1 Pour l’histoire de la Description : Landry-Deron I., La preuve par la Chine : la « Description » de J.-B. Du Halde, jésuite, 1735, Paris, Éditions de l’École des Hautes Études en Sciences sociales, 2002. La liste de l’ensemble des traductions du chinois publiées dans la Description se trouve aux p. 193-247. Jean-Baptiste Du Halde se désigne comme le « compilateur » des matériaux premiers fournis par les missionnaires en Chine. Il édite les Lettres édifiantes et curieuses depuis 1708, et a puisé dans le même réservoir de correspondance pour compiler la Description. Sur le rôle de Du Halde : Landry-Deron I., La preuve, op. cit., p. 49-53.
2 Sur l’impact de la faune et de la flore des « Indes » sur l’histoire naturelle européenne, Findlen P., « Natural History », K. Park et L. Daston (dir.), The Cambridge History of Science : Early Modern Science, Cambridge, Cambridge University Press, vol. 3, 2008, p. 448-454.
3 Sur les savoirs concernant les plantes dans des contextes coloniaux entre ca. 1550 et 1850, Schiebinger L. et Swan C. (dir.), Colonial Botany : Science, Commerce, and Politics in the Early Modern World, Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 2007. Sur Hernández, Boumediene S., « Avoir et Savoir : l’appropriation des plantes médicinales par les Européens », thèse de doctorat de l’Université de Lorraine, 2013, p. 108-145.
4 La situation change considérablement, notamment après la seconde moitié du XIXe siècle, où l’intérieur de la Chine aux voyageurs européens. À ce sujet, voir notamment Fan F.-T., British Naturalists in Qing China. Science, Empire, and Cultural Encounter, Cambridge (Mass.), Harvard University Press, 2004.
5 Haudricourt A. G., Métailié G. « De l’illustration botanique en Chine », Études chinoises, no 13, 1978, p. 381-416 (p. 382).
6 L’intérêt que les plantes chinoises suscitent chez les savants européens peut être illustré par leur inclusion – parmi d’autres plantes « des Indes » – dans les compendia de l’histoire naturelle générale, comme L’Histoire générale des plantes de Jacques Dalechamp (1513-1588) ; Dumoulin-Genest M.-P., « L’introduction et l’acclimatation des plantes chinoises en France au XVIIIe siècle », Paris, EHESS, thèse de doctorat, 1994, vol. 1, p. 15-26.
7 À l’exception du port de Canton, ouvert au commerce étranger.
8 On trouve l’expression chez un grand nombre de philosophes modernes dont Francis Bacon (1561-1626) ou René Descartes (1596-1650). En réalité, l’expression n’est pas nouvelle. Saint Augustin distingue déjà deux Livres écrits par Dieu, les Saintes Écritures et « le Livre de la Nature » ; Shapin S., The Scientific Revolution, Chicago, University of Chicago Press, 1996, p. 65-80.
9 Daston L., « Taking Note(s) », Isis, no 95, septembre 2004, p. 443-448.
10 Stroup A., A Company of Scientists: Botany, Patronage, and Community at the Seventeenth-Century Parisian Royal Academy of Sciences, Berkeley, University of California Press, 1990, p. 69.
11 Sur les « Mathématiciens du Roi », Landry-Deron I. « Les Mathématiciens envoyés en Chine par Louis XIV en 1685 », Archive for History of Exact Sciences, vol. 55, 2001, p. 435-436; Jami C., The Emperor’s New Mathematics: Western Learning and Imperial Authoring During the Kangxi Reign (1662-1722), Oxford, Oxford University Press, 2011, p. 102-119.
12 Pinot V., Documents inédits relatifs à la connaissance de la Chine en France, de 1685 à 1740 [première édition 1932], Genève, Slatkine Reprints, 1971, p. 8.
13 Dumoulin-Genest M.-P., « L’introduction et l’acclimatation des plantes chinoises en France au XVIIIe siècle », op. cit., p. 26.
14 Stroup A., A Company…, op. cit., p. 212; Landry-Deron I., La preuve, op. cit., p. 435-436; Jami C., The Emperor’s New Mathematics, op. cit., p. 107.
15 Archivum Romanum Societatis Iesu (ARSI), Japonica-Sinica (JS) 165, f° 173-176. Cité dans Thomaz de Bossierre Mme Y. de, Jean-François Gerbillon, S. J. (1654-1707) : mathématicien de Louis XIV, premier Supérieur général de la Mission française de Chine, Leuven, Ferdinand Verbiest Foundation, K. U. Leuven, 1994, p. 101.
16 Bouvet J., Histoire de l’Empereur de Chine [réédition du Portrait historique de l’empereur de la Chine, 1697, Paris, chez E. Michallet], La Haye, chez Meyndert Uytwerf, 1699, p. 159.
17 Du Halde J.-B., Description géographique, historique, chronologique, politique, et physique de l’empire de la Chine et de la Tartarie chinoise, enrichie des cartes générales et particulières de ces pays, de la carte générale et des cartes particulières du Thibet, & de la Corée ; & ornée d’un grand nombre de figures & de vignettes gravées en taille douce. Paris, Mercier, 1735, tome 3, p. 437-489.
18 Du Halde J.-B., Description géographique…, op. cit., p. 437. Le manuscrit autographe de Bouvet, conservé à la BnF (Ms Fr 19538), n’est pas publié dans son intégralité, mais les modifications apportées par Du Halde sur les parties publiées sont essentiellement formelles. Ici, par exemple, Bouvet écrivait, au lieu d’« ou » : « Ou mieux dit » (f° 37). Toutes les solutions de traduction que j’analyse ici en citant la version publiée sont celles de Bouvet.
19 Métailié G., « Histoire naturelle et humanisme en Chine et en Europe au XVIe siècle : Li Shizhen et Jacques Dalechamp », Revue d’histoire des sciences, tome 42, no 4, 1989, p. 353-374 (p. 356). Les autres références disponibles sur Li Shizhen, en français ou en anglais, sont : Unschuld P. U., Medicine in China : A History of Pharmaceutics, Berkeley/Los Angeles, University of California Press, 1986, p. 143-163 ; Sivin N. « Li Shih-chen », Gillispie C.C. (dir.), Dictionary of Scientific Biography, New York, Charles Scribner’s and Son’s, vol. 8, 1973, p. 390-398 ; Nappi C. S., The Monkey and the Inkpot : Natural History and its Transformations in Early Modern China, Cambridge (Mass.), Harvard University Press, 2009.
20 Pour la littérature européenne sur la flore chinoise pendant la période « pré-linnéenne », la référence la plus commode reste Bretschneider E., History of European botanical discoveries in China, Londres, Sampson Low, Marston and Co, 1898, vol. 1, p. 1-56. Une liste condensée peut être trouvée dans Dumoulin-Genest M.-P., « L’introduction et l’acclimatation des plantes chinoises en France au XVIIIe siècle », op. cit., p. 15-16.
21 Rochatde la Vallée, E., « La transmission de l’herbier chinois en Europe au XVIIIe siècle », Actes du IIIe Colloque International de Sinologie : Appréciation par l’Europe de la tradition chinoise à partir du XVIIe siècle, Paris, Les Belles Lettres, Cathasia, 1983, p. 177-193 (p. 181).
22 Ibid., p. 182.
23 Du Halde J.-B., Description géographique…, op. cit., p. 469. Rochat de la Vallée, art. cit., p. 182.
24 Ibid.
25 Dumoulin-Genest M.-P., « L’introduction et l’acclimatation des plantes chinoises en France au XVIIIe siècle », op. cit., p. 252.
26 Needham J., Lu G.-D., & Huang H.-T., Science and Civilisation in China, vol. 6, Botany, Cambridge, Cambridge University Press, 1986, p. 125-126.
27 Pour une liste des radicaux qui représentent une catégorie de végétaux – arbre, bambou, céréale, etc. – voir Needham, Lu et Huang, op. cit., p. 122.
28 Dumoulin-Genest M.-P., « L’introduction et l’acclimatation des plantes chinoises en France au XVIIIe siècle », op. cit, p. 252.
29 Du Halde J.-B., Description géographique…, op. cit., p. 438.
30 Ibid., p. 437-439. BnF, Ms Fr 19538, f° 37-38v°.
31 Ibid., p. 440. BnF, Ms Fr 19538, f° 39.
32 «今各列為部, 首以水、 火, 次之以土, 水、 火為萬物之先, 土為萬物母也。 次之以金、 石, 從土也。 次之以草、 穀、 菜、 果、 木, 從微至巨也。 次之以服、 器, 從草、 木也。 次之以蟲、 鱗、 介、 禽、 獸, 終之以人, 從賤至貴也.» J’ai tout rangé dans des sections en commençant par les eaux et les feux puis par les terres : l’eau et le feu précédant tout, la terre étant la mère de tout. Viennent ensuite métaux et pierres parce qu’ils sont issus de la terre. Puis herbes, céréales, légumes, fruits, arbres, du plus petit au plus grand. Ensuite, vêtements et objets (fabriqués) à partir des plantes. Puis je vais des insectes, animaux à écailles, animaux à carapaces, volatiles et quadrupèdes jusqu’à l’homme, du plus vil au plus précieux. » La traduction moderne est de Métailié, « Histoire naturelle et humanisme en Chine », art. cit., p. 357. L’original chinois : Li Shizhen 李時珍, Ben cao gang mu 本草綱目 [Matières médicales systématiques], 1684, BnF, Chinois 5250-5257, juan 1, f° 7v°-8.
33 ARSI, JS 134, f° 392.
34 Lettre de Parrenin aux messieurs de l’Académie des Sciences, Pékin, le 1er mai 1723, publiée d’abord en 1726 dans la collection des Lettres édifiantes et curieuses, éditée par Du Halde (j’utilise la réédition de 1853 : Aimé-Martin L. (dir.), Lettres édifiantes et curieuses concernant l’Asie, l’Afrique et l’Amérique, Tome Troisième, Chine [1re impression 1702-1776, 34 vol.], Paris, Société du Panthéon littéraire, 1853), p. 330-346 ; la lettre sera publiée de nouveau, sans modification sensible, dans la Description. Du Halde J.-B., Description géographique…, op. cit., p. 490-495. Sur les relations entre la mission jésuite et l’Académie dans les années 1720 : Hsia F., Sojourners in a Strange Land : Jesuits and Their Scientific Missions in Late Imperial China, Chicago, University of Chicago Press, 2009, p. 117-120 ; sur cette lettre, plus précisément : p. 135-136.
35 Pour les noms scientifiques, je me réfère à Fèvre F. et Métailié G., Dictionnaire Ricci des plantes chinoises : Édition chinois-français, latin, anglais, Paris, Association Ricci, 2005.
36 Aimé-Martin L. (dir.), Lettres édifiantes et curieuses…, op. cit., p. 340.
37 Shapin S., A Social History of Truth: Civility and Science in Seventeenth-Century England, Chicago, University of Chicago Press, 1994.
38 Aimé-Martin L. (dir.), op. cit., p. 340-341.
39 Ibid., p. 342.
40 Ibid.
41 Du Halde J.-B., Description géographique…, op. cit., p. 506. La version publiée, éditée par Du Halde à Paris, alterne la première et la troisième personne dans la partie qui puise dans la contribution de Parrenin.
42 L’expression « autoptic description » est utilisée par Daniela Bleichmar pour décrire le style de description des plantes américaines par le naturaliste sévillan Nicolás Monardes (1493-1588), semblable à celui qu’utilise ici Parrenin. Bleichmar D., « Books, Bodies, and Fields : Sixteenth-Century Transatlantic Encounters with New World Materia Medica », Schiebinger L. et Swan C. (dir.), Colonial Botany : Science, Commerce, and Politics, op. cit., p. 90.
43 Brokaw C. J., «Book History in Premodern China: The State of the Discipline», Book History, vol. 10, 2007, p. 253-290.
44 Vraisemblablement Maoshan cangshu 茅山蒼朮 [Atractylodes lancea (Thunb.) DC.] Il peut y avoir des coquilles introduites lors du passage à l’impression : selon les conventions de romanisation du chinois adoptées par les Français à l’époque, le nom de la plante devrait se transcrire comme Mao chan tsang chou, et la Montagne Maoshan se trouve dans la Province du Jiangnan (Kiang nan selon la transcription de l’époque).
45 Du Halde J.-B., Description géographique…, op. cit., p. 507.
46 Ibid., p. 491.
47 Je souligne. Idem infra.
48 Du Halde J.-B., Description géographique…, op. cit., p. 507.
49 Ibid.
50 Du Halde J.-B., Description géographique…, op. cit., p. 506.
51 Ibid., p. 507-508.
52 Thomaz de Bossierre Mme Y. de, François-Xavier Dentrecolles (Yin Hong-Siu Ki-Tsong) et l’apport de la Chine à l’Europe du XVIIIe siècle, Paris, Les Belles lettres, 1982, p. 69. Sur l’itinéraire de Dentrecolles et l’impact de cette mobilité spatiale sur ses œuvres, Wu H., « Les traductions de F.-X. Dentrecolles, S. J. (1664-1741) : localité et configuration des savoirs », Extrême-Orient, Extrême-Occident, no 36, 2013, p. 49-80.
53 Dentrecolles à Du Halde, le 8 octobre 1736, dans Aimé-Martin L. (dir.), Lettres édifiantes et curieuses…, op. cit., p. 713-726.
54 Ibid., p. 713.
55 Dentrecolles ne fournit pas de translittération pour les titres qu’il utilise : pour les détails de l’identification des originaux chinois, voir ma thèse de doctorat, Wu H., Traduire la Chine au XVIIIe siècle : les jésuites français traducteurs de textes chinois et la reconfiguration des connaissances européennes sur la Chine, thèse de doctorat, université Paris Diderot-Paris 7, Florence, Italie, Istituto Italiano di Scienze Umane, 2013, p. 273.
56 Aimé-Martin M. L. (dir.), Lettres édifiantes et curieuses…, op. cit., p. 713.
57 Ibid.
58 Le hoai chou (huaishu 槐樹) chinois est ce qu’on appelle aujourd’hui sophora, arbre qui appartient, il est vrai, à la même famille que l’acacia (les fabacées) et a avec lui des ressemblances morphologiques (en chinois moderne, l’acacia s’appelle yanghuai 洋槐, c’est-à-dire sophora étranger). Les critères sur lesquels Dentrecolles s’est appuyé pour cette identification ne sont pas clairs.
59 Aimé-Martin M. L. (dir.), Lettres édifiantes et curieuses…, op. cit., p. 716.
60 Il faut se rappeler qu’à la même époque se situent les premières tentatives françaises pour transformer les « îles » en site de production avec une culture économique spécifique : le premier jardin botanique dans les colonies françaises est créé en 1721, à l’Île de France (l’actuelle île Maurice), par la Compagnie française des Indes ; McClellan III J. E., Regourd F., The Colonial Machine : French Science and Overseas Expansion in the Old Regime, Turnhout, Brepols, 2011, p. 323-334.
61 Aimé-Martin L. (dir.), Lettres édifiantes et curieuses…, op. cit., p. 718.
62 Ibid., p. 721.
63 Aimé-Martin L. (dir.), Lettres édifiantes et curieuses…, op. cit., p. 344-345, (souligné par nous).
64 Thomazde Bossierre Mme Y. de, François-Xavier Dentrecolles, op. cit., p. 33.
65 Findlen P., « Anatomical Theaters, Botanical Gardens, and Natural History Collections », dans Park K., Daston L. (dir.), The Cambridge History of Science: Early Modern Science, Cambridge, Cambridge University Press, 2008, vol. 3, p. 448-454.
66 Du Halde J.-B., Description géographique…, op. cit., p. 490.
67 En effet, lorsque l’arbre est introduit en France au XIXe siècle depuis le Japon, le mot japonais « kaki » entre en usage dans la langue française. Le mot est répertorié dans le Dictionnaire de l’Académie à partir de la huitième édition (1932), [http://0-artflsrv01-uchicago-edu.catalogue.libraries.london.ac.uk/cgi-bin/dicos/pubdico1look.pl?strippedhw=kaki&headword=&docyear=ALL&dicoi.d=ALL].