1 Arch. départ. de la Sarthe, 12 J 185.
2 15 Français représentent 162 sénateurs et 8 Allemands représentent 207 membres du Reichstag en 1914 alors qu’ils étaient respectivement 124 Français et 35 Allemands l’année précédente, tandis qu’étaient présents Jean Jaurès, Marcel Sembat, Edouard Herriot, Joseph Paul-Boncour et Conrad Haußmann, August Bebel et Karl Liebknecht.
3 Le Temps, 7 juillet 1900.
4 Né en 1862, il fit ses études à Columbia, où il obtient un doctorat à 22 ans puis étudia à Paris, Berlin. Élu président de l’université Columbia (New York), en 1902, il fut délégué à la convention nationale républicaine de 1886 à 1936. Ami de Théodore Roosevelt, d’Elihu Root, il est candidat sur le ticket de la présidentiel en 1912 au côté du président sortant William H. Taft pour remplacer James S. Sherman décédé quelques jours avant le vote. Il se présente lui-même à la convention républicaine en 1920 et 1928, sans succès. Prix Nobel de la paix en 1931 pour sa promotion du pacte Briand-Kellogg et ses actions en faveur de la paix dans la fondation Carnegie depuis le début du siècle. La correspondance entre d’Estournelles et Butler est continue de 1902 à 1924. Cf. Marrin A., Nicholas Murray Butler, Twayne Publishers, 1976.
5 Arch. départ. de la Sarthe, 12 J 380.
6 La lettre no 7 du 3 octobre 1914 est d’ailleurs adressée directement au directeur du New York Times.
7 Cf. 12 J 384 Sur le premier dossier réunissant ces lettres, d’Estournelles note : « Primata à Butler Duplicata à Keppel-Haskell Triplicata rue Pierre Curie 2 ex à mon classement. » Il est difficile de savoir ce que cette correspondance représente alors pour Nicholas Murray Butler puisque les lettres adressées à d’Estournelles de Constant sont manquantes pour 1914 et 1918. Ces 11 premières lettres sont conservées sous la cote 12 J 381.
8 Otfried Nippold (1864-1938). Juriste, avocat, il enseigna au Japon puis en Allemagne et en Suisse, bénéficiant de la double nationalité dans ces deux pays. En 1905, il passe avec succès son doctorat en droit international. Il serait intéressant de mieux connaître les relations entre d’Estournelles et Nippold qui œuvrent l’un en France l’autre en Suisse pour redéfinir le droit international après l’impasse que constitue la guerre dans son développement. Il développe ces idées notamment dans un ouvrage publié en 1917 : Die Gestaltung des Völkerrechts nach dem Weltkriege (The Development of International Law after the World War).
9 Heinrich Lammasch (1853-1920). Ce juriste autrichien enseigna à l’Université d’Innsbruck dès 1885 puis de Vienne après 1899 et contribua à définir le droit d’asile et les règles d’extradition. Il représente l’Autriche-Hongrie aux conférences de La Haye de 1899 et 1907 et fut plusieurs fois arbitre international pour la Cour de La Haye. La remarque du baron d’Estournelles surprend car Lammasch est souvent décrit comme ayant refusé l’engagement de son pays dans la guerre en 1914, évitant l’arrestation comme pacifiste par la seule intervention de l’empereur. Il est l’un des négociateurs d’une paix séparée en 1917 et sera le dernier chancelier d’Autriche en octobre-novembre 1918.
10 Voir sur ce sujet l’article de Catherine Maréchal, « IN ARDUIS CONSTANS, « Paul Henri Benjamin Balluet, baron d’Estournelles de Constant de Rebecque. Un homme au service de l’entente franco-allemande », Bulletin de la Société d’agriculture, sciences et arts de la Sarthe, 1988, p. 57-77.
11 Henri La Fontaine (1854-1943), sénateur de Liège (Belgique), prix Nobel de la paix en 1913 est alors président du Bureau international de la Paix.
12 Arch. départ. de la Sarthe, 12 J 400. Indication sur la note : « 31 juillet message téléphoné par melle [Peylade] (peu lisible) à 5 h 14. » Mlle Peylade est secrétaire du Bureau européen de la Dotation Carnegie.
13 Les Russes ont tenu à l’écart l’ambassadeur de France qui a bien transmis l’annonce de la mobilisation générale russe à 10 h 43, mais personne n’explique pourquoi celle-ci est parvenue si tard en soirée. Ainsi, les Français ont-ils eu l’impression que la mobilisation autrichienne avait été décidée avant la mobilisation russe, alors que c’est l’inverse qui eut lieu. J.-J. Becker, L’année 1914, Paris, A. Colin, 2004, p. 95 sq.
14 Auclair M., Jean Jaurès, Paris, Club des éditeurs, 1959, p. 325.
15 Il est probable qu’il soit revenu après cette entrevue au bureau de la conciliation internationale au 24, rue Pierre Curie puisque c’est sa secrétaire Mlle Peylade qui envoie le message téléphonique. Considérant le temps nécessaire pour aller de l’Elysée à la rue Curie, l’entretien a dû avoir lieu en milieu d’après-midi.
16 Joffre J., Mémoires du maréchal Joffre (1910-1917), t. 1, Paris, Plon, 1932, p. 221 sq.
17 Carnets secrets 1914-1918, préface de Nicolas Offenstadt, notes et texte établis par André Loez, Paris, Grasset, 2005, 394 p.
18 Arch. départ. de la Sarthe, 12 J 78.
19 Grossi V., Le pacifisme européen (1889-1914), Bruxelles, Bryulant, 1994, p. 385.
20 La politique française de la paix et les prochaines élections, La Flèche, Charier-Beulay, 1919, 59 p. Arch. départ. de la Sarthe, 12 J 461.
21 Ibidem. Paul d’Estournelles fera une déposition en faveur de Jaurès lors du procès Villain à la Cour d’assise de la Seine, le 25 mars 1919, insistant sur le patriotisme du socialiste, sur le fait qu’il ne voulait ni affaiblir l’armée nationale ni abandonner l’Alsace-Lorraine à l’Allemagne. Dans son plaidoyer, fustigeant la calomnie dont Jaurès était victime, il cherche à défendre sa propre position.
22 Contamine H., La Victoire de la Marne, 9 septembre 1914, Paris, Gallimard, coll. « Trente journées qui ont fait la France », 1970, p. 120. Environ 27.000 hommes sont tués ce 22 août 1914.
23 « Où trouver 60 lits », peut-on lire sur son agenda à la date du 4 septembre. Le lendemain, 5 septembre, il note que 88 lits sont installés : 30 ( ?) dans la galerie, 15 au Salon, 10 dans la Salle à manger, 9 à 12 lits dans les chambres. Arch. départ. de la Sarthe, 12 J 78. Il intervient pour que les formations sanitaires de La Flèche disposent d’un téléphone afin d’améliorer l’organisation des soins (26 septembre 1914 ; 12 J 400).
24 Voir supra note 8, p. 136.
25 Ce journaliste autrichien est libraire à Berlin dans les années 1880 et s’engage dans le mouvement pacifiste en 1892 en créant avec Bertha von Suttner un journal Die Waffen nieder ! et la même année fonde la Deutsche Friedengesellschaft. Il est de toutes les conférences et réunions pacifistes et fonde en 1911 avec Otfried Nippold le Verband für internationale Verständigung. S’inspirant du marxisme, il réfléchit à un pacifisme scientifique tenant compte des relations d’interdépendance économiques entre les États. Il poursuit à partir de 1914 en Suisse son combat en faveur de la création d’instances internationales.
26 Sur l’attitude des pacifistes en 1914, voir Grossi V., Le pacifisme européen…, op. cit., p. 385 sq.
27 Arch. départ. de la Sarthe, 12 J 186. Lettre de P. d’Estournelles de Constant à C. L. Lange, 8 août 1914.
28 Il subsiste une marge d’erreurs dans la mesure où le moteur de recherche de Gallica ne relève pas toujours l’ensemble des occurrences, mais ce dénombrement permet une approche de sa présence et potentiellement de son influence.
29 Lettre 2 (3 septembre 1914) 12 J 381.
30 Voir Horne J., Kramer A., 1914, les atrocités allemandes, Paris, Tallandier, 2005 ; Horne J. (dir.), Vers la guerre totale. Le tournant de 1914-1915, Paris, Tallandier, 2010.
31 Jules Puech, docteur en droit, était l’un des secrétaires du bureau européen de la Dotation Carnegie en France. Il travaille encore aux côtés du baron d’Estournelles avant d’être mobilisé en 1915.
32 William Randolph Hearst (1863-1951) fut un magnat de la presse, fondateur de nombreux journaux, notamment le New York Journal. Il est considéré comme l’un des précurseurs de la presse sensationnelle, le yellow journalism comme l’ont montré Martin Lee et Norman Solomon dans leur ouvrage Unreliable sources. A guide to detecting bias in news media, New York, Lyle, 1990. Hearst inspira en 1941 le film d’Orson Welles Citizen Kane.
33 Arch. départ. de la Sarthe, 12 J 380.
34 Cf. Poisson G., « Benjamin Constant à la Belle Époque. Quelques réflexions sur le dossier sarthois. », Annales Benjamin Constant, 2011, no 36, p. 141-162.
35 D’Estournelles peut compter sur l’action de Jules Puech, d’André Weiss, de Charles Richet, tandis que Jules Prudhommeaux est déjà sous les drapeaux. Weiss et Richet sillonnent l’Italie en septembre et octobre 1914 pour défendre la position française et l’idée d’une violation des conventions de La Haye par l’Allemagne.
36 The New York Times current history. A monthly magazine. The European war, vol. 1: From the beginning to march 1915, New York, The New York Times company, 1915. L’article est accessible dans les archives en ligne du New York Times.
37 Arch. départ. Sarthe, 12 J 381, lettre 9 bis du 16 novembre 1914. Sur ce rapport, voir les travaux de Nadine Akhund : « Un résultat inattendu des guerres balkaniques : le rapport Carnegie de 1913 », colloque de Belgrade, octobre 2012, Les guerres balkaniques de 1912-1913, nouvelles vues et interprétations. Institut de recherche stratégique et Institut d’histoire (à paraître). À la fin du mois de juillet 1913, répondant à l’initiative de Nicholas Butler, directeur de la section Relations Internationales et Education de la Dotation-Fondation Carnegie pour la Paix Internationale, Paul d’Estournelles de Constant, président du bureau européen de cette fondation à Paris constitua une commission internationale. Il s’agissait d’étudier la conduite des deux guerres sous un angle scientifique et d’informer l’opinion publique sur les deux rives de l’Atlantique. Composée de huit membres, la commission se rendit à la fin de l’été 1913 à Vienne, Belgrade, Salonique, Athènes, Istanbul et Sofia et publia un rapport de 400 pages en mai 1914. Je remercie Nadine Akhund pour ces précisions.
38 Santamaria Y., Le pacifisme, une passion française, Paris, A. Colin, 2005, p. 61.
39 Ce basculement est ponctuel. Dans la lettre no 426 du 16 octobre 1918, après un entretien avec Clemenceau, le sénateur note : « Nous avons été contents de nous voir. Et il paraît tout naturel de souhaiter qu’il ait eu tort contre Caillaux et qu’il ait raison des Allemands, des Boches que je n’appelais pas les Boches, mais qui ont mérité le nom de Boches et même de “sales Boches” comme dit le général Pershing, puisqu’ils se sont associés pendant quatre ans sans protester aux crimes de leur Hohenzollern. » Arch. départ. de la Sarthe, 12 J 386. Bruno Cabanes a bien montré que l’année 1918 est une année de remobilisation au cours de laquelle l’expression de la haine envers l’ennemi s’avère plus courante. Cf. Cabanes B., La victoire endeuillée, Paris, Le Seuil, 2004.