1 Je tiens à remercier Natalie Zemon Davis et Rebecca Scott qui m’ont suggéré l’idée de cet article, mais aussi Marial Iglesias, Jean Hébrard, Jorge Felipe, Greg Childs, Éric Paul, Alejandro Gómez et Jonathan M. Square ainsi que les participants à l’atelier African Diaspora à New York University pour leurs précieux commentaires. Je remercie aussi Bernard Gainot et Marcel Dorigny, ainsi que Pilar González-Bernaldo et Annick Lempérière. Finalement, je remercie Clara Biermann pour sa relecture attentive.
2 Archivo Nacional de Cuba (ANC), Fondo Comisión Militar, Leg 17, no 1 : « 1ra y 2da pieza de los criminales contra el Pardo inglés Jorge Davidson por sospechoso de haber difundido perniciosas doctrinas entre la esclavitud de esta isla. »
3 En 1837, Cuba est toujours un territoire espagnol. À plus forte raison depuis que la Constitution de 1837 met ces possessions sous le contrôle de « lois spéciales » jamais promulguées : les restes de l’empire deviennent alors de véritables colonies.
4 Selon Éric Paul, un certain George Davidson serait inscrit sur les registres d’esclaves de la Jamaïque comme appartenant à Janet Cowan en 1823 : Paul E., « The circulation of transatlantic ideas and people in Cuban slave society, 1791-1844 », thèse de doctorat, California, University of California, Davis, 2009, p. 67. Jane Landers prétend quant à elle que Davison (sic) est né libre. Landers J. G., Atlantic creoles in the age of revolutions, Cambridge/Londres, Harvard University Press, 2010.
5 Paul E., « The circulation of transatlantic ideas and people in Cuban slave society, 1791-1844 », p. 64.
6 Deschamps Chapeaux P., El Negro en la economía cubana, La Havane, Unión de Escritores y Artistas de Cuba, 1971, p. 19-22.
7 C’est nous qui soulignons.
8 Traduction de l’auteur.
9 Sur le cas de José Antonio Aponte : Childs M., The 1812 Aponte Rebellion in Cuba and the Struggle Against Slavery, Chapel Hill, University of North Carolina Press, 2006 ; Palmié S., Wizards and Scientists. Explorations in Afro-Cuban Modernity and Tradition, Durham/Londres, Duke University Press, 2002 ; Fischer S., Modernity Disawoved, Haiti and the Cultures of Slavery in the Age of Revolution, 2004, Duke University Press.
10 Sur le cas de l’Amistad, voir entre autres l’essai récent Zeuske M. et García Martinez O., « La Amistad de Cuba : Ramón Ferrer, contrabando de esclavos, captividad y modernidad atlántica », Caribbean Studies, vol. 37, 2009.
11 Franco J. L., Ensayos históricos, La Habana, Ciencias Sociales, 1974, p. 31.
12 Landers J. G., Atlantic creoles in the age of revolutions, op. cit.
13 Berlin I., Many Thousands Gone: The First Two Centuries of Slavery in North America, Cambridge, Harvard University Press, 1998 et Scott J. S., « The Common Wind : Currents of Afro-American Communication in the Era of the Haitian Revolution », P. D. diss., Duke University, 1986.
14 Landers J. G., Atlantic creoles in the age of revolutions, op. cit.,p. 5 ; traduction de l’auteur de l’article.
15 Ibid., p. 169.
16 Ibid.
17 Ibid., p. 212.
18 Ibid., p. 231. Un des rédacteurs de la publication, Charles B. Ray était afro-américain.
19 Paul E., « The circulation of transatlantic ideas and people in Cuban slave society, 1791-1844 », Californie, University of California, Davis, 2009.
20 Ibid., p. 68.
21 Ibid., p. 67 : « The evidence, however, strongly suggest that Davidson traveled to Cuba to spread anti-slavery and abolitionist doctrines among slaves and free people of color in Cuba. »
22 Cette réévaluation n’en est pas à ses débuts, comme en témoigne le bilan historiographique proposé par L. Putnam dans son article « To Study the Fragment/Whole : Microhistory and the Atlantic World », Journal of Social History, vol. 39, no 3, 2006, p. 615-630.
23 Bergard L., Cuban Rural Society in the XIXth Century, Princeton, Princeton University Press, 1990, p. 21-22.
24 Ibid., p. 34.
25 Barcia M., Seeds of Insurrection : Domination and Slave Resistance on Cuban Plantations, Baton Rouge, Louisiana State University Press, 2008.
26 Bergard L., Cuban Rural Society in the XIXth Century, op. cit., p. 239.
27 ANC, Comisión Militar, Leg 17, no 1, Circular 1835, folio 10.
28 Archivo Provincial de Matanzas, Esclavos – Bozales, Leg 21, no 22.
29 On ne mentionne ici que les cas de révoltes dans les différents pays de J. Davidson, mais un passage en revue plus complet du contexte des soulèvements d’esclaves et de Noirs libres de la période devrait comprendre aussi les cas brésiliens, avec par exemple la révolte des Malés de 1835, qui incluait des « Noirs de gain », dont l’émancipation était progressivement accordée par les maîtres.
30 ANC, Asuntos Políticos, Leg 39, no 18.
31 Jerad R., « Deux agents britanniques en croisade à Cuba mettent les Etats-Unis en émoi. 1836-1844 », Cahiers Charles V, no 46.
32 1842 [403] Class B. Correspondence with Spain, Portugal, Brazil, the Netherlands, Sweden, and the Argentine Confederation, relative to the slave trade. From January 1 to December 31 1841 inclusive. «From this Despatch your Lordship sees that the business of fitting slavers is still pursued with considerable activity in the harbour of the Havana although to escape the close observation to which it is exposed under the eye of so many British functionaries, this nefarious branch of industry has begun to take root in several of the outports, and more especially in Matanzas.»
33 Les deux publications se côtoient en effet dans le dossier de la Comisión Militar puisqu’il comprend en effet un numéro du Diario de La Habana d’août 1837. ANC, CM Leg. 17, no 1, folio 91.
34 On note au passage qu’un dossier du fonds Asuntos Políticos rapporte aux autorités insulaires via le consul espagnol qu’une statue de Plácido est érigée à Kingston, en Jamaïque en 1845. ANC, AP, Leg. 43, no 4.
35 Sur Manzano : Yacou A., Un esclave-poète à Cuba au temps du péril noir, autobiographie, Karthala, Paris, 2004. Il faut replacer ce document dans le contexte d’un véritable boom des récits de vie d’esclaves marrons ou émancipés aux États-Unis : la publication et la diffusion de ces textes s’inscrivent dans la stratégie des abolitionnistes britanniques. L’autobiographie d’Olaudah Equiano est l’exemple le plus éloquent et le plus connu de ce type de littérature.
36 Le Lloyd’s Evening Post, Londres, sept. 13, 1773 ; le London Chronicle, Londres, sept. 1773 et le Public Advertiser, Londres, déc. 25, 1784 lui consacrent d’élogieux articles.
37 Ce sont surtout les historiens cubains du milieu du XXe siècle qui « panthéonisent » les figures des poètes noirs au nom d’une indépendance dite incomplète sans les populations de couleur. Voir J. Pérez de la Riva et R. Cepero Bonilla, entre autres.
38 Sanchez R., « L’abolitionniste irlandais et l’île Très Fidèle. Circulations d’idées et réseaux transimpériaux : le cas de Richard Robert Madden dans la Cuba du milieu du XIXe siècle », Bourhis-Mariotti C., Dorigny M., Gainot B., Rossignol M.-J. et Thibaud C. (dir.), Couleurs, esclavages, libérations coloniales, 1804-1860. Réorientation des empires, nouvelles colonisations, Amériques, Europe, Afrique, Bécherel, Les Perséides, 2013, p. 337-358.
39 Landers J. G., Atlantic creoles in the age of revolutions, op. cit., p. 229.
40 Ibid.
41 Ayant participé à l’atelier de recherche durant lequel j’ai présenté ce cas à Cuba, en tant qu’invitée d’honneur, l’historienne Natalie Zemon-Davis a suggéré cette idée des « bibliothèques antagonistes » et des circulations de savoirs en contrepoint, entre pouvoir et contre-pouvoir, après avoir visité la Sociedad Econónmica de Amigos del País de La Havane, qui abrite aujourd’hui une des plus importantes bibliothèques de la capitale cubaine, L’Instituto de Literatura y Linguística.
42 Luz y Caballero J. de la, « Epistolario », Obras, vol. 5, La Habana, Imagen Contemporánea, 2001. « À José Luis Alfonso », 13 avril 1839, p. 125.
43 Luz y Caballero J. de la, « Quiero que la biblioteca llene las necesidades… », op. cit.
44 Deschamps Chapeaux P., El Negro en la economía cubana, op. cit., p. 135.
45 En français dans le texte, Luz y Caballero J. de la, « Recorriendo los rincones y los baratillos de libros de los boulevards y por la Universidad ».
46 Three Experiments of Living, ANC, CM, Leg. 17, no 1, voir plus haut.
47 Roig de Leuchsenring E., Prefacio, Catálogo de los fondos de la Comisión Militar Ejecutiva y Permanente de la Isla de Cuba, ANC, 1945, p. 3.
48 C’est l’idée d’une étude de biographies collectives ou d’étude de communautés (collective biographies and community studies) que l’historienne Lara Putnam appelle de ses vœux dans son article Putnam L., « To Study the Fragment/Whole : Microhistory and the Atlantic World », op. cit., p. 619. Il faudrait selon elle tenter, lorsque les sources le permettent, de substituer ces approches prosopographiques regroupant des acteurs comparables aux « trajectoires exceptionnelles », afin de gagner en valeur démonstrative.
49 Jerad R., « Deux agents britanniques en croisade à Cuba mettent les États-Unis en émoi. 1836-1844 », op. cit., Ghorbal K., Réformisme et esclavage à Cuba, 1835-1845, Paris, Publibook, 2009.