Griefs. Réunion préalable tenue à Bruxelles, le 21 avril 1884. Deuxième assemblée générale tenue à Louvain, 31 mai 1885, Bruxelles, 1886.
30 Voir à propos de la révision des statuts de la Fédération des cercles catholiques et des associations conservatrices de février 1884 ; Archi(..) ves Croy, A9, Cercle de l'Union, Projet à soumettre à l'assemblée des délégués. Union Catholique, Fédération des Cercles et Associations catholiques belges, Statuts (par E. de Kerckhove) ; Ibidem, Projet de modification des statuts de la Fédération des Cercles et autres Associations catholiques (par A. Neut) ; Archives Delmer, Journal, 4 février 1884 ; A.G.R.B., Papiers Neut, lettre de E. de Kerckhove à A. Neut (s.d.) (janvier1884) ; Archives de Villermont (Boussu-en-Fagne), II A 14, Statuts de la Fédération des Cercles et autres Associations catholiques (arrêtés à Bruxelles en séances des 18 et 28 février 1884) ; Archives Kurth (Louvain-la-Neuve) (photocopie Archives Delmer, cor. 84.24) ; lettre de A. Delmer à G. Kurth, 26 février 1884.
31 Parmi les adhérents, nous comptons 635 conseillers provinciaux, 61 bourgmestres, 44 présidents de cercles catholiques et 17 présidents d'associations conservatrices. Cf. J. CLAES, op. cit., p. 163.
32 Voir l'analyse des listes d'adhésions dans J. CLAES, op. cit., p. 124-134 et p. 163-164.
33 Cf. L'Escaut, 7, 12, 13, 14, 15, 17, 20, 23, 25, 28-29 février ; 1er, 2, 3, 4, 5 mars 1884 ; La Patrie, 26 février et 5 mars 1884 ; Courrier de Bruxelles, 15 février et 5 mars 1884 ; Gazette de Liège, 3 mars 1884. Afin de rassurer les populations flamandes, l'Union nationale rédigea au début du mois de mars 1884, une circulaire annonçant que "L'Union nationale fera tout ce qui lui sera possible pour que les comités des provinces flamandes complètent le programme général par la revendication des droits de leur langue...". Cf. Gazette de Liège, 3 mars 1884 ; Courrier de Bruxelles, 4 mars 1884.
34 Voir en ce qui concerne le mouvement d'opposition au projet de réserve militaire : A.G.R.B., Papiers Neut, lettre de Ch. Woeste à A. Neut, 28 février 1884 ; Archives Croy, A9, Cercle de l'Union, circulaire de la Fédération des Cercles et des Associations conservatrices, 1er mars 1884 ; A.G.R.B., Papiers Schollaert-Helleputte, 181, lettre de E. Keesen à G. Helleputte, 25 avril 1884.
35 Voir le compte rendu de l'assemblée générale de l'Union nationale pour le redressement des griefs du 21 avril 1884, dans l’Union nationale..., p. XL-LX ; Courrier de Bruxelles, 22 avril 1884 ; Journal de Bruxelles, 22 avril 1884 ; Constitutionnel du Limbourg belge, 25 avril 1884.
36 Cf. J. CLAES, op. cit., p. 134-135 ; K. VAN ISACKER, op. cit., p. 279 ; Ami de l'Ordre, 28 avril 1884 ; Bien Public, 29 et 30 avril 1884 ; Courrier de Bruxelles, 27 au 30 avril 1884 ; Journal de Bruxelles, 21 au 29 avril 1884 ; La Patrie, 28 avril 1884.
37 Voir le texte des "Instructions pratiques à l'usage des confesseurs" dans les Lettres pastorales des évêques de Belgique (1800-1965), Livre IV : Archiépiscopat du Cardinal Dechamps (1868-1883), Bruxelles, s.d., p. 42-47. Sur l'impact des directives épiscopales en matière scolaire, voir : Archives de l'Archevêché de Malines, Fonds Goossens, II 9, lettres de Ch. Woeste à Mgr Goossens, 19 et. 24 juin 1880 et 15 avril 1881 ; Ibidem, lettre J.-J. d’Anethan à Mgr Goossens, 26 juin 1880 ; A.G.R.B., Papiers Neut, lettre de Ch. Woeste à A. Neut, 9 septembre 1880.
38 Cf. M. GRUMAN, Origines et naissance du parti indépendant (1879-1884), dans Cahiers Bruxellois, t. IX, fasc. II, avril-juin 1964, p. 89-171.
39 Nous renvoyons à l'article de R. FALTER, passim.
40 Cf. Archives de l'Evêché de Liège, ex codicibus Joseph Daris, Histoire du diocèse de Liège sous l'épiscopat de Mgr Doutreloux 1879 à 1901, t. VI, p. 90-92.
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