Les faux-semblants de la mobilité sociale dans la marchandise parisienne, XVIIe-XVIIIe siècles
p. 123-137
Texte intégral
1Longtemps l’historiographie a refusé de relier l’histoire des pratiques commerciales à celle de leurs acteurs. Longtemps les efforts d’intégrer l’étude des conjonctures, des échanges, à celle des hommes qui directement s’y meuvent, n’ont pas été entrepris. C’est assez récemment que ces deux approches se sont rencontrées, relevant auparavant de deux disciplines différentes – histoire économique/histoire sociale –, où les paradigmes s’affrontaient pour signifier deux dynamiques de reconduction des sociétés, presque inconciliables1.
2Seules deux figures ont émergé de l’univers marchand sous l’Ancien Régime français, telles qu’elles ont pu être schématisées au travers des travaux passés : d’une part celle du négociant, marquée par la réussite personnelle, le talent, l’ingéniosité et la perfection dans la maîtrise de son art, d’autre part celle de la dynastie, marquée par la passation quasi automatique des situations de pouvoir ou de monopole sur un marché donné2. Que ces deux figures s’opposent, nulle surprise. L’une défend une vision individualiste de l’accomplissement social, l’autre une vision déterministe de la reproduction familiale et professionnelle3. S’il demeure difficile de les accorder, certes, l’impasse peut être contournée, serait-ce par un effort de contextualisation.
3D’une part les parcours marchands s’adossent à un socle institutionnel lourd, pratiquement inchangé à Paris depuis la fin du XVIe siècle jusqu’à la Révolution (corporations, juridiction consulaire, échevinage…). D’autre part, à ces cadres locaux s’ajoute un autre environnement que sont les usages, ceux-ci étant aussi bien nourris par la formalité du droit coutumier que par l’opacité de logiques familiales, des faits de notabilité. Enfin le contexte global de la période impose plusieurs thèmes sur le fonctionnement social, tels que l’anoblissement des élites urbaines, la désagrégation des communautés citadines, la « trahison bourgeoise » (capitaux fuyant les circuits d’échange vers l’improductivité de l’office ou du fief), etc. D’un autre côté la conjoncture est celle, grosso modo, d’une instabilité monétaire et commerciale à partir des guerres de la ligue d’Augsbourg jusqu’au milieu des années 1720, suivie d’une prospérité gagnée par le commerce maritime et l’essor des manufactures. Le négoce plonge au premier chef les marchands et leurs familles dans la fluctuation intérieure comme extérieure des trafics. Ainsi mobilité et immobilité des acteurs économiques ouvrent-elles la compréhension du marché parisien aux XVIIe et XVIIIe siècles, mais aussi celle des modalités de déplacement ou d’enracinement au sein de la société qui compose la capitale.
4En premier lieu, malgré la variabilité des itinéraires marchands, il faut poser la force des encadrements qui les cernent, que ce soit par l’apprentissage (pour ceux dont les pères ne sont pas maîtres dans la corporation convoitée)4, par la réception à la maîtrise, ou par les hiérarchies corporatives qui imposent la vision d’une gradation des valeurs, des honneurs entre communautés. Seules six d’entre elles sont réputées faire corps à Paris depuis le XVIe siècle – les Six-Corps – à l’intérieur desquels existe encore un classement de distinction menant de la draperie à l’orfèvrerie5. Ces six corporations connaissent une réalité institutionnelle très marquée et réclament à leur seul avantage le titre de « marchand », lançant des procédures devant le Parlement contre tout autre qui tenterait de s’en parer (notamment les tailleurs d’habits en 1670, les limonadiers en 1689, puis les teinturiers, les tapissiers, etc.). D’une appartenance aux plus réputés de ces corps découle l’intégration dans un certain nombre de lieux, établissements, compagnies, charges publiques, dont le total constitue le cursus honorum bourgeois dans la capitale, globalement fermé à quiconque n’est pas passé maître ou garde parmi eux. Ainsi les Six-Corps, depuis la création de la juridiction marchande en 1563, se réservent le droit d’y nommer les quatre consuls annuels, de même qu’ils accaparent près de 60 % des postes d’échevins à l’Hôtel de Ville au moins depuis 16156. Le but même d’un corps dit « intermédiaire » est d’accorder l’intérêt catégoriel avec l’intérêt général, le bien commun, sans quoi il ne lui serait concédé aucune parcelle de puissance publique (justice, police), ni droit de représentation ou de conseil vis-à-vis du monarque7. Les Six-Corps agissent en tant que tels, y compris dans la captation de ce pouvoir à leur seul avantage à l’échelle de la ville.
5C’est la raison pour laquelle le renouvellement du premier de ces corps – la draperie – abrite des enjeux tels qu’il fait l’objet d’une grande surveillance et d’une grande confidentialité des pratiques. Celles-ci se réfugient derrière un consensus tacite. Ici le roulement des individus est potentiellement celui des dirigeants de la cité. Avec les commerces se transmettent des positions de pouvoir, de contrôle. Seules cent trente-six réceptions de drapiers auront lieu entre 1736 et 1775, soit une faible moyenne de 3,5 chaque année. Le chiffre est encore plus bas à la fin du XVIIe siècle, autour de 28.

Réceptions dans le corps de la draperie, 1736-1775.
6En 1690, la draperie ne compte dans ses rangs que 180 maîtres9, pas plus de 190 maîtres en 1768. Les droits d’entrée avoisinent les 4 000 livres. La vie de la corporation se place au centre des cycles sociaux par lesquels la capitale désigne et confirme ses élites. Lui démentir, lui retrancher cette faculté reviendrait à la priver de sa pleine intégration à la ville comprise comme corps politique. De même le dynamisme marchand, d’un strict point économique, semble indissociable de sa conquête des grandes institutions urbaines face à la concurrence des fortunes robines10. Ainsi la question de la circulation des hommes au travers de la draperie recoupe celle des opportunités et des circonstances d’une circulation au travers de toute la communauté urbaine sous l’Ancien Régime. En l’absence des archives de la corporation (détruites avec toutes les autres en 1871), les actes notariés permettent de nourrir la reconstitution de ces parcours, leur ampleur, leur utilité.
7L’existence quotidienne des corporations est celle d’un double discours : l’un tourné vers l’extérieur projetant une image de cohésion et d’égalité, l’autre à usage interne autorisant de profondes disparités dans les chances d’assimilation et de promotion des membres11. Nulle surprise alors à observer la discrétion de procédés notariés qui visent à asseoir la domination d’un système de contrôle inconciliable avec le principe d’une « démocratie corporative ». Ces procédés que sont les brevets d’apprentissage, les alloués, les contrats de société, les ventes de fonds, répondent en effet aux impératifs formels du droit privé, du droit commercial, tout en les contournant éventuellement en vue d’offrir aux individus une latitude que ni la loi ni les statuts corporatifs ne leur garantissent pour la survie de leur boutique, de leur famille ou de leur ambition. Ils forment pourtant l’ordinaire de communautés professionnelles qui y cherchent un équilibre entre la rigidité des textes et l’affranchissement total des actes12.
8Cette ambivalence des pratiques peut être ouverte par deux actes concomitants, un apprentissage et un alloué passés le même jour chez un notaire de la rive droite. Le 4 juin 1693, un riche marchand de Lyon met son neveu en apprentissage chez un drapier parisien, Jacques Devin, tandis que le frère de ce dernier est mis en alloué chez le même marchand lyonnais, François Merle13. Or l’apprenti ne sera jamais reçu maître drapier dans la capitale, pas plus que l’alloué ne désirera l’être à Lyon. La finalité usuelle de ces actes est déviée vers un tout autre accord, celui d’un échange de formation entre deux jeunes gens de grandes familles négociantes (Merle et Devin), partagées sur un circuit commercial reliant depuis longtemps deux centres drapants. Du fait que les garçons s’installeront dans leurs villes respectives, reçus dans leurs corporations naturelles en tant que fils de maîtres, le but n’est donc pas l’accueil de membres extérieurs à la corporation, mais bien la reproduction de familles à la tête de celle-ci.
9Le problème de la formation paraît crucial dans la tenue d’un commerce où la connaissance des produits et des techniques fiduciaires, chirographaires, s’allie à la connaissance parfaite des partenaires, des fournisseurs. Pour cela, la corporation est aussi un lieu de formation pour étrangers, même lorsque ceux-ci se font effectivement recevoir à Paris : ainsi une liste de drapiers « parisiens » révèle encore en 1769 qu’un bon nombre est en réalité établi en province (Montpellier, Saint-Quentin, Brest, etc.) tout en bénéficiant d’une lettre de maîtrise dans la capitale14. Preuve que les Six-Corps sont en droit d’exercer dans tout le royaume comme ils l’affirment depuis un siècle et demi, leur lettre équivaut surtout à un diplôme, à un niveau d’instruction. En tous les cas, ces réceptions ne viennent non plus rajeunir la corporation en tant qu’institution parisienne, attendu que le mouvement des individus se fait en dehors des processus de notabilité typiquement parisiens. Isolée, leur prise en compte ne dit presque rien de ces processus.
10La mesure du renouvellement de la draperie doit être par conséquent attentive à l’effectivité des actes tout autant qu’à leur libellé. Les postulants respectent des degrés d’incorporation très ordonnés sans qu’aucun règlement ne les divulgue autrement que par des conventions particulières. Ce sont pourtant là les normes qui régissent la mobilité des individus au sommet de la bourgeoisie parisienne.
11L’exemple d’un acte de société de 1700, mettant en scène trois hommes dits « marchands drapiers », illustre à lui seul la souplesse et la prudence des règles visant à la prospérité conjuguée des commerces, des familles, et de la corporation en tant que telle. Certes les trois hommes (Faré, Letellier, Guyard) apportent les mêmes sommes dans le capital initial de la société, toutefois les clauses très vite vont nuancer l’égalité entre eux : d’une part la raison sociale est fixée à « Faré & compagnie », ce qui oblige les deux autres associés à renoncer à l’emploi de leurs noms, y compris dans leurs signatures ; d’autre part seul Faré a la possibilité de dissoudre la société, même à l’encontre de l’avis de ses partenaires ; enfin ceux-ci, qui sont célibataires, se plient à l’obligation de loger et nourrir Mme Faré sur les fonds de la société sans demander aucune compensation ; Faré va jusqu’à refuser de tenir la caisse directement, de prendre à sa charge les dépenses d’aménagement ou de réparation propres à la boutique, donc de partager équitablement la surface habitable entre eux, etc.15. On le voit, la situation est celle d’un marchand en force, d’une famille installée, qui s’adjoint les services de deux autres en état de soumission. L’acte vient d’ailleurs à mentir lorsqu’il prétend que les trois hommes sont « marchands » puisque l’un d’eux (Letellier, chargé de tenir la caisse en toute saison) passe un contrat d’apprentissage avec le second (Guyard) quelques mois plus tard. Il n’est pour l’heure qu’un employé, un facteur que l’on tente de faire passer pour maître associé tandis que son apport est en réalité prêté par les deux autres16. Ainsi un simple contrat vient-il à révéler plusieurs formes de domination/subordination au sein de la draperie, dans un terrain d’égalité statutaire traversé de dénivelés sociaux.
12L’exemple d’une autre société, sur lequel on peut se pencher plus en détail, est représentatif de parcours drapiers dans la capitale. Il s’agit d’une société conclue entre Jean-Jacques Gleizes et Marc-Antoine Nau, respectivement fils de maître chapelier et de marchand bonnetier. Nés aux alentours de 1690, ils sont extérieurs au monde de la draperie. Ils y font leur apprentissage obligatoire, selon l’ordonnance sur le commerce de 1673, le premier en 1703-1706, le second aux environs de 1710-1715. L’un et l’autre seront reçus en 1718 et 1717, fonderont leur société en 1732, stoppée en 1742 avec le décès de Gleizes17. Gleizes, étant mort assez tôt, n’est élu qu’à quelques charges bourgeoises (garde de la draperie en 1732-1734, marguillier de Saint-Eustache en 1734-1735), alors que Nau accomplira l’intégralité du cursus honorum : garde de la draperie en 1730-1732, marguillier de sa paroisse en 1732-1733, consul en 1744, grand garde de la draperie en 1745-1746, puis juge-consul en 1751, administrateur des hôpitaux de 1754 à sa mort en 1778, ce qui constitue le sommet de la notabilité bourgeoise. L’appartenance à la draperie, combinée à la réussite économique, propulse rapidement vers ces postes de responsabilité publique. Ces deux cas restent ceux d’une belle mobilité marchande de la part d’hommes extérieurs au grand négoce et qui y font cependant fortune.
13Ces quelques faits exposés, il faut les mettre en contexte. Il serait trompeur en effet d’y lire une fluidité et une ressemblance de parcours qui ont été, d’une part très ceinturés, d’autre part très inégaux.
14Bonnetiers depuis 1650, les Nau sont fournisseurs du roi, y compris de sa cassette personnelle, fournisseurs des cours d’Espagne et du Portugal aussi bien que de toute l’aristocratie parisienne. Plusieurs branches sont déjà entrées dans la draperie et la mercerie de soie – peut-être la plus remarquable – avant même que Marc-Antoine Nau commence sa carrière. Plusieurs consuls et grands gardes ont été produits par le lignage. En conséquence membres éminents des Six-Corps, les Nau se distinguent de la famille Gleizes qui relève de l’artisanat. Ceux-ci sont maîtres fabricants chapeliers, possédant un privilège pour vendre auprès de la garde-robe du roi. Les deux noms sont particularisés par leur clientèle royale, mais à des rangs différents, antinomiques. Marchands contre « gens mécaniques ». Ceci explique que Gleizes mettra quinze ans pour être reçu drapier, et Nau deux fois moins de temps. Nau sera élu garde de la corporation et marguillier avant son associé, alors qu’il est le plus jeune des deux.
15Ce cas n’est pas isolé. Même si l’on envisage deux parcours identiques au sein de la corporation, à savoir ceux de deux drapiers reçus aux mêmes charges et honneurs, une inégalité peut très bien apparaître au travers des cadences de progression. Partant par exemple de deux apprentis de 1739, l’un intégré dans une grande famille de la marchandise parisienne (de Saint-Jean)18, l’autre fils d’un marchand rural du Beauvaisis (Bourdon)19, on observe très clairement que le rythme de leurs nominations et élections n’est pas du tout le même. Bourdon reçoit sa lettre de maîtrise à plus de 32 ans. De Saint-Jean l’a reçue à peine âgé de 22 en enfreignant les règlements. Sa formation a duré quelques mois au lieu des six années prescrites par les statuts. Enfin, quand de Saint-Jean se fera élire à la juridiction consulaire, lieu d’accueil de l’excellence marchande issue des Six-Corps, Bourdon n’y accédera jamais.20
apprenti | maître | garde | gd garde | consul | juge consul | |
De Saint-Jean | 1739 | 1739 | 1752-1753 | 1770-1771 | 1772 | 1782 |
Bourdon | 1739 | 1754 | 1763-1764 | 177619 | – | – |
16Ainsi ce différentiel des carrières est-il à mettre sur le compte d’origines sociales divergentes, sur une appartenance autant déterminée par l’état professionnel que par la naissance, au point de justifier le déséquilibre des trajectoires au sein d’un même corps. Ce dernier a pour première vocation la reproduction des individus avant leur mobilité. Aussi proches qu’ils puissent être grâce à leur société, deux marchands comme Nau et Gleizes font aussi la démonstration des écarts qui les séparent.
17Pour autant leur commerce continuera de se tourner vers la Maison du roi, les courtisans et les régiments, c’est-à-dire de s’appuyer sur un support sous-jacent qu’est le réseau des fournitures à la Couronne. Pilier de la réussite marchande de la capitale, celui-ci est le pivot autour duquel tournent les renommées commerciales, de même qu’il génère le sentiment d’accéder au langage de la dignité et de l’État grâce au service rendu au roi. Cette proximité remonte à la fixation de la Cour à Paris sous Henri IV puis à Versailles en 1683, à l’extension que prend la monarchie au travers de ses différents départements (palais, armée, compagnies) qu’il faut pourvoir en biens de nécessité et de prestige21. Ce secteur économique conduit aux plus grandes fortunes négociantes de l’époque. La société Nau-Gleizes, d’un fonds de 333 500 livres en 1732, parvient dix ans plus tard à annoncer 989 000 livres d’excédent ce qui la place à égalité avec les fortunes aristocratiques22. Nul doute que ce soit dans ce secteur, de ce fait, que l’insertion est rendue la plus exigeante.
18C’est pourquoi ces trajectoires sont beaucoup plus encadrées qu’il n’y paraît au premier abord. Jean-Jacques Gleizes et Marc-Antoine Nau ne se déplacent pas dans un univers malléable, mais dans une structure englobante que représentent le fonctionnement corporatif et le droit commercial. La société Nau-Gleizes est installée au cœur d’un dispositif de renouvellement des élites drapières et de continuité des comptoirs. De lourdes formes de contrôle social se cachent derrière les contrats de société (rédigés généralement sous seing privé), qui souscrivent tout d’abord à une transmission exigeante au sein des familles, puis à une insertion très surveillée des hommes nouveaux à la recherche de parts, d’intéressements, d’une intégration accomplie. Le cas de la société Faré l’a déjà prouvé. Sinon impossible, il est très difficile de monter son propre commerce pour un arrivant. La plupart n’ont d’autre choix que de chercher la reprise d’une enseigne, et de s’y engager par la voie conjuguée de la formation, de la parenté, et de la participation financière. Dès lors toute intégration se réalise par une préparation en amont.
19Le cas se vérifie ici. Alors qu’il n’a pas encore été reçu marchand, Gleizes est marié en 1714 à une belle-sœur de son maître, Jean Perdrigeon, tout en contractant une société avec ce dernier. Interdit par les statuts de la corporation, qui interdisent à un marchand de s’associer à un extérieur, a fortiori à un apprenti, cet usage met le nouvel arrivant en mesure d’acheter une partie du fonds avec les intérêts dégagés, de renforcer ses capacités tout en attendant la « vacance » d’une maîtrise, ce qui peut se révéler long dans une corporation aussi restreinte que l’est la draperie. Reçu en 1718, Gleizes s’associe aussitôt à un agent des affaires du duc de Bouillon pour les fournitures de ce prince, grâce à 34 000 livres délaissées par Perdrigeon. La société est rompue en 1726. Mais bientôt se présente l’opportunité d’en fonder une autre.
20Le drapier Étienne Boucher songe à se retirer de son commerce, situé dans un haut lieu de l’exercice commercial qu’est le début de la rue Saint-Honoré, sous les Halles. La localisation répond à une très grande spécialisation de l’espace négociant à Paris. Elle le fait dans sa matérialité autant que dans sa capacité symbolique à représenter la perfection sociale par le lieu, la maison, l’enseigne. Le sort affecté à ce comptoir de la famille Boucher attire le regard par le volume de ses affaires comme par sa situation privilégiée dans la géographie marchande de la ville. Étienne Boucher associe alors en 1726 son fils à son ancien apprenti, Marc-Antoine Nau, avec l’intention déjà présente de permettre au fils de se retirer dans un délai raisonnable. C’est ce qui arrive dès 1732 lorsque Boucher-fils cède sa part à Nau, lui-même rejoint par Gleizes dans une nouvelle société dénommée « Nau & Gleizes ». Pas moins de 215 000 livres sont dues par les deux repreneurs pour l’achat du fonds23. Le fait qu’ils auront fini de payer cette somme en 1737 prouve l’extraordinaire rentabilité de ce type de commerce.
21Pourtant la transaction ne s’arrête pas là, et lance ses ramifications au-delà du simple passage d’une société (Boucher-Nau) à une autre (Nau-Gleizes). Quelques semaines après la vente du fonds, Boucher-fils qui est l’associé sortant épouse la fille du maître de Gleizes, Mlle Perdrigeon. Grâce à l’apport de la vente, d’un montant énorme, il peut contracter mariage et chercher à s’anoblir par achat d’une charge de secrétaire du roi24. Deux marchands assurent l’union de leurs deux enfants par mariage (Boucher et Perdrigeon) simultanément avec l’union de leurs deux successeurs par société (Nau et Gleizes).

Genèse de la société Nau-Gleizes de 1732.
22Cependant, Boucher-fils n’oublie pas de laisser dans la société qu’il quitte un capital de 100 000 livres, placé à 6 % quand le taux ordinaire est à 5, avec impossibilité pour les nouveaux associés de le lui racheter. S’y ajoute le loyer de son ancienne boutique porté à 6 000 livres. L’associé sortant de son commerce en tire donc un revenu de 12 000 livres par an, ce qui constitue pour l’anobli qu’il est devenu de confortables annuités de survie, et une rente qui le met en conformité avec les canons de la « vie noble ».
23Lorsque Gleizes décède en 1742, c’est alors l’occasion pour Marc-Antoine Nau de penser une nouvelle société, en y faisant entrer son fils Jean Nau et le gendre du défunt, Louis-Philippe Legras. Ce dernier est un homme nouveau tout comme l’était Gleizes son beau-père, fils de marchand orfèvre qui a effectué son apprentissage auprès d’un très gros drapier, le sieur Véron, qui lui a cédé une partie de son fonds pour 58 000 livres. Ainsi la nouvelle société est-elle composée de multiples patrimoines commerciaux, de provenances différentes, fondus en un seul comptoir25. Elle additionne les héritages de plusieurs grands noms de la corporation.

Genèse de la société Nau-Legras de 1744.
24Dissoute en 1750, la société permet à l’associé sortant qu’est Jean Nau de s’anoblir à son tour, par charge de secrétaire du roi, en vendant sa part à l’associé restant26. Le processus reste le même que celui dont a déjà bénéficié la famille Boucher vingt ans plus tôt. Legras insistera alors pour que Nau continue un temps de gérer avec lui leur ancienne entreprise, ce que celuici acceptera bien sûr contre possibilité de prélever annuellement jusqu’à 6000 livres dans la caisse, en avance de remboursements. Nau pourra librement examiner les livres à la fin de chaque mois tant que les deux hommes auront ensemble des affaires communes, de même qu’il pourra demander à Legras une reddition de compte dès qu’il le souhaitera. Ici aussi l’homme nouveau s’inféode à l’héritier.
25Toutefois le but de la société commerciale dépasse la mise en commun de capitaux. Son prolongement est une parenté commune capable de doubler les liens économiques par les liens du sang, capable d’ancrer une mobilité récente dans une collectivité de familles, de la réaliser par une identité partagée. Les associés créent par le cousinage un lien supplémentaire entre eux, un autre cadre de reconnaissance que la boutique. Dans la mesure où l’isolement est signe de faiblesse, d’inaccomplissement social, la réussite individuelle cherche toujours à multiplier les accroches, à s’inscrire dans une communauté aussi bien professionnelle que familiale. De la sorte les familles des deux associés, surtout après la mort de Gleizes en 1742 qui menace sa descendance d’un retour vers la bourgeoisie « nouvelle », multiplient les points de fixation entre elles afin de maintenir les Gleizes dans la notabilité.

Jonctions de parenté dans la société Nau-Gleizes.
26Une autre société de draperie, apparentée, fait la même démonstration d’une recherche de parenté commune en surplomb des accords commerciaux. Associés de 1694 à 1726, les marchands drapiers Marc Nau et Henri de Rosnel vont de la même manière boucler entre eux la chaîne des intérêts économiques par celle du cousinage. Leurs gendres servent pour cela d’intermédiaires.

Jonctions de parenté dans la société Nau-De Rosnel.
27La société devient de cette manière un maillon unificateur dans un entrelacs de familles progressivement alliées, reliées par une pluralité de contrats (sociétés, apprentissages, mariages…) au long desquels cheminent les patrimoines, les savoirs marchands, les accès aux charges publiques.
28Que se passe-t-il derrière ces schémas complexes ? Ceux-ci révèlent en réalité plusieurs points essentiels du fonctionnement marchand dans la capitale d’Ancien Régime.
- Il ne fait aucun doute que les hommes en place orchestrent leur départ et n’abandonnent pas leur corporation par cession aveugle des boutiques. Ceux-ci installent par leurs propres soins des hommes nouveaux pour leur succéder et assurer un renouvellement qualitatif de la corporation. Ils font en sorte de laisser derrière eux une puissance économique et élitaire au moins équivalente à la leur.
- La sortie des anciens marchands s’en trouve néanmoins soumise aux aptitudes de reprise et de paiement des marchands entrants, et n’est pas envisageable sans solvabilité solide et « construite » des repreneurs. Une continuité patrimoniale est nécessaire, produite par l’acte de société.
- De la sorte les sociétés nouvelles permettent de couvrir les clauses de mariage des familles anciennes, de garantir les dots par les intérêts et les acquittements étalés dans la durée. C’est-à-dire que l’échange social est double, puisque les aînés forment le crédit des cadets avant qu’en retour l’activité des cadets protège les stratégies d’ascension des aînés.
- Le respect d’un « temps marchand » est pour cela indispensable, à savoir celui de la formation, de l’instruction, mais surtout celui de la gestion des dettes et créances communes, du recouvrement. Les anoblis sont dans l’obligation de le respecter et de ne pouvoir rompre avec lui en dépit de leur changement d’état.
- Cette obligation est d’autant plus admise qu’elle prend place dans la parenté, en son sein, du fait que marchands entrants et sortants s’assemblent aussi par l’alliance et se réalisent socialement en elle. En plus d’une trame d’intérêts discontinus entre eux, les individus tissent un récit familial capable de parcourir le siècle conjointement avec la ville et ses différents quartiers marchands.
- Le terrain de la parenté bourgeoise n’est donc pas un terrain de parité, d’uniformité, mais un terrain d’expression de l’autorité appuyée sur la détention du patrimoine, comme dans la noblesse, terrain d’encadrement de la mobilité. S’il n’y a pas de figure tutélaire forte en dehors du cadre de la cellule domestique, la lacune est compensée par l’unification entre familles et la prise en main collective des destins individuels. Ainsi l’effort de mobilité dans le milieu marchand doit s’ajuster sur deux espaces, celui des logiques corporatives et celui des logiques familiales, interdépendantes.
29C’est la puissance de cette attache entre maîtres et apprentis, vendeurs et acheteurs, sur laquelle s’est construite la puissance de la corporation dans son ensemble, que la monarchie se risque précisément à combattre tout au long de la période. La force politique des grands corps marchands doit être canalisée. Leurs usages internes deviennent une cible. D’une part la mise en vente de lettres de maîtrise, à l’occasion de joyeux événements royaux, irrite les Six-Corps comme en 1672-1673, 1676, 1679-1680, encore en 1725 pour le mariage de Louis XV. C’est un moyen pour le roi de rompre la chaîne de l’apprentissage par laquelle la corporation exerce un contrôle social énorme27. D’autre part plusieurs édits, comme celui de février 1687, contraignent à faire basculer de force dans la draperie ceux qui en font plus ou moins irrégulièrement le commerce sans y avoir été reçus. Souvent les finances demandées vont au-delà des droits d’entrée habituels, de 6 000 à 8 000 livres. En raison de son endettement, la draperie est aussi obligée d’accepter à partir de 1694 les réceptions de nouveaux maîtres contre finances, en les exonérant de tout apprentissage, afin de rembourser les emprunts forcés auxquels elle a dû consentir pour l’effort de guerre28. Sur les cent trente-six réceptions de drapiers entre 1736 et 1775, pas moins de trente l’ont été par ce biais. Par ces formalités est à nouveau malmené le principe de surveillance et d’intégration graduelle avec lequel la corporation affirmait son autonomie. Enfin, dès 1716 est mise sur pied la révision des comptes des communautés de métiers, obligeant celles-ci à remettre leurs pièces comptables devant une commission extraordinaire du Conseil, ce à quoi s’opposera la draperie jusque dans les années 1740. Après cette date, la vérification de ses livres restera succincte29.
30L’écueil contre lequel bute la monarchie possède de multiples angles de résistance. Les corporations abritent des usages dotés d’une grande fermeté. Peut-être du fait que les processus de mobilité qui s’y développent s’inscrivent dans une autre logique que précapitaliste – grâce à laquelle la bourgeoisie est déclarée émergeante sous l’Ancien Régime – mais dans une logique proche de l’économie morale. Les actes marchands sont aussi un lieu d’expression éthique. Certes les étapes à franchir, au long desquelles le novice se connecte à ses aînés, placent souvent celui-ci en position de sujétion, que ce soit en tant qu’apprenti, débiteur, héritier, nouvel allié, etc. Cependant on voit bien les systèmes de réciprocité, d’accompagnement, de loyauté, de mutualisation entre associés, échapper au principe seul de monétarisation des liens. Un contrat moral défend la permanence de l’honneur derrière la circulation des fonds, telle que la rupture de la société Nau-Legras, en 1750, l’exprime dans l’une des stipulations :
« Ledit sieur Legras s’engage devant ledit sieur Nau à tenir les affaires de leur ancienne société dans le même ordre et la même règle où elles ont été tenues jusqu’à présent30. »
31Serment, parole donnée. Ici vendeur et acheteur soutiennent un même espace de valeur, qui les inclut l’un comme l’autre, anobli et roturier, reposant sur la réputation d’une boutique dont s’est nourrie celle de leurs patronymes et dont ils n’entendent pas s’écarter. Ils pensent encore leur crédit comme une distinction partagée. C’est cette permanence de l’engagement moral, assentiment aux règles comportementales du commerce, qui autorise Legras, repreneur et homme nouveau, à être élu garde de la draperie en 1752, puis grand garde en 1765, comme l’ont été avant lui les autres propriétaires de la boutique.
32Dès lors la transmission patrimoniale est aussi symbolique. Elle l’est à l’aide de la passation de l’honneur marchand. Elle l’est à l’aide des emblèmes du pouvoir urbain que sont l’enseigne, la localisation du commerce, la force patronymique, le souvenir des anciennes charges détenues, etc., tous à forte capacité identitaire et sans valeur économique tangible, immédiate. Ceux-ci entrent dans le régime des transmissions de la mémoire autour des chapelles, lieux de sépultures, reliques, vêtements ou ornements, dont use la bourgeoisie à l’égal de la noblesse pour amarrer la longévité familiale à celle de la ville tout entière31.
Conclusion
33Au niveau du grand négoce parisien, il ne fait aucun doute qu’on observe très peu de phénomènes dynastiques, au sens patrilinéaire du terme, ni de phénomènes individualistes hissant des self made men à la tête de leur communauté. Aucun de ces modèles n’aide à comprendre la façon dont se prolonge cette présence marchande dans la capitale, de la fin du XVIIe au XVIIIe siècles. Le seul moyen de la comprendre est d’envisager un effet d’enchaînement très fort entre incorporation et désincorporation à l’intérieur du corps de métier, entre mobilité entrante et mobilité sortante (c’està-dire entre accès à l’élite marchande et anoblissement), qui participent d’un même mouvement. L’agrégation des entrants au projet d’ascension des sortants, et réciproquement, créent un autre système de filiation et de continuité que purement agnatique, mais tout aussi structuré au moyen de l’achat des comptoirs, et à l’autre extrémité de l’achat des charges anoblissantes, entre lesquels les actes de société nouent les alliances financières aussi bien que matrimoniales.
34Interroger mobilité et transmission au sein du grand négoce parisien équivaut finalement à considérer la limite entre roture et noblesse, les modalités de passage de l’une à l’autre. Ici les individus doivent installer leur trajectoire dans l’étendue des mécanismes qui organisent la société urbaine dans son ensemble, depuis le sommet de l’artisanat jusqu’au second ordre, et se meuvent par conséquent dans un cycle qui les englobe à l’image d’une chaîne de relais, de crédit et d’alliance. Il n’est pas de rupture obligatoire du fait qu’un continuum social permet de relier dans la ville les catégories par une logique structurante, à la fois familiale et patrimoniale, autour du financement des commerces. Si la fuite bourgeoise est concevable vers la noblesse – sans reprendre le thème de la « trahison bourgeoise » –, c’est qu’en retour existe une forte mobilité intra-bourgeoise qui l’autorise, comme par un jeu de vases communicants.
35La mobilité des individus n’est alors rendue possible que par l’extraordinaire stabilité des structures sur lesquelles elle prend appui. Très limité est par exemple le nombre des grands comptoirs dans Paris, tous fixés pendant près de deux siècles dans d’étroits quartiers historiques et commerçants comme Saint-Honoré, Saint-Denis… En revanche, assez élevé est le nombre de parents, alliés, associés, qui ont finalement alterné à leur direction. La nature de ces structures est donc tout à la fois géographique (quartier, paroisse), corporative (statuts et usages des corps marchands), institutionnelle (juridiction consulaire, échevinage), parentélaire (famille élargie), contractuelle (traités notariés). Leur teneur ne subit que peu de modifications. C’est en leur sein que l’individu se déplace, qu’il cherche à évoluer. C’est par leur nombre que se manifeste la polyvalence du contrôle marchand. Dans leur pérennité est comprise l’expression intangible de la domination bourgeoise sur la ville, l’expression d’une vieille autonomie urbaine menacée par la monarchie des Bourbons. La municipalité tend à se transformer en institution royale au XVIIIe siècle32. La pression fiscale sur les Six-Corps se fait sentir à partir des années 1690, incroyablement violente durant la guerre de Succession d’Espagne. La mise sous tutelle des corporations séduit de plus en plus l’État à partir des années 1740. Il est certain que les formes étroites prises par le renouvellement d’une corporation comme la draperie doivent être regardées comme une réponse, certes sociale, à un rapport de force qui est aussi politique. Elles sont une résistance aux tentatives d’assimilation des hiérarchies urbaines, locales, dans les hiérarchies d’État, globales. C’est de cette façon que l’examen des pratiques économiques démontre, pour Paris, sa véritable pertinence.
Notes de bas de page
1 Le premier travail de ce genre, pour la France d’Ancien Régime, est probablement celui de Pierre Goubert, Familles marchandes sous l’Ancien Régime : les Danse et les Motte de Beauvais, Paris, SEVPEN, 1959. Ont suivi bien plus tard Steven L. Kaplan (Le meilleur pain du monde, les boulangers de Paris au XVIIIe siècle, Paris, Fayard, 1996), André Lespagnol (Messieurs de Saint-Malo, une élite négociante au temps de Louis XIV, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 1996), Gérard Gayot (Les draps de Sedan, 1646-1870, Paris, Éditions de l’EHESS, 1998), Alain Thillay (Le faubourg Saint-Antoine et ses “faux ouvriers”, la liberté du travail à Paris aux XVIIe et XVIIIe siècles, Seyssel, Champ Vallon, 2002), etc.
2 Peut-être cette opposition se lit le mieux dans deux ouvrages, très accomplis l’un et l’autre : celui de Serge Chassagne (Oberkampf, un entrepreneur capitaliste au siècle des Lumières, Paris, Aubier, 1980) et celui de Michel Zylberberg (Capitalisme et catholicisme dans la France moderne, la dynastie Le Couteulx, Paris, Publications de la Sorbonne, 2001).
3 Les antagonismes idéologiques sont les mêmes que ceux nourris par la sociologie des années 1960-1970, notamment par Pierre Bourdieu et Raymond Boudon.
4 L’étude de la formation marchande ou artisanale est un sujet en soi. Pour une introduction, voir Albert Soboul, « Les problèmes de l’apprentissage au XVIIIe siècle ; réalités sociales et nécessités économiques », Studi storici, V, 1964, p. 449-466 ; Steven L. Kaplan, « L’apprentissage au XVIIIe siècle : le cas de Paris », Revue d’histoire moderne et contemporaine, 40-3, 1993, p. 436-479.
5 Il n’existe pas à ce jour d’étude particulière sur les Six-Corps, juste qualifiés de « formes un peu exceptionnelles » par François Olivier-Martin dans son Organisation corporative de la France d’Ancien Régime, Paris, Librairie du Recueil Sirey, 1938, p. 122. Pour une approche, voir Léon Duru et Pierre Vidal, Histoire de la corporation des marchands merciers, grossiers, joailliers, le troisième des six corps des marchands de la ville de Paris, Paris, Honoré Champion, 1912 ; Joseph-Antoine Durbec, « Les Six Corps de marchands de Paris », Revue de la Chambre de commerce de Paris, oct. 1951, p. 614-629 ; déc. 1951, p. 781-791 ; févr. 1952, p. 156-177 ; oct. 1952, p. 573-594 ; avr. 1954, p. 257-280 ; mars 1954, p. 337-362 ; oct. 1954, p. 617-651 ; nov. 1955, p. 731-746 ; déc. 1955, p. 834-848 ; oct. 1956, p. 535-563.
6 Catherine Junges, Les échevins parisiens au XVIIIe siècle, thèse de l’École nationale des Chartes, 1996, p. 77-85.
7 Roland Mousnier, Les institutions de la France sous la monarchie absolue, 1598-1789, t. I : Société et état, Paris, Presses universitaires de France, 1974, p. 335-336, 363-364.
8 AN, Y 9321-9332, registres de réceptions dans les communautés d’arts et métiers parisiennes (1681-1684, 1688-1693, 1735-1776).
9 BN, Joly de Fleury, 1728, f° 31, cité par Alain Thillay, op. cit., p. 394.
10 Le cas est valable pour l’échevinage de Nantes. Guy Saupin, Nantes au XVIIe siècle. Vie politique et société urbaine, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 1993, p. 167-171, 247-254.
11 Steven L. Kaplan, « Idéologie, conflits et pratiques politiques dans les corporations parisiennes au XVIIIe siècle », Revue d’histoire moderne et contemporaine, 40-1, 2002, p. 5-55.
12 Philippe Minard, « Les corporations en France au XVIIIe siècle », Steven L. Kaplan et Philippe Minard (éd.), La France, malade du corporatisme ? XVIIIe-XXe siècles, Paris, Belin, 2004, p. 39-51.
13 AN, MC, XVI 601, 4 juin 1693, contrat d’apprentissage et alloué.
14 Essai sur l’almanach général d’indication d’adresse personnelle et domicile fixe des Six corps, arts et métiers, Paris, veuve Duchesne, 1769, s. p., « drapiers de la ville et faubourgs de paris ». Les noms de ces provinciaux se relèvent bien parmi les listes de reçus parisiens (AN, Y 9323-9332).
15 AN, MC, XVI 615, 29 mai 1700, acte de société Faré & compagnie.
16 AN, MC, XVI 616, 27 octobre 1700, contrat d’apprentissage de Jean Letellier.
17 AN, MC, XXVI 363, 1er septembre 1732, acte de société Nau-Gleizes.
18 AN, MC, XLI 465, 9 mars 1739, contrat d’apprentissage de François de Saint-Jean ; AN, Y 9324, 17 juillet 1739.
19 AN, MC, XLI 465, 28 avril 1739, contrat d’apprentissage de Jean-Médard Bourdon ; AN, Y 9237, 14 août 1754.
20 Bourdon ne sera en fait grand garde que quelques mois puisque c’est lui qui verra les scellés apposés sur le bureau de la draperie en mars 1776, après l’édit de suppression des corporations de Turgot.
21 Cet espace des rapports entre Cour et marchands est très peu étudié en tant que tel. Des éléments de réponse dans : Stéphane Castelluccio, Le garde-meuble de la Couronne et ses intendants, du XVIe au XVIIIe siècles, Paris, Éditions du CTHS, 2004.
22 AN, MC, LXXXV 492, 10 octobre 1742, compte de la société Nau-Gleizes.
23 AN, MC, XXVI 363, 1er septembre 1732, vente de fonds Étienne-Paul Boucher à Jean-Jacques Gleizes ; ibid., acte de société Nau-Gleizes.
24 AN, idem, 22 septembre 1732, mariage Boucher-Perdrigeon.
25 AN, MC, LXXXV 502, 23 juillet 1744, vente de fonds Marc-Antoine Nau à Jean Nau ; AN, idem, 30 juillet 1744, acte de société Nau-Legras.
26 AN, MC, XXIV 724, 11 février 1751, traité d’office de secrétaire du roi.
27 Hilton L. Root, The Fountain of Privilege : Political Foundations of Markets in Old Regime France and England, Berkeley, University of California Press, 1994, p. 121-127.
28 AN, E 630a, f° 60-61, arrêt du Conseil du 6 juillet 1694, répété le 18 avril 1758 (E 1330b, no 3).
29 AN, V7 428, jugements des comptes de la draperie, 1716-1788.
30 AN, MC, LXXVIII 712, 6 juillet 1750, dissolution de la société Nau-Legras.
31 Robert Descimon, « Don de transmission, indisponibilité et constitution des lignages au sein de la bourgeoisie parisienne du XVIIe siècle », Hypothèses 2006, travaux de l’école doctorale d’histoire, Paris, Publications de la Sorbonne, 2007, p. 413-422.
32 Laurence Croq, « La municipalité parisienne à l’épreuve des absolutismes : démantèlement d’une structure politique et création d’une administration, 1660-1789 », Laurence Croq (éd.), Le prince, la ville & le bourgeois, XIVe-XVIIIe siècles, Paris, Nolin, 2004, p. 175-201.
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