1 De Certeau M. « L’opération historique », Le Goff J. et Nora P. (dir.), Faire de l’histoire, Paris, Gallimard, 1974, p. 33.
2 La faculté de Philosophie et Lettres de l’université de Buenos Aires est fondée en 1896 dans le but de développer l’enseignement et la recherche en Humanités face à l’évolution de la formation à la faculté de Droit, dont la quasi-totalité des diplômés envisagent une carrière professionnelle. Sur ces questions, Buchbinder P. Historia de la Facultad de Filosofía y Letras de la Universidad de Buenos Aires, Buenos Aires, Eudeba, 1997, p. 21-44.
3 Dans ce passage du discours, Cané critique la première initiative mise en œuvre à l’université de Buenos Aires pour le développement des Humanités avant la fondation de la faculté de Philosophie et Lettres : la création de chaires de disciplines littéraires au sein de la faculté de Droit. « Animés par les meilleures intentions, ils [les universitaires] mirent toute leur intelligence et leur zèle au service de la tâche d’atteindre, par le seul moyen de la faculté de Droit, ce qui peut être seulement atteint par l’esprit universitaire [généraliste]. Pendant un moment, un instant, la lumière fut sur le point d’éclairer leurs esprits ; mais ils résolurent la difficulté sans sortir de chez eux, en créant, à l’intérieur de la faculté, des chaires de philosophie, d’histoire, de sociologie ! Il avait compris, comme un universitaire éminent l’a dit, que “le spécialisme est une pierre à moudre qui pulvérise les idées”, “ayant besoin d’un correctif, à savoir, les conceptions générales”, ajoute le même penseur », Cané M., « El espíritu universitario y el método científico », Discursos y conferencias, Buenos Aires, La Cultura Argentina, 1919, p. 25. L’« universitaire éminent » que Cané cite sans expliciter le nom est Louis Liard, philosophe et universitaire français ayant occupé au cours de sa carrière plusieurs charges administratives dans l’éducation nationale. La citation provient de son ouvrage L’enseignement supérieur en France : « Des spécialités, sans aucun doute, il en faut dans la science, comme il en faut dans l’industrie. Le champ est trop vaste pour qu’il ne soit pas divisé, subdivisé. Mais la spécialité n’est pas la séparation ; la distinction n’est pas l’isolement. Plus, au contraire, la science pénètre dans le détail infini des choses, plus sont nécessaires les points de repère et les vues d’ensemble », Le spécialisme seul, exclusif, est une meule terrible qui pulvérise les idées ; Liard L., L’enseignement supérieur en France, tome 2, Paris, Armand Colin, 1888, p. 355.
4 Les positions « classicistes » de Cané reflètent culturellement les réactions des élites traditionnelles et des membres de la génération de 1880, regardant les transformations sociales (immigration de masse, développement des milieux urbains, changement de mœurs) avec méfiance et mépris. Pour une analyse de cet ensemble de topiques dans le discours de Cané : Terán O., « El lamento de Cané », Vida intelectual en el Buenos Aires fin-de-siglo (1880-1910), Buenos Aires, Fondo de Cultura Económica, 2000, p. 13-82.
5 Cané M., « El espíritu universitario y el método científico », Discursos y conferencias, op. cit., p. 34-35.
6 Sur l’évolution du rôle et des champs d’intervention des intellectuels en Amérique latine en général et en Argentine en particulier, cf. Myers J., « Los intelectuales latinoamericanos desde la colonia hasta el inicio del siglo XX », Altamirano C. (dir.), Historia de los intelectuales en América Latina, I, La ciudad letrada, de la conquista al modernismo, Buenos Aires, Katz, 2008, p. 29-50.
7 Sur le rôle joué par Paul Groussac dans le champ intellectuel de Buenos Aires à la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle : Bruno P., Paul Groussac. Un estratega intelectual, Buenos Aires, Fondo de Cultura Económica, 2005 (notamment le chap. 4, « Los hombres que hacen la historia y aquellos que la escriben », p. 169-231).
8 « Classification, analyse externe des sources, critique de provenance, d’érudition, d’interprétation, de véracité – et enfin beaucoup d’herméneutique après tant d’heuristique – : voici l’ensemble des nouvelles étiquettes pour des vieilles choses qui, avant de devenir d’emploi systématique en histoire, était employées par les médecins dans leurs raisonnements étiologiques, par les savants dans leurs expériences, par les juges dans leurs procès : bref, par tous les chercheurs ou professionnels se consacrant à découvrir une vérité cachée par inférence ou déduction de certains antécédents connus » ; Groussac P., Mendoza y Garay. Las dos fundaciones de Buenos Aires, 1536-1580, Buenos Aires, Jesús Menéndez Editor, 1916, p. 14, Bruno P., Paul Groussac. Un estratega intelectual, op. cit., p. 207.
9 Pour une perspective biographique de l’engagement d’Ernesto Quesada et de son père, Vicente Gregorio Quesada, dans la vie politique et culturelle argentine, Buchbinder P., Los Quesada. Letras, ciencias y política en la Argentina, 1850-1934, Buenos Aires, Edhasa, 2012.
10 Zimmermann E., « Los intelectuales, las ciencias sociales y el reformismo liberal : Argentina, 1890-1916 », Desarrollo Económico, vol. 31, no 124, janvier-mars 1992, p. 545-564.
11 Quesada E., La Enseñanza de la historia en las universidades alemanas, La Plata, Facultad de Ciencias Jurídicas y Sociales, 1910.
12 Ibid., p. 1142-1147.
13 Buchbinder P., Historia de las universidades argentinas, Buenos Aires, Sudamericana, 2005, p. 85-91 ; Zimmermann E., « Los intelectuales, las ciencias sociales y el reformismo liberal : Argentina, 1890-1916 », art. cit., p. 550-551.
14 On préfère la graphie espagnole de son prénom, étant donné que c’est celle qui est employée dans ses ouvrages publiés en Argentine. Or, pour d’autres publications en français, on utilise « Antoine », par exemple dans sa monographie sur Notre-Dame de Garaison : Larrouy A., Petite Histoire de Notre-Dame de Garaison (1510 environ-1923), N.-D. de Garaison, 1933.
15 Larrouy A., Los archivos de Paraná y Santa Fe : informe del Comisionado, Buenos Aires, Facultad de Filosofía y Letras, Sección de Historia, 1908 ; Los archivos de Córdoba y de Tucumán : informe del Comisionado, Buenos Aires, Facultad de Filosofía y Letras, Sección de Historia, 1909 ; Los archivos de La Rioja y de Catamarca, Buenos Aires, Facultad de Filosofía y Letras, Sección de Historia, 1921. Ces missions d’archives ont donné également lieu à d’autres publications axées sur des thématiques spécifiques, comme l’édition de sources concernant les invasions britanniques à Buenos Aires et la période de la Révolution de 1810 à l’occasion de son Centenaire : Documentos del Archivo General de Tucumán (Invasiones inglesas y revolución), t. 1, (1806-1807, 1810-1812), Buenos Aires, Comisión Nacional del Centenario, Imprenta y Casa Editora « Juan A. Alsina », 1910.
16 Gershani Oviedo M. et Berdini J., « Patrimonio Documental Archivístico : Los Informes del Padre Antonio Larrouy sobre archivos provinciales (1908-1921) », V Congreso Internacional Patrimonio Cultural, Córdoba, Centro Cultural Canadá Córdoba – Universidad Nacional de Córdoba, 6-8 mai 2010 ; et « Redes intelectuales en tiempos del Centenario. Proyección en Tucumán de la obra de Samuel Lafone Quevedo, Pablo Cabrera y Antonio Larrouy », VIII Jornadas de la Generación del Centenario, San Miguel de Tucumán, Centro Cultural Alberto Rougès, Fundación Lillo, 2011.
17 Devoto F., Pagano N., Historia de la historiografía argentina, Buenos Aires, Sudamericana, 2009, p. 139-155.
18 Entre 1911 et 1912, on publie Documents relatifs à l’organisation constitutionnelle de la République argentine (Documentos relativos a la organización constitucional de la República Argentina, Buenos Aires, Facultad de Filosofía y Letras, Universidad de Buenos Aires, 1911-1912, trois volumes) et Documents pour l’histoire de la vice-royauté du Rio de la Plata (Documentos para la historia del Virreinato del Río de la Plata, Buenos Aires, Facultad de Filosofía y Letras, Universidad de Buenos Aires, 1912, trois volumes).
19 Entre 1913 et 1920, on publie 14 ouvrages de la collection Documents pour l’Histoire argentine, deux par Ricardo Levene (Comercio de Indias 1713-1778 et 1778-1791, parus en 1915), un par Diego Luis Molinari (Comercio de Indias : Consulado, comercio de negros y de extranjeros, 1916), par Luis María Torres (Administración edilicia de la ciudad de Buenos Aires, 1776-1805, en 1918) et enfin, quatre par Ravignani (Territorio y población : padrón de la ciudad de Buenos Aires (1778) ; Territorio y población : padrón de la campaña de Buenos Aires (1778), padrones complementarios de la ciudad de Buenos Aires (1806, 1807, 1809 y 1810), censo de la ciudad y campaña de Montevideo (1780) ; Comunicaciones oficales y confidenciales de gobierno (1820-1823) ; Correspondencias generales de la Provincia de Buenos Aires (1820-1824), volumes parus en 1919 et 1920.
20 Devoto F., Pagano N., Historia de la historiografía argentina, op. cit., p. 153-155.
21 Envoi de publications, 1923-1929, AI/S6.1, section I3, rayon 5, carton AIR 48, Archive Instituto Dr Emilio Ravignani.
22 On enregistre des envois vers l’Uruguay (11), l’Équateur (7), Cuba (6), le Méxique (6), le Brésil (5), le Paraguay (4), le Chili (4), le Pérou (3), la Colombie (2), El Salvador (1) et Venezuela (1).
23 Parmi les envois vers l’Europe, on en trouve vers la France (12), l’Espagne (12), l’Italie (6), l’Allemagne (5), l’Angleterre (4), les Pays-Bas (2), la Belgique (2), l’Autriche (1), la Grèce (1), la Suède (1), l’Ukraine (1) et le Portugal (1).
24 L’activité éditoriale de l’Institut est suivie et commentée avec intérêt dans les publications hispanistes américaines : Wright I. A., « The Publications of the History Section, Faculty of Phisilophy and Lettres, University of Buenos Aires, Argentina », The Hispanic American Historical Review, vol. 4, no 1, février 1921, p. 197-202 ; Robertson J. A., « The Publications of the Instituto de Investigaciones Históricas de la Facultad de Filosofía y Letras », The Hispanic American Historical Review, vol. 10, no 1, février 1930, p. 101-113.
25 León Pinelo A. (de), Tratado de confirmaciones reales (1630), avec introduction de Diego L. Molinari, 1922 ; Leyes y ordenanzas nuevamente hechas para la gouernacio de las Indias (1542-1543), avec introduction de Diego L. Molinari, 1923 ; De Las Casas B., Colección de tratados (1552-1553), avec note d’Emilio Ravignani, 1924 ; San Alberto J. A. (de), Carta a los indios infieles Chiriguanos (1790), avec note de José T. Medina, 1927 ; Neyra D. (de), Ordenanzas, actas primeras de la moderna provincial de San Agustín de Buenos Ayres Thucuman y Paraguay (¿1742 ?), avec introduction de Jorge M. Furt, 1927.
26 Le seul volume paru de cette collection étant Colección de viajeros y memorias geográficas, avec note d’Emilio Ravignani et traduction de Carlos M. Sáenz Peña, 1923.
27 Notamment le séjour de Célestin Bouglé en 1928 et celui de Lucien Febvre en 1937, dont on a conservé des comptes-rendus des conférences prononcées à la faculté de Philosophie et de Lettres, la faculté d’Économie et l’Institut national du Professorat de l’enseignement secondaire dans les mémoires de l’Institut de l’université de Paris à Buenos Aires (El Instituto de la Universidad de París en Buenos Aires en el año 1937, Buenos Aires, Francisco A. Colombo, 1938).
28 Une notoriété publique toutefois relative, car la portée de ses travaux reste limitée aux milieux académiques ou scolaires. Pour des discours historiographiques d’une portée plus ample, il faut attendre l’émergence du courant « révisionniste » ou des historiographies militantes. Sur cette question, Halperín Donghi T., El Revisionismo histórico argentino como visión decadentista de la historia nacional, Buenos Aires, Siglo XXI, 2005 ; Quattrocchi-Woisson D., Un nationalisme de déracinés. L’Argentine pays malade de sa mémoire, Paris, CNRS, 1992 ; Devoto F., Pagano N. (dir.), La historiografía académica y la historiografía militante en Argentina y Uruguay, Buenos Aires, Biblos, 2004.