Rousseau transfuge et relaps, itinéraire d’un converti
p. 159-170
Texte intégral
1L’étude de cas pose toujours le même problème, comment distinguer ce qui relève de la norme de ce qui renvoie à l’exception. Lorsque le « cas » est un individu, et qui plus est un écrivain exceptionnel, n’est-il pas désespérément réducteur de rechercher la part de la norme dans son destin ? L’affaire se complique encore lorsque l’écrivain a lui-même décrit son itinéraire, et donné à l’autobiographie ses lettres de noblesse. Comment rivaliser avec les Confessions, les Dialogues, les Rêveries ? comme avec les transpositions romanesques de l’expérience vécue ? Une histoire sociale de Jean-Jacques Rousseau a-t-elle un sens ? En écrivant un Jean-Jacques Rousseau en son temps, nous avons tenté une biographie intellectuelle qui contextualise l’homme et l’œuvre1 ; dès lors appliquer les critères de l’analyse sociale de la mobilité et de la transmission à Jean-Jacques, n’était qu’un risque de plus, que je cours bien volontiers.
« Une mobilité familiale, presque génétique2 »
2La mobilité est de règle dans la famille Rousseau depuis le XVIe siècle. L’ancêtre Didier Rousseau a quitté Montlhéry en 1549 pour se réfugier à Genève. Nous sommes dans la culture du Refuge, de cette diaspora protestante qui parcourt l’Europe et le monde en quête d’une terre promise. Didier était marchand de vin, puis il devient libraire, tout en tenant une auberge. Nous rencontrons ensuite une série d’artisans horlogers dans l’ascendance de Jean-Jacques, mais ces artisans n’ont pas perdu la passion des voyages. Isaac, le propre père de Jean-Jacques, a un oncle à Londres, un autre à Hambourg, un frère à Amsterdam, un beau-frère à Charleston dans l’Amérique coloniale3. Rappelons que le frère de Jean-Jacques disparaît en Allemagne, qu’il a un cousin en Perse et qu’il en retrouve un autre lorsqu’il est contraint de séjourner en Angleterre… Isaac lui-même a passé six années à Constantinople. Mobilité pour la foi, mobilité pour les affaires, Genève et le monde constituent l’espace géographique de la famille Rousseau.
3Mais d’emblée la vie de Jean-Jacques s’ouvre sur la mobilité sociale. Genève connaît deux villes en une, le haut et le bas, les notables et les quartiers plus populaires. Si les Rousseau sont des « citoyens », ils n’appartiennent pas à l’oligarchie dirigeante. Par sa mère, issue des Bernard, de riches marchands drapiers qui ont donné des professeurs, des savants et des pasteurs, Rousseau s’en approche. Il naît en effet en ville haute au numéro 73 de la Grand rue. Mais comme il l’écrit lui-même, sa naissance fut son premier malheur ; comme tant d’autres à l’époque, sa mère meurt des suites de l’accouchement (1712). C’est le début d’un déclassement, dès 1714, son père rejoint outre-Rhône le faubourg industrieux de Saint-Gervais. Pire, en 1722, à la suite d’une rixe Isaac doit s’exiler : Jean-Jacques retourne chez son oncle, dans la Grand rue, mais il n’est plus le fils de famille, et il apprend les malheurs du parent pauvre… Il aurait souhaité être pasteur, il sera artisan : l’ascendance Rousseau l’emporte sur celle des Bernard, les études sont trop longues, trop chères, pour ce neveu charitablement entretenu4.
4Le thème de la chute est essentiel dans l’œuvre de Rousseau, métaphoriquement, il n’arrête pas de quitter le paradis terrestre, et il place sur terre et dans l’histoire les ressorts d’un péché originel auquel il ne peut croire5. Ses premières années pourraient parfaitement s’inscrire dans ce schéma, mais, dans ses écrits pourtant, il en donne une version adoucie, son père était un excellent père grâce auquel il a découvert les grands auteurs, ses années d’enfance sont pétries de bons souvenirs. La véritable chute remonte à sa mise en apprentissage. Curieux pour quelqu’un qui ne cessera, au temps de sa gloire, de revendiquer ce statut et de regretter de l’avoir abandonné. Mais Jean-Jacques a été confié à un mauvais maître, un certain Ducommun, nom prédestiné, qui le traite en vaurien et pratique la manière forte. Le jeune homme prend sur son temps de travail pour graver des médailles d’un ordre de chevalerie imaginaire, il est battu car son patron l’accuse de contrebande et de fausse monnaie… Malgré sa vue basse, Jean-Jacques serait sans doute devenu un bon graveur, il conserve toute sa vie un goût pour les gravures, et dans la présentation de ses manuscrits comme dans la disposition de ses fameux herbiers, nous retrouvons les qualités de sa formation initiale. Mais le mauvais maître transforme l’apprenti indocile en aventurier. En 1728, trouvant les portes de Genève fermées après une journée de détente à la campagne, il décide de ne pas rentrer pour éviter une nouvelle raclée. En cela il n’est pas tellement original, sous l’Ancien Régime, de nombreux enfants sont orphelins, ou soumis à des marâtres ou des beaux-pères peu amènes, d’autres sont simplement abandonnés, la fuite et le vagabondage sont donc beaucoup plus fréquents que de nos jours6.
Conversion, trahison, ascension sociale
5Pour tous les jeunes gens dans cette situation, comme pour tous les Genevois en rupture de ban, il existait une solution. La calviniste Genève était frontalière de la très catholique Savoie. Posté aux portes de la ville, le dynamique curé de Confignon attendait les âmes à sauver : un bon repas arrosé d’un délicieux vin de Savoie, la roussette de Frangie, et le catholicisme devenait tout à coup une religion bien aimable. Rousseau a multiplié les récits de sa conversion. Selon les circonstances, il donne une version ironique et tendre de cette erreur de jeunesse, ce furent le vin et les femmes, la roussette ci-dessus mentionnée et les charmes de Mme de Warens à laquelle le curé de Confignon l’a adressé. Mais il décrit aussi un univers beaucoup plus glauque, celui du séminaire de Turin, où pour s’assurer de la sincérité de sa conversion, un brave prêtre lui demande s’il est bien convaincu que sa mère est damnée. Le récit est alors plus dramatique et il raconte comment un pauvre est contraint de vendre son âme pour un morceau de pain… Rousseau fréquente les spécialistes de la conversion marchandée et décrit leurs mœurs en frémissant, il a échappé à tout cela7.
6Pour lui la conversion est bénéfique et introduit une remontée dans une échelle sociale qu’il n’arrêtait pas de descendre. Mme de Warens est elle-même une convertie, sous la protection de l’évêque, pensionnée par le roi de Savoie, chargée des convertis plus pauvres qu’elle. La liaison dévote devient amoureuse et Mme de Warens entreprend la formation sociale, intellectuelle, mondaine du jeune Genevois. Il convient néanmoins de lui trouver un état. Rousseau est examiné par un parent de la dame qui le croit « borné » et suggère d’en faire un curé de campagne. Le clergé comme voie de promotion sociale, nous sommes dans un topos. Mais hélas le séminaire se révèle un désastre. Il n’est même pas capable de devenir curé de campagne ! Rousseau trouve péniblement une place d’employé au cadastre ; en 1732, il abandonne ce travail pour se faire maître de musique à Chambéry, curieux professeur en vérité qui enseigne la musique qu’il ne connaît pas, ou plutôt qu’il apprend en enseignant. Mais il nous livre les clés à la fois de son dégoût pour le cadastre et de ses premiers pas dans sa nouvelle carrière : « Au cadastre, occupé huit heures par jour du plus maussade travail, avec des gens encore plus maussades […] je me sentais quelquefois accablé jusqu’au vertige par l’attention, l’odeur, la gêne et l’ennui. Au lieu de cela, me voilà tout à coup jeté parmi le beau monde, admis, recherché dans les meilleures maisons8. » Tout est dit ou plutôt suggéré. Auprès de Mme de Warens, Jean-Jacques a pris des goûts plus raffinés, il l’avouera plus tard, le soin de soi, la propreté, les tissus fins comptent beaucoup dans ses amours. Il ne supporte plus l’odeur des bureaucrates, par contre il est heureux parmi les bonnes maisons, le chouchou des jeunes filles et de leur mère. Une autre façon de réussir en société qui s’accompagne d’une incroyable légèreté. Il a 20 ans, mais va vivre ainsi dans l’ombre de Mme de Warens jusqu’en 1740. C’est dans cette période qu’il livre sans y penser, uniquement pour se faire valoir, les plans des fortifications de Genève à la Savoie, une de ses « fautes » sur laquelle ses Confessions passent très rapidement9.
7Tout a une fin cependant, en 1740 il touche au préceptorat, lui, l’autodidacte, et connaît un échec retentissant auprès des enfants Mably. Il trouve désormais la Savoie trop petite et est bien décidé à conquérir Paris. Ce sont ses années Rastignac. « J’arrivai à Paris dans l’automne de 1741, avec quinze louis d’argent comptant, ma comédie de Narcisse, et mon projet de musique pour toute ressource. […] Un jeune homme qui arrive à Paris avec une figure passable, et qui s’annonce par des talents, est toujours sûr d’être accueilli10. » Le temps de la bohême littéraire lui permet de rencontrer Marivaux, Mably, Fontenelle et surtout Diderot avec lequel il refait le monde et finalement de poursuivre une honnête ascension sociale. De septembre 1743 à août 1744, il est secrétaire de l’ambassadeur de France à Venise, en 1746 il travaille pour Mme Dupin. Certes, ce statut demeure subalterne, mais il gagne sa vie et réussit à ne plus dîner à l’office avec les domestiques. C’est peu pour Jean-Jacques Rousseau, mais ce n’est pas si mal pour un apprenti graveur genevois, qui n’a, à cette date, pas encore fait ses preuves. Sur ses marges, au coup par coup, la société d’Ancien Régime autorise une mobilité discrète et les élites favorisent les carrières de jeunes ambitieux talentueux.
8Mais Rousseau devint Rousseau. En 1750, c’est la gloire avec le Discours sur les sciences et les arts, en 1752 son opéra le Devin du village est représenté devant la cour à Fontainebleau et enthousiasme le roi et Mme de Pompadour. Il est alors protégé et logé par Mme d’Épinay qui représente le milieu des fermiers généraux. Tout semble lui réussir et la France Pompadour lui être très favorable. Paradoxalement il refuse de poursuivre dans la voie ainsi tracée.
Le prix de la liberté
9Dans la décennie 1750-1760, Rousseau va rompre avec tout ce qui a fait son succès. Les femmes l’ont aidé, façonné, il trouve insupportable leur gouvernement, et en particulier le rôle joué par la Pompadour à la Cour. Sa gaucherie, sa lenteur, ses troubles urinaires lui font fuir les salons. La situation politique lui paraît insupportable, il s’indigne de la querelle des refus de sacrements, il est affolé par l’attentat de Damiens et par l’atmosphère empoisonnée du procès fait aux Jésuites… Il a décidé en 1754 de retourner à la religion de ses pères : protestant et citoyen de Genève, il sera toujours un étranger au royaume de France. Il s’éloigne surtout des philosophes. Il ne partage pas leurs vues sur la religion, mais surtout Diderot lui en veut d’avoir refusé une pension11. Les uns souhaitent changer les choses par le haut, en infiltrant la philosophie parmi les élites, lui veut conserver sa liberté. Il ne supporte plus l’air de la ville et s’installe à la campagne, bien décidé à gagner sa vie en copiant de la musique. Il revient donc au statut d’artisan qui aurait dû demeurer le sien. Symboliquement, il renonce à sa montre et ses fines chemises lui sont providentiellement volées. Il est chassé de la maison que Mme d’Épinay lui prêtait, la rupture avec les philosophes est consommée en 1758 avec la Lettre à d’Alembert sur les spectacles. Beaucoup plus qu’une réflexion sur le théâtre, il s’agit d’une dénonciation de l’influence française à Genève. Voltaire et d’Alembert militent pour l’ouverture d’un théâtre dans la cité de Calvin et les élites locales les suivraient bien volontiers, Rousseau proteste au nom de l’identité culturelle de sa patrie. Il prend au sérieux le titre de citoyen de Genève et défend une Genève républicaine plus ou moins mythique.
10Il serait tentant de s’arrêter là, en constatant la remarquable perméabilité de la société française, qui s’ouvre au jeune aventurier, qui le consacre, et ne lui en veut pas de cultiver d’autres valeurs. Car, si Rousseau est attaqué par ses anciens amis, il en a de nouveaux. De 1758 en effet date l’amitié du maréchal de Luxembourg et de son épouse. Leur rencontre est évoquée dans les Confessions12 en insistant sur l’extraordinaire distance sociale entre les deux hommes :
« Quand M. le maréchal m’était venu voir à Montlouis, je l’avais reçu avec peine, lui et sa suite, dans mon unique chambre, non parce que je fus obligé de le faire asseoir au milieu de mes assiettes sales et de mes pots cassés, mais parce que mon plancher pourri tombait en ruine, et que je craignais que le poids de sa suite ne l’effondrât tout à fait. »
11C’est bien le duc qui recherche Jean-Jacques, et non l’inverse. Voltaire rit jaune et les philosophes s’indignent de cette soudaine familiarité. Car, entre le maréchal et le Genevois, il s’agit bien d’amitié, du moins selon Jean-Jacques. La noblesse de cour serait-elle à la recherche d’un philosophe dissident ? Au moment où s’organisent les premières ripostes des anti-philosophes (notamment autour de la princesse de Robecq, fille de Luxembourg et l’une des maîtresses de Choiseul13), Rousseau serait effectivement une bonne recrue, une plume de choix. Son premier discours a été primé par l’académie de Dijon sur un malentendu. Les académiciens ont cru lire un plaidoyer obscurantiste, le deuxième prix est d’ailleurs allé au janséniste Grosley14 … On peut également envisager la Lettre à d’Alembert comme un sermon contre le théâtre dans la grande tradition dévote. Les critiques sur la Pompadour n’étaient pas forcément mal vues chez la maréchale qui, comme beaucoup à la cour, ironisaient sur la femme Poisson. Choiseul, familier des lieux, laissait dire15.
12Le statut de Rousseau était déjà unique, mais en 1761, avec le succès prodigieux de la Nouvelle Héloïse, il bouleverse toutes les règles sociales et les fondements de la hiérarchie. Il ne se présente pas comme l’auteur, mais comme l’éditeur de cette correspondance entre deux jeunes amants, et bien évidemment ses lectrices imaginent qu’il est en fait le héros de cette tragique histoire d’amour. Sa correspondance peut seule donner l’idée de l’enthousiasme qu’il déclenche, maître à penser des âmes sensibles, précepteur d’une génération, les grandes dames ne demeurent pas en reste, il est vénéré, adoré, idolâtré, on pleure et on l’aime… Jean-Jacques en ces temps heureux vit comme un artisan, mais fréquente les Luxembourg, la duchesse a été conquise par la Nouvelle Héloïse, il correspond avec Malesherbes, et est le protégé du prince de Conti. Les uns comme les autres respectent sa liberté, voire ses rebuffades et lui pardonnent ses multiples balourdises. Il s’agit dans ce cas autant de transgression que de promotion sociale. Mais il est parfois dangereux d’avoir des amitiés si particulières.
La roche Tarpéienne…
131762 est l’année de la publication des deux ouvrages fondamentaux de Rousseau, Du contrat social et l’Émile. Mais c’est aussi le moment où il doit fuir pour ne pas être arrêté car il est décrété de prise de corps par le parlement de Paris. Quelques jansénistes du parlement sont à l’origine de cette persécution ; ils ont mené l’affaire tambour battant et pris les amis de Jean-Jacques totalement au dépourvu. La « profession de foi du vicaire savoyard » avait toutes les raisons de déplaire aux jansénistes par son pélagianisme outré, et l’éducation délivrée du péché originel que proposait Émile ne pouvait que les choquer, mais Rousseau avait eu l’impudence de refuser de hurler avec les loups contre les jésuites, ce qui aggravait sérieusement son cas. Loin de se mobiliser pour le défendre, ses protecteurs pensent que le coup est porté contre eux et cherchent à se protéger en organisant sa fuite. Malesherbes l’admettra très clairement. Jean-Jacques est prêt à supporter, sinon le bûcher, du moins la Bastille, mais il se laisse convaincre par ses amis et quitte la France. Il regrettera toute sa vie cette décision et se désolera de ne pas avoir fait face à ses accusateurs. Mais il ne perd pas son réseau de relations, comme en témoigne sa correspondance, il l’agrandit même et par le haut. Réfugié dans la principauté de Neuchâtel, il devient le protégé du roi de Prusse. Frédéric II en personne intervient en sa faveur. Il se lie d’amitié avec le gouverneur comme avec le richissime Dupeyrou…
14Pourtant, il n’arrive pas à reconstruire l’équilibre qu’il avait trouvé en France. Comment gagner sa vie en copiant de la musique dans le petit village de Môtiers ? Alors qu’il refuse le statut d’auteur, il est contraint d’accepter les arrangements financiers que lui propose son éditeur. Il est obligé de répliquer aux attaques des Français (l’archevêque Christophe de Beaumont) comme des Genevois (Tronchin), et subit les perfides accusations anonymes (en fait de Voltaire). Privé de ses livres et papiers personnels, exilé, proscrit, il devient le prototype de l’agitateur politique. C’est une dimension trop souvent négligée dans la vie de Rousseau. Lui-même se défend vivement d’avoir joué un tel rôle. Et, de fait, ses relations avec les Genevois qui soutiennent sa cause, et en partie ses idées, ne sont pas simples. Il n’est de toute façon pas un chef de faction. C’est pourtant ainsi que les chancelleries européennes le perçoivent. Le chouchou des salons parisiens, le héros des duchesses, le tendre confident de tant de grandes dames, est devenu un conspirateur menaçant l’équilibre européen. Les archives diplomatiques de Genève, Paris et Londres livrent une telle image16. Rappelons qu’au XVIIIe siècle, la République de Genève concentre les pouvoirs au sein d’une oligarchie de plus en plus restreinte, alors que les « représentants » demandent une plus grande participation à la gestion des affaires. Le modèle « aristodémocratique » défini par Burlamaqui est de moins en moins démocratique. À partir de l’injustice subie par Rousseau, les représentants précisent leurs revendications et bloquent le fonctionnement des institutions. Or la France est le principal garant de l’équilibre genevois et la monarchie accorde un plein soutien à l’oligarchie, aux « négatifs ». La France veut éviter la présence d’une démocratie à ses frontières. Les révolutionnaires genevois redoutent une intervention militaire de la France. Ils ne sont pas les seuls. Depuis 1763, et l’écrasement français, l’Angleterre attend une revanche française : les archives diplomatiques témoignent d’un climat de tension extrême. Londres ne saurait admettre une intervention française à Genève. Mais la monarchie anglaise n’éprouve pas une grande sympathie pour les représentants, même si parmi eux une certaine solidarité protestante joue encore un peu… Dans cet écheveau complexe, Jean-Jacques est à la fois central et complètement marginal. Il n’est jamais considéré comme écrivain, mais apparaît dans les correspondances diplomatiques comme le « sieur Rousseau ». Il convient d’abord de l’éloigner de Genève, la principauté de Neuchâtel est beaucoup trop proche. En dépit de Frédéric II, la population, montée par le pasteur, lui-même animé par ses correspondants genevois, rend la vie impossible à Jean-Jacques. Celui-ci pense alors se réfugier à Berlin, choix parfaitement logique puisque le roi de Prusse ne l’a jamais abandonné. Au niveau international, Frédéric demeure un électron libre. Ce projet présente de nombreux inconvénients pour tous ceux qui ont intérêt à régler vite le conflit genevois, et donc à déconsidérer cet énergumène de Rousseau qui répand la discorde partout où il passe. C’est ainsi que les « amis » de Rousseau réussissent à le convaincre de trouver asile en Angleterre. Avec l’accord de Choiseul, au cœur des affaires diplomatiques européennes, il obtient, lui le « décrété », l’autorisation de traverser le royaume et de séjourner à Paris. Là, c’est Hume, philosophe certes, mais aussi employé à l’ambassade d’Angleterre, et chargé d’affaires dans l’intérim entre deux ambassadeurs, qui entreprend de le convoyer vers Londres.
15Une fois en Angleterre, il reprend contact avec son cousin, il cotise pour la cause des représentants… Mais il est exhibé comme un « zèbre », l’expression est de Voltaire, et correspond particulièrement bien à l’entreprise de déconsidération du « sieur » Rousseau qui est alors menée. Lui, l’adversaire supposé du théâtre est conduit à une représentation, où il fait le spectacle. La presse répand une fausse lettre du roi de Prusse (en fait de Walpole, le parent du ministre) qui l’insulte. Une véritable campagne de presse est organisée contre lui. Il convient absolument de le compromettre ; à Paris, son ami le banquier genevois Lenieps est embastillé, et l’on fait circuler la rumeur qu’un traité manuscrit trouvé dans ses papiers est de la main de Rousseau et prône la démocratie pour Genève. À Londres, il refuse de rencontrer le ministre Conway, responsable notamment des affaires de Genève, et Hume ne supporte pas cette dérobade. Il préfère également renoncer à une pension de George III, et par cela mérite à nouveau les foudres de Hume. Il tente de demeurer indépendant, sans bien comprendre à quel point son sort est lié à celui des « démocrates » genevois et combien la diplomatie française comme la diplomatie anglaise, en plein affrontement par ailleurs, se retrouvent pourtant sur le terrain genevois, la France ne souhaitant pas intervenir militairement et l’Angleterre étant farouchement opposée à toute velléité en ce sens. Désespérer les démocrates en ridiculisant leur chef supposé, en le transformant en pensionné du roi, en le comblant de faveurs, c’était la tactique du côté anglais, montrer aux modérés genevois l’horreur d’un agitateur révolutionnaire, c’était celle du côté français, Rousseau était broyé par les deux raisons d’État adverses et complices. Il faut lire les brochures, les feuilles volantes, observer les caricatures, pour comprendre à quel point la chute fut brutale. Rousseau tombe aussi bas qu’il est monté haut ; c’est un méchant, un énergumène, un vaurien, un ingrat, il est devenu la bête du Gévaudan… Pour nombre de ses détracteurs, il est exclu de l’humanité.
L’image d’Épinal
16À partir de là, deux images de Rousseau coexistent, la première véhiculée, au niveau européen, par les philosophes, est celle d’un pauvre fou, totalement isolé. Il s’agit d’établir le plus de distances possibles entre cet énergumène, fauteur de troubles, et la véritable philosophie qui se mène dans les salons, les ministères, voire les cours chaque fois que le prince veut bien écouter le philosophe. La seconde est celle d’un Rousseau, réconcilié avec lui-même, fuyant les nobles, vivant dans un deux-pièces propre et modeste dans un quartier populaire parisien, copiant de la musique, refusant d’être payé au-dessus du prix équitable et écrivant pour lui-même puisqu’il demeure sous la menace d’une arrestation et est interdit de publication. Jean-Jacques a retrouvé le Rousseau de l’origine, celui de l’artisanat, après avoir fréquenté les grands et côtoyé des précipices. Notons que cette relative accalmie correspond avec la paix, enfin obtenue entre les Genevois en 1768, et le déclin puis la disgrâce de Choiseul. Se déplaçant d’abord soigneusement en dehors du ressort du parlement de Paris, Rousseau a fini par rejoindre la capitale, défiant en quelque sorte les autorités, mais avec une certaine complaisance de celles-ci, ce que souligne Voltaire avec amertume. Ne nous laissons pas abuser cependant par le caractère excessif des diatribes philosophiques contre Rousseau, ou par le caractère idyllique d’un Jean-Jacques redevenu peuple… Jusqu’à sa disparition, en 1776, le prince de Conti protège Rousseau : protection qui embarrasse ce dernier. Vivant au château de Trye, propriété du prince, il est exaspéré par celui qu’il nomme bien familièrement dans sa correspondance « le patron de la case ». Conti a tout intérêt à éviter un scandale, le parlement, dont il soutient la fronde, pourrait lui demander des comptes17. Rousseau espère, lui, un jugement public. C’est contre l’avis du prince qu’il a finalement décidé de retourner se mettre dans la gueule du loup en s’installant à Paris. N’imaginons pas non plus que dans son modeste appartement ne pénètrent que des voisins artisans ! C’est bien au contraire toute l’Europe qui s’y bouscule, et parfois se fait mettre à la porte. Le prince de Ligne, le futur roi de Suède, les nobles polonais sollicitent conseils, entretiens et, au besoin, usent de subterfuges pour accéder à l’antre du philosophe artisan. Il revendique hautement son refus des cadeaux trop coûteux, s’engageant parfois dans une casuistique échevelée avec ses amis sur ce point, mais il n’est pas certain que sa compagne ne se comporte pas de façon plus laxiste à ce sujet… En ce qui concerne la mobilité sociale, nous avons un cas unique de pauvreté revendiquée, de chute assumée, de refus de la promotion sociale, après avoir couru l’aventure pour la conquérir, et d’une certaine façon y avoir réussi. Rousseau a toujours refusé le statut d’auteur. Il ne peut écrire pour vivre. L’artisan, surtout s’il ne produit pas des objets de luxe, est utile à la société et maître de lui-même, comme l’ouvrier et le paysan. À propos de son père, Rousseau établit un lien entre le travail des mains et les nourritures de l’âme : « Je vois Tacite, Plutarque et Grotius mêlés devant lui avec les instruments de son métier18. » Le travail n’est plus une punition, mais un moyen de promotion intellectuelle et morale. Pourquoi sortir de cet état ? Les Genevois lui donnent toute sa dignité : « Tels sont ces hommes instruits et censés dont, sous le nom d’ouvriers et de peuple, on a chez les autres nations des idées si basses et si fausses19. » Rousseau l’écrit en 1758 à Tronchin et le dira sous toutes formes possibles à toutes les occasions : « Cet état d’artisan est le mien, celui dans lequel je suis né, dans lequel j’aurais du vivre, et que je n’ai quitté que pour mon malheur » ou sous cette autre forme : « À douze ans, j’étais un Romain, à vingt ans j’avais couru le monde et n’étais plus qu’un polisson. » C’est pourquoi Émile doit apprendre un métier et tous les jeunes gens de l’élite devraient en faire autant. « Un métier à mon fils ! mon fils artisan ! monsieur y pensez-vous ? », s’indigne une virtuelle mère. « J’y songe mieux que vous, Madame, qui voulez le réduire à ne pouvoir être jamais qu’un lord, un marquis, un prince, et peut-être un jour moins que rien ; moi, je lui veux donner un rang qu’il ne puisse perdre, un rang qui l’honore dans tous les temps, et quoique vous puissiez dire, il aura moins d’égaux à ce titre qu’à tous ceux qu’il tiendra de vous20. » La pensée de Rousseau sur la mobilité sociale demeure complexe, puisant à de multiples sources : de la tradition chrétienne ne conserve-t-il pas un peu du heureux les pauvres ? de la Genève réformée le sens du labeur et de l’égalité ? Mais avec les Lumières il défend l’utilité sociale, la production, la valeur travail. Comme Mozart dans la Flûte enchantée, il place l’homme au-dessus du prince. Mais il amorce aussi une certaine inversion des valeurs dominantes, alors que la noblesse « déroge » par le travail, il classe l’artisan au-dessus du marquis et du prince qui peuvent se révéler « moins que rien ».
17De sa fulgurante ascension sociale, de la fréquentation des grands, il ne conserve pas de bons souvenirs. D’une certaine façon, il a été instrumentalisé par des lecteurs superficiels, puis plus ou moins abandonné dans l’adversité. Conscient de cette dimension, Malesherbes, qu’il exaspère par bien des aspects, lui restera fidèle et redevable. Rousseau n’a pas accepté le rôle prescrit, la place d’amuseur, que les élites réservaient volontiers aux intellectuels. En signant ses livres, en défendant ses idées, il jouait avec le feu. Il pouvait bien se promener familièrement avec un duc, faire une partie d’échecs avec un prince, et, comble de mauvais goût, le battre à plat de couture, mais il ne fallait pas heurter le parlement de Paris, nier le péché originel, et défendre les apprentis démocrates genevois. Voltaire avait été bâtonné par un Rohan pour beaucoup moins que cela, Rousseau était mis au ban de la société.
Les limites de la mobilité sociale
18La fragilité est la principale caractéristique de l’ascension sociale du Genevois. Dans ses premières fonctions de précepteur ou comme secrétaire de l’ambassadeur de Venise ou de la plus aimable Mme Dupin, il risque toujours de se retrouver parmi les domestiques, à l’office. Voulant achever de le discréditer, au moment de l’agitation genevoise dont on lui impute la responsabilité, Voltaire ne manque pas de faire savoir à la terre entière qu’il était domestique de l’ambassadeur et qui plus est mauvais serviteur ; il n’hésite pas à demander aux Affaires étrangères des documents plus précis pour répandre cette accusation21. Terriblement gaffeur, lent et balourd (je fais des impromptus à loisir, aime-t-il à répéter), Rousseau ne peut s’intégrer à la sociabilité mondaine. Le statut d’auteur impose de faire de l’esprit, de séduire les salons, de persifler… il regrette de ne pas avoir été un érudit discret comme Abauzit22, un savant sans aucun succès ! La dépendance lui est insupportable.
19Son itinéraire demeure celui de l’exception. Son ascension comme sa chute sont individuelles. Même au temps de la gloire, il est un marginal parmi les élites. Cette mobilité n’est pas transmissible. Imaginons l’invraisemblable, un Rousseau non proscrit, continuant à faire « le zèbre » chez les Luxembourg, sans doute aurait-il réussi à mieux gérer ses revenus, mais il serait resté un étranger, un protestant, un autodidacte. L’enrichissement ne lui était pas interdit, mais l’intégration par le mariage était impossible. Jean-Jacques ne peut aimer que des femmes inaccessibles. Mme de Warens l’a habitué à une certaine délicatesse, mais surtout à un niveau intellectuel exceptionnel. Les dames qui ont lu la Nouvelle Héloïse entretiennent avec lui des liaisons passionnées, mais par lettres, et souvent en déguisant leur identité. D’autres en font leur confident, leur ami, leur guide, mais tout cela demeure très platonique. Il est follement épris de Mme d’Houdetot, qui se laisse bercer par son éloquence, mais se garde bien d’aller plus loin. Sa compagne est une femme sans la moindre éducation, qui lui sert de gouvernante, Thérèse Levasseur. Il lui a dit d’emblée qu’il ne l’épouserait jamais, mais qu’il ne l’abandonnerait pas. Nous sommes dans la rubrique très ordinaire à l’époque des amours ancillaires, le modèle du curé et de sa bonne. Les enfants illégitimes issus de telles unions sont abandonnés et confiés aux Enfants trouvés. Rousseau suit le même chemin. Ce qui est original chez lui, c’est le profond sentiment de culpabilité que génère cet abandon ; il confie ce lourd secret à ceux qu’il croit être de ses amis, et Voltaire, au plus dur de la querelle genevoise, rend cette accusation publique, ajoutant pour faire bonne mesure que la maladie urinaire de Rousseau est en fait une vérole attrapée avec sa « Vachine ». En dépit de son mauvais caractère et d’une incompréhension de plus en plus flagrante, Rousseau finit par épouser Thérèse, à sa façon, devant le maire et sans curé ni pasteur. Thérèse en effet est demeurée catholique. Jean-Jacques ouvre ainsi la voie au mariage civil et donne des clefs pour une coexistence entre catholiques et protestants dans cette monarchie toute catholique. La Révolution entérinera ce mariage, et Thérèse sera considérée comme « veuve » Rousseau23.
20Mais faute de reproduction, l’itinéraire de Rousseau reste aussi fugace que fulgurant. Les biens péniblement acquis, les revenus des éditions de ses œuvres seront d’ailleurs dilapidés par Thérèse. La transmission se fait dans le registre symbolique. Jean-Jacques est devenu l’apôtre des temps nouveaux, celui d’une famille fondée sur un couple uni et aimant, qui se préoccupe de ses enfants. Émile est le livre de la génération révolutionnaire ; cette génération sans père24 trouve en Jean-Jacques un frère d’armes, lui qui a prophétisé « Nous approchons de l’état de crise et du siècle des révolutions25. » La Révolution et l’Empire fourniront d’autres exemples d’ascension aussi vertigineuses mais moins solitaires. Quoique, Saint-Just pense peut-être à Rousseau, quand, entre la victoire de Fleurus et le 9 thermidor, il note dans son carnet : « Je méprise la poussière qui me compose, on pourra la faire mourir et la persécuter cette poussière, mais je défie que l’on m’arrache cette vie indépendante que je me suis donnée dans les siècles et dans les cieux. » Les enfants du siècle, les fils de Jean-Jacques n’en finissent pas d’ébranler le monde.
Notes de bas de page
1 Monique et Bernard Cottret, Jean-Jacques Rousseau en son temps, Paris, Perrin, 2005. Le Louis XIV en son temps de Robert Mandrou, Paris, 1973, a bien entendu inspiré notre entreprise.
2 Ibid., p. 22.
3 Bertrand Van Ruymbeke nous a permis de retrouver la trace de celui-ci dans les archives de Charleston.
4 Eugène Ritter, « La famille et la jeunesse de Jean-Jacques Rousseau », Annales de la Société Jean-Jacques Rousseau, 16, 1924-1925, p. 9-250.
5 Jean Starobinski, notamment Jean-Jacques Rousseau, la transparence et l’obstacle, Paris, Gallimard, coll. « Tel », 1971.
6 Isabelle Robin-Romero, « Être orphelin au XVIIIe siècle : vie familiale et pérégrinations à partir de quelques récits de vie », Olivier Christin et Bernard Hours (éd.), Enfance, assistance et religion, Lyon, Chrétiens et Sociétés, Documents et Mémoires no 4, 2006, p. 43.
7 Jan Borm, Bernard Cottret et Jean-François Zorn (dir.), Convertir, se convertir. Regards croisés sur l’histoire des missions chrétiennes, Paris, Éditions Nolin, 2006.
8 Confessions, livre V, Œuvres complètes [désormais OC], I, p. 188.
9 Ibid., p. 216. « Je trouvai ce mémoire parmi les papiers de mon oncle. […] M. l’avocat sentit pourtant si bien le prix de l’écrit que j’eus la bêtise de lui confier que je ne pus jamais le ravoir ni le revoir. […] Heureusement de tous les futurs contingents, un des moins probables est qu’un jour le roi de Sardaigne assiègera Genève. Mais comme il n’y a pas d’impossibilité à la chose, j’aurai toujours à reprocher à ma sotte vanité d’avoir montré les plus grands défauts de cette place à son plus ancien ennemi » (ibid., p. 217-218).
10 Confessions, OC, livre VII, p. 283.
11 Benoît Mély, Jean-Jacques Rousseau, un intellectuel en rupture, Paris, Minerve, 1985.
12 Confessions, OC, livre X, I, p. 520.
13 Confessions, OC, livre XI, I, p. 536-537. Bon prince, Rousseau intervient auprès des Luxembourg pour abréger le séjour de Morellet à la Bastille.
14 Monique et Bernard Cottret, op. cit., p. 140-147.
15 Alors que Choiseul a toujours été un fidèle de la Pompadour, il parle d’elle avec désinvolture dans ses mémoires, Rousseau s’est laissé prendre aux apparences et oppose le ministre qu’il estime à la favorite qu’il méprise, Confessions, OC, livre XI, I, p. 553 sqq. « Quand le bruit courut que d’elle ou de lui l’un des deux expulserait l’autre, je crus faire des vœux pour la gloire de la France en en faisant pour que M. de Choiseul triomphât. »
16 Monique et Bernard Cottret, op. cit., chap. 21 : « L’Île infortunée », p. 407-432.
17 Jean Fabre, « Jean-Jacques Rousseau et le prince de Conti », Annales de la société Jean-Jacques Rousseau, 36, 1963-1965, p. 7-48.
18 Ce thème du père citoyen et artisan se retrouve dans les Confessions, OC, I, p. 7-9.
19 Dédicace du Discours sur l’origine de l’inégalité, OC, III, p. 118.
20 Émile, OC, IV, p. 470.
21 Monique et Bernard Cottret, op. cit., p. 102-103, p. 424.
22 En fait Abauzit bénéficie d’une certaine notoriété, mais ses écrits ont été publiés de façon posthume ; Rousseau lui a rendu hommage dans une note de la Nouvelle Héloïse, OC, II, p. 525.
23 Monique et Bernard Cottret, op. cit., chap. 29 : « Les femmes de Jean-Jacques », p. 560-564.
24 Lynn Hunt, Le roman familial de la Révolution française, Paris, Albin Michel, 1995.
25 Émile, OC, IV, p. 468.
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