Transmettre des biens meubles. Hommes et femmes face aux objets
p. 173-184
Texte intégral
1I. Ceux qui ont travaillé sur les testaments d’Ancien Régime, soit pour étudier la transmission des biens soit pour répondre à d’autres interrogations, ont dû remarquer la fréquence avec laquelle les testateurs, et surtout les testatrices, instituaient des legs de biens meubles. Dans un essai fondé sur un échantillon d’environ 840 testaments rédigés à Turin entre 1650 et 1710, Sandra Cavallo note, par exemple, que les legs d’effets personnels constituent plus de la moitié des testaments féminins et 20 % des testaments masculins. Les femmes lèguent vêtements, lingerie, bijoux, argenterie, meubles et tableaux, objets de dévotion, etc. : il s’agit d’objets et de choses avec lesquels elles étaient en contact direct, qu’elles utilisaient personnellement, souvent de manière exclusive. Ces objets appartiennent donc à la sphère intime de la testatrice et ce lien est souligné par le recours aux adjectifs possessifs « suo/sa » (son/sa), par la description minutieuse de leurs caractéristiques, ou encore par la reconstitution de ce qu’on pourrait définir comme la « biographie essentielle » du bien, à savoir un récit où l’on raconte comment et pourquoi la testatrice en est entrée en possession et quel usage elle en a fait1. De cette manière, elle est en mesure d’élaborer et de communiquer « un fort sentiment d’individualité » qui est en revanche moins présent dans les testaments des hommes2.
2L’article de Sandra Cavallo parut en 1998 mais, avant cette date, les legs d’objets avaient également attiré l’attention de Natalie Zemon Davis, qui en avait parlé dans le contexte de son travail sur la naissance de l’individualisme3, et surtout de Martha Howell, à qui l’on doit, à mon avis, l’analyse la plus aigue et pénétrante du phénomène. Dans son article au titre significatif de « Fixing Movables », publié dans Past and Present en 1996, l’historienne américaine souligne une donnée qui l’a particulièrement frappée : au XVe siècle, tous les testateurs de Douai, qu’ils soient riches ou pauvres, « took surprising care to distribute special possessions among selected friends and relatives4 ». En effet, s’agissant pour la plupart de personnes impliquées, d’une manière ou d’une autre et à tous les niveaux, dans des activités marchandes, les patrimoines étaient composés surtout de marchandises et de biens meubles, c’est-à-dire d’objets et de titres de crédit. Il ne faut donc pas s’étonner que leurs legs testamentaires se composent moins d’argent que de choses. En outre, dans le cas des femmes – qui, à Douai comme à Turin, laissaient en héritage des ustensiles beaucoup plus que les hommes – les objets permettaient une plus grande liberté de manœuvre, ce qui était impossible lorsqu’il s’agissait de propriétés immobilières. Les femmes mariées perdaient en fait le contrôle de leur patrimoine immobilier au profit de leur époux et cela se traduisait aussi par une limitation drastique du droit de tester qui frappait également les biens immobiliers. Les objets personnels restaient libres et les femmes mariées pouvaient en disposer à leur guise. Les femmes y concentraient la volonté de transmettre quelque chose leur appartenant.
3Mais à l’origine de ces legs d’objets, il n’y avait pas seulement un système et un statut juridique limitant la faculté de gérer les propriétés immobilières. Les choses qu’on transmettait étaient avant tout personnelles et, en tant que telles, avaient conservé certains traits de la personne qui les avait possédées au fil du temps. Étant donc dotées d’une valeur qui n’était pas seulement économique, elles s’étaient transformées en objets individualisés, chers à qui les possédait et aptes à établir un lien personnel entre le donateur et le bénéficiaire.
4Le simple acte d’instituer un legs n’intervenait pas seulement dans les rapports entre deux personnes – le testateur et le bénéficiaire –, mais il influait également sur la nature des biens. Conservant ces objets dans le temps et les excluant du monde des échanges pour les transmettre à des personnes particulières, les testateurs qui, nous l’avons dit, étaient pour la plupart engagés dans des activités marchandes, semblaient vouloir « remove their property from the world of movables5 », « les fixer » dans le temps, les rendre stables, permanents.
5II. Au XVe siècle, Douai était l’une des communautés commerciales les plus dynamiques de l’époque. Au contraire, la Rome du XVIIe siècle avait une renommée de ville parasitaire : dépourvue de toute activité manufacturière, elle était dominée par la culture et l’économie aristocratique et curiale de la propriété foncière et de la rente. Toutefois, les testaments romains présentent de nombreux traits décrits par Martha Howell à propos de Douai. D’ailleurs, la richesse des couches intermédiaires de la société urbaine, qui formaient environ 25 % du total, se fondait surtout sur des biens meubles, et notamment sur l’argent et les titres de crédit, car la cité des Papes était une place financière de premier plan, où l’on investissait dans les cens, les changes et les titres de la dette publique. S’ils garantissaient la richesse, les titres de crédits n’avaient cependant pas de visibilité, ne pouvaient pas matérialiser le statut social d’une personne, en le rendant manifeste, à la différence des biens-fonds, des terres aux demeures citadines. C’est à d’autres biens qu’on attribue cette fonction : tout d’abord aux vêtements, mais aussi à l’ameublement et aux ustensiles domestiques, et enfin à la propriété de certaines catégories de biens, tels les tableaux, les livres, les marbres anciens, les médailles et les pierres gravées, les tapisseries, les miroirs, les curiosités naturelles ou artificielles, les objets décoratifs ou galants, comme les éventails ou les tabatières.
6Mais procédons par ordre. Pour bien comprendre la fonction de ces objets, il faut les insérer dans leur contexte général, qui est celui du statut des biens dans la société d’Ancien Régime. On peut, à mon avis, synthétiser ce statut en cinq points :
- Tout d’abord, il y a une relative pénurie d’objets – si on la compare, par exemple, à la surabondance de la société actuelle – dont dérive la valeur accrue qui leur est associée.
- La demande toujours très importante d’objets usagés fait que toute chose, en dépit de son état de conservation, est facilement revendue et trouve son marché. Ainsi, les objets peuvent-ils perdre leur statut individualisé et revenir à leur simple condition de marchandise. Quiconque peut à tout moment se défaire d’une chose dont il ne se sert plus et en tirer une somme d’argent, si réduite soit-elle.
- La vivacité de ce marché d’occasion est liée au fait que l’argent comptant est encore relativement rare et que de nombreux paiements se font en partie ou entièrement en objets, utilisés comme équivalent-monnaie : en produits agricoles comme le vin, l’huile, le blé, le charbon de bois, mais aussi en tissus, habits ou d’autres ustensiles et, enfin, en objet décoratifs, tels les tableaux6, et même en livres7.
- La fréquence avec laquelle les biens qui font l’objet d’inventaires sont définis « vecchi », plutôt que « nuovi » ou simplement « usati » est un indice du fait que le patrimoine de biens meubles s’acquiert généralement tôt dans la vie et se conserve, sans trop de changements, jusqu’à la mort. Cela advient surtout à l’occasion du mariage ou, du moins, au moment où l’on s’engage dans un ménage indépendant. C’est alors qu’on constitue la partie la plus importante de la garde-robe personnelle, mais aussi de l’ameublement de la maison. Dans les cas peu nombreux où divers inventaires relatifs au même individu permettent de suivre au fil du temps le destin de ses biens, on remarque une certaine continuité et un taux de renouvellement de vêtements et d’ustensiles plutôt bas8.
- Cette tendance à la conservation n’est ni neutre, ni dépourvue de signification symbolique. Au contraire, si l’on garde une chose, cela veut dire que l’on renonce à la possibilité de l’échanger dans le marché des objets d’occasion et par conséquent à son utilité monétaire, à sa valeur d’échange. Parfois le choix de garder un bien paraît obligatoire, car on ne peut pas se priver d’objets d’usage courant. Toutefois, lorsqu’il s’agit d’objets de décoration ou de bijoux, ou même de vêtements somptueux portés en de rares occasions, ou liés à une phase de la vie désormais close (comme, par exemple, les robes de noces), la décision de conserver le bien apparaît comme une renonciation consciente à sa valeur d’échange, accomplie au nom d’une valeur autre et supérieure.
- Le choix de garder ou de revendre un bien se pose aussi après la mort de son propriétaire parce que la vente partielle ou complète de l’héritage est une pratique très répandue. L’estimation des objets recensés complétant différents inventaires annonce justement une aliénation, dont se retrouvent parfois les traces dans les registres notariés9 ; de nombreux testaments prévoient aussi des dispositions pour la vente de tous les ustensiles de la maison, ordinaires comme précieux, et l’investissement des bénéfices obtenus en une forme quelconque de rente. C’est à la lumière de cette pratique très répandue que les exceptions acquièrent toute leur signification.
7III. En partant de ce denier point, nous pouvons développer davantage l’intuition de Martha Howell à propos de la volonté de « fixer » les biens meubles. Les études de l’anthropologue américaine Annette Weiner, et notamment son Inalienable Possessions. The Paradox of Keeping-While-Giving, paru en 1992, offrent à cet égard une suggestion intéressante. Les êtres humains – affirme-t-elle – vivent dans un monde en transformation perpétuelle et ont alors besoin, pour ne pas disparaître, de s’accrocher à quelque chose de durable. C’est la raison pour laquelle certains objets sont conservés et acquièrent un statut particulièrement élevé : ils sont inaliénables en puissance. Cette inaliénabilité absolue ou seulement préférentielle contribue à son tour à augmenter le prestige de ces mêmes objets, dans un jeu continu à la hausse, ce qui rend leur possession encore plus importante.
8Dans les sociétés d’Ancien Régime, le bien qui, par excellence, se chargeait de cette valeur hautement symbolique était la terre, surtout lorsqu’elle était associée à des droits juridictionnels. Le marché de la terre en était lourdement conditionné, on le sait : si on n’y était pas contraint, on ne vendait que rarement les domaines et, afin de sauvegarder la propriété principale, on organisait les ventes de manière à sacrifier les terres marginales. Ainsi, les terrains avaient-ils deux statuts différents : les uns s’achetaient à des fins purement spéculatives et pouvaient être revendus lorsqu’une bonne occasion se présentait10 ; s’identifiant à la famille, les autres devaient en revanche être gardés, si possible, pour toujours11. La même chose arrivait pour les immeubles en ville. Dans ce cas aussi, le marché souffrant d’asphyxie, on subdivisait les maisons en deux catégories : les unes faisaient partie du patrimoine stable de la famille, les autres étaient destinées à être rapidement revendues pour en tirer un profit12. En outre, qu’il s’agisse de terres ou de demeures, la noblesse détenait des parts très élevées de propriétés, surtout celles de meilleure qualité, alors que les paysans et les couches citadines moyennes ne possédaient qu’une part minoritaire du marché, tant du point de vue quantitatif que qualitatif13. Le contrôle de ces biens immobiliers, et en particulier de ceux qui, par leurs caractéristiques de qualité, de dimension et de prestige, avaient obtenu la qualification de biens potentiellement inaliénables, était solidement associé au status nobiliaire, au point que celui qui aspirait à s’élever socialement prévoyait de se procurer le plus tôt possible une propriété foncière ou une demeure de ce genre14. En retour, la plénitude du status nobiliaire demandait qu’on conserve ces biens dans le patrimoine familial, sous peine de tomber dans la condition de noble appauvri ou même de pauvre honteux. Ainsi, les ventes par lesquelles l’on sacrifie la propriété de moindre importance symbolique, voire sans importance, afin de sauvegarder ce qui doit à tout prix rester dans le patrimoine – palais de famille, seigneurie d’où vient le titre, jardin ou villa au prestige particulier – ne sont pas rares.
9Mais la noblesse italienne, et la romaine en particulier, avait précocement appris que les biens meubles pouvaient également conférer du prestige, notamment s’ils étaient liés aux antiquités ou si les objets avaient une haute valeur esthétique et/ou culturelle. À ces conditions, les biens meubles aussi étaient dignes d’être soustraits à l’orbite des échanges pour entrer dans celle de la conservation et être exposés au regard, se transformant en « sémiophores », médiateurs d’un monde abstrait et invisible15 et pour cela méritant d’accéder au statut d’inaliénabilité préférentielle. Dès leur origine, les collections de marbres anciens, de monnaies, de pierres gravées, de livres et de tableaux ont donc été assimilées à des biens immobiliers, au point que nombre de propriétaires les lient par un fidéicommis qui en empêche le démembrement ou l’aliénation, ou bien les offrent aux villes pour les protéger ou encore insèrent dans leur testament des clauses visant à les préserver, comme par exemple l’interdit de les faire sortir du palais où elles sont conservées16. Voici qu’en 1610 à Rome, Ciriaco Mattei, se référant plus ou moins consciemment au modèle de Jacopo Contarini, qui avait institué un legs « pour la conservation perpétuelle de sa bibliothèque et de ses livres » (« per la perpetua conservatione del [suo] studi e libri »)17, lie par un fidéicommis tous ses objets de collection « di qualsiasi qualità o valore etiam che fusse di poco valore ». C’est aussi ce que font le cardinal del Monte en 162618 et Vincenzo Giustiniani en 1631. Ce dernier écrit :
« Mon intention est que toutes les statues et tous les tableaux qui sont à présent, et ceux qui le seront quand je serai sur le point de mourir, dans mon palais […], dans mes jardins, ou dans mes propriétés de Bassano, et tous ceux qui se trouveront dans les ateliers de sculpteurs, ou de tailleurs de pierre, ou de peintres, et dans tout autre lieu, restent en mémoire de moi pour toujours et comme ornement des palais et des jardins m’appartenant […] et qu’on ne puisse jamais les vendre, ni les aliéner d’une manière ou d’une autre, ni partiellement, ni intégralement » (« L’intentione mia è, che tutte le statue, e tutti li quadri di pittura, ed altri come sopra, che al presente sono, e saranno nel punto della mia morte nel mio palazzo […] nelli miei giardini, e nella mia terra di Bassano, e tutti altri che saranno nelle botteghe de scultori, o scarpellini, o pittori, ed in ogn’altro luogo restino per mia memoria perpetuamente, e per ornamento de’palazzi, e giardini miei […] e no si possano mai vendere né alienare in qualsivoglia modo, né in tutto, né in parte »)19.
10IV. Si le gros des patrimoines nobiliaires – ainsi que ceux des paysans – était constitué de propriétés foncières, il en était autrement pour les couches urbaines intermédiaires, dont les biens étaient plutôt liés à l’argent et aux titres de crédit, c’est-à-dire à des formes de richesses volatiles et complètement dématérialisées. C’est ailleurs qu’on devait chercher l’ancrage dans quelque chose de stable et potentiellement perpétuel. Les demeures auraient certes pu jouer ce rôle, mais, d’après les recherches les plus récentes, seuls 20 % des habitants des villes étaient propriétaires de leur maison, tous les autres étaient en location20. Le même discours vaut pour les vignes, les potagers et les domaines suburbains qui étaient souvent tenus en fermage ou en bail emphytéotique plus qu’en propriété pleine. À certaines conditions, c’étaient les biens meubles qui pouvaient servir à identifier et qualifier une personne et en perpétuer l’image dans le temps. Nous avons vu comme cela s’applique aux collections ; mais les objets isolés, ne formant pas une collection, pouvaient également remplir cette fonction. Ce qui les y rendait aptes n’était pas leur appartenance à une catégorie spécifique de biens ou leur qualité intrinsèque, mais le lien avec leur propriétaire. Ce lien s’inscrit dans la durée ou dans les sentiments : ces objets peuvent être le don d’une personne chère ou bien leur possession a demandé un gros sacrifice en temps ou en argent ; ou encore, en raison de leur beauté, élégance ou ingéniosité, ils donnent de l’éclat à l’image du propriétaire21. Il n’est donc pas étonnant que tout genre d’objet soit en mesure de remplir cette fonction et que même des individus apparemment pauvres puissent attribuer une importance particulière au legs d’un ustensile, tel le lit où ils avaient toujours dormi, ou le vêtement le plus beau qu’ils avaient porté, ou l’image dévotionnelle, don d’une personne vénérable et vénérée. Ainsi, séparait-on certains objets de la masse anonyme des ustensiles domestiques pour les singulariser et leur conférer un statut présentant ces mêmes caractères d’inaliénabilité préférentielle qui caractérisaient les biens immobiliers. Dans la situation d’incertitude et de précarité où se trouvait la plupart des hommes et des femmes, résister à la séduction de la valeur d’échange et réussir à conserver quelque chose hors du circuit de la vente et du gain était un succès, de même que la capacité de la transmettre en héritage à une personne chère représentait un motif d’orgueil.
11Le testament de Dorotea Antolini, bourgeoise romaine aisée fille et petite-fille d’avocats, est un exemple très éclairant de ce rapport aux objets22.
12Mourant sans héritiers directs, cette femme ne demande pas de mettre en vente ses biens et d’utiliser la somme obtenue en œuvres charitables, comme beaucoup d’autres personnes le faisaient, mais de transformer ces objets mêmes en des legs. Ainsi, certains de ses habits de velours et de brocart, ornés de dentelles d’or et d’argent, devront devenir des devants d’autel pour autant d’églises de Rome. Mais le legs le plus significatif concerne ses bijoux :
« Je laisse à l’église du Jésus un bijou, qui est mis en gage pour soixantedix écus, et un collier de diamants en gage pour cinquante écus et une bague de diamants pour cent écus, car je désire que ces trois choses soient données par mon héritier auxdits pères pour la Vierge de Trapano […] pour mettre au cou de la Vierge Bienheureuse » (« Lascio alla Chiesa del Giesù un gioiello, che sta in pegno per settanta scudi, et un collo di diamanti che sta in pegno per scudi cinquanta et un anello di diamanti per scudi cento, che desidero che tutte tre dette robbe siano date dal mio herede a detti padri per la Madonna di Trapano […] per mettere al collo della Beata Vergine »).
13Comme les bijoux, les vêtements aussi sont en gage et l’héritier a l’obligation de les racheter. Ces effets personnels, qui au cours de la vie n’ont été que des équivalents-argent et que la propriétaire n’a pas pu de toute évidence porter, deviennent avec sa mort des biens dotés d’une valeur intrinsèque qu’il faut conserver en tant que tels, afin d’orner les autels et les images sacrées : leur statut de biens a subi un changement radical. Les legs aux amis et aux serviteurs confirment les intentions de Dorotea. À chacun d’eux, elle laisse des sommes d’argent relativement importantes, mais aussi un objet : une corbeille d’argent à l’exécuteur testamentaire, un secrétaire en ébène au procureur, des vêtements précieux à sa commère, des robes d’intérieur aux lavandières, des chemises aux pauvres mendiantes, et ainsi de suite. Certains de ces biens, comme la corbeille d’argent, sont aussi en gage. Le legs d’un objet ne sert donc pas à remplacer le manque d’argent comptant, mais il est explicitement considéré comme le legs d’un bien individualisé, chargé d’une valeur particulière du fait qu’il a appartenu à la femme défunte. D’ailleurs, lorsqu’elle veut que ses biens perdent leur valeur particulière et deviennent objets à la simple valeur monétaire, Dorotea le dit ouvertement : « Qu’on vende tous mes livres, spirituels et temporels, et qu’on donne l’argent aux pauvres » (« tutti li miei libri, spirituali et temporali li venda et dia il prezzo ai poveri »).
14Longtemps auparavant, le cardinal Benedetto Giustiniani avait agi de la sorte, en laissant « les cuirs d’Espagne se trouvant dans la petite salle devant [sa] chapelle, et une soucoupe et deux chandeliers grands et lisses, et le lit de damas rouge […] acheté à Bologne » (« li corami di Spagna che stanno nella saletta avanti la cappella mia, et una sottocoppa e due candelieri grandi lisci, et il letto di damasco rosso […] comprato in Bologna ») à un « familier », « en mémoire de moi mon tableau rond de l’Annonciation du Parmesan » (« per memoria mia il mio quadro tondo dell’Annunziata del Parmesanino ») au cardinal Montalto, son « bienfaiteur », et un « tableau rond de la Vierge de Jules Romain » (« il mio quadro tondo della Madonna di Giulio Romano ») à son exécuteur testamentaire23. Maints autres testateurs avaient fait la même chose : hommes et femmes très riches, tel un noble clerc de la révérendissime Chambre apostolique d’origine génoise24, ou à peine aisés, telle une femme qui laisse ses bulletins de gage à la place de ses objets25.
15Dans certains cas, ce sont les bonnes manières qui imposent ce genre de legs. En effet, l’étiquette interdit de léguer de l’argent à une personne socialement supérieure, mais elle permet de lui donner un objet recherché, voir précieux, tel « l’horloge à la caisse d’or émaillée don du prince mon maître » (« l’orologio con cassa d’oro smaltata dono del principe mio padrone ») destiné par Filippo della Molara à la princesse de Nerola, « pour montrer, de la façon la plus proportionnée que je peux, ma reconnaissance pour les innombrables faveurs et les gentillesses sans prix que j’ai reçues de Madame » (« per far più che posso proporzionata ricognitione dell’infiniti favori e incompensabili gratie che ho ricevuto da detta signora »)26. Mais les bonnes manières produisent le même effet entre pairs, notamment s’il s’agit d’individus ayant une certaine instruction, comme l’avocat Camillo Moretto ou l’ancien gouverneur Francesco Maria Frollieri – tous deux lèguent livres, tableaux et objets dévotionnels à des parentes et amis plus ou moins chers27 – ou encore un certain monsieur Gregorio Giulianelli qui, afin de s’acquitter, laisse à son exécuteur testamentaire une horloge particulièrement perfectionnée avec tous ses mécanismes (« un horologio di mostra con il suo svegliatore, e con tutte le sue machine »)28.
16Cependant, dans de nombreux testaments, surtout de femmes, le legs d’un objet a une valeur moins formelle, plus intime. Ainsi, donne-t-on des biens qui ont été en rapport très strict avec le corps de la testatrice – des vêtements aux bijoux, au linge. Ce contact trop habituel et répété dégrade certains de ces objets – comme les « robes ordinaires d’intérieur » ou les chemises que beaucoup de femmes laissent à leurs servantes – d’autres en revanche – comme les vêtements plus précieux et les bijoux – mis seulement en de grandes occasions, ne connaissent pas l’usure et tendent à porter en eux la capacité d’instituer un lien physique direct entre la défunte et son héritier29. Mais on peut également établir un lien semblable avec une chose qui est à son tour le symbole d’une abstraction : un autel d’église ou les pièces d’un château. Comme Dorotea Antolini offre ses robes de soie aux autels romains, de la même manière Giulia Veronica Sforza Attendoli Manzoli Cesi dispose que ses vêtements les plus beaux deviennent des tapisseries pour les châteaux de son époux30. Ces deux types de legs représentent des tentatives évidentes de conserver leurs propres biens, d’empêcher qu’on les disperse après leur décès et de garantir ainsi leur pérennité.
17Les legs de tableaux, et notamment des portraits de familles, trahissent de manière particulière ce désir de durée qui sous-tend tout don testamentaire. Dans les dernières volontés écrites de sa main, une certaine Cleria Giustina prend des dispositions explicites à propos de son portrait, de celui de son père et d’un autre parent, en ordonnant qu’ils soient séparés de l’ensemble indifférencié de « tous ses meubles », laissés en héritage à sa fille Lucrezia, et qu’ils soient remis au mari de sa deuxième fille Cleria31. Une autre femme laisse le portrait de son époux défunt au neveu de celui-ci en reconnaissance du lien qui les unissait à cause du nom qu’ils partageaient32, alors qu’une autre laisse à sa nièce, comme unique legs, une baraque et son propre portrait33. Mais c’est à Venise et non à Rome que l’on trouve le témoignage le plus éloquent sur la valeur attribuée aux portraits. Le testament du patricien Girolamo Pesaro, mort en 1664, révèle que les images de saint Antoine, saint Dominique et saint Paul, qu’il a chez lui, représentent en réalité son grand-père, son père et son frère. Il explique qu’ils « sont dans l’habit religieux pour qu’ils ne soient pas vendus aux enchères et à l’étal avec mépris, et qu’ils ne soient pas achetés par ceux qui ne le devraient pas » (« stati ridotti […] in questo habito religioso per non volere che si vedino venduti sopra gli incanti e sopra le stuore con sprezzo, e che sijno comprati da chi non si dovrebbe »)34. Les portraits de famille ne peuvent donc pas être exposés au risque de finir par décorer les murs d’une maison indigne – telle la maison d’une courtisane –, et pour les protéger on peut bien les déguiser en des images dévotionnelles.
18Certains testaments qui disposent la vente immédiate des biens montrent paradoxalement cette même attention. Tous ceux qui prennent ce genre de disposition le font en réalité non pas pour se débarrasser aveuglement de tous leurs biens matériels et les transformer en rentes financières, mais pour protéger de la dispersion la partie qu’ils estiment comme la plus précieuse de leur patrimoine. De même que Vincenzo Giustiniani vend pour pouvoir garder les collections et les palais et que Ciriaco Mattei interdit l’aliénation de son jardin, mais accepte qu’on le loue pour en assurer l’entretien35, d’autres testateurs demandent de se débarrasser des objets afin de protéger la partie immobilière du patrimoine36 ou afin de garantir le statut de nobles à leurs descendants par l’acquisition de charges et de titres de chevalier37. D’autres, qui ne sont pas originaires de Rome et peut-être sans progéniture, vendent pour conclure ainsi l’expérience romaine et transférer toutes leurs ressources dans leur pays d’origine38 ou, au contraire, pour couper tout lien avec le lieu d’où ils viennent et devenir définitivement romains39. L’aliénation de certaines catégories d’objets permet donc de sanctionner l’inaliénabilité d’autres. Et, de façon significative, dans une grande partie des cas, ces autres biens sont doublement protégés par l’introduction du fidéicommis. Il ne s’agit donc pas simplement de garder la propriété de certaines choses, mais de les rendre inaliénables, en leur conférant une valeur supérieure aux choses ordinaires qu’on peut impunément échanger. Une fois encore, cela peut concerner les biens meubles. Le testament du dramaturge Giovanni Azzavedi dispose ainsi de vendre et de réinvestir les profits obtenus, mais il ajoute cette limite :
« Sauf les livres, qui sont sur cinq étagères, sur lesquelles il y a une liste écrite de ma main qui indique ceux que l’on devra garder à la maison […], et ordonne expressément que ces livres ne soient aliénés ni intégralement ni partiellement mais qu’ils soient conservés pour les enfants ici mentionnés ou pour certains d’entre eux qui s’appliqueront aux belles lettres » (« eccetto però li libri, che sono in cinque scantie, delle quali vi è un indice di essi di mia mano quale si deverà conservare in casa […] ordinando espressamente che li detti libri né in tutto né in parte siano alienati ma si conservino per gli infrascritti figlioli o per alcuni di essi che attenderà alle buone lettere »)40.
19On peut lire des dispositions semblables dans le testament de l’avocat Moretti qui, lui aussi, soustrait de la vente de « tous ses meubles et ustensiles de maison » (« tutti i [suoi] mobili e arnesi di casa ») sa bibliothèque, destinée à son neveu. Faute d’une continuité biologique, cette bibliothèque perdurant dans le temps représente alors son héritage spirituel41.
20V. Le rapport avec les objets est en mesure de réunir les personnes en des configurations sociales autres que celles fondées sur la richesse, où ce qui compte n’est pas la valeur financière du patrimoine, mais plutôt la capacité plus ou moins grande de renoncer à la valeur d’échange des biens qui le composent, de les soustraire à la sphère de l’utile pour les faire rentrer dans celle de la communication symbolique. Les inventaires romains du XVIIe siècle montrent que cette capacité n’est pas le fruit du seul niveau de richesse, conçu du moins du point de vue simplement économique, mais que le jugement subjectif de la personne et de l’entourage y joue également un rôle fondamental. Pour pouvoir renoncer à la sphère de l’utile au profit du symbolique, il faut se sentir aisés davantage que l’être sur la base de paramètres objectifs déterminés d’une manière ou d’une autre. Et surtout il faut se sentir légitimés à le faire au nom d’une valeur plus élevée qui n’est pas la même pour tous. Les conditions d’incertitude et de véritable précarité dans lesquelles vivent tant d’individus ont ainsi un poids considérable, car celui qui craint pour son futur hésitera à renoncer à la valeur d’échange de ses biens et tendra à profiter de toute bonne occasion pour les revendre.
21Le degré d’instruction des individus et leur familiarité avec les classiques et les concepts abstraits, qui les induit à attribuer une valeur plus ou moins grande aux contenus culturels – historiques, esthétiques, d’innovation et d’ingéniosité – des objets qui les entourent sont tout aussi importants. Les femmes qui sont en général plus habituées à la privation, tant du point de vue économique que culturel, se permettent plus difficilement d’acheter et de garder des objets pour le simple plaisir de le faire, à moins qu’elles ne se sentent légitimées par des univers symboliques particulièrement puissants, comme le sacré, la famille, le lignage. Cependant elles aussi aspirent à investir certaines choses de ce caractère de durée qui les rend inaliénables, et ces legs aux églises ou aux demeures familiales de portraits de la parentèle, de tissus précieux et de bijoux en sont un témoignage éloquent.
Notes de bas de page
1 Sandra Cavallo, « Proprietà o possesso ? Composizione e controllo dei beni delle donne a Torino (1650-1710) », Giulia Calvi, Isabelle Chabot (dir.), Le ricchezze delle donne. Diritti patrimoniali e poteri familiari in Italia (XIII-XIX secolo), Turin, Rosenberg & Sellier, 1998, p. 204.
2 Ibid., p. 203.
3 Natalie Zemon Davis, « Boundaries and the Sense of Self in Sixteenth-Century France », Thomas C. Heller, Morton Sosna, David E. Wellbery (dir.), Reconstructing Individualism. Autonomy, Individualism and the Self in Western Thought, Stanford, Stanford University Press, 1986, p. 53-63.
4 Martha Howell, « Fixing Movables. Gifts by Testament in Late Medieval Douai », Past and Present, no 150, 1996, p. 9.
5 Ibid., p. 39.
6 Sur les tableaux utilisés comme des moyens de paiement, voir Natalia Gozzano, La quadreria di Lorenzo Onofrio Colonna. Prestigio nobiliare e collezionismo nella Roma barocca, Rome, Bulzoni, 2004 ; Richard Spear, « Rome : Setting the Stage », Philip Sohm et Richard Spear (éd.), Painting for Profit. The Economic Lives of Italian Seventeenth-Century Painters, New Haven/Londres, Yale University Press, à paraître ; Elena Fumagalli, « Vivere da pittori a Firenze nel Seicento », ibid.
7 Pour quelques cas de vente de livres afin d’effectuer des paiements, voir Anna Bellavitis, Famille, genre, transmission à Venise au XVIe siècle, Rome, École française de Rome, 2008, p. 184.
8 Renata Ago, Il gusto delle cose. Una storia degli oggetti nella Roma del Seicento, Rome, Donzelli, 2006.
9 C’est le cas de l’héritage Santolino : Archivio di Stato di Roma (dorénavant ASR), Trenta Notai Capitolini (dorénavant TN), uff. 25, vol. 101, f° 499 sqq., 21 août 1625.
10 À Venise, par exemple, « les biens immobiliers, quand ils sont en dehors de Venise, sont considérés des biens meubles » : cf. Bellavitis, Famille, genre, transmission, op. cit., p. 60.
11 Giovanni Levi, « Terra e strutture familiari in una comunità piemontese del ‘ 700 », Quaderni storici, no 33, 1976, p. 1095-1121 ; Id., L’eredità immateriale. Carriera di un esorcista nel Piemonte del Seicento, Turin, Einaudi, 1985.
12 Jean-François Chauvard, La circulation des biens à Venise. Stratégies patrimoniales et marché immobilier (1600-1750), Rome/Athènes, Bibliothèque de l’École française d’Athènes et de Rome, 2005.
13 Pour la terre voir Giovanni Levi, L’eredità immateriale, op. cit., ou toutes les recherches sur la campagne romaine, la Terre-ferme vénitienne, etc. ; pour les maisons, Jean-François Chauvard, La circulation des biens, op. cit. ; Roberto Fregna, La pietrificazione del denaro. Studi sulla proprietà urbana tra XVIe XVII secolo, Bologne, CLUEB, 1990 ; Michela Barbot, Le architetture della vita quotidiana. Pratiche abitative e scambi immobiliari a Milano fra XVIe XVII secolo, Venise, Marsilio, 2008.
14 Voir par exemple les familles cardinalices d’origine « bourgeoise » qui pourvoient de s’assurer la possession d’une seigneurie.
15 Krzysztof Pomian, Collectionneurs, amateurs et curieux. Paris-Venise, XVIe-XVIIIe siècle, Paris, Gallimard, 1987.
16 Paula Findlen, « Ereditare un museo : collezionismo, strategie familiari e pratiche culturali nell’Italia del XVI secolo », Quaderni storici, no 115, 2004, p. 45-82.
17 Paula Findlen, Possessing Nature : Museums, Collecting, and Scientific Culture in Early Modern Italy, Berkeley, University of California Press, 1994, p. 293.
18 Christoph Luitpold Frommel, « Caravaggios Früwerk und der Kardinal Francesco Maria del Monte », Storia dell’arte, IX-X (1971), p. 5-52 ; Zygmunt Wazbinski, Il cardinale Francesco Maria Del Monte (1549-1626), Florence, Olschki, 1994.
19 ASR, Giustiniani, busta 132 (dorénavant b.), f° 30.
20 Michela Barbot, Le architetture, op. cit.
21 Les auteurs de la Renaissance, tels Pontano ou Sabba da Castiglione, étaient parfaitement conscients de ce mécanisme de miroir liant le sujet à ses objets précieux. À ce propos, Sabba disait de « louer » la possession de choses belles, nouvelles et ingénieuses, car elles étaient la preuve de « ingegno, politezza, civiltà e cortegiania » : cf. Sabba da Castiglione, Ricordi overo ammaestramenti di monsig. Sabba Castiglione, caualier gerosolimitano ; ne i quali con prudenti, e christiani discorsi si ragiona di tutte le materie honorate, che si ricercano a un vero gentil’huomo, Venise, Griffio, 1575, p. 168.
22 ASR, S. Girolamo, b. 4, f° 183 sqq., 1656.
23 ASR, Santissima Annunziata, b. 44, f° 277-278.
24 ASR, Notai RCA, b. 1474, f° 262 sqq., testament de Francesco Raimondo, 1634.
25 ASR, Notai RCA, b. 1474, f° 275 sqq., testament de Marta de Rossi, 1639 ; pour d’autres exemples de legs d’objets voir f° 6 sqq., f° 80 sqq., f° 201 sqq., f° 329 sqq. Cf. également Martha Howell, art. cit.
26 ASR, TN, uff. 5, Testaments 1645, f° 15 sqq.
27 ASR, Notai RCA, b. 1474, f° 6 sqq. et f° 201 sqq.
28 ASR, Notai RCA, b. 1474, f° 275, 1639.
29 Voir par exemple le testament de Serafina Mancini (ASR, Notai RCA, b. 1474, f° 329 sqq.) qui laisse « à […] sa cousine son plus beau vêtement » (« a […] sua cugina la sua miglior veste »).
30 ASR, Notai AC, Testamenti e donazioni, b. 4, 1641.
31 ASR, TN, uff. 6, Testamenti 1591-1721, f° 111 sqq., 1644.
32 ASR, Notai RCA, b. 1029, f° 265, 1610.
33 ASR, Notai RCA, b. 1474, f° 275 sqq., testament de Marta de Rossi, 1639.
34 Isabella Cecchini, Quadri e commercio a Venezia durante il Seicento : uno studio sul mercato dell’arte, Venise, Marsilio, 2000, p. 66.
35 Rodolfo Lanciani, Storia degli scavi di Roma e notizie intorno le collezioni romane di antichità, Rome, Loescher, 1902-12, éd. 1975, vol. III, p. 95.
36 ASR, Notai RCA, b. 854, f° 849, testament de Gian Girolamo Spinola, 1622.
37 ASR, TN, uff. 28, Testamenti, vol. 2, f° 63 sqq., testament de Attilio Casini, 1623 ; ivi, Notai RCA, b. 1474, f° 7 sqq., testament de Vincenzo Panziroli, 1598.
38 ASR, TN, uff. 28, Testamenti, vol. 2, f° 790 sqq., testament d’Alessandro Cataneo, 1603 ; f° 916 sqq., testament de Giovanni Maria Benaglia, 1629 ; Notai RCA, b. 1474, f° 6 ss., testament de Camillo Moretti ; ivi, f° 23 sqq., testament de Virginia Bardi, 1604 ; f° 266 sqq., testament de Sofonisba Ciaroni, 1635 ; Notai RCA, b. 1029, f° 301 sqq., testament d’Alessandra Pelliccia, 1648.
39 ASR, Notai RCA, b. 1474, f° 221 sqq., testament de Bernardino Gioj, 1632.
40 Luigi Spezzaferro, « Per il collezionismo dei bamboccianti a Roma nel Seicento : qualche appunto e qualche riflessione », Francesco Porzio (dir.), Da Caravaggio a Ceruti. La scena di genere e l’immagine dei pitochi nella pittura italiana, Genève/Milan, Skira, 1998, p. 85.
41 ASR, Testamenti RCA, b. 1474, f° 6 sqq. Un exemple vénitien de lien explicite entre la transmission de biens meubles et le désir de descendance dans Anna Bellavitis, Famille, genre, transmission, op. cit., p. 225-226.
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