1 Entretien avec Aloyse de Saint Marcq, directrice de La Fontaine.
2 Du 12 mars au 9 juin 1998.
3 Entretien avec Madame Claire, directrice du Poverello.
4 Entretien avec B. Horenbeek, directeur de Diogènes.
5 Entretien avec Aloyse de Saint Marcq, directrice de La Fontaine.
6 Entretien avec Marie-Thèrese, infirmière du dispensaire tenu par La Fontaine, 10 avril 1998.
7 Autre époque, autre appellation… Seuls les individus et leur réalité sociale ne changent guère.
8 Centre public d'aide sociale.
9 Entretien avec B. Horenbeek, directeur de Diogènes.
10 Note de terrain du 15 septembre 1999.
11 Entretien avec A. de Saint Marcq, directrice de La Fontaine.
12 Entretien avec B. Horenbeek, directeur de Diogènes.
13 Cette dimension ne disparaît pas seulement des rapports avec les gens, elle disparaît d'abord, au préalable, de la manière dont les sans-abri envisagent la société et son fonctionnement. Pour reprendre les termes de Vercauteren et, avant lui, de Marx, les sous-prolétaires seraient apolitisés et, à ce titre, inaptes à organiser la résistance face à l'oppression du capital. N'ayant incorporé qu'une notion restreinte de la socialisation, limitée à la cellule familiale – si tant est que cette dernière existe – ils ne formeraient pas un groupe pouvant se définir par des attributs propres, tel qu'un parti politique. Au plus seraient-ils à même d'actions grégaires sporadiques telles que des émeutes. A condition d'assumer que les sans-abri puissent être assimilés à des sous-prolétaires tels que les définit Vercauteren ce que les observations ainsi que les entretiens tendent à montrer – il faut donc concevoir ce comportement comme étant la conséquence du rapport liminoïde à autrui qui empêche toute autre relation que superficielle (cf. chapitre II).
A ce sujet, Aloyse de Saint Marcq, au détour d'une phrase, s'emporte quelque peu en disant : « […] moi je serais à la rue, je casserais la vitrine et j'entrerais, je me défendrais. Et en fait les gens, ces gens là ne font plus partie du monde actif, ils n'ont plus aucune jalousie par rapport au monde, c'est extraordinaire à voir, ils ne disent pas que c'est injuste, ils ne vont jamais se révolter, je pense. Il peut y avoir un soulèvement d’ouvriers ou de gens actifs mais une fois qu'ils sont dans cet état-là, ils n'ont plus l'énergie, ça ce n'est pas vrai, il n'y a aucun risque, c'est ça le drame, il n'y a aucun risque de cette population, elle devient passive, acceptante. Je dirais même plutôt simplement en dehors, ce n'est pas leur monde, c'est comme si, je sais pas moi, j'irais demain à Hongkong et mon premier jour à Hongkong, qu'est ce que je vais faire ? Je vais pas casser une vitrine. Je vais me promener dans les rues : comme j'ai jamais été à Hongkong pour moi c'est un monde que je ne connais pas et qui ne m'attire pas ou qui m'attire pour observer, eh bien, à mon avis, eux vivent comme ça. Ils sont dedans mais pas dedans. » (entretien avec A. de Saint Marcq).
14 Enfin, cela, c'est l'offense territoriale dont a conscience le sans-abri, dont il use sciemment afin d'obtenir son dû. Il y en a d'autres dont il n'a que peu ou pas conscience : l'adresse verbale « quand des racoleurs de rue importunent les passants » ou encore les excréments corporels par exemple « les odeurs, qui incluent les flatulences, la mauvaise haleine et les effluves corporelles » (Goffman, 1973, p. 60) En effet, le sans-abri désocialisé de long-terme oublie souvent qu'il dégage une odeur corporelle forte et indisposante. De même, habitué à un certain usage de la rue, l'adresse verbale pour choquante qu'elle puisse être pour le commun n'est pas, pour lui, indisposante : à transposer le privé dans le public, quoi de plus naturel – pour la personne vivant à et de la rue – que de s'adresser (bruyamment de préférence) à qui s'aventure sur son territoire ?
15 Entretien avec A. de Saint Marcq.
16 Entretien avec A. de Saint Marcq.
17 Idée d'une reproduction de la précarité et du sans-abrisme au-travers du manque d'affection lié (entre autres choses) au placement des enfants dans des homes.
18 Entretien avec Madame Aloyse de Saint Marcq.
19 Entretien avec Monsieur Demez, assistant social à la Maison Marie-Louise.
20 Entretien avec Allan (nom d’emprunt), usager de la Maison Marie-Louise.
21 Pour plus de détails sur l'utilisation de la notion de souci de soi au sein de ce travail, se référer au chapitre vii.
22 Il est important de noter que les dysfonctions qui ont été remarquées lors de mes travaux de terrain – que ce soit en Belgique comme en France ou au Portugal – n'ont pas été couchées sur papier simplement en vue d'émettre une critique aussi acerbe que stérile d’un travail qui, comme il vient d'être dit ci-dessus, s'avère être, dans la pratique quotidienne, des plus ardu. Il s'agit plutôt de montrer quelles sont les difficultés supplémentaires, venant s'ajouter à celles déjà vécues dans la rue, auxquelles les personnes sans-abri sont sans cesse confrontées. Il est en effet capital d'appréhender quels sont tous les obstacles sur lesquels peuvent trébucher ces individus, cela en vue de comprendre au mieux le pourquoi de leurs adaptations. C'est seulement en replaçant les attitudes décrites au sein d'un contexte pris dans sa globalité, qu'il sera possible d'envisager ces attitudes comme des réponses logiques et fonctionnellement adaptées audit contexte.
23 Note de terrain du 31 août 2000.
24 Entretien avec Bernard Horenbeek, directeur de Diogènes.
25 Notes de terrain du 18 août 2000.
26 Portant essentiellement sur les avis que les personnes pouvaient donner concernant les diverses institutions auxquelles ils étaient confrontés dans leur vie à la rue.
27 Entretien avec Jean-Charles (nom d'emprunt comme pour toutes les personnes sans-abri), 42 ans, le 5 septembre 2000.
28 Entretien avec Mohamed, 47 ans, le 6 août 2000.
29 Entretien avec Julien, 54 ans, le 6 septembre 2000.
30 Entretien avec Pierre, 30 ans, le 30 août 2000.
31 De plus, la plupart des personnes sans-abri téléphonent de cabines publiques et celles-ci, le soir, ne sont pas accessibles très longtemps d'affilée, en raison des files se formant devant et de la pression psychologique s'imposant de la part des autres membres de la file à celui qui téléphone : impossible donc à ce dernier de téléphoner (ou d'essayer de téléphoner) plus de 5 à 6 mn d'affilée sans s'attirer immanquablement les regards courroucés des suivants.
32 Entretien avec Monsieur Demez, assistant social de la Maison Marie-Louise.
33 Ce passage permet d’ailleurs de lier perception du temps et socialisation au sein d’un même processus : ce sont les contacts sociaux qui donnent littéralement sens au cours du temps. Ainsi ce n’est pas seulement la visite elle-même qui scande la vie de la détenue mais aussi la préparation de la visite et les commentaires qui s’ensuivront. Tant les préparatifs que les souvenirs de cette visite agissent sur la perception de la temporalité du ou de la détenue en milieu carcéral comme un « effet accordéon » qui, en étirant le temps passé à cette visite, diminue comparativement d’autant le temps passé sans avoir à l’esprit ladite visite. Cet « effet accordéon » rend dès lors plus supportable la détention carcérale et participe de la santé psychique de l’individu emprisonné (Cunha, 1997, p. 65).
34 Entretien avec Monsieur Demez.
35 Entretien avec Monsieur Demez, assistant social de la Maison Marie-Louise.
36 Il est bon de préciser que la Maison Marie-Louise est loin de détenir le monopole de ce genre d’hébergement et que de nombreuses autres institutions ont adopté le même genre d'infrastructure souple.
37 A ce sujet, il est fascinant de constater à quel point nombre de sans-abri aux États-Unis ont quelque peu réussi à pallier une absence de domicile fixe grâce à la prise d'une adresse E-mail (de type « hotmail.com » ou « yahoo.com ») leur permettant de conserver – où qu'ils soient par ailleurs – un moyen permanent et auquel ils ont facilement accès (la plupart des bibliothèques publiques aux USA en sus d'offrir de la chaleur et des sièges confortables offrent également l'accès gratuit à Internet) de communication. De la sorte, ils peuvent être atteints par les services sociaux les prenant en charge même s'ils ne sont pas présents. En outre, de nombreux forums sur le net attestent d'une sociabilité (certes très virtuelle) entretenue grâce à de nombreux forums dirigés par des bénévoles et/ou des anciens sans-abri.
38 Entretien avec M. Demez, assistant social à la Maison Marie-Louise.
39 Idem.
40 Idem.
41 Idem.
42 Idem.
43 Entretien avec M. Demez, assistant social à la Maison Marie-Louise.