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Ponchon R., « La guerre et la paix ». Le Journal, 15 juin 1914. Raoul Ponchon (1848-1937) observe son siècle en rédigeant ses impressions en vers dans les journaux. Deux semaines après cet article, le 28 juin 1914, l’archiduc François-Ferdinand est assassiné à Sarajevo.
2 Hayne Davis (1868-1942), avocat new-yorkais fondateur de American Peace and Arbitration League présente d’Estournelles comme « the great international Senator of France, the leading autority in the world of arbitration » (The independant january-june 1906). De nombreuses appréciations de cet ordre ont été rapportées dans notre thèse soutenue en 1994 à l’université Paris 3 et publiée, en version abrégée (Barcelo L., Paul d’Estournelles De Constant, prix Nobel de la paix 1909 – L’expression d’une idée européenne, L’Harmattan, Paris, 1909).
3 À ce titre, il convient de rendre hommage à nos collègues Stéphane Tison et Hervé Bois, organisateurs de ce colloque, et d’exprimer nos sincères remerciements à tous ceux qui ont soutenu cette initiative, ainsi que nos vives félicitations aux élèves de la section L du lycée Paul d’Estournelles de Constant de La Flèche pour la qualité de leur travail, leur disponibilité et leur investissement.
4 Il n’est pas le seul dans ce cas. Qui connaît aujourd’hui Marcel Plaisant ? Juriste, homme politique (député puis sénateur radical) et résistant français, né le 8 mars 1887 à Bourges et mort le 16 décembre 1958 à Paris. Délégué de la France à la Société des nations, aux conférences de Locarno, Rome, La Haye, Londres. En 1932, Marcel Plaisant est chargé de cours à l’Académie de droit international de La Haye. Le 10 juillet 1940, il fait partie des quatre-vingts parlementaires qui votent contre les pleins pouvoirs à Pétain. En avril 1947, Marcel Plaisant fait partie, avec André Boissarie et Henri Donnedieu de Vabres, de la délégation française à la Commission pour le développement progressif et la codification du droit international de l’Assemblée générale des Nations Unies. Cette délégation propose la création d’une « chambre criminelle internationale », adjointe à la cour internationale de justice, pour juger les crimes contre l’humanité. Pour cause de guerre froide, le débat sur la création d’une Cour pénale internationale sera ajourné. Il faudra attendre 50 années avant qu’il ne soit de nouveau ouvert.
5 À partir de 1858, la santé de son père se dégrade. Il souffre du diabète et d’induration du foie. Les régimes et une cure à Vichy ne suffiront pas : le 15 mai 1859, la mort l’emporte à quarante et un an, à Meudon, sans lui accorder le réconfort de voir ses proches : sa mère ne peut arriver à temps de La Flèche, tandis que son épouse, enceinte de son second fils, est partie en croisière avec des amis. Paul d’Estournelles de Constant se retrouve orphelin de père à l’âge de six ans et demi et sa mère doit désormais répondre seule aux besoins de ses six enfants. Car Louise de Constant ne survivra pas à la perte de son fils. Elle décède à son tour le 8 février 1860 au matin. Mais il faut souligner ici le rôle fondamental joué par Louise pour perpétuer dans la mémoire familiale le souvenir de Benjamin Constant.
6 Sa famille n’est pas plus épargnée que les autres foyers pendant cette période. En 1913, Paul d’Estournelles de Constant a perdu son fils Arnaud. En février 1915, son neveu Jean Maspero, byzantinologue, tombe à Vauquois-en-Argonne. Cette année-là, Paul d’Estournelles perd également sa sœur aînée, Jeanne, ainsi que l’un des fils de celle-ci, Sotiraki. Son beau-frère, Georges Messinesi ne leur survivra que deux ans. Le 24 mars 1916, Philippe, fils de Sotiraki, est emporté dans le naufrage du « Sussex », bateau du service maritime des chemins de fer de l’État français qui effectue la liaison entre Folkestone et Dieppe, torpillé dans la manche par un U-boat. La guerre est également fatale au lieutenant Petiton Saint-Mard, qui avait épousé l’une des nièces de Paul d’Estournelles de Constant, Andrée de Saint-Gervais.
7 Il y aurait fait la connaissance de son futur beau-frère, l’égyptologue Gaston Maspero.
8 Paul d’Estournelles de Constant n’est pas anticolonialiste. S’il rechigne à accepter le poste de Tunis, lui qui se sent très bien à Londres, il comprend le bénéfice à retirer pour sa carrière de cette expérience et en tire parfaitement parti. Mais il désapprouve la violence des militaires dans les entreprises de pacification, ainsi que l’annexion, source de trop grandes dépenses et d’imbroglios juridiques. En outre, il perçoit vraisemblablement dans ces entreprises le paradoxe entre les agissements de la France républicaine et ses principes.
9 Au vu de ses écrits, il est néanmoins possible d’esquisser les contours de cette Europe politique de Paul d’Estournelles de Constant. Il s’agit en l’occurrence des pays d’Europe occidentale : France, Royaume-Uni, Allemagne, Pays-Bas, Belgique, Pays Scandinaves, Péninsule ibérique, Italie. Pour lui, les Balkans et la Grèce, c’est « l’Orient ». Les pays ou les nations d’Europe centrale et orientale sont répertoriés parmi les « pays neufs » dans ses articles qui évoquent le contexte de concurrence économique universelle.
10 Comité de défense des intérêts nationaux en 1901, Groupe parlementaire de l’arbitrage international en 1903, Comité de Conciliation internationale en 1905, Centre européen de la fondation Carnegie endowment for international peace en 1910.
11 La campagne d’« éducation » de l’opinion qu’il entreprend dès 1899 privilégie les femmes, en tant qu’éducatrices des futurs citoyens, et les enfants. Faute de parvenir à établir pour les États le principe d’une sanction autre que morale contre d’éventuelles vues hégémoniques, il s’agit pour lui d’ériger l’opinion en juge de la moralité des dirigeants. Les élites, des gens de renom recrutés dans les sphères de la politique, sans distinction d’appartenance, de la pensée et de l’art, auxquels la population doit être tentée de s’identifier, sont invités à se mobiliser et à s’associer.
12 En 1901, Paul d’Estournelles de Constant fait un discours à l’École alsacienne de Paris. Il se livre pour l’occasion à un bel exercice de rhétorique, mais que propose-t-il de concret pour aborder la question de l’Alsace-Lorraine ? Quelle est sa véritable opinion sur la question ? Quelle est sa solution ? Les mêmes interrogations peuvent être posées sur différents thèmes : quelle interprétation fait-il, dans sa jeunesse, et a posteriori, de la Commune, par exemple, ou de Fourmies ? Comment évolue sa vision du socialisme ?
13 Rappelons, pour illustrer le traditionalisme de notre pays, que le droit de vote est accordé aux femmes en 1893 en Nouvelle-Zélande et en 1902 en Australie.