Introduction
p. 9-22
Texte intégral
1Les solidarités au sein des familles contemporaines ne sont pas une question nouvelle de la sociologie. Les travaux britanniques d’Élizabeth Bott (1955, 1956), ceux de Michaël Young et Peter Willmott (1957) ont souligné l’inscription relationnelle des familles conjugales dans des contextes industriels et urbanisés. Étudiant l’empreinte de la densité relationnelle sur la ségrégation des rôles conjugaux ou examinant les effets des politiques de relogement sur les familles ouvrières, ces travaux ont révélé l’existence de modes de vie proches de la « communauté » au cœur de la métropole londonienne, étoffés par des liens familiaux, amicaux et de voisinage, et nourris par la stabilité résidentielle.
2Il faudra cependant attendre les années soixante-dix en France – avec les travaux de Louis Roussel et d’Odile Bourguignon (1976), puis ceux d’Agnès Pitrou (1978), ainsi que les positions théoriques de Martine Segalen (1981) guidées par un regard historique et ethnologique – pour que se multiplient des recherches sur la famille, redécouvrant la vitalité des relations au sein de la parenté, insistant sur la permanence et le rôle irréductible des solidarités intergénérationnelles.
LA REDÉCOUVERTE DE LA PARENTÉ ET DES SOLIDARITÉS FAMILIALES
3Les années quatre-vingt ont été le moment charnière où la sociologie française a redonné sa visibilité à la parenté et éclairé le dynamisme des relations entre les parents et leurs enfants adultes.
4Les enquêtes de Louis Roussel et d’Agnès Pitrou, en s’armant d’indices concrets (la proximité résidentielle, l’échange des services, la fréquence des rencontres…), s’attachent à mesurer la teneur des relations familiales. Elles mettent ainsi en exergue les nombreux contacts qu’entretiennent les parents et les enfants, révèlent leur proximité géographique et soulignent le rôle fondamental de la parenté, véritable « réseau discret de solidarité » qu’un œil avisé peut percevoir dès qu’il observe attentivement les scènes de la vie familiale (Pitrou, 1978) : cadeaux et dons d’argent, transmissions des biens, aides pour acquérir un logement, pour prendre des vacances, ou encore garde par les grands-parents des enfants en bas âge…
5Se faisant, ces enquêtes rompent avec les conclusions dominantes de l’époque qui insistaient davantage sur le repli conjugal ou sur la fragilisation, voire la dissolution, des liens familiaux.
Les conditions de résurgence de la parenté dans la sociologie de la famille
6La sociologie française, observant la famille contemporaine, a longtemps été marquée par la thèse de Talcott Parsons selon laquelle l’industrialisation a ébranlé la famille ancienne dans sa structure, dans son fonctionnement et dans ses rapports avec la société, et qui affirmait haut et fort l’émergence d’une famille nucléaire détachée du reste de sa parenté.
7Pour Talcott Parsons, l’individu est au point d’accroche de deux familles conjugales : sa « famille de procréation » qui résulte de son mariage et « sa famille d’orientation » dans laquelle il naît ; chaque famille de procréation vit isolée de ses deux familles d’orientation dans le sens où elle assure seule sa subsistance et où une distance géographique importante les sépare (Parsons, 1955 [1937]). La famille moderne, décrite par Talcott Parsons, est donc avant tout conjugale. Sous-système de la société, elle tend à différencier les rôles entre les hommes et les femmes, le père jouant un rôle « instrumental » – celui de pourvoir aux biens matériels de la famille et d’assurer le lien avec la société – la mère jouant un rôle « expressif » – celui d’exprimer la vie affective de la famille.
8Cette théorisation de l’évolution familiale est intimement liée à une conception du changement social placée sous le signe d’une spécialisation croissante des sociétés industrielles modernes ; ces dernières se caractérisent par l’émergence de nouvelles instances spécialisées (écoles, hôpitaux, groupes de loisirs…) qui prennent séparément en charge des fonctions autrefois assurées par la famille. Dans ce contexte, la famille conjugale demeure une entité vitale de la vie sociale parce qu’elle assure deux fonctions fondamentales : la socialisation primaire des jeunes enfants et le soutien émotionnel aux adultes (Parsons, 1955).
9Quand les enquêtes françaises se sont attachées à étudier les formes et la force des liens intergénérationnels et qu’elles ont souhaité rendre compte des différents registres des solidarités familiales, elles se sont positionnées dans une perspective critique à l’égard de la thèse de Talcott Parsons. Néanmoins, ces travaux, tout en montrant la vivacité des pratiques familiales d’entraide, n’ont pas toujours remis en cause les fondements même de la nucléarisation de la famille, abordant la question des liens avec la famille élargie comme une survivance, et voyant la famille conjugale comme le dernier refuge de l’affectivité contre une société de plus en plus fonctionnelle et déshumanisée. D’autres travaux, davantage orientés vers la répartition sexuée du travail social, ont néanmoins dévoilé l’ambiguïté de la pensée de Talcott Parsons qui, dans sa description de la structure et des valeurs de la classe moyenne blanche américaine, cherche également à lui donner une justification normative (Michel, 1986 [1972]).
10Martine Segalen (2000 [1981], p. 94-95) note plusieurs causes au retournement de perspective qui rend sa visibilité à la parenté et qui fait des solidarités familiales un domaine légitime de la sociologie :
- Les transformations démographiques récentes qui instaurent de nouvelles configurations familiales : la durée de vie s’allonge de sorte que « la parenté se “voit” littéralement parce que les parents, les grands-parents sont physiquement présents ».
- Le reflux des idéologies qui considéraient la famille comme le lieu d’exercice d’une autorité exacerbée, qui cherchaient à libérer les hommes de leurs attaches familiales et faisaient de l’État « le substitut du père, du fils et du pourvoyeur »; ce recul s’accompagnant du retour d’autres idéologies qui célèbrent la famille comme l’élément constitutif et irréductible de la société et qui y voient une compensation possible au retrait de l’État-providence.
- La prise en compte des travaux historiques qui insistaient sur l’important rôle de la parenté dans les processus d’industrialisation et d’urbanisation.
- Le décloisonnement des sous-disciplines de la sociologie, redéfinissant les liens étroits entre l’institution familiale et d’autres champs de l’activité sociale1, tels que le travail et l’emploi, le logement, la santé, etc. – mettant à jour le rôle fondamental de la parenté dans ces différents domaines.
- Le lancement par des instituts nationaux de recherche, comme l’INSEE ou l’INED, d’enquêtes de grande envergure sur les fonctionnalités de la parenté.
Le réseau familial d’entraide : « une petite société à son usage2 »
11Que les travaux récents adoptent un point de vue général visant à évaluer l’ampleur, les sources et les limites de l’entraide familiale (Coenen-Huther et al., 1994 ; Marpsat, 1991) ou qu’ils cherchent à répertorier les activités de « l’économie cachée de la parenté » et identifier ceux qui en ont la charge (Déchaux, 1990, 1994), ils attestent tous de la vigueur et de la constance des soutiens familiaux. Ils démontrent l’étendue du registre des solidarités au sein de la parenté, allant du soutien scolaire au prêt d’argent en passant par le soutien moral ou le jardinage, tout en relevant combien les solidarités se concentrent autour de quelques personnages-clefs : parents et enfants, plus rarement frères et sœurs et petits-enfants. Ils dévoilent également combien les figures féminines l’emportent sur le terrain de l’entraide familiale.
12Sur le plan instrumental, comme sur le plan expressif, la famille conjugale apparaît imbriquée dans sa parenté : rares sont les cas d’isolement complet des familles nucléaires par rapport au reste de leur parenté. Le réseau d’entraide demeure néanmoins restreint à quelques apparentés, regroupant quatre ou cinq personnes (Coenen-Huther et al., 1994). Les acteurs n’activent en effet qu’une petite partie de leur réseau, se constituant un petit groupe d’intimes puisés dans le réservoir de la famille restreinte, la parenté élargie n’intervenant que de façon marginale.
13Limité pour l’essentiel à la famille restreinte, le réseau actif de parenté est fortement resserré autour des liens de filiation. Les échanges expressifs sont plus intenses avec les parents qu’avec les frères et sœurs. Les individus se sentent moins obligés de maintenir des contacts avec leurs frères et sœurs qu’avec leurs parents, de sorte que les relations avec la fratrie semblent davantage régies par le choix et l’intérêt que par des obligations statutaires. De cette sociabilité fraternelle fortement affinitaire émerge des solidarités entre les frères et sœurs qui font figure d’exception. Le « lien de germanité » – tant au niveau des contacts, de la proximité affective que des soutiens qu’il suscite – apparaît ainsi « second par rapport au lien de filiation » (Crenner et al., 2000).
14Axé sur la filiation, le réseau familial d’entraide est également peu « transitif ». Parmi les trois branches que comprend la parenté – la filiation, l’alliance et la germanité – les affins ne jouent pas un rôle spécifique dans l’organisation de l’entraide familiale. Moins fréquemment désignés comme proches, les liens d’alliance font aussi l’objet d’une moindre solidarité. La consanguinité a une forte prépondérance qui s’exprime au détriment de l’alliance.
15Filiale et consanguine, l’entraide de la parenté est très souvent une « affaire de femmes ». Ces dernières sont les principales gestionnaires de la sociabilité familiale : ce sont elles qui initient les rencontres, qui passent les coups de téléphone pour prendre des nouvelles…, elles sont également les principales instigatrices et productrices des soutiens qu’offre la parenté. Opératrices des rôles « d’agent de liaison » et « d’agent de soutien » qu’elles tiennent plus volontiers envers leur parenté consanguine, la plus grande partie des aides échangées circule dans la lignée des femmes. Josette Coenen-Huther et ses coauteurs évaluent à deux à trois fois plus nombreux les échanges d’aide du côté maternel que du côté paternel. De ce réseau d’entraide qui n’utilise qu’une faible partie des potentialités offertes par la parenté, où les liens activés sont essentiellement ceux de la filiation consanguine, et où les femmes occupent une place centrale, la solidarité familiale apparaît donc avant tout comme une solidarité de femmes.
16Cette description du réseau familial d’entraide laisse entrevoir combien la famille n’est pas un groupe de parents interchangeables : certains liens sont privilégiés pour répondre à des fonctions particulières. Les travaux qui décrivent les caractéristiques du réseau familial d’entraide mettent également en évidence l’ambiguïté profonde qui sous-tend ces pratiques de solidarité : l’individualisme, né des sociétés modernes, a fait de l’indépendance des familles conjugales une véritable norme que vient contredire la dépendance engendrée par l’exercice des solidarités.
Des solidarités entre autonomie et dépendance
17L’examen du climat relationnel, des attentes et des devoirs exprimés à l’égard du réseau de parenté, dégage une contradiction entre les différentes normes qui régissent l’exercice des solidarités au sein de la famille. Elles oscillent entre l’affirmation d’un désir d’autonomie des familles conjugales et une « présomption de solidarité » entre les ménages de la parenté (Déchaux, 1990a).
18L’aide, si elle est une pratique de sociabilité répandue, reste nettement occasionnelle ; les familles conjugales s’accordent rarement avec d’autres ménages pour organiser une entraide systématique. La parenté sert essentiellement d’appoint localisé, au détour d’événements qui perturbent le rythme de la vie quotidienne : une maladie, la naissance d’un enfant, des problèmes financiers, un divorce ou un deuil… La coopération réfléchie et rationnelle, qui aboutirait à l’organisation d’une routine domestique, est à la fois rare et rejetée (Kellerhals et al., 1995) ; les solidarités familiales fonctionnent en priorité selon un principe de besoin. Les familles conjugales font ainsi montre d’un réel souci d’autonomie vis-à-vis du reste de leur parenté.
19Ce souci d’autonomie va à l’encontre du principe de solidarité qui sous-tend les relations entre les membres de la parenté, car l’entraide familiale est de l’avis quasi général, considérée comme « normale », allant de soi. Le poids des liens du sang dessine des obligations partagées de soutien qui imposent aux uns et aux autres de venir en aide à leurs apparentés. Ces devoirs d’entraide ne s’expriment pas pour autant de manière uniforme à l’égard de tous les membres de la parenté : bien ancrées à l’égard de la filiation directe, les obligations de soutien s’avèrent diluées pour les collatéraux (Coenen-Huther et al., 1994).
20Légitimité statutaire, conscience d’une dette, affection, toutes trois imbriquées, fondent les sentiments de devoir envers sa filiation (Attias-Donfut et al., 2002); rares sont alors les couples qui refuseraient par principe d’apporter leurs soutiens à leurs ascendants ou à leurs descendants. Par contre, les sentiments de devoir, reconnus envers les frères et sœurs, se manifestent de manière plus nuancée, moins consensuelle ; leur légitimité n’en est que peu statutaire. Dès lors, l’ampleur du soutien des frères et sœurs dépend intimement des sentiments d’affection, du temps de vie passé ensemble… Les relations avec la famille élargie, elles, ne suscitent guère de sentiments d’obligations morales à leur venir en aide. Quand les acteurs reconnaissent un devoir de solidarité vis-à-vis d’un membre de leur parenté étendue, c’est davantage pour des raisons affinitaires qu’en vertu d’un principe statutaire.
21Réciproquement, les attentes des familles conjugales vis-à-vis des membres de leur parenté sont relativement faibles : non seulement les couples ne s’estiment pas en droit d’attendre un soutien de leurs apparentés, mais ils manifestent une forte réticence à solliciter leurs appuis, préférant se débrouiller seuls tant qu’ils le peuvent.
22L’asymétrie entre la reconnaissance de devoirs envers son entourage et les attentes que les conjoints formulent révèle pour Jean-Hugues Déchaux (1990a, p. 101) combien les échanges avec les apparentés représentent appelle « un entrelacement de liens de dépendance qui contrarie l’aspiration à l’autonomie ». Cette dissonance normative est d’ailleurs la source de nombreuses stratégies de camouflage et l’origine de tensions vives entre les apparentés ; elle induit des comportements dictés par une « logique de dissimulation ». Demander une aide devient une intention inavouable, dès qu’elle signifie la dépendance à l’égard des autres et qu’elle contredit les revendications d’autonomie. L’entraide est source de joie et de fierté tant qu’elle ne dépasse pas certains seuils, à partir desquels les conflits apparaissent et les rancœurs naissent. Et si le soutien à la parentèle est fréquemment vécu comme quelque chose de très agréable, il peut être une source de culpabilité (le sentiment de ne pas en faire assez) ou de découragement (Coenen-Huther et al., 1994). L’entraide s’exerce donc parfois au détriment des liens, et plus elle est intense, plus le risque que se manifestent ses effets négatifs augmente. D’autant que les ambiguïtés normatives sur lesquelles elle repose sont propices à des ingérences mal vécues : celles de parents qui s’incrustent dans la vie des jeunes couples, celles d’enfants qui dirigent la vie de leurs parents vieillissants (Attias-Donfut et al., 2002).
23Si le principe de solidarité apparaît comme un invariant familial, les pratiques d’entraide ne peuvent s’exercer qu’en tenant compte de leurs ambiguïtés profondes qui associent des obligations de soutien et des désirs d’autonomie.
Les spécificités de la relation de service entre les apparentés
24Les relations d’entraide entre les apparentés se distinguent des autres relations de services. Jean-Hugues Déchaux (1996) caractérise les relations de services accomplis par les membres de la famille, en les opposant à celles issues des mondes marchands et institutionnels, par leur plasticité, leur polyvalence, la confiance qu’elles présument, leur accessibilité et leur gratuité – différentes caractéristiques qui ont pour effet de produire et reproduire le groupe de parenté.
25Contrairement aux aides marchandes et institutionnelles, les aides au sein de la famille sont souples et s’adaptent davantage aux besoins des individus. Dans le cas de l’hospitalisation à domicile des personnes âgées, la capacité d’adaptabilité du soutien familial se manifeste, par exemple, en comblant les lacunes des services publics et les délais d’octroi des aides sociales (Bungener, 1993). En matière de prise en charge de la petite enfance, les grands-parents peuvent à la fois veiller ponctuellement sur leurs petits-enfants – en soirée – s’occuper d’eux de manière régulière – tous les mercredis – ou les garder chez eux pour une période plus longue – pendant les grandes vacances.
26Par ailleurs, les domaines d’intervention de la famille sont extrêmement variés, alors que les services marchands et institutionnels sont couramment spécialisés. La polyvalence des soutiens familiaux est surtout une caractéristique des aides domestiques : les femmes combinent aisément les multiples petites tâches qu’elles effectuent pour leurs proches3. C’est ainsi que tout en gardant leurs petits-enfants, les grands-mères préparent le repas, s’occupent du ménage, repassent le linge…
27L’aide, parce qu’elle consiste en une intrusion, même légère, dans des affaires privées, réclame souvent d’être confinée aux seuls intimes. Elle impose d’avoir confiance en ses proches, d’être assuré que ces derniers ne dévoilent pas ce qui doit rester secret. Au sein de la parenté, la confiance repose sur l’histoire commune et sur la pérennité supposée des liens familiaux (Déchaux, 1990a) ; par contre, la confiance au sein des liens électifs – entre les amis par exemple – ne va pas de soi, elle se gagne et s’entretient. Les relations de service avec des professionnels ne sont pas exemptes d’une confiance qui s’élabore au fil des relations – par exemple, entre une aide-ménagère et la personne qui l’emploie. Cette confiance repose également sur des éléments de déontologie professionnelle. Elle reste néanmoins étrangère aux critères d’attribution des services institutionnels et à ceux du monde marchand.
28À l’inverse des procédures d’accès, parfois sinueuses, aux services institutionnels, les aides de la famille sont facilement accessibles. Cette accessibilité s’apprécie à deux niveaux : d’une part, les apparentés habitent souvent à proximité les uns des autres ; d’autre part, les fondements juridiques des liens familiaux rendent pérenne la disponibilité de leurs aides. Les liens familiaux sont des relations assignées définies par des règles juridiques, indépendamment des relations interpersonnelles vécues ; ils sont assujettis à des normes et à des règles de droit qui imposent des obligations d’entraide.
29Enfin, les services échangés entre les apparentés sont effectués « gracieusement » dans la mesure où ils consistent en des dons pour lesquels aucune contrepartie financière n’est exigée. Que ces transactions soient non monétarisées ne signifie pas pour autant une absence de contrepartie, elles sont au contraire l’objet d’un jeu de dons/contre-dons au sein duquel les contreparties peuvent être « matérielles » (un autre service) ou « immatérielles » (de la reconnaissance).
30La participation de l’aide aux échanges entre des acteurs est une propriété fondamentale de la relation de services entre les apparentés. Ces échanges ressemblent rarement à un troc basé sur un principe de « donnant-donnant », ils se réalisent à terme et en dehors de tout cadre contractuel. Autrement dit, aucune délibération ou négociation préalable précise les termes des échanges, la nature et l’échéance du retour ; le don appelle un contre-don selon une « logique réciprocitaire souple » (Déchaux, 1996, p. 47). Mais encore, la réciprocité est rarement directe : les personnes de qui l’on reçoit ne sont pas nécessairement celles à qui l’on donne. L’« impératif de réciprocité » qui sous-tend l’assistance familiale ne signifie pas non plus la simultanéité des prestations ; il « ne se réalise bien souvent qu’à l’échelle d’une vie et transforme l’aide en une sorte de « placement à long terme » » (Déchaux, 1990a, p. 103).
31Les formes plurielles de la réciprocité, parfois indirecte et souvent différée, ont une conséquence forte : elles renforcent les liens. Elles les inscrivent dans un état de dette qui, à défaut d’aune à laquelle se référer, reste très vague. Les protagonistes ne savent jamais très bien à quel niveau cette dette se situe, ni qui en a réellement la charge. Dans de telles conditions d’incertitude quant à l’état de la dette de chacun, personne ne peut réellement solder ses échanges. Les apparentés sont dès lors « mutuellement endettés », liés et obligés les uns à l’égard des autres (Godbout et Charbonneau, 1993). Que le contre-don ne soit pas tenu par la même nature que le don ne fait que renforcer le flou de l’état de dette mutuelle. À défaut de pouvoir évaluer précisément la dette de chacun des protagonistes, seuls des déséquilibres trop flagrants génèrent une tension suffisante pour que les exigences de la réciprocité reprennent ouvertement leur droit ; ils peuvent également amoindrir, voire rompre, la confiance indispensable à l’existence d’une « réciprocité souple » et conduire à des rapports plus contractuels.
32Les échanges d’aides au sein de la famille ne s’apprécient donc pas uniquement à la valeur de leur profit matériel. Comme don, l’aide est un acte par lequel le donateur exprime son affection et se conforme à des normes relationnelles. Elle est « l’expression même du lien social de parenté, des principes en vertu desquels est conçu ce lien dans notre société et notamment de l’inconditionnalité à laquelle il est encore attaché (du moins entre les générations pour le lien de filiation) » (Déchaux, 1996, p. 49). Aussi l’aide inscrit-elle les familles conjugales dans le giron de leur parenté. Cette construction de l’appartenance familiale émane de ce que Pierre Bourdieu (1980b, p. 2) nomme « l’alchimie de l’échange », qui transforme « les choses échangées en signes de reconnaissance, […] produit le groupe et détermine du même coup les limites du groupe ».
AU-DELÀ DES SOLIDARITÉS FAMILIALES… UNE SOCIOLOGIE DES PRATIQUES D’ENTRAIDE
33La description des caractéristiques du réseau familial d’entraide montre combien la famille s’apparente à un réseau complexe où les individus occupent des places différentes avec des rôles spécifiques. Elle atteste également des ambivalences sur lesquelles repose l’exercice des solidarités : l’entraide apparaît au point d’achoppement de deux normes contradictoires qui régissent les relations familiales, un souci d’autonomie et une dépendance effective. Elle informe, enfin, des spécificités de la relation de service entre apparentés, soulignant le rôle du processus d’échange comme moteur de la construction des relations et de l’appartenance familiale. Par contre, les travaux observant les solidarités familiales nous apprennent peu de chose quant à leur fonctionnement, notamment pourquoi et comment ces solidarités sont-elles possibles ?
Les ressorts de la circulation des aides
34Qu’elle soit familiale, amicale ou autre, l’entraide mêle la vie des relations – à travers les obligations morales qui leur sont attachées, les sentiments de dette et d’affection qui naissent de leur histoire – au processus d’échange entre les acteurs. L’enchevêtrement de l’existence, de la permanence et des caractéristiques des relations, et des bénéfices qu’elles produisent à travers la circulation des ressources a été conceptualisé par différents auteurs sous la notion de « capital social ».
35On retient couramment deux formulations théorisant l’idée que les relations d’un individu peuvent devenir un « capital » : celle de Pierre Bourdieu (1980b) qui considère la possession d’un réseau de relations comme une troisième forme de capital, aux côtés du capital économique et du capital culturel ; celle de James Coleman (1988, 1990) qui hisse le capital social au niveau de la structure relationnelle dont l’agencement assure un accès à des ressources pour toutes fins utiles.
36Pierre Bourdieu lit le capital social comme une des formes du triptyque que constituent les rapports de renforcements mutuels ou de reconversion d’une forme à une autre du capital économique, du capital culturel et du capital social. Ce capital réside dans « l’ensemble des ressources actuelles ou potentielles qui sont liées à la possession d’un réseau durable de relations plus ou moins institutionnalisées d’interconnaissance » (1980b, p. 2). Le volume de capital social qu’un acteur possède se mesure à l’étendue du réseau de relations qu’il peut effectivement mobiliser et du volume de capital économique et culturel possédé par chacune des personnes avec laquelle il est lié. Pour Pierre Bourdieu, ce réseau de relations n’est pas donné, c’est le fruit d’un travail de production et de reproduction de liens durables « propres à procurer des profits matériels ou symboliques », qui s’appuie sur les sentiments d’obligations nés du processus d’échange.
37James Coleman considère également que le capital social s’inscrit dans le réseau de relations des individus, qui constitue une forme particulière de ressources disponibles pour atteindre des objectifs. Au demeurant, l’existence des relations ne suffit pas en soi à créer un capital ; elles le deviennent dès qu’elles sont mobilisables et mobilisées pour remplir une fonction. Ce capital n’est pas tant lié, comme le suggère Pierre Bourdieu, au nombre de relations, il est avant tout une propriété de la structure qu’elles forment. Il correspond aux chances d’accéder à des ressources occasionnées et véhiculées par l’agencement de la structure relationnelle dans laquelle l’acteur est inséré. Une des formes de ce capital provient de l’échange de services qui crée un partage de dettes engagées et de crédits rachetables ; mais James Coleman envisage deux autres formes de capital social : le potentiel d’informations qui servent de base à l’action et le respect des normes collectives qui conduisent les acteurs à œuvrer au bien commun.
38Le concept de capital social met l’accent sur le fait que les relations d’un acteur constituent un gisement de ressources accessibles. Mais, comme toute forme de capital, les relations deviennent des « ressources mobilisables » à partir du moment où elles ont été l’objet d’un travail d’investissement qui leur permet d’être efficientes, non seulement à un instant donné, mais également dans le futur (Flap, 1995). Des études sur la sociabilité décrivent, à ce propos, l’entraide à la fois comme une pratique qui a une utilité matérielle immédiate et comme un processus qui pérennise les relations dans le jeu des échanges en instaurant ce qui est, pour l’un, une dette, pour l’autre, un investissement. Alain Degenne et Marie-Odile Lebeaux (1997) interprètent à cet égard la surdéclaration très commune des aides données par rapport aux aides reçues4 comme un indice de comportements calculateurs vis-à-vis de relations qui exigent un entretien particulier pour être utiles. La circulation d’une aide se situe ainsi à un moment fécond de la dynamique relationnelle : comme aide donnée, elle assure la pérennisation des liens et leur utilité potentielle ; comme aide reçue, elle permet aux acteurs de récupérer leur investissement.
39Quoique novatrice pour traduire les profits que les individus retirent de leurs relations, la notion de capital social n’en est pas moins silencieuse quant aux mécanismes de l’échange social. Ce qui reste à éclaircir, c’est pourquoi et sous quelles conditions les acteurs acceptent de mettre à la disposition de leurs partenaires5 leurs propres ressources. Il importe désormais d’éclairer les procédures de régulation qui assurent la circulation des ressources entre les acteurs.
40Pourquoi et comment les pratiques d’entraide sont-elles possibles ? Les occasions, les contenus et les tenants des solidarités privées ébauchent plusieurs registres qui sous-tendent les pratiques d’entraide : statut, réciprocité et affinité s’entremêlent intimement, pondérés selon les types de liens activés, propres à des « cultures familiales de solidarités » (Attias-Donfut et al., 2002) ; ces solidarités restent cependant très mystérieuses. On propose, dans le cadre de cet ouvrage, d’éclairer les principes qui rendent possible et effectif l’exercice des pratiques solidaires. Il s’agit précisément d’examiner en quoi les caractéristiques des relations qu’un acteur entretient avec chacun de ses parents ou de ses proches lui permettent de faire appel à certains d’entre eux lorsqu’il a besoin de diverses aides. On cherche, en définitive, à comprendre comment le réseau de relations d’un acteur devient effectivement une ressource qu’il peut mobiliser en cas de besoin, et devient un capital social. L’ouverture de la « boîte noire » des solidarités privées consistera donc à mettre en lumière les caractéristiques des différentes relations et les principes généraux qui régulent leurs contenus ; elle consistera également à interroger les règles qui articulent les relations les unes aux autres, définissant leur complémentarité ou leur subsidiarité.
De la famille au réseau personnel
41Plusieurs éléments suggèrent toutefois l’intérêt de considérer l’ensemble du réseau personnel, et non la seule famille, pour saisir les principes qui sous-tendent les solidarités interpersonnelles. La famille apparaît très nettement comme la source première de soutien, mais des aides ponctuelles se repèrent également entre amis, entre voisins ou entre collègues. Les voisins sont sollicités pour garder l’œil sur le logement ou pour s’occuper des animaux lors d’un départ en vacances ; les amis font leurs armes ensemble lors de travaux de bricolage, ils sont également mis à contribution pour discuter des difficultés que les uns ou les autres éprouvent. Parfois, la parenté ne se présente d’ailleurs pas comme l’intervenant le plus efficace : Catherine Bonvalet (1991) le constate pour l’accès à un premier logement indépendant, Mark Granovetter (1973) ou Michel Forsé (1997) le soulignent lors de la recherche d’un emploi. Plusieurs travaux, portant un regard sur la totalité6 des réseaux personnels, ont par ailleurs mis en valeur la spécialisation des liens interpersonnels, découvrant combien les différents types de relations remplissent des fonctions différentes (Fischer, 1982a ; Wellman, 1982, 1988).
42L’enquête de Claude S. Fischer offre une illustration convaincante de la spécialisation des liens au sein du réseau personnel qui ne correspond pas toujours à un clivage « famille/hors famille ». Son objet premier est de mesurer les effets de l’urbanisation sur la structure des réseaux de relations interpersonnelles. Il enquête dans différentes agglomérations (par leur taille, leur composition, leur diversité « culturelle »…) de la côte californienne dans le but de saisir les contraintes et les opportunités qu’elles font peser sur l’insertion relationnelle et la sociabilité des individus. Il mesure la sociabilité des acteurs au moyen de différents indicateurs : sont enregistrés les partenaires à qui les acteurs confient leur maison, avec qui ils parlent de leur travail, avec qui ils sortent (au restaurant, au cinéma…), à qui ils rendent visite, avec qui ils partagent leur hobby, de qui les jugements comptent, avec qui ils parlent de leurs problèmes importants, etc. Cet inventaire détaillé des activités effectuées avec chaque membre du réseau personnel laisse entrevoir sa division fonctionnelle.
43Certaines fonctions sont remplies de manière privilégiée par certaines relations, pour lesquelles il existe néanmoins des substitutions ou des complémentarités possibles : c’est le cas, par exemple, des travaux de bricolage et des discussions à propos des problèmes personnels qui sont rendus à la fois par des « amis7 » ou par des membres de la famille. Mais certaines fonctions sont monopolisées par des relations : c’est le cas des prêts ou des dons d’argent, qui restent l’apanage de la parenté. Au sein du réseau personnel, la famille – avec son hétérogénéité interne – occupe donc une place bien à elle, sans pour autant être exclusive.
44L’isolement de la famille du reste du réseau personnel interdit alors de penser l’originalité des relations familiales et du sous-réseau qu’elles constituent ; il interdit également d’observer les rapports de complémentarité ou de substitution qui peuvent exister entre les différentes sphères relationnelles. En tenant compte de l’ensemble du réseau personnel, on place sur un même plan toutes les relations qui le constituent, sans a priori, pour en dévoiler les spécificités et les similarités, tout en observant leur articulation : leur complémentarité ou leur exclusivité. Cette posture, théorique et méthodologique, revendique le fait que « les liens de parenté, « la famille », sont pour l’individu autant des problèmes que des solutions, mises en balance avec d’autres solutions » qu’offrent, par exemple, les relations affinitaires (Ferrand, 1992, p. 90). Elle autorise l’exploration de la régulation de l’entraide en confrontant et révélant les spécificités de chaque lien du réseau.
45Mais encore, l’opposition classique entre la famille – en tant que liens hérités et imprescriptibles – et le reste du réseau – comme liens éligibles et choisis – est très relative. Les liens familiaux sont spécifiques dans la mesure où ils s’imposent durablement aux individus, mais ils sont fortement hétérogènes : ils ne sont pas tous régis par les mêmes obligations (de contact, d’entraide…) et ils ne sont pas tous pareillement activés. On l’a signalé, les acteurs sélectionnent au sein de leur parenté un petit groupe d’intimes, ils se forgent une « petite société à leur usage » qu’ils élisent en mêlant statut et affinité. Ce petit groupe de proches est parfois ouvert à d’autres relations non issues de la famille légale, on y retrouve parfois des amis.
46Les critères statutaires des relations familiales, sans avoir entièrement perdu de leur force, tendent par ailleurs à être remplacés par des « normes utilitaristes » qui reposent sur des critères de compétences, de proximité affective, de disponibilité… (Finch et Mason, 1991, 1993), de sorte que les obligations morales qui régissaient fortement les liens familiaux, dans lesquelles s’ancrait l’entraide, sont contrebalancées par d’autres principes. Si le statut reste un élément primordial de l’aide intergénérationnelle, il est parfois opposé à un « principe de disponibilité », chacun y trouvant des « excuses légitimes » pour ne pas remplir son rôle. Le moindre poids des obligations statutaires suggère un plus faible degré d’organisation des réseaux de soutien, donnant du mou aux acteurs pour solliciter leurs proches, ou les aider, à partir de critères divers – à partir desquels les liens hors de la parenté peuvent parfois paraître préférables. L’affaiblissement des normes statutaires des relations familiales et la diversité des critères retenus stimulent la création d’un cercle d’intimes qui ne peut être réduit a priori à la seule famille.
47Dans ces conditions, l’opposition entre « liens assignés » et « liens choisis » ne permet pas de traiter les liens familiaux comme un sous-système assez spécifique pour être isolé du reste de la sociabilité des acteurs.
***
48Cet ouvrage vise donc à repérer les différents principes qui orientent les pratiques d’entraide. Pour cela, on étudiera la représentation qu’ont les acteurs de leur réseau personnel et comment ils envisagent de l’activer en cas de « coups durs ». Il s’agira précisément d’examiner d’après quels critères les individus désignent au sein de leur réseau ceux à qui ils demanderaient de les aider en cas de besoin. On suppose en effet que les acteurs opèrent des choix au sein de leur réseau personnel, au moyen de différents critères issus des caractéristiques des relations qu’ils entretiennent avec chacun de leurs partenaires. Parmi ces critères, on portera notre attention sur les obligations de soutien et sur l’histoire des relations qui donne naissance aux sentiments de dette et aux sentiments d’affection. On suppose ainsi que le « petit réseau d’intimes et d’usage » est le fruit d’un travail de construction de la part des acteurs ; que ceux-ci réalisent des évaluations subjectives des avantages et des inconvénients qu’il y a à solliciter certains proches – que ces évaluations soient conscientes ou non conscientes, ponctuelles ou routinisées. L’exploration de l’aide attendue – observée du point de vue d’un acteur particulier – cherche à découvrir les modes de régulation des solidarités interpersonnelles.
49Ce livre déclinera plusieurs aspects du fonctionnement des pratiques d’entraide. Le premier chapitre présentera le cadre théorique à partir duquel on peut penser la circulation des aides entre acteurs, en prenant la mesure des modes de régulation possibles et des critères qui permettent de justifier le choix d’un aidant au sein de son entourage. Le deuxième chapitre s’intéressera aux devoirs idéaux d’entraide et à leur diversité sociale. Le troisième chapitre visera à démontrer la pluralité des critères qui légitiment des demandes d’aides en fonction des circonstances. On illustrera cette pluralité en étudiant les aidants désignés dans deux situations spécifiques : l’aide recherchée quand on s’occupe de ses parents âgés, et la recherche d’un interlocuteur pour parler de ses problèmes personnels. Le quatrième chapitre, enfin, s’intéressera à l’organisation interne du réseau d’entraide et dévoilera l’existence de règles qui hiérarchisent le choix d’un aidant entre les différents membres de l’entourage.
Notes de bas de page
1 Cf. Le numéro de la revue Sociétés contemporaines (1997, n° 25) intitulé « Famille et sociologies ».
2 Nous empruntons cette expression à Jean Kellerhals et ses co-auteurs (1995), reprenant les termes d’Alexis de Tocqueville.
3 Danielle Chabaud-Rychter, Dominique Fougeyrollas-Schwebel et Françoise Sonthonnax (1985) font d’ailleurs de la superposition des tâches une des caractéristiques principales du travail domestique des femmes.
4 Les différentes enquêtes sur l’entraide familiale, et celles qui vont au-delà de la famille, font un même constat : les individus déclarent globalement donner plus d’aides qu’ils disent en recevoir. Alain Degenne et Marie-Odile Lebeaux voient dans ce décalage le signe de l’investissement relationnel : on se souviendrait mieux de ce qu’on donne parce qu’on attend de recevoir.
5 Le terme de « partenaire », utilisé dans le cadre de cet ouvrage, désignera toute personne avec laquelle un acteur est directement en relation.
6 Ce terme est à prendre avec beaucoup de précaution. Aucune enquête portant sur les réseaux personnels n’étudie la totalité du réseau personnel des acteurs, parce qu’elle nécessiterait l’examen de toutes les relations d’un acteur, en pratique peu réalisable. Les réseaux personnels sont des réseaux construits à partir de critères arbitraires qui simplifient et réduisent délibérément la réalité pour la rendre intelligible et manipulable. Ces critères sont choisis en fonction des objectifs de la recherche. Les réseaux personnels étudiés sont donc des représentations abstraites et partielles de l’agencement des liens entre les individus, dont on admet qu’elles comportent un certain degré d’isomorphisme avec la réalité sociale (Mitchell, 1973).
7 La relation amicale comporte une ambiguïté définitionnelle (Allan, 1977 ; Fischer, 1982b). Les « amis » étudiés dans le cadre de cette enquête californienne sont définis de manière restrictive : il s’agit des personnes dites « amies », et qui ne sont pas décrites simultanément comme des apparentées, des collègues, des voisines, ou qui ne sont pas rencontrées dans le cadre d’une association ou d’une autre organisation.
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