1 Cette assertion ne valant bien sûr que sur les trois pays étudiés et, dans une moindre mesure – puisque cette dernière supposition n’est basée que sur des lectures ainsi que sur des expériences personnelles n'ayant pu être étayées par des travaux de terrain spécifiques et suffisamment longs –, pour les sociétés de type « occidental » en général.
2 A titre d'exemple, la problématique des bidonvilles entourant Lisbonne, pour intéressante qu'elle soit, ne se retrouvant guère dans les autres contextes étudiés, ne peut être mise en comparaison et participe – en l'état de la recherche – à la meilleure compréhension de la situation des sans-abri au Portugal uniquement.
3 Il serait en effet réducteur de restreindre tout le processus de socialisation d’un individu à la seule influence des êtres chers, à commencer par les parents et ce, même durant l’enfance. Notre socialisation est le fruit d’expériences glanées dans nombre de contextes socioculturels extrêmement différents : nous nous façonnons dans une pluralité de situations et, si celles-ci nous forgent, elles ne le font pas d’identique manière. C'est pour cette raison que Bernard Lahire peut légitimement qualifier l’homme d’être pluriel. Cet homme ne peut être réduit à un seul principe générateur (Lahire, 1998). C’est pour cela que, même si devant endurer un profond manque d’affection, nombre d’individus peuvent, dans une certaine mesure, pallier ce manque en trouvant une alternative au sein d’autres matrices de socialisation. Ainsi une mère peu ou pas maternante peut être supplée par des grands-parents particulièrement affectueux et attentifs au développement de leurs petits-enfants.
4 Entretien avec Yann, 26 ans, sans-abri à la Maison Marie-Louise.
5 Idem.
6 Idem.
7 Entretien avec Allan, 27 ans, sans-abri à la Maison Marie-Louise.
8 Idem.
9 L'enquête de l'INED auprès des « jeunes sans domicile ou en situation précaire » fut une enquête expérimentale réalisée en février-mars 1998 auprès de 641 personnes de 16 à 24 ans utilisant divers services et lieux d'accueil destinés aux personnes en grande difficulté.
10 Aide sociale minimum belge correspondant au RMI français. Depuis 2002, elle est dénommée le RIS : revenu social d’intégration.
11 Entretien avec Claude, sans-abri, 41 ans, Maison Marie-Louise.
12 Idem.
13 Entretien avec Charlie, sans-abri, 60 ans, Maison Marie-Louise.
14 Idem.
15 Entretien avec Charlie, sans-abri, 60 ans, Maison Marie-Louise.
16 Avec l'image d'un État « méchant » qui lui en veut personnellement parce qu'il désire préserver deux terrains pour ses enfants et qui va lui rechercher des noises au point de vue fiscal sur les vingt et une dernières années – alors même qu'il y a, dans la jurisprudence belge, prescription en matière fiscale pour toutes les opérations financières excédant cinq années.
17 Entretien avec Bernard Horenbeek.
18 Entretien avec Ana Martins, coordinatrice de Porta Amiga.
19 L'attente peut aussi servir à mettre la personne sans-abri à l'épreuve, dans les maisons d'accueil notamment où celle-ci doit passer une période probatoire – dans un dortoir de dix lits par exemple – avant de pouvoir intégrer une chambre à deux voire un lit. Ce type d’attente n'est en rien stigmatisant puisque tout le monde sait que le public des personnes habituées à la rue n'est pas toujours des plus facile à gérer, à commencer par les sans-abri eux-mêmes. C'est l'usage, par exemple, à la Maison Marie-Louise de Verviers. Le problème qui se pose, c'est la confusion entre les deux types d'attentes, amalgame qui pousse non seulement à fuir les institutions afin d'éviter d'être humilié par la continuelle déconsidération de l'attente mais aussi les maisons d'accueil et tout autre type d'attente « probatoire ».
20 Vincent de Gaulejac et ses étudiants ont mené une expérience originale qui illustre admirablement bien le propos énoncé : « Nous avions comparé l'accueil fait par une institution caritative selon que la demande émanait d'une assistante sociale, d'un usager ou d'étudiants de l'université. Dans le premier cas, une assistante sociale demandait un hébergement pour un de ses clients. Elle a dû rappeler trois fois avant de s'entendre dire qu'il n'y avait pas de place. Dans la seconde situation, il s'agissait d'un usager qui venait pour demander s'il était possible d'être hébergé pour une nuit. Après trois heures d'attente, on l'envoie dans un centre spécialisé. Il attend à nouveau et après une journée de démarche il sera accueilli pour une nuit. La troisième situation mettait en scène une demande d'étudiants venant d'un troisième cycle universitaire et s'intéressant au fonctionnement des centres d'hébergement. La demande de rendez-vous a été acceptée sur-le-champ et, quand ils sont arrivés, alors qu'il y avait plusieurs personnes dans la salle d'attente, ils ont été reçus immédiatement pendant deux heures par une personne se présentant comme responsable du service des relations publiques. Lorsqu'ils sont sortis, les usagers attendaient toujours… » (Gaulejac, 1996, p. 113)
21 Notes de terrain du 18 août 2000.
22 Cf. chapitre v.