De l’antifascisme à l’antitotalitarisme, historicités de la mémoire de Jean Zay de 1945 à 2014 : essai d’épigraphie mémorielle, entre traces locales et Panthéon national
p. 151-167
Texte intégral
« À JEAN ZAY né à Orléans le 6 août 1904. Député d’Orléans. Ministre de l’Éducation nationale. Victime de la barbarie nazie le 20 juin 1944. Mort pour la France. »
Plaque. Hall du lycée Jean Zay d’Orléans, mai 1954.
« À JEAN ZAY né à Orléans le 6 août 1904. Député d’Orléans. Ministre de l’Éducation nationale (1936-1939) Assassiné par la milice du régime de Vichy le 20 juin 1944. Mort pour la France. »
Plaque. Hall du lycée Jean Zay d’Orléans, juin 1994.
1Que s’est-il passé entre 1954 et 1994 pour que la plaque de mémoire, apposée par les Amis de Jean Zay dans le hall du lycée qui porte son nom dans sa ville natale, doive être remplacée par les mêmes Amis de Jean Zay une génération mémorielle plus tard ? Pourquoi les mots gravés en hommage à Jean Zay, pourtant voulus par sa veuve Madeleine Zay et par ceux qui l’entourent alors comme Jean Cassou, sont-ils devenus insuffisamment précis, voire considérés comme masquant les responsabilités réelles de sa mort, aux yeux de ses filles et de ceux qui les entourent tel Antoine Prost quarante ans plus tard, au point qu’il faille les réécrire malgré la fidélité aux prédécesseurs ? Il n’est pas si banal qu’un même « groupe porteur de mémoire » change la rédaction de ses propres textes « vecteurs de mémoire ». Alors, quand, comment et pourquoi les formules disant le sens historique d’une disparition disparaissent-elles à leur tour, devenant « illisibles » non sur les plaques mais dans les représentations collectives ?
2L’étude des inscriptions de mémoire est d’un recours précieux. Parce qu’ils sont des « témoignages bruts et directs1 », parce qu’ils condensent les mots de façon volontairement lapidaire, parce qu’ils ont pour vocation de rester présents dans l’espace public, les textes des plaques de mémoire nous placent en effet au cœur des codes culturels d’une époque. Et lorsqu’ils sont modifiés sur la pierre ou qu’ils se modifient dans nos lectures, ils nous disent plus que leur simple mue historique : ils enregistrent le remuement des historicités communes, le mouvement des concordances de temps qui changent. C’est dans cet entre-deux des temporalités que se situe cette contribution afin de confronter les codes culturels successifs qui ont présidé aux deux rédactions de 1954 et de 1994 et ainsi de mieux comprendre comment le rapport à l’histoire de la seconde guerre mondiale a changé dans la mobilisation de la mémoire de l’une de ses victimes. Et aussi de voir comment, plus largement, derrière ce changement du rapport à la mémoire d’une guerre qui fut, en prime, une guerre civile, opère le changement de nos régimes d’historicités depuis la Libération, comment se produisent les modifications du rapport aux temps passé/présent/futur des Français2. Or, l’épigraphie consiste justement à résoudre un éloignement, à tenter de combler des lacunes, à ne pas prendre au pied de la lettre les mots gravés pour la mémoire, à ne pas prendre les mots de mémoire pour agents constants de l’histoire. Elle invite à produire un effort de restitution et à prendre conscience qu’il n’y a pas que les mots qui s’effacent sur la pierre, leur sens aussi peut s’estomper dans les imaginaires malgré une familiarité prolongée à la lecture.
3Le corpus des inscriptions gravées en hommage à Jean Zay de 1945 à nos jours comprend une série de 15 textes de plaques de mémoire livrant les traces de Jean Zay sur les lieux de sa vie (Orléans la natale, Paris la nationale) et de sa mort (Cusset dans l’Allier)3. Il offre la possibilité d’étudier la façon dont le sens donné à l’action et à la mort de Jean Zay s’est modifié sur les plaques d’hommage. Puis, à partir de ces traces locales, en les confrontant aux autres sources écrites qui jalonnent le parcours de mémoire de Jean Zay, il permet de prendre la mesure des correspondances avec l’échelle nationale des Hommages de la République ; il fournit un exemple – représentatif ? – des modifications de nos Panthéons mémoriels sous les IVe et Ve Républiques.
4Ainsi, derrière le passage de la formule « victime de la barbarie nazie » (1954) à la formule « assassiné par la milice du régime de Vichy » (1994), ce n’est pas seulement un choix de mise en conformité de la mémoire de Jean Zay avec l’historiographie dominante de la Seconde Guerre mondiale – dont Robert Paxton est la figure iconique depuis 19734 – et les rythmes de la mémoire collective des Français – décrits par le Syndrome de Vichy d’Henry Rousso (1987) – qui se joue. On peut y lire, de façon plus profonde on l’espère, le passage du régime d’historicité antifasciste, qui ordonnait les registres de temps de la majorité des Français jusqu’aux années 1980, au régime d’historicité antitotalitaire actuel. De l’un à l’autre, dans ces présents successifs, ce n’est pas le même futur qui fait écran de projection, ni le même « passé qui ne passe plus ».
5Aussi, on tentera d’analyser ce corpus en replaçant ses inscriptions dans leur temps. Car le reproche fait en 1994 au texte de 1954 – « victime de la barbarie nazie » – était de masquer la responsabilité proprement française de la mort de Jean Zay, de la déplacer vers le nazisme allemand, d’exonérer Vichy et la milice, bref d’incarner la période de la mémoire collective présentée dans nos manuels d’enseignement comme « résistancialiste »5. Mais que nous disent les écrits de ceux qui avaient rédigé ce texte de 1954, puis de ceux qui les suivirent jusqu’à nos jours, lorsqu’on revient à leurs propos dans leur temps ? Dans quels Panthéons successifs – antifasciste/laïque/antitotalitaire - de la République inscrivent-ils le ministre du Front populaire ? Qui sait par exemple que le nom de Jean Zay est déjà gravé dans le marbre au Panthéon à Paris depuis la fin des années 19406 ?
1945-1954, dans le Panthéon antifasciste de la République parlementaire
Assassiné par les complices de l’ennemi, par les ennemis de la France
6Le 21 février 2014, le président de la République a décidé de faire entrer Jean Zay au Panthéon en mai 2015, parce que « Jean Zay c’est la République7 ». Or, peu de personnes savent que Jean Zay est déjà présent au Panthéon sur une plaque depuis… le 2 juillet 1949. Ce jour-là, les plus hauts représentants de la République inaugurent l’inscription portant la liste des « 197 » « écrivains morts pour la France ». Elle comprend des noms restés célèbres : Marc Bloch, Maurice Halbwachs, Pierre Brossolette, Max Jacob, Georges Mandel, Irène Nemirowski… et Jean Zay. Mais malgré les efforts de l’association des écrivains combattants elle est bien oubliée, probablement parce que la formule « Mort pour la France », label officiel de la République depuis la Grande Guerre, s’est effacée de nos repères mémoriels. Dans le corpus des inscriptions à Jean Zay, on la retrouve quatre fois : à Paris en 1948 dans la crypte de la Sorbonne, à Cusset en 1950, à Orléans dans le hall du lycée Jean Zay en 1954 et dans ce même hall encore en 1994. Cette dernière mention « Mort pour la France » est une fidélité à la formule de 1954, déjà hors de son temps en ce début des années 1990, après lesquelles elle disparaît totalement.
7Pour comprendre les raisons de cet effacement, il faut revenir aux inscriptions de la Quatrième République et au contexte de leur production : « Pour » quelle « France » Jean Zay est-il « Mort » ?
8Dans cette période initiale, la plaque de 1954 est la dernière à reprendre les éléments du travail de mise en mémoire dont la matrice est lisible sur les trois premières plaques de Paris (1945), Orléans (1947) et Cusset (1950). En ces trois lieux, on rencontre en effet une même formule générique pour dire les raisons et les responsabilités de « la Mort pour la France » de Jean Zay, déclinée avec une variante nationale à Paris et à Cusset :
« Emprisonné et assassiné par les complices de l’ennemi »
(Ministère de l’Éducation nationale, rue de Grenelle, 1945).
« Lâchement assassiné le 20 juin 1944 par les complices de l’ennemi »
(Cusset, 1950).
« Assassiné au puits du diable le 20 juin 1944
par les complices de l’ennemi » (Cusset, 1950).
9Et une variante locale orléanaise :
« Assassiné par les ennemis de la France »
(école de la rue des charretiers, 1947).
« Assassiné par les ennemis de la France » (tombe de Jean Zay, 1948).
10On le voit, toutes ces inscriptions ont en commun le mot « l’ennemi/les ennemis ». Ce sont bien « les ennemis de la France » qui donnent sens à la mort pour la France de Jean Zay dans ces années-là. Toutes ces plaques sont prises dans le contexte de sortie de guerre. Elles sont caractéristiques du lexique binaire dans lequel les « ennemis », Français ou Allemands, sont amalgamés face à « la France ». Jean Zay y est l’une de leurs « victimes », « parmi ses frères d’héroïsme et de martyre » (crypte de la Sorbonne, 1948).
11Le terme « Emprisonné », pourtant présent sur la toute première plaque (Paris, 1945) disparaît ensuite totalement jusqu’aux réécritures récentes (« Emprisonné par le régime de Vichy » [Orléans, octobre 1994]/« Emprisonné par la dictature de Vichy » [Toulouse, 2012]). Ce passage sous silence de l’emprisonnement recouvre une élision remarquable, celle de Vichy, qu’il soit « régime » ou « dictature ». En effet, Jean Zay a été emprisonné dès le 16 août 1940 par la dictature du Maréchal Pétain, bien avant la création de la Milice. Or, dans ce premier temps mémoriel, la responsabilité propre – et première – de Vichy est très (trop diront les acteurs de mémoire à partir des années 1980) largement englobée dans la figure générique des « ennemis de la France » : en ce sens l’élision de l’emprisonnement dit le refoulement de Vichy-dictature bien connu depuis les travaux historiens des années 1980.
12Ponctuant ce premier âge de mémoire, la formule, Victime de la barbarie nazie (lycée Jean Zay, 1954), unique en son genre sur les plaques, semble la plus fausse à nos yeux car elle signifie pour nous les Allemands et eux seuls. Toutefois, dans les années 1940 et 1950 les miliciens sont régulièrement qualifiés de « nazis français » et sont donc ici englobés dans la catégorie large des « ennemis de la France8 » qui sont des fascistes et des nazis.
13Dans un article paru dans le 30 juin 1945, Paul Beaujard, journaliste de Libération du centre, organe orléanais des forces de gauche issues du mouvement de résistance Libération Nord, le dit crûment, dans un vocabulaire empreint de culture de guerre antifasciste :
« Ses assassins sont Français. Avis à ceux qui voudraient croire à une sorte de monopole des Allemands. Ces derniers y mettent une force, une ampleur, une continuité, une méthode, une technique qui sont particulières à cette race maudite, mais le fond est international : c’est le fascisme9. »
14Il en est de même dans les délibérations du conseil municipal d’Orléans sur les « Propositions relatives à des hommages publics à rendre à la mémoire des victimes du nazisme », le 1er août 1947, qui évoquent Jean Zay « sauvagement assassiné par la Milice ». Les contemporains ne se masquent donc pas la responsabilité de la Milice, ni même celle du Maréchal, comme le montre la lettre de Madeleine Zay adressée au Premier président du procès Pétain, le 4 août 1945, qui dit que : « L’heure est venue pour le Maréchal de rendre raison des responsabilités dont il se targuait naguère. » Elle ajoute, parlant des responsabilités de la presse :
« La campagne de presse, visée par la Cour, désignait Jean Zay à l’attention de l’ennemi. Elle le dénonçait comme israëlite, ce qui constituait un dangereux mensonge ; elle le dénonçait, ce qui était vrai, comme l’un des ministres les plus résolument antimunichois, comme l’un des antifascistes les plus agissants. »
15On comprend mieux à la lecture de cette lettre le sens de l’inscription « Assassiné par les ennemis de la France » sur les plaques et la tombe de Jean Zay10. Madeleine Zay établit bien un lien direct entre Vichy, en la personne de Pétain, la milice et l’assassinat, mais elle le fait dans les codes culturels des années 1940, ceux d’une sortie de guerre contre l’ennemi allemand, fasciste, et ses alliés : les miliciens sont alors des « préposés » des Allemands. La France, dans ce régime d’historicité antifasciste, est le contraire du fascisme. C’est la République, la Démocratie, la Liberté, l’Humanisme, le camp de l’avenir victorieux. Le fascisme, c’est le camp de l’Allemagne nazie, celui du passé vaincu.
16Toutefois ce temps du Panthéon antifasciste, durant lequel Jean Zay est rattaché – de façon « isolé11 » – à la Résistance, reste limité dans le temps, surtout lié à ces dix ans qui suivent la guerre et peu reconnu en dehors des cercles officiels de la IVe République qui prolongent ceux de la IIIe. En effet, la mémoire de Jean Zay est d’abord celle de son camp politique. Or, les radicaux pèsent de moins en moins lourd face aux mémoires constituées dans les camps communistes et gaullistes. Ils incarnent trop le passé. La mémoire de Jean Zay prend les couleurs passées du parti radical, rattaché au temps révolu du parlementarisme mais pas à une jeune force de résistants qui inventent la République moderne. Jean Zay, martyr républicain, mais de la République parlementaire radicale d’avant 1940, entre donc difficilement dans le Panthéon de la République à venir parce qu’il est trop lié à celui de la République passée.
17Dès lors c’est dans un autre registre de guerre, plus pacifique, mais durablement fort active, la guerre scolaire, qu’il faut nous déplacer pour suivre les porteurs de la mémoire de Jean Zay qui furent les plus constants des années 1940 aux années 1980, ceux du Panthéon de la République laïque. Ils prolongèrent à leur façon la dimension antifasciste de la mémoire de Jean Zay.
1947-1988, dans le Panthéon front populaire de la République laïque
Jean ZAY ministre de l’Éducation nationale, de l’Instruction publique
18Il existe rue des charretiers à Orléans, une plaque, fausse dans sa titulature, qui dit a contrario la vérité d’une intention mémorielle. Apposée en 1982 sur l’école qui devient alors l’école Jean Zay, elle porte l’inscription : « Ministre de l’Instruction publique. » Or, Jean Zay n’a jamais été ministre de l’Instruction publique, appellation qui disparaît en 1932. Par son inertie d’intitulé, cette inscription publique signale à rebours combien Jean Zay est situé dans la continuité de la mémoire des pères laïques : voilà le sens mémorable de son cursus honorum. Hormis sur sa tombe, la formule « Ministre de l’Éducation nationale » est d’ailleurs présente sur toutes les inscriptions, alors que « Député d’Orléans » ou « Député du Loiret » ne figure que sur la moitié. Toujours pour ce parcours des honneurs, il faut attendre les plaques les plus récentes depuis 1994 pour que soit ajouté « et des Beaux-arts ». L’école donc, deux fois plus que le Parlement, et bien avant la culture, exprime ce que fut l’action de Jean Zay12.
19Mais cette lecture du cursus honorum gravé ne suffit pas à dire le sens et la force de Jean Zay dans le camp de « l’école de la République », car l’essentiel ici se joue dans le hors-champ des inscriptions mémorielles, même si le plus grand nombre de plaques dédiées à Jean Zay sont celles des noms d’établissement scolaires13.
20Dès l’Hommage national matriciel qu’il reçoit à la Sorbonne du 27 juin 1947, « dans le cadre de la quinzaine de l’école laïque », Jean Zay va correspondre au camp de ceux auxquels s’adresse – et définit – ce jour-là le vieux leader radical Édouard Herriot : « Mesdames, Messieurs, Français, Républicains, vous êtes ici des amis de l’école publique : nous sommes tous ceux qui la protègent et défendent le meilleur de notre institution nationale. » Dans ce camp, Jean Zay devient comme le dit ce jour-là aussi Cassonnet, le secrétaire général de la FDOL14 du Loiret : un « apôtre de l’école laïque », et, pour Lavergne, le secrétaire général de la FEN15 « celui qui personnifie l’école laïque, démocratique et républicaine ». Ce jour-là toujours, René Berthelot, le Président de la section orléanaise des Amis de Jean Zay, va jusqu’à le comparer à Jeanne d’Arc, « cette fille de France qui fut, elle aussi, fauchée en sa fleur, et qui s’inscrit pareillement sous le triple signe du patriotisme, de la résistance et du martyr ».
21Durant les décennies qui suivent ce sont ces groupes laïques de la Ligue de l’Enseignement et du syndicalisme enseignant, qui portent la mémoire de Jean Zay, et contribuent, avec les Amis de Jean Zay à la commémoration de son action, puissamment ancrée à gauche. Dans cette France de l’école publique, la figure de Jean Zay est mobilisée à Orléans pour faire contre-feu à la venue des ministres de l’éducation jugés anti-laïques comme André Marie en 1951, ou Christian Fouchet en 1964.
22Dès ces années 1960, on s’éloigne d’un quelconque résistancialisme. La Résistance disparaît, en effet, des Hommages, délaissée par rapport à l’antifascisme et au laïcisme qui eux se poursuivent. L’exemple le plus probant se lit dans l’évolution des références mobilisées par Jean Cassou, devenu président des Amis de Jean Zay dans les années 1970. Alors qu’il avait été l’un des deux témoins de Résistance lors du dossier de certification en 1948, qualifiant l’ancien ministre de « patriote actif qui a travaillé dans la Résistance », il insiste désormais sur l’école de la République et le fascisme. On peut le voir dans son Hommage devant les délégués départementaux de l’Éducation nationale en juin 1973, où se lit la force du régime d’historicité républicain : le passé incarné par une IIIe République, obsolète politiquement, est désormais rattaché à la République laïque de gauche à venir, grâce à l’héritage pionnier du Front populaire. C’est bien le Front populaire qui permet la rétroprojection pleine d’espoir des républicains progressistes. Et comme « l’histoire de l’école raconte l’histoire de la République », Jean Zay en est le héros frontiste, « dans la continuité de l’œuvre […] des grands fondateurs, à cette heure de suprême aboutissement de la Troisième République que fut le Front Populaire […] La conjuration des fascismes brisa cet élan des espérances et Jean Zay en fut une de ses premières victimes16 ».
23Une telle lecture fut déclinée, de façon constante dans la lutte contre le gaullisme de gouvernement, considéré comme adversaire droitier, favorable à l’enseignement confessionnel. On la trouve déployée dans les discours de Michel Lesseur, instituteur du SNI-PEGC17, animateur inlassable du Comité d’action laïque du Loiret des années 1960 aux années 1980. Ainsi, en juin 1974, on trouve de sa part, regroupés en une phrase, tous les éléments tissés dans les hommages de ces années d’opposition par la gauche laïque :
« Le propos est de redire ici – trop brièvement hélas ! – ce que furent la vie et l’œuvre de ce grand ministre de l’Éducation nationale en qui la France laïque put se reconnaître de 1936 à nos jours, cet homme de gauche enthousiaste et généreux, de ce courage dont le fascisme ne pouvait avoir raison que par le crime18. »
24Le succès de la gauche en 1981, vécu comme un retour gagnant du Front populaire, porte cette mémoire et cette historicité progressistes au pouvoir. Ce sera son chant du cygne. En 1984, lors des quarante ans de la mort de Jean Zay, l’hommage de François Mitterrand les reflète une dernière fois :
« En cet anniversaire de sa tragique disparition, et alors que notre souvenir des crimes du nazisme et du fascisme ne peut s’effacer, je veux saluer sa mémoire, son courage, la force de ses convictions, qu’il avait mises au service de son idéal, comme l’illustre son œuvre de ministre de l’Instruction Publique [sic] du gouvernement de Front populaire, entièrement consacré à la grande cause de l’école laïque19. »
25Toutes les dimensions des décennies précédentes – fausse « instruction publique » comprise – sont ici rassemblées dans les deux faces habituellement convoquées lors des hommages, celle de la Passion et celle de l’Incarnation : la mort dans « les crimes du nazisme et du fascisme »/ l’œuvre au service de « la grande cause de l’école laïque ». Ces deux faces reflètent les temps de l’historicité antifasciste laïque : le passé-fascisme est mortifère/le futur-idéal frontiste est la vie.
26On notera qu’il s’agissait, en 1984, du retour à un caractère national des Hommages officiels. Pour la première fois depuis la fin des années 1940, la mémoire officielle de Jean Zay était portée par le président de la République. Toutefois, ainsi instituée dans la gauche laïque, la mémoire de Jean Zay était partisane et résistait au consensus. L’installation de la France dans un régime d’historicité antitotalitaire à partir de la fin des années 1980 allait changer la donne et les inscriptions.
1988-2015, dans le Panthéon consensuel de la République antitotalitaire
Assassiné par la milice du régime de Vichy
27Un deuxième âge de rédaction et d’apposition de plaques commémoratives débute, en effet, dans les années 1990. Alors que l’effort initial parti de 1945 avait cessé en 1954, il reprend en 1994, là où il s’était arrêté, au lycée d’Orléans, et se poursuit encore dans nos années 2010. L’inscription novatrice est bien celle du lycée Jean Zay d’Orléans de 1994. Elle entérine le changement d’âge historique et mémoriel des années 1980. Jean Zay cesse d’y être une « victime de la barbarie nazie », pour être désormais « assassiné par la milice du régime de Vichy ». La même formule est employée pour remplacer la plaque de l’école de la rue des charretiers de 1947 en 2010. Ici, ce sont « les ennemis de la France » qui cèdent la place à « la milice du régime de Vichy20 ». En exceptant la plaque cannoise (2013) car elle n’évoque pas la mort de Jean Zay, toutes les inscriptions suivantes mentionnent la Milice. Et au total, cinq sur sept lui associent Vichy, soit sous la forme « Milice du régime de Vichy » (Orléans, juin 1994 ; Orléans, 2004 ; Orléans, 2010), soit sous la forme « Emprisonné par le régime [ou la « dictature »] de Vichy, assassiné par la Milice » (Orléans, octobre 1994 ; Toulouse, juin 2012). Pour autant, que recouvre ce tournant : peut-on dire sans naïveté que notre temps réconcilie la fidélité de la mémoire de Jean Zay avec la vérité de l’histoire de l’occupation ? Et que c’est, sur cette base, qu’elle est devenue consensuelle politiquement ?
28Le 20 juin 1994, à l’occasion du cinquantenaire de la mort de Jean Zay, François Mitterrand, toujours président de la République, vient à Orléans, inaugurer l’avenue Jean Zay. Dix ans après, le discours a changé : le fascisme et « la grande cause de l’école laïque » ont disparu. Les choses bougent aussi du côté des historiens conditionnant ce nouvel âge mémoriel. L’histoire universitaire de Jean Zay redémarre21. Elle doit beaucoup à Pascal Ory et à Antoine Prost, devenu, dans les années 1980, le nouveau président des Amis de Jean Zay. Il rédige la préface de la réédition de Souvenirs et solitude en 1987 et prononce en juin 1988, à l’occasion de la cérémonie annuelle sur la tombe de Jean Zay, une phrase-moment :
« Dans sa brève allocution M. Antoine Prost a rappelé que Jean Zay est un Français qui a été tué par d’autres Français. Cet acte indigne ne doit pas faire oublier que le nationalisme prônant l’exclusion demeure d’une manière ou d’une autre très vivace. L’anniversaire de cette mort doit donc inciter à la vigilance. Jean Zay était, selon les termes d’Antoine Prost, l’exemple même d’un “patriotisme ouvert”, le meilleur rempart contre les démons nationalistes22. »
29« Un Français tué par d’autres Français » : la « vigilance » concerne la montée en puissance du Front national au cœur des années 1980. Elle trame désormais les phrases prononcées sur la tombe de Jean Zay, dont le martyre doit servir de « rempart » aux nouveaux « démons nationalistes ». Ainsi le maire d’Orléans, Jean-Pierre Sueur, rejoint la formule employée par Antoine Prost, dans son allocution d’accueil à François Mitterrand le 20 juin 1994 :
« Ses assassins, et ceux qui ne supportaient ni son origine, ni ses convictions […] étaient des Français, et il fallut cinquante ans pour que cette réalité cessât d’être occultée sur la plaque d’un lycée de cette ville23. »
30On voit bien que le basculement de l’antifascisme à l’antitotalitarisme, se traduit par une réévaluation du rôle de Vichy dans la persécution politique et raciale qu’incarne ici le sort Jean Zay. Non sans certaines simplifications, de bonne foi politique mais d’usage historique délicat : Jean Zay n’avait pas qu’une « origine » juive qui soit « son origine », sauf à reprendre nolens volens de façon risquée les catégories essentialistes de ses ennemis24. Quant à « l’occultation » durant « cinquante ans » de la qualité de Français des assassins, l’on a vu qu’elle était pour le moins discutable. Car, si la formule « victime de la barbarie nazie » qu’évoque Jean-Pierre Sueur, forgée à la fin des années 1940, n’est effectivement plus lisible en 1990, c’est bien parce que nos codes culturels ont changé, non parce que les Amis de Jean Zay, sa femme comprise, souhaitaient, même involontairement, masquer la responsabilité de Vichy et de la Milice.
31Ce nouveau temps d’interprétation est typique de ces années 1980 qui voient se croiser la montée en puissance de l’extrême-droite avec l’obsolescence de la lecture antifasciste du monde dans le contexte de la chute du mur de Berlin, doublée de l’épuisement du modèle progressiste de gouvernement qu’avait incarné le Front populaire. Le sens historique du parcours de Jean Zay s’inscrit alors, sur les plaques comme dans l’imaginaire politique, dans la question de Vichy. La mémoire de Jean Zay prend place dans la cohérence des temporalités du régime d’historicité antitotalitaire qui s’installe en France : rattachée pour le passé à la question devenue dominante de la responsabilité de la France (de Vichy) dans le judéocide en amont25, porteuse de la condamnation du Front national en aval.
32Pour autant, peut-on parler de réconciliation de la mémoire avec l’histoire ?
33L’écran mémoriel que tend le martyre de Jean Zay est, en tout cas, devenu positif dans un temps où les Victimes et les Justes fondent les projections, les légitimités et les consensus politiques. Toujours un peu suspect de passivité lorsqu’il s’agissait de l’inclure à la geste résistante, Jean Zay devient alors pleinement une victime active26 qui entraîne un large assentiment politique, impensable quelques années plus tôt. En témoignent le « vibrant hommage » dans Le Monde, du 10 décembre 2004, que prononce François Fillon, alors ministre de l’Éducation, en baptisant le Foyer des lycéennes du nom de Jean Zay ou la biographie que lui consacre Roger Karoutchi en 200627. Certes, l’annonce de son entrée au Panthéon en février 2014 a ranimé la mémoire longue des maurrassiens, voire même touché certains milieux militaires et anciens combattants, amenant les historiens à faire des mises au point auprès de l’opinion28. Il n’en reste pas moins que cette décision est suffisamment consensuelle chez les républicains pour que tous se reconnaissent dans l’hommage de RG Schwartzenberg en 1984 : « Au puits du diable il entrait dans le temps. Dans le panthéon moral de la République29. »
Conclusion : De la mémoire lapidaire à la besogne des historicités : dans les Jeux du Plus tard
34Au terme de cette étude, le travail sur les inscriptions consacrées à Jean Zay, a permis de repérer, derrière les trois temps tuilés des panthéons de mémoire, deux âges de rédaction. Comme en présence d’un diptyque photographique de Claude Simon30, on voit se faire face, dans un même décor, frontalement et successivement à la fois, un premier âge traversé des jeux de l’historicité antifasciste, où le passé des « ennemis de la France » est défait par l’espoir frontiste, et, plus tard, ici à partir des années 1980, un second âge où l’antitotalitarisme modifie le passé et le futur des hommages autour du nadir du judéocide.
35Depuis les années 1980, le passage de l’un à l’autre est perçu comme celui de la reconnaissance des responsabilités françaises de Vichy et de la milice dans l’assassinat de Jean Zay, auparavant recouvertes sous « la barbarie nazie » par les premières plaques. Dans cette vulgate, on passait de l’oubli entretenu à la vérité retrouvée, de la légende unanimiste à l’histoire restituée. Cependant, par-delà ce dépassement – que l’analyse des sources contemporaines des inscriptions invalide en partie – d’une mémoire « masquante », surchargée d’un « résistancialisme » qui aurait oblitéré la guerre civile franco-française, ce que met en lumière l’épigraphie du corpus de Jean Zay ce sont les besognes – au sens de Georges Bataille31 – d’un autre passage, celui du rapport mouvant de la société française à son temps historique. À cette aune-là, les chronologies classiques de l’historiographie, celles de Robert Paxton comme d’Henry Rousso, me semblent remises en perspective par celles des concordances successives des présents avec leurs passés et leurs futurs, dans leurs temps. Et, bien plutôt que l’entrée dans une ère postmoderne où les temporalités seraient écrasées sur le présent, ce qui se joue entre 1954 et 1994, et plus exactement dans des années 1980 cruciales, c’est un basculement dans notre régime d’historicité moderne. Le destin posthume de Jean Zay en témoigne, mettant en lumière la fin des modèles interprétatifs liés à l’antifascisme (progressisme frontiste compris). C’est assurément ce basculement vers l’antitotalitarisme (néo-libéralisme conjoint ?32) qui rend les premières plaques difficiles à lire et la mémoire de Jean Zay, à nouveau consensuelle.
ANNEXE. Inscriptions à la mémoire de Jean Zay Géochronologie
36Inscriptions publiques (à l’exception des plaques de nom de rue et de celles des établissements publics) : « La matière première étant fournie, chacun aura tout loisir de l’utiliser à sa guise et d’apporter les compléments inévitables ou les corrections nécessaires33. »
Annexe




Notes de bas de page
1 Brigitte Le Guen-Pollet, La vie religieuse dans le monde grec du Ve au IIe siècle avant notre ère. Choix de documents épigraphiques traduits et commentés, PUM, 1991, p. 9. Mon modèle d’épigraphie.
2 Pour une approche récente et stimulante de ce champ ouvert par François Hartog, Régimes d’historicité. Présentisme et expériences du temps, Paris, Le Seuil, 2003 ; voir Ludivine Bantigny et Quentin Deluermoz, « Historicités du 20e siècle. Coexistence et concurrence des temps », Vingtième siècle. Revue d’histoire, no 117, janvier-mars 2013. Je remercie Ludivine Bantigny pour nos échanges toulousains invitant à multiplier les études de cas nécessaires pour affiner cette notion. Work in process.
3 Pour les textes des 15 plaques, plus celui des deux autres inscriptions publiques (hors les textes des noms de rue et des noms d’école) apposées à Toulouse et à Cannes, voir l’annexe « Inscriptions à la mémoire de Jean ZAY. Géochronologie ». Je remercie Noëlline Castagnez et Pierre Allorant de me permettre de prolonger ce travail sur la mémoire de Jean Zay conduit depuis 1993 : cf. Olivier Loubes, « Jean Zay, une résistance déplacée », dans Jean-Marie Guillon et Pierre Laborie (dir.), Mémoire et histoire : La Résistance, Toulouse, Privat, 1995, p. 327-334, approfondi dans Olivier Loubes, Jean Zay, Paris, Colin, 2012.
4 Date de la parution en français de Robert-Olivier Paxton, La France de Vichy, Le Seuil.
5 Pour trouver la meilleure définition critique de ce terme re-forgé en 1987 par Henry Rousso dans Le syndrome de Vichy (Le Seuil), il faut lire ce qu’écrit Pierre Laborie dans Les mots de 39-45, PUM, 2006, à la page 103 : « [La] référence [d’Henry Rousso] au résistancialisme renvoie aux reconstructions mémorielles qui auraient installé une représentation rassurante des années noires : minoration de l’entreprise de Vichy sur la société et vision complaisante de la résistance, assimilée à la nation alors qu’elle n’était qu’un phénomène très minoritaire. L’usage banal des termes de résistancialisme, ou de mythe résistancialiste, au service d’une explication considérée aujourd’hui comme une vérité d’évidence […] renvoie au problème du sens à attribuer aux phénomènes de mémoire et d’appropriation collective. Sans chercher à nier les lâchetés et les complicités du temps de l’Occupation, on peut s’interroger sur les raisons qui ont fait d’une hypothèse plausible, mais discutable, une vulgate inlassablement reprise comme une certitude et, antienne inusable, le miroir d’une nation qui serait incapable d’affronter lucidement son histoire. »
6 Merci à Annette Becker de me l’avoir fait découvrir et pour ses photos de la crypte de la Sorbonne.
7 François Hollande, discours lors de la cérémonie d’hommage à la Résistance au Mont Valérien, 21 février 2014. Publié sur le site de l’Élysée le 21 février 2014, [http://www.elysee.fr/declarations/article/discours-lors-de-la-ceremonie-d-hommage-a-la-resistance/].
8 On retrouve cet emploi englobant de l’expression « victime de la barbarie nazie » fréquemment à l’époque, comme sur le mur du monument à la résistance en Aveyron, inauguré en août 1946, où il est inscrit : « Le Rouergue à ses fils victimes de la barbarie nazie », ou à Orléans, dans le communiqué de presse de la mairie, à propos de la journée du Souvenir du Comité départemental de la Fédération des Internés et Déportés Résistants et Patriotes, en juillet 1946 « au cours de laquelle un hommage solennel sera rendu à la mémoire des victimes de la barbarie nazie ».
9 Paul Beaujard, « Jean Zay », Libération du centre, 30 juin 1945, à la une.
10 Voir les funérailles orléanaises de Jean Zay, dont la dépouille est enfin identifiée quatre ans après son assassinat, le 15 mai 1948, illustrations 18-20 du cahier en couleur.
11 Selon la formule du Certificat d’appartenance à la Résistance intérieure française qui lui est délivré le 10 mars 1949.
12 Deux plaques très récentes (Paris, 2011 ; Toulouse, 2012) ajoutent « du Front populaire » à « Ministre de l’Éducation nationale », ce qui est juste pour la continuité des intentions de réforme de Zay restées fidèles à 1936, mais fort discutable pour l’action et la majorité politiques des gouvernements auxquels il appartint jusqu’en septembre 1939.
13 Il y a, en 2014, 93 établissements Jean Zay : 5 lycées, 22 collèges, 66 écoles. Encore faudrait-il faire le compte des plaques de noms de voies publiques « Jean Zay » pour compléter l’enquête.
14 Fédération départementale des Œuvres laïques.
15 Fédération de l’Éducation nationale.
16 Jean Cassou, président des Amis de Jean Zay, « Jean Zay », Hommage à Jean Zay, 59e Congrès de la Fédération nationale des délégués départementaux de l’Éducation nationale, Orléans 22, 23, 24, 25 juin 1973.
17 Syndicat national des instituteurs-professeurs d’enseignement général de collège.
18 Michel Lesseur, Bulletin du SNI du Loiret, no 16, juin 1974.
19 Message lu par Pierre Mauroy le 20 juin 1984 devant la plaque commémorative pour les morts de la Résistance au ministère de l’Éducation nationale. La République du Centre, 21 juin 1984.
20 Ces deux plaques orléanaises, de l’école et du lycée Jean Zay, sont les seules à avoir été remplacées.
21 En 1994, un premier colloque scientifique sous la direction de Serge Berstein, Pascal Ory et Antoine Prost est consacré à Jean Zay et la gauche du radicalisme, Presses de Sciences Po, 2003, 250 p.
22 La République du Centre, 21 juin 1988.
23 La République du Centre, 21 juin 1994.
24 Sur l’appartenance et les origines de Jean Zay, voir Olivier Loubes, « Portrait d’un fou de la République. Jean Zay, réformateur de l’école, protestant réformé et cible de l’antisémitisme », Bulletin de la Société de l’Histoire du Protestantisme Français, janvier-février-mars 2008, p. 61-74.
25 Olivier Loubes, « La France est-elle responsable des crimes de Vichy ? », L’Histoire, no 387, avril 2013, p. 28.
26 Il y avait, en effet, dans les acceptions de l’âge mémoriel précédent une accusation de passivité du prisonnier, plus ou moins souterraine et une suspicion larvée à l’encontre de sa non-évasion, que reflète cet extrait du discours, déjà évoqué, de Michel Lesseur en 1974 : « On peut déplorer que sa conception de l’honneur ne l’ait pas amené à sortir des griffes du néo-fascisme de Vichy pour jouer le rôle éminent qui eût pu être le sien parmi ceux qui choisirent de continuer la France. »
27 Roger Karoutchi et Olivier Barbeau, Jean Zay, 1904-1944, Ministre de l’Instruction du Front populaire, Résistant, martyr, Paris, Ramsay, 2006.
28 Le 13 mars 2014, un « communiqué spécial » d’un « Comité national d’entente » d’une trentaine d’associations (plus ou moins averties d’en être…), signé du général Delort (président de la Saint-Cyrienne) recyclait les accusations maurrassiennes d’antipatriotisme des années 1930. Le 14 mars, le ministre délégué chargé des anciens combattants y répondait. Puis, le 14 avril, deux textes d’historiens étaient publiés sur [lemonde.fr] : « L’action de Jean Zay prouve son patriotisme » (Antoine Prost et alii) ; « Le patriotisme de Jean Zay passe par le pacifisme » (Olivier Loubes).
29 Roger-Gérard Schwartzenberg, « Hommage à Jean Zay. Quarante ans en 1944 », Le monde, 23 juin 1984.
30 Voir « Jeux »/« Plus tard », Claude Simon, Photographies, Maeght Éditeur, 1992, p. 34-35.
31 « Un dictionnaire commencerait à partir du moment où il ne donnerait plus le sens mais les besognes des mots », Georges Bataille, « Informe », Documents, 7, 1929, in Le dictionnaire critique, L’Écarlate, Orléans, 1993, p. 33.
32 Il faudrait là d’autres études bien sûr. Hypothèse seulement : le « présentisme », s’il signifie l’absence de projection dans le futur, ne me paraît pas correspondre aux temporalités du néo-libéralisme dominant depuis les années 1980 justement, lesquelles donnent bien un « sens » de progression à l’histoire. On peut ne pas trouver ce sens progressiste, voire on peut y retrouver l’une des caractéristiques majeures du régime « pré-moderne » d’historicité : la « fatalisation » des temps sociaux. Mais c’est là une autre histoire à écrire.
33 Brigitte Le Guen, op. cit., p. 10.
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