Conclusion
p. 292-296
Texte intégral
1Comme la date de 1789, terminus a quo de mon enquête, la date hautement symbolique de 1870, son terminus ad quem, marque un repère plus qu’une coupure dans l’histoire. En 1870 s’installe la Troisième République. Née de la débâcle de l’Empire, elle n’est d’abord, sous l’orléaniste Thiers puis sous des gouvernements à nostalgies légitimistes, qu’une pâle image des aspirations de la Première, mais, à partir de 1877, glisse régulièrement à gauche. Après une phase d’ordre moral s’affaiblissent le conservatisme, le principe d’autorité en politique et dans les mentalités, les pratiques religieuses, tandis que progressent la démocratisation, la libre-pensée, le besoin de consommation, le goût de la vie privée ; la Troisième République va ainsi consacrer définitivement les valeurs bourgeoises qui animaient la grande Révolution, qui ont été confortées par la révolution industrielle, et qu’ont bon gré mal gré entérinées les régimes intermédiaires. De plus en plus coupé des anciens réseaux de solidarité, le modèle familial bourgeois, autonome, mobile et chargé d’affectivité, gagne le monde ouvrier, et jusqu’aux catégories les plus traditionnelles, reliquat des castes nobles et grandes maisonnées agricoles : en un sens, la mutation amorcée à la fin de l’Ancien Régime, et précipitée en crise par le jacobinisme, se termine, les bases de la famille moderne sont en place.
2Mais la « crise » semble être le destin de la famille. L’extension du modèle bourgeois à d’autres milieux qui ne parviennent pas toujours à s’y plier – paysans arriérés, ouvriers scandaleux, bientôt colonisés rétifs – se paie par sa fragilisation. La standardisation de ce modèle rend mieux visibles et moins acceptables, dans la bourgeoisie même, infractions, rébellions et perversions. Enfin, les nouveaux aménagements voulus par les progressistes ameutent les prophètes de malheur : les pères de famille poussés dans leurs derniers retranchements résisteront plus longtemps que les derniers Rois-pères, le phallocentrisme se révélera plus tenace que l’omnipotence de Dieu-le-Père, bien entamée par les lois sur la laïcité. Dans les années 1880-90, divorce, déchéance paternelle, néo-malthusianisme, agitation féministe introduisent une nouvelle crise de la famille, dans la crise plus générale de la fin de siècle. Et pour que s’implantent ces autres mesures, la suppression de la puissance maritale, le partage de l’autorité parentale, l’adoption, la contraception, l’abolition de l’illégitimité, envisagées pour certaines dès la Convention, il faudra encore bien des décennies et bien des luttes. Curieusement, c’est lorsqu’elles seront enfin acquises, lorsque, dans les années 1960-1970, s’accélérera la libération des personnes, des corps et des psychés, qu’avec l’union libre, les semi-cohabitants, les enfants en résidence alternée, les ménages mono- ou multi-parentaux, les manipulations génétiques, les revendications de certains déviants (la plus significative étant le vœu gay de mariage et de parentalité), s’opérera un nouveau bouleversement : la crise actuelle de la famille.
3La famille serait-elle toujours en crise – en crise, pour les ci-devant d’après 1793 ; en crise, chez les prolétaires du dix-neuvième siècle ; en crise, chez les décadents de la fin de siècle ; en crise, chez les jeunes et moins jeunes d’aujourd’hui ? On répondra que, la famille étant simultanément structure cognitive et structure sociale, l’archétype que nous avons en tête est toujours en porte-à-faux par rapport à la réalité qui nous entoure. Mais il y a plus. Cet archétype a été construit, nous dit Roddey Reid, par toute une rhétorique du danger, du manque, du pathologique, du dévoyé, bien appropriée aux troubles des années 1750 à 1900 en France, et que ressassent à l’envi les propos des pouvoirs publics, des philanthropes, des prêtres, des experts, ainsi que les fictions des écrivains ; c’est négativement, à travers des histoires de vie domestique dysfonctionnelle, empoisonnée, ratée, qu’ont été disséminés de nouvelles normes, positives et en théorie accessibles à tous, de nouveaux besoins, de nouvelles possibilités relativement à la vie domestique, au corps, à la subjectivité, et qu’ont ainsi été régulées les pratiques individuelles et collectives1.
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4En tant que structure cognitive, la famille, qui habite depuis toujours, de façon intuitive ou savante, l’esprit des acteurs sociaux, a fait, chez les intellectuels postrévolutionnaires, l’objet d’un discours intarissable, à l’origine de cet imaginaire théorique complexe que nous avons exploré, et dont l’expression ignore l’isolement de spécialités, et le monopole de spécialistes. Sous la Troisième République, cette approche se trouve relayée par l’étude scientifique de la structure sociale – étude qui n’est bien sûr jamais pleinement objective, puisqu’il est impossible pour le chercheur de se désintriquer de son objet, de « penser » la famille de l’extérieur. La famille est alors investie par ces disciplines balbutiantes que sont la sociologie, l’ethnologie, la psychologie, plus tard par l’histoire, l’économie et la démographie ; toutes sciences qui seront grandement stimulées, dans la deuxième moitié du vingtième siècle, par la dernière en date des crises de l’institution.
5Pour expliquer les œuvres de la période 1789-1870, on est remonté aux dernières phases de l’Ancien Régime ; symétriquement, jetons un regard sur leurs répercussions dans la suite du siècle et les débuts du suivant. Les successeurs de nos théoriciens sont profondément marqués par deux tendances : le positivisme, entendu en un sens plus limité et plus rigoureux que chez Comte, et l’historicisme. Ils poussent loin la conviction évolutionniste, qui s’affirmait des philosophes des Lumières et de Condorcet à Comte, et nous font parcourir, avec Lewis Morgan, Engels et Durkheim, rencontrés au tout début de cet ouvrage, tous les stades compris entre une promiscuité sexuelle indifférenciée et la cellule monogamique. Disposant d’une riche documentation sur les données non occidentales, ils élaborent une perspective comparative, qui déborde les ambitions européennes de Le Play. Le patriarcat leur apparaît comme une survivance, à dénoncer ; quoique l’utopie, rabattue sur l’histoire, ne soit pas toujours absente de leurs spéculations, ni le mythe étranger à leurs formulations (je pense au Freud de Totem et Tabou), rares sont ceux, en dehors des communistes, qui contestent l’institution ; la plupart penchent pour le familialisme, avec un intérêt tout neuf pour le féminisme. De ces successeurs, je retiendrai trois.
6Durkheim, de nouveau. Celui qui, plus que Comte et Le Play, est le fondateur de la sociologie française pose, avec Comte, que la famille est l’« espèce sociale » la plus simple et la plus objective. Il constate, après Tocqueville, que la famille moderne ne repose plus, comme celles qu’il appelle « patriarcale » et « paternelle », sur le lien lignager, mais sur le lien à court terme du mariage, mariage civil délivré des considérations parasites d’antan ; et que « nous tenons à notre famille parce que nous tenons aux personnes qui la composent », et non plus aux « choses » qu’elle détient2. Le républicain goûte mieux que son aristocratique prédécesseur ce module nucléaire, qui, sur la base de l’autonomie des individus, encouragée par l’expansion constante des rapports humains et garantie par l’État, établit des « règles » aussi indispensables au développement de chacun qu’à la vie collective, modère les appétits masculins, compense la sujétion de la femme par la dignité maternelle, exonère l’enfant des infortunes de l’« héritier », et agit comme un puissant préservatif contre le suicide. Avec toutefois une inquiétude : cette structure éphémère et bornée endiguera-t-elle durablement les désirs et les désordres des egos, et le risque croissant d’anomie sociale ? Et de lui préférer, dans De la division du travail social (1893), un autre type de groupement, plus efficace du point de vue économique et du point de vue moral, plus intégrateur pour l’individu, plus solide pour la collectivité : la corporation professionnelle.
7Dans cet hommage à Comte qu’est son « essai de sociologie de la famille » de 1927, Alain, prenant acte de ce que, dans l’échelle positiviste des sciences, la sociologie est précédée et préparée par la biologie, replonge les sentiments familiaux dans les corps ; et de souligner, on l’a noté à la section du Sentimental, leur aveuglement, leur grossièreté, leur fermeture à la pensée. La vulgaire passion de la jeunesse ne peut être « sauvée » que grâce à son assomption par la volonté, qui se matérialise dans le serment ; par le serment, « la société réelle transforme le couple amoureux en une société à son image, qui a son gouvernement, ses lois et ses usages » (p. 327)3. Cette mini-société sépare les pouvoirs : à l’homme le temporel, les questions de gain, d’entretien, de procédure – avec cette restriction, que le sexe « actif » est celui qui « obéit » aux nécessités matérielles et humaines, tout comme l’État « obéit » à la situation ambiante – ; à la femme, le pouvoir spirituel, à la fois impondérable et démesuré, comparable à celui de « l’opinion » dans l’État. Que ce déséquilibre soit compensé, ajoute Alain, professeur comme Comte, par un enseignement scientifique pour la femme, littéraire pour l’homme, et « c’est le couple qui sauvera l’esprit » (p. 335).
8Le conjugal trouve son incarnation dans l’enfant, œuvre par excellence de la génitrice. Toute œuvre révèle son réalisateur à lui-même, et plus elle résiste, mieux elle le forme. « L’amour maternel ouvre une communication plus directe entre le sauvage amour de soi et le sublime amour » (p. 338) ; sublime, cet amour, parce qu’il tend à faire du rejeton un dieu, tandis que le rejeton, de son côté, éprouve une piété filiale : c’est le motif, grandiose et illusoire, de la Madone à l’Enfant. Le père, lui, « exerce cette ingrate fonction, toujours mal comprise, qui n’a point le droit d’aimer, ni de plaire, et qui porte la charge de vouloir toujours sans jamais choisir » (p. 341). Le fils ne parviendra à l’adorer qu’après son décès, en un processus de commémoration qui a cet avantage que, là où l’Enfant-dieu pouvait décevoir, le dieu mort ne saurait déchoir. Ainsi naquit dans l’histoire le préjugé héréditaire, le culte d’ancêtres dont l’illustration était toute dans l’imagination des survivants.
9Jusqu’ici essentiellement fidèle aux conceptions comtiennes, avec des emprunts à Michelet, Alain refuse néanmoins de considérer la famille comme « l’école des sentiments humains » (p. 352) : sa transformation du solipsisme en altruisme est trop ciblée, et toujours prête à rechuter dans l’émotion animale. La famille doit être relevée par ce qui n’est pas elle : la Cité. Car la Cité n’est pas à l’image de la famille ; en dépit de quelques analogies, il est faux d’assimiler la patrie à une fratrie ; ce paralogisme a donné lieu à des « dévouements redoutables » (p. 348), dont on sait quelque chose après la Grande guerre. « L’école des sentiments humains », ce n’est pas la famille, c’est l’école, justement ; l’école, médiatrice entre la faiblesse des proches et l’indifférence des anonymes. Qu’ils soient dispensés d’amour permet au maître d’être plus juste qu’un parent, et à l’élève, préservé des gâteries, de donner le meilleur de soi ; entre condisciples seulement pourront régner l’égalité, la coopération, le respect des vrais mérites. La famille selon Alain ne sauvera plus romantiquement l’humanité ; elle mène à tout… à condition d’en sortir.
10C’est aux États-Unis enfin que je repérerai une théorie qui prolonge celles de Tocqueville, de Comte, de Michelet et de Durkheim sur la nucléarisation de la famille, la prépondérance du conjugal, l’importance du sentimental : il s’agit des Éléments pour une sociologie de l’action de Talcott Parsons (1949)4. La révolution industrielle moderne a, d’une part, contracté la taille des ménages, d’autre part, déféré un grand nombre de leurs fonctions à d’autres instances, État, entreprises, media… La famille en conserve deux : la socialisation des enfants, qui suppose de la part des parents un soutien constant, mais aussi le respect de cette liberté qui assurera au futur adulte son autosuffisance et sa réussite ; et la stabilisation des adultes, lestés de responsabilités, mais aussi autorisés à faire jouer les résidus infantiles de leur personnalité. L’individu passe de sa famille d’amont, ou « d’orientation », à sa famille d’aval ou « de procréation », qui, parce qu’élue, est la principale. L’esprit de Comte et de Michelet se retrouve encore dans la division des tâches sur laquelle insiste Parsons, au père incombant le rôle « instrumental » de gagner de l’argent à l’extérieur, à la mère celui, « expansif », d’attiser la chaleur du home. Ce type de famille, se flatte le sociologue, correspond parfaitement à la mobilité professionnelle et géographique des classes moyennes américaines, ainsi qu’à l’individualisme autocontrôlé et optimiste de leur démocratie libérale.
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11Lévi-Strauss a souligné quelques paradoxes anthropologiques propres à la famille. La famille a un fondement naturel, mais forme une entité culturelle : par l’attirance des sexes, la procréation, l’instinct de conservation et de perpétuation, elle relève du biologique, voire du zoologique ; mais elle est aussi et surtout une institution. À propos de l’institution, autre sujet d’étonnement : « il n’y aurait pas de société sans familles, mais il n’y aurait pas non plus de familles s’il n’y avait pas déjà une société5 ». Enfin, la famille maintient une continuité sociale, notamment entre les générations, grâce à la filiation ; mais elle garantit aussi la diversité sociale, au moyen de l’alliance ; le mariage permet de transformer des étrangers, voire des ennemis en alliés, au point que certains indigènes de Mélanésie prennent toujours femme chez ceux à qui ils font la guerre ; ce qui fut assez la coutume des dynastes européens.
12Je relèverai quant à moi trois paradoxes. Le premier module la remarque finale de Lévi-Strauss. La famille cultive le même : elle met en commun le toit de la maisonnée, le nom et les biens de la lignée ; par la filiation, elle assure la reproduction organique et la reproduction éducative ; l’alliance elle-même ne privilégie-t-elle pas l’homogamie, et les époux ne « déteignent »-ils pas peu à peu l’un sur l’autre ? D’un autre côté, la famille implique l’autre : dans l’alliance, hétérosexuelle par définition, l’interdit de l’inceste oblige à substituer aux femmes de l’entourage une étrangère, prise dans un rayon de plus en plus étendu dans nos sociétés ouvertes ; la filiation elle-même comporte une part d’inédit, au plan biologique, et, surtout lorsque s’amplifie le fossé des générations, au plan du vécu. La famille fait donc périodiquement jouer l’original – combinaison matrimoniale, redistribution génétique, modification existentielle – contre l’originel. Sa survie, en d’autres termes son re-nouvellement, balance entre la réitération signalée par le préfixe re-, et le risque inhérent au nouveau.
13Davantage, la survie, le renouvellement de la famille va de pair avec sa désagrégation : la famille doit se défaire pour que la famille continue. L’éclatement est la condition de sa reconstitution, et ce, de façon particulièrement évidente dans la formule nucléaire ; les maisonnées et lignées de jadis, quoique lâches et en continuelle refonte, demeuraient un point de référence durable : celles, plus resserrées, d’aujourd’hui meurent et renaissent sur un rythme accéléré. De sorte que, berceau de tous les rajeunissements, la famille est aussi toujours en deuil.
14Le deuxième paradoxe concerne l’individu dans son rapport à la famille, cette famille « contre », c’est-à-dire « au contact de », mais aussi « en opposition à » laquelle il se définit. La famille confère au moi juvénile ce qui lui est propre – son nom propre, ses propriétés, le sens de la « propreté » corporelle et des conduites « appropriées » – : il devra se forger une identité à la fois pareille (sameness) et particulière (selfhood), une « identité » à soi tributaire et distincte de son « identité » au groupe, lequel lui sert d’appui et de repoussoir. Du coup, pour les moi qui la composent, la famille est, comme le remarque une sociologue, « creuset, soutien, carcan6 ». Creuset et soutien, dans la mesure où elle assure à chacun son développement sexuel, son entretien économique, son lot de responsabilités, son équilibre affectif ; mais carcan, parce qu’elle coince chacun dans un rôle et dans un personnage. Nid, mais cage ; cellule protectrice, cellule carcérale. On connaît la fameuse déclaration de haine de Gide aux « foyers clos ; portes refermées ; possessions jalouses du bonheur7 ». Du bonheur ? Du malheur, rectifie Mauriac : que de portes refermées sur ce « nœud de vipères » dont le roman ainsi intitulé offre une impitoyable peinture8 !
15Le troisième paradoxe tient au branchement de la famille sur le social. Ayant refusé l’inceste, elle accueille des éléments différents d’elle ; ayant renoncé à l’autarcie, elle s’intègre dans des circuits économiques et commerciaux ; elle plie ses pouvoirs et ses compétences aux lois et aux savoirs en vigueur ; elle étend ses attachements au-delà du cercle privé. Son nous peut ainsi servir de médiation, d’« échangeur » entre les je qu’elle abrite et le on qui l’englobe ; elle socialise l’individu, le rend apte à fonctionner en public, tout en favorisant l’intériorisation des prescriptions (et prestations) sociales. Mais les rapports sont toujours problématiques. Soit que le clan et ses membres se liguent contre tout ce qui n’est pas eux pour défendre leurs intérêts factieux, pour cacher leurs turpitudes, ou bien pour s’enfoncer dans cette intimité que la langue familière qualifie justement de « pépère », dans un petit bonheur « des familles » (ce que l’on schématisera sous la forme : le nous et ses je vs le on). Soit qu’à l’inverse, la famille s’adosse aux institutions pour accabler ses membres sous le faix des devoirs et des convenances extérieurs (le nous avec le on vs le je). Soit enfin qu’elle se voit court-circuitée, quand les institutions s’avisent d’arracher un individu aux déficiences ou aux abus des siens, ou quand l’individu renie ceux-ci au profit de tiers libérateurs (le je avec le on vs le nous).
16Aujourd’hui que tant d’eau a coulé sous les ponts, et tant d’encre sous les presses depuis la Révolution, qui en délinéa la formule moderne, la famille a connu bien des perturbations, dans ses règles, toujours bousculées, dans ses pratiques, toujours imparfaites, dans ses valeurs, souvent négligées, mais a fait preuve d’une opiniâtre résistance ; au seuil du vingt-et-unième siècle, elle apparaît plus que jamais menacée et indéracinable. Plus que jamais aussi exaltée et décriée. Si, dissipées les illusions collectivistes de l’après-guerre, épuisés les élans libertaires des années 68, il ne se trouve presque plus d’utopistes pour en proclamer l’obsolescence ou la superfluité, tous, à gauche comme à droite, se proposent de la réformer, soit par retour à une « forme » antérieure supposée préférable, soit par adaptation aux demandes nouvelles ; cependant qu’interrogations savantes, sondages, reportages, fictions prolifèrent sur son compte. C’est dans ce contexte que cet ouvrage a essayé de penser la famille de l’avant-dernier siècle, et de repenser les découvertes, les angoisses, les espoirs et les mythes de ses penseurs.
Notes de bas de page
1 Cf. Families in Jeopardy, Regulating the Social Body in France, 1750-1910, Stanford, Stanford University Press, 1993, p. 1-62.
2 « La famille conjugale » (1892), Textes, Paris, Minuit, 1975, III, p. 43. Cf. aussi « Introduction à la sociologie de la famille » (1888), Textes, III, p. 9-34.
3 Les chiffres entre parenthèses renvoient aux « Sentiments familiaux » dans Les Passions et la Sagesse. Sur la dette d’Alain à l’égard de Comte, cf. Jacques Muglioni, Auguste Comte, un philosophe pour notre temps, Paris, Kimé, 1995, p. 133-148. Sur les rapports de la passion et du serment, Georges Pascal, L’Idée de philosophie chez Alain, Paris, Bordas, 1970, p. 186-204.
4 Trad. F. Bourricaud, Paris, Plon, 1955.
5 Préface, dans Burguière et al., Histoire de la famille, I, p. 11.
6 Yvonne Castellan, La Famille, Paris, Presses universitaires de France, Que sais-je ?, 1986, p. 114.
7 Les Nourritures terrestres (1897), Romans, Paris, Gallimard, Pléiade, 1958, p. 186.
8 Dans Mort de la famille (trad. F. Drosso-Bellivier, Paris, Seuil, 1972), David Cooper, pionnier de l’antipsychiatrie, fustige le modèle nucléaire : premier instrument d’exploitation et d’aliénation en système capitaliste, il fomente l’incomplétude des personnes, et les pousse au grégarisme ; il glace toute spontanéité dans la rigidité d’un rôle, et provoque des clivages mentaux ; il propage la culpabilité ; et ses structures se répercutent sur les autres institutions, école, usine, armée, hôpital… Contre lui, Cooper, adepte de la « commune » soixante-huitarde, préconise la révolution de l’Amour désentravé, et la révolution de la Folie anarchisante, qui rendra le capitalisme ingouvernable.
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