Individus et société, hier et aujourd’hui : quelques réflexions sur un couple problématique
p. 49-60
Texte intégral
1La discussion finale de la dernière journée de notre colloque a été vive et, en partie, polémique. Elle a fait état de divergences significatives entre les participants, portant essentiellement sur la manière de considérer la contribution et le rôle des individus dans le cadre de choix familiaux, notamment lorsque l’horizon de ces choix est le maintien de la famille. Pour certains, la marge de manœuvre des individus est pratiquement inexistante ou bien étroitement renfermée dans les mailles serrées d’une stratégie collective visant à reproduire le groupe, tant dans sa dimension sociale, que dans sa dimension symbolique. Pour d’autres, les pratiques et les parcours individuels, loin d’être de simples reflets de stratégies collectives, familiales, à lire dans la cohérence d’un plan dessiné par l’ensemble dont chacun serait un porteur neutre, révèlent la manière dont chacun s’adapte à des exigences diverses, les intègre de manière souvent originale, en modifiant en retour la cohérence du dessin collectif, si dessin collectif il y a.
2Sans vouloir caricaturer les différentes positions, ni porter à l’extrême des discordances qui n’empêchent pas un accord de fond sur les thèmes traités, il me semble important de les évoquer et de les discuter ici. Elles constituent en effet un bon reflet du débat qui traverse actuellement nos disciplines sur le rôle de l’individu dans des sociétés qui ne le reconnaissent pas1 et sur l’opportunité scientifique de le placer au centre de l’analyse sociale. Je ne souhaite pas ici reprendre les termes théoriques de la discussion entre les différents modèles sociologiques et les unités que chacun d’eux identifie comme la base de la production sociale. Je voudrais plus simplement suggérer de manière indirecte un parcours de lecture possible parmi d’autres des textes que nous proposons ici, à partir d’un point de vue particulier, qui est celui de la relation, toujours problématique, entre individus et société.
Approches contemporaines
3Dans un texte publié en 1999, l’écrivaine Nancy Huston – canadienne anglophone ayant décidé de vivre en France et d’écrire en français – s’exprime de la manière suivante dans un petit chapitre intitulé « L’inné, l’acquis et l’inné » :
« Cela fait longtemps que je travaille contre le modèle sartrien de l’auto-engendrement, du “tout culture”, du je me choisis, moi, adulte, rationnel, souverain, entièrement libre et autonome. Sartre avait en horreur la nature, l’hérédité, la reproduction, tout ce qui ressemblait de près ou de loin à un lien imposé, prédéterminé, enraciné dans la nécessité biologique. Il n’y a pas que Sartre, bien sûr. […] Sujet transcendantal, l’homme – ce qui s’appelle un homme d’après cette conception – se choisit. S’invente. […] Ne désire transmettre que du savoir, et non des gènes […]. Or, il se trouve que non seulement la majorité des êtres humains deviennent parents : tous en ont. Être ou avoir un parent, cela veut dire qu’on est lié à d’autres par des liens d’amour et de haine, des liens chromosomiques, des liens d’histoire.
Tous ces liens non choisis, “contingents”, sont perçus par ces auteurs comme des cordes qui ligotent. […] Je travaille contre ce modèle et, en même temps, il me ressemble assez. En revêtant mon masque francophone, en m’installant dans une culture étrangère, qu’ai-je fait d’autre que de me choisir libre et autonome ? J’ai déclaré aux miens : je peux, veux, dois tout faire toute seule. Sans votre aide, sans vos conseils, sans votre jugement. Et puis…
Vingt-cinq ans plus tard, en me coiffant un matin devant la glace, je vois… entre mes sourcils… deux petites rides verticales.
Les rides de ma grand-mère Huston. Elle avait tant froncé les sourcils, Granny, disions-nous, que les traces de son mécontentement restaient gravées, indélébiles, même lorsqu’elle souriait. Mais… moi, est-ce que je fronce les sourcils si souvent que cela ? Serais-je devenue sévère, critique et acariâtre comme Granny Huston ? Je n’en ai pas l’impression, pourtant. Mais alors… elle non plus, peut-être ? Ces stigmates seraient-ils transmis de génération en génération par les chromosomes Huston, indépendamment de la vie psychologique du visage qui les porte ? Mon Dieu… c’est terrifiant. Arrivé à la quarantaine, l’inné commence à vous rattraper. […] Et si seulement l’innée voulait bien se contenter de reprendre votre corps ! Mais non, il veut l’âme aussi. […]
Que nous le voulions ou non, nous ressemblons corps et âme à nos parents, à nos grands-parents, au peuple dont nous sommes issus, à nos compatriotes… Ils nous déterminent : non en totalité, mais en partie. Être juif ou noir, homme ou femme, pute ou voleur, canadienne ou française, cela existe, dans la réalité et pas seulement dans le regard des autres, et cela entraîne des conséquences. La contrainte, autant que la liberté, est partie intégrante de notre identité humaine2. »
4Les hommes et les femmes sujets des réflexions de Nancy Huston sont des individus modernes, dont le problème principal n’est pas celui de reconnaître leur propre individualité, mais plutôt de récupérer le sens des liens qui les attachent à des institutions collectives et à faire les comptes avec celles-ci sans pour autant renoncer à la liberté acquise. Il s’agit, certes, d’une vision extrême de la dépendance, qui ignore provisoirement – et de manière sans aucun doute provocatrice – toute construction individuelle capable de moduler les appartenances originaires. D’autres auteurs ont, par ailleurs, insisté avec autant de force sur la nécessité de sortir les individus des cages de catégories figées par leur appartenance originaire, niant toute possibilité de la part des hommes et des femmes de « construire » leur identité. Je pense ici à Amin Maalouf ou à Amartya Sen qui ont combattu avec efficacité l’image d’une identité unique et univoque3. Mais la vision proposée par N. Huston, et la force avec laquelle elle est énoncée, met l’accent sur l’écart entre la réalité des liens humains vécus et l’idéologie qui accompagne la construction de l’image individualiste des sociétés contemporaines4. Or, la caractérisation de la société contemporaine occidentale comme nouvelle et spécifique, fondée sur la liberté individuelle a souvent été construite à partir de l’opposition avec celle qui l’a précédée : l’« ancien régime » contre le « nouveau ». Pour être efficace, cette opposition se doit d’être radicale et finit souvent par caricaturer le passé.
5Dans une interview donnée à un journaliste italien et publiée en 2003, le sociologue Zygmunt Bauman, en traitant du thème de l’identité, explique par exemple sa conception de la formation de l’identité contemporaine en opposition à celle qui, à son avis, caractérisait la période moderne :
« Le travail d’un constructeur d’identité, comme le dirait Claude Lévi-Strauss, est un travail de bricoleur, qui crée toute sorte de choses avec les matériaux à disposition […]. Cela n’a pas toujours été de la sorte. Lorsque la modernité a remplacé les ordres pré-modernes (qui déterminaient l’identité en fonction de la naissance, en laissant très peu d’occasions pour se poser la question : “qui suis-je ?”) avec les classes, les identités sont devenues des tâches que les individus devaient accomplir eux-mêmes […]. Pour citer Sartre : pour être un bourgeois il n’est pas suffisant de naître bourgeois, il faut vivre son entière existence en tant que bourgeois ! L’appartenance à la classe à laquelle on prétend appartenir, on doit la démontrer avec des faits, avec sa vie entière, non pas simplement en brandissant le certificat de naissance. Si on n’est pas capable de donner ce genre de preuve, on peut perdre son assignement de classe, devenir un déclassé.
Pour la plupart de l’époque moderne il était très clair en quoi consistait cette épreuve. Chaque classe avait, pour ainsi dire, ses parcours de carrière, une trajectoire tracée sans ambiguïtés, accompagnée tout le long d’indicateurs de direction qui permettaient aux voyageurs de contrôler leur progression. Il n’y avait donc aucun doute sur le genre de vie qu’il fallait adopter pour être, par exemple, un bourgeois ou être tenu comme tel. Surtout, cette forme semblait tracée une fois pour toutes. On pouvait suivre la trajectoire pas à pas, acquérant les honneurs de classe en succession, selon leur ordre approprié, “naturel”, sans s’inquiéter de voir quelqu’un déplacer ou inverser les indicateurs de direction avant la fin du voyage5. »
6Cette image de la société du passé et de sa rigidité me paraît sans doute à discuter. Elle vient, je crois, d’une confusion répétée entre d’une part, les idéologies qui caractérisent de façon plus ou moins hégémonique les différentes époques et qui constituent des images fortes de la société et des personnes qui l’habitent, en mesure de suggérer des comportements conformes et, d’autre part, des modèles utilisés par les historiens pour expliquer l’action sociale.
7L’opposition récurrente entre société holiste et société individualiste est particulièrement indicative de ces ambiguïtés. Il s’agit d’une distinction sans doute pertinente pour ce qui concerne l’idéologie ou la culture d’une époque : elle nous permet en effet de comprendre une sorte d’idéal et d’horizon d’attente d’un « devoir être » de la société. On ne saurait nier l’importance de ces systèmes idéologiques : ils marquent efficacement la production institutionnelle, politique et juridique de chaque époque et, de ce fait, influencent évidemment les comportements et les pratiques, aussi bien collectifs qu’individuels6. Mais le constat de l’holisme dominant dans les sociétés anciennes a trop souvent amené les historiens à rejeter aux marges l’analyse de toute pratique individuelle s’écartant de ce schéma et à privilégier les vues d’ensemble, et notamment les résultats statistiquement fréquents. La discussion s’est enlisée autour de la caractérisation générale de la société d’Ancien Régime, de son incapacité à reconnaître les individus à part entière. Bref : on se heurte systématiquement à l’écueil de la « naissance de l’individu », de la reconnaissance d’une autonomie du sujet ou encore de l’individualisme qui ferait des « aspirations et des intérêts particuliers de l’individu la référence suprême7 » de la société. Ainsi, l’histoire sociale peut renvoyer la balle à l’histoire culturelle ou intellectuelle afin qu’elle dégage la véritable chronologie de la mutation de la société holiste à la société individualiste et peut aisément continuer à utiliser ses catégories générales qui sous-estiment bien souvent la capacité individuelle à manipuler des règles du jeu, par ailleurs fort contradictoires8.
8L’une des conséquences, soulignée ici notamment par la communication de Luciano Allegra, est la perception que les historiens ont produit d’une société d’Ancien Régime immobile, statique que l’on peut expliquer de façon adéquate et suffisante à partir des cadres normatifs qui la balisent : « Nous sommes restés bloqués dans le piège du linguistic turn et nous avons pensé que la réalité est constituée de ses représentations : en particulier, celle du droit9. » Cela est particulièrement vrai dans les modalités que nous choisissons souvent pour exposer les résultats de nos recherches et qui privilégient la normalisation statistique et formelle plutôt que la discussion du « cas par cas » qui se rapprocherait pourtant plus de la réalité étudiée10. Malgré les avancées dans la recherche et les nombreuses tentatives de sortir de cette impasse, il faut bien constater que l’on reste encore trop souvent prisonnier de cette difficulté, du moins dans les discussions et les conclusions que nous tirons de nos travaux11.
9Pourtant, depuis quelque temps, l’historiographie consacre une énergie notable à l’étude des aspects les plus mouvants des sociétés d’Ancien Régime, en nous restituant une image de celles-ci beaucoup plus mobile et fluide. Les communications de Corine Maitte et de Monique Cottret, ainsi que la mienne, insistent sur cette mobilité. Les hommes et les femmes bougent de leurs lieux d’origine, reviennent, repartent ; les phénomènes de mobilité sociale et professionnelle y sont beaucoup plus importants que ceux que l’on voyait à partir des approches classificatoires qui créaient des catégories immuables aux contours rigides. La liberté individuelle, la manière dont les personnes construisent des parcours de vie originaux, sont devenus des véritables objets de recherche qui intéressent de façon plus ou moins explicite de plus en plus d’historiens et d’historiennes. Lentement, on déplace notre regard à l’intérieur des sociétés, pour chercher moins les contraintes rigides qui pèsent sur les destins individuels, les déterminismes sociaux, que les possibilités engendrées par un usage fin des ressources disponibles de la part de chaque acteur social. Entre les inscriptions originaires et inéluctables dans lesquelles on vient au monde et la liberté de se construire en dépit de ces contraintes, il y a une zone d’ombre que nous devons encore explorer de manière approfondie. Il s’agit souvent simplement de modifier la perspective à travers laquelle nous lisons nos sources.
Retour à l’Ancien Régime
10Le travail de recherche que je mène actuellement voudrait aller dans cette direction. Je m’interroge en effet sur la manière dont les hommes et les femmes construisent et reconstruisent sans cesse leurs identités à partir des contraintes et des opportunités qui leur sont offertes suivant les contextes et qu’ils/elles intègrent et exploitent à partir de leurs configurations individuelles et de leurs expériences. À chaque étape du parcours de vie, on dispose d’un certain nombre de ressources « biographiques » qui peuvent être mobilisées pour faire face à des nouveaux défis ou qui sont encombrantes à gérer dans l’immédiat et qui doivent être repensées et reclassées dans des nouvelles significations ou simplement mises en attente, de façon à pouvoir « composer sa vie12 ». Les documents archivistiques ne nous renseignent pas directement sur ces aspects. Mais ils nous livrent des indices capables de confirmer la pertinence des interrogations et suggérer des pistes de recherche. Les écarts par rapport à des « normes » plus ou moins explicites sont évidemment les révélateurs précieux des possibilités – multiples, non pas infinies – de chacun dans cette construction laborieuse.
11Les conversions religieuses sont particulièrement intéressantes à étudier à ce propos, car chacune présente des traits particuliers et relève de parcours individuels qui passent parfois inaperçus derrière l’analyse de mouvements collectifs. Si le cas de Rousseau que Monique Cottret évoque ici peut sembler particulier, on peut trouver des cas beaucoup moins exceptionnels dans les dossiers de nos archives. Je prendrai ici un seul exemple, celui d’une jeune Lyonnaise, dont le parcours présente des caractéristiques spécifiques. Hélène Cointaud est fille d’un marchand gantier de Lyon. Huitième de quinze enfants, elle se marie en mars 1664 avec un marchand, Pierre Naulot, originaire de Grenoble. Elle a alors dix-neuf ans et elle est enceinte. En juin, le couple baptise son premier enfant au temple réformé de Saint Romain de Couzon, près de Lyon. D’autres naissances suivent rapidement : en janvier 1667, en avril 1668, en juin 1669. En août 1670 est baptisé Jean, qui meurt le 3 novembre de la même année. À la fin du mois, Hélène abjure la religion réformée et trouve un refuge à l’Abbaye de la Déserte13. Elle y reste juste en juin 1674. Il est difficile de savoir si sa conversion est due à une crise matrimoniale et personnelle ou bien si un conflit avec son mari intervient à cause de la volonté d’Hélène de quitter la religion réformée. Quoi qu’il en soit, au bout de quatre ans, Hélène finit par se réconcilier avec son mari, revenir à la maison et engendrer six autres enfants, tous baptisés au temple réformé de Saint-Romain. Aucune trace officielle de son retour au sein de l’Église réformée : elle semble rester catholique. Son geste de rupture avec sa famille et sa religion avait été précédé par celui de son jeune frère Théodore qui avait abjuré en 1665 et avait demandé à la Compagnie pour la Propagation de la Foi qui recevait sa conversion, de le mettre en apprentissage auprès d’un autre maître que celui à qui son père l’avait confié14.
12Ce genre de conflits est plus que fréquent. Dans le contexte particulier, les protagonistes optent pour une issue religieuse, non seulement pour sa force symbolique, mais aussi parce que l’Église catholique met à la disposition des convertis des ressources économiques, logistiques et relationnelles en mesure de soutenir et appuyer les éloignements de la famille et de la religion d’origine. La communication que j’ai présentée dans le cadre de notre colloque et publiée ici, porte sur les relations entre migration et conversion et cherche à montrer la manière dont les ressources offertes par la Compagnie pour la Propagation de la Foi de Lyon sont intégrées par les Genevois et Genevoises qui s’installent à Lyon dès l’élaboration du projet migratoire. Dans ce cas également ce qui apparaît dans la documentation disponible, est une articulation plus complexe entre contraintes sociales et liberté individuelle. Cette dernière ne se présente pas uniquement sous la forme de rupture par rapport à une tradition, familiale ou collective. Des marges pour intégrer des préférences individuelles dans des projets familiaux ou pour revendiquer silencieusement des identités socialement faibles existent. Deux exemples rapidement présentés peuvent en témoigner. Les femmes mariées que les sources identifient systématiquement en tant qu’« épouses de » et qui ne semblent devoir leur existence sociale qu’à leur mari, signent toujours – lorsqu’elles en sont capables – avec leur nom de naissance, sans ajouter celui de l’époux15. Le testament de Léonard Guigair, un marchand confiseur originaire de Saint Gall, mais installé à Lyon, fait état d’ouvertures inattendues par rapport aux choix professionnels de ses enfants. Son épouse, à qui il confie leur tutelle, devra assurer la répartition entre eux de l’héritage qu’il lui laisse et garantir à chacun d’entre eux une instruction professionnelle « de leur choix16 ». Que nous sommes loin ici de la rigidité des appartenances originaires et des contraintes d’une transmission encadrée par des règles familiales et sociales ne laissant qu’une place déterminée et figée à chaque membre du groupe…
13On pourrait évidemment multiplier les exemples, les documents ne manquent pas. Mais, comme le disait Marc Bloch, c’est le questionnement qui est à l’origine, non pas le document17. Il s’agit alors de déplacer incessamment l’interrogation des groupes aux individus, du cadre aux éléments qui le composent et qui le forgent.
14Par exemple, l’analyse des systèmes et pratiques de dévolution des biens et de transmission des patrimoines ne peut plus se limiter à constater les différences formelles entre eux. Elle doit s’interroger de manière substantielle sur les conséquences que des temporalités différentes dans ces systèmes et ces pratiques engendrent pour chacun et chacune des héritiers, du point de vue de leurs relations réciproques et de leurs choix. Cette interrogation, que des travaux récents et moins récents ont placé au centre de leur analyse (voir ici par exemple la communication d’Anna Bellavitis)18, me semble particulièrement à même de repositionner le débat entre contraintes collectives et rôles individuels. Je pense aussi aux différences entre traditions juridiques qui favorisent le partage effectif des biens parentaux à la mort du testateur et celles qui le réalisent plutôt au moment du mariage des héritiers, du moins pour une partie d’entre eux (les discussions avec Laurence Croq et les textes qu’elle publie ici en sont de bons exemples). Si cela a peu de pertinence pour l’analyse des stratégies de reproduction familiale, c’est au contraire un élément important dans le déroulement successif des choix et de la vie de chacun des héritiers.
15L’irruption du genre comme catégorie fondamentale de la compréhension et de l’explication historique a d’ailleurs contribué sans aucun doute à revaloriser les apports individuels aux projets collectifs et à mettre l’accent sur les ressources multiples que chaque homme et chaque femme apporte à l’entreprise collective (voir la communication d’Élie Haddad). Les travaux de Luciano Allegra sur les dots des femmes juives turinoises au XVIIIe siècle montrent par exemple que, loin de constituer de simples indemnisations de l’exclusion des filles de l’essentiel de l’héritage familial transmis aux garçons, les dots sont les pièces maîtresses du système de dévolution de ce milieu19. Puisque les biens dotaux ne peuvent pas être saisis par les créditeurs, ni revendiqués par les autorités, ils peuvent servir les intérêts de l’ensemble de la famille dans les moments critiques. Les parents se mobilisent donc pour constituer des dots riches à leurs filles, sacrifiant, le cas échéant, les patrimoines des enfants mâles. La centralité des femmes dans ce système de dévolution qui s’appuie sans doute sur des sentiments d’identité et d’appartenance plus forts et plus stables chez les femmes que chez les hommes, contribue en retour à renforcer ultérieurement ce sentiment et la position sociale des femmes à l’intérieur de la communauté. Position originale des juifs et des juives piémontais ? Sans doute. Mais nous pouvons aussi élargir l’analyse et nous demander comment, dans d’autres milieux et par rapport à d’autres contraintes, une gestion particulière des patrimoines influence la position de chacun à l’intérieur de la famille et des stratégies de perpétuation de celle-ci que chaque génération est en mesure de mettre en place. La fragilité protestante en France sous le règne de Louis XIV, par exemple, permet de renforcer des positions faibles à l’intérieur des familles et de modifier de ce fait non seulement les stratégies familiales, mais aussi les parcours individuels20.
16Le contenu de l’héritage est d’autre part un enjeu important et une clé de compréhension de la réalité d’Ancien Régime qui ne cesse de révéler ses potentialités. Le livre de Giovanni Levi a d’ailleurs élégamment et définitivement montré que l’on ne transmet pas uniquement du « matériel », mais aussi des ressources relationnelles, des rôles sociaux, des positions de prestige ainsi que des hypothèses sur ce qui compte dans le monde actuel et à venir, des paris sur le futur que les enfants peuvent accepter ou transformer. C’est là un biais important, à mon sens, pour repositionner ultérieurement le questionnement en nous tournant décidément du côté de ceux et celles qui reçoivent l’héritage, en premier lieu les enfants. Doués de patrimoines à la composition variable, qu’ils/elles peuvent ne pas savoir utiliser dans des nouveaux contextes, plus ou moins capables et désireux de re-interpréter les ressources dont ils disposent pour réactualiser et ainsi poursuivre le projet familial, les enfants peuvent aussi rejeter des héritages qui les destinent à occuper des positions qu’ils/elles n’ont pas forcément souhaité. Les attitudes à l’égard des héritages parentaux que les archives nous restituent ne témoignent guère en faveur de l’acceptation passive de la part des enfants des volontés paternelles et/ou maternelles. Bien au contraire, les contestations des testaments, à l’appui aussi des contradictions entre systèmes normatifs différents, démontrent une participation active des enfants à la construction et à la nature des biens qui leur sont légués. Les échanges, les négociations, les conflits entre héritiers dessinent un monde dans lequel, d’une génération à l’autre, on revendique le droit de refaire les volontés parentales, de modifier la place assignée dans un jeu familial qui sans doute vise à dépasser les individus (voir le texte de Serge Chassagne). Plutôt que d’assigner à un individu une place prédestinée et non négociable, le rang de naissance dessine autour de chaque enfant des espaces de possibilités différentiels, mais relativement ouverts. En fin de compte, Jacob a bien pu s’approprier le droit d’aînesse de son frère, à la fois en le rachetant avec une soupe de lentille, et en trompant la volonté paternelle avec la complicité de la mère… Les échappatoires au destin qui semble imposé par les formes de la transmission et par les contenus de celle-ci apparaissent nombreuses lorsque l’on prend la peine de sortir des schémas figés de la transmission comme perpétuation à l’identique.
17C’est sans doute dans le domaine de la transmission professionnelle que les avancements de la recherche historique ont été le plus frappant. Le paradigme posant la transmission directe du métier du père au fils le modèle dominant sous l’Ancien Régime a été démontré comme intrinsèquement faux21. Dès lors, les études sur la transmission professionnelle et la mobilité sociale ont dû réinventer des mesures et des paramètres d’analyse qui sont devenus plus souples et plus attentifs au jeu de possibilités des héritiers. Giovanni Levi avait précisément saisi cet aspect dans son étude sur les carrières des artisans à Turin au XVIIIe siècle :
« Les choix professionnels des jeunes générations, tout hétérogènes qu’ils soient, semblent être fortement influencés par la courbe […] de richesse de leur père. […] Ceci ne résulte pas simplement d’un maintien dans la même strate sociale que le père […] mais plutôt d’un choix beaucoup plus fin au sein des différentes professions artisanales. Les données tendraient à montrer que l’estimation par les fils du moment où ils doivent commencer à gagner leur vie, et de la manière dont ils doivent étaler leurs revenus au cours de l’existence, est fortement influencée par la courbe de revenu de leur père, qu’ils ont pu percevoir à travers son style de vie22. »
18Dans cette même direction, Sandra Cavallo suggère que, pour saisir les parcours empruntés par la transmission des métiers, il faut « déplacer le regard d’un métier précis, au domaine professionnel plus vaste dans lequel ce métier s’inscrit23 » et élargir l’analyse au cadre plus large de la parenté plutôt qu’au seul couple père/fils. C’est en effet la parenté – frères aînés, oncles, cousins tout d’abord – qui se charge de transmettre les savoirs propres à un domaine professionnel plus large, où il y a de la place pour des choix individuels de diversification, bien que limités. Cela explique par ailleurs la faiblesse de l’apprentissage à l’extérieur de la famille et l’importance des savoirs et des pratiques professionnelles féminines.
19L’élargissement de l’analyse de la transmission à la famille plutôt qu’au couple père/fils est aussi le présupposé du travail de Luciano Allegra sur la mobilité sociale à Turin au début du XIXe siècle24, travail qui sert aussi de point de départ aux considérations qu’il présente dans le texte publié ici. Ses conclusions sont peut-être encore plus radicales : « Tous les secteurs du monde du travail de la fin de l’Ancien Régime connaissent une très grande fluidité25. » Même dans les professions que l’historiographie voudrait particulièrement fermées, la diversité des secteurs d’emploi qu’une même fratrie occupe est extrêmement abondante. Rien ne semblerait démontrer une éventuelle préférence accordée à un enfant au détriment des autres frères, par exemple.
20Si je cite ces études en particulier, c’est parce qu’elles ouvrent des questionnements sur lesquels il faudrait peut-être s’arrêter. Comment par exemple les modalités d’apprentissage des métiers – à l’intérieur de la famille ou à l’extérieur… – influencent la formation, la socialisation, le devenir des enfants ou de jeunes adultes ? Apprendre un métier avec son père, son frère, son oncle ou avec un étranger ne met pas forcément en jeu les mêmes dynamiques ni les mêmes contenus ni la même conflictualité. Et quelles sont les conséquences de la dispersion des secteurs professionnels que l’on retrouve au sein des fratries et des familles, tant pour les familles que pour les groupes professionnels en question ? Cette interrogation me semble importante, car elle affecte également le statut des groupes professionnels et sociaux comme unités pertinentes d’analyse – unités qui reposent, si on y pense bien, sur l’assomption implicite d’une continuité à travers les générations et d’une transmission interne de la « culture » du groupe.
Conclusions
21La relation entre choix individuel et contraintes collectives n’est bien évidemment pas la clé de lecture univoque des textes que nous présentons ici. La variété des objets pris en compte empêche à elle seule l’adoption d’une grille d’interprétation unique pour analyser les réalités historiques présentées. La logique lignagère d’une noblesse consolidée ne correspond sans doute pas à celle des familles en quête d’ascension et promotion sociale et la migration redistribue souvent les cartes de l’organisation familiale et locale en donnant une nouvelle forme au possible – et à l’impossible – individuel et collectif. Cependant, l’incertitude qui accompagne le déroulement de l’existence, l’imprévisible et l’imprévu qui arrivent pourtant à se réaliser, dévoilent des histoires familiales et collectives où la contrainte qui semble peser sur le destin de chacun est redéfinie au fil du temps par des initiatives individuelles s’écartant d’une norme, par ailleurs souvent définie à partir de ce qui est plus fréquent. Tous les textes rassemblés dans le présent volume, chacun à sa manière et à partir de préoccupations très éloignées de celle qui est ici évoquée, montrent néanmoins la présence de cette dimension que nous figeons souvent dans nos récits.
22Comme j’espère l’avoir suggéré dans ces brèves réflexions, la tension entre « l’acquis et l’inné », pour reprendre les termes de Nancy Huston est également présente, sous une autre forme sans doute, dans les sociétés que nous étudions. Et elle se double d’une autre tension, celle entre les aspirations, les volontés individuelles et le destin que d’autres ont tracé :
« C’est un dur destin que d’avoir un destin. L’homme prédestiné avance, et ses pas ne peuvent que l’amener là, au point d’arrivée que les étoiles ont fixé pour lui, ou aux points d’arrivées successifs, fastes et néfastes, au cas où les astres aient décrété, comme à Ruggiero, un mariage d’amour, une glorieuse déscendance, mais aussi, hélas, une fin prématurée. Mais entre le point où il se trouve à présent et l’accomplissement du destin, tant de choses peuvent arriver, tant d’obstacles peuvent s’interposer, tant de volontés peuvent entrer en jeu et s’opposer au vouloir des astres : le chemin que le prédestiné doit parcourir peut être non pas un rectiligne, mais un labyrinthe interminable. Nous savons bien que tous les obstacles seront vains, que toutes les volontés étrangères seront vaincues, mais il nous reste le doute si ce qui compte réellement est le point d’arrivée lointain, fixé par les étoiles, ou bien l’interminable labyrinthe, les obstacles, les erreurs, les péripéties qui donnent une forme à l’existence26. »
Notes de bas de page
1 Thierry Waneggfellen, « Les convertis du siècle des réformations. Discours confessionnel et expérience individuelle », Jean-Christophe Attias (éd.), De la conversion, Paris, Éditions du Cerf, 1997, p. 183-202. L’auteur s’exprime de cette manière à propos de l’individu et de sa pertinence dans l’analyse historique concernant l’Ancien Régime : « On s’attendrait, en effet, à ce que les convertis s’attachent à relater leur expérience avec leurs mots à eux, afin d’en dégager toute la singularité. Mais cet espoir à quelque chose d’illusoire, dès lors qu’on travaille sur une période où l’individu comptait bien moins qu’aujourd’hui » (p. 183) ; « C’est finalement un trait commun à l’ensemble des récits : dans très peu d’entre eux les convertis paraissent réellement parler d’eux-mêmes ; on ne les voit le plus souvent que manier le stéréotype et reprendre à leur compte un discours impersonnel. La chose est au fond compréhensible en un siècle où l’individu n’est jamais réellement reconnu qu’intégré à un groupe, à une communauté, à la paroisse, au métier, au corps de ville, à l’ordre social, à l’Église, locale chez les réformés, universelle chez les catholiques » (p. 188, c’est moi qui souligne).
2 Nancy Huston, Nord perdu suivi de Douze France, Arles, Actes Sud, 1999.
3 Amin Maalouf, Les identités meurtrières, Paris, Grasset, 1998 ; Amartya Sen, Identité et violence. L’illusion du destin, Paris, Odile Jacob, 2007.
4 Nancy Huston a poursuivi sa polémique contre une certaine culture littéraire construisant une image à son avis déformée de nos sociétés dans un livre intéressant et militant, Professeur de désespoir, Arles, Actes Sud, 2004.
5 Zingmunt Bauman, Intervista sull’identità, a cura di Benedetto Vecchi, Rome/Bari, Laterza, 2003, p. 57-58. C’est moi qui traduit.
6 J’ai moi-même utilisé le paradigme holiste comme clé de lecture pertinente des systèmes économiques d’Ancien Régime. Je me permets de renvoyer à mon travail sur le système annonaire romain : Monica Martinat, Le juste marche. Le système annonaire romain aux XVIe et XVIIe siècles, Rome, École française de Rome, 2004.
7 François-Joseph Ruggiu, « Les notions d’“identité”, d’“individu” et de “self” et leur utilisation en histoire sociale », Marc Belissa, Anna Bellavitis, Monique Cottret, Laurence Croq et Jean Duma (éd.), Identités, appartenances, revendications identitaires, Paris, Nolin, 2005, p. 399.
8 Giovanni Levi, Le pouvoir au village. Histoire d’un exorciste dans le Piémont du XVIIe siècle, Paris, Gallimard, 1989 (éd. or. Turin, 1985). Il ne me semble pas hors du présent propos de remarquer le glissement de sens que le titre et le sous-titre du livre ont subi de la version italienne à la version française. Le titre italien – L’eredità immateriale. Carriera di un esorcista nel Piemonte del Seicento – mettait l’accent d’une part, sur un lien individuel de transmission – l’héritage – et suggérait le déroulement d’un parcours individuel – la carrière de Giovan Battista Chiesa. La traduction française objective le pouvoir et immobilise le parcours.
9 Luciano Allegra, « À propos de micro-macro », contribution dans ce recueil.
10 Comme le même Allegra le rappelle, on retrouve ici la tension que Carlo Ginzburg analysait dans son essai désormais classique « Traces. Racines d’un paradigme indiciaire », Le débat, 1980 (éd. or. 1979) : « Mais un paradigme indiciaire peut-il être rigoureux ? L’orientation quantitative et anti-anthropocentrique des sciences de la nature à partir de Galilée a placé les sciences humaines devant un dilemme désagréable : ou assumer un statut scientifique faible pour arriver à des résultats marquants, ou assumer un statut scientifique fort pour arriver à des résultats négligeables » (p. 178-179).
11 À ce propos, restent d’actualité certaines réflexions rassemblées dans Jeux d’échelles. La micro-analyse à l’expérience, Jacques Revel (dir.), Paris, Gallimard/Seuil, 1996, en particulier : Maurizio Gribaudi, « Échelle, pertinence, configuration », p. 113-139 et Simona Cerutti, « Processus et expérience : individus, groupes et identités à Turin, au XVIIe siècle », p. 161-186.
12 Mary Catherine Bateson, Composing a Life, New York, The Atlantic Monthly Press, 1989. Voir aussi Maurizio Gribaudi, « Percorsi individuali ed evoluzione storica : quattro percorsi operai attraverso la Francia dell’Ottocento », Quaderni Storici, 106, 2001-1, p. 115-151 pour les considérations sur l’expérience individuelle.
13 Odile Martin, La conversion protestante à Lyon (1659-1687), Genève, Droz, 1986, p. 162.
14 Ibid., p. 162.
15 Il s’agit ici des femmes protestantes lyonnaises que j’étudie actuellement. Dans les registres de mariage, là où les signatures sont présentes, elles signent toutes, à une exception près, avec leur nom de naissance. Sur la signature, voir François-Joseph Ruggiu, L’individu et la famille dans les sociétés urbaines anglaise et française (1720-1780), Paris, PUPS, 2007, p. 67-71.
16 Archives départementales du Rhône (ADR), 3 E 6957, notaire Perrichon, testament de Léonard Guigair, 4 mars 1679. Une indication semblable se trouve aussi dans le testament de David Patron, ADR, 3 E 4793, notaire Favard, 13 octobre 1661.
17 Marc Bloch, Apologie pour l’histoire ou Métier d’historien, Paris, Armand Colin, 2005.
18 Il faut également rappeler à ce sujet l’ensemble des travaux de Bernard Derouet et Georges Augustins.
19 Luciano Allegra, Identità in bilico. Il ghetto ebraico a Torino nel Settecento, Turin, Zamorani, 1996.
20 J’ai commencé à aborder ces questions dans une communication récente à laquelle je renvoie : Monica Martinat, « Mogli, madri, sorelle : il ruolo delle donne nella formazione e nella salvaguardia dei patrimoni delle famiglie protestanti di Lione nel Seicento », La famiglia nell’economia Europea, Secc. XIII-XVIII, Atti della settimana di studi dell’Istituto di Storia Economica F. Datini, 6-10 avril 2008, à paraître.
21 Luciano Allegra, « Un modèle de mobilité sociale préindustrielle. Turin à l’époque napoléonienne », Annales HSS, 60, 2005-2, p. 443-474 ; Sandra Cavallo, « Métiers apparentés : barbiers-chirurgiens et artisans du corps à Turin (XVIIe-XVIIIe siècle) », Histoire urbaine, no 15, 2006, p. 27-48 et eadem, Artisans of the Body in Early Modern Italy. Identities, Families and Masculinities, Manchester, Manchester University Press, 2008 ; Giovanni Levi, « Carrières d’artisans et marché du travail à Turin (XVIIIe-XIXe siècles) », Annales ESC, 1990-6, p. 1351-1364.
22 Giovanni Levi, « Carrières d’artisans… », art. cit., p. 1356-1357.
23 Sandra Cavallo, « Métiers apparentés… », art. cit., p. 28.
24 Luciano Allegra, « Un modèle de mobilité sociale… », art. cit.
25 Ibid., p. 464.
26 « Duro destino è l’avere un destino. L’uomo predestinato avanza e i suoi passi non possono portarlo che là, al punto d’arrivo che le stelle hanno fissato per lui, nel caso che gli astri abbiano decretato, come a Ruggiero, un matrimonio d’amore, una discendenza gloriosa e pure ahimé una fine prematura. Ma tra il punto in cui egli si trova ora e l’adempiersi del destino possono succedere tante mai vicende, tanti ostacoli frapporsi, tante volontà entrare in campo a contrastare il volere degli astri : la strada che il predestinato deve percorrere può essere non una linea retta ma un interminabile labirinto. Sappiamo bene che tutti gli ostacoli saranno vani, che tutte le volontà estranee saranno sconfitte, ma ci resta il dubbio se ciò che veramente conta sia il lontano punto d’arrivo, il traguardo finale fissato dalle stelle, oppure siano il labirinto interminabile, gli ostacoli, gli errori, le peripezie che dànno forma all’esistenza » (Orlando Furioso di Ludovico Ariosto raccontato da Italo Calvino, Turin, Einaudi, 1970, p. 24, c’est moi qui traduit).
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