Hypnotisme et spiritisme chez Frederik Van Eeden
p. 251-264
Texte intégral
1Frederik van Eeden fait partie de la génération d’écrivains hollandais connue sous le nom de Beweging van Tachtig (Mouvement de Quatre-vingt), qui débute dans la revue De Nieuwe Gids en 1885. Il a cependant un profil bien particulier, qui diffère de celui des esthètes à la Kloos. Grand sentimental, homme de foi, réformateur social, ses préoccupations étaient plutôt d’ordre religieux, éthique et social. Curieux de tout, il lisait beaucoup dans plusieurs langues et se tenait au courant de l’évolution des disciplines qui l’intéressaient. Sur plusieurs plans, il fut un novateur.
2Mais sa nature profonde est celle d’un romantique, en quête de beauté et de vérité. Le combat qu’il a mené sa vie durant est celui qui oppose l’idéalisme au sens du réel, le sentiment à la raison. On le voit déjà dans son célèbre De Kleine Johannes (1887), un petit bonhomme plein de rêves qui dans son évolution se heurte sans cesse à la réalité. Ce sera le cas dans la vie de Van Eeden également, ses rêves successifs sont déçus par la réalité.
3Nous laisserons de côté ici le poète, le romancier, le dramaturge, pour ne retenir que l’essayiste et son intérêt pour la psychologie et les phénomènes paranormaux.
4Tout en suivant le cheminement personnel de Van Eeden, nous verrons, dans un premier temps, le rôle important qu’il a joué sur le plan psychothérapeutique et, dans un second temps, son obsession pour le spiritisme. Nous puisons notre information dans l’excellente biographie de Jan Fontijn, dont le second tome a paru en 1996, dans le journal et la correspondance de Van Eeden, dans quelques articles spécialisés et surtout dans les Études de Van Eeden lui-même, rassemblées en six séries et parues entre 1890 et 1918. Une petite dizaine d’essais sont consacrés aux sujets qui nous concernent ici.
5Il faut savoir que Van Eeden était médecin. Né à Haarlem en 1860, il était issu d’une famille qui s’intéressait aux sciences et aux arts. Sa mère était la fille d’un pasteur et son père était un botaniste réputé qui, de surcroît, Schopenhauer et Nietzsche, alors que ce dernier était encore inconnu aux Pays-Bas. Le fils, lui aussi, conjugue l’aspect scientifique et le côté artistique. À 18 ans, il s’inscrit en faculté de médecine à l’Université d’Amsterdam. Tout en profitant de la vie estudiantine et en menant à bien ses études, il commence à écrire et fonde la revue De Nieuwe Gids avec quelques amis. Nous sommes en 1885, l’année où il passe son examen final de médecin. En 1886, il se marie et s’installe comme médecin à Bussum, une petite ville au nord d’Hilversum.
6À la recherche d’un sujet de thèse, Van Eeden propose à son promoteur de travailler sur l’hypnose et la suggestion mentale. Son promoteur, un interniste, le dissuade et lui impose tout autre chose : L’alimentation artificielle des patients souffrant de tuberculose. La septième de ses thèses annexes sera toutefois la suivante : « Les recherches de Bernheim, Richet, Charcot et d’autres concernant l’hypnose et la suggestion méritent une grande attention » (1886).
7Par la suite, Van Eeden jouera un rôle important sur le plan psychiatrique : on peut dire qu’il est l’un des fondateurs de la psychothérapie aux Pays-Bas. Il a non seulement travaillé lui-même comme psychothérapeute mais s’est aussi préoccupé théoriquement des conséquences auxquelles le menait sa connaissance de l’hypnose et de la psychothérapie. Voyons les choses par le menu.
8En novembre 1885, dans le cadre de la préparation de sa thèse annexe, Van Eeden avait passé une dizaine de jours à Paris dans la clinique du Dr Debove. C’est là qu’il entre en contact, pour la première fois, avec l’hypnose. Il est vraisemblable qu’il ait également assisté à quelques démonstrations de Charcot à la Salpêtrière ; Van Eeden aurait d’ailleurs tenté d’interviewer Charcot à propos de la suggestion. Charcot, qui hypnotisait des patients hystériques, fit grande impression sur Van Eeden, qui essaya, à son tour, de magnétiser Mme Huet (l’épouse de l’écrivain et critique Busken Huet, qui résidait à Paris).
9En 1886, il consacre un essai à Debove et à ses expériences, intitulé L’Hypnotisme et les miracles1. Van Eeden y met l’accent sur les côtés spiritistes de l’hypnose, qu’il qualifie de « grande et importante trouvaille d’un trésor, qui courait le danger de rester enfoui sous les négations des rationalistes »2.
10L’essai commence par tout un développement sur les miracles, qui ont existé de tout temps et qui sont irréductibles aux catégories rationnelles. Les civilisations successives ont donc tenté de les attribuer tantôt à des démons, tantôt à des dieux, voire à Dieu ou au diable. Avec le développement des sciences positives, les miracles ont perdu leur caractère religieux, argumente Van Eeden. Diable et sorcières ont été remplacés par somnambules et esprits. Van Eeden situe le problème de l’hypnotisme dans un cadre qui lui est cher et qu’on retrouve dans son roman De Kleine Johannes, à savoir l’opposition entre le matérialisme et la métaphysique, entre le rationalisme et le surnaturel. Il reproche aux rationalistes d’ignorer les recherches sur l’hypnotisme et la suggestion et de les considérer comme non scientifiques. (Dans la version revue pour la publication de l’article dans les Études, il cite en note quelques ouvrages sur le sujet : Moll, Der Hypnotismus et Delbœuf, Le Magnétisme animal.) La constatation irréfutable est la suivante : « il existe un état mental bizarre, qui peut être provoqué artificiellement, mais peut apparaître aussi spontanément, dans lequel une personne cède à toute impulsion extérieure, et peut même perdre entièrement la notion de sa personnalité »3. Van Eeden est persuadé aussi de l’existence de la suggestion qui guide la personne. En d’autres termes, dit-il, on peut, par un mot ou par un geste, paralyser, aveugler, provoquer des visions, ensorceler, changer la volonté, la personnalité, le souvenir, les sens de la personne, la transporter dans un monde fantastique. Il donne alors quelques exemples d’expériences faites par le Dr Debove à l’hôpital Saint-Andral de Paris, « un vrai magicien », selon les dires d’un de ses patients. Suivant la théorie de Debove, Van Eeden prétend ici que les personnes hystériques sont les plus réceptives à la suggestion et à l’hypnose ; il reviendra sur cette hypothèse en 1890. L’essence de l’hystérie, de l’hallucination et de l’hypnotisme est mystique, affirme Van Eeden. Ce qu’on appelait magie autrefois est devenu magnétisme à la fin du 18e siècle, hypnotisme et suggestion en cette fin de 19e. Il se lance alors dans une belle comparaison entre l’hypnotisme (qui remonte, dit-il, aux Indiens et aux Égyptiens) et les états magiques, voire l’extase religieuse. Les éléments communs qu’il décèle sont les suivants :
l’ascèse, l’isolement, la pénitence, la méditation, nécessaires pour entrer en contact avec la divinité et pour réaliser des miracles ;
l’extase, provoquant des visions et des états cataleptiques ;
l’insensibilité du corps au mal ;
la contagiosité ;
le don prophétique ;
et, enfin, une particularité assez remarquable ; l’importance du plexus solaire ou de l’épigastre.
11Van Eeden s’attarde un moment sur l’extase et les visions. Les hypnotiseurs provoquent l’extase par de faibles Stimuli sensoriels répétés, tels que les « passes magnétiques », le tic-tac d’une horloge dans le silence et l’obscurité (Heidenhain), la fixation d’un objet brillant (Braid), le fait de fixer quelqu’un dans les yeux (Brémaud), le fait de frapper sur un tambour ou un gong (Charcot). Quant aux visions, Van Eeden répond aux incrédules qui les attribuent uniquement à l’imagination, que les stigmates sont tout de même reconnus par la science. D’où sa thèse que réalité et illusion ne sont pas des concepts aussi simples et aussi bien délimités. Avec un peu d’à-propos, on pourrait même prétendre que toute réalité est illusion ou que toute illusion est réalité.
12Il y a des faits, poursuit Van Eeden, qui ne sont pas reconnus par la science, parce qu’ils sont contraires aux lois naturelles, et il en cite quatre :
les prophéties ;
« het tweede gezicht » : « la seconde vue » ;
le mouvement d’objets sans contact : la télékinésie ;
la communication spirituelle à distance : la télépathie.
13Ces faits sont-ils pour autant surnaturels ? Pas nécessairement, dit Van Eeden. « Si quelque chose ne cadre pas avec les lois, cela est dû aux lois, et non à la nature »4, conclut-il dans un splendide aphorisme. Les lois naturelles ne sont, après tout, que des hypothèses. La science se doit donc d’examiner tous ces phénomènes.
14À propos de la clairvoyance, il remarque qu’elle semble être le privilège de personnes qui ont une prédisposition nerveuse, point de vue qu’il récusera en 1890. Quant à la suggestion, il la met en relation avec le dédoublement de la personnalité, phénomène analogue à ce qui se passe dans les rêves.
15Il termine son essai par quelques pages consacrées à la « suggestion mentale », par laquelle il entend la communication spirituelle entre différentes personnes, sans qu’il y ait une quelconque communication sensorielle. La clairvoyance et la télépathie ne sont pas, d’après lui, plus mystérieuses que l’hérédité ou l’atavisme, par exemple. Les recherches en cours sur l’hypnotisme tentent de mettre un peu d’ordre dans tous ces phénomènes, conclut Van Eeden.
16En juillet 1887, Van Eeden est entraîné par un ami dans la petite ville de Goes, où le Dr A. W. van Renterghem traite ses patients par suggestion hypnotique. Il y observe comment le praticien guérit des affections diverses allant de maladies des reins à la surdité en passant par des crampes musculaires, du rhumatisme articulaire, le cancer de l’estomac, etc. Van Renterghem applique la thérapie psychique élaborée par Ambroise Liébeault (1823-1904), le fondateur de l’École de Nancy. Van Renterghem s’était rendu à Nancy peu auparavant. Encore étudiant en médecine, Liébeault avait trouvé un livre sur le magnétisme et s’était livré à quelques expériences sur ses villageois de Pont-Saint-Vincent en Lorraine. Il avait ensuite comparé diverses méthodes d’induction du sommeil avant de développer la sienne propre, apparentée à celle de la mère qui berce son enfant en le rassurant. Liébeault traitait ses patients gratuitement, ce qui lui valut un franc succès. En 1866, il publia un ouvrage qui resta longtemps méconnu, car ses collègues le considéraient comme un charlatan et un fou. Mais, une vingtaine d’années plus tard, Hippolyte Bernheim (1840-1919) lui rendit visite, se convertit à ses idées et publia des études sur la suggestion hypnotique. Ce sont ces travaux de Bernheim, parus en 1884 et en 1886, qui constituent la base de ce qu’on a appelé l’École de Nancy, qui s’oppose à l’École de la Salpêtrière de Charcot, à Paris. À la différence de J.-M. Charcot (1825-1893), l’École de Nancy ne considère pas l’hypnose comme quelque chose de pathologique, qui ne peut être suscité chez quelques hystériques, mais comme un effet de la « suggestion » que l’on peut utiliser à des fins thérapeutiques. Grâce à Liébeault, Van Renterghem avait découvert l’importance de la vie psychique de l’individu, l’importance aussi de la personnalité du médecin, de la suggestion, et la valeur de la parole. Il appliqua donc la nouvelle thérapie, qui fascina Van Eeden à un point tel qu’ils décidèrent d’ouvrir ensemble à Amsterdam une clinique d’hypnotisme thérapeutique qu’ils nommeront plus tard « Institut Liébeault ». Nous sommes en 1887 et il s’agit là du premier institut de psychothérapie aux Pays-Bas. La même année, Van Renterghem publie un article sur l’hypnotisme et Van Eeden un article sur Liébeault dans De Nieuwe Gids. Les deux médecins collaboreront pendant sept ans, après quoi Van Renterghem poursuivra seul. Il existe sur cette période deux comptes rendus, portant, l’un sur les deux premières années de la pratique, l’autre sur les années de 1889 à 1893. La thérapie connaît un certain succès, augmenté encore par la polémique déclenchée dans les journaux suite à une conférence de Van Renterghem ; certains ont des objections scientifiques et morales et se demandent entre autres si la personnalité est sauvegardée après l’hypnose. Van Eeden réagit dans Het Vaderland et précise les termes suggestion et hypnose. La suggestion consiste à « imposer avec force des représentations à une personne, de sorte de celles-ci deviennent réalité dans son organisme »5. L’hypnose est définie comme « le demi-sommeil artificiel dans lequel la suggestion réussit le mieux »5. Très rapidement, Van Renterghem et Van Eeden sont considérés comme les pionniers de la psychothérapie aux Pays-Bas, se distinguant nettement d’hypnotiseurs excentriques et autres charlatans qui faisaient sensation à Amsterdam et à La Haye. Ils rencontrent toutefois quelques difficultés dues au manque d’expérience et de connaissances en psychiatrie. (Il faut savoir qu’à l’époque, la psychiatrie n’était pas enseignée à l’université et que la neurologie faisait partie de l’enseignement de la médecine clinique.) Le traitement s’améliorait de jour en jour : ainsi, ils abandonnèrent le traitement collectif au profit d’un traitement plus confidentiel, ils allongèrent la durée de l’hypnose (allant jusqu’à 2 voire 3 heures). Ils hébergèrent leurs patients à l’hôtel, où était installée leur pratique, ou chez eux à la maison.
17En 1888, Van Eeden est invité par une société scientifique de sa ville natale à faire un exposé sur La thérapie psychique (ou psychothérapie). Le texte en sera publié dans De Nieuwe Gids6. Van Eeden y cite les pionniers de la suggestion hypnotique (James Braid, Liébeault, Bernheim, Hack Tuke) et s’attache à combattre les préjugés qui existent à l’encontre de la méthode. Celle-ci se fonde entièrement, dit-il, sur le pouvoir de l’âme (l’esprit) sur le corps ; ou plus précisément sur le lien étroit qui existe entre les fonctions corporelles et les fonctions psychiques. L’esprit peut agir sur le corps de trois façons différentes ; par le biais de l’émotion (par exemple la peur ou le chagrin), par la volonté et par l’imagination. Van Eeden donne alors un grand nombre d’exemples tentant à prouver que l’on peut guérir par l’imagination. Il croit, en d’autres termes, à l’idéoplastie, c’est-à-dire à la force des idées sur le corps. C’est ici que Van Eeden cite Mesmer et ses adeptes, qui pensaient guérir leurs patients par une force mystérieuse qui irradiait du magnétiseur dans le corps du patient. (Opinion qui n’émane pas de Mesmer lui-même, précise Van Eeden en note.) Il cite ensuite James Braid, avec qui on assiste, dit-il, à la véritable naissance de la psychothérapie appliquée scientifiquement. Braid remarqua qu’en fixant longuement un point dans l’espace, les patients étaient plongés dans un demi-sommeil, qu’il appela hypnose, comparable au sommeil magnétique induit par les magnétiseurs. Van Eeden fait remarquer que l’hypnose se caractérise essentiellement par une grande sensibilité aux impressions et que l’imagination, qui à l’état de veille est entièrement refoulée par la raison, reprend ses droits dans l’hypnose, de sorte qu’elle acquiert une grande puissance sur le moral et le physique. Dans l’état hypnotique, la personne croit ce que l’hypnotiseur lui suggère et la puissance de son imagination devient telle que son corps en est affecté. Le mot suggestion a été utilisé par les Français ; on parle de la méthode suggestive et l’École de Nancy est appelée école suggestionniste (voir le livre de Bernheim, De la suggestion et ses applications dans la thérapeutique, 2e éd. 1888). L’hypnose est donc un auxiliaire de la suggestion, elle désigne l’état vers lequel il faut mener le patient pour que la suggestion ait prise sur son âme (esprit) et sur son corps. Intéressante dans cet essai est l’idée que l’étude du sommeil artificiel de l’hypnotisé mène à croire que la conscience normale à l’état de veille n’est qu’une infime partie de notre vie psychique. La plus grosse partie de ce qui se passe en nous se situe dans la sphère du mi-conscient ou de l’inconscient. Les frontières entre le conscient et l’inconscient sont aussi vagues que celles qui séparent le sommeil de l’état de veille. Plus on dort profondément, plus l’inconscient surgit en nous. « Par l’hypnose, il est possible d’étudier les caractéristiques de l’inconscient et d’en faire usage dans l’intérêt de la personne ». L’inconscient est « un tout autre moi », écrit Van Eeden7.
18Cette découverte est l’idée de base d’un autre essai, datant de la même année 1888 et intitulé Notre double-moi8. Van Eeden y établit la distinction entre le moi normal, conscient, qui ne perçoit rien d’une partie des choses qui l’entourent et un autre moi que nous connaissons mal, qui est plus puissant que le premier, qui peut réprimer le mal, qui peut raisonner et obéir, qui sélectionne nos impressions. Ce deuxième moi est le même que celui qui perçoit, répond et obéit aux ordres durant l’hypnose et aussi durant le sommeil ordinaire. Les Français l’appellent l’inconscient mais, précise Van Eeden, c’est inexact ; il préfère l’appellation double-moi. Lorsque Van Eeden revoit son texte en 1890, il ajoute en note la parution de l’ouvrage de Max Dessoir à Berlin, intitulé Das Doppel-Ich, ouvrage paru en 1889, environ un an après l’essai de Van Eeden. Il énumère ensuite les caractéristiques de ce double-moi ; il conserve tous nos souvenirs, crée rêves et hallucinations et son rôle doit être important dans certaines formes de folie. Il faut donc étudier le lien qui existe entre les deux états de conscience et l’effet qu’ils ont l’un sur l’autre, conclut Van Eeden.
19Dans un article paru dans une revue de médecine en 1976, le Dr R. Th. R. Wentges fait remarquer que Van Eeden formule, bien avant Freud, quelques principes de la psychologie des profondeurs, tels que l’inconscient et la notion de censure. Le psychiatre H. C. Rümke prétendait déjà la même chose en 1962 et cite une lettre de Van Eeden à Van Deyssel datant de novembre 1887, dans laquelle il parle de l’inconscient qui régit nos actes. Van Eeden rencontrera Freud en 1913 lors d’un congrès psychanalytique ; ce dernier enverra un message à Van Eeden, à l’occasion de ses 70 ans ; voici ce qu’il écrit : « Frederik van Eeden, Artz (sic) und Dichter (sic) der soviel von den Geheimnissen des verborgenen Seelenlebens voraus geahnt,... »9.
20À partir de 1890, Van Eeden entretiendra aussi d’étroites relations avec la Society for Psychical Research, qu’il connaissait déjà depuis les années’80. D’après son biographe, Jan Fontijn, il est possible que la conférence de Frédéric Myers de 1885 intitulée « Human personality in the light of hypnotic suggestion » ait inspiré Van Eeden dans sa découverte du double-moi. Van Eeden était manifestement bien au courant des publications récentes dans le domaine psychiatrique, psychologique et spiritiste.
21Mais revenons-en à la clinique, où Van Eeden et Van Renterghem pratiquaient la méthode de Liébeault. Au printemps 1889, au retour d’un voyage en Espagne, Van Eeden passe par Nancy ; il y rencontre Liébeault, visite la clinique de Bernheim et s’entretient avec Beaunis sur la transmission de pensée. La même année, Van Renterghem se rend à un congrès sur l’hypnose, où il présente les résultats de deux années de pratique thérapeutique. Le compte rendu mentionne que 414 personnes ont été traitées ; un quart d’entre elles sont totalement guéries, chez un deuxième quart on remarque une amélioration certaine, chez le troisième quart une légère amélioration, tandis qu’on n’a pu constater aucune amélioration chez un cinquième des patients.
22Entre-temps, la clinique prend de l’ampleur ; les deux médecins se voient obligés de déménager et d’aménager un petit institut psychiatrique avec possibilité de logement pour douze patients. Mais l’enthousiasme de Van Eeden diminue ; il semble avoir fait le tour de la question et ne souhaite pas s’enfermer dans une pratique routinière, monotone et axée sur le business. L’entente entre les deux hommes se dégrade. De plus, Van Eeden ne supporte pas tellement bien la confrontation presque quotidienne avec les aspects triviaux et vulgaires de l’amour, lui qui voulait atteindre la plus grande pureté dans la vie amoureuse. Le1er juillet 1893, il décide d’arrêter. Désormais, il s’intéressera plutôt au spiritisme.
23Le spiritisme cadrait bien avec la mentalité de la fin du19e siècle, cherchant à réconcilier les connaissances scientifiques et la pensée religieuse. Au fond, — comme le remarque Jan Fontijn, — le spirite est un croyant scientifique ou un scientifique croyant, qui est à la recherche de preuves du transcendantal. Van Eeden aussi était en quête de sens. Le christianisme orthodoxe ne le satisfaisait plus ; il rejetait délibérément le matérialisme. Le spiritisme l’intéressait déjà depuis environ 1885. Il faut dire que le mouvement était très populaire aux Pays-Bas ; aussi bien à La Haye, qu’à Amsterdam, Rotterdam et Maastricht, existaient des associations à caractère sectaire. La plus connue est le cercle à connotation chrétienne autour d’Élise van Calcar, écrivain, féministe et pédagogue, qui avait sa propre revue et considérait l’homme comme un « être spirituel », vivant à la limite entre le monde matériel et le monde spirituel. De plus, des médiums anglo-saxons célèbres fréquentaient les Pays-Bas.
24Au printemps 1887, Van Eeden s’adonne de façon ludique au jeu des tables tournantes et à la télépathie et il furète dans la bibliothèque spiritiste de H. J. Schimmel à Bussum. Il lit l’ouvrage de Carl du Prel, Philosophie der Mystik, paru en 1885. L’auteur tente d’intégrer l’occultisme dans un système philosophique. Il part du présupposé qu’il y a en nous un « sujet transcendantal » et que cette partie de la personnalité est libérée partiellement pendant le sommeil et dans des états de somnambulisme, et entièrement au moment de mourir. Van Eeden s’intéresse au côté scientifique de la parapsychologie et du spiritisme et critique la science officielle qui les rejette. Il étudie l’existence spirituelle de l’être humain et estime, pour sa part, que les artistes et les philosophes sont le mieux à même d’étudier la psyché. Le spiritisme offre de nouvelles possibilités pour appréhender cette psyché. Ainsi le procédé de l’écriture automatique (dans le sens spiritiste du terme) permet d’étudier l’inconscient et les médiums, capables d’évoquer les esprits, révèlent le caractère double ou multiple de la psyché. Or, le but de Van Eeden était précisément d’étudier la part inconsciente de la personnalité, en tant que psychiatre, mais aussi en tant que spiritiste, philosophe et artiste. Chez lui d’ailleurs, les genres se mélangent ; ses études « scientifiques » relèvent tout autant de la veine mystico-philosophico-littéraire de sa personne. Il semble clair que parapsychologie et spiritisme devaient assurer le lien chez lui entre le désir religieux et la conscience scientifique. Car, conformément à sa théorie du double-moi, il croyait que derrière le moi apparent, changeant, obéissant aux lois de la causalité, se cachait le véritable Moi ou le Soi, dégagé de l’espace et du temps, l’essence divine de l’homme, dont le poète ne peut parler que de façon symbolique. Si Van Eeden était attiré par cette essence mystérieuse, c’était surtout par crainte et par angoisse de la mort. Enfant, il avait vu mourir son ami ; à l’âge de 18 ans, il avait trouvé son oncle, après que celui-ci se soit suicidé. Pendant ses études de médecine, il avait été maintes fois confronté à la mort il avait horreur des séances de dissection. Les premières années de son mariage avec Martha van Vloten, il avait fait une longue dépression, due sans doute à son obsession de la mort. La réponse à ce mystère, il la cherche dans le spiritisme et dans ses rêves qu’il se met à noter dans un cahier dès 1889. Il considère d’ailleurs les rêves comme une sorte d’antichambre de la mort.
25En 1890, il fait une conférence à Haarlem sur Les phénomènes spiritistes10, dans laquelle il indique l’avancement de la recherche sur les faits mystérieux qui avaient retenu son attention quelques années auparavant (cf. L’hypnotisme et les miracles). La Society for Psychical Research, fondée en 1882 à Londres par Frédéric Myers et d’autres, avait réalisé des expériences de nature télépathique, qui se révélèrent positives. Les Français parlent de suggestion mentale pour désigner cette transmission de pensée sans intervention sensorielle. Quant au phénomène de la clairvoyance, la société londonienne publia deux gros volumes, intitulés Phantasms of the Living, recensant plus de 700 cas avérés, le plus souvent sous la forme d’une hallucination d’une personne éloignée géographiquement, qui apparaît juste avant de mourir à un ami ou un parent. La télékinésie, quant à elle, serait extrêmement rare.
26Van Eeden rencontra Myers lors d’un congrès à Londres en 1892. Van Eeden y faisait une communication intitulée The Principle of Psychotherapeutics, publiée en traduction néerlandaise dans les Études11. Il y traite de la méthodologie de la psychothérapie et, entre autres choses, de spiritisme. Prenant comme point de départ le concept de « force vitale », désignant un ensemble de phénomènes propres à toute matière vivante, il se fait le défenseur du néo-vitalisme, s’érigeant contre le matérialisme au nom de forces psychiques inconnues. Van Eeden et Myers se lièrent d’amitié et se rendirent visite régulièrement à Cambridge et à Bussum. La théorie du « subliminal self » de Myers, terme qui réfère à la part inconsciente par laquelle l’être humain entre en communication avec le cosmos, influença sans doute Van Eeden.
27Dans les années qui suivent, Van Eeden porte davantage son attention sur la société. Ses préoccupations sociales, présentes déjà dans son roman De Kleine Johannes, se concrétisent dans la création en 1898 d’une colonie d’inspiration socialiste (Walden, près de Bussum), qui, après neuf ans, fut en faillite, Van Eeden n’étant pas homme d’affaires et ne disposant pas d’un capital suffisant. L’expérience analogue qu’il tentera en Caroline du Nord, la Van Eeden Colony, aura plus de succès et survivra jusqu’en 1949.
28Déçu par l’échec de Walden, Van Eeden en revient alors au spiritisme. En tant que psychiatre, rôle qu’il remplissait aussi à Walden, il est de plus en plus fasciné par les hallucinations, les rêves, les dédoublements de personnalité, les névroses, la folie ; la thématique de ses romans et pièces de théâtre en témoigne.
29En 1913, un événement important de sa vie personnelle vint raviver son intérêt pour le spiritisme. Il s’agit de la mort de son fils Paul, qu’il rapporte avec beaucoup d’émotion dans Paul’s ontwaken. Van Eeden parvenait difficilement à se passer de son fils préféré qui lui apparaissait souvent en rêve. Il trouvait ces rêves agréables et merveilleux et, à la façon des médiums spiritistes, il tentait d’évoquer les morts. Dans le passé déjà, il avait assisté à une séance durant laquelle un ami décédé s’était adressé à lui par la bouche du médium Mrs. Thompson (1901). Van Eeden avait réagi avec prudence mais s’était montré ouvert à une possible influence des esprits des morts sur le corps et l’âme, ce qu’on peut lire dans son essai intitulé Sur le spiritisme (1901)12. Son ami Frédéric Myers était du même avis. En 1903, Van Eeden avait lu un classique dans le genre spiritiste, à savoir l’ouvrage du philosophe et psychologue allemand G. T. Fechner, publié en 1836 sous le titre Das Büchlein vom Leben nach dem Tode. Fechner y prétend que l’homme a trois vies sur terre :
la première est la phase qui précède la naissance et se caractérise par un sommeil continu ;
la deuxième se déroule entre la naissance et la mort et se caractérise par une alternance entre l’état de veille et le sommeil ;
enfin, après le réveil dans la mort, nous serions éveillés à jamais.
30Il pensait aussi que l’on peut entrer en contact avec les morts par la pensée, car les pensées sont l’effet d’esprits qui se situent en-dehors de l’homme. La foi de Van Eeden en cette possibilité de contact avec le monde des morts par le biais du rêve est le thème de son roman De nachtbruid (La fiancée de la nuit), paru en 1909.
31Van Eeden a maintenant plus de 50 ans. La mort l’obsédait depuis longtemps, nous l’avons vu. Déjà dans De Kleine Johannes, la Mort est un personnage allégorique qui prend une place importante. Au fond, toute la vie de Van Eeden peut se résumer à la recherche d’une possibilité de surmonter son angoisse de la mort. Il ne se sent pas encore prêt à mourir, mais a le sentiment de devoir s’y préparer, de devoir se purifier pour plonger dans « les lacs froids de la mort » (titre d’un de ses plus célèbres romans, Van de koele meren des doods, 1900). Mais il aimerait s’assurer qu’il existe une vie après la mort, ce qui explique son regain d’intérêt pour la parapsychologie et le spiritisme. Il n’est pas le seul, d’autres écrivains aux Pays-Bas, comme Couperus et Emants, sont également fascinés par le spiritisme.
32Nous l’avons déjà dit, la mode était au spiritisme vers 1900 aux Pays-Bas. Études et revues abondaient ; un des manuels, celui de H. N. Fremery, paru en 1904, consacre même tout un chapitre à Van Eeden en tant que chercheur du spiritisme.
33Peu avant la Première Guerre mondiale, Van Eeden lut le livre d’Elsa Barker, Letters from a Living Dead Man, qui l’éclaira sur le problème de la vie après la mort. Ces lettres, dictées selon l’auteur par un mort et transcrites par elle selon le procédé de l’écriture automatique, donnent une image détaillée de l’au-delà, qui ressemble à s’y méprendre au monde d’ici-bas. Aucune angoisse à avoir donc, la mort est apprivoisée. L’enthousiasme de Van Eeden fut tel qu’il traduisit l’ouvrage en néerlandais, sous le titre Brieven van generzijds (Lettres de l’au-delà), en 1915.
34Van Eeden tombera complètement sous le charme du spiritisme. D’avril 1915 à août 1917, il participe avec sa seconde épouse Truida à plus de cinquante séances de spiritisme. Ils sont membres du cercle de Madame Welters-de Guasco, d’origine italienne, dont la fille Bertha joue le rôle de médium. Mme Welters était une femme étrange, complètement fascinée par Van Eeden (comme beaucoup d’autres femmes d’ailleurs). Elle était allée l’écouter lors de conférences et lui écrivait des lettres « automatiques ». Durant les séances apparaît un certain Stokvis, professeur de médecine décédé, qui donne à Van Eeden la recette d’un nouveau médicament contre le typhus et la maladie du sommeil et fait des prédictions. Ces séances eurent une grande influence sur la vie de Van Eeden qui rêvait toujours de son fils Paul. Les moments de bonheur alternaient toutefois avec des moments de doute, voire d’angoisse et de dépression. Un jour, le médium annonce un nouvel esprit : un Samaritain qui aurait connu Jésus de son vivant et qui viendrait raconter la vie cachée de Jésus (entre 12 et 30 ans). Encore une fois, ceci était dans l’air du temps (cf. Vie de Jésus, dictée par lui-même, 1885, et d’autres publications du même genre). Van Eeden aurait pu réagir avec scepticisme, mais son besoin de foi était plus fort que son scepticisme. Il désirait ardemment pouvoir croire en la figure historique de Jésus. Il relut d’ailleurs la Vie de Jésus d’E. Renan. Toutefois, le Samaritain ne se manifesta pas et le médium fit savoir qu’elle mettait fin à ses séances. Van Eeden était furieux, mais exploita l’information du Samaritain, notée par le médium, dans son livre Jezus’ leer en verborgen leven (1919) (La doctrine de Jésus et sa vie cachée).
35De 1917 à 1922, son épouse et lui fréquenteront un autre cercle spiritiste, plus littéraire celui-là, puisque l’esprit d’Émile Zola, de Victor Hugo et de Douwes Dekker s’y exprimaient par la bouche du médium Annie Bosch. Il y eut quelque 125 séances qui, encore une fois, ont grandement influencé la vie et les convictions des époux Van Eeden. Ces années correspondent, par ailleurs, avec leur conversion au catholicisme. Les séances ressemblaient de plus en plus à des services religieux.
36En 1919, Van Eeden note dans son journal qu’il reçoit des messages de son fils Paul via deux médiums différents, dont Annie Bosch qu’il nomme « sa chère consolatrice ». Il semble que cette femme ait complètement ensorcelé Van Eeden et qu’elle soit parvenue à l’aider à accepter la mort de son fils. Elle remplit le même rôle lors du décès de la mère de l’écrivain.
37Le spiritisme aura aidé Van Eeden à croire que la vie du corps est une préparation à la vie de l’esprit après la mort.
Bibliographie
BIBLIOGRAPHIE
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WENTGES, Dr R. Th. R., De psychiater Frederik van Eeden, Ned. T. Geneesk. 120, 1976, 21, p. 927-934.
Notes de bas de page
1 F. VAN EEDEN, Het hypnotisme en de wonderen (December 1886), dans Studies, Amsterdam, Versluys, eerste reeks, derde druk, 1897, p. 139-167.
2 ID., p. 148. (Nous traduisons.)
3 ID., p. 144.
4 ID., p. 157.
5 J. FONTIJN, Tweespalt. Het leven van Frederik van Eeden tot 1901, Amsterdam, Querido, 1990, p. 235. (Nous traduisons.)
6 F. VAN EEDEN, De psychische geneeswijze, dans Studies, Amsterdam, Versluys, tweede reeks, tweede druk, 1902, p. 163-223.
7 ID., p. 202. (Nous traduisons.)
8 F. VAN EEDEN, Ons dubbel-ik, dans Studies, Amsterdam, Versluys, eerste reeks, derde druk, 1897, p. 168-180.
9 H. C. RÜMKE, Over Frederik van Eeden als psychiater, dans Onzeekerheid is leeven. Beschouwingen over Frederik van Eeden, Leiden, Martinus Nijhoff, 1983, p. 155.
10 F. VAN EEDEN, De spiritistische verschijnselen, dans Studies, Amsterdam, Versluys, eerste reeks, derde druk, 1897, p. 197-245.
11 F. VAN EEDEN, Het beginsel der psycho-therapie, dans Studies, Amsterdam, Versluys, tweede reeks, tweede druk, 1902, p. 225-253.
12 F. VAN EEDEN, Over spiritisme, dans Studies, Amsterdam, Versluys, vierde reeks, 1904, p. 5-27.
Auteur
Néerlandiste – Université catholique de Louvain – Louvain-la-Neuve
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