Métiers de femmes en milieu urbain
Le Hainaut de la 1re moitié du XIXe siècle
p. 57-76
Texte intégral
1Qu'est-ce qu'un métier de femme ? s'est demandé Michelle Perrot en 1987 dans Le Mouvement Social : "La notion de métier féminin prend véritablement corps au XIXe siècle, dans une conjoncture générale de professionnalisation et dans un équilibre démographique favorable, en France, à l’appel des femmes", écrit-elle et elle conclut : "la notion de métier de femme est une construction sociale liée au rapport de sexe"1. En 1978, elle avait dirigé un numéro de la même revue consacré aux travaux de femmes2.
2La distinction "métiers de femmes, travaux de femmes" montre l'évolution et les résultats de la recherche scientifique en France au cours de la décennie. Ici, par métiers de femmes, nous entendons "métiers exercés par des femmes". Si nous partons chronologiquement des dernières années du XVIIIe siècle, c’est que l'on dispose de deux sources de base, pour les villes de Mons et d'Ath, des "Tableaux de la population contenant les noms, âges, états ou professions et domiciles" dressés en vertu du décret sur la police intérieure des communes du 10 vendémiaire an 4 (9 octobre 1795)3. Un document analogue existe aussi à Ath pour les années 1839-46. Concernant la période 1820-1840 à Mons, ont été utilisés les actes de mariage. Avant de procéder à la critique de ces sources de base complétées par quelques autres et par des travaux souvent anciens, il convient de poser la problématique spécifique de cette étude.
3Mons et Ath sont deux villes de province, économiquement et socialement différentes. La population montoise passe d'environ 18.000 hab., en 1801, à 24.500, en 1846 et Ath, de 7.600 à 8.600 hab. Leur croissance est très inférieure à celle du Hainaut, dont les bassins charbonniers sont au départ de son essor ; pour la province, l'indice 100 s’élève à 173, pour Mons, de 100 à 132 et pour Ath, de 100 à 113. Au niveau belge, Mons est une ville moyenne mais plutôt riche, et Ath, une petite ville.
4Mons, capitale de l'ancien comté depuis le XVIe siècle, est devenue le chef-lieu de la province, un centre administratif, judiciaire et commercial, la résidence de la noblesse des environs quoique la grande noblesse du Hainaut, comme les Ligne et les Arenberg, soit presque partie à Bruxelles. La ville, elle-même, ne s'industrialise pas, ou si peu, mais des houillères s'ouvrent à ses portes. Démantelée au XVIIIe siècle, elle est fortifiée sous les Hollandais et abrite une garnison.
5Il en est de même à Ath dont le commerce de la toile qui avait enrichi tant de ses bourgeois a disparu. Des carrières sont exploitées dans les faubourgs et les villages voisins mais c'est plus tard que des fabriques de chaises et de textiles s’y installeront4.
6La question est de savoir si, dans ces deux villes de province, les métiers exercés par des femmes présentent quelque originalité.
7Un livre récent de George ALTER, Family and the female life course. The women of Verviers, Belgium. 1849-18805 analyse un cas différent puisque Verviers dont le textile est modernisé depuis le XVIIIe siècle est en plein développement. Il montre que dans les fabriques nouvelles, la distinction masculin-féminin reflète le partage traditionnel du travail. Le métier de couturière occupe le rang le plus élevé dans les mentalités même si elle gagne moins que l'ouvrière de fabrique. G. Alter note le nombre élevé de servantes, certaines de celles-ci rentrant néanmoins le soir chez leurs parents. Il dénombre peu d'institutrices et ajoute que cette rareté est commune en Belgique. Enfin, il souligne l'importance des femmes dans le petit commerce, importance traditionnelle dans les sociétés peu développées, et la présence de veuves dans quelques entreprises de dimension moyenne.
8Dans son magnifique livre sur les femmes du peuple à Paris pendant la Révolution française. Citoyennes tricoteuses6, Dominique Godineau consacre 40 pages aux "Femmes au travail". On y lit que, pour les contemporains, "il va de soi que la femme du peuple est une travailleuse" et "c'est la couture qui est le travail par excellence des femmes" alors que l’ouvrière en mode appartient à "l’aristocratie du travail féminin". Puis, viennent, pour ce qui est du nombre, les domestiques, "souvent d'origine paysanne parmi lesquelles il y a toute une hiérarchie". A Paris, les institutrices ne font pas "figure d'oiseau rare". Par contre, les infirmières n'ont pas encore remplacé les religieuses de l'Ancien Régime quoique pour les soins de santé, les sages-femmes soient en nombre et les nourrices, rares. Dominique Godineau insiste sur l'importante main-d'œuvre féminine dans l'artisanat, certes des épouses et des veuves, et aussi de véritables "entrepreneuses" qui emploient de 20 à 200 ouvriers et ouvrières. Leurs activités sont d'une grande variété dans tous les métiers du textile et dans beaucoup de métiers de luxe. Elle signale enfin des employées qui dirigent des magasins ou tiennent les livres et, dans l'édition, des ouvrières et des patronnes.
9"L'enquête des 3.000 familles"7, élaborée sous la responsabilité de J. Dupâquier et D. Kessler, permet à Claude Motte et à Jean-Pierre Pélissier8 de repérer les métiers féminins dans 39.681 actes de mariages enregistrés de 1803 à 1902, à travers toute la France. Le titre de leur contribution, "La binette, l'aiguille et le plumeau", donne le ton. Ils arrivent à des conclusions très proches de celles sur Verviers et même sur Paris. La masse des couturières et, plus encore, des domestiques, femmes de chambre, cuisinières et servantes est impressionnante. Michelle Perrot avait déjà fait une constatation identique en 19789. Il y a aussi un nombre élevé de journalières, beaucoup moins de manouvrières. Les dentellières et les fileuses disparaissent presque après 1830-1850 alors que les groupes de modistes, de repasseuses, de blanchisseuses prennent plus d'importance. Les métiers d'enseignante et d'employée ne revêtent quelque signification que dans les dernières décennies du XIXe siècle.
10En fait, la recherche historique rejoint les observations de Jules Simon10. et de Julie Daubié11. Tous les deux revendiquent, dénonçant l'exploitation du travail féminin. Tous les deux insistent sur la place des femmes dans la profession de couturière et dans la domesticité. D'après Julie Daubié, "les bonnes se disant propres à tout et ne l'étant à rien, se déversent de la campagne sur la ville". Parce qu'elles n'ont aucune formation, les ouvrières de la bijouterie et de l'orfèvrerie parisienne sont les moins rétribuées dans le métier ; il en est également ainsi dans la lithographie, la reliure, la typographie, la marqueterie,... etc. Julie Daubié livre des informations très proches de celles qu'a récoltées Dominique Godineau dans les archives du Paris de la Révolution. Elle traite aussi des professions de l'enseignement et analyse à la fin de son ouvrage le décret de 1804 qui organisa l'administration des postes et admit les femmes à des emplois à égalité avec les hommes. Elles devinrent, ajoute-t-elle, titulaires de gros bureaux alors qu’un recul, à cet égard, s'est marqué sous la Monarchie de Juillet.
Les sources documentaires
11Nos sources essentielles sont trois recensements. Les deux plus anciens — Mons (1797) et Ath (1805)12 — répondent au décret sur la police de 1795 ; le troisième, composé entre 1839 et 1846 l'a été dans la même optique, semble-t-il. Le "Tableau" montois a été l'objet des recherches de Jean Paul Bougard qui a eu l'heureuse idée de le faire mettre sur support informatique13 et il nous en promet une étude exhaustive qui paraîtra bientôt. Un listing en deux volumes est à la disposition du public — aux Archives de l'Etat à Mons et à la Bibliothèque Centrale de l'Université de Mons-Hainaut — ; le 1er volume est une copie conforme des 2 tomes du manuscrit, l’autre, fort utile, donne la liste de tous les habitants par ordre alphabétique. Jean-Pierre Ducastelle, archiviste de la ville d'Ath, a fait opérer un dépouillement complet, sous sa responsabilité, des documents de son dépôt et nous a autorisé à en tirer parti14.
12L'analyse déjà présentée par J.-P. Bougard15 pour dater le document précise la datation de Léopold Devillers : le mois de novembre 1797. Il propose comme agent recenseur un jeune homme de 20 ans, le gendre de Legay, le Commissaire du Département, un Montois rallié aux Républicains et inconnu jusqu’à présent16. Nous préférons son hypothèse de plusieurs agents en raison du délai — 1 mois — de la fabrication du document, et aussi parce que la recherche menée sur les métiers des femmes a décelé des procédés différents. Par exemple, la mention de "ménagère", très rare, est surtout concentrée dans quelques rues ; dans un autre secteur de la ville, le terme de "domestique" semble remplacer celui de servante. Par ailleurs, malgré sa valeur, le "Tableau" de 1797 pèche en raison de l'époque à laquelle il a été réalisé. D'après Bougard, 1200 hommes manquent à l'appel et le déficit masculin — 59 % — est particulièrement fort pour les 18 à 25 ans révolus, à savoir au moment où il semble logique que les femmes travaillent le plus. Donc, la comparaison des taux d'activité masculin et féminin est hasardeuse.
13Les sources athoises n'ont pas encore été soumises à une critique approfondie. Un cas précis, analysé ci-dessous, éveille des doutes. Le métier de "mécanicienne", exceptionnel pour une femme — il n'y en a que 30 dans la France du XIXe selon 39.681 actes de mariage17 — doit être une erreur ; il s'agirait plutôt d'une fileuse "à la mécanique"18.
14Pour la période 1820-1840 à Mons, nous avons utilisé les actes de mariage de 1826-27 et 1836-37. Nous y avons relevé quelques 650 épouses et un certain nombre de leurs mères et belle-mères dont les professions, âges et origines sont indiquées. Cet échantillon de plus ou moins 700 unités pour une population de plus ou moins 10.000 femmes paraît statistiquement suffisant.
15Ne nous cachons pas le caractère imparfait de cette documentation ; aussi n'avons-nous l'ambition d'être ni précise, ni exhaustive. Elle fournit seulement des listes de métiers avec des approximations de leur importance respective. La rue où résident les femmes concernées en 1797 à Mons, en 1805 et 1839-46 à Ath, la liste des témoins dans les actes de mariage donnent une idée de leur situation sociale. Il en est de même des signatures que l'on trouve au bas de ces actes.
16La terminologie fait aussi problème. Qu'est-ce qu'une offrandière ? Elle reçoit les offrandes faites aux saints dans les églises, d'après Hécart. Quelqu'une apparemment qui travaille dans une église19 sans que nous comprenions bien sa mission. Une femme résidant chez un orfèvre, à Mons en 1797, est qualifiée de "tablière". A Paris le métier de tabletière, qui fabriquait des échiquiers et des damiers, était courant ; à Mons, chez les Bénédictines, en 1796, les tablières sont des sortes de pensionnaires. Qu'en est-il20 ?
Les statuts
17Nous traiterons rapidement des femmes qui ont un statut et non un métier. J.-P. Bougard a relevé 42 cas de "ménagère"21, ce qui est sans signification, d'autant que la plupart sont dans le même voisinage ; sans doute est-ce là l'initiative d'un agent recenseur. Dans les actes de mariage, la mention de ménagère va aux mères, belle-mères des milieux modestes ainsi qu'à des veuves qui se remarient. A Ath comme à Mons, il y a un nombre plus élevé de rentières que de rentiers ; ce sont des veuves ou des célibataires. Des femmes seules sont dites propriétaires et un groupe mal connu, plus présent à Ath qu'à Mons, pose problème : les "particuliers" et les "particulières". Leur âge moyen, 59 ans, exclut l'identification avec des prostituées absentes de notre documentation. Généralement, le terme paraît être opposé à personnage public. Un cas précis en fait des "ménagers aisés", donc de petits exploitants ruraux, sans doute retraités en ville22.
Vue d'ensemble
18En arrivant aux métiers, nous commencerons par ceux, qui tout en occupant un très grand nombre de bras sont les plus vagues : les journalières et les ouvrières. Viendront ensuite les métiers, semble-t-il, les moins payés et indifféremment masculins ou féminins, puis les métiers d'artisans exercés par des veuves et les métiers du secteur commercial dans lesquels les femmes sont aussi surtout des veuves.
19Parmi les métiers, spécifiquement féminins, le chapitre des couturières est important et nous y joindrons les dentellières et les modistes mais c'est le personnel domestique qui est le plus féminisé. Quant aux professions d'accoucheuse et de maîtresse d’école, elles commencent à se répandre.
Journalières, ouvrières, fileuses, petites marchandes
20Les journalières et les ouvrières sont relativement plus nombreuses que les journaliers et les ouvriers si l'on considère les proportions respectives de la population active qui compte trois fois plus d'hommes ; or, les chiffres donnés par J.-P. Bougard sont, pour les journaliers, 220 femmes et 258 hommes et pour ceux qu'il appelle les ouvriers "manufacturiers" 131 et 23123. Le nombre de journalières est donc élevé ; il semble diminuer dans les années 1820-1840. La dénomination d'ouvrière est inexistante dans les actes de mariage analysés. A Ath, les ouvrières sont la majorité en 1805 et c'est l’inverse au milieu du siècle. Malgré ces incertitudes, la différence paraît claire à Mons.
21Par journalière, il faut entendre celle qui est rétribuée sinon engagée à la journée, donc celle qui n’est jamais sûre du lendemain. A Mons, en 1797, des journalières sont mariées à des journaliers, moins souvent à des ouvriers et à des artisans. La même situation se retrouve dans les actes de mariage de 1826-37. Il arrive aussi qu'elles soient abandonnées parfois avec des enfants. Ce sont également des célibataires ou des veuves, vivant avec d'autres femmes de leur famille ou non, journalières comme elles ou exerçant de petits métiers : lavandières, blanchisseuses ou "buresses", repasseuses ou "polisseuses", petites marchandes de légumes ou de pain, de pommes, de cresson, de "couckebacs",... etc.24. Leur âge varie de 16 à 88 ans. Elles habitent dans des cours ou des ruelles. Certaines d'entre elles sont domiciliées chez des bourgeois ou des artisans ; il est difficile de savoir si elles s'apparentent au personnel domestique ou si elles sont locataires, comme celles dont on peut croire qu'elles logent à l'auberge et celle qui vit chez un limonadier25.
22Comme les journalières, les ouvrières sont de tous les âges mais elles semblent plus qualifiées chaque fois que leur spécialité apparaît. Une ouvrière en pâtisserie de 70 ans a elle-même une servante. Une autre, habitant chez un ouvrier en cotonnette travaille-t-elle dans la même spécialité26. ? Plusieurs sont des ouvrières en couture, en tricot et en dentelles occupées probablement dans des ateliers où elles ne se rendent que pendant la journée. On ne sait si une ouvrière couturière résidant chez un sellier collabore avec celui-ci ou est sa locataire. Les 7 faiseuses de boulets, sorte de briquettes faites de poussier de charbon27, partagent le métier de leur mari. Les "relaveuses de tonnes" travaillent dans une brasserie et le mari de l'une d'elles est ouvrier brasseur. Les fileuses sont nombreuses : entre 70 et 80. La majorité travaillent à domicile mais l'une d'elles vit chez une fabricante, d'autres chez une manufacturière, dans des entreprises inconnues par ailleurs. Elles ont de 12 à 70 ans. En 1846, le travail à domicile n'est pas relevé mais le dépôt de mendicité compte 48 fileuses et 7 d'entre elles ont moins de 16 ans28. A Ath, il n'y en a pratiquement pas.
23Les journalières d'Ath vivent intra muros ; dans les exploitations rurales des faubourgs, ce sont des journaliers et les quelques journalières qui y travaillent sont des veuves. Les journalières de la ville n'assurent-elles pas des travaux saisonniers dans les champs ? On peut également se demander si les journalières montoises ne font pas partie du personnel féminin des charbonnages du Borinage, personnel qui atteint 3.000 unités en 184629.
Messagères, artisanes et marchandes
24Après ces métiers les plus aléatoires, nous aborderons les messagères, ces femmes qui, une hotte sur le dos, assuraient des transports de tout genre. Le recensement de 1797 n'en donne aucun exemple pour Mons ; 3 femmes "piétons" sont répertoriées pour 4 hommes à Ath en 1838-47. Sous l'Empire, l'Annuaire du département signale pour Mons "Hélène" et "Marie" qui vont 2 ou 3 fois par semaine vers le Borinage. Elles n'ont pas droit au nom de famille qui identifie leur collègue masculin30. Parmi les femmes titulaires de métiers artisanaux, on trouve des filles travaillant avec leur père : ainsi une 'Tondeuse de cuivre" à Ath, en 1838-46. Mais, la majorité des femmes dans l'artisanat sont des veuves qui ont repris la tâche de leur mari.La liste est longue : casquettière, poulaillère, ferblantière, tonnelière, quincaillère, boulangère, charcutière, bouchère ; on ne sait s'il faut les considérer comme des artisanes ou des marchandes. Il y a également de hauts niveaux de qualification tels horloger, orfèvre, relieur. A propos de la veuve du relieur Riffaut, de Mons, une annonce du Journal de la province de Hainaut, en 1817, rassure la clientèle : "elle a chez elle une personne (un ouvrier, comprend-on plus loin) qui connaît cet état pour avoir travaillé plusieurs années et avec succès chez le premier relieur de Paris", de plus, "le libraire Leroux son beau-frère s'est chargé de surveiller l'atelier"31. On voit que la confiance est sollicitée et l'annonce a été répétée. Les veuves de pharmacien, se conformant au règlement montois des apothicaires du XVIIIe siècle repris par un décret de 1802, travaillent avec des apprentis ou des élèves en pharmacie32.
Négociantes, fabricantes, "entrepreneuses"
25Comme les autres veuves de marchands, de négociants ou d'entrepreneurs — des cabaretières, des aubergistes, des fabricantes, des fripières, des mercières, des "brasseuses" — elles continuent les affaires de leur mari. Pour Namur, F. Jacquet a pu suivre la carrière de quelques maîtresses femmes33. Il s'en trouve dont les activités n'ont rien à voir avec celles de leur époux. Bonne Duvivier est restée mercière malgré la fortune de son mari, le banquier Isidore Warocqué34. Catherine Hardenpont était la mère de Charles-Stanislas Troye, qui est qualifié de "commissaire du pouvoir exécutif près la municipalité" et était secrétaire général du département depuis 1795, d'après ses biographes35. Veuve, elle avait repris le gros commerce de charbon de sa famille36. Il en est de même d'Isabelle Thierry qui a 29 ans et vit avec ses sœurs plus jeunes et un oncle37. A Ath, en 1805, la Poste aux chevaux de la rue des Récollets est entre les mains de la famille Lefèvre ; la mère, veuve, dirige avec ses 7 filles de 30 à 49 ans et 3 fils de 22 à 35 ans. En 1837-46, 3 filles — 77, 75 et 62 ans — sont toujours à la Poste, rue des Récollets ; leur frère Joseph demeure sur la route vers Bruxelles et un de ses fils est postillon.
26Les messageries de Mons vers Paris, Namur et Valenciennes existent également en 1810 et 12 sont dirigées par des veuves38. Dans le service des Postes, c'était, d'après Julie Daubié, chose courante sous l'Empire39. Il y a peu de négociantes ; l'une d'elles, à nouveau une veuve, se verra confier le bureau de loterie sans succéder à son mari40. En 1797, les femmes "fabricantes" ou "manufacturières" sont rares. Plus tard, en 1845, une femme d'origine autrichienne, Anne-Marie de Rostohazy, veuve du colonel Lelouchier qui a été au service de l'Autriche, reprend la bien connue Gazette de Mons, le journal libéral puis édite un revue professionnelle. Elle est propriétaire de l'imprimerie41. Il y a donc des exceptions, favorisées par la fortune.
Couturières, tricoteuses, dentellières
27Couturières et dentellières sont, au contraire, des métiers exclusivement féminins. Mons comptait un grand nombre de couturières, il en a beaucoup moins à Ath. L'explication se trouve évidemment dans les chiffres de population globale mais aussi dans le niveau socio-économique qui détermine l'aisance de la clientèle potentielle. Beaucoup travaillaient, seules, à domicile et, à côté, des ateliers occupaient ces ouvrières, vues plus haut ou des ateliers familiaux tel en 1797, à Mons, celui d'une veuve qui vit avec ses 4 filles, toutes couturières, et un fils, couturier, chose rare. Il y a quelques femmes, tailleurs, travaillant avec leur père, frère ou mari. Quoi qu'il en soit ailleurs, notamment à Paris42, les couturières montoises font visiblement partie d'un autre groupe social que les journalières. Elles signent toutes ou presque leur acte de mariage alors que c'est, à l’inverse, très rare pour les secondes. Nos sources distinguent les couturières en noir, des couturières en blanc auxquelles s’apparentent les lingères, celles-ci faisant parfois partie du personnel domestique.
28Les tricoteuses de 1797 sont vraisemblablement les ouvrières en bonneterie du recensement industriel de 184643. Ce métier qui compte 27 unités en 1805 à Ath n'y est plus répertorié en 1839-46. Quant aux modistes, à savoir en 1797 des marchands de modes, 1 frère et ses 3 sœurs sont visiblement associés, une autre femme porte la même dénomination, une autre est marchande de chapeaux44. Les faiseuses de "beghinet" sont des femmes qui fabriquent de petites coiffes en dentelles45. A Ath, il n'y a pas de modiste en 1805 et 13 en 1839-46, 4 sœurs venues de Mons y retournent en 1844 et une autre part pour Bruxelles. Or, notre échantillon montois pour cette époque n'en donne pas une seule, ce qui met en doute sa pertinence. Par ailleurs, il montre l'émergence d'un nouveau métier féminin en liaison avec l'évolution de la mode et de la structure socio-économique.
29Autre métier de nos jours typiquement féminin, celui de coiffeuse. Au début du siècle, les rares perruquières sont des veuves de perruquiers. On n'en trouve pas d'autres plus tard sinon dans une annonce de 1827 : le Sieur Vraux et sa demoiselle coiffeurs... viennent d'arriver de Paris,...etc. La fille travaille avec son père : a-t-elle repris le métier ?46.
30L'histoire de la dentelle est assez bien connue en Hainaut47 : après la Manufacture Royale créée par Anne-Charlotte de Lorraine, d'autres écoles ou ateliers analogues ont été ouverts dont la fortune fut très variable, et précaire. Au début du Régime français, aucune entreprise ne subsiste à Mons : aussi, n'y a-t-il que quelques dentellières en 1797, dont la plupart vivent avec les fileuses dans les quartiers pauvres.
31A Ath, elles sont 37 en 1805 et 43 en 1838-46. D'après l'historien de cette ville, C.J. Bertrand, il y en aurait eu de 2 à 300 au début du XIXe s.48. Partout se succèdent écoles privées, ouvroirs, ateliers d'apprentissage où on accueille les demoiselles de la "société" pour qui la dentelle est un art d'agrément et d'autres filles qui en feront métier. Les orphelinats se spécialisent également dans les dentelles et il y eut des résultats parfois magnifiques, tel voile de mariée ou d'ostensoir.
32Les réussites commerciales ne suivent pas. Le recensement de 1846 signale à Mons une manufacture de dentelles avec 60 ouvrières dont 27 adultes, 20 de 12 à 16 ans, 12 de 9 à 12 ans et une enfant de moins de 9 ans49. Que faut-il penser de leur rémunération ? D'une longue analyse fondée sur des sources exceptionnelles, émanant de la maison de commerce Tribout de Valenciennes au XVIIIe siècle, le professeur Ph. Guignet conclut que des femmes expérimentées, celles qu'il appelle les maîtresses-dentellières, pouvaient espérer des gains substantiels, en période de bonne conjoncture ; le salaire moyen frappe "par son extrême modestie" bien que leur dextérité, ajoute Ph. Guignet, les place au-dessus des fileuses et des journalières. Autre observation qui doit valoir pour les villes belges : "la rude discipline, digne des workhouses britanniques" à laquelle étaient soumises les petites orphelines50.
Le personnel domestique
33Dans le personnel domestique, les femmes sont trois fois plus nombreuses que les hommes, d'après le tableau de J.-P. Bougard, (440 et 149) et deux fois plus que les journalières (220)51. La majorité sont des servantes engagées seules chez des petits ou moyens bourgeois, des hommes de loi, des marchands, des rentiers et rentières, les artisans les plus cossus. Une caractéristique, c'est que la plupart ne sont pas de Mons mais viennent des villages voisins, contrairement aux journalières. Les cuisinières sontelles aussi comme les servantes des bonnes à tout faire, telle "cette fille sachant un peu de cuisine"52 cherchée par annonce ? Parfois, elles sont seules et assez souvent avec d'autres serviteurs, des filles ou femmes de chambre assez rares et des domestiques mâles, des cochers.
34En 1797 encore, quelque familles riches disposaient de 3 ou 4 serviteurs. En 1806, le marquis de Gages en a 7, le préfet Deconinck, 12 et en 1816, le maire de Mons Duval de Beaulieu, dont les goûts dispendieux sont bien connus, 1053. A Ath, le nombre de servantes et cuisinières est moins élevé, proportionnellement à la population qu'à Mons. Il y a moins de domestiques mâles, visiblement le domestique masculin est le signe distinctif des plus grandes fortunes ou d'une position en vue.
35Dans le personnel de maison, on classait aussi les dames ou filles de compagnie, les lingères, les cuisinières, les gouvernantes, les "écrivains", les filles et les garçons de boutique, les nourrices54. Celles-ci sont rares sinon exceptionnelles ; en 1817, des annonces vantent dans deux offres d'emploi "une belle denture" et "un tempérament sain", ce qui correspond aux exigences habituelles de l'époque55.
36Dans un article sur la population montoise en 170456, C. Bruneel et H. Pouillon ont calculé que la proportion du personnel domestique par rapport à la population globale était de 7 % et en 1816 de 4 % et ils concluent, par des comparaisons avec d’autres villes, qu'il s'agit d'une évolution générale. Le taux de 3,4 % en 1797 est donc tout à fait dans la même ligne d'autant que nous avons souligné le caractère particulier de l'année 1797.
Secrétaires, accoucheuses, institutrices directrices d'orphelinat et d'hospices
37On rencontre enfin à Mons une ex-secrétaire, une deuxième à Ath et dans cette ville, une candidate-notaire. Ce sont là des cas exceptionnels. En 1827, on réclamait seulement d'une fille de boutique qu'elle sache lire et un peu calculer57.
38Visiblement, l'analphabétisme était encore très répandu dans le Hainaut du début du XIXe siècle. Les autorités provinciales ou communales comme à Ath dans le dernier quart du XVIIIe siècle, avaient bien cherché à promouvoir la profession d'accoucheuse58. Elles s'étaient heurtées au manque de connaissances des filles malgré les écoles gratuites existantes. Dans son rapport de l’an XIII, le préfet Garnier souligne avec regret le petit nombre de Hennuyères qui entrent à l'hospice de la Maternité : 10 en l’an XI, 5 en l’an XIII et il explique que dans les communes rurales, les jeunes filles manquent des connaissances de base ou craignent de quitter leur famille59. Il y a pourtant deux accoucheuses répertoriées à Mons en 1797, l'une veuve, l'autre dotée d'un époux, ouvrier-orfèvre. Des cours d'accouchement privés fonctionnent dès le XVIIIe siècle. Ils reprendront après la fermeture de l'Ecole Provinciale des Sciences Médicales créée par les Hospices Civils (1827-30)60, où une certaine Séraphine Demeuldre, diplômée de l'Ecole de Paris et brevetée à Mons en 1805, était maîtresse-sage-femme. Depuis la loi de 1816 et l'arrêté de 1818, la liste des "gens de l'Art de guérir" doit être publiée annuellement par les provinces. En 1840, sur les 168 sages-femmes du Hainaut, 9 résident à Mons, 3 à Saint-Ghislain et aucune à Ath, cette situation étant tout à fait particulière. Leur dispersion au milieu du siècle montre les progrès accomplis dans ce domaine et cache, à mon sens, le rôle moteur joué par Mons et Ath dans le phénomène61.
39Qu'en est-il de l'enseignement primaire pour les filles62 ? Au XVIIIe siècle, on sait en général qu'il était pris en charge par les institutions religieuses, la plupart s'adressant aux filles de la bourgeoisie sinon de la noblesse mais certaines d'entre elles assuraient l'instruction primaire gratuite ; à Mons notamment les Filles-de-Notre-Dame et, les jours fériés, l'école dominicale tant pour les adultes que pour les garçons et les filles.
40Au moment de la suppression des couvents, des laïques reprirent la tâche jusqu'à ce que la signature du Concordat restaure la situation. Par la suite, des institutions privées, des petits pensionnats se multiplièrent63. La morale républicaine, signalée une fois dans les programmes montois, fut remplacée "au premier rang" par les principes de la religion et on revint aux branches traditionnelles dont la mythologie, le calcul et "tous les ouvrages utiles et agréables aux demoiselles". Ailleurs, on insiste sur la couture et le tricot, une des écoles détaillant même les points de tricot enseignés. Dans les orphelinats, depuis l'Ancien Régime, les petites filles ont une maîtresse de couture en noir, une deuxième pour la couture en blanc, une troisième pour le tricot64. En 1832, la société de Charité Maternelle crée à Mons une école de couture ; nous avons traité plus haut des écoles de dentellières. Voilà pour former cette main-d'œuvre spécialisée dont la bourgeoisie a besoin. Il est visible aussi que malgré l'absence de politique scolaire des autorités belges avant 1842, l'analphabétisme a reculé pour les femmes les plus humbles, sans doute surtout dans les villes puisque les servantes qui viennent des campagnes signent peu leur acte de mariage. Où étaient formées les maîtresses d'écoles ? Dans leur famille, comme la célèbre Caroline Popp de Binche65 ? Dans les institutions religieuses ? En 1824, les demoiselles Nicaise reçoivent dans leur institut outre les élèves ordinaires, celles qui se destinaient à l'enseignement. Quand on voit la fille d'un des plus riches négociants montois, Désirée Gantois, ouvrir une école, épouser en 1827 un instituteur et maître de langues, on peut penser que la profession d'institutrice est une promotion. Est-ce un cas particulier66 ?
41A la tête des institutions caritatives, enfin, on trouve, à Mons et à Ath, des laïques et non des religieuses au début du siècle. C'était le cas à Mons depuis le XVIIIe siècle. Elles sont aidées dans les hôpitaux par des gardes-malades, des gardes-couches mais seront remplacées à nouveau par des ordres religieux67.
Conclusion
42En conclusion, les métiers exercés par des femmes de deux villes du Hainaut présentent-ils quelque originalité ? Pas vraiment. Certes, des différences se marquent par rapport à Paris ou même à Verviers, une ville au textile moderne ainsi que par rapport à Chièvres, une très petite ville presque à l'état rural et à Dour où, dès 1799, le tiers des hommes actifs étaient occupés dans les mines de houille68.
43La liste des métiers69 est évidemment beaucoup plus longue à Paris mais, comme partout, le personnel domestique est féminin, dans sa majorité, et bien des servantes viennent des campagnes. Autre phénomène banal : les femmes spécialisées dans le textile. Il y a de nombreuses couturières, plus à Mons qu’à Ath et plus encore qu'à Chièvres et à Dour. Quant aux fileuses, très présentes à Mons en 1797, elles disparaissent au cours des décennies suivantes au fur à mesure des mutations générales de l’industrie textile. Les dentellières forment un groupe très variable. Elles vivent dans les quartiers les plus pauvres avec ces petites marchandes dont l'historien de Verviers pense qu'elles sont représentatives des pays peu développés. Comme à Verviers, et non comme à Paris, les couturières paraissent au-dessus du lot commun. Modistes et coiffeuses sont presque absentes. Ces métiers très répandus à Paris sont encore dans nos villes de province entre les mains des hommes.
44A Mons, comme à Ath, les femmes sont fréquemment des journalières, donc engagées à la journée et, chaque jour, incertaines du lendemain. Où travaillent-elles ? Dans les houillères du Borinage, à Mons ? Dans les campagnes des environs, à Ath ? Pourquoi ces journalières ne sont-elles pas embauchées comme servantes ? La lecture de Jules Simon, de Julie Daubié et des travaux sur le personnel domestique70 laisse supposer que les filles pauvres des villes préféraient un sort hasardeux plutôt que l'étroite dépendance qui était le lot des servantes. D'autre part, d'après certains, le travail en ville était une promotion pour les campagnardes en qui les patrons avaient plus de confiance que dans les filles des villes.
45Comme à Paris, des filles et des femmes d'artisans exerçaient avec eux, ou, après leur mort, les métiers de ceux-ci. Il en est de même de marchands, de fabricants et de manufacturiers. Dans le secteur des entreprises, une caractéristique se retrouve partout : des femmes dirigent des services des Postes et des Messageries. On sait que c'est l’Administration des Postes qui fut la première à recruter de nouveau des femmes71 et on a parfois dit que ce serait une habitude héritée de l'Ancien Régime. Autre situation ancienne : des femmes à la tête d'imprimeries.
46Derniers métiers qui, eux, annoncent l'avenir : les accoucheuses et les institutrices, cette promotion par l'étude qui s'amorce avec l'expansion des connaissances. Le problème des accoucheuses est plus épineux car elles sont en compétition d'une part avec les matrones des temps anciens et de l'autre avec les médecins-accoucheurs.
47La seule originalité des métiers envisagés est donc le nombre élevé de journalières à Mons, à expliquer sans doute par la proximité du bassin charbonnier du Borinage qui sera réputé par la suite pour son effectif féminin.
48Les métiers en relation avec les travaux ménagers et avec le textile sont bien dans la tradition des métiers de femmes, avec la division traditionnelle du travail entre les sexes. La direction des Postes et des Messageries, liée dans les faits avec la propriété des auberges, n'est-elle pas ainsi encore un dérivé du travail ménager ?
Notes de bas de page
1 No 140, juillet-septembre 1987, pp. 3-7, en particulier pp. 5, 8.
2 No 104, octobre-décembre 1978.
3 Ed. Pasinomie, 1ère série, t. VII, 1835, p. 79, signalé par A. JOURET, "La société à Dour pendant la « période française ». Analyse de trois « tableaux des habitants » (an IV, an VIII, 1814)", Annales du Cercle d'Histoire et d'Archéologie de Saint-Ghislain et de la région, t. IV, 1986, pp. 291-292 qui analyse en outre des rappels adressés en 1796 par l'Administration Centrale aux autorités locales. Sur le décret de 1795 voir aussi R. LEBOUTTE et R. OBOTELA, "Les registres de population en Belgique", Bulletin de la Commission Royale Histoire, t. CLIII, 1987, p. 287.
4 Cf. M. BRUWIER, Etudes sur le réseau urbain en Hainaut de 1350 à 1850 [avec la collaboration pour les xviiie et xixe siècles de G. BAVAY, J.-P. BOUGARD, J.-P. DUCASTELLE, Ph. GUIGNET], dans Le réseau urbain en Belgique dans une perspective historique (1350-1850). Une approche statistique et dynamique. 15e Colloque international de Spa - Septembre 1990, Actes, Crédit Communal, Bruxelles, no 86, 1992, pp. 275-316.
5 The University of Wisconsin Press, Londres, 1988, pp. 95-105.
6 Ed. Alinea, Paris, 1988, pp. 65-88.
7 La société française au xixe siècle, Paris, 1992, pp. 23-61.
8 Idem, pp. 237-242.
9 Le Mouvement social, no 105, pp. 6-7.
10 J. SIMON, L'ouvrière, 1862, pp. 196, 200, 211-231.
11 J.-V. DAUBIÉ, La femme pauvre au dix-neuvième siècle, 1866. Rééd., Paris, 1992, pp. 56-61, 97, 100-163.
12 Archives de l'Etat à Mons (A.E.M.), Ville de Mons, Registres, nos 1905 et 1906 - Archives de la ville d'Ath.
13 La transcription comportant des coquilles, il est utile de se reporter au manuscrit. On y trouve aussi des ajouts dont la justification manque jusqu’à présent : la qualité de « chef de ménage » attribuée au premier personnage cité dans chaque maisonnée, la mention de « cousine » pour des servantes, ouvrières... des premières pages.
14 Dépouillement en vue de sa collaboration cfr. note 4. Nous avons procédé à des vérifications avec son aide et l'en remercions vivement.
15 "A propos du recensement français de la population de Mons : critique et premiers résultats", dans Historiens et populations. Liber amicorum Etienne Hélin, Louvain-la-Neuve, 1991, pp. 525-535 et notamment p. 529, 533.
16 Son titre de « Commissaire au Département » ne correspond pas à ce qu'on connaît ; le Commissaire civil à l'époque était Lamotze. Peut-être était-il Commissaire du Directoire pour le District. Cfr. Ch. DELECOURT, Introduction à l'histoire administrative du Hainaut, 1839. Sur la famille Legay cfr. Tables de l'Etat civil de Mons. Legay est député le 14 janvier 1793 par les représentants provisoires du Hainaut auprès des administrateurs de Tournai, cfr A. MILET, "Tournai et le Toumaisis sous le bonnet rouge (1792-1793)", dans Publications extraordinaires de la Soc. Royale d’Hist. et d’Arch. de Tournai, t. IIΙ, 1986, p. 160.
17 Cl. MOTTE et J.-P. PÉLISSIER, op. cit., p. 324.
18 Il s'agit de Rose Dubois, 21 ans, rue de l'Esplanade chez Jean-Baptiste Glorieux, portier (Tableau, p. 10). On la trouve dans les fichiers des Archives d'Ath, plus tard, comme servante alors que Glorieux est peigneur de laine. Dans une rue voisine, la rue de Bouchain, vivait en 1805 un fileur à la mécanique. N'y eut-il pas rue de l'Esplanade une filature mécanisée qui disparut rapidement, comme il y en eut à Mons à l'époque ? Cette hypothèse est née de conversations avec J.-P. Ducastelle que je remercie de sa collaboration.
19 G.A.J. HECART, Dictionnaire rouchi-français, 3e éd., Valenciennes, 1834, p. 325.
20 D. GODINEAU, op.cit., p. 71. A Mons cfr G. MATTHIEU, "Histoire de l'enseignement primaire en Hainaut", dans Mémoires Soc. Sciences, Arts et Lettres du Hainaut, 5e série, t. VI, 1893, p. 281.
21 J.-P. BOUGARD, op. cit., p. 534.
22 Mémorial du département de Jemappes, 11 mars 1808. Annonce d’un école privée où les particuliers (dits ménagers aisés) sont opposés aux familles aisées et aux pauvres.
23 Op. cit., p. 535. Le terme « ouvrier manufacturier » est rare dans le manuscrit. L'absence d'hommes doit relativiser ces chiffres.
24 « Buresse » terme local pour lavandière et « polisseuse » pour repasseuse. Cfr. J. SIGART, Dictionnaire du wallon de Mons, 1866. « Coukeback » terme flamand pour crêpes.
25 Le manuscrit, Tableau..., pp. 422, 424 ne porte pas la mention « en pension » quoique cela semble aller de soi pour l'auberge.
26 "L'ouvrier Motte...", idem p. 296.
27 Terme wallon, cfr J. HAUST, Dictionnaire liégeois, Liège 1933, p. 103.
28 Statistique de la Belgique. Industrie. Recensement général. 15 octobre 1846, Bruxelles, 1851, p. 258.
29 Idem, p. 274. En 1862, des enfants de « charbonniers » sont signalés à l'Ecole dominicale montoise (cfr. V. BRAQUENIER, "L'Ecole dominicale de Mons", Annales Cercle Arch. de Mons, t. 73, 1988, p. 114) alors que ce métier n'est presque pas répertorié en 1797.
30 E. LEGROS, "La hotte et ses usages", dans Enquête du Musée de la Vie Wallonne, t. IV, 1946, pp. 124-128, A. GALLEZ, "Les petits métiers d'autrefois", dans Hainaut-Tourisme, no 111, 1967, pp. 137-139 et Almanachs du département de Jemappes, l’an XIII, 1811 et 1815.
31 29 août et 20 septembre.
32 Cf. Ch. HODEVAERE, "La corporation des pharmaciens de la ville de Mons", dans Mém. Soc. Sciences..., t. 48, 1906, pp. 177, 247, 250.
33 F. JACQUET-LADRIER, "Les femmes dans les affaires à Namur : le maintien de la tradition", dans Conditions féminines à l'époque de la Révolution française, Réseaux, no 61-63, 1991, pp. 97-114.
34 Sur la fortune de Warocqué, cf. J. RASSEL-LEBRUN, "La faillite d'Isidore Warocqué, banquier montois du début du xixe s.", dans Revue Belge d'Hist. Contemporaine, IV, 1973, pp. 430-431.
35 Troye deviendra sous-préfet de Charleroi, cfr P. BERGMANS dans Biographie Nationale, t. 25, 1930-32, qui se fonde sur E. Matthieu.
36 Sur le commerce des Hardenpont cfr notamment A.E.M., Fonds français et hollandais, liasse 873.
37 Ibidem sur la famille Thierry.
38 D'après les Almanachs, pp. 297-298.
39 Op. cit., p. 162.
40 Mme Deramaix, négociante en 1797, rue de la Peine Perdue - Rue Terre du Prince en 1815 et 1816 d'après Almanach, p. 120 et 268.
41 P. LEFÈVRE, Répertoire des journaux et périodiques de l'arrondissement de Mons (1786-1940), Louvain-Paris, 1980, pp. 197-198 et 228.
42 D. GODINEAU, op. cit., p. 67.
43 Statistique..., p. 238.
44 Rossignol et ses sœurs, rue d'Havré - Hyacinthe Warocqué, rue de la Chaussée et la Veuve Manteau.
45 Ph. GUIGNET, Mines, manufactures et ouvriers du Valenciennois au xviiie siècle, Lille, 1976, p. 586.
46 Journal du Hainaut d'août 1827.
47 K. PETIT, La dentelle ancienne en Hainaut, 1982, pp. 64-71.
48 Dans Mém. Soc. Sciences, 6e série, t. VIII, 1905, p. 302.
49 Statistique..., p. 258.
50 Ph. GUIGNET, op. cit., pp. 561-596.
51 J.-P. BOUGARD, op. cit., p. 535.
52 Journal de la province de Hainaut, 16 mai 1817.
53 D'après « recensements » de 1806 et 1816, A.E.M., Ville de Mons, Registres 1907 et 1908.
54 Annonce d'octobre 1817.
55 20 juin et 26 août.
56 Dans Bulletin du Crédit Communal, no 179, 1992, p. 17.
57 28 décembre 1827 dans le Journal du Hainaut.
58 Cfr R. DARQUENNE, "L'obstétrique aux xviiie et xixe s.," dans Ecoles et livres d'école en Hainaut..., Mons, 1971 et "La répartition des professions médicales dans le département de Jemappes", dans Autour de la ville en Hainaut, Ath, 1986, p. 540 et J. STIÉVENARD, Naître dans une ville hainuyère. Ath (1700-1814). Mémoire de licence U.C.L. 1987. Inédit en consultation aux Archives de la ville d'Ath.
59 F. HAYT, "Le département de Jemappes au début du xixe siècle", dans Annales Cercle Arch. Mons, t. 61, 1949, p. 205.
60 P. HEUPGEN, "L'Ecole Provinciale des Sciences Médicales à Mons", dans Mém. Soc. Sciences..., t. 66, 1925, pp. 67-78.
61 Mémorial administratif province de Hainaut, 1840. Supplément au no 19.
62 E. MATTHIEU, op. cit., p. 182, 280, 287-293 et V. BRAQUENIER, op. cit., pp. 60-61, 69 et pp. 113-116.
63 Cfr annonces Journal du Hainaut, par exemple août, septembre, novembre 1817.
64 F. HACHEZ, "Les fondations charitables à Mons", dans Annales Cercle Arch. Mons, t. I, 1857, p. 266.
65 Née Caroline Boussart à Binche dans une famille bourgeoise, elle est éduquée chez elle par un ancien Récollet puis par son père et ses frères. Elle épouse le cartographe Popp à Mons ; ils partiront pour Bruges où elle devient une femme de lettres, cfr A. PIETERS dans Biographie Nationale, t. 18, 1905, col. 33-38.
66 E. MATTHIEU, op. cit., pp. 292-293.
67 F. HACHEZ, op. cit., pp. 210, 238, 248, 282.
68 P. BAUWENS, "La structure de la population de Chièvres en 1798", dans Contributions à l'histoire économique et sociale, t. III, pp. 94-97 et A JOURET, op. cit., pp. 357, 358, 360, la profession de la femme étant exceptionnellement notée, p. 341.
69 Dans son travail de fin d'études de régente de l'Institut d'Enseignement supérieur pédagogique de l'Etat à Mons « La condition de la femme pendant la Révolution française », A. Gérin a exploité la moitié du listing composé par J.-P. Bougard d'après le « Tableau... » de 1797. Elle dresse (pp. 65-66) une liste de plus de 80 métiers ; le métier d'infirmière relève d'une mauvaise lecture de cuisinière. Je remercie Nicole Decostre, son professeur, de m'avoir communiqué ce travail.
70 P. GUIRAL, G. THUILLIER, La vie quotidienne des domestiques au xixe s., Paris, Hachette, 1978, p. 22 et passim.
71 G. THUILLIER, La vie quotidienne dans les ministères au xixe s., Paris, Hachette, 1976, p. 197.
Auteur
Historienne (Université de Mons)
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