Nommer l’étranger aux XVIe et XVIIe siècles : sauvages des Antilles et barbares de Moscovie, interprétation d’une distinction sémantique
p. 223-232
Texte intégral
1Le désenclavement planétaire qui caractérise l’époque Moderne amène les Européens à découvrir de nouvelles terres peuplées d’hommes différents. Leurs contacts avec d’autres peuples les conduisent à s’interroger sur ce qui les distingue du reste du monde. Ainsi, au cours des XVIe et XVIIe siècles, l’opposition ancienne entre les Européens et les Autres, déclinée jusque-là sur le mode chrétiens/païens ou chrétiens/infidèles, tourne davantage autour de l’identité culturelle et du degré de civilisation. Elle pose, selon une formule connue, « la question de l’autre1 », nous dirions plutôt la question « des autres ». Le pluriel semble préférable puisqu’il ne s’agit pas d’appréhender une altérité, mais des altérités, car les peuples étrangers ne sont pas confondus dans un seul et même ensemble. La perception de l’espace humain ne repose pas sur une simple dualité entre le monde chrétien civilisé et celui qui ne le serait pas.
2Le regard des Occidentaux sur les mondes étrangers n’est pas toujours négatif. En Amérique, les Espagnols ont la sensation de rencontrer des populations avec un certain degré de civilisation, en particulier les Incas. Au XVIIe siècle, les grandes civilisations asiatiques d’Inde, de Perse, de Chine, ou même de l’Empire ottoman, sont des figures de « l’étranger policé2 ». En revanche, d’autres peuples sont systématiquement affublés des qualificatifs péjoratifs de sauvage ou de barbare. Ces deux termes sont souvent confondus, nous voudrions montrer qu’ils recouvrent deux visions différentes de l’étranger. Elles peuvent être illustrées à travers la confrontation de la perception des Caraïbes des Antilles, réputés sauvages à l’instar des Indiens du Nouveau Monde, et des Moscovites, fréquemment qualifiés de barbares. À travers un échantillon de relations, de récits de voyage et de représentations littéraires des XVIe et XVIIe siècles, nous chercherons à analyser ce regard, marqué du sceau des préjugés, pour montrer qu’il révèle deux facettes de l’altérité, car sauvage et barbare ne sont pas synonymes. Ils sont comme des miroirs déformants, et incarnent deux dimensions de la réflexion des Européens sur eux-mêmes.
3Les Petites Antilles sont découvertes par Christophe Colomb à l’occasion de son second voyage en 1493. À la Guadeloupe, il entre en contact avec les Caraïbes, réputés mangeurs d’hommes, dont il avait appris l’existence lors de son premier voyage3. À l’instar des « isles cannibales » voisines, le territoire n’est pas attractif et a une fonction de relais pour les futures expéditions vers la Terre Ferme4. Pourtant, dès le XVIe siècle, à partir des Caraïbes des Antilles, se forme une représentation du Sauvage du Nouveau Monde qui se caractérise d’abord par son rapport étroit à la nature. Cette relation à l’environnement confère aux populations primitives des « Isles » une valeur d’authenticité, l’image d’une vie sans contrainte, ni besoin, tout simplement « selon la nature » d’après Amerigo Vespucci5. La difficulté de comprendre les sociétés indiennes laisse la place à des interprétations motivées par les propres interrogations des Européens sur eux-mêmes. C’est le sens de la représentation du Sauvage telle qu’elle ressort de la plume de Montaigne dans les Essais. Il écrit que les nations Cannibales du Nouveau Monde, « encore fort voisines de leur naïveté originelle », ignorent « les paroles mêmes qui signifient le mensonge, la trahison, la dissimulation, l’avarice, l’envie, la médisance, le pardon6 ». Ils vivent en pleine harmonie avec une nature généreuse qui leur fournit « sans travail et sans peine toutes choses nécessaires en abondance. […] Ils sont encore en cet heureux point, de ne désirer qu’autant que leurs nécessités naturelles leur ordonnent ; tout ce qui est au-delà est superflu pour eux7 ».
4La figure du Sauvage est le produit d’un miroir inversé montrant au civilisé ce qu’il n’est pas, ou plutôt ce qu’il n’est plus. En ce sens, l’homme du Nouveau Monde a des leçons à donner aux Européens. Montaigne admet que « nous [les Européens] les surpassons en toute sorte de barbarie8 ». Cette position n’est pas seulement une posture rhétorique, car l’auteur des Essais critique sans détour l’inhumanité et la cruauté de la colonisation espagnole9. L’historiographe et cosmographe de Catherine de Médicis, André Thevet, oppose la simplicité naturelle des Sauvages à la vanité et l’orgueil des Européens10. Chez Jean de Léry, auteur d’une Histoire d’un voyage faict en la terre du Brésil publié pour la première fois en 1578, on trouve une vision du Sauvage du Nouveau Monde fortement marquée par le contexte des guerres de religion. Ce pasteur protestant s’interroge sur ces païens réputés d’un naturel doux et paisible, dotés d’une conscience du bien et du mal bien qu’ils ignorent le message chrétien. Il constate qu’il y a plus de paix et de sécurité à vivre parmi les Sauvages du Brésil que parmi les Français de différentes confessions11. Au moment de retourner en France, il avoue même « je regrette souvent que je ne suis parmi les Sauvages12 ».
5L’image du Sauvage telle qu’elle se forme à partir du XVIe siècle, est le reflet de préoccupations occidentales. Elle est un truchement par lequel la société civilisée se soumet à son propre regard critique. Un épisode relaté par Montaigne peut l’illustrer : à Rouen, lors de l’automne 1562, trois Indiens sont présentés au jeune roi Charles ix, alors âgé de 12 ans. Lorsqu’on leur demande leur avis sur ce qu’ils voient, ils répondent, d’une part, qu’ils trouvent étrange la soumission à un enfant, et que, d’autre part, ils prévoient des révoltes causées par les violents contrastes de richesses entre les habitants de la ville13. Ces Indiens, radicalement étrangers, remettent en cause des éléments fondamentaux de la société française, et sont autorisés à dire ce qu’aucun sujet du roi n’aurait pu exprimer. Leur apparence, sans doute étrange aux contemporains, en tout cas décalée, à l’instar de la tenue des fous de cour, les place immédiatement hors des codes sociaux usuels et leur confère une certaine liberté de parole.
6Reste pourtant dans le tableau du Sauvage le trait a priori le plus incompatible avec la civilisation : l’anthropophagie. Le terme de cannibale désigne d’abord les indigènes des Antilles, puis plus généralement les populations du Nouveau Monde, notamment chez Rabelais14. L’anthropophagie ne condamne pourtant pas absolument les Indiens, notamment chez Montaigne pour lequel il y a plus de cruauté dans les sanctions judiciaires en Europe qu’à manger un mort15. Ce type d’argument, que l’on retrouve plus tard chez Voltaire, justifie le cannibalisme et le relativise au regard de la violence communément admise par les sociétés européennes16. Du reste, dans le contexte des guerres de religion, l’anthropophagie des Sauvages semble d’autant moins radicalement repoussante que des cas de cannibalisme avérés se produisent en France17. Le cannibalisme européen est perçu comme une régression absolue découlant de la guerre, en particulier à l’occasion des sièges au cours desquels la pression obsidionale déshumanise les individus18. L’anthropophagie des Européens est une extrémité liée à une nécessité impérieuse, résultant d’une situation exceptionnelle qui fait sortir l’homme civilisé de lui-même, alors qu’à l’inverse l’anthropophagie des Sauvages est une pratique sociale intégrée découlant de la conduite de la guerre.
7Dans les premières décennies du XVIIe siècle, avec le début de la colonisation des Antilles, arrivent les missionnaires auteurs des premiers textes décrivant la vie des indigènes19. Ils constatent généralement que la réputation cannibale de ces populations n’est nullement usurpée. Dans une relation publiée en 1658, le père André Chevillard écrit que « ces idolâtres tirent avantage de se gorger de leur ennemi, et de dévorer leur chair comme la viande la plus délicate du monde, après l’avoir boucanée ou grillée vive sur les charbons. [Ils] mangent de la chair ennemie avec un appétit si brutal, que ma plume n’a point trouvé d’encre assez noire pour le pouvoir exprimer dans les caractères ordinaires20 ». D’autres pratiques, si elles ne sont pas inconnues en Europe, suscitent également une vive réprobation. Les Sauvages ont une propension soutenue à ce que les pères nomment la « débauche », durant laquelle aussi bien les hommes que les femmes se livrent à une consommation excessive d’une boisson alcoolisée, le ouïkou, à l’occasion de festivités accompagnées de « gaillardises21 ».
8Malgré ces travers, les témoignages que nous avons consultés comportent également des mentions de plusieurs aspects positifs des Sauvages antillais. D’abord leur beauté naturelle, avec « la belle proportion de leurs membres » qui leur donne un « corps sans défaut22 ». On note également le soin qu’ils prennent à se coiffer, à s’épiler et à arborer des ornements, des plumes et des bijoux23. Leur naturel est bon, ils sont dénués de cruauté et vivent en proximité avec la nature. À l’instar d’une mère généreuse, elle pourvoit « abondamment » à tous leurs besoins24. Hommes et femmes de tous âges ignorent la pudeur, et, comme s’ils avaient échappé au péché originel, vont « in puris naturalibus », ne se couvrant pas la « partie honteuse25 ». Ils demeurent apparemment sans lois, sans magistrat, ni monarque, en un mot « sans police26 », « les uns et les autres vivant selon la pente où le naturel les conduit27 ».
9Malgré la proximité nécessaire à l’accomplissement de leur mission, les pères ne parviennent visiblement pas à décrypter les codes sociaux régissant la vie des communautés caraïbes. Ils n’en livrent pas moins sur les Indiens un regard qui, pour être inévitablement empli de condescendance, ébranle la ferme conviction de leur absolue supériorité. Par exemple, le père Breton reconnaît que les Caraïbes de la Guadeloupe « ne sont pas trop stupides pour des Sauvages », et évoque même certaines de leurs réactions à la lecture de l’écriture Sainte : ils « formaient des doutes qui n’étaient pas impertinences28 ». Il semble même qu’ils aient un potentiel pour accueillir la parole chrétienne, car bien qu’ils n’aient ni religion, ni mot pour désigner la prière, « ils reconnaissent pourtant quelque chose par manière de divinité » et ont conscience du mal puisqu’ils croient au diable29. La description de ces Sauvages, doux et bons, permet de condamner les excès commis par les colons. C’est le cas dans une chronique anonyme sur la colonisation de l’île de la Grenade, qui évoque un massacre commis en 1659 par les Européens, dont la violence contraste avec la bonté naturelle des indigènes30.
10Au fil des témoignages, il arrive tout de même que les Caraïbes soient qualifiés de barbares. L’emploi de ce terme se fait dans un contexte précis. D’abord lorsqu’il s’agit de leur évangélisation, barbare est alors utilisé dans son acception médiévale, c’est-à-dire synonyme de païen31. Ensuite, le mot apparaît de nouveau lorsque les chroniqueurs évoquent les guerres qui opposent les Français aux Indiens. Ils deviennent de cruels barbares qui ne combattent que par embuscades en s’en prenant aux groupes isolés. Dans ce cas, les arguments évoqués précédemment sont retournés, et l’état naturel des Indiens, en particulier l’absence de police, explique leur férocité : « figurez-vous tout ce que des barbares sans foi, sans loi, sans roi peuvent faire de mal et de rage32 ».
11Au cours du XVIIe siècle, le terme sauvage perd peu à peu sa signification péjorative. Les évolutions de la philosophie politique contribuent à l’élaboration du mythe de l’état de nature, qui constitue une toile sur laquelle se projette l’image de l’Indien. Les théories du contrat social élaborées par Hobbes et Locke présupposent un état antérieur d’associabilité primitif dont les peuples sauvages seraient restés proches33. Cette perspective pourrait correspondre à la définition des Sauvages du Dictionnaire de l’Académie française de 1694, qui sont présentés comme des peuples « qui vivent ordinairement, dans les bois, sans religion, sans lois, sans habitation fixe & plutôt en bêtes qu’en hommes34 ». Ces groupes de populations sont volontiers perçus comme égalitaires, car ignorant la propriété privée, et donc libérés de toute cupidité, cause fréquente de conflits35. à la fin du XVIIe siècle, le mythe du bon Sauvage est né. Il prend peu à peu sa place dans la carte intellectuelle du monde, marqué du sceau de la simplicité, de la bonté, de la générosité, autant de qualités qui ne se trouvent pas chez les Européens. Le sauvage devient la figure d’un passé révolu, d’une époque bénie libre de toute corruption et des perversions qui caractérisent la civilisation européenne moderne. Le bon Sauvage « acivilisé » crée le fantasme d’un âge d’or perdu36. Il est une page blanche sur laquelle les penseurs occidentaux dessinent leur vision de l’idéal humain, et formulent une leçon de relativisme qui sert à critiquer leur propre société. L’altérité exotique du Sauvage est un négatif permettant aux Européens de s’interpeller eux-mêmes, ce qui n’est pas le cas avec l’étranger barbare qui campe une figure répulsive.
12L’association moscovite-barbare se diffuse au cours du XVIe siècle, puisque c’est à cette époque qu’une image de la Russie se forme dans l’horizon mental des Occidentaux. Il y a alors une inflation d’écrits sur la Moscovie émanant de visiteurs ayant séjourné plus ou moins longtemps dans l’empire des tsars37. L’Occident commence à s’intéresser au monde russe, mais le regard porté est biaisé par le prisme opaque de l’ignorance et des préjugés qui, finalement, ne laissent transparaître que des formes et des contours. Il en résulte la conscience d’une véritable altérité entre deux mondes encore lointains, qui n’entretiennent que peu de relations directes. Le récit de voyages qui a la plus grande influence dans l’élaboration de la représentation de la Moscovie est celui de Sigmund von Herberstein, ambassadeur impérial qui séjourne en Russie de 1517-1518 et de 1526-1527. Il rédige Les commentaires sur le royaume de Moscovie, parus en latin en 1549, réédités à plusieurs reprises dans les principales langues européennes, sauf en français38. L’ouvrage pose les bases sur lesquelles la représentation des Russes et de la Russie se fonde dans l’Empire, puis dans le reste de l’Occident, à partir de la seconde moitié du XVIe siècle. Les poncifs qu’il développe ont la vie dure puisque ce texte est considéré comme une référence jusqu’au XVIIIe siècle, et qu’il sert de source principale à bien des cosmographes et des compilateurs écrivant sur la Russie.
13Selon Herberstein, les Moscovites sont superstitieux, ignorants et dévergondés. Ils se livrent sans aucune retenue à la beuverie et vivent sous un régime tyrannique. L’image du barbare se forme. Elle se retrouve sous la plume des navigateurs anglais Chancellor et Jenkinson, auteurs de relations de voyages en Moscovie dans les années 1550, pour lesquels les habitants du pays sont « barbarous » ou encore « ignorant barbarians39 ». Le trait se noircit encore dans la seconde moitié du XVIe siècle avec les guerres de Livonie qui permettent au tsar Ivan iv, dit le Terrible, de s’emparer de Narva en 1558. Il apparaît l’idée du péril russe, en particulier dans l’Empire. Des pamphlets se répandent en Allemagne insistant sur les exactions moscovites en Pologne et en Livonie, en particulier les massacres de femmes et d’enfants40. Ces écrits, élaborés suivant le modèle des imprimés anti-turcs contemporains, reflètent le sentiment répandu en Pologne et dans l’Empire de l’agression d’un prince barbare contre la Chrétienté. Le tsar Ivan iv est qualifié régulièrement de « tyran » ou encore de « chien assoiffé de sang41 ». Dans une nouvelle édition allemande du texte d’Herberstein, en 1563, l’éditeur ajoute un appendice traitant des guerres de Livonie. Il reprend l’idée que les exactions d’Ivan le Terrible sont une punition divine à l’instar d’autres fléaux, dans un siècle qui en compte bien d’autres avec la poussée ottomane et l’éclatement confessionnel de la Chrétienté42. Or, cette édition est celle qui rencontre le plus grand succès en Allemagne. La réputation de férocité du tsar déteint sur l’ensemble de son peuple, à la suite de la destruction de Novgorod et du massacre de la majeure partie de ses habitants par les troupes moscovites en 1570. Cet événement a un impact d’autant plus fort que la ville a été longtemps très fréquentée par les marchands européens, surtout les Hanséates qui y avaient un comptoir.
14La sensation du danger russe en Occident est accentuée par deux phénomènes. D’abord, la surestimation de la puissance militaire du tsar que l’on présente capable d’envahir l’Allemagne après la Livonie43 ; ensuite, parce que nombre d’informations relatives à la Moscovie sont diffusées à partir de la Pologne, notamment par des réfugiés livoniens qui ont fui leur pays devant l’envahisseur44. Or, avec l’élection d’Henri de Valois à la couronne polonaise en 1572, ce pays devient l’un des principaux vecteurs d’informations de la France sur l’Europe du nord-est. On trouve des échos des événements qui s’y déroulent chez l’historiographe et cosmographe de la cour de France, André Thevet, qui insiste sur la cruauté des Moscovites et le danger qu’ils représentent pour l’Europe45. Même si avec la mort d’Ivan iv en 1584, suivie du « Temps des Troubles46 », la menace russe s’estompe en Europe, le souvenir des exactions, supposées ou réelles, du tsar demeure vivace.
15Les quelques témoignages français sur la Moscovie sont à l’unisson de ceux des autres européens, avec en plus une dimension religieuse particulière, puisque le catholicisme est interdit en Russie. Si on ajoute les publications en français extérieures au royaume, celles d’Amsterdam ou de La Haye en particulier, on constate que les sources d’informations disponibles en France sur la Moscovie reflètent bien le regard d’ensemble posé par les Occidentaux sur ce grand empire47.
16Le terme de barbare, qui est le plus souvent affublé aux Moscovites, a une signification précise. Au Moyen Âge, le mot a une forte connotation religieuse, il est synonyme de païen et désigne celui qui est étranger à la civilisation chrétienne de l’Europe occidentale48. Au XVIe siècle, barbare connaît un glissement sémantique, pour désigner une personne inculte, et peu à peu quelqu’un de rude, de cruel et d’inhumain49. L’altérité religieuse devient une altérité morale, considérée comme maléfique et destructrice. Il y a chez le barbare une dimension violente, une vilénie profonde, un moins d’humanité. Il est une négation radicale de ce qu’est supposé être l’homme civilisé50. La barbarie des Moscovites est souvent expliquée par leur ignorance qui est régulièrement soulignée chez les voyageurs occidentaux. Au début du XVIIe siècle, Jacques Margeret, un mercenaire français qui a servi sous Boris Goudounov (1584-1598), écrit « on peut dire que l’ignorance est la mère de leur dévotion. Ils abhorrent les études et principalement la langue latine. Il n’y a chez eux ni école, ni université. Les prêtres seuls enseignent à la jeunesse à lire et à écrire, à quoi peu de gens s’adonnent51 ». C’est bien l’ignorance, déjà réputée mère de tous les vices, qui explique la brutalité sans limite des Moscovites, dont l’expression la plus achevée est l’infanticide, considéré pendant l’époque Moderne comme l’un des symboles de la férocité des tsars52. La vision optimiste de l’homme et de ses capacités intellectuelles, produit de l’humanisme du XVIe siècle, accentue la sensation d’une profonde altérité, avant tout culturelle, entre une société civilisée et l’autre qui ne l’est pas. Par ailleurs, à une époque où l’on croit communément à la détermination des caractéristiques des peuples par leur milieu naturel, la Moscovie cumule les handicaps. Son climat rigoureux et sa nature hostile moulent les habitants. L’immense forêt russe est perçue comme un vestige de celle évoquée notamment par César, Pline l’ancien et Tacite, lorsqu’ils décrivaient la Germanie barbare53.
17Finalement, il ressort de la confrontation des représentations des Caraïbes et des Moscovites que les termes sauvage et barbare n’ont pas la même signification, ni le même contenu implicite. Les contemporains stigmatisent certains défauts chez les Moscovites que l’on retrouve chez les Caraïbes, mais qui sont passés sous silence. Le traitement de l’organisation sociale en offre un exemple. Elle est, selon les observateurs européens, quasi-absente chez les Caraïbes, et incarne, avec la nudité, l’état de nature. En revanche en Moscovie, les voyageurs voient bien qu’il y a une organisation sociale, mais elle leur paraît hautement condamnable. L’un des lieux communs les plus répandus concerne le pouvoir despotique du tsar qui n’est apparemment borné par aucune limite, puisque la puissance souveraine n’a pas, comme en Occident, de freins avec des états provinciaux ou des Parlements. Herberstein est le premier à poser la question du rapport entre la barbarie et la tyrannie. Le prince doit-il nécessairement être un despote pour maîtriser un peuple barbare, ou, au contraire, les sujets deviennent-ils durs et cruels à cause de la tyrannie de leur prince54 ? Au XVIIe siècle c’est essentiellement la réprobation du système politique moscovite qui fonde aux yeux des voyageurs l’altérité de la Russie, plus orientale qu’européenne55. À l’époque du Léviathan de Hobbes (1651) puis du Traité sur le gouvernement civil, de Locke (1690), mais également de l’absolutisme français, qui n’en était pas vraiment un56, la servitude que l’on voit chez les Russes sert à stigmatiser une société dans son ensemble, alors que les Sauvages, qui restent à l’état de nature, sont à un stade « pré-social ». Il serait possible de faire le même type d’observations à propos de la religion, les voyageurs catholiques et protestants sont plus critiques avec les orthodoxes schismatiques qu’avec les Sauvages païens. Les premiers sont dans l’erreur, ce qui est une faute, les seconds dans l’ignorance à laquelle il est encore possible de remédier.
18À travers l’étude de ces regards croisés sur deux types d’étranger, il est possible de déterminer des degrés dans l’altérité. Elle est radicale chez l’Indien dont le mode de vie, l’aspect physique, le milieu naturel environnant n’offrent que peu de points de repère avec ce qui se trouve en Europe. En revanche, les Occidentaux savent qu’ils ont quelque chose en commun avec ces barbares orientaux qui sont, malgré tout, chrétiens et dont les terres sont situées en Europe57. Ils sont comme les membres déchus d’une famille dont ils ont été séparés par la fracture religieuse de 1054, et par la forte influence des peuples des steppes asiatiques dont ils ont adopté la soumission servile58. Il y a chez les Occidentaux une volonté de stigmatiser ces autres Européens dans le cadre de leur propre réflexion sur eux-mêmes. Ainsi, alors que l’altérité avec les Sauvages du Nouveau Monde va de soi, il est légitime, et nécessaire, de se distinguer des Moscovites, situés à la périphérie du continent, à la confluence de l’ici et de l’ailleurs, de l’autre et du même.
19Le regard porté sur les barbares et les Sauvages se place également dans une perspective anthropologique de réflexion progressiste sur l’évolution de l’humanité. L’idée que les sociétés humaines partent d’une souche originelle, l’état sauvage, puis passent par un temps de barbarie avant d’accéder à la civilisation naît au XVIIe siècle, avant d’être explicitement formulée au siècle suivant59. Cette vision des choses permet à l’homme civilisé européen de se placer dans une perspective historique, en considérant son point zéro, mais aussi la pénible situation de barbare à laquelle il a échappé. Cette condition menace néanmoins les hommes civilisés comme le montre le triste spectacle des atrocités des guerres et des conquêtes coloniales. La barbarie est donc sous-jacente chez les Occidentaux, alors que l’état sauvage leur est absolument étranger. Ces distances relatives fondent deux altérités de natures différentes, celle du barbare est répulsive, alors que celle du Sauvage est réflexive, et autorise un bon usage. Cette dernière est une humanité pure, vierge de toute corruption, une matière brute à travailler, et constitue une sorte de seconde chance de l’humanité. L’épreuve exotique permet de mettre en scène les regrets de ce qu’est devenu l’homme civilisé, de souligner les défaillances et les abus des sociétés européennes. Ce détour allégorique est une révolution au sens propre, puisque le civilisé a à apprendre du Sauvage. L’épreuve moscovite, au contraire, apporte le soulagement d’être sur la bonne voie, celle de la civilisation, et d’échapper au répugnant état de barbarie marqué par la violence et la cruauté.
20La perception occidentale de l’espace humain à l’époque moderne ne se constitue pas simplement autour d’une dualité entre le monde civilisé et celui qui ne l’est pas, elle n’est pas un simple dialogue entre l’autre et le même, soi et l’étranger, mais décline les gammes d’une altérité permettant aux Européens de penser leur propre identité.
Notes de bas de page
1 Todorov T., La conquête de l’Amérique : la question de l’autre, Paris, 1982.
2 Hazard P., La crise de la conscience européenne, Paris, 1994, p. 24-33.
3 Boucher P. P., Cannibal encounters : European and Island Caribs, 1492-1763, Baltimore Johns Hopkins UP, 1992, p. 96-97.
4 Sainton J.-P. (dir.), Histoire et civilisation de la Caraïbe, t. 1 : Le temps des Genèses, des origines à 1685, Paris, Maisonneuve & Larose, 2004, p. 146-147.
5 Extrait de Mundus Novus, lettre d’Amerigo Vespucci publiée à Paris en 1503, cité dans Lestringant F., Le cannibale : grandeur et décadence, Paris, Perrin, 1994, p. 65.
6 Michel de Montaigne, Essais, t. 1, chap. XXXI, « Des Cannibales », Paris, Livre de Poche, 1972, p. 308.
7 Ibid., p. 313.
8 Ibid. id.
9 « Tant de villes rasées, tant de nations exterminées, tant de millions de peuples passés au fil de l’épée, et la plus riche et la plus belle partie du monde bouleversée pour la négociation des perles et du poivre ! Mécaniques victoires. Jamais l’ambition, jamais les inimitiés publiques ne poussèrent les hommes les uns contre les autres à si horribles hostilités et calamités si misérables. », Montaigne, Essais, t. 3, chap. VI, « Des coches », Paris, Livre de Poche, 1972, p. 161.
10 Lestringant F., Le Brésil d’André Thevet. Les Singularités de la France Antarctique (1557), Paris, Chandeigne, 1997, p. 149.
11 Lestringant F., Jean de Léry ou l’invention du sauvage. Essai sur l’« Histoire d’un voyage faict en la terre du Brésil », Paris, Champion, 1999, p. 84.
12 Ibid., p. 85.
13 Michel de Montaigne, Essais, t. 1, chap. XXXI, « Des Cannibales », op. cit., p. 318-319.
14 Cannibale est formé à partir de l’arawak caniba désignant les Indiens Caraïbes des Antilles. Le mot se diffuse dans des textes italiens et latins à partir des écrits de Colomb. Il désigne d’abord les anthropophages, ou supposés tels, des Antilles puis prend une valeur générale. Rey A. (dir.), Dictionnaire historique de la langue française, Paris, Le Robert, 2000, vol. 1, p. 360. Le terme reste longtemps attaché au Nouveau Monde, puisque pour le Dictionnaire de l’Académie française de 1762, Cannibale désigne « certains peuples d’Amérique qui mangent de la chair humaine », p. 240.
15 « Les Sauvages ne m’offensent pas tant de rôtir et manger les corps des trépassés que ceux qui les tourmentent et persécutent vivants. Les exécutions mêmes de la justice, pour raisonnables qu’elles soient, je ne les puis voir d’une vue ferme » et ajoute plus loin « Il faut exercer ces inhumains excès contre l’écorce et non contre le vif », Michel de Montaigne, Essais, t. 2, chap. XI, « De la cruauté », op. cit., p. 64 et 66.
16 Voltaire, Dictionnaire Philosophique, article « Anthropophages », Paris, Gallimard, 1994, p. 66-68.
17 Jean Léry rapporte des scènes d’anthropophagie qui se sont déroulées en juillet 1573 lors du siège de la ville protestante de Sancerre, Nakam G. (éd.), Au lendemain de la Saint-Barthélemy. Guerre civile et famine. Histoire mémorable du Siège de Sancerre (1573) de Jean de Léry, Paris, Anthropos, 1975.
18 C’est le cas en particulier lors de la guerre de Trente Ans, Gantet C., La paix de Wesphalie (1648), une histoire sociale, XVIIe-XVIIIe siècles, Belin, 2001, p. 106-109.
19 En 1635 les Français prennent officiellement possession de la Guadeloupe, de la Martinique et de la Dominique, Moreau J. P., Les Petites Antilles de Christophe Colomb à Richelieu, Paris, Karthala, 1992, p. 207-208.
20 Chevillard A. (le P.), Les desseins de son Eminence de Richelieu pour l’Amérique, Basse-Terre, Société d’Histoire de la Guadeloupe, 1973, p. 116-117.
21 Du Puis M. (le Père), Relation de l’establissement d’une colonie françoise dans la Guadeloupe isle de l’Amérique et des mœurs des sauvages, reproduction de l’édition de 1652, Basse-Terre, Société d’histoire de la Guadeloupe, 1972, p. 202-203 et Breton R., Relation de l’Ile de la Guadeloupe, Basse-Terre, Société d’histoire de la Guadeloupe, 1978, p. 73-74.
22 Du Puis M., Relation de l’establissement d’une colonie françoise dans la Guadeloupe…, op. cit., p. 208. « Pour ce qui regarde leur personne, ils sont de belle stature et bien proportionnés, fort robustes, gras pour l’ordinaire et sains », Breton R., Relation de l’île de la Guadeloupe, t. 1, op. cit., p. 53.
23 Crosnier E. et Petitjean Roget J. (prés.), L’histoire de l’Isle de Grenade en Amérique 1646-1659, Presses de l’Université de Montréal, 1975, p. 54, et Breton R., Relation de l’Ile de la Guadeloupe, op. cit., p. 60-61.
24 Du Puis M. (le F.), Relation de l’establissement d’une colonie françoise dans la Guadeloupe…, op. cit., p. 231.
25 Crosnier E. et Petitjean Roget J. (prés.), L’histoire de l’Isle de Grenade en Amérique 1646-1659, op. cit., p. 55, et Breton R., Relation de l’Ile de la Guadeloupe, op. cit., p. 60. L’embarras lié à la nudité est la première conséquence de la chute « Les yeux de l’un et de l’autre s’ouvrirent, ils connurent qu’ils étaient nus » Genèse, 3, p. 7.
26 Ce terme étant entendu au sens du XVIIe siècle, synonyme « [d’]ordre, [de] règlement qu’on observe dans un État », Dictionnaire de l’Académie française, 1694, p. 271.
27 Chevillard A. (le P.), Les desseins de son Eminence de Richelieu pour l’Amérique, op. cit., p. 183, et Breton R., Relation de l’île de la Guadeloupe, op. cit., p. 65.
28 Breton R., Relation de l’île de la Guadeloupe, op. cit., p. 53 et 55.
29 Ibid., p. 56-57.
30 Crosnier E. et Petitjean Roget J. (prés.), L’histoire de l’Isle de Grenade en Amérique 1646-1659, op. cit., p. 205.
31 « Nos pères résolurent de faire la guerre au diable, en retirant nos barbares de l’aveuglement de leur paganisme » ; « Nos barbares encore bien qu’ils n’aient rien d’humain que la figure, si est-ce pourtant qu’ils reconnaissent des Dieux qu’ils adorent », Du Puis M. (le F.), Relation de l’establissement d’une colonie françoise dans la Guadeloupe…, op. cit., p. 52 et 214. Voir également Chevillard A. (le P.), Les desseins de son éminence de Richelieu pour l’Amérique, op. cit., p. 94.
32 Crosnier E. et Petitjean Roget J. (prés.), L’histoire de l’Isle de Grenade en Amérique 1646-1659, op. cit., p. 66 et 79 ; Du Puis M. (le F.), Relation de l’establissement d’une colonie françoise dans la Guadeloupe…, op. cit., p. 53-54.
33 Thomson A., « Sauvages, barbares, civilisés : l’histoire des sociétés au XVIIIe siècle », Chevalier J. L., Colin M. et Thomson A., (éd.), Barbares et sauvages : images et reflets dans la culture occidentale, Caen, Presses Universitaires de Caen, 1994, p. 80.
34 Article « sauvage », Dictionnaire de l’Académie française, 1694, p. 445.
35 Benot Y., « Les Indiens sauvages ont éclairé l’Europe policée », Chevalier J. L., Colin M. et Thomson A., (éd.), Barbares et sauvages : images et reflets dans la culture occidentale, op. cit., p. 28.
36 Todorov T., Nous et les autres. La réflexion française sur la diversité humaine, Paris, 1989, p. 58.
37 Pelus M.-L., « Un aspect de la naissance d’une conscience européenne : la Russie vue d’Europe occidentale au XVIe siècle », La conscience européenne au XVe et au XVIe siècle, Paris, école Normale de Jeunes Filles, 1982, p. 310 et 313.
38 Cette lacune n’a été comblée qu’en 1965 par Delort R. qui publie La Moscovie du XVIe siècle vue par un ambassadeur occidental, Herberstein, Paris, Calmann-Lévy.
39 Liechtenhan F. D., « Le Russe, ennemi héréditaire de la chrétienté ? La diffusion de l’image de la Moscovie en Europe occidentale aux XVIe et XVIIe siècles », Revue Historique, janv.-mars 1991, no 577, p. 85.
40 Kappeler A., Ivan Groznyj im Spiegel des auslänndischen Druckschriften seiner Zeit, Berne, 1972. Le terme de Terrible qui est accolé au nom d’Ivan iv est la traduction du terme russe grozny qui signifie au sens propre « le menaçant ». Cette épithète, auparavant attribuée à Ivan iii, a initialement une connotation positive puisqu’il souligne la détermination du tsar à lutter contre les ennemis de l’état et du peuple. La traduction par « terrible » induit par conséquent un léger glissement sémantique, Perrie M., The image of Ivan the Terrible in Russian folklore, Cambridge 1987, p. 18-19 et 62-65.
41 Mund S., « Orbis russiarum » Genèse et développement de la représentation du monde « russe » en Occident à la Renaissance, Genève, 2003, p. 350-351.
42 Liechtenhan F. D., « Le Russe, ennemi héréditaire de la chrétienté… », op. cit, p. 83.
43 Pelus M.-L., « Un des aspects de la naissance d’une conscience européenne… », op. cit., note 13 p. 319.
44 Liechtenhan F. D., « Les découvreurs de la Moscovie. L’appréhension des observateurs occidentaux face à la montée de Moscou », Histoire Economie et Société, no 4, 1989, p. 489, 496-497.
45 L’auteur évoque les ravages commis par les Russes en Livonie, et leurs cruautés : « les enfants qui avaient moins de dix ans, étaient massacrés, et de cet âge jusqu’au vingtième étaient vendus aux barbares : mais de vingt ans en sus, tous étaient passés au fil de l’épée […] aux hommes ils coupaient les bras et autres membres pièces à pièces ; aux femmes ils faisaient arracher les mamelles : de sorte que jamais homme n’ouït parler de telles cruautés », Thevet A., La cosmographie universelle d’André Thevet cosmographe du roi, Paris, 1575, vol. 2, p. 862, verso.
46 Nom donné à la grave crise à la fois politique et économique qui touche la Moscovie à partir de 1598. Le calme revient en 1613 après l’élection du tsar Michel, premier des Romanov.
47 Mervaud M. et Roberti J. C., Une infinie brutalité : l’image de la Russie dans la France des XVIe et XVIIe siècles, Paris, Institut d’études Slaves, 1991.
48 Crouzet D., « Sur le concept de Barbarie au XVIe siècle », La conscience européenne au XVe et au XVIe siècle, op. cit., p. 103.
49 Barbarie « signifie aussi, cruel, inhumain. Ame barbare. N’attendez aucune miséricorde, aucune grâce de ces gens-là, ce sont des barbares », Dictionnaire de l’Académie française, 1694, p. 82.
50 Crouzet D., « Sur le concept de Barbarie au XVIe siècle », op. cit., p. 105-110. Cette distinction subsiste jusqu’au XVIIIe siècle, par exemple chez Rousseau pour lequel les barbares sont des « hommes féroces et brutaux, sans lumières, sans freins, sans éducation », Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, Paris, 1971, p. 175-176.
51 Margeret J., Un Mousquetaire à Moscou. Mémoires sur la première révolution russe, 1604-1614, Benningsen A., (éd.), Paris, 1983, p. 55.
52 On dénombre quatre infanticides de tsarevitch attribués au détenteur du pouvoir : Ivan par Ivan iv (1581), Dimitri par Boris Goudounov (1591), Alexis par Pierre Ier (1718), Ivan par Catherine II (1762). Sur cette question voir Besançon A., Le tsarevitch immolé, Paris, Plon, 1967.
53 Mund S., « Orbis russiarum »…, op. cit., p. 322.
54 Ibid., p. 273.
55 Poe M. T., A people born to slavery : Russia in early modern European ethnography, 1476-1748, Ithaca, Cornell University Press, 2000, 293 p.
56 Louis XIV dans ses mémoires distingue le roi absolu et le tyran qui ne gouverne « que par la crainte et la terreur » dont les sujets sont « accoutumés à la servitude » et où « le caprice du prince est la seule loi », cité par Cornette J. (dir.), Histoire de la France politique, t. 2, La monarchie entre Renaissance et Révolution, Paris, 2000, p. 244.
57 Dans l’adresse faite à Henri iv au début de son ouvrage sur la Moscovie, Margeret affirme vouloir « lever l’erreur à plusieurs qui croient que la chrétienté n’a de bornes que la Hongrie », Margeret J., Un Mousquetaire à Moscou…, p. 39.
58 Mund S., « Orbis russiarum »..., op. cit., p. 464.
59 Carpentari Messina S., « Penser l’altérité : les « races d’hommes » chez Volney », L’idée de « race » dans les sciences humaines et la littérature (XVIIIe-XIXe siècles), Moussa S., (éd.), Paris, 2003, p. 127, et Thomson A., « Sauvages, barbares, civilisés : l’histoire des sociétés au XVIIIe siècle », op. cit., p. 83-84.
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