Les chemins de la mercerie, le renouvellement de la marchandise parisienne (années 1660-1760)
p. 87-122
Texte intégral
1L’étude du renouvellement d’un corps1 interroge traditionnellement la mobilité géographique, la mobilité professionnelle et sociale, révélant l’existence de quelques dynasties, d’un noyau toujours minoritaire d’héritiers et d’une majorité d’hommes nouveaux. Le regard porté sur les héritiers est ambivalent. Tantôt l’historiographie les magnifie comme les héros des success stories familiales, tantôt elle les stigmatise sous une figure archétypale, celle des privilégiés. Les officiers qui bénéficient de la patrimonialisation des charges depuis l’établissement de la paulette et les fils de maître dans l’artisanat et la marchandise sont assimilés aux dominants. Dotés a priori de tous les atouts par leur naissance mais ayant un mérite personnel restreint, les héritiers incarnent la fermeture de la société d’Ancien Régime. Dans le monde des corps et communautés de métiers, leur collusion avec les responsables corporatifs permet de limiter voire d’empêcher l’ascencion sociale des hommes nouveaux2. Le self made man incarne au contraire la résistance à l’oppression et l’ouverture dans une société bloquée3.
2Les recherches récentes ont montré que cette conception de la société d’Ancien Régime était caricaturale, en particulier que les corporations étaient beaucoup moins fermées que ce que les libéraux à l’image de Turgot le laissaient penser4, relativisant l’importance de la reproduction sociale sans pour autant nier son existence. La présente contribution, qui portera sur le renouvellement du corps de la mercerie parisienne5, s’inscrit dans leur perspective. Pourquoi les corporations étaient-elles moins fermées que ce qu’on a longtemps cru ? Les privilèges des fils de maître dans le cadre corporatif sont certes discriminants, mais ce sont des avantages qui ne sont rien en eux-mêmes. Hériter d’un statut confère un prestige et un crédit social indéniables, il permet d’être formé et reçu pour un coût moindre que les hommes nouveaux. Ces atouts qui sont des éléments du capital familial passif et actif ne sont mis à profit que par les acteurs qui en ont les capacités économiques et qui ont la volonté de rester dans le même corps que leur père. Par ailleurs, l’espace commercial n’est pas figé6. Peu de commerçants parisiens sont propriétaires de la maison où ils exercent leur commerce, ce phénomène ne concerne que quelques familles d’héritiers, et il est fréquent qu’un marchand déménage pendant sa vie active, même si c’est dans un périmètre assez étroit. Les commerces de mercerie sont des entreprises où l’enrichissement peut être très rapide, ce qui est reconnu par l’opinion publique7, mais l’appauvrissement l’est parfois tout autant, car ils sont particulièrement sensibles à la conjoncture économique8. La faiblesse de la reproduction dans la mercerie qui laisse le champ libre à ceux qui ont les moyens et la volonté de s’implanter est donc plus liée aux faillites qu’aux ascensions sociales. L’hypothèse de ce travail est que les contraintes économiques et sociales jouent un rôle au moins aussi important que les règlements corporatifs dans la fermeture de certains corps.
3La mercerie parisienne regroupe en fait six puis vingt branches commerciales, qui, dans les autres villes, sont dispersées9 ou bien réunies avec la draperie10 : marchands de soie (à différencier des fabricants de draps de soie et d’or), de toiles, de fer (quincailliers)11, de papeterie (à ne pas confondre avec les maîtres cartiers papetiers), de meubles, de tableaux (dans la première moitié du XVIIIe siècle surtout12) et d’autres objets d’art… La mercerie tient dans l’ensemble des corps et communautés parisiens une place à la fois banale et particulière. Elle est un des Six-Corps, avec les drapiers, épiciers, bonnetiers, orfèvres et pelletiers, elle fait donc partie des corps qui ont accès aux lieux de pouvoir urbains (échevinage, consulat, fabriques paroissiales), comme c’est le cas dans de nombreuses villes françaises et d’Europe – Londres (la mercerie est une des Livery companies), Coventry13.
4La mercerie parisienne est aussi un groupe original, par la grande diversité des fortunes de ses membres, mais surtout par la divergence des approches historiographiques qu’elle a suscitées. Tantôt, elle est valorisée comme un lieu d’innovation extraordinaire14, tantôt elle est critiquée pour ses prétentions insupportables. Sa fréquente implication dans les conflits intercorporatifs amène même Steven Kaplan à dénoncer « the extravagance of their corporate pretensions », son « hubris », ses « corporate egotism and imperialism » qui veillent jalousement sur ses droits au détriment des communautés artisanales surtout15. La mercerie incarnerait la fermeture et l’agressivité du système corporatif.
5Ces deux regards reprennent les jugements divergents des contemporains. Les œuvres de Savary vantent la mercerie comme l’élite corporative. À l’envers, Jean-François Melon puis l’Encyclopédie diffusent une expression qui résume lapidairement les activités des merciers, « vendeurs de tout, faiseurs de rien » (alors que Furetière précisait qu’ils ne devaient « faire aucun ouvrage de leur main, si ce n’est pour enjoliver les marchandises qu’ils vendent16 » et que le dictionnaire de l’Académie française a une définition neutre). Or la dévalorisation des pratiques professionnelles et politiques de la mercerie est recevable à l’aune des valeurs sociales modernes, mais ne l’est pas en regard des valeurs traditionnelles de la bourgeoisie parisienne qui dominent jusqu’en 1789 (voir mon introduction). Par ailleurs, la société d’Ancien Régime est reconnue comme particulièrement procédurière, les procès entre voisins, entre parents sont monnaie courante, pourquoi les corps et communautés se distingueraient-ils ?
6Indépendamment de ces débats, la mercerie est un corps original par les variations du nombre de ses membres qui montrent d’emblée que le corps n’est pas aussi fermé qu’on pourrait le supposer : de fait, en 1776, quand Turgot supprime les corps, un factum des six-corps justifie son existence en arguant de la ruine prévisible des jeunes entrepreneurs qui ont lancé leur commerce grâce au crédit mais aussi de l’ouverture de la mercerie dont les effectifs ont augmenté d’un tiers depuis le milieu du XVIIIe siècle (voir tableau 1).
Tableau 1. – Le nombre des marchands merciers. 1718
Année | Nombre de marchands merciers17 |
1642 | 2400-2500 |
Vers 1690 | 411218 |
1725-1726 | 2167 |
1754 | 2184 |
1775 | 3207 |
7Pourquoi devient-on mercier ? Quels moyens peut-on et doit-on mobiliser pour cela ? Dans quelle mesure et comment la structure corporative de la mercerie intervient-elle dans le contrôle du renouvellement de ses membres ? Quels autres mécanismes, communs à toutes les périodes (crédit, conjoncture économique), jouent un rôle ? Quelle est la part des uns et des autres ?
8Les sources utilisées pour reconstituer les parcours19 sont traditionnelles : contrats d’apprentissages (très laconiques), contrats de mariage, inventaires après décès, auxquels s’ajoutent les listes de réception de 1735 à 1776 qui distinguent à Paris, comme ailleurs (Dijon20), et dans la très grande majorité des cas, les fils de maître21 et les individus reçus par suffisance (auxquels j’ai assimilé les cas exceptionnels de marchands reçus comme apprentis – sic –, en vertu d’arrêts du conseil ou par leur mariage avec une fille de marchand). Il est très rare d’avoir l’acte de baptême, le contrat d’apprentissage, la date de réception dans la mercerie, le contrat de mariage et l’inventaire après décès d’un homme ; les conditions précises d’établissement sont rarement documentées. Il n’est pas toujours possible de savoir quel produit commercialise tel mercier, si le « marchand joaillier » est un orfèvre ou un mercier, si le marchand papetier est un mercier ou un cartier (donc un fabricant). Les qualités sociales sont souvent vagues (« marchand », « bourgeois de Paris », « marchand bourgeois de Paris », « négociant » à partir des années 1760). On ne découvre pas forcément l’appartenance corporative précise des ascendants et des collatéraux, ce qui rend difficile l’étude de la reproduction corporative, surtout avant 1735. L’identification des individus repérés dans les actes notariés et dans les listes de réception est parfois difficile, les prénoms peuvent être erronés ou incomplets22, les homonymes sont nombreux (plusieurs Nicolas Rousseau, Pierre Boulanger).
9Autant dire que malgré le croisement inlassable des sources, la reconstitution des parcours géographiques, professionnels et familiaux laisse souvent dans l’ombre des pans entiers de l’existence des individus. La mercerie est un corps plus ouvert que les autres, reste à savoir qui peut y accéder et par quels chemins, sans oublier ceux qui y ont vainement prétendu.
Un corps prestigieux mais ouvert
Les fils de maître et les autres
10Le nombre des réceptions est, de 1736 à 1775, en moyenne de 98 par an (voir annexe A). Il plafonne autour de 80-83 de 1736 à 1755, il atteint la moyenne dans la décennie 1756-65 (exactement 99), son maximum (131) entre 1766 et 1775. La part des fils de maîtres oscille pendant les quarante années entre 20 et 25 %. L’ensemble des merciers profite de l’embellie et probablement de l’essor du crédit après la fin de la guerre de Sept Ans, mais numériquement ce sont surtout les hommes nouveaux.
11Le nombre des fils de maîtres reçus avant 1750 est en moyenne de 18 par an, il passe ensuite à23 Les fils de maîtres semblent moins touchés par les périodes de crise, leur part monte alors à plus de 30 % des nouveaux maîtres (ainsi en 1744 et 1747, les fils de maîtres représentent un tiers des merciers reçus, soit respectivement 14 sur 43 et 20 sur 60). Sont compris dans ces chiffres les fils de maîtres nés après la réception de leur père, ce qui distingue les merciers des autres corps24 : Dominique Sprote est maître tailleur d’habits en 1714, il est naturalisé en 1715, devient mercier en 1720 ; son fils Louis Dominique né en 1714 est reçu mercier comme fils de maître en 1738, son fils cadet l’est de même en 174025. En revanche, quand le père n’a pas renoncé à sa première appartenance corporative, il semble que le fils soit reçu par suffisance : c’est le cas de François-Charles Darnault né en 1718 qui devient mercier en 1745 par suffisance, alors que son père François Darnault miroitier depuis 1715 est entré dans la mercerie en 1737 et est membre des deux corps.
12La comparaison de ces données avec les calculs faits par Steven Kaplan pour l’ensemble des corps et communautés montre que la reproduction corporative dans la mercerie est faible, globalement et dans le détail puisque de 1736 à 1775, 32,1 % des nouveaux boulangers sont des fils de maître (les taux sont de 34 % chez les orfèvres entre 1727 et 1776, 34 % chez les serruriers entre 1742 et 1776, 43,5 % chez les bouchers entre 1736 et 1776). Mais l’ouverture aux hommes nouveaux dans la seconde moitié du XVIIIe siècle est commune à la boulangerie et la mercerie. Dans la première, « presque un nouveau maître sur deux était fils de maître » entre 1736 et 1757, puis, entre 1758 et la réforme de Turgot, un cinquième des arrivants étaient des fils de maîtres25. Dans la mercerie, le décollage est légèrement plus tardif : la moyenne annuelle des merciers reçus par suffisance est de 62 jusqu’en 1763, elle monte ensuite brutalement pour les douze dernières années à 103 (1 241 individus sont reçus pendant cette période, soit la moitié de l’ensemble des merciers reçus par suffisance pendant les quatre décennies 1736-1775).
13La corporation contingente-t-elle le nombre annuel de nouveaux maîtres, sur quelle base, existe-t-il des quotas ? Rapporte-t-elle le nombre d’apprentis à celui des nouveaux maîtres ? Ou bien laisse-t-elle faire les lois du marché ? parce que le nombre de réceptions par an est le seul élément sur lequel elle puisse jouer (elle ne peut contrôler les emplacements commerciaux, les modalités de cession des entreprises).
Mobilité professionnelle, mobilité sociale
14Le corps de la mercerie est donc plutôt plus ouvert que les autres corps et communautés parisiens, mais à qui ?
15Les dimensions économique et professionnelle du renouvellement des corps de métiers sont abordées traditionnellement à trois niveaux : la position dans le processus de production, le métier et le secteur d’activité (métiers du fer, du textile…).
16Dès le XVIIe siècle, la mercerie accueille des individus issus à la fois des élites rurales et des villes de province, et de l’élite artisanale et du monde des petits marchands parisiens26, mais très peu d’individus venus des milieux salariés. La pauvreté bien connue de certains merciers ne doit pas laisser penser que le corps accepte de recevoir par suffisance des individus qui vont vendre à l’étalage : les merciers qui n’ont pas de boutique sont ou bien des fils de maîtres, ou de vieux merciers (ou les deux), ou bien des veuves. Jean-Baptiste Tirard a dû être reçu mercier en 1735, la même année que son mariage ; lors du décès de son épouse en 1742, il possède 34 livres 10 sols de marchandises, il n’a pas de boutique ; en 1772, il a 68 ans, il porte plainte contre un vol de montre fait à son étalage quai de l’infante27. Claude Blanchin qui fait une déclaration en juillet 1756 alors qu’il a un étal sur le pont Neuf, à l’enseigne de la Grâce de Dieu, a été reçu marchand mercier un an auparavant comme fils de maître28. Parmi les dix membres de la mercerie qui tiennent des échoppes sur le quai de l’École en 1783 (sur un total de 44 artisans et marchands), il y a quatre veuves29. La mercerie respecte donc ses statuts qui réservent l’accès du corps à ceux qui peuvent s’établir en boutique30, sauf pour les fils de maîtres qui ont le droit de vendre à l’étalage.
17Le passage du salariat à la mercerie est très rare, en revanche, plus de la moitié des pères des nouveaux merciers étaient marchands (ou présentés comme tels par leurs fils) : ainsi, François et Jacques Boutet sont les fils d’un marchand bourgeois de Tours31. On pourrait y ajouter ceux qui exercent partiellement une activité commerciale, comme les bons laboureurs qui sont intégrés dans le marché du blé, mais aussi les hommes issus de professions dont les compétences sont proches de celles requises pour tenir un commerce. Ainsi, plusieurs des maîtres écrivains identifiés par Christine Métayer32 sont devenus des marchands merciers : Guillaume Jacques Lespart fils d’un maître écrivain, maître écrivain lui-même en 1739, entré en apprentissage en 1741 à 26 ans, devient marchand en 1750 ; Jean-François Grivel, né vers 1726 d’un tailleur d’habits, maître écrivain en 1742, apprenti mercier en 1751, est reçu marchand en 1752 ; Siméon Nazaire Michel écrivain en 1736 devient mercier en 1759. Robert Étienne Martin de la Martiniere écrivain sous les charniers reçu marchand en 175433 semble même avoir fait fructifier son commerce puisqu’il est élu marguillier de Saint-Louis en l’Île en 1770.
18Les produits vendus par certains merciers témoignent d’une continuité professionnelle plus précise par rapport à une tradition familiale provinciale ou parisienne. Jacques Montgolfier, fils de Raymond marchand papetier à Davezieux est reçu mercier en 1743, il s’établit comme papetier en gros34. Charles François Delobel qui est marchand de fer est le fils de Nicolas, serrurier dessinateur ordinaire du roi (le créateur des balcons en fer forgé de la cour de marbre à Versailles)35. Mais ces filiations apparaissent surtout dans le secteur du textile dont les acteurs relèvent de plusieurs groupes : marchands forains de toiles, marchands lingers du roi, époux de marchandes lingères aussi, qui se présentent bien souvent comme « marchand bourgeois de Paris ». Ces proximités ont des conséquences sur la circulation des fonds de commerce. Gersaint s’établit dès 1718 sur le Petit Pont, Au grand monarque, en reprenant le bail, le stock de marchandises et la clientèle du maître peintre Antoine Dieu36. Un mercier peut aussi s’établir en reprenant la boutique et les marchandises d’une lingère et de son époux37. Un drapier peut vendre son fonds à un mercier38, un mercier à une fille de mercier, peut-être marchande lingère39. Cette contiguïté de la mercerie avec plusieurs communautés urbaines est probablement une des raisons pour lesquelles elle multiplie les procès : les délimitations de champs de compétence sont fréquentes étant donné la grande variété des produits vendus par les merciers. Il n’est d’ailleurs pas toujours facile de savoir avec quel statut tel commerçant tient boutique, certains prennent la qualité de mercier (ou de mercière) même s’il ne s’agit pas d’une qualité personnelle. Dans le contrat de mariage de leurs enfants respectifs, Jean Bricard se présente comme « marchand linger », Henri Mareschal se dit « marchand mercier » alors que ce sont leurs épouses, marchandes lingères, qui ont le droit de tenir boutique40. Jacques-Martin Tempe se présente comme « marchand mercier » quand il renonce en août 1751 à la qualité de passementier boutonnier41, pourtant son nom ne figure pas sur les listes de réception ; en fait, il a épousé Catherine Carreau, veuve du mercier François René Chahau, c’est par l’intermédiaire du droit de son épouse à exercer le commerce qu’il peut se prétendre mercier, mais il ne s’agit pas d’un attribut personnel42.
19Il n’empêche que nombre de pionniers de la mercerie sont issus d’une famille dont l’activité n’a pas de rapport avec les produits qu’ils vendent. Antoine-Mathurin Prudhomme est le fils d’un maître pâtissier parisien43, Louis Boisson celui du meunier du moulin de Charantonneau44, Claude Nicolas Cochu apprenti en 1761 reçu en 1772 celui d’un marchand boucher du Bourget45. Les continuités fonctionnelles sont donc loin de pouvoir expliquer tous les parcours.
20Une partie d’entre eux ne prend sens que si l’on prend en compte la grille de lecture sociopolitique de la bourgeoisie parisienne46. Les enfants des élites rurales, procureurs fiscaux et receveurs de seigneurie d’Île-de-France et d’ailleurs47, et des marchands bourgeois des villes de province comme Lyon, Troyes ou Amiens, entrent dans la mercerie parisienne pour acquérir une position sociale qui les situent dans le même groupe que leurs pères et frères, celui des notables. Ce projet d’intégration à l’élite bourgeoise de la capitale implique de renoncer à la reproduction des activités familiales si les deux sont incompatibles : les marchands de grains (métier libre dans la continuité des activités des gros laboureurs) peuvent au mieux être marguilliers de Saint-Gervais, ils n’ont pas accès au XVIIIe siècle aux autres lieux de pouvoir urbains. Ce type de mobilité sociale horizontale est repérable dans d’autres corps et d’autres villes comme à Lyon48. La mobilisation de cette grille de lecture sociopolitique amène aussi à considérer les trajectoires des artisans et petits entrepreneurs de services qui accèdent à la mercerie comme des parcours d’ascension sociale puisqu’ils quittent le milieu des mécaniques pour intégrer un corps dont l’appartenance leur permettra peut-être d’accéder à une charge de marguillier, et de façon exceptionnelle aux charges de gardes de la mercerie et à l’échevinage.
21Cette étude globale des origines des merciers supprime la dimension temporelle des trajectoires qu’il convient maintenant de restituer.
Quels parcours ?
22L’accès à la mercerie est en théorie réservé aux fils de maître dispensés d’apprentissage et aux individus qui ont été apprentis pendant trois ans, puis commis de magasin pendant la même durée. Les uns et les autres sont reçus dans le corps moyennant le paiement d’une taxe plus ou moins élevée et leur établissement dans une boutique garnie de marchandises. Chaque maître ne peut prendre qu’un seul apprenti à la fois.
23La réglementation est-elle appliquée à la lettre ? On a vu ce qu’il en était pour l’établissement en boutique. Pour l’apprentissage, la mercerie mène manifestement une politique différente de celle de l’imprimerie et de l’orfèvrerie qui ont argué de l’appauvrissement des membres de leur corps pour restreindre drastiquement le recrutement de leurs corps. Les termes du conflit entre les marchands en gros – qui contrôlent le corps – et les vendeurs de menue mercerie dans les années 1680 laissent même penser que les gardes, non seulement ne veillent guère à un respect étroit des règles corporatives, mais les transgressent. Les merciers détaillants s’insurgent en effet que les gardes aient « reçu à la maitrise & état de marchand, un très grand nombre de la Ville & faubourg de Paris, moyennant des sommes considérables d’argent » sans que ces nouveaux merciers aient effectué leurs six années de formation. Ils souhaitent aussi que les gardes déléguent de nouveau à six petits gardes la police de la menue mercerie, ce que les gardes refusent car les anciens petits gardes faisaient de trop fréquentes saisies : les gardes de la mercerie disent vouloir « éviter de plus grands désordres », « les procès qui seraient à la charge et au bureau et au public », ils présentent les petits merciers comme des « gens turbulents et passionnés [qui] voudraient que tous les jours on fit des procès49 ». Les intérêts des marchands en gros et des détaillants sont donc différents, mais à Paris, contrairement à Amiens, les uns et les autres resteront dans le même corps jusqu’à la Révolution. Ce sont les grossistes qui imposent leurs conceptions assez souples de la réglementation50 et ce encore au milieu du XVIIIe siècle. Joseph Wariche serrurier (illettré) et son épouse Louise Dailly ont acheté des toiles à deux marchandes lingères et à dix merciers, et en ont fait le commerce. Ils n’ont pu honorer leurs dettes, et leurs créanciers se sont rendu compte qu’ils vendaient leurs marchandises sans en avoir le droit. Les dettes passives du couple Wariche se montent à 10 575 livres 6 sols 3 deniers, leur actif est de 12 100 livres. Les créanciers contraignent le couple à faire recevoir mercier son fils François Joseph moyennant 1 100 livres, à s’associer avec lui dans une société dont le fonds sera de 11 000 livres, puis ils leur accordent un délai de 5 ans et demi pour solder les dettes51 !
24En fait, l’accès à la mercerie n’est pas réservé aux fils de maître et aux jeunes issus de l’apprentissage, car nombre de maîtres qui sont des hommes mûrs sont reçus directement sans apprentissage.
Tableau 2. – L’âge des merciers au moment de leur réception.
Tous merciers reçus PS et assimilés52 | Dont merciers reçus PS après un apprentissage connu | Merciers reçus FM | |
Âges mini-maxi | 17-54 ans | 17-38 ans | 14-39 ans |
Jusqu’à 19 ans inclus | 5 | 2 | 5 |
20-24 ans | 19 | 6 | 17 |
25-29 ans | 51 | 20 | 17 |
30-34 ans | 23 | 11 | 4 |
35-39 ans | 15 | 3 | 3 |
40 ans et plus | 11 | ||
Total | 124 | 42 | 46 |
Moyenne | 29,5 ans | 28 ans | 25 ans |
Une première barrière : l’apprentissage53
25La grande majorité des apprentis sont mineurs quand ils commencent leur apprentissage. Rares sont les jeunes adultes qui deviennent apprentis après avoir reçu une formation dans un autre cadre ou qui ont exercé une activité salariée. Parmi eux, on compte deux écrivains jurés (Grivel et Lespart, déjà cités), un maître d’hôtel au service d’un trésorier de l’ordre de Malte54, un « fermier de la ville de Paris » (propriétaire-exploitant d’un bateau-lavoir)55, un négociant de Londres56 et un garçon de boutique57, auxquels s’ajoutent des « bourgeois de Paris » majeurs qui ont sans doute été salariés58.
26Les freins à l’accès à l’apprentissage sont surtout économiques. Même si l’apprentissage est conclu « sans aucuns deniers déboursés », la personne qui place le jeune homme en apprentissage certifie qu’elle le vêtira à ses frais conformément à son état. Or le placement a lieu à un âge où bien des jeunes gens gagnent déjà leur vie. Quasiment tous ces apprentis savent signer, certains ont déjà de belles signatures, indices du soin qui a été apporté à leur première éducation. Les parents d’un apprenti mercier lui fournissent donc un minimum de capital économique et culturel.
27Le coût des apprentissages varie selon les liens familiaux qui unissent le maître et le jeune homme, la taille de l’entreprise, le niveau de qualification de l’apprenti et la fortune de ses parents. Il peut être gratuit, descend rarement au-dessous de 300 livres, ne dépasse guère les 1 200 livres. Il n’y a pas de lien entre ce prix et la probabilité d’être reçu.
Tableau 3. – Le prix de l’apprentissage payé par ceux qui seront reçus (1680-1770).
Périodes des apprentissages | 1680-1710 | 1711-1728 | 1729-1750 | 1751-1770 | Nombre d’apprentissages |
Gratuit | 2 | 10 | 11 | 21 | 44 |
90-250 livres | 1 | 2 | 3 | ||
300-400 livres | 4 | 4 | 5 | 2 | 15 |
500-600 livres | 4 | 3 | 5 | 12 | |
750-900 livres | 1 | 1 | 4 | 6 | |
1000-1200 livres | 1 | 2 | 5 | 8 | |
1600 livres | 1 | 1 | |||
Total | 7 | 20 | 25 | 37 | 89 |
28Environ la moitié de ceux qui seront reçus paient leur apprentissage. Comment les relations entre le marchand et les parents ou le tuteur de son apprenti se sont-elles créées ? Les liens entre l’apprenti et son maître sont souvent difficiles à déceler, étant donné la briéveté des contrats d’apprentissage. Différents réseaux géographiques et familiaux sont bien sûr mobilisés. Sébastien Millet, fils d’un notaire de Beauvais, marié en 1711, prend en apprentissage en 1739 François Lemercier, fils d’un marchand bourgeois de Beauvais qui sera reçu en 174559, moyennant 1 600 livres. Mais la plupart du temps, on ignore comment les liens se sont construits.
Tableau 4. – Apprentissages et réceptions.
Périodes des apprentissages | Nombre de contrats d’apprentissage (chiffres non exhaustifs) | Apprentis merciers reçus avec certitude (minimum) | |
1680-1765 | 394 | 95 | 24,11 %60 |
1736-1766 | 233 | 74 | 31,76 % |
1751 | 79 | 24 | |
1761 | 69 | 19 | |
1751 et 1761 | 148 | 43 | 29,05 % |
Tableau 4 bis. – Délais entre apprentissage et réception.
Décennie | Nombre d’apprentis | Délai moyen entre apprentissage et réception |
1720 | 3 | 8 années |
1730 | 5 | 11 années |
1740 | 13 | 8 années |
1750 | 30 | 9 années |
1760 | 21 | 6 années |
29Un petit tiers des apprentis sont reçus maîtres, certains quelques mois après la conclusion de leur contrat, d’autres une dizaine d’années plus tard (voir tableau 4 bis). Il est probable, en tout cas à la fin du XVIIe siècle, qu’une partie des apprentis ne souhaitaient pas s’établir à Paris, mais complétaient leur formation avant de retourner dans leur ville natale (il en est de même dans la draperie, voir la contribution de Mathieu Marraud). Mais la faiblesse du nombre des apprentis qui deviennent maîtres montre que l’apprentissage n’est pas l’élément le plus contraignant du dispositif limitant l’accès à la mercerie et invite à interroger les blocages économiques que représentent le prix de la réception et de l’établissement.
Réception et établissement des jeunes hommes, le problème du crédit
30À cet égard, les fils de maître, déjà dispensés du prix de l’apprentissage, sont encore avantagés.
31Le coût de la réception d’un héritier est deux fois moins élevé que celui d’un homme nouveau, sauf si ce dernier épouse une fille de marchand (voir annexe B). Ces sommes doivent être comparées aux 3 000 livres de réception d’un drapier fils de marchand61.
32La mercerie contingente-t-elle le nombre de réceptions ? L’importance des variations annuelles et la coïncidence entre la réception et l’établissement (voire le mariage) laissent penser que le corps laisse faire le marché dont les contraintes sont autrement fortes. Car s’établir suppose de pouvoir ouvrir une boutique et de la garnir de marchandises, donc de trouver un local disponible que le propriétaire consent à louer, de pouvoir payer le prix du bail et les marchandises. Le problème de l’établissement est donc celui du crédit, au sens large de la confiance des acteurs envers le jeune homme et sa famille, au sens étroit de sa capacité à emprunter.
33À cet égard, les fils de maître bénéficient d’un avantage décisif. Comme dans tous les corps, une partie d’entre eux s’associent à leur père ou mère ou bien héritent directement de l’entreprise parentale, c’est-à-dire de la boutique, des ustensiles de commerce et des marchandises. Ceux qui en profitent sont intégrés directement dans l’espace commercial parisien et dans le réseau de crédit. Même ceux qui ne disposent que d’un petit capital économique, parce que leur père n’a pas fait de bonnes affaires à moins qu’ils ne soient fâchés62, s’établissent plus facilement que les hommes nouveaux. Thomas-François Ruel marchand mercier est reçu comme fils de maître le 27 février 1744. Quelques mois plus tard, il propose aux créanciers de Révérend et Garnison de s’associer avec Denis Houppin pour acquérir le fonds des faillis et reprendre le bail pour le temps qui reste à expirer, ce qui est accepté63. Son associé est reçu par suffisance le 2 septembre suivant. En août 1745, Ruel épouse la fille d’un orfèvre dont la dot est maigre (1 500 livres), il lui accorde un douaire de 1 000 livres de capital, ces chiffres le situent parmi les merciers les plus pauvres (la dot est inférieure à 3 000 livres). En novembre 1746, les deux associés empruntent pourtant 20 000 livres à l’oncle maternel de Ruel. Quand l’épouse de Ruel meurt en 1755, il habite en dehors des quartiers marchands rue et paroisse La Madeleine en la Ville l’Évêque, il est salarié depuis peu comme garde-magasin de la manufacture de savon du faubourg Saint-Honoré.
34Hoffman, Postel-Vinay et Rosenthal ont remarqué la sous-représentation des artisans et journaliers dans le marché notarial du crédit : entre 1730 et 1788, ils ne représentent que 10 % des emprunteurs, ils « n’ont souvent pas les garanties (immobilières) nécessaires pour emprunter à long terme64 ». Le fossé économique entre les artisans et le salariat d’une part, les marchands de l’autre est donc resté un phénomène majeur, le monde artisanal est moins fortuné globalement que le monde marchand. L’existence de cette frontière invisible entre les hommes intégrés dans les réseaux de crédit et ceux qui en sont exclus apparaît dans les cautions qui sont demandées à certains jeunes merciers au moment de leur établissement, pour pouvoir louer une boutique65 ou racheter un fonds de commerce (voir annexe C)66. De même, les marchands faillis qui ont perdu leur crédit doivent trouver une caution pour pouvoir signer une transaction avec leurs créanciers (et parfois conserver ou recouvrer leur liberté)67. En Angleterre, l’accès au crédit est apparemment moins fermé car dès le XVIIe siècle, des testataires laissent des fonds qui seront prêtés à des marchands pauvres68, et des organismes charitables liés aux corporations prêtent parfois de l’argent sans intérêt à des jeunes gens désireux de s’établir69.
35Le cas de Jean-Baptiste Réveillon révèle en tout cas les raisons de l’impossible établissement des enfants de salariés et petits artisans dont les parents ont tout juste pu leur offrir une éducation et un apprentissage. Le père de Réveillon est un « bourgeois de Paris », il n’a pas transmis d’héritage à son fils. Réveillon a apparemment épargné, avant 1753, 2000 livres qui servent à payer une partie du fonds de commerce de François Maroy, papetier failli. Mais Maroy aurait-il choisi cet acquéreur si René Dehargne, gros marchand mercier sans lien de parenté avec Réveillon, ne s’était pas porté caution pour le paiement des 2 868 livres qui restent dûs ? Or ce type de caution par une personne extérieure à la parenté est exceptionnel. L’accumulation d’un capital par le travail est possible, mais le passage du salariat à l’indépendance économique est très difficile. L’intégration des anciens salariés dans les réseaux de crédit est limitée par l’absence de caution ou de bien immobilier. Pour pouvoir emprunter, il faut peut-être pouvoir prêter, c’est-à-dire entrer dans une relation réciproque avec les autres acteurs.
36Le scénario d’ascencion sociale proposé par Roland Mousnier pour les salariés des villes et des campagnes70 semble donc peu opérationnel :
« Les manouvriers et les compagnons ne parviennent à franchir leur goulot d’étranglement que par la multiplicité des occupations, étant à la fois ouvrier de culture, charretier à leur compte faisant des charrois pour autrui, fermier de péage ou de taxe, ce qui permet d’amasser des écus et d’autre part constitue une première insertion dans les structures de l’entreprise et dans celles du pouvoir. Il devient possible d’acquérir de la terre et surtout les trains d’attelage et les charrues qui permettent de devenir fermier laboureur, et de passer dans le statut social d’entrepreneur. »
37Le journalier ordinaire n’a ni charrette ni animaux de trait, il ne prélèvera pas d’impôts pour le seigneur, s’il peut accumuler un capital par son surtravail, il l’investira dans une maison, en tout cas, ce capital sera largement insuffisant pour passer dans le groupe des laboureurs71. À la ville, le passage direct du salariat vers le petit patronat est aussi très difficile72.
38Cette difficulté d’accès au crédit des jeunes hommes issus du monde des métiers et du salariat explique peut-être que nombre d’artisans le contournent en devenant merciers à l’âge de la maturité et en transgressant les règlements corporatifs.
Des artisans matures (plus de trente-cinq ans)
39Le problème de l’installation ne se pose pas pour les hommes déjà établis avec femmes et enfants, boutique, intégrés dans les réseaux de crédit, même pour de faibles sommes. Le coût de la maîtrise est sans doute plus élevé que pour ceux qui sont passés par la voie de l’apprentissage, il doit être autour de 1 500 livres73.
40Les hommes qui passent ainsi de l’artisanat à la mercerie (ou qui cumulent les deux appartenances) sont pour beaucoup issus des corporations du luxe identifiées par Steven Kaplan (voir annexe D). Ce type d’accès est sans doute plus ou moins volontaire : l’entrée massive de marchands peaussiers entre mars 1764 et mars 1765 laisse penser à une intégration contrainte, peut-être à la suite d’un procès collectif.
41L’accès à la mercerie d’hommes mûrs peut aussi relever de deux types différents d’intégration. Certains, tel Noël Gérard, renoncent à leur ancienne appartenance corporative en entrant dans la mercerie : Gérard, qui était ébéniste, a repris le Magasin Général de l’hôtel Jabach en 1725 un an avant de devenir mercier74. D’autres cumulent manifestement les deux appartenances, même si c’est interdit par les règlements de toutes les corporations. C’est le cas de Jean-Baptiste et Pierre-Louis Crépy, graveurs imagiers comme leur père, reçus merciers respectivement en 1767 et en 176975.
42Les univers corporatifs de l’artisanat et de la marchandise ne sont pas clos, car il existe des zones mixtes (quand les appartenances corporatives sont cumulées) et une circulation de l’artisanat vers la marchandise.
43Quelle est la part des fils de maîtres, des anciens apprentis et des hommes mûrs dans le renouvellement annuel de la mercerie ?
Tableau 5. – Les fils de maîtres, les anciens apprentis et les hommes mûrs.
Statistiques de réception des marchands merciers (moyenne annuelle) | Total des merciers reçus | Merciers FM | Merciers PS et assimilés | Part possible des anciens apprentis76 | Part possible des hommes mûrs |
Moyenne annuelle 1746-1755 | 83 | 20 | 63 | 24 | 39 |
Moyenne annuelle 1756-1765 | 99 | 24 | 75 | 19 | 56 |
Moyenne annuelle 1746-1765 | 91 | 22 | 69 | 21,5 | 47,5 |
44En considérant que chaque année une vingtaine d’anciens apprentis sont reçus, indépendamment de la date de leur apprentissage, on constate que cette voie représente un quart du renouvellement à l’égal de la reproduction par héritage paternel. Donc environ la moitié des nouveaux merciers sont des hommes mûrs au milieu du XVIIIe siècle. Issus de l’artisanat, ils ont contourné les obstacles économiques, ce qui leur permet de s’intégrer d’emblée dans les couches moyennes du corps. Ils peuvent associer leur fils – qui sera reçu comme fils de maître – à leur commerce avant de le lui transmettre.
45Cette ouverture de la mercerie aux artisans matures qui ne sont pas passés par l’apprentissage est-elle spécifique à la mercerie parisienne ? La bonneterie semble aussi un corps ouvert, qui accueille des ouvriers en bas77, mais suite à une ordonnance de police de 1723. Il est probable que plusieurs corporations bordelaises soient renouvelées de la même façon : le nombre des maîtres reçus sans chef-d’œuvre par l’achat d’une lettre de maîtrise augmente ; le corps des tailleurs semble même plus ouvert que tous les autres puisqu’il a reçu 250 nouveaux maîtres entre 1757 et 1783, alors qu’en 1762, les 348 tailleurs de Bordeaux et des deux sauvetés n’occupent que 4 apprentis78 ! Ces modalités d’intégration qui contournent les règles ordinaires d’accès au corps sont justifiées à Bordeaux par la nécessité qu’ont les corps de trouver les ressources nécessaires pour pouvoir rembourser les nouveaux offices, payer les taxes et autres charges : les nouveaux venus paient leur réception et supporteront leur part des nouveaux impôts79, et de fait, « les droits deviennent de plus en plus exorbitants au XVIIIe siècle80 ». L’ouverture de ces corps est aussi le produit de la pression fiscale exercée par la monarchie en échange du maintien de leurs privilèges. La capacité économique devient le seul filtre de l’accès.
46Reste pendante la question du rapport entre l’ouverture des corps et la mobilité professionnelle au cours de la vie adulte. Est-ce la première qui a facilité la seconde, ou bien l’intensification de la mobilité qui a forcé les corps à s’ouvrir et à développer les voies d’accès qui étaient marginales jusque-là ?
Passer seul, passer à plusieurs dans la mercerie
47L’intégration dans la mercerie, indépendamment de la voie prise, est un parcours solitaire, parfois à deux. Les benjamins de familles de notables de province et de banlieue sont souvent isolés, même s’ils retrouvent un oncle ou un cousin déjà établi. Il en est de même pour les hommes issus de milieux modestes, tels ceux du cimetière des Saints-Innocents et les fils uniques issus de la domesticité81. Mais dans plusieurs cas, le projet familial est manifestement d’établir deux frères, qui ne seront pas forcément associés d’ailleurs. Pierre Félix né vers 1731 d’un boulanger du faubourg Saint-Antoine, apprenti mercier en 1747, reçu marchand en 1754, rachète en 1759 le fonds de commerce de Catherine Alain, femme de Charles Louis II Chauvin moyennant 79 082 livres, et reprend le bail de la maison rue Saint-Denis ; il se marie en 1761 avec un apport (dettes déduites) de 40 000 livres82. Il a une sœur mariée à un épicier et un frère aîné reçu mercier en 1752. En 1772, l’épouse de ce dernier vend leur commerce à deux frères, Jean-François et Antoine Augustin Scribe, fils d’un riche fermier de l’Artois83.
48Mais tous les projets d’ascension solidaire n’aboutissent pas, sans qu’on sache pourquoi. Prendre un jeune frère en apprentissage gratuitement peu après sa réception est tentant et peut être une façon de limiter le coût de l’intégration dans le corps. Les réussites sont aussi nombreuses84 que les échecs : ainsi Gersaint prend en apprentissage son jeune frère en 172085, mais ce dernier deviendra religieux à Sainte-Geneviève en 1723. En effet, le coût de l’établissement et de la réception est un obstacle considérable qu’un jeune mercier fraîchement établi et sans doute endetté pour son propre commerce ne peut sans doute prendre en charge. L’exemple des fils du mercier Nicolas Leschasseux en témoigne. L’aîné Jean Guillaume reçu le 4 janvier 1749 comme fils de maître s’est établi rue Greneta paroisse Saint-Laurent. En octobre 1751, ayant sans doute fait de bonnes affaires, il reprend un plus gros commerce (boutique et marchandises) dans la rue Saint-Denis paroisse Saint-Leu Saint Gilles. Sa mère qui est veuve cherche à établir son frère cadet qui a pour tout bien une rente de 80 livres, elle doit emprunter 2 000 livres pour payer les frais de réception et le rachat du commerce du fils aîné « dans l’espérance que le profit qu’il pourra faire dans ledit commerce par son travail et sa bonne conduite ou un mariage convenable le mettront bientôt en état de rembourser » la dite somme86.
49Ce coût élevé de la réception et de l’établissement explique que parfois (souvent ?) chez les hommes nouveaux87 comme les héritiers, un seul enfant soit reçu et ses frères travaillent plus ou moins comme salariés pour lui.
50Cette présentation des parcours des nouveaux merciers ne peut s’achever sans faire un sort à une voie considérée comme habituelle pour l’intégration dans un corps, le mariage avec la fille de maître, ou la veuve du maître. Son absence dans cet exposé est lié à l’extrême rareté de ce cas de figure qui est pourtant prévu par les statuts.
Tableau 6. – Les épouses des merciers (en premières noces).
Épouses connues | Filles merciers | Veuves merciers | filles cinq-corps | Total six-corps | |
PS et assimilés | 250 | 90 | 8 | 7 | 105 |
FM | 129 | 49 | 4 | 24 | 77 |
Total | 379 | 138 | 12 | 31 | 182 |
Épouses connues | Filles merciers | Veuves merciers | Filles cinq-corps | Total six-corps | |
PS et assimilés | 36,00 % | 3,20 % | 2,80 % | 42,00 % | |
FM | 37,98 % | 3,10 % | 18,60 % | 59,69 % | |
Total | 36,68 % | 3,17 % | 8,18 % | 48,02 % |
51Un gros tiers des merciers épousent des filles de merciers, mais sur les 90 hommes reçus par suffisance qui sont dans ce cas, seuls six s’associent par leur mariage à leur belle-mère (Sébastien Millet, Guillaume Drelly, Louis Le Camus d’Houloue, tous trois issus de bonnes familles de province), à leur beau-père (Garnison, Marc Antoine de Vuailly) ou leur beau-frère (Canivet). Un contrat prévoit seulement la cession du bail de la maison au jeune couple (Panet). La dot de la fille comprend les marchandises du futur commerce dans quatre cas (Delobel, Brouttier, Grivel et Branlard) ; on peut leur ajouter trois contrats où les marchandises proviennent non d’un père mercier, mais de mères ou tantes lingères (Robin Dubos, Mareschal, Berthelot). Les autres mariages sont le plus souvent muets sur les conditions d’établissement, ou bien les deux sont clairement dissociés. Vasselin et Duhamel ont beau se marier avec des filles de merciers qui incluent dans leur dot la valeur de la maîtrise conférée à leurs conjoints, les contrats ne donnent aucune information sur leur future entreprise, signe que ces demoiselles procurent un statut à leur époux, mais n’ont ni boutique ni marchandise. Reveillon a racheté le fonds de commerce de Maroy en 1753, un an avant d’épouser sa fille. Jacques-Étienne Petit épouse en avril 1755 Marie-Louise-Élisabeth Duboc, fille du mercier Louis-Augustin et d’Élisabeth Benoit, mais il a acheté au mois de février précédent le fonds de commerce de papeterie de Madeleine Catherine Laignel veuve de François-Charles Guerard. Marie Ravel veuve du mercier François Testu choisit deux gendres en 1751, André Philippe veuf reçu en 1738 et Jean-Baptiste Legret qui sera reçu en 1756, aucun des deux n’est associé à la veuve qui prendra en charge leurs dépenses pendant quatre années comme s’ils étaient des commis88. Même en pensant la transmission de l’entreprise de façon large, on constate que les hommes nouveaux ne peuvent raisonnablement envisager un établissement par le mariage avec une fille de maître. Deux raisons principales expliquent la rareté de ce phénomène. Les merciers établis, comme leurs veuves, ne considèrent pas comme leurs égaux les jeunes hommes reçus par suffisance qui cherchent à diriger un commerce. Par ailleurs, le risque de devoir rendre la dot si l’épouse meurt sans enfants et donc de devoir fermer la boutique n’est pas négligeable : Jean-François Grivel épouse en 1751 Louise Charlotte Lefort fille d’un mercier décédé, mais celle-ci meurt quelques années plus tard, les frères de la défunte réclament sa dot de 4 000 livres, une quittance du 11 février 1756 consécutive à une sentence du Châtelet qui condamnait Grivel à cette restitution prouve qu’il a fini par la rendre, mais il passe le reste de ses jours comme instituteur dans une petite école janséniste du faubourg Saint-Antoine89. En 1755, Étienne Montois, qui est fils d’un épicier et apothicaire du roi et du duc d’Orléans, marguillier de la paroisse Saint Roch en 1725, a épousé Marie-Jeanne Berthelot. Celle-ci décède le 29 août 1761. Dans la transaction avec les héritiers, Montois récupère toute la communauté (38 630 livres) car les héritiers renoncent à la succession, mais dès le 31 octobre 1761, Geneviève-Angélique Berthelot reprend le commerce qu’elle avait cédé à sa nièce en 1754 moyennant 11 852 livres90. La distance sociale entre les merciers établis et les jeunes conjuguée à la valeur élevée des commerces (rarement moins de quelques milliers de livres en boutique) explique la rareté des mariages d’établissement.
52Les blocages à l’intégration dans la mercerie sont donc de natures différentes : certains relèvent du corps lui-même (le contingentement des apprentis, l’éventuelle limitation des réceptions), d’autres relèvent des contraintes économiques (le coût de l’établissement), d’autres enfin relèvent des deux (le prix de l’apprentissage et de la réception).
Conclusion
53Le renouvellement de la mercerie est alimenté par une noria de provinciaux, de banlieusards et de Parisiens. Parmi ces derniers, les artisans tiennent une place importante. Les Six-Corps ont beau construire leur éminente dignité sur leur supériorité sur les mécaniques, dans la pratique, l’accès à la mercerie n’est pas fermé aux artisans enrichis parce que la discrimination est surtout économique91. Cette logique est facteur d’ouverture sociale dans un XVIIIe siècle marqué par une croissance économique, surtout dans sa seconde moitié. La mercerie est un corps dont l’orgueil collectif et l’indéniable brutalité politique sont peut-être supportables pour les hommes de l’Ancien Régime car elle n’est pas un horizon étranger et inaccessible aux membres des autres métiers. Les artisans ont souvent un mercier dans leur parenté plus ou moins proche : ainsi Ménétra qui demande l’avis au cousin Chenier avant de se marier, alors que Chenier ne fait pas partie des témoins à son mariage92. Les figures des merciers échevins, qui sont parfois des pionniers de leur famille, confortent sans doute cette image d’ouverture (même si, dans les faits, les élus sont peu nombreux).
54L’opposition entre le monde marchand et l’artisanat qui a fondé les distinctions sociales justifiant l’équilibre des alliances dans les familles mais aussi les règles du recrutement des lieux de pouvoir urbains s’est progressivement diluée dans une partie de la corporation. Certaines familles restent certes hermétiquement fermées au monde artisanal, mais de plus en plus, l’univers socioéconomique dans lequel les merciers évoluent est mixte. Cette ouverture amène à reprendre les affirmations de Louis Bergeron selon lesquelles la nouvelle économie parisienne qui combinera le commerce et l’industrie au XIXe siècle se construirait contre les Six-Corps :
« Le mercier, le drapier, le marchand de soieries [qui est aussi un mercier], si longtemps particulièrement représentatifs d’un commerce d’approvisionnement de Paris en produits fabriqués au dehors, voire à l’étranger, entrent peu à peu dans l’archaïsme. Le haut du pavé va être tenu désormais par des “négociants” (sans autre détermination), des commissionnaires, des fabricants93. »
55La qualité de « négociant » qui devient si fréquente dans les actes notariés parisiens au milieu du XVIIIe siècle n’est pas exclusive d’une appartenance corporative : en 1789, le cinquième député du tiers état parisien, Jean-Louis Poignot, se présente comme « négociant », il a été reçu mercier par suffisance en 1775. Réveillon, qui est mercier, mais cumule des maîtrises d’imprimeur en taille-douce, de peintre-doreur et de sculpteur94, est presque la caricature de cette pluriactivité artisanale et commerciale qui est loin d’être exceptionnelle95. Cela ne l’empêche pas de se présenter comme « marchand mercier » ou « marchand mercier papetier96 » dans les actes notariés car c’est ce titre qui confère la plus grande estime sociale. En fait, une partie des merciers, loin d’être exclus de la nouvelle donne économique, en sont partie prenante.
56L’étude des réglementations ne saurait permettre de comprendre le fonctionnement des corps et communautés de métiers au XVIIIe siècle. La stabilité du cadre réglementaire (ou son absence de réforme) peut s’expliquer par la cohérence entre les statuts et l’idéologie corporative : ceux-ci légitiment l’existence des corps et communautés en mettant l’accent sur la qualité de la production et du travail de ses membres qui est due à la qualité de la formation, dans le cadre des familles pour les fils de maître et de l’apprentissage pour les autres. Les exceptions qui deviennent la règle montrent le décalage entre la théorie et la pratique mais ne sauraient être assumées publiquement. Cette tension entre normes statutaires et pratiques sociales n’est qu’une de celles qui traversent le monde corporatif à cette époque97. En tout cas, l’étude des apprentissages ne saurait tenir lieu de méthode d’analyse du renouvellement d’une profession, les données sur les apprentis doivent être confrontées aux informations sur l’origine des actifs tirées d’autres sources. L’enjeu est de reconstituer les différentes étapes des parcours des acteurs du monde corporatif comme pour l’étude des migrants98 et d’autres groupes sociaux.
57La mobilité interne à la bourgeoisie, au début mais aussi au milieu de la vie, apparaît ainsi comme un phénomène marquant. L’analogie des modalités du recrutement de la mercerie avec celles des cadres dans la seconde moitié du XXe siècle est à cet égard frappante : on accède plus souvent au groupe des cadres « à partir d’autres emplois salariés (surtout des professions intermédiaires) que par des entrées directes dans la vie active99 ». Or la mercerie et les cadres d’une part, les emplois intermédiaires et les artisans d’autre part, occupent dans la hiérarchie sociale des positions similaires, respectivement bonne et petite bourgeoisie. La mercerie est, comme le groupe des cadres, moins un lieu de reproduction (pour les merciers moyens et les notables qui ont atteint le sommet des honneurs urbains et qui ne peuvent ou ne veulent pas passer dans la noblesse où ils occuperaient une position inférieure) qu’un lieu d’intégration d’individus en ascension sociale.
58Cette comparaison avec le XXe siècle amène à envisager la question globale de l’étude du renouvellement des corps de métiers et des autres. Comment penser une typologie des corps ? Trois critères de comparaison au moins semblent pertinents.
591. Distinguer les héritiers des hommes nouveaux, puis parmi les seconds faire la part de ceux qui sont en situation de reproduction sociale et des hommes neufs (qui connaissent un parcours d’ascension sociale)100. Évidemment, certains sont plus héritiers que d’autres selon qu’ils héritent du statut et/ou de l’entreprise. La part de la reproduction sociale est un indice à la fois du caractère plus ou moins attractif du corps et des difficultés/facilités de transmettre la position.
602. L’évolution du nombre de membres. Un corps en expansion est a priori plus ouvert qu’un corps en régression ou même stagnant. Les créations d’offices sous Louis XIII et Louis XIV traditionnellement présentées comme de simples expédients financiers imaginés pour financer les guerres du XVIIe siècle pourraient être pensées, dans la continuité des réflexions de Roger Chartier101, comme un élargissement du monde des élites qui s’adapte à la forte demande résultant des progrès de la scolarisation (même si ce n’est qu’une conséquence indirecte d’un processus pensé par la monarchie dans un tout autre but immédiat) ; à rebours, la suppression de deux chambres au parlement de Paris en 1757 entérine la désaffection d’une bonne partie des élites sociales pour la cour souveraine. L’accès à ces corps par des voies nouvelles sinon exceptionnelles, souvent présenté comme transgressant l’ordre social, peut être envisagé comme une ouverture. Ses acteurs diffèrent, dans le monde corporatif, ce sont les responsables et les notables qui décident, pour les cours souveraines, c’est la monarchie.
613. L’âge auquel on peut y accéder. Il faut distinguer ceux qui accèdent à tel corps vers 18-34 ans et vers 35-45 ans. À cet égard, l’ouverture de la mercerie la rapproche de l’échevinage parisien. Les notaires, avocats ou marchands des Six-Corps peuvent postuler à l’échevinage qu’ils aient 25 ou 40 ans. Ils deviennent échevins entre 15 et 20 ans après avoir acheté une charge de conseiller de ville ou de quartinier ou avoir fait enregistrer leur candidature comme échevin bourgeois. Ceux qui ont postulé tardivement sont élus quand ils ont une bonne cinquantaine voire une soixantaine d’années, ce sont aussi bien des merciers (Étienne Pierre Darlu fils d’un marchand de vin, né en 1676, élu échevin en 1740), des orfèvres (Jean Pierre né en 1681, fils d’un orfèvre, élu échevin en 1743) que des notaires (Pierre Yves de Bougainville né en 1686, fils d’un huissier au Châtelet, élu échevin en 1741) ou des avocats (Jacques Merlet né en 1698, fils d’un huissier ordinaire en la chancellerie de Paris, échevin en 1765). Ils choisissent la voie bourgeoise comme dans les quatre exemples précédents, achètent plus rarement un office de quartinier (tel Jean Olivier Boutray mercier fils de mercier né en 1699, élu échevin en 1758) ou bien de conseiller de ville (Étienne Laurent mercier fils de bourgeois de Paris de la paroisse Saint-Laurent, né en 1668, élu échevin en 1723). Le contraste entre les parcours des héritiers et des hommes nouveaux est particulièrement frappant certaines années : en 1765, sont élus l’épicier fils d’épicier Paul Larsonnyer, conseiller de ville depuis 1749 et âgé de 36 ans, et l’avocat Jacques Merlet âgé de 67 ans.
62Les parcours de ces hommes qui sont parvenus à l’échevinage au terme d’une vie marquée par une ascencion sociale (Jean Pierre et Boutray exceptés), comme ceux des artisans passés dans la mercerie, témoignent de la capacité des corps d’élite de la bourgeoisie parisienne à ouvrir leurs portes aux hommes qui ont réussi leur vie professionnelle. La mercerie ouvre largement les siennes, alors que celles de l’échevinage sont seulement entrouvertes. Mais la municipalité sait faire une place à tous les talents bourgeois, aussi bien les commerçants entreprenants que les avocats. Ces mobilités tardives montrent que l’idéologie de la mercerie et de l’échevinage relativise l’importance des caractères hérités dans les parcours sociaux. L’héritier qui accomplit un projet conçu par ses ascendants comme l’homme nouveau y trouvent leur place, réunis par l’objectif à moyen terme de consacrer l’entrée de leur famille et de leur patronyme dans l’univers de la notabilité. Dans la bourgeoisie parisienne, les détenteurs d’un capital économique et culturel peuvent le convertir en capital social quand ils établissent leurs enfants, mais aussi pour eux-mêmes.
63Évidemment, les lacunes des sources ne permettent pas toujours de renseigner les trois critères, ou de le faire précisément, et pour les corps complexes, s’ajoute la question de la mobilité interne (par exemple, le passage de la charge de correcteur ou d’auditeur à celle de maître ordinaire à la chambre des comptes, ou de conseiller à président au parlement). Mais l’enjeu est de distinguer les institutions réservées aux jeunes gens, de celles qui sont entr’ouvertes ou très ouvertes (même si les nouveaux entrants sont peu nombreux). Les charges de conseillers au parlement de Paris ne sont accessibles qu’à des hommes jeunes (leur âge moyen est toujours inférieur à 24 ans au XVIIIe siècle102), tout le capital économique, social et culturel de ces individus est hérité et dépend de leur famille. Le Grand Conseil (avec un âge moyen d’entrée en charge de 27 ans entre 1690 et 1791) a un recrutement proche du modèle parlementaire. D’autres institutions sont entr’ouvertes aux hommes mûrs. Entre 1693 et 1791, le Bureau des finances de la généralité de Paris accepte comme trésoriers quelques individus qui ont connu une première expérience professionnelle (par exemple, Léonard Le Prevost en 1698, Louis Guillaume Motte de Montgaillard en 1738, Joachim Gras en 1751) ; la cour des aides au XVIIe siècle103, et les présidiaux de Limoges, Tulle et Périgueux de 1690 à 1790104 reçoivent de même des hommes mûrs. La cour des Monnaies au XVIIIe siècle est la plus ouverte des cours parisiennes avec sa moyenne de 36 ans 11 mois105, le présidial de Sarlat est investi par des conseillers encore plus âgés106.
64Une certaine forme d’homothétie existe dans les rapports six-corpsartisans et parlement-finance : les premiers snobent les seconds mais ont besoin d’eux pour pouvoir se renouveler. La mercerie, en s’ouvrant aux mécaniques qui sont des acteurs économiques enrichis et compétents abaisse la barrière et permet une mobilité en cours de vie professionnelle.
65Ces propositions visent à montrer l’intérêt que représente le rattachement de l’histoire des corps et communautés de métiers à l’ensemble des institutions intégrées dans l’histoire sociopolitique de la monarchie, ce qui n’empêche pas de continuer à les étudier dans le champ des histoires de l’économie et du travail.
Annexe
ANNEXE A. Les réceptions dans la mercerie au XVIIIe siècle
Statistiques de réception des marchands merciers (moyenne annuelle) | Total des merciers reçus | Merciers FM | Merciers PS et assimilés | Part des merciers FM | Total des reçus dans l’ensemble des corps et communautés | Part des FM dans l’ensemble de ces reçus1 |
1736 | 89 | 13 | 76 | 14,6 % | 1012 | 31,4 % |
1748 | 55 | 14 | 41 | 25,45 % | 1003 | 25,5 % |
1762 | 74 | 9 | 65 | 12,16 % | 1035 | 23,4 % |
Moyenne annuelle 1736-1750 | 75 | 18 | 57 | 23,88 % | ||
Moyenne annuelle 1751-1775 | 112 | 25 | 87 | 22,17 % | ||
Moyenne annuelle 1736-1763 | 84 | 25 | 61 | 29,69 % | ||
Moyenne annuelle 1764-1775 | 132 | 27 | 105 | 20,28 % | ||
Moyenne annuelle 1736-1745 | 80 | 18 | 62 | 22,47 % | ||
Moyenne annuelle 1746-1755 | 83 | 20 | 63 | 24,33 % | ||
Moyenne annuelle 1756-1765 | 99 | 24 | 75 | 23,71 % | ||
Moyenne annuelle 1766-1775 | 131 | 27 | 102 | 20,90 % | ||
Moyenne annuelle 1736-75 | 98 | 22 | 75 | 22,73 % | ||
Total | 3 332 | 772 | 2 503 | 23,17 % | ||
De septembre 1678 à août 1680 | 88 | |||||
Moyenne annuelle | 44 | 8 | 36 |
ANNEXE B. Le coût de la réception des merciers
Date de réception | Coût de la réception des fils de maître2 | Coût d’une réception par suffisance3 | Coût d’une réception par mariage avec une fille de marchand |
Coûts réels | |||
27 juillet 1695 | 380 livres | ||
1728 | 500 livres | ||
1724 ? | 624 livres | ||
21 janvier 1749 | 1700 livres | ||
29 juillet 1750 | 1100 livres | ||
17 mai 1754 | 500 livres | ||
1761 | 600 ou 800 livres4 | ||
1766 | 700 livres | ||
12 janvier 1776 | 800 livres pour la lettre de maîtrise, et 98 livres pour le brevet d’apprentissage5 |
Date de réception | Coût de la réception des fils de maître | Coût d’une réception par suffisance |
Coûts théoriques | ||
Non daté6 | 300 livres | 600 livres |
Non daté | 1000 livres | 2000 livres |
1679 | 1000 livres | |
17537 | 800 livres | 1600 livres |
Août 1776 | 1000 livres |
ANNEXE C. Achat de fonds de commerce et cautionnement
Cote (AN, MC) | Date | Nature des marchandises | Acheteur | Montant du fonds de commerce (sommes arrondies) | La ou les cautions | Montant annuel du loyer du bail cédé |
LXVIII 384 | 22 janvier 1732 | toiles | François Cabannes | 13 317 livres | son oncle, Pierre Jean Merindol, prêtre de l’Oratoire, jusqu’à 4 000 livres | |
XLII 402 | 14 octobre 1743 | papeterie | François de Poilly | 3 132 livres | son frère, Jérôme de Poilly, chanoine de Saint-Jacques de l’Hôpital | |
LXIV 340 | 6 février 1751 | François François (reçu en avril 1749) | 22 406 livres, dont 5 500 livres sont payés comptant | son beau-père, marchand de bois, et sa mère, pour les 16 906 livres restant dûs | ||
LXXV 629 | 13 juillet 1753 | papeterie | Jean-Baptiste Réveillon (reçu le 29 janvier 1754) | 4568 livres et 300 livres de pot-de-vin, dont 2000 livres payés comptant | René Dehargne mercier né en 1698 qui sera élu garde en 1755, pour les 2568 livres restant dûs | 369 livres |
XLI 551 | 30 octobre 1759 | soie | Pierre Felix (reçu mercier en octobre 1754) | 79 082 livres | sa mère, veuve d’un boulanger du faubourg Saint-Antoine | 3 000 livres |
XLI 625 | 14 août 1772 | deux frères, Jean-François et Antoine Augustin Scribe (Jean François Scribe sera reçu le 1er septembre 1772) | Au moins 60 000 livres | leur père, fermier de l’Artois, jusqu’à 60 000 livres | 2 200 livres | |
XXVI 700 | 31 décembre 1781 | soie | Joseph Auguste Bizet premier commis du commerce du défunt et de sa veuve « étant sur le point de se faire recevoir marchand mercier » | 82 811 livres | un couple, dont l’homme, huissier priseur au Châtelet, se nomme aussi Bizet, et deux marchands d’étoffes de soie apparemment sans rapport de parenté | 2 500 livres |
ANNEXE D. Des artisans matures qui accèdent à la mercerie, 65 exemples glanés (PS : par suffisance ; FM : fils de maître)
Nom, prénom | Premier métier | Date d’entrée dans le 1er métier (date d’exercice du métier) | Date renonciation à la première maîtrise | Réception ou entrée dans la mercerie (ou date d’exercice de la mercerie) |
Gaucherel, Maximilien8 | doreur | (1691) | (1698) | |
Ollivier, Jean9 | peigniertablettier | 19 juin 1685 | 11 septembre 1717 | |
Sprote, Dominique | tailleur d’habits | (1714) | 1720 | |
Gérard, Noël10 | ébéniste | (1710) | 17 juillet 1726 vers 41 ans | |
Juhel, François René11 | couvreur | (vers 1710-1715) | (vers 1730-1735) | |
Guerard, Charles François | papetier | (1723) | avant 1735 | |
Bouton, François12 | serrurier | avant 1735 | ||
Delahoguette, Simon13 | fripier | (1732) | 7 novembre 1735 (PS) | |
Groune, Prudent14 | passementier boutonnier | 23 mai 1736 (PS) | ||
Darnault, François-Marie15 | miroitier | 27 mars 1715 | ************* | 7 août 1737 (PS) |
Igou Étienne16 | menuisier | (1732) | 11 avril 1737 (PS) à 38 ans | |
Lechasseux, Nicolas17 | calottier | (1730) | 22 janvier 1740 (PS) | |
Blotin, Antoine | chaînetier | 2 avril 176118 | 14 novembre 1746 (PS) | |
Nom, prénom | Premier métier | Date d’entrée dans le 1er métier (date d’exercice du métier) | Date renonciation à la première maîtrise | Réception ou entrée dans la mercerie (ou date d’exercice de la mercerie) |
Belanger, François Joseph | tailleur d’habits | 18 février 174719 | 25 février 1747 (PS) | |
Martel, Jacques-François | miroitier | 13 mai 174720 | 16 mai 1747 (FM) | |
Langles, Mathieu | marchand forain de toiles ou mari de marchande lingère épousée en 1729 | 10 septembre 1748 (PS) | ||
Robin dit Saint-Paul, Hugues | lapidaire | 3 juillet 174921 | 8 juillet 1749 (PS) | |
Josse, Jean Baptiste | lapidaire | 17 septembre 174922 | 18 septembre 1749 (PS) | |
Aubert, Nicolas | fourbisseur | 10 décembre 174923 | 29 décembre 1749 (PS) | |
Choudard Desforges, Edme | faïencier | 23 janvier 175124 | 10 février 1751 (PS) | |
Jouaneaux, Jean Jacques | bouchonnier | 27 février 175125 | 4 mars 1751 (PS) | |
Sane, Jean | passementier boutonnier | 17 juillet 175126 | 20 juillet 1751 (PS) | |
Delatre, Jean Charles | cartier | 11 septembre 175127 | 1er octobre 1751 (PS) | |
Bailly, Simon-Pierre-François | faïencier | 25 septembre 175128 | 18 octobre 1751 (PS) | |
Brunot, Pierre Joseph | cardeur | 5 août 175129 | 12 novembre 1751 (PS) | |
Sanson, Nicolas Martin | fripier | 6 novembre 175130 | 16 novembre 1751 (PS) | |
Filliot, François | passementier boutonnier | 4 décembre 175131 | 29 décembre 1751 (PS) | |
Hinsant, François Marie | miroitier | 20 octobre 175132 | 22 janvier 1752 (PS) | |
Lainé, Jean Claude | papetier | 21 octobre 175133 | 22 janvier 1752 (PS) | |
Nom, prénom | Premier métier | Date d’entrée dans le 1er métier (date d’exercice du métier) | Date renonciation à la première maîtrise | Réception ou entrée dans la mercerie (ou date d’exercice de la mercerie) |
Gabe, Jacques François | fripier | 10 février 175134 | 24 janvier 1752 (PS) | |
Lemort, Bernard | tabletier | (1751) | 16 octobre 1752 (PS) | |
Bocquillon, Marie Bénigne35 | parfumeur | (1740) | 8 novembre 1753 (PS) | |
Sandrin, Jacques François Martin | chandelier | (1751) | 30 mars 1754 (PS) | |
Rousselot Clérisseau, Jean Antoine | parfumeur36 | (1751) | 5 août 1756 (PS) | |
Tuart, Jean-Baptiste | tabletier, ébéniste | (1751) | 23 septembre 1756 (PS) à 36 ans | |
Guinaud, Jacques | fondeur | (1751) | 14 novembre 1758 (PS) | |
Camantogne, Jacques | passementier boutonnier | (1751) | 14 mai 1759 (PS) | |
Vigier, Jean Daniel | parfumeur | (1749) | 21 juillet 1762 (PS) | |
Chevallier, Antoine37 | fripier | 22 septembre 1761 (PS) | ||
Coeuillet, François38 | charron | (1751) | 20 avril 1762 (PS) | |
Houzel, Paul | fabricant de blondes | (1761) | 26 octobre 1762 (PS) | |
Langlois, Luc | coutelier | (1751) | 24 décembre 1762 (PS) | |
Dienert, Joseph Jacques | peaussier | (1761) | 27 mars 1764 (PS) | |
Laverdin, Antoine | peaussier | (1751) | 3 avril 1764 (PS) | |
Monroy, Jacques Henri | peaussier | (1761) | 27 avril 1764 (PS) | |
Fildesoye, Pascal Jean Marie | peaussier | (1761) | 27 avril 1764 (PS) | |
Nom, prénom | Premier métier | Date d’entrée dans le 1er métier (date d’exercice du métier) | Date renonciation à la première maîtrise | Réception ou entrée dans la mercerie (ou date d’exercice de la mercerie) |
Dauberminy, Denis | peaussier | (1751) | 14 mai 1764 (PS) | |
Bertin, Antoine Nicolas Joseph | peaussier | (1751) | 14 mai 1764 (PS) | |
Desmarres, Jean Charles | peaussier | (1761) | 14 mai 1764 (PS) | |
Ruby, Sylvain | peaussier | (1761) | 5 juin 1764 (PS) | |
Poisson, Thomas Alexandre | tabletier | (1751) | 20 septembre 1764 (PS) | |
Mulard, Jacques André | brossier | 19 décembre 176139 | 15 janvier 1765 (PS) | |
Rabier, Jean-Baptiste | peaussier | (1761) | 26 février 1765 (PS) | |
Hinsant, Nicolas | miroitier | (1761) | 15 février 1765 (PS) | |
Bertin, Louis Antoine | peaussier | (1761) | 4 mars 1765 (PS) | |
Moreau, François-Denis | boursier | (1761) | 19 mars 1765 (PS) | |
Blery, Louis | boutonnier | (1761) | 19 novembre 1765 (PS) | |
Braty, Jean-Baptiste | cordonnier | (1751) | 25 novembre 1766 (PS) | |
Crepy, Jean-Baptiste | graveur imagier | (1753) | 20 mars 1767 (PS) à 47 ans | |
Basset, André | graveur imagier | (1751) | 5 mai 1767 (PS) | |
Macret, Pierre | ébéniste | 1758 | 30 mai 1767 (PS) vers 40 ans | |
Malo, Louis | fripier | (1761) | 17 novembre 1767 (PS) | |
Pirotte, Jean Lambert | ferblantier | (1751) | 14 avril 1769 (PS) | |
Crepy, Pierre-Louis | graveur imagier | (1751) | 28 septembre 1769 (PS) | |
Lemarquant, François Honoré | boursier | (1761) | 28 août 1771 (PS) |
Notes de bas de page
1 Jacques Revel, « Les corps et communautés », Keith Baker (éd.), The French Revolution and the Creation of Modern Political Culture, vol. I : The Political Culture of the Old Regime, Oxford, Pergamon Press, 1987, p. 225-242.
2 « L’objectif premier des jurés était en effet de préserver leur monopole. Ils entendaient garder un contrôle strict du nombre de maîtres boulangers afin d’empêcher la concurrence et, ainsi, protéger leur prospérité collective. Puisqu’il fallait limiter les places, les maîtres s’efforçaient de servir leurs propres intérêts familiaux. » Dans les statuts de 1719, les fils de maître payaient 100 livres de frais de réception, les autres 400 livres. Steven L. Kaplan, Le meilleur pain du monde. Les boulangers de Paris au XVIIIe siècle, Paris, Fayard, 1996, p. 294 et 297.
3 Leonard R. Rosenband, « Jean-Baptiste Reveillon : a Man on the Make in Old Regime France », French Historical Studies, 20, 1997-3, p. 481-510.
4 Steven Kaplan mène des recherches sur les corporations depuis les années 1970, son livre La fin des corporations (Paris, Fayard, 2001) et le volume collectif qu’il a codirigé avec Philippe Minard, La France malade du corporatisme, XVIIIe-XXe siècles (Paris, Belin, 2004) ont joué un rôle majeur dans cette évolution.
5 Léon Duru et Pierre Vidal, Histoire de la corporation des marchands merciers, grossiers, joailliers, le troisième des six corps des marchands de la ville de Paris, Paris, Honoré Champion, 1912. Carolyn Sargentson, Merchants and Luxury Markets. The Marchands Merciers of Eighteen-Century Paris, Victoria and Albert Museum in association with the J. Paul Getty Museum, 1996.
6 À titre d’exemple, la 35e maison du pont Notre-Dame est occupée jusqu’en 1719 par un boutonnier, puis par le mercier Gersaint qui la quitte en 1744 ; lui succèdent Jean-Baptiste Desbois, papetier, éditeur et marchand de cartes de géographie, puis, après sa mort en 1749 et jusqu’aux années 1770, l’orfèvre Jean-François Garand (Guillaume Glorieux, À l’enseigne de Gersaint. Edme-François Gersaint, marchand d’art sur le pont Notre-Dame, 1694-1750, Seyssel, Champvallon, 2002, p. 53-54 et 241). Un autre exemple : AN, MC, XII 521, 17 décembre 1751, bail à François Gouy, mercier reçu le 16 novembre par suffisance, d’une maison précédemment louée par un parfumeur, moyennant 500 livres.
7 « Ce négoce peut commencer par cent escus, & se continuer dans la suitte avec des millions. » Antoine Furetière, Dictionnaire universel, 1690, article « Mercerie ».
8 Guy Antonetti, « La crise économique de 1729-31 à Paris d’après les règlements de faillites », Études et documents, CHEFF, no 2, 1990, p. 35-181 : la grande majorité des 231 faillis sont des marchands merciers (car les marchands de soieries, de fer, de dentelles qui ne sont pas comptés comme tels le sont aussi).
9 À Grenoble, les merciers, les toiliers, les quincaillers forment trois corps distincts, la mercerie compte seulement une vingtaine de membres lors de la formation du corps en 1718. René Favier, « “Faiseurs de rien, vendeurs de tout”. Les merciers de Grenoble au XVIIIe siècle », Natacha Coquery (éd.), La boutique et la ville : commerces, commerçants, espaces et clientèles XVIe-XXe siècle : actes du colloque des 2, 3 et 4 décembre 1999, Tours, Centre d’histoire de la ville moderne et contemporaine, Publication de l’université François-Rabelais, 2000.
10 Jochen Hoock, « Réunions de métiers et marché régional. Les marchands réunis de la ville de Rouen au début du XVIIIe siècle », Annales ESC, 43, mars-avril 1988, p. 301-322.
11 Alain Bouthier, « Le négoce de quelques marchands de fer parisiens au début du XVIIIe siècle », Jean-François Belhoste, Serge Benoît, Serge Chassagne et Philippe Mioche (éd.), Autour de l’industrie histoire et patrimoine. Mélanges offerts à Denis Woronoff, Paris, CHEF, 2004, p. 47-62.
12 Patrick Michel, Le commerce du tableau à Paris dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, Villeneuved’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2007.
13 À Lyon, une majorité des échevins sont des marchands au XVIIIe siècle, de soie, de toiles et de dorure en particulier. Maurice Garden, Lyon et les Lyonnais au XVIIIe siècle, Paris, Les Belles-Lettres, 1970, p. 502.
14 Pierre Verlet, « Le commerce des objets d’art et les marchands merciers de Paris au 18e siècle », Annales ESC, 13, 1958, p. 10-29.
15 Steven L. Kaplan, « The luxury guilds in Paris in the eighteenth century », Francia, 1981 (9), p. 266, 272 et 273.
16 Antoine Furetière, op. cit., article « Merciers ».
17 Les sources de ces chiffres (autres que pour l’année 1690) sont dans Carolyn Sargentson, « The manufacture and marketing of luxury goods : the marchands merciers of the late 17th-and 18th-century Paris », Robert Fox et Anthony Turner (éd.), Luxury Trades and Consumerism in Ancien Regime Paris. Studies in the History of the Skilled Workforce, Ashgate, 1998, p. 102.
18 Mémoire de Préel, vers 1690, nombre de maîtres par métier (BNF, Joly de Fleury, 1728, f° 31), cité par Alain Thillay, Le faubourg Saint-Antoine et ses « faux-ouvriers ». La liberté du travail à Paris aux XVIIe et XVIIIe siècles, Seyssel, Champvallon, 2002, p. 394.
19 À cet égard, j’ai bénéficié de la générosité de Mathieu Marraud qui a dépouillé intégralement les registres de réception des corps et communautés déposés au Châtelet (AN, Y 9321-9332) et de Nicolas Lyon-Caen qui m’a transmis de très nombreux contrats d’apprentissage et d’autres actes concernant des merciers (jansénistes). Qu’ils trouvent ici l’expression de ma gratitude.
20 J. Edward Schepard Jr, « Social and geographic mobility of the eightheenth century guild artisan : an analysis of guild receptions in Dijon, 1700-90 », Steven L. Kaplan et Cynthia J. Koepp (dir.), Work in France. Representations, Meanings, Organization and Practice, Cornell University Press, 1986, p. 97-130.
21 Il y a manifestement des lacunes dans l’enregistrement des fils de maîtres. Léonard Chauvin, né en 1729, fils, petit-fils et arrière-petit-fils de marchand mercier, ne figure pas dans les listes, alors qu’il est marchand de soie et est marguillier de la paroisse Saint-Merry en 1770. Jean-Baptiste Cellot est issu d’une famille établie dans la mercerie depuis la seconde moitié du XVIIe siècle comme Chauvin, il devient garde en 1769, or il n’a pas été reçu au Châtelet non plus. Jean François Joseph Vanot qui épouse en 1761 la fille de Joseph Delaleu, autre grande famille de merciers, et reprend le commerce de ses beaux-parents, ne figure non plus pas sur les listes de réception (il est encore en activité en 1773). Ont-ils été reçus grâce à une lettre de maîtrise gratuite accordée à un des gardes ?
22 À partir du milieu du XVIIIe siècle, les erreurs de prénoms sont parfois rectifiées par un acte de notoriété auquel est joint un extrait de baptême. AN, MC, XVIII 566, 5 octobre 1744, notoriété du prénom de Jean François Robin Dubos (prénommé Clément-François dans l’acte d’apprentissage). AN, MC, XCVIII 534, 3 août 1757, notoriété du prénom de Jacques François Clouet ensuite de son contrat d’apprentissage du 12 mai 1756 (où il était simplement prénommé Jacques).
23 Steven L. Kaplan, La fin des corporations, op. cit., p. 219.
24 « The corporations discriminated against sons born before theirs fathers had reached mastership. » Steven L. Kaplan, « The luxury guilds… », art. cit., p. 287.
25 Un autre exemple : Jean-Baptiste Dufourny se marie en 1737, il devient mercier de toile par suffisance en 1746 ; son fils aîné, Jean-Baptiste-Pierre Dufourny né en 1738 devient mercier comme fils de maître en 1769.
26 Ces deux voies traditionnelles d’accès à la mercerie sont représentées par le père de Valentin Conrart, issu d’une famille de négociants notables de Valenciennes (qui a donné plusieurs échevins), qui devient marchand mercier en 1602 et est « mandé à plusieurs assemblées de l’Hôtel de Ville en 1614 » ; et par le frère de Valentin Picart, homme d’affaires de la famille de Valentin Conrart, fils d’un maître tissutier-rubannier parisien, qui est aussi marchand mercier. Nicolas Schapira, Un professionnel des lettres au XVIIe siècle. Valentin Conrart : une histoire sociale, Seyssel, Champvallon, 2003, p. 30-32 et 394.
27 AN, MC, XXIV 690, 24 décembre 1742, inventaire après décès de Marie Françoise Marcel épouse Jean Baptiste Tirart ; AN, Y 11 388, 11 août et 4 septembre 1772, déclarations.
28 Il a été reçu le 7 août 1755. AN, Y 11 572 B, 6 juillet 1756, déclaration.
29 AN, Y 11 440, nom des personnes qui occupent des échoppes sur le quai de l’École, 1783.
30 AN, F 12/781 A, dossier 11, ordonnance du roi Louis XIII servant de statuts aux marchands merciers grossiers joailliers de janvier 1613, enregistrée au parlement le 7 mars 1613, comprenant 33 articles. Imprimé à Paris en 1765. D’après l’article 3, les lettres de maîtrise peuvent être concédées à des individus nés français, ayant fait un apprentissage de trois ans puis trois autres années chez les maîtres, ayant payé les droits accoutumés, aux charges de prêter le serment devant le prévôt ou lieutenant civil du Châtelet et « de tenir boutique ouverte, & de mettre un tapis verd sur la rue, & outre de payer & acquitter tous les ans les droits anciens & accoutumés ».
31 Hassen El Annabi, Être notaire à Paris au temps de Louis XIV. Henri Boutet, ses activités et sa clientèle (1693-1714), Tunis, Faculté des sciences humaines et sociales, 1995, p. 76-79.
32 Christine Métayer, Les écrivains publics du Paris populaire. Cimetière des Saints-Innocents XVIe-XVIIIe siècle, Paris, Bibliothèque Albin Michel Histoire, 2000, p. 400.
33 AN, MC, XXXIX 365, 10 juin 1741, apprentissage de Guillaume Jacques Lespart (il est reçu le 6 août 1750) ; XCII 572, 24 juillet 1751, apprentissage de Jean-Francois Grivel (il sera reçu le 9 juin 1752). Sur la formation des négociants dans la boutique du maître écrivain et arithméticien, voir Dominique Julia, « L’éducation des négociants français au 18e siècle », Franco Angiolini et Daniel Roche (éd.), Culture et formations négociantes dans l’Europe moderne, Paris, Éditions de l’EHESS, 1995, p. 233-234. Voir aussi Natacha Coquery, « Les écritures boutiquières au XVIIIe siècle : culture savante, encadrement légal et pratiques marchandes », Natacha Coquery, François Menant et Florence Weber (éd.), Écrire, compter, mesurer. Vers une histoire des rationalités pratiques, Paris, Éditions Rue d’Ulm, 2006, p. 163-180.
34 AN, MC, VII 332, 26 avril 1761, mariage Montgolfier-Herbert. Sur la famille Montgolfier, voir Léonard R. Rosenband, La fabrication du papier dans la France des Lumières, les Montgolfier et leurs ouvriers, 1761-1805, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2005, p. 50.
35 AN, MC, IV 291, 14 septembre 1697, mariage Delobel-Ledoux.
36 Guillaume Glorieux, op. cit., p. 29-30 et 38.
37 AN, MC, XXXIX-398, 2 janvier 1749, liquidation de la succession de Louis Henri Delaporte, qui mentionne la vente faite par son épouse Martine Catherine Tauffier marchande lingère à leur fils Thomas Delaporte, reçu par suffisance en 1746 (même si Louis Henri s’attribue cette cession dans le contrat de mariage de Thomas).
38 AN, MC, CXV 740, 4 mars 1761, vente de fonds de boutique de drapier par Jean-Baptiste Picéard drapier et quartinier à Pierre-Robert Lhomme mercier et son épouse.
39 AN, MC, LXVIII 482, 31 octobre 1761, vente de fonds de commerce par Étienne Montois mercier à Geneviève Angélique Berthelot fille majeure (en octobre 1754, Geneviève Angélique avait vendu ledit commerce à sa nièce Marie-Jeanne Berthelot, avant que celle-ci ne se marie avec Montois en avril 1755 ; à la suite du décès de Marie-Jeanne, Geneviève Angélique reprend son commerce). LXXXIV 478, 18 septembre 1761, vente de fonds de boutique de mercerie par Claude Edme Labille mercier à Josephe Blondelu fille majeure d’un marchand mercier.
40 AN, MC, LIII 521, 12 novembre 1775, mariage Mareschal-Desjardins (le jeune homme sera reçu mercier par suffisance le 12 janvier 1776, et non comme fils de maître). LXXXIX 530, 28 décembre 1750, mariage Robin Dubos-Bricard.
41 AN, MC, LXI 451, 12 août 1751, renonciation.
42 Le couple a repris le bail de la boutique tenue par Chahau. AN, MC, XLI 511, 26 mai 1750, bail. « Maîtres usurpateurs, les merciers prétendaient bien entendu être eux-mêmes les victimes de toutes sortes de transgression. Les autorités avaient tendance à protéger le menu fretin des requins. Certes, il était vrai que Nicolas Lecoq vendait des articles de mercerie dans une boutique de la rue du Petit-Lyon, mais la police n’autorisa pas les gardes du corps tentaculaire à saisir les marchandises » car Lecoq les vendait sous le nom de son épouse, laquelle était marchande de mode, plumassière et fleuriste (Steven L. Kaplan, La fin des corporations, op. cit., p. 353).
43 AN, MC, XLI 515, 14 mai 1751, mariage.
44 AN, MC, notaire de Saint-Jean, 18 mai 1728, mariage ; XLI 515, 25 mai 1751, conventions préliminaires à partage.
45 AN, MC, LXXXVI 689, 28 février 1761, apprentissage.
46 Voir notre introduction dans ce recueil. Appartiennent au cœur de la notabilité les six-corps, les avocats et les notaires, au second cercle les marchands de vin, les libraires et les procureurs.
47 Ainsi Honoré Calles est le troisième fils du notaire et procureur fiscal de la Ferté-Avrain (qui a transmis ses fonctions à son fils aîné), il est issu d’une « famille de gros marchands propriétaires de terres dans plusieurs paroisses » ; vers 1698, il était propriétaire de la troisième hôtellerie de la Ferté-Avrain, les Trois Piliers. Daniel Viaud, « La Ferté Avrain au XVIIe siècle : une société marchande en milieu rural », La Sologne et son passé, 15, « Les quatre Ferté de Sologne », 1994, p. 73-98. Honoré Calles est devenu mercier avant 1663 et a été élu consul en 1683.
48 Olivier Zeller, « La mobilité résidentielle de François Valesque, épicier en gros et échevin de Lyon (1706-1791) », Cahiers d’histoire, 44, 1999-4, p. 559-572 : « Issu d’une famille de Poussan, en Languedoc, assurée de la notabilité locale depuis la fin du XVIe siècle, exerçant des charges locales et, vraisemblablement, intéressée à la finance à l’échelle provinciale à la fin du XVIIe siècle », marchand épicier à 29 ans, il est recteur de l’Hôtel-Dieu en 1756-1759, directeur de la Chambre de commerce en 1758, trésorier de l’Hôtel-Dieu en 1759, échevin en 1762-1763. Olivier Zeller reconnaît là le « cursus honorum bien typique des membres du microcosme consulaire lyonnais du XVIIe siècle ». Voir aussi Gilbert Buti, « Du comptoir à la toge. Antoine Anthoine : négoce, familles et pouvoirs en Provence au XVIIIe siècle », Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, 112, 2005-4, dossier « Individus, familles, groupes : pratiques marchandes et pouvoirs politiques (XVe-XVIIIe siècles) ».
49 BNF, ms. fr. 21 796, f° 293-294, factum imprimé des marchands merciers en détail contre les gardes, adressé au lieutenant général de police contenant 3 principales demandes. Ms. fr. 21 796, f° 295-298, copie manuscrite du mémoire pour les gardes présenté à l’avocat général sur lequel est intervenu l’arrêt qui a renvoyé devant le lieutenant général de police, contre Pierre Delamare, Nicolas Fournier et consorts marchands merciers… requêtes présentées à la cour les 13 décembre 1686, 21 février et 3 mars 1687.
50 En juillet 1661, la compagnie propose que les nouveaux gardes soient choisis parmi les sieurs Louis Bellavoine, Charles Michel, Guillaume de Faverolles et Baudouin Chauvin. Les gardes en charge qui proposent Chauvin ignorent qu’il est né à Cambrai (ce qui contrevient à l’article 3 qui veut que nul ne peut être reçu marchand mercier s’il n’est né français), ce qui n’empêche nullement son élection. Registre des délibérations et ordonnances des marchands merciers de Paris 1596-1696. Manuscrit incendié aux Archives de la Ville le 24 mai 1871, reconstitué… par Dominique-Gustave Saint-Joanny, Paris, Leon Willem éditeur, 1878, p. 71-72.
51 AN, MC, XLI 511, 12 juin 1750, convention et délai. Le fils Wariche est reçu mercier par suffisance le 29 juillet 1750.
52 Sont compris dans ces chiffres tous les merciers reçus par suffisance, même ceux dont le parcours nous est inconnu.
53 Steven L. Kaplan, « L’apprentissage au XVIIIe siècle : le cas de Paris », Revue d’histoire moderne et contemporaine, 40, juillet-septembre 1993, p. 436-479. Pour une comparaison, voir Anna Bellavitis « Genres, métiers et apprentissages dans l’Italie urbaine de l’époque moderne », Histoire urbaine, 15, mars 2006, p. 5-12 (avec trois autres articles consacrés à l’apprentissage).
54 AN, MC, LXXXI 332, 27 octobre 1751, apprentissage de Jean-Baptiste Jaillet, 30 ans, qui sera reçu mercier le 20 janvier 1755.
55 AN, MC, VII 333, 30 mai 1761, apprentissage de Jacques-Noël Duhamel (reçu le 20 octobre 1761).
56 AN, MC, XLI 574, 25 novembre 1761, apprentissage d’Edme Bontemps (reçu le 18 octobre 1763).
57 AN, MC, XLI 511, 9 avril 1750, apprentissage de Paul Dhollande majeur (il a 37 ans) : son maître, Laurent Garnier, le prend gratuitement en apprentissage « pour reconnoistre par ledit sieur Garnier les bons services qui lui ont été rendus ainsi qu’au sieur Richard Thimothée Boucher son beau-père et associé par ledit sieur Dhollande en qualité de garçon de boutique depuis tout le passé jusqu’à cedit jour ». Dhollande sera reçu le 16 juillet 1750.
58 AN, MC, XCIX 482, 15 juin 1744, apprentissage de Jean-Baptiste Gregoire (il sera reçu mercier le 10 juillet 1748). XXXIX 408, 6 avril 1751, apprentissage de François Roger (reçu le 22 juillet 1751). XXXIX 410, 1er septembre 1751, apprentissage de Jean Drouard (reçu le 13 avril 1756).
59 AN, MC, XLI 465, 12 janvier 1739, apprentissage.
60 Rappelons que nous ne disposons des listes de réception qu’à partir d’août 1735, les apprentis reçus avant cette date ne nous sont connus que par le hasard de nos dépouillements, leur nombre est donc sous-estimé par rapport à la période postérieure.
61 AN, MC, L 292, 25 janvier 1725, mariage Decan-Herbault.
62 Voir ci-dessus le mariage de Charles-Antoine Venant. Venant meurt en 1761 dans une chambre louée 36 livres par an avec des marchandises évaluées 145 livres (AN, MC, LXXXV 563, 3 juin 1761, inventaire). Denis Fasquelle reçu fils de maître en 1687 se marie en 1691 avec une dot de 500 livres provenant de ses gains et épargnes ; à sa mort, il laisse dans sa boutique des marchandises valant moins de 300 livres, et des dettes passives pour près de 5 000 livres (L 285, 12 mai 1721, inventaire). Jacques-Paul Mouchet apporte 2 000 livres lors de son mariage avec la fille d’un employé dans les fermes du roi, il a été reçu comme fils de maître un mois auparavant, mais son père n’est pas présent (LXVII-594, 13 août 1755, mariage). Voir aussi le mariage de Jean-François Godefroy (CXII 562, 18 septembre 1753).
63 AN, MC, XLI 486, 25 juin 1744, délibérations des créanciers Reverend et Garnison.
64 Philip T. Hoffmann, Gilles Postel-Vinay et Jean-Laurent Rosenthal, Des marchés sans prix. Une économie politique du crédit à Paris, 1660-1870, Paris, Éditions de l’EHESS, 2001, p. 212-214. En 1662, la part des artisans emprunteurs était de 9 % (tableau p. 88).
65 AN, MC, XXIV 711, 9 janvier 1748, bail à Louis Paralle (qui sera reçu le 26 mars 1748) d’une boutique et d’une arrière-boutique moyennant 825 livres de loyer par an (son père Jacques Paralle bourgeois de Paris et sa mère se portent caution). AN, S 32/B, bail du 20 août 1770 à Denis Tisserand (reçu en 1761 par suffisance) et son épouse d’une boutique 500 livres par an (avec la caution d’un couple de maître doreur). LXIV 303, 22 octobre 1732, bail d’une boutique, arrièreboutique… moyennant 450 livres par an à Jean-Charles Anselme et son épouse (le père d’Anselme, bourgeois de Paris, se porte caution). Un autre exemple de caution parentale dans l’épicerie pour un jeune homme qui est « sur le point de se faire recevoir marchand épicier à Paris », et est pourtant fils de maître (LXXVII 235, 4 février 1751, bail à Guillaume Jean Delafuye de Joyenval).
66 Sur le cautionnement des emprunts conclus pour acheter des charges militaires, voir Jean Chagniot, Paris et l’armée au XVIIIe siècle. Étude politique et sociale, Paris, Economica, 1985, p. 261.
67 Un exemple parmi tant d’autres. AN, MC, X 318, 6 juillet 1715, accomodement des sieurs Guillaume Bonaventure Lebrun et Augustin Lebrun et leurs créanciers, les épouses Lebrun, qui ont récupéré leurs dots, se portent caution de leurs maris.
68 François-Joseph Ruggiu, L’individu et la famille dans les sociétés urbaines anglaise et française (1720-1780), Paris, Presses de l’université Paris-Sorbonne, 2007, p. 461.
69 Ronald M. Berger, The Most Necessary Luxuries. The Mercers’Company of Coventry, 1550-1680, The Pennsylvania State University Press, University Park, 1993, p. 239-240.
70 La mobilité sociale au XVIIe siècle, numéro spécial de la revue XVIIe siècle, no 122, 1979-1, p. 75.
71 Jérôme-Luther Viret, Valeurs et pouvoir. La reproduction familiale et sociale en Île-de-France. Ecouen et Villiers-le-Bel (1560-1685), Paris, Presses de l’université Paris-Sorbonne, 2004, p. 217 (« les ouvriers achètent presque exclusivement des maisons ou des parts de maisons… ») et p. 363 (il n’y a aucun laboureur parmi les descendants des ouvriers).
72 C’est la raison pour laquelle, à mon avis, les apprentissages fondés dans le cadre des charités paroissiales prévoient la formation professionnelle des jeunes gens sans envisager qu’ils puissent devenir maîtres de métier. Clare H. Crowston, « L’apprentissage hors des corporations. Les formations professionnelles alternatives à Paris sous l’Ancien Régime », Annales HSS, 60, mars-avril 2005, p. 431.
73 Steven L. Kaplan, « The luxury guilds… », art. cit., tableau p. 286, 3e colonne « sans qualité ».
74 Jean Dominique Augarde, « Noël Gérard (1685-1736) et le Magasin Général à l’Hôtel Jabach », Luxury Trades and Consumerism in Ancien Regime Paris…, op. cit., p. 171-173.
75 L’âge de ces hommes nous est inconnu, mais Pierre Louis s’est marié en 1751 (AN, MC, XI 576, 24 octobre 1751) et Jean-Baptiste s’est marié en 1753. CVII 474, 8 juillet 1753, mariage avec Marie Jeanne Lepicier ; CVII 478, 11 octobre 1754, inventaire de Jeanne Lepicier épouse de Jean-Baptiste Crepy. Ces données sont tirées de Vincent Milliot, Les cris de Paris ou le peuple travesti. Les représentations des petits métiers parisiens (XVIe-XVIIe siècles), Paris, Publications de la Sorbonne, 1995, p. 105. Sur Pierre Louis Crepy, voir aussi Christine Velut, « Le monde intérieur de la boutique : les boutiques de papiers peints à Paris, 1750-1820 », La boutique et la ville…, op. cit., p. 279.
76 Nous avons extrapolé les données concernant les apprentis de 1751 et 1761 respectivement aux décennies 1746-1755 et 1756-1765.
77 Alain Thillay, op. cit., p. 322-323 (voir aussi l’exemple de Louis-Auguste Despagne p. 274-277).
78 Bernard Gallinato, Les corporations à Bordeaux à la fin de l’Ancien Régime. Vie et mort d’un mode d’organisation du travail, s. l., Presses universitaires de Bordeaux, 1992, p. 218 et 224.
79 Ibid., p. 215.
80 Ibid., p. 217.
81 Jean-Claude Gaubert Baugé est né en 1710, il est le fils unique d’un officier de la marquise de la Luzerne qui décède en 1728. Il est reçu mercier le 23 mai 1736. AN, MC, X 432, 12 mars 1735, notoriété du décès de son père ; liquidation de sa succession.
82 AN, MC, XXXIX 383, 9 mai 1747, apprentissage. XLI 551, 30 octobre 1759, achat du fonds par Felix. LII, 419, 15 novembre 1761, mariage Pierre Felix avec Marie-Françoise Bourdeaux.
83 AN, MC, XLI 625, 14 août 1772, vente de fonds de commerce.
84 AN, MC, XLI 355, 18 octobre 1714, apprentissage d’Emée-François Fremont, 17 ans, fils d’un maître cordonnier (il sera reçu avant 1735). X 459, 2 octobre 1741, apprentissage de Jean Lamy, 15 ans, fils d’un marchand de Marly la Ville (il sera reçu le 23 décembre 1756). XXIV 751, 22 décembre 1756, apprentissage de Pierre-Constant Parfait, 21 ans, fils d’un maître graveur (il sera reçu le 21 janvier 1766).
85 AN, MC, LX 217, 25 avril 1720, apprentissage de François-René Gersaint, 16 ans. Autres exemples : XXI 420, 24 février 1761, apprentissage de Pierre Le Campion. IV 451, 15 septembre 1727, apprentissage de Vincent-Denis Varquain.
86 AN, MC, XII 521, 30 décembre 1751, obligation.
87 BNF, ms. Joly de Fleury-515 (vers 1780), f° 264, Additions au mémoire du Sieur Louis Bruer [reçu par suffisance en 1772] contre le procureur général, p. 2 : « La maîtrise du Maître Mercier, coûte mil à douze cents livres, il arrive souvent que toute la famille s’épuise pour faire recevoir leur Chef, & que tous, ou enfants, ou frères, vivent & travaillent ensemble sous cette qualité qui profite à tous. »
88 « Plus la dame veuve Testu mère de la future épouse en considération des soins que le futur époux prendre et de l’assiduité que la future épouse continuera d’apporter aux affaires du commerce de ladite leur mère, elle se charge de loger nourrir chauffer éclairer et blanchir lesdits futurs époux pendant quatre années » en sa maison, lesquelles quatre années ont été évaluées 2 400 livres « sans pouvoir pour ce par lesdits futurs époux induire aucune association avec la stipulante ni prétendre aucun profit ds son commerce » ; si pendant les 4 ans, les futurs époux se retirent et prennent leur ménage le stipulante ne sera tenue de leur fournir et payer la somme à laquelle leur logement et nourritures ont été évalués pour ce qui restera à expirer. AN, MC, V 462, 5 et 19 septembre 1751, mariages d’André Philippe (reçu mercier par suffisance en 1738 et veuf) et Jean-Baptiste Legret (apprenti depuis 1751, qui sera reçu en 1756) avec les deux filles de Marie Ravel veuve de François Testu.
89 Monique Cottret prépare l’édition du manuscrit qu’il a rédigé.
90 AN, MC, LXVIII 482, 31 octobre 1761, vente de fonds de commerce.
91 Cette logique purement économique se retrouve dans l’attribution par les marguilliers (dans leur grande majorité des marchands des six-corps) des bancs et des sépultures dans les églises paroissiales. Voir Laurence Croq, « Les mutations de la distinction sociale dans les églises paroissiales à Paris (des années 1680 à la Révolution) », Laurence Jean-Marie et Christophe Manœuvrier (dir.), Distinction et supériorité sociale en Normandie et ailleurs (Moyen Âge et époque moderne), actes du colloque organisé à Cerisy-la-Salle en septembre 2007, à paraître.
92 Journal de ma vie. Jacques-Louis Menetra compagnon vitrier au 18e siècle, présenté par Daniel Roche, Paris, Montalba, 1982, p. 208. AN, MC, LXIX 702, 28 juin 1765, mariage de Ménétra-Hénin.
93 Louis Bergeron, « La place des marchands et des négociants dans la croissance de la ville », Paul Butel et L. M. Cullen (éd.), Cities and Merchants : French and Irish Perspectives on Urban Development, 1500-1900, Dublin, Trinity College, 1986, p. 214-215.
94 Françoise Teynac, Pierre Nolot et Jean-Denis Vivien, Le monde du papier peint, Paris, Berger-Levrault, 1981, p. 86-98.
95 Guillaume Charles Drely qui s’est associé par son mariage en 1739 avec l’épouse d’un marchand mercier de peaux failli, est reçu aussi comme peaussier teinturier en cuir. AN, MC, LXXV 626, 17 janvier 1753, inventaire de Catherine-Jeanne Sarrazin épouse de Guillaume-Charles Drely, cote 29 des papiers. Louis-Éloi Bergeron (reçu par suffisance en 1766) dirige à la fois un commerce et un atelier d’armurerie rue de la Barillerie. Marie Josephe Lacroix de Lavalette, Une Parisienne sous la Terreur, Marie-Angélique Bergeron, Paris, Pierre Tequi éditeur, 1992, p. 30. Voir aussi le cas de François Cœuillet, cité dans la note 38 de l’annexe D.
96 AN, MC, X 728, 8 mai 1783, inventaire de sa belle-mère, Anne Milleret veuve de François Maroy. X 637, 4 mai 1773, vente de fonds de boutique à Charles-Théodore-François Leclerc.
97 Sur les autres tensions, voir Steven L. Kaplan, « Les corporations, les “faux ouvriers” et le faubourg Saint-Antoine au XVIIIe siècle », Annales ESC, 43, mars-avril 1988, p. 363 (les merciers dénoncent ceux qui font du commerce clandestinement dans le faubourg Saint-Antoine, mais y font travailler de nombreux ouvriers) ; id., « Idéologie, conflits et pratiques politiques dans les corporations parisiennes au XVIIIe siècle », Revue d’histoire moderne et contemporaine, 49, janvier-mars 2002, p. 5-55 (sur la tension entre la solidarité et les conflits internes).
98 Paul-André Rosenthal, Les sentiers invisibles : espace, famille et migrations dans la France du XIXe siècle, Paris, Éditions de l’EHESS, 1999.
99 Dominique Merllié et Jean Prevot, La mobilité sociale, Paris, La Découverte, 1997, p. 72. Sur la construction du groupe des cadres, voir Luc Boltanski, Les cadres. La formation d’un groupe social, Paris, Minuit, 1982.
100 En l’état actuel de mes recherches, je ne peux pas encore faire ce classement pour les merciers, car je n’ai les informations nécessaires (c’est-à-dire le contrat d’apprentissage et la profession et la résidence du père) que pour 69 merciers.
101 Roger Chartier, « Espace social et imaginaire social : les intellectuels frustrés au XVIIe siècle », Annales ESC, 37, mars-avril 1982, p. 389-400.
102 François Bluche, Les magistrats du Parlement de Paris au XVIIIe siècle, Paris, Economica, 1986 [1960], p. 19-20.
103 Voir les exemples de Gayot et Esmeri, âgés d’une quarantaine voire d’une cinquantaine d’années à leur entrée dans la cour, dans la contribution de Martine Bennini.
104 Par exemple, Damien Borie entre au présidial de Tulle après avoir été avocat pendant 18 ans, Louis du Savary et Simon de Verdilhac du Loubier accèdent à celui de Limoges respectivement à 45 et 43 ans. Vincent Meyzie, Les illusions perdues de la magistrature seconde, Limoges, Presses universitaires de Limoges, 2006, p. 46, 271 et 548. Je ne prends pas en compte les héritiers qui entrent dans un présidial à un âge avancé.
105 François Bluche, « Les officiers du Bureau des finances de Paris au XVIIIe siècle, 1693-1791 », Bulletin de la Société de l’histoire de Paris et de l’Île-de-France, 1973 (1970), a. 97, p. 147-215. Id., Les Magistrats de la cour des monnaies de Paris au XVIIIe siècle, 1715-1790, Paris, Les Belles Lettres, 1966. Id., Les Magistrats du grand conseil au XVIIIe siècle, 1690-1791, Paris, Les Belles Lettres, 1966. Le tableau comparé des âges moyens d’entrée dans ces institutions a été publié dans plusieurs travaux de François Bluche.
106 Entre 1740 et 1790, les nouveaux conseillers au présidial de Sarlat y accèdent à un âge moyen de 41 ans et 7 mois, ainsi Jean Bardon y entre à 45 ans. Vincent Meyzie, op. cit., p. 46 et 493.
Notes de fin
1 Steven Kaplan, La fin des corporations, op. cit., p. 215-218.
2 Dans le compte de communauté rendu le 14 octobre 1698 par Marie Pasquier veuve de Claude Cotelle marchand de soie à leurs sept enfants, parmi les dépenses particulières de Léonard et de Jean figurent pour chacun la somme de 380 livres pour leur réception comme marchand (Jean a été reçu le 27 juillet 1695) (AN, MC, XVI 598). Lors de son mariage en 1728, Jean Chapotin reçoit de ses parents 3 000 livres, dont « 500 livres à quoi ils ont estimés les frais de sa réception à la qualité de marchand à Paris ». IV 455, 27 juin 1728, mariage. Lors de la liquidation des droits de Jean Antoine Poirier [qui est alors employé dans les fermes] dans la succession de sa mère et en la communauté entre ses père et mère devant Hurel le 20 juillet 1724, son père « lui a fait remise de 624 livres qu’il avait déboursé pour faire recevoir marchand ledit sieur son fils ». CXV 539, 18 mars 1743, inventaire de Louis Poirier marchand mercier. Lors de son mariage devant Loyson le 22 novembre 1756, Charles Antoine Venant marchand mercier, reçu le 17 mai 1754, déclare avoir été doté de 1 760 livres, dont « 500 livres pour sa réception de marchand mercier ». LXXXV 563, 3 juin 1761, inventaire de Marie Claude Pajou épouse de Charles Antoine Venant marchand mercier. Pierre-Joseph Bauvin, marchand mercier, secrétaire du roi près le parlement de Besançon, fils d’un marchand de Tournai, lègue 350 livres de rente à l’hôpital de la Trinité pour faire recevoir tous les deux ans marchand mercier un fils de pauvre marchand mercier orphelin père et mère natif de Paris et étant à l’hôpital. XLII, 498, 5 avril 1766, testament olographe.
3 AN, MC, CIX 580,15 janvier 1751, mariage de Philippe Chrétien Pourpry mercier [reçu le 21 janvier 1749]. Dans la dot de l’homme constituée par ses parents en avance d’hoirie (6 000 livres) est comprise « sa réception dans la corps de la mercerie montant à la somme de 1 700 livres ». Son père se présente comme marchand mercier dans le contrat, mais il doit être marchand linger privilégié ou marié à une marchande lingère.
4 AN, MC, CXII 725, 14 juin 1761, mariage Vasselin-Noel (« il appartient en outre à ladite demoiselle future épouse comme fille de marchand mercier le droit et privilège de faire recevoir ledit Sieur futur époux marchand mercier, lequel privilège est évalué à la somme de huit cent livres au profit de la demoiselle future épouse ») ; VII 334, 2 août 1761, mariage Duhamel-Barbier (« attendu que ladite demoiselle Barbier est fille de marchand mercier à Paris et que le futur époux se dispose à se faire recevoir marchand mercier à Paris et que cette même qualité de la future épouse fait profit au futur époux d’une somme de 600 livres »).
5 AN, MC, LIII 521, 12 novembre 1775, pièces jointes ensuite du contrat de mariage Mareschal-Desjardins, comptes Henri Mareschal et son fils Michel, article 2 : déboursé à l’occasion de sa maîtrise 898 livres (800 livres pour la lettre de maîtrise, et 98 livres pour le brevet d’apprentissage).
6 Steven L. Kaplan, « The luxury guilds… », art. cit., tableau p. 286.
7 Parmi les recettes de la ville de Paris en 1753, figurent les « droits de réception des corps des marchands… pour la liberté de faire commerce leur vie durant » qui sont de « 1 600 livres pour chaque marchand drapier, bonnetier, épicier, mercier, de fer, orfèvre ; 2 000 livres pour chaque maître maçon… » et « de moitié moins pour la réception des fils de maîtres » (Arthur de Boislile, Lettres de M. de Marville…, Paris, Honoré Champion, 1896, introduction, p. XII). J’indique cette référence sans comprendre pourquoi elle figure dans les recettes de la ville de Paris…
8 . AN, T 975/1, 11 avril 1691, constitution de rente ; XXXIX 210, 20 septembre 1698, acte de désistement.
9 . AN, MC, CI 254, 13 novembre 1725, inventaire après décès de Marie-Anne Le Brun, épouse de Jean Ollivier.
10 Jean Dominique Augarde, « Noël Gérard (1685-1736) et le Magasin Général à l’Hôtel Jabach », Robert Fox et Anthony Turner (éd.), Luxury Trades and Consumerism in Ancien Regime Paris. Studies in the History of the Skilled Workforce, Ashgate, 1998, p. 169-188.
11 Michel Manson, Jouets de toujours de l’Antiquité à la Révolution, Paris, Fayard, 2001, p. 312.
12 Alain Thillay, op. cit., p. 283 et 285.
13 BNF, FOL-FM-8364, mémoire pour les sieurs Charles Godefroy, Louis-Nicolas Le Blanc et Pierre Boursier, marchands merciers, lapidaires et joailliers, créanciers et directeurs des droits des autres créanciers de Simon Delahoguette (de La Hoguette), contre ledit Delahoguette, marchand fripier…, 1732.
14 BNF, F-23715 (654), « Sentence de police en faveur de la communauté des maîtres boutonniers-passementiers à Paris, contre Prudent Grousne, ci-devant maître boutonnier et actuellement marchand mercier ; qui lui fait défenses de vendre des boutons tissus et faits au métier », 7 mai 1737.
15 AN, MC, LII 249, 20 novembre 1731, inventaire Catherine-Antoinette Ziegler épouse de François Darnault, cité par Carolyn Sargentson, Merchants and Luxury Markets. The Marchands Merciers of Eighteenth-Century Paris, Victoria and Albert Museum in association with the J. Paul Getty Museum, p. 21. Edme Calley, marchand mercier méconnu, actif sous la Régence et au début du règne de Louis XV, qui était à la tête d’un commerce très florissant rue de la Monnaie, « À la descente du Pont Neuf », revendit son fonds de commerce en 1737 à Darnault. Guillaume Glorieux, op. cit., p. 295.
16 Alain Thillay, op. cit., p. 282-284.
17 AN, Y 13 910, 27 mai 1730, scelles Madeleine Bouillerot epouse Nicolas Lechasseux maitre calottier.
18 AN, MC, XXX 366, 2 avril 1761, renonciation.
19 AN, MC, XXXIX 383, 18 février 1747, renonciation.
20 AN, MC, XXXIX 383, 13 mai 1747, renonciation.
21 AN, MC, XXXIX 400, 3 juillet 1749, renonciation.
22 AN, MC, XXXIX 400, 17 septembre 1749, renonciation.
23 AN, MC, XXXIX 401, 10 décembre 1749, renonciation.
24 AN, MC, XXXIX 407, 23 janvier 1751, renonciation.
25 AN, MC, XXXIX 407, 27 février 1751, renonciation.
26 AN, MC, LXIX 659, 17 juillet 1751, renonciation.
27 AN, MC, LXXXVI 649, 11 septembre 1751, renonciation.
28 AN, MC, XXXIX 410, 25 septembre 1751, renonciation.
29 AN, MC, L 401 (13), 5 août 1751, renonciation.
30 AN, MC, XXXIX 411, 6 novembre 1751, renonciation.
31 AN, MC, XXXIX 411, 4 décembre 1751, renonciation.
32 AN, MC, XXXIX 410, 20 octobre 1751, renonciation.
33 AN, MC, XXXIX 410, 21 octobre 1751, renonciation.
34 AN, MC, XXXIX 407, 10 février 1751, renonciation.
35 AN, MC, notaire de Langlard, 2 octobre 1740, mariage ; 9 décembre 1747, inventaire de Claude Charlotte Avisse épouse Marie Benigne Bocquillon marchand parfumeur ; XLI 620, 4 juin 1771, compte de succession.
36 Sur les gantiers parfumeurs, voir Catherine Lanoé, La poudre et le fard. Une histoire des cosmétiques de la Renaissance aux Lumières, Seyssel, Champvallon, 2008.
37 AN, MC, LXXXV 567, 4 novembre 1761, option : Antoine Chevalier à présent marchand fripier rue et paroisse Saint-Jacques de la Boucherie : « il réunit actuellement la qualité de maître fripier en cette ville avec celle de marchand mercier qu’il a acquise le mois dernier, mais que ne voulant conserver et exercer ensemble ces deux professions/suivant les statuts du corps de la mercerie et reglements de police relatifs il est obligé d’opter entre l’une et l’autre desd professions, qu’en conséquence/[entre//rayé] il opte celle de marchand mercier pour s’en tenir à elle… » renonçant entièrement à la maîtrise de fripier.
38 AN, MC, XXI 387, 2 juin 1751, bail de maison à Vaugirard à François Cœuillet charron privilégié à Paris. Domicilié dans le faubourg en 1769, François Coeuillet est interpellé par les jurés selliers. « Dans deux immenses ateliers et un grand magasin, derrière une belle boutique, ce mercier fait travailler différents ouvriers, peintres, bourreliers, selliers, etc. » AN, Y 11085, 24 octobre 1769, cité par Steven L. Kaplan « Les corporations, les “faux ouvriers”… », art. cit., p. 366-367.
39 AN, MC, VII 336, 19 décembre 1761, renonciation.
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