1 « Social control refers […] to how people define and respond to deviant behavior (Black, 1976 : 105 ; see also Clark and Gibbs, 1965). It thus includes punishment of every kind – such as the destruction or seizure of property, banishment, humiliation, beating, and execution – as well as the demand for compensation by a victim of misconduct, sorcery, gossip, scolding, or a facial expression of disapproval such as a scowl or stare. It also includes various modes of intervention by third parties, such as mediation, arbitration, and adjudication. In this sense, social control is present whenever and wherever people express grievances against their fellows » (Black, 1984 : 5).
2 « Social Psychology, which term I apply to the branch of knowledge that deals with the psychic interplay between man and his environing society, falls into two subdivisions. One of these, Social Ascendency, deals with the domination of society over the individual ; the other, Individual Ascendency, – embracing such topics as invention, leadership, the rôle of great men, – deals with the domination of the individual over society. Social Ascendency is further divided into Social Influence, – mob mind, fashion, convention, custom, public opinion, and the like, – and Social Control. The former is occupied with the social domination which is without intention or purpose ; the latter is concerned with that domination which is intended and which fulfils a function in the life of society » (Ross, 1901 : VII-VIII).
3 « [T]he consumer society exercises social control via individual freedom, even though the marketplace is under heavy surveillance » (Lyon, 1994 : 220).
4 « Language […] can be understood as social control in so far as it is not conceived as description. It is instead a doing, a doing which is a constitutive and inextricable feature of social organization » (Melossi, 1990 : 142-143). « We can view language functionally as a system of social control. A symbol, a recurrent language form, gains its status as a symbol, an event with meaning, because it produces a similar response from both the utterer and the hearer. Communication must set up common modes of response in order to be communication ; the meaning of language is the common social behavior evoked by it. Symbols are the “directing pivots” of social behaviors. They are also the indispensable condition of human mentality » (Mills, 1939 : 433).
5 « Le contrôle social sera défini comme l’ensemble des processus par lesquels les membres d’un groupe s’encouragent les uns les autres à tenir compte de leurs attentes réciproques et à respecter les normes qu’ils se donnent […] Le contrôle social est une forme d’influence qui se réalise dans et par les relations interpersonnelles » (Cusson, 1992 : 407-408).
6 « [O]n peut […] regrouper sous le concept de contrôle social les mesures disciplinaires qui se définissent par un mécanisme double de surveillance et d’orthopédie du corps » (Quirion, 2001 : 69).
7 On pourrait cependant l’attribuer à Herbert Spencer.
8 Voir à ce sujet Social Control and Public Intellect : The Legacy of Edward A. Ross (McMahon, 1999).
9 Le livre intègre des versions modifiées d’articles, parus entre 1896 et 1898 dans le American Journal of Sociology, dans lesquels Ross proposait un conceptualisation préliminaire du contrôle social.
10 Ross (1901 : 411) utilise le terme politique« in its original sense of “pertaining to policy” ».
11 Ross propose de diviser l’opinion publique ainsi : « jugement public » (la conduite est noble/ignoble), « sentiment public » (la conduite est admirée/abhorrée) et « action publique » (la conduite est ou non sanctionnée par des mesures directes).
12 Ross explicite cela avec un exemple que l’on peut voir comme une autre critique des thèses durkheimiennes : les conduites qui conduisent aux réactions les plus enflammées de l’opinion publique sont celles qui menacent le moins le bien commun puisque exceptionnelles. Il poursuit ainsi : « [l]ight shines first on the few, and the public is the last to apprehend the real bearing and ultimate results of conduct. The handful of thoughtful men penalize forest-firing and the selling of explosive oil […] while yet the senseless mob is gnashing its teeth at vaccinators and body snatchers » (p. 100).
13 « A man bows to public opinion because he has come to dread it. He conforms to a social ideal because he has come to admire it. He adopts and acts on a ready-made social judgment because he has come to trust it. He obeys the social imperative, however, for none of these reasons, but because he feels he must. In the parlance of the day, he has become obsessed by it » (Ross, 1901 : 149).
14 L’éducation est toutefois considérée comme participant aux mécanismes politiques du contrôle social, du moins lorsqu’elle est dispensée gratuitement par une institution (p. 167).
15 « [C]ertain concrete types […] affect us all. One of these is the elementary type of “man” or “woman” which is embraced as a personal ideal by the common workaday millions. Everybody knows that to “be a man” means not to whimper, to face danger that is unavoidable, to keep promises, to deal fairly, to support one’s wife, and to be considerate of a woman. Everybody knows, too, that a woman cannot “be a woman” unless she is modest in demeanor, ministers to her children, and stands by her husband through thick and thin » (Ross, 1901 : 227).
16 À titre d’exemple, Ross (1901 : 107) écrit que l’emprisonnement n’est pas contrôle mais que la ‘ réhabilitation’ des détenus l’est : « [t] o kill or shut up a criminal certainly prevents further wrong-doing ; but as it does not succeed by means of motive, it is not a case of control at all. Reformation, on the other hand, does succeed by power over the mind ». Dans la même perspective, Lumley (1925 : 12) proposera de définir le contrôle social « as effective will-transference ».
17 Cohen s’approprie toutefois cette société disciplinaire et considère que la notion foucaldienne ne correspond pas en tout point à son deviancy control system (p. 85).
18 Cohen utilise indistinctement les différences normal/pathologique et déviance/conformité, cela même s’il suggère que la construction sociale de la déviance tend à s’effacer derrière la pathologisation. Voir le ‘ problème des deux normes de la norme’ identifié au chapitre III.
19 Je m’attarderai davantage sur les thèses de la médicalisation au chapitre suivant.
20 Les théories de la délinquance que développe Travis Hirschi en constituent une illustration patente.
21 « Crime and violence as we see them today in societies such as Britain and the United States are the products of a state of chronic disorder in social relationships, the result of well-studied structures of inequality, deprivation, and dislocation. These in turn are the products of the reconstructed capitalism of the postwar era and its current forms under Reagan, Tatcher, and their equivalents » (Cohen, 1988 : 27).
22 Nils Christie discute en ce sens du Crime Control as Industry (1998, 1993).
23 Aux yeux de Cohen, le pouvoir chez Foucault se manifeste de façon « surnaturelle » (p. 111).
24 Par exemple : Quirion (2001), Dean (1991), Pitts (1991), Horwitz (1990), Lowman, Penzies et Palys (1987), Cohen (1985), Black (1984), Robert (1984), Cohen et Scull (1983), Gibbs (1982), Meier (1982).
25 D’après Scheerer et Hess (1997 : 99), c’est plutôt seulement en 1965, avec la reformulation du concept de contrôle social proposée par Clark et Gibbs (1965), que celui-ci est restreint à la réaction sociale à la déviance.
26 Voir notamment les commentaires de Rubenstein (2000) et de Joas (1994) sur l’œuvre de Parsons.
27 Parsons clarifie cette valse en comparant le contrôle social de la délinquance et celui du malade (que Parsons construit comme déviant) ; la conduite criminelle conduit, du moins lorsque tous les mécanismes voués à l’intégration ont échoué, à l’exclusion. Au contraire, la maladie supposerait toujours l’attente de la guérison, de la fin de la déviance. « In other words to a considerable degree the criminal tends to be “written off” so far as a constructive social role is concerned, the sick person is not » (Parsons, 1951 : 313).
28 On peut également noter que pour Parsons le contrôle social est formé de « unplanned and largely unconscious mechanisms » (p. 321), ce qui représente une affirmation profondément opposée aux thèses dominantes qui se développeront dans la grammaire de la séparation.
29 Pour Quirion (2001 : 58), par exemple, Parsons réalise le passage d’un contrôle social proactif à un contrôle social réactif. Pourtant, dès 1942, Le mert proposait d’utiliser la distinction actif/passif à l’égard du contrôle social.
30 Le problème empirique classique est celui de la mesure de la prévention générale attribuable à l’existence d’une interdiction criminelle.
31 Selon Mayer (1983 : 18), il est aussi possible de considerer l’importance accordée au concept sous l’angle des interest corporatifs de la sociologie institutionnelle ; les sociologies seraient alors « a rising professional middle class attempting to stake out areas of expertise and authority so that, while involved in addressing perceived social problems, they were also engaged in enhancing their own status, power and security ». C. W. Mills (1943) qualifia ces sociologues de Social Pathologists et voulu identifier derrière leurs discours sur la désorganisation sociale l’idéologie professionnelle les guidant.
32 Ces mots sont ceux de Castel (1988 : 67).
33 Dans les dernières versions des analyses topographiques de cette école de Chicago (Shaw et McKay, 1969), la notion de désorganisation a toutefois été abandonnée au profit de la notion d’organisation sociale différentielle à la suite des thèses que développe Sutherland : « the organization of the delinquent group, which is often very complex, is social disorganisation only from an ethical or some other particularistic point of view » (Sutherland, 1947 : 21).
34 Park et Burgess (1924 : 785) écrivent : « social control and the mutual subordination of individual members to the community have their origin in conflict ». Pour différents commentaires sur le concept de contrôle social chez Park, voir Turner (1967) et Sumner (1997a, 1994).
35 On pourrait convoquer d’autres auteurs, particulièrement Horkheimer et Adorno, mais aussi Thorsten Sellin.
36 Par préservation ‘évolutive’ des institutions sociales je veux souligner l’importance du thème de l’évolution dans les travaux de Mead et indiquer que pour lui le contrôle social garantit la sécurité des institutions sociales dans le changement (1964 : 22).
37 Mead suggère deux stades du développement du soi : « [T]here are two general stages in the full development of the self. At the first of these stages, the individual’s self is constituted simply by an organization of the particular attitudes of other individuals toward himself and toward one another in the specific social acts in which he participates with them. But at the second stage in the full development of the individual’s self that self is constituted not only by an organization of these particular individual attitudes, but also by an organization of the social attitudes of the generalized other or the social group as a whole to which he belongs. These social or group attitudes are brought within the individual’s field of direct experience, and are included as elements in the structure or constitution of his self, in the same way that the attitudes of particular other individuals are ; and the individual arrives at them, or succeeds in taking them, by means of further organizing, and then generalizing, the attitudes of particular other individuals in terms of their organized social bearings and implications. So the self reaches its full development by organizing these individual attitudes of others into the organized social or group attitudes, and by thus becoming an individual reaction of the general systematic pattern of social or group behavior in which it and the others are all involved » (Mead, 1969 : 158).
38 C’est cette idée que développera Sutherland dans sa théorie de l’association différentielle et qui est au cœur des thèses de Sellin.
39 I was pointing out the difference between a human society and a society of invertebrates. The principle of organization is not that of physiological plasticity, not that of holding the form itself physiologically to its particular function ; it is rather the principle of organization as found in the form of human intercommunication and participation. It is what the human individual puts into the form of significant symbols through the use of gestures. He is then able to place himself in the attitude of others, particularly into just such attitudes as those I have spoken of as human institutions. If institutions are social habits, they represent certain definite attitudes that people assume under certain given social conditions. So that the individual, insofar as he does take the role of others, can take the habitual attitude of the community against such social situations as these (Mead, 1964 : 34).
40 Voir notamment les critiques de Luhmann (1995 : 260) et Giddens (1991 : 52).
41 La proximité avec les théories freudiennes est évidente ; voir les commentaires de Mead (1969 : 255).
42 On pourrait peut-être faire correspondre le contrôle social meadien à la « pensée au futur parfait » dans la phénoménologie de Schutz (1951) : pour choisir parmi des projets d’actions, il faut se placer dans le contexte d’une conduite passée, imaginer ses conséquences, c’est-à-dire, dit Mead, s’observer à partir de la position d’autrui.
43 « Within the inner forum of reflection, the generalized other functions as a socially derived mechanism through which logical evaluation operates » (Mills, 1963 : 429).
44 « A radical says a college professor will not engage in radical movements because he is afraid for his job, and besides, is a “reactionary.” The college professor says it is because he just likes to find out how things work. What is reason for one man is rationalization for another » (Mills, 1963 : 448).
45 Voir à ce sujet son essai De la raison et de la liberté dans L’imagination sociologique (1997).
46 Dans « La sociologie entre une criminologie du passage à l’acte et une criminologie de la réaction sociale », publié dans l’Année sociologique.
47 Par exemple : Otero (2003), Hunt (1999, 1997), Rose (1999a, 1999b), Staples (1997), Turner (1992, 1987).
48 Notamment Hogg (1998), Melossi (1997), Sumner (1997b), Garland (1997, 1990, 1985), Henry et Milovanovic (1996), Hirst (1994), Bauman (1992), de Swaan (1988) et Freiberg (1987).
49 Voir aussi les critiques de Nikolas Rose (1999b : 238) sur le best-seller de Cohen, et les commentaires de Dan Kaminski (2002) sur la posture sympathiquement « paranoïde » de ce qu’il nomme la « critique diffusionniste ».
50 Dans l’espace théorique habermassien, cette distinction entre texte est usage est utilisée fort différemment et renvoie à la scission entre le niveau des systèmes et le Lenbeswelt ; Habermas oppose en ce sens le droit « comme institution » et le droit « comme médium ».
51 On pourra notamment déplorer l’absence de l’œuvre de Pierre Bourdieu, que j’ignore ici notamment parce que le sociologue pose la correspondance des structures sociales et de « l’habitus » (1972 : 276). Voir à sujet les critiques de Rubenstein (2000), qui voit dans l’acteur bourdieusien un cultural dope aussi intoxiqué que celui que posait Parsons. On pourra aussi déplorer le silence au sujet d’Arendt, de C. W. Mills ou d’autres auteurs.
52 Ces références à la domination et à la sujétion pourront laisser perplexe la lectrice qui voudra comprendre pourquoi les concepts de pouvoir chez Weber et Foucault sont « volontaristes » et non « critiques » dans la typologie de Rocher. La distinction entre « volontaristes » et « critiques » semble reposer ici sur le fait que les conceptualisations se formulent ou non dans un cadre (néo)marxiste.
53 Dans plusieurs entrevues, reproduites dans Dits et écrits, Foucault compare ses textes à une « boîte à outils » ; par exemple : « je voudrais que mes livres soient une sorte une tool-box dans lequel les autres puissent aller fouiller pour y trouver un outil avec lequel ils pourraient faire ce que bon leur semble, dans leur domaine. […] j’écris pour des utilisateurs, non pas pour des lecteurs » (1974a : 1391, 1392).
54 En 1977, le Foucault d’après Surveiller et punir et La volonté de savoir disait que le problème qui l’avait « toujours fait courir » – même s’il a mis du temps à l’identifier correctement – est « celui du pouvoir » (1977a : 400).
55 On peut toutefois noter qu’à certains moments, Foucault disait que l’« essentiel » de son travail est une « réélaboration de la théorie du pouvoir » (1977b : 231).
56 Foucault fond ces deux distinctions dans celle de normal/pathologique mais la lecture de Surveiller et punir montre qu’il conçoit « la » norme ici comme le partage du normal et de l’anormal, là du déviant et du commun.
57 Cela conduisait Baudrillard à écrire ceci : « [o]n ne peut qu’être frappé par la coïncidence entre cette version nouvelle du pouvoir et la version nouvelle du désir proposée par Deleuze ou Lyotard ; non plus le manque ou l’interdit, mais le dispositif, la dissémination positive des flux ou des intensités. Cette coïncidence n’est pas accidentelle : c’est tout simplement que chez Foucault le pouvoir tient lieu de désir » (1977 : 22).
58 . D’après Foucault : « Le panoptique est l’utopie d’une société et d’un type de pouvoir qui est, au fond, la société que nous connaissons actuellement, utopie qui s’est effectivement réalisée » (1974b : 1462).
59 Dans d’autres écrits, Foucault est plus prudent sur cette idée d’un « remplacement » de l’enquête par l’examen. Plutôt que de penser un passage du « pouvoir de la loi » au « pouvoir de la norme », il s’agirait de proposer l’intégration du premier au second (Foucault, 1976b : 75). Voir aussi, plus bas, la section sur la gouvernementalité.
60 Dans plusieurs passages, Foucault a recours à un argument fonctionnaliste à la Parsons pour expliquer la naissance de la société disciplinaire. La transformation des modes de production aurait nécessité la production de corps dociles et utiles ; la société produirait le type de corps dont elle a besoin (voir, entre autres, 1978b : 467 ; 1977f : 419 ; 1975b : 1624 ; 1973b : 1301). Les thèses évolutionnistes luhmanniennes, dans lesquelles les savoirs sur, par exemple, la psyché saine ne sont pas déterminés par les besoins des systèmes économique et politique, bien que des rapports d’interpénétration puissent prendre place, me semblent sur ce point beaucoup plus satisfaisantes que celles de Foucault. Mais c’est là un autre débat : je n’aborde Foucault ici que pour clarifier sa pensée sur le pouvoir et examiner dans quelle mesure elle s’offre comme un outil stimulant pour penser le problème de l’articulation entre contrôle social, pouvoir et droit.
61 Foucault distinguera sur cette question la « juridiction » et la « véridiction », c’est-à-dire, respectivement, les « effets de prescription par rapport à ce qui est à faire » et les « effets de codifications par rapport à ce qui est à savoir » (1980a : 841).
62 Dans ce cadre, nous dit Foucault, « le monde est un grand asile, où les gouvernants sont les psychologues, et le peuple, les patients » (1973b : 1302).
63 Le texte sur la gouvernementalité a d’abord été publié en italien. J’utilise ici la traduction anglaise de La governamentalità proposée par Pasquale Pasquino dans The Foucault Effect. Le texte français reproduit dans Dits et écrits est légèrement différent (il est traduit).
64 Le terme économie est utilisé ici dans sa référence au « gouvernement de la famille ». « The art of government […] is essentially concerned with answering the question of how to introduce economy - that is to say, the correct manner of managing individuals, goods and wealth within the family (which a good father is expected to do in relation to his wife, children and servants) and of making the family fortunes prosper – how to introduce this meticulous attention of the father towards his family into the management of the state » (1991 : 92).
65 Lorsqu’il discute de la « bourgeoise détentrice du pouvoir » et des « classes au pouvoir » (1975e : 1586, 1587 ; 1975a) il nous faut, semble-t-il, comprendre qu’il traite de domination et non de pouvoir, faute de quoi il adopterait une vision substantialiste du pouvoir.
66 « The idea of agency refers to the capacity of an agent for action, its possession of the ‘power to act’, which is the capacity to originate such actions on the basis of calculations and decisions. Agency is a universal attribute of (socialized) human beings, as well as of human organizations and corporate entities. The exercise of directive power in the social sphere is, as Foucault suggests, dependent upon this human capacity for action, as are the various techniques of rule-at-a-distance, which depend upon the calculative actions of dispersed decision-makers. Freedom, on the other hand, generally refers to a capacity to choose one’s actions without external constraint. Freedom (unlike agency) is necessarily a matter of degree – it is the configured range of unconstrained choice in which agency can operate » (Garland, 1997 : 196-197).
67 « Sous les oublis, les illusions ou les mensonges qui nous font croire à des nécessités de nature ou aux exigences fonctionnelles de l’ordre, nous dit Foucault, il faut retrouver la guerre : elle est le chiffre de la paix » (1976d : 126).
68 Cette assertion est fondée sur une conception de l’identité proche de celle de G. H. Mead. Je n’aborderai pas ici cette dimension des thèses de Freitag, et je ne discuterai pas non plus des distinctions qu’il propose d’établir entre la praxis, la pratique et l’activité. Je fais le pari que ma discussion des travaux de Freitag sur le pouvoir n’en souffrira pas trop.
69 Les modes de reproduction de la société ne désignent pas seulement les mécanismes par lesquels celle-ci est re-créée dynamiquement comme totalité ; ces modes « sont aussi les modes d’auto-constitution du sujet dans le monde, ainsi que ses modalités d’appropriation objective du monde ; ce sont les formes de la médiation dans laquelle s’accomplit l’ontogénèse de la réalité “objective-subjective” » (Freitag, 1986b : 70). Cette médiation est ainsi constitutive de la socialité humaine. Voir Bonny (2002) pour une introduction.
70 La nature formelle de ces modes de reproduction implique que leur appréhension sociologique soit contrainte par les limites de l’idéal type (Freitag, 1986b : 19).
71 Dans Dialectique et Société, le contrôle est identifié comme le mode formel de la reproduction de ce qui tient lieu de « société » dans le contexte de la postmodernité, alors que dans des textes plus récents, Freitag discute souvent du passage du pouvoir à l’influence.
72 Si l’on tient à maintenir la métaphore psychopathologique, il conviendrait sans doute de préférer le diagnostique de schizoïdie plutôt que celui de l’autisme pour dépeindre les sociétés constituées par la seule domination de la culture.
73 Mead ne dit pas autre chose lorsqu’il traite de l’émergence du soi, mais, sur ce point, Freitag a le mérite de nous proposer une théorie de l’institution dans laquelle celle-ci n’est pas réduite dans l’autre généralisé.
74 Selon Freitag : « La domination sociale institutionnalisée prend ainsi la forme d’un rapport de domination entre deux ordres ontologiques hiérarchisés, auquel le pouvoir et les institutions servent seulement de médiation, de relais, et par lequel ils apparaissent par conséquent comme a priori justifiés. Ils ne font plus alors qu’exprimer l’essence et les exigences d’une réalité d’ordre supérieur, et ils n’ont plus d’autre fonction ni d’autre fondement que de servir d’intermédiaire à la réalisation de ces exigences ontologiques dans l’ordre essentiellement subordonné de la pratique sociale. Comme le faisait déjà le mythe, les institutions donnent donc un sens à la pratique ; seulement ce n’est plus le sens propre à celle-ci, un sens qui lui serait immédiatement immanent, mais un sens dont les fondements sont posés hors d’elle et au-dessus d’elle, et c’est pourquoi il doit désormais lui être imposé » (Freitag, 1986b : 226-227).
75 La proximité avec le double critère de la juridicité chez Weber est patente. Elle souligne comment le pouvoir, comme domination politico-institutionnelle, est proche de la domination rationnelle-légale et loin de la définition wébérienne du pouvoir, qui justement semble exclue des préoccupations de Freitag dans sa discussion sur le Modernité.
76 Voir parallèlement l’incommunicabilité des luttes dans l’Empire que décrivent Hardt et Negri (2000).
77 Néanmoins, leurs commentaires semblent tout à fait adéquats lorsque l’on tourne notre attention vers les phénomènes juridiques thématisant les transactions économiques et les pratiques professionnelles.
78 Tel que cité et traduit par Clam (1997 : 188).
79 Le pouvoir chez Luhmann est susceptible d’une présentation procédant par des entrées multiples. Il ne m’a pas semblé nécessaire, dans cette section, d’aborder, entre autres, l’idée que le pouvoir est un « média de communication généralisé sur le plan symbolique », ni la relation que Luhmann voit entre ce qu’il nomme les « mécanismes symbiotiques » et leur dédoublement formel dans le contexte d’une théorie de l’évolution, i. e., par exemple, le rapport entre la perception et la vérité, les « besoins » et l’économie, la force et le droit. On pourra trouver une présentation étoffée du pouvoir à partir de ces deux entrées dans Clam (1997, chap. 4).
80 Le pouvoir disciplinaire foucaldien comme travail social de « la » norme est susceptible d’une appréhension qui suppose la potentialité de la correction des « anormaux » et des « déviants », et sur ce plan, Foucault ne parvient à déjuridiciser sa conception du pouvoir qu’en réaffirmant une juri-diction sanctionnée par la correction orthopédique. Le pouvoir disciplinaire s’exprime toujours comme capacité de dire non à la déviance et à l’anormalité, et la question de savoir si Foucault parvient véritablement à s’émanciper de la « conception purement négative du pouvoir » qu’il critique peut être soulevée. On pourrait également demander si la conception du pouvoir comme pénétration par disposition et dispensation des sanctions proposée ici est insuffisante dans la perspective d’une analytique du pouvoir foucaldienne, et si l’évocation de sanctions positives (pouvoir technologique, plaisir non « masochiste » de l’obéissance) permettrait de résoudre cette insuffisance. Puisque mon projet est une compréhension du pouvoir des communications juridiques, cette question n’a pas à trouver de réponse satisfaisante ici, et je peux utiliser une conception ‘juridicisée’ du pouvoir, mais une juridiction qui peut se passer de validité juridique (grammaire de la criminalisation).