Les pièces anatomiques exhibées. De la scène du crime à la table des pièces à conviction (1811-1940)
p. 91-106
Texte intégral
1Dans une de ses nouvelles, Champleury évoque le triste spectacle, car misérable et presque tombé en désuétude, d’un théâtre de figures de cire sur les Champs-Élysées. L’une d’entre elles, placée devant l’entrée pour attirer les promeneurs, représente un criminel ou le témoin d’un crime. Il bougeait ses membres et criait : « Sa bouche s’ouvrait avec prudence et se refermait avec lenteur. » Ce spectacle semble, en 1848, insupportable au narrateur qui ne s’explique pas les raisons de son profond malaise jusqu’au jour où il visite la Morgue : « Je compris alors pourquoi l’aspect des figures de cire est odieux. Il arrive souvent que des meurtriers, pour faire disparaître leurs victimes, les coupent en morceaux. La Morgue retrouve ces morceaux, les joint autant qu’elle peut et s’essaie à offrir un corps complet, plus facile à reconnaître. » Et pourtant, même ainsi, le spectacle d’un corps mort désorganisé et dispersé, puis assemblé, suscite le même effroi car « quoique rajusté par des mains habiles, ce corps coupé n’a jamais l’entier, même d’un cadavre1 ». La vision d’un corps démembré, l’observation d’un élément que l’on peut associer directement à un cadavre provoquant une sorte d’insoutenable malaise n’est pas partagée par tous. La visite des lieux où sont entreposées des dépouilles mortelles connaît une affluence importante. De même que les places publiques où sont dressés les bois de justice. Toutefois, dans l’ensemble, les sensibilités collectives rejettent la présence de la mort concrète2 tenue de plus en plus à distance3. Malgré les épidémies et les conflits armés, les guerres civiles comme les guerres ouvertes, la « charogne » ou la dépouille mortelle indispose, si ce n’est lors des veillées funèbres. Toutefois, il existe encore, en dehors des amphithéâtres de médecine et des planches anatomiques, des endroits où des corps désarticulés ou fragmentaires sont exposés au regard : il s’agit du théâtre de la justice. En effet, des premiers pas de l’enquête judiciaire jusqu’au procès, des pièces anatomiques sont montrées, parfois avec complaisance, au point de proposer à la curiosité publique, une sorte de grand guignol du macabre. D’autres fois, ce sont les armes du crime encore ensanglantées qui changent de statut, deviennent pièces à conviction et sont exhibées.
Enquêtes
2Lorsqu’un crime de sang est commis, le procureur, le juge d’instruction, l’homme de l’art et les policiers se rendent sur place. La scène du crime n’est pas, pendant longtemps, un sanctuaire. Policiers, voisins et même les enquêteurs déplacent les objets, piétinent le sol, enfouissent les indices, détruisent de nombreuses traces car aucune précaution n’est prise. Vers les années 1880, une nouvelle culture de l’investigation s’affirme4. Dans ses mémoires, Goron, Ancien chef de la Sûreté, le mentionne à sa manière. Le premier tome est consacré à ses années d’apprentissage et à ses premiers pas dans la police : « Ma vocation s’affirmait, car je crois qu’il est impossible de bien faire un métier qui ne vous intéresse pas. Je compris alors l’importance des premières constatations5. » S’il faut avoir un sens aiguisé de l’observation, être perpétuellement à l’affût d’un indice minuscule, il faut aussi se méfier des mises en scène trop bien organisées, faites pour détourner les soupçons et orienter l’enquête vers d’autres pistes. En effet, dans une affaire, l’un des enquêteurs s’exclame : « Diable, deux manchettes, une ceinture, une lettre, autant dire quatre cartes de visites… » Et Goron d’ajouter : « Je fis même observer que ces taches de bougie sur le tapis avaient dû être faites volontairement. » Ces objets, même s’ils peuvent sembler à quelques-uns maléfiques, restent des objets inertes. Il n’en est pas de même d’autres pièces souillées directement par le crime. « Dans les manchettes, en essuyant légèrement le sang qui les couvrait6… » La découverte d’un cadavre, d’un fragment humain ou bien encore d’un objet attestant d’une mort violente reste une expérience traumatisante. Le crime n’est plus ni une fiction littéraire ou théâtrale ni un fait rapporté. Pour quelques-uns, ce n’est plus en effet une sorte de projection, mais une réalité tangible. Le drame criminel n’existe plus hors de lui-même et devient ainsi brutalement un fait objectif et affectif.
3Dans la recherche du coupable, les pièces à conviction peuvent apparaître comme une source lumineuse redisposant le décor et faisant surgir de la pénombre des perspectives ignorées. Elles s’effacent toutefois devant la découverte d’un cadavre ou d’un espace qui semble véritablement aspergé de sang. Ce tableau macabre peut donner lieu, presque immédiatement, à de longues descriptions dans la presse populaire lorsque l’affaire est portée à la connaissance des « petits reporters7 » ou plus tardivement, devant les juges non professionnels formant le jury de la cour d’assises. Les chroniqueurs judiciaires prenant à la hâte des notes pour les offrir à leurs lecteurs restituent parfois l’ambiance d’un procès et l’état mental de celui qui découvre une silhouette macabre ou un véritable charnier. Ainsi, en 1910, l’un d’entre eux rapporte les propos d’un témoin. Toute une famille a été massacrée dans une ferme à Jully. Un paysan relate la scène : « Oui, j’y étais. Je suis monté là-haut comme les autres avec ma lanterne. C’était épouvantable. Jamais, jamais je n’oublierai. Nos sabots clapotaient dans le sang versé et des cadavres partout, dans l’étable, dans la cour, sur les chemins, sur les tas de fumier ! J’ai vu à la lueur de ma lanterne, dans le puits, une tête de femme coupée qui surnageait et dans l’eau rouge, un cadavre, et à chaque pas nous nous demandions ce que nous allions trouver encore derrière chaque buisson, derrière chaque porte8 !… » Ces pièces anatomiques, ces cadavres et les armes du crime ont dû être déplacés, portés et examinés. Peu de récits mentionnent ces transports sur les lieux et les précautions nécessaires à leur translation et à leur conservation. Le trouble saisit les acteurs de l’enquête pourtant aguerris. Les mots manquent le plus souvent, l’image s’est substituée à eux. Dans plusieurs affaires des dessins présentent un cadavre dans l’espace du crime. Il s’agit le plus souvent d’un croquis pris sur le vif, pour fixer la mémoire, d’autre fois d’un dessin reconstitué après le drame pour un public plus vaste (fig. 1)9, mais sans le heurter autant que ne le ferait une photographie.
4À la Belle Époque, des dessinateurs choisissent le plus souvent de tourner le dos à l’expression réaliste pour caricaturer la scène du crime. La distance autorisée par une forme d’humour macabre permet de traiter d’un sujet impossible. Manière de se moquer de la malveillance de ses contemporains, il est surtout proche de l’humour noir soulignant que l’existence humaine est d’une fragilité extrême. Si les caricaturistes se moquent des acteurs de l’enquête, ils insistent aussi sur le fait que l’être humain se réduit, tôt ou tard, à une dépouille mortelle. Il appartient au médecin expert10 de déterminer les causes de la mort violente (fig. 2)11. S’agit-il d’une maladie subite, d’un accident, d’un suicide, d’un crime ? Certains, peu perspicaces, n’y parviennent pas. D’autres, en revanche se moquent du morne décor, rejettent l’effroi qui aurait étreint n’importe quel observateur non averti et trouvent quelques vertus à un corps suspendu par une corde12.
5Dans les années 1930, l’humour facile permet de se gausser du docteur Paul, le médecin légiste le plus célèbre de l’entre-deux-guerre et dont la notoriété restera intacte après la Seconde Guerre mondiale. Ce médecin légiste n’est plus un de ces êtres impersonnels, mais une sorte de héros des temps modernes, dont les chroniqueurs vantent les mérites, métamorphosant l’homme concret en icône de la société judiciaire. Geo London écrit ainsi sous la rubrique « Le flair du docteur Paul » qu’après le pathétique des déclarations d’une complice le procès change de cours : « Nous nous orientons vers la science. » Et en effet, cette dernière « est représentée par le Dr Paul, témoin lumineux, qui vient disserter sur les causes exactes de la mort de Truphème. Voilà qui n’est pas superflu puisque Mestorino s’obstine à se défendre d’avoir étouffé Truphème, en lui enfonçant un fragment d’ouate dans la bouche ». Le spécialiste affirme ainsi qu’il y a bien eu une asphyxie par suffocation déterminant une oblitération des voies respiratoires. Tout le monde comprend également que la mort a été lente13. Toutefois en dehors du petit morceau de coton qui trône sur un coin de la table, le corps de la victime n’est pas présenté. Il arrive cependant qu’un « fragment humain » puisse être apporté et circuler de main en main par les jurés.
6Toutefois, au-delà du trait caustique du dessinateur, la vignette présentée au public est une façon d’insister sur le rôle essentiel de l’expertise corporelle. Les différents morceaux anatomiques que le médecin légiste examine donneront lieu à un rapport transmis au juge d’instruction. Lorsque l’affaire parviendra devant les tribunaux, c’est lui qui viendra exposer ses observations et ses conclusions. Un avocat souligne l’importance des experts. Dans ses propos, nulle trace de moquerie ou d’humour, il s’exprime au premier degré. Tout au plus ironise-t-il un peu mais il parle de son expérience de praticien de la justice : « Le médecin expert ausculte le cadavre, le scalpe, lui vide les intestins, regarde comment s’est comportée l’oreillette droite et constate scientifiquement que la victime a eu cessé de battre. Fort de cette vérité, il la consigne dans un rapport circonstancié et, le jour de l’audience, entraîne la conviction des jurés14. »
La « table truquée »
7Les pièces à conviction sont exposées dans l’enceinte de la cour d’assises, tantôt sur une table, tantôt dans une vitrine. Elles attestent de la matérialité du crime. Ainsi, sous le Second Empire, dans l’enceinte de la cour d’assises de la Seine : « Sur la table des pièces à conviction on a déposé un paquet de linge qui contient les vêtements que portait la malheureuse fille Jullié […] près de ce paquet on a placé le couteau dont l’accusé s’est servi pour donner la mort à sa fille. C’est un couteau poignard, d’une apparence assez vulgaire, un couteau de 29 sous, mais qui a malheureusement assez de puissance pour donner instantanément la mort15. » À la même époque, un des rares romans restituant un procès, illustré de quelques planches, présente, au détour d’une page, une vignette rare. Pour autant, les objets présentés n’ont rien de remarquable : un encrier, une bougie, une lettre… (fig. 4)16.
8Plus tard, en 1893, un ouvrage collectif présente l’histoire du palais de justice de Paris et ne manque pas de s’arrêter quelques instants et de présenter le mobilier macabre de la justice17. Il ne s’agit pas de pièces dissimulées, conservées dans un lieu hermétique, mais bel et bien exposées à l’attention de tous. De loin, ils semblent anodins ; de près, ils apparaissent au contraire sinistres : des linges ensanglantés côtoient des paquets au contenu inavouables, une pique sanglante voisine avec une fiole dont on n’ose imaginer le contenu (fig. 5).
9Quelques rares observateurs se sont interrogés sur cet étalage morbide, se demandant si c’est au nom de l’administration des preuves ou de la publicité des débats que ces pièces à conviction étaient apportées et exhibées. Certains dénoncent, déjà au début du XIXe siècle, de manière feutrée et anonyme, leur présence. Il faut éclairer les jurés et non les impressionner18. Leur utilité serait alors similaire à celle d’un point lumineux qui dans l’obscurité attire toute une variété d’insectes. Elles fascineraient ainsi les témoins et leur feraient parfois perdre leurs moyens. Elles captiveraient le public, devenu immobile pendant des minutes entières, venu nombreux pour assister aux audiences, apercevoir l’accusé et suivre les débats. En effet, du côté des personnalités invitées, comme du côté du public ordinaire, nombreux sont ceux qui caressent l’espoir d’assister à un spectacle macabre, à l’image de celui de l’exécution capitale19. Quelques présidents donnent l’impression de ménager, à dessein, à l’aide de techniques éculées mais efficaces, la curiosité de l’assistance. L’un d’entre eux révèle, après plusieurs heures, que la « boîte » placée sur un large bureau situé au pied de la Cour contenait la tête de la victime et que l’intérieur est « inondé » de sang séché20. Tenir en haleine le public, ménager le suspense, effrayer le jury sont des procédés carnavalesques ou empruntés au roman noir mêlant sortilèges, « nécromancies » et mystères annoncés puis dévoilés. Lors de certains procès, les avocats de la défense s’en offusquent et protestent vivement, comme en 1882 à la suite d’une reconstitution extraordinaire : « Mais voici qu’on ouvre une grande caisse oblongue, semblable à un cercueil. L’huissier en retire les branchages qui recouvraient le cadavre, et, après ces branchages, un mannequin qui est déposé sur la table des pièces à conviction. Ce mannequin représente avec une horrible exactitude le corps de la morte : les vêtements ont été ajustés sur un squelette en bois ; la tête de la victime a été modelée en cire, et quand l’audiencier enlève le voile blanc qui la cache, un frisson parcourt l’auditoire21. » Si la mise en scène n’est que rarement aussi spectaculaire, des palais de justice abritent de temps à un autre des spectacles similaires. En 1886, un huissier « au milieu du silence général, décloue la caisse mystérieuse. Il en tire une boîte en fer blanc contenant des débris d’os et une fiole remplie d’esprit de vin au fond de laquelle on voit un horrible débris de chair putréfiée22 ». Malgré la sobriété qui gagne les prétoires et se traduit par une plus grande réserve dans la manière de conduire les débats ainsi qu’une plus grande discrétion dans les plaidoiries et les réquisitoires, la période de l’entre-deux-guerres enregistre encore des scènes identiques. Par exemple, dans une affaire jugée par la cour d’assises des Bouches du Rhône, le président fait ouvrir « une lourde caisse, placée dans la vitrine des pièces à conviction23 ».
10Quelques observateurs privilégiés du fonctionnement des tribunaux répressifs, rassemblant leurs souvenirs judiciaires, y voient rétrospectivement une sorte de mascarade ou une façon de dramatiser à l’excès une phase du procès qui n’en avait pas besoin. L’un d’entre eux, loin des témoignages assourdis, restitue ses réflexions se rapportant aux années d’après la Première Guerre mondiale : « Si même les objets inanimés avaient une âme, si les choses pouvaient parler, témoigner, la sinistre table des pièces à conviction, telle qu’on nous la propose ne saurait convaincre aucun des jurés et surtout pas le plus intelligent d’entre eux, le mieux éveillé aux mystères de la littérature24. » La table des pièces à conviction semble donc appartenir à une sorte de tradition maintenue par la force des habitudes ou du cérémonial, mais qui n’émeut plus guère. L’existence de cette dernière, et la présence de témoins inertes, posés sur elle comme des bibelots rares, ou, dans certaines affaires, amoncelés, ne concernent pas la raison. Tout au plus s’agit-il de respecter le rituel judiciaire. L’organisation de l’espace scénique de la cour d’assises fait obligation de respecter une certaine distribution. En effet, « l’espace judiciaire est comme une sorte de monde temporaire au cœur du monde habituel, spécialement construit en vue de la fonction qui s’y accomplit25 ». Pour autant, si tel ou tel espace a fait l’objet de réflexions ou d’observations grossières, du box des accusés à la barre des témoins, il n’en est rien pour ce lieu particulier. André Salmon qui a suivi pendant vingt ans nombre de procès, dont celui de Landru, n’y voit rien de sacré et les objets mystérieux présentés ne parviennent ni à évoquer une anatomie fantomatique ni à créer une illusion singulière accompagnant les audiences. Pour lui « les objets inanimés (si ce morceau de chair humaine ballotant dans de l’alcool est aussi inanimé que le couteau taché de sang) ont été choisis et disposés par une sorte d’artiste attaché au Parquet, l’étalagiste de la Cour d’assises, soucieux de produire un certain effet judiciaire. Sans que personne n’y ait mis trop de méchante malice, la table des pièces à conviction est une table truquée26 ».
11Pour autant, elle joue souvent sur les émotions. En effet, des années 1811 à la fin des années 1930 du XXe siècle, les objets continuent d’impressionner et ne manquent pas d’avoir une influence sur l’intime conviction des juges. S’ils ne réagissent pas, ils ne peuvent rester insensibles. L’impression produite est d’autant plus forte que les pièces sont singularisées. Une seule, retirée de l’ensemble et exhibée apparaît maléfique et horrible. Tandis que les vêtements et les serviettes de toilette de la victime sont exposés, la robe que cette dernière portait est désignée à l’attention de tous, retirée de la pile par un huissier audiencier et montrée au public comme s’il s’agissait d’une pièce unique. Toutefois, elle était « si imprégnée de sang qu’elle en était roide, la salle entière jeta un cri d’horreur27 ». C’est un peu comme si le corps de la malheureuse avait traîné dans le palais de justice, puis hissé en haut des marches et enfin acheminé dans la salle.
12Dans une monstrueuse affaire, le tribunalier souligne qu’il a assisté à un « pittoresque défilé de paysans, s’exprimant sans phrases, et qu’interrompt la macabre exhibition des pièces à conviction : le seau, le marteau et les cendres de la victime recueillies dans un sachet28 ». Les pièces à conviction laissent entrevoir un univers particulièrement sombre. La « part maudite » de l’être humain semble s’y retrouver, comme concentrée dans ces quelques objets et restes d’un paysan qui couché dans le lit conjugal après avoir passé la journée à une foire voisine, reçu deux coups de marteau sur le crâne, puis fut égorgé à l’aide d’un rasoir. Le criminel est son frère qui avait décidé avec sa belle-sœur de se débarrasser de lui. Le président l’interroge en énonçant les faits établis : « Vous êtes allé chercher un seau et, l’approchant du lit de votre frère, vous avez saigné le malheureux comme on saigne un porc. » L’accusé confirme son geste et ajoute même des précisions qui font presque défaillir l’auditoire : « Il y avait trois seaux pour saigner les porcs. J’en ai pris un. Le sang a coulé au fond du seau, peut-être deux litres29. » Le seau en question trône au pied de la cour.
13La table des pièces à conviction joue aussi le rôle de reliquaire, contenant les traces, les vestiges et la mémoire du crime même si personne n’a pu y avoir accès. La présence de certaines pièces à conviction ensanglantées suffit parfois à faire parler. Comme une sorte de théâtre de la cruauté en miniature, la table des pièces à conviction provoque presque toujours une « vive sensation ». Les objets ne sont pas là pour raconter une existence mais pour légitimer le récit du crime tel qu’il est présenté dans l’acte d’accusation. Il est possible d’écouter le greffier en donner lecture et de garder le regard rivé sur les formes parfois indistinctes exposées et d’imaginer des passions cruelles et d’horribles drames. Souvent les pièces anatomiques ne sont pas montrées, mais évoquées par l’entremise d’un autre objet ou d’une description suggestive. C’est ainsi qu’en 1883, un sac renfermant les « débris » d’un cadavre est repêché et retiré de l’eau. Peu après, un second sac rejoint le premier, mais le corps reste incomplet. Le juge d’instruction rédige une note qu’il envoie aux journaux de la région pour percer l’identité de la victime. Il annonce que les « restes mutilés » seront visibles à l’amphithéâtre de l’hôpital de Saint-Brieux. Il les fait photographier et fait parvenir des tirages dans les communes avoisinantes. Un journal local ne fait aucune de censure, glisse vers le voyeurisme et donne longuement des détails : « On était en présence du tronc d’un homme haché en biais par le milieu de la poitrine environ. Les deux bras étaient coupés au-dessus des articulations. La tête affreusement mutilée, portait de nombreuses blessures. » Le rédacteur chroniquer ajoutant qu’« un coup de couteau a été donné à chaque œil, un autre à l’une des joues. Le tronc était couvert d’une chemise et d’une blouse bleue qui ont été coupées absolument comme la chair. Que sont devenus les bras et les jambes30 ? » Toutefois, en cour d’assises, c’est le sac contenant les restes du malheureux qui est présenté au jury. D’un seul coup, il acquiert un statut particulier. Il semble à la fois hideux et sardonique et provoque, par sa seule présence, une sorte de mouvement général de rejet. En même temps, il donne l’impression de posséder une force magnétique empêchant que l’on puisse durablement détacher les yeux de lui. Sorte de trophée maléfique, il possède encore plus de noirceur au moment des débats. En effet, le président des assises se fait expliquer par l’accusée les circonstances du crime, lui demande de préciser tel ou tel point. L’horreur franchit un nouveau seuil lorsque le médecin légiste restitue la manière dont l’homme a été tué et précise « qu’il a fallu un certain effort pour arracher les intestins fortement adhérents au bas ventre » et jeté à leur tour dans un des sacs. À cette présentation le magistrat sort de sa réserve : « C’est épouvantable ! s’écrie M. le président dans un mouvement d’indignation partagé par les jurés et l’auditoire31. » Les pièces à conviction accompagnées d’un récit sont dotées une force considérable auprès du jury, pouvant balayer les arguments logiques produits par la défense. Ce qui n’étaient, d’une certaine façon, que des sacs quelconques, immobiles et, sans passé, se trouvent brusquement animés d’une forte charge émotive et semblent dorénavant dégager des ondes maléfiques. Désormais, plus personne ne pourra les regarder de la même manière.
14Dans certains cas, une table, avec des traces innommables, une porte teintée de rouge, d’autres objets volumineux sur lequel le corps de la victime a été posé juste avant le trépas sont apportés. Il arrive aussi que ce soient des pièces à conviction qui ont servi à transporter le cadavre : « On a amené dans le prétoire la principale pièce à conviction, trop volumineuse pour être placée dans la vitrine ad hoc : c’est la poussette confectionnée avec une vieille caisse et deux roues de bicyclette qui leur aurait servi à transporter le corps de la victime, de leur domicile […] jusqu’à la Marne, où ils l’auraient précipité. » Chacun peut alors imaginer le corps du malheureux recroquevillé de telle sorte qu’il pouvait exactement être contenu dans la poussette32. Le pouvoir d’évocation donne bien le sentiment que la poussette n’est pas vide, qu’il suffirait de cligner des yeux pour faire apparaître le cadavre.
15Le journal Détective, dont l’ambition était de traiter des faits-divers autrement, présente parfois des pièces à conviction en première page.
16Dans une livraison de 1931, de l’acide sulfurique occupe une partie de l’espace disponible. Le lecteur apprendra ainsi qu’un corps humain placé dans une baignoire sur lequel ont a répandu de cette substance corrosive se transforme au bout de trois jours en « bouillie noire gluante ». La bonbonne d’acide se retrouve ensuite dans l’enceinte de la cour d’assises et chacun peut alors, avant que la première audience soit ouverte, se remémorer l’article de Pierre Rocher33.
17Soulignons encore que les pièces à conviction ne produisent pas le même effet en fonction du moment de la journée. Lorsque le jour se retire, que l’ombre s’épaissit et que l’éclairage s’avère minimaliste, les impressions ressenties semblent parfois plus lourdes et lugubres. Un hoquet de stupeur ou d’angoisse presque palpable peut échapper à celui qui jette un simple regard en direction de la table ou sont placées les éléments matériels du crime. Lorsque la cour d’assises juge dans l’ombre, « on a l’impression du gouffre ; un énorme trou noir piqué çà et là de la lueur des lampes. Ces lampes font des taches cuivrées dans la nuit, mais leur lumière ne rayonne pas34 ». Tout se passe en effet, comme si, à l’intérieur de la cour d’assises, un monde en réduction, aux frontières précisément délimitées, s’animait de l’intérieur et reconstituait, là où nulle documentation ne peut plus suffire, une scène de crime proche de la fantasmagorie.
Reconstitutions
18Les pièces à conviction, à condition d’avoir eu un contact particulier avec le corps de la victime – armes, vêtements, draps, pièces du mobilier, lame d’un plancher… – jouent un rôle important dans l’évocation du drame criminel. Elles peuvent être le point de départ de la reconstitution du crime ou être l’occasion d’un moment fort des débats lorsque les lumières n’ont pas encore été allumées et que le crépuscule descend sur le palais de Justice. Ainsi, en 1901, le drame sinistre de Corance illustre à sa manière le rôle joué par les « témoins muets35 ». Cette affaire se termine par la condamnation à mort de l’accusé, reconnu coupable d’avoir tué ses cinq enfants et son chien. Toutefois, l’investigation judiciaire n’a pu permettre de recueillir des témoignages directs et les débats ont été impuissants à mettre en lumière le mobile de ce carnage. Lors de la première audience, la cour d’assises de Chartes n’impressionne guère les chroniqueurs parisiens. Elle est « de dimensions médiocres, d’une simplicité presque indigente » et pourtant elle devient le théâtre d’un usage singulier des pièces à conviction. En effet, la justice présente à l’assistance le couteau du crime, un coutre à charrue utilisé, des taches de sang recueillis. Puis, comme dans les théâtres du Boulevard36, le moment du drame abominable est en partie reconstitué pour éclairer la justice. Aussi, « à cette fin, la cour ordonne à ce que Brière revête les habits qu’il portait, la nuit du crime. Après une éclipse de cinq minutes, il reparaît en costume de travail ». Là il se livre, passif, muet, inerte presque, aux directives de l’expert. Les avocats quittent leur place et viennent prendre place autour de lui (fig. 7)37. Il s’agit d’un « spectacle lamentable que celui de ce mannequin animé, virant docilement entre les mains professorales, de façon à exhiber de face, de dos, de côté, les vêtements maculés ! Le public trop éloigné ne distingue pas les taches de sang ; mais il aperçoit les cachets de cire rouge des scellés épinglés au gilet, et ces étiquettes bizarres font de l’être ainsi affublé une sorte de colis humain prêt à être expédié à l’échafaud38 ». Nul doute, pour l’observateur, que sous prétexte de procéder à une démonstration scientifique, l’explication théâtralisée joue une fois de plus sur l’émotion. Si sa première fonction est de communiquer aux membres du jury un certain nombre d’éléments de preuve, elle a aussi pour seconde fonction de faire une démonstration formelle émouvante permettant, malgré les incertitudes, de condamner celui qui va rejoindre le box des accusés. C’est une sorte de « mimétisme diffus » qui est finalement proposé : un crime horrible et sanglant a été commis, un accusé est traduit en justice et un vêtement ensanglanté est présenté. L’auditoire peut supposer sans peine que ces trois éléments sont bien reliés.
19Parfois les photographies ou les dessins distribués aux membres du jury peuvent apparaître comme des substituts aux pièces à conviction, soit parce qu’il n’était pas possible de présenter les « originaux », soit parce qu’il apparaît inconvenant de déposer des restes humains dans l’enceinte de la cour d’assises. Elles peuvent toutefois avoir un impact considérable dès la fin du XIXe siècle. Ainsi, dans une affaire de parricide39, plusieurs enfants, eux-mêmes parents, se sont associés pour mettre fin aux jours de leur mère, non qu’ils espéraient bénéficier d’un héritage familial, mais pour faire disparaître une bouche inutile. En cour d’assises, M. Lhote, expert-chimiste, commis pour examiner les restes informes et le bonnet de la veuve Lebon, a déclaré que « la malheureuse femme avait été arrosée avec une huile minérale, du pétrole ou de l’essence sans doute, pour activer la combustion ». Le chroniqueur donne d’emblée un détail comme pour mieux faire ressortir la monstruosité du geste et les horribles souffrances corporelles de la victime : « Le bonnet de la veuve Lebon a été transmis à l’expert dans un verre à fleurs, un de ces verres comme on en donne à la campagne aux jours de fête, et sur lequel était écrit Souvenir ! » Le chroniqueur ne se hâte pas et sans ralentir son récit, il donne à son lecteur d’horribles informations, l’empêchant de se frotter les yeux : « Pendant que la grand’mère brûlait, la petite fille, Eugénie et ses jeunes frères se tenaient blottis entre deux lits, au fond d’une alcôve ! Ils entendaient les derniers râles, les plaintes suprêmes de la mourante. Les rapports médicaux ont confirmé les horribles détails donnés par l’enfant40. » Le président des assises de Blois fait distribuer aux jurés un plan de la chambre du crime sur lequel figure le cadavre calciné de la vieille femme : « Rien de plus épouvantable que ce croquis. Du corps de la veuve Lebon, il ne reste que les pieds, la face, qui conserve une expression de souffrance inouïe, et les bras carbonisés, tordus autour de la tête ; le squelette apparaît à nu, le ventre n’est plus qu’une masse noircie. La morte grince des dents : à côté du cadavre, pêle-mêle avec les chaises renversées, les restes d’un goûter : du fromage, de la panade et un pain au quart entamé41. » L’explication du médecin ayant pratiqué l’autopsie, le document visuel presque insoutenable distribué et les quelques formes aperçues sur le bureau des pièces à conviction rendent plausible la version de l’accusation, donnent au fourre-tout étalé un sens macabre particulier où chacun croit repérer un des derniers vestiges de la crémation. C’est bien un monde crépusculaire qui s’impose à la noirceur aussi dense que celle des criminels reconnus coupables.
20Cette part cachée et obscure des individus est régulièrement rappelée par les jugements criminels et attestée par les objets macabres ou les récits qui leur redonnent, au moins pour un temps, une existence. Ces derniers sont aussi une façon de témoigner de l’actualité criminelle et de l’évolution des savoirs criminologiques. Des couteaux et des épingles, à partir du procès de Joseph Vacher, prouvent la réalité des crimes sadiques ; d’autres rappellent ce que la société a voulu ignorer pendant plusieurs décennies : les violences sexuelles à l’égard des enfants existent. Si l’affaire Soleilland représente un tournant42, la presse se montre beaucoup plus discrète après la Première Guerre mondiale. Et pourtant, tandis que le mot pédophilie fait son apparition dans le vocabulaire, quelques procès mettent en lumière l’existence du rapt d’enfants par des hommes qui ont l’intention d’abuser d’eux. Les restes humains, les pièces à conviction et les propos des experts leur donnent une réalité palpable. Ainsi en 1936, l’enlèvement et l’assassinat d’une petite fille de quatre ans ont suscité « l’horreur », mais aussi une sorte de fascination et de curiosité. Tandis que l’enfant avait disparu de la cour d’un immeuble de Chaumont, les rues de la ville sont, le jour du procès, « emplies d’une foule inaccoutumée, de figure très parisiennes43 ». Une partie de ce public a fait le déplacement dans l’espoir d’observer quelques fragments du corps. Retrouvé six mois plus tard, ce dernier fut découvert par hasard dans un bois voisin. Sur la table des pièces à conviction se trouvent des romans d’aventure dont l’accusé était friand et quelques débris de tissus de la malheureuse. Le docteur Paul « décrit, à l’horreur de la salle, les os entamés par les rongeurs ». Les pièces à conviction, au-delà de l’émotion immédiate, renseignent bien sur le fait que des fillettes peuvent être enlevées pour être « souillées » puis assassinées.
21Enfin, quelques pièces à convictions, à la fois plus anodines et plus intimes, puisqu’elles épousent directement le corps et font parties des « vêtements invisibles », donnent un sens particulier aux objets inanimés figurant sur la liste des pièces à conviction. Le président en interrogeant l’accusé montre au jury de quelle façon il a chloroformé sa victime avant de la noyer dans une baignoire. Et puis surtout, il le montre sortant de l’immeuble et allant rejoindre sa maîtresse : « Elle et assise sur son lit. Il dépose à ses pieds, comme une offrande, tout ce qu’il a volé, les bijoux, les dépouilles de la morte », c’est-à-dire les dessous et les bas de soie de sa victime44.
22Les pièces anatomiques concrètes ou les descriptions les évoquant pour un auditoire ne cherchent pas seulement à informer, mais à susciter une réaction. Quelques voix s’élèvent, de temps à autre, pour souligner qu’une telle exhibition n’était peut-être pas nécessaire. Nul doute, qu’il est essentiel d’en prendre le plus grand soin, de les soumettre à toutes sortes d’examens, mais faut-il les placer sur un bureau ou une table dans la salle des audiences criminelles. Des acteurs du procès pénal y voient sans doute la manifestation de la preuve matérielle qui s’intéresse au crime et non au criminel et qui l’emporte sur les théories criminologiques et les interprétations psychiatriques45. Mais les pièces à convictions sont aussi considérées, dans les affaires ou aucun témoin n’a assisté au crime, comme les seuls éléments permettant d’atteindre la vérité. Lors d’une audience, un observateur des cours d’assises le fait remarquer : « Ces giclures sanglantes recèlent peut-être tout le secret de cette mystérieuse affaire46. » Les objets inanimés déposés au pied de la Cour renseignent également sur l’évolution des sensibilités collectives. Au début du XIXe siècle, leur présence ne laisse personne impassible, pour autant ils semblent participer au bon fonctionnement de la « machine judiciaire ». À partir des années 1880, certaines pièces à conviction ont parfois des allures de « petits scandales », mais elles sont les témoins minuscules de drames terribles et sanglants et donnent le sentiment d’avoir été désignées par une main maléfique, tout droit sortie de l’enfer du crime.
Notes de bas de page
1 Champfleury, L’homme aux figures de cire, Paris, Gallimard, « Le promeneur », 2004 [1852], p. 8 et p. 19-20.
2 Voir toutefois, dans le registre de l’imaginaire, Christine Marcandier-Colard, Crimes de sang et scènes capitales : essai sur l’esthétique romantique de la violence, Paris, PUF, coll. « Perspectives littéraires », 1998, 298 p.
3 Philippe Ariès, Essais sur l’histoire de la mort en Occident : du Moyen-Âge à nos jours, Paris, Le Seuil, 1975, 222 p. ; Michel Vovelle, La mort et l’Occident, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque illustrée de l’histoire », 2000 [1993], 793 p. ; Louis-Vincent Thomas, Anthropologie de la mort, Paris, Payot, coll. « Bibliothèque scientifique », 1980, 538 p.
4 Voir Alexandre Lacassagne, Le vade-mecum du médecin expert, guide médical ou aide-mémoire de l’expert, du juge d’instruction, des officiers de police judiciaire, de l’avocat, Lyon, A. Storck, Paris, Masson, 1911 (3e éd.), 265 p. ; voir aussi, pour une mise en perspective, Edmond Locard, L’enquête criminelle et les méthodes scientifiques, Paris, Ernest Flammarion, 1920, 300 p.
5 Les Mémoires de M. Goron, vol. 1. De l’invasion à l’anarchie, Paris, Ernest Flammarion, s. d., p. 136.
6 Les Mémoires de M. Goron, vol. 2. À travers le crime, Paris, Ernest Flammarion, s. d., p. 13-14.
7 Dominique Kalifa, L’Encre et le sang : récits de crimes et société à la Belle Époque, Paris, Fayard, 1995, 351 p.
8 Georges Claretie, Drames et comédies judiciaires. Chroniques du Palais. Deuxième année – 1910, Paris-Nancy, Berger-levrault, 1911, p. 197.
9 Dessin d’après Alexandre Lacassagne publié dans Crapouillot, mai 1938, no spécial, René Allandy, Le Crime et les perversions instinctives, p. 41.
10 Voir Michel Porret, Sul luogo del delitto. Pratica penale, inchiesta e perizia giudiziaria a Ginevra nei scoli XVIII-XIX, Bellinzona, Edizioni Casagrande, « Biblioteca di storia », 2007, 265 p. ; Frédéric Chauvaud, Les experts du crime : la médecine légale en France, Paris, Aubier, coll. « Historique », 2000, 304 p.
11 Le Rire, no 227, 11 mars 1899, dessin de Depaquit.
12 Le Rire, no 215, 17 décembre 1898, dessin d’Abel Faivre.
13 Geo London, Les grands procès de l’année 1928, Paris, Les Éditions de France, 1929, p. 181.
14 Pierre Loewel, Tableau du Palais, Paris, Gallimard, 1929, p. 209-210.
15 Gazette des tribunaux, 12 novembre 1865.
16 François Coppée, Le Coupable, Paris, Calmann-Lévy, s. d., dessin de A. Robaudi.
17 Le Palais de Justice de Paris, Son monde et ses Moeurs, Paris, Librairies-Imprimeurs réunies, 1892, 302 p.
18 Gazette des tribunaux, 12 février 1833.
19 Voir notamment, Michel Porret (dir.), Le corps violenté, op. cit. et Régis Bertrand et Anne Carol (dir.), L’Exécution capitale : une mort donnée en spectacle (XVIe-XXe siècles), Aix-en-provence, Publications de l’université de Provence, 2003, 300 p.
20 Gazette des tribunaux, 14 novembre 1833.
21 Albert Bataille, Causes criminelles et mondaines de 1882, Pairs, E. Dentu, 1883, p. 135.
22 Albert Bataille, Causes criminelles et mondaines de 1886, Paris, E. Dentu, 1887, p. 397.
23 Geo London, Les grands procès de l’année 1938, Paris, Les Éditions de France, 1938, p. 217.
24 André Salmon, Souvenirs sans fin. Troisième époque (1920-1940), Paris, Gallimard, 1961, p. 300.
25 Antoine Garapon, Bien juger. Essai sur le rituel judiciaire, Paris, Odile Jacob, coll. « Opus », 1997, p. 32.
26 André Salmon, Souvenirs sans fin. Troisième époque (1920-1940), op. cit., p. 300.
27 Gazette des tribunaux, 24 mai 1854.
28 Geo London, Les grands procès de l’année 1932, Paris, Les Éditions de France, 1933, p. 52.
29 Geo London, Les grands procès de l’année 1932, op. cit., p. 50.
30 Albert Bataille, Causes criminelles et mondaines de 1883, Paris, E. Dentu, 1884, p. 162-163.
31 Albert Bataille, Causes criminelles et mondaines de 1883, op. cit., p. 172-173.
32 Geo London, Les grands procès de l’année 1928, Paris, Les Éditions de France, 1929, p. 28-29.
33 Pierre Rocher, « La villa de l’épouvante », Détective, 14 mai 1931.
34 Georges Claretie, Drames et Comédies judiciaires. Chroniques du Palais, Deuxième année – 1910, Paris-Nancy, Berger-Levrault, 1911, p. 45.
35 L’expression « témoins muets » est utilisée par les promoteurs de la preuve expertale et désigne à la fois les traces, les marques, les indices, les empreintes. Toutefois, elle est aussi utilisée pour désigner les pièces à conviction.
36 Odile Krakovitch, « Avant le Grand-Guignol : la cruauté sur le Boulevard du crime », Europe, no s, 835-836, nov. -déc. 1998, p. 123-137.
37 Dessin de L. Sabattier, L’Illustration, 28 décembre 1901.
38 Edmond Franck, L’Illustration, 28 décembre 1901.
39 Sur le parricide en général, voir Sylvie Lapalus, La mort du vieux. Une histoire du parricide au XIXe siècle, Paris, Tallandier, 2004, 633 p.
40 Albert Bataille, Causes criminelles et mondaines de 1886, Paris, E. Dentu, 1887, p. 346.
41 Idem, p. 348.
42 Jean-Marc Berlière, Le crime de Soleilland. Les journalistes et l’assassin, Paris, Tallandier, 2003, 240 p.
43 Geo London, Les grands procès de l’année 1936, Paris, Les Éditions de France, 1937, p. 221.
44 Geo London, Les grands procès de l’année 1935, Paris, Les Éditions de France, 1936, p. 39.
45 Victor Balthazard, Précis de police scientifique, Paris, Baillière et fils, 1936, 128 p.
46 Geo London, Les grands procès de l’année 1930, Les Éditions de France, Paris, 1931, p. 50.
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