Chapitre IX. Instituts féminins fondés spécialement en vue des missions aux xviiie et xixe siècles
p. 157-170
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Texte intégral
1C'est à la France, après l'Espagne, que revient la gloire d'avoir envoyé les premières Sœurs missionnaires au-delà des mers. Au cours des xviie et xviiie siècles, des religieuses enseignantes ou hospitalières, Ursulines, Augustines, Sœurs de Saint-Paul de Chartres, passèrent au Canada, en Louisiane, à Cayenne, à l'île Bourbon et à l'Île-de-France, mais leur nombre, dans lequel figurèrent seulement 9 Bretonnes, fut toujours très limité.
2La multiplication des femmes missionnaires est l'un des faits les plus marquants de l'histoire religieuse contemporaine. Au début du xixe siècle, les Sœurs françaises qui se vouèrent à l'apostolat en pays lointains s'orientèrent d'abord vers l'île Bourbon, Cayenne, la Guadeloupe, la Martinique et Saint-Pierre-et-Miquelon. Mais, elles cessèrent bientôt de réserver leur apostolat aux colonies françaises. De nos jours, on trouve des femmes missionnaires dans presque tous les pays de mission1.
3Non seulement des instituts enseignants, hospitaliers ou même contemplatifs ont envoyé des religieuses au-delà des mers, mais, à l'exemple des instituts missionnaires masculins, plusieurs instituts féminins comme ceux des Sœurs Blanches, des Franciscaines missionnaires de Marie, des Sœurs missionnaires de la Société de Marie, des Sœurs de Notre-Dame des Apôtres ont été fondés spécialement en vue des missions. La part prise par la Bretagne dans le développement de ces instituts exclusivement missionnaires a été très importante.
Les Sœurs missionnaires de Notre-Dame d'Afrique (Sœurs Blanches)
4En septembre 1919, lorsque dans leur maison-mère de Birmandreis, près d'Alger, les Sœurs missionnaires de Notre-Dame d'Afrique célébrèrent le cinquantième anniversaire de leur fondation, elles organisèrent une petite cérémonie symbolique au cours de laquelle, sur un navire construit sommairement, montèrent huit jeunes religieuses costumées en Bretonnes. Par ce tableau, elles avaient voulu évoquer l'arrivée en rade d'Alger, le 8 septembre 1869, des 8 premières postulantes de leur congrégation2.
5À peine débarqué sur le sol algérien, le futur cardinal Lavigerie avait envisagé la fondation de deux sociétés missionnaires, une d'hommes, les Pères Blancs, une de femmes, les Sœurs Blanches. L'apostolat des Sœurs lui semblait plus important encore que celui des hommes. Il pensait en effet qu'il était impossible de christianiser la famille sans d'abord relever la femme africaine de sa déchéance séculaire et il savait que seules des femmes pourraient librement approcher, tant les femmes païennes que les femmes musulmanes.
6Lavigerie n'était pas homme à traîner en longueur la réalisation de ses projets. Il lui fallait d'ailleurs immédiatement des religieuses pour prendre soin de plusieurs centaines d'enfants que la famine de 1868 avait laissés orphelins. Ne pouvant les trouver sur place, il s'adressa aux jeunes filles de France. De mars à juillet 1869, dans une lettre aux curés du Midi, dans les Annales de la Propagation de la Foi, dans le Bulletin de l'Œuvre des Écoles d'Orient, il multiplia des appels qui ne trouvèrent aucun écho.
7Il convoqua alors l'abbé Le Mauff, un de ses curés d'Alger, originaire de Marzan (Morbihan), et l'envoya en Bretagne en lui disant : « Ramenez-moi au moins quatre postulantes, jeunes, vaillantes, prêtes à tout et capables d'être les quatre pierres angulaires de leur congrégation ». Arrivé en Bretagne, ce prêtre exposa sa mission à Mgr Bécel, l'évêque de Vannes. À la suite de sa visite, le secrétaire de l'évêché rédigea pour la Semaine religieuse un article dans lequel, après avoir exposé la volonté de l'archevêque d'Alger de fonder une congrégation et son désir d'y faire entrer l'élément breton aussi largement que possible, il annonçait au diocèse l'arrivée de l'abbé Le Mauff et ajoutait :
Mgr l'évêque de Vannes l'a reçu avec toute la bienveillance de son noble cœur et désire vivement qu'il se trouve dans son diocèse des âmes qui puissent répondre dignement aux vœux de l'apôtre de l'Algérie. Les seules conditions exigées par Sa Grandeur sont :
- Une vocation vraiment religieuse.
- Une forte santé.
- Une réputation intacte.
- La volonté de se consacrer aux missions par le travail des mains. Messieurs les curés qui connaîtraient dans leurs paroisses des vocations de ce genre sont priés de vouloir bien, au plus tôt, en donner avis à M. Le Secrétaire général de l'Évêché...
Mgr l'évêque d'Alger se charge de tous les frais de voyage et de trousseau3.
8De son côté, le messager de Lavigerie se mettait en campagne. Le samedi 29 août, il arrivait à Péaule (Morbihan) pour y prêcher le lendemain. La vue de ce prêtre sexagénaire qui portait la barbe et venait d'Afrique excita la curiosité. Tout le petit bourg fut bientôt au courant de sa mission. L'une des premières informées fut une personne d'âge mûr dont la nièce, Marie Le Quellec, se sentait appelée à la vie religieuse tout en hésitant sur le choix de l'institut qui répondrait le mieux à sa nature ardente et enthousiaste. Le soir même, la jeune fille était prévenue ; le lendemain, avant la grand-messe, elle s'entretenait avec le prêtre algérien et, sur le champ, se décidait à partir avec lui le mercredi suivant. Au prône, Le Mauff parla de la misère morale des âmes africaines et exposa les projets de Mgr Lavigerie. Il était venu lui-même en Bretagne chercher des jeunes filles généreuses qui voudraient se consacrer à la conversion des pauvres Arabes. Elles devaient s'attendre à une vie de privations et de dur labeur car elles auraient à travailler la terre pour gagner leur vie et celle des orphelins qui leur seraient confiés... Il dit en terminant que Dieu bénissait sa mission puisqu'il avait déjà trouvé dans la paroisse une jeune fille prête à partir pour l'Afrique.
9À la sortie de la messe, les groupes se formèrent plus animés que de coutume. Les commentaires allaient leur train et l'on questionnait : « Quelle est donc cette folle qui s'est décidée si vite ? » Pendant ce temps, Marie Le Quellec se rendait chez son amie Marie-Françoise Le Floch, lui faisait part de sa décision et lui proposait de l'accompagner en Algérie. Marie-Françoise se laissa vite gagner, mais que dirait son père qui ne cessait de l'importuner pour lui faire épouser un jeune homme qu'elle refusait obstinément ? Elle eut beau plaider habilement sa cause, la réponse paternelle à son projet de départ fut un « non » catégorique. Alors Marie Le Quellec pria son frère d'intervenir et celui-ci fit valoir de si bonnes raisons que le père Le Floch céda « ne voulant pas refuser sa fille au bon Dieu » et ce fut dans sa voiture que, le mercredi matin, les deux amies firent les douze kilomètres qui séparent Péaule de la gare de Questembert.
10Celles-ci n'étaient pas seules à partir pour Alger. Sept autres jeunes filles se trouvèrent réunies autour de l'abbé Le Mauff : Marie-Julienne Thomas, de Marzan ; Marie Légo, de Carnac ; Perrine Quierric, de Noyal-Muzillac ; Jeanne Chariot, Victorine Benoit, toutes morbihannaises et Françoise Levot de Saint-Clet (Côtes-du-Nord). Toutes étaient de robustes filles de cultivateurs, mais elles étaient sans instruction. Françoise Levot savait à peine lire et pas du tout écrire. La plupart prenaient le train pour la première fois.
11Six jours plus tard, elles étaient à Alger. Une première déception les attendait à leur arrivée : elles croyaient trouver une congrégation toute formée et il n' y avait rien. La maison même où elles devaient loger était encore en construction. Elles durent s'installer dans une bâtisse déjà trop encombrée par les orphelines arabes confiées aux soins des Soeurs de Saint-Charles de Nancy. Quand elles furent seules, elles échangèrent leurs impressions :
- Où sont donc nos Sœurs ? demanda l'une.
- Je pense, répondit Perrine, qu'il n'y en a pas d'autres que nous.
- Mais on nous a dit que l'œuvre était commencée depuis deux ans...
- Oui, l'œuvre des orphelines de la famine recueillies par Monseigneur.
- Qui donc s'en occupe ?
- Probablement les Sœurs de Saint-Charles qui nous ont reçues.
- Mais la nouvelle congrégation fondée pour les missions ?
- Je crois que c'est nous qui commençons.
12Un certain désappointement parut sur le visage de quelques-unes et Marie-Françoise Le Floch résuma d'un mot la pensée de toutes :
- Dame, s'il n'y a que nous pour commencer, ça promet d'être joli4.
13On conçoit qu'elles aient douté d'elles-mêmes.
Un mois plus tôt, ces huit jeunes filles, au fond de leur Bretagne, étaient calmement assises près de la quenouille de leur mère, et, transplantées, déracinées, il fallait qu'elles devinssent des missionnaires et même qu'elles fusent le point de départ d'une lignée, qu'elles créassent, qu'elles inaugurassent une tradition missionnaire5.
14Mgr Lavigerie vint les voir. Il les réconforta, s'entretint paternellement avec elles et leur laissa un exemplaire de la règle du nouvel institut.
15Cette règle leur assignait une vie d'austère et rude labeur, à l'imitation de celle de la Trappe car le fondateur les destinait d'abord à former des travailleuses agricoles. Leur temps se trouvant partagé entre des exercices spirituels et le travail manuel au jardin, à la vigne, aux chantiers de construction de leur future maison.
16Le 7 novembre, Mgr Lavigerie présida la cérémonie de vêture de six d'entre elles. Pendant le noviciat, les travaux manuels continuèrent. On les voyait partir dès le matin, la pioche sur l'épaule, et, à part une courte récréation prise au milieu du jour, elles travaillaient jusqu'au soir comme de simples manœuvres. Il fallait toute leur énergie et leur endurance de jeunes paysannes bretonnes pour accepter et supporter une vie si rude6.
17Des renforts arrivèrent de Bretagne, non pas du Morbihan, mais du pays de Léon. Lorsqu'en 1870, Yvonne Rondeau, de Plouguerneau, quitta les siens pour se rendre à Alger, Marie-Renée Rondeau, sa cousine, lui dit : « Écris-moi ce que tu feras là-bas pour que je voie si cela ne me conviendrait pas ». Yvonne n'écrivit pas et, l'année suivante, sa santé n'ayant pas supporté le régime du noviciat, elle était de retour à Plouguerneau et disait à sa cousine : « Si je guéris, j'y retournerai ». « C'est bien, répondit Marie- Renée, c'est là que j'irai ». Et peu de temps après, elle prenait à son tour le chemin de l'Afrique. C'était une timide paysanne de vingt-quatre ans, d'une instruction et d'une éducation assez ordinaires, mais d'une grande sûreté de jugement et d'une volonté très ferme. Onze ans plus tard, quand, après bien des vicissitudes, le nouvel institut missionnaire eût pris assez de développement pour se gouverner lui-même, ce fut cette petite paysanne de Plouguerneau, devenue Mère Salomée, qui fut élue comme supérieure générale.
18Dans les débuts, elle ne fut guère qu'un instrument entre les mains du fondateur, mais un instrument à la fois humble et tenace, souple et énergique, capable, dans des occasions exceptionnelles, de tenir tête au cardinal lui-même. Celui-ci, touché par sa vertu et son bon sens, finissait généralement par lui donner raison et, loin de se fâcher contre elle, il répondait à ceux qui lui demandaient le fond de sa pensée sur la Supérieure générale des Sœurs Blanches : « Mère Salomée, c'est une sainte7 ».
19Après la mort du cardinal Lavigerie (1892), Mère Salomée sut faire preuve de la plus grande initiative et se montra toujours à la hauteur d'une tâche que chaque nouvelle année faisait plus lourde. C'est qu'en effet, pendant les quarante-trois années de son supériorat, l'institut des Sœurs missionnaires de Notre-Dame d'Afrique prit un magnifique accroissement ; en 1929, c'est-à-dire un an avant la mort de Mère Salomée, il comptait 875 religieuses professes et 130 novices. Tandis que des maisons de recrutement et de formation avaient été fondées en Europe et en Amérique, les orphelinats, les ouvroirs, les hôpitaux, les léproseries et les dispensaires s'étaient multipliés en Afrique du Nord, au Sahara, au Soudan et en Afrique équatoriale.
20Le rôle joué par des Bretonnes dans la fondation et dans le gouvernement des Sœurs Blanches porterait à penser que leur institut a connu un grand succès en Bretagne. En fait, pour de nombreuses raisons, leur recrutement breton (165 religieuses) a été relativement modeste.
21La fondation se faisait en Afrique et les maisons de formation établies en France étaient très éloignées de la Bretagne. Ce n'est qu'en 1924 qu'un postulat fut établi à Vitré et transporté à Rennes quelques années plus tard.
22Le diocèse de Vannes avait fourni sept des huit premières sœurs Blanches. Depuis 1869, il n'en a donné qu'une dizaine. Les difficultés des premières années de l'institut et le retour de plusieurs postulantes n'étaient pas pour encourager de nouveaux départs et aucune société de religieuses strictement missionnaires ne s'est jamais recrutée avec quelque abondance dans ce diocèse.
23Le diocèse de Quimper a donné en tout 25 Sœurs Blanches, presque toutes originaires des environs de Plouguerneau et du Léon. Cette localisation accuse l'influence de la Mère Salomée qui, au cours de ses cinquante- huit années de vie religieuse, ne revint cependant qu'une seule fois dans son pays natal.
24Dans le diocèse de Saint-Brieuc, les aspirantes à la vie apostolique s'orientèrent surtout vers les congrégations missionnaires qui prirent naissance à Saint-Brieuc même : Franciscaines missionnaires de Marie et Sœurs de la Société de Marie.
25Dans le diocèse de Nantes, les Sœurs Blanches furent distancées par la congrégation similaire de Notre-Dame des Apôtres fondée pour seconder les prêtres des Missions Africaines de Lyon et qui bénéficia de la présence de ces missionnaires à Pont-Rousseau.
26Elles n'ont rencontré un vrai succès que dans le diocèse de Rennes. De 1891 à 1940, ce diocèse leur a donné 74 religieuses alors que pendant la même période le reste de la Bretagne ne lui en a donné que 66. Cet avantage s'explique avant tout par le bon recrutement des Pères Blancs dans ce diocèse. Quand la première aspirante rennaise se présenta chez les Sœurs Blanches, une dizaine de Pères Blancs rennais travaillaient déjà dans les missions d'Afrique. Cette dépendance est soulignée par la carte de recrutement des Sœurs Blanches dont la concordance avec celle des Pères Blancs est frappante.
27En 1940, dans le classement des diocèses français d'après leur générosité envers les Sœurs de Notre-Dame d'Afrique, le diocèse de Rennes tenait le premier rang et le diocèse de Nantes le septième8. La Bretagne avait fourni un peu plus du cinquième des Sœurs Blanches d'origine française (165 sur 796). Vers 1930, elle en avait fourni à peu près le quart mais, de 1931 à 1940, tandis que les autres provinces donnaient plus de Sœurs Blanches que jamais, la Bretagne en donnait trois fois moins que pendant la précédente décennie et rompait ainsi le parallélisme qu'on pouvait noter depuis 1870 entre l'apport breton et l'apport français au noviciat de la congrégation.
28Au cours des cinq dernières décennies la Bretagne a donné 25 Sœurs Blanches. De 1921 à 1930, elle en avait donné 55.
Les Franciscaines missionnaires de Marie
29L'institut des Franciscaines missionnaires de Marie est, de toutes les Sociétés de religieuses spécifiquement missionnaires celle qui compte aujourd'hui le plus grand nombre de membres. En 1927, cinquante ans après sa fondation, Mgr Salotti, Secrétaire de la Congrégation de la Propagande, écrivait : « Dieu s'est servi du génie d'une femme pour donner au catholicisme un secours d'une force immense dans la propagation de la foi9 ». Cette femme, Hélène de Chappotin, en religion, Mère Marie de la Passion, était une Bretonne.
30Elle était née à Nantes le 21 mai 1839. De bonne heure, elle se sentit appelée à la vie religieuse. Les ordres contemplatifs lui semblant répondre mieux à son besoin intense de prière et d'immolation et ses lectures lui ayant inspiré un vif attrait pour la pauvreté franciscaine, ce fut au couvent des Clarisses, récemment fondé à Nantes, qu'elle entra dans les derniers jours de 1860. Quelques mois plus tard, une grave maladie la ramenait au foyer paternel. Les siens, qui avaient déjà essayé de la détourner de la vie religieuse, mirent alors tout en œuvre pour l'en éloigner définitivement. Ils lui interdirent toute relation avec les Clarisses et, sous leur influence, les prêtres susceptibles de la conseiller se rangèrent parmi les adversaires de sa vocation. Trois années se passèrent ainsi. Elle put trouver enfin un directeur indépendant dans la personne du P. Petit, jésuite de la communauté de Nantes qui, une dizaine d'années plus tôt, avait été à Toulouse le premier soutien de la baronne d'Hooghworst dans la fondation de la Société de Marie Réparatrice. En 1864, par pure obéissance à ce religieux, elle demanda son admission dans cette congrégation.
31Depuis 1860, des Sœurs de Marie Réparatrice se dévouaient au Maduré, sous la direction de missionnaires de la Compagnie de Jésus, à la formation de religieuses indigènes. Hélène de Chappotin, Marie de la Passion depuis le jour de sa vêture, n'avait pas encore prononcé ses vœux que, sans en avoir exprimé le désir et malgré les interventions les plus pressantes de sa famille, elle leur fut envoyée en renfort. Elle partit de Marseille le 19 mars 1865. Trois ans plus tard, elle était nommée provinciale des maisons des Réparatrices du Maduré. Elle avait alors vingt-neuf ans.
32En 1874, elle étendit au vicariat apostolique de Coïmbatour, gouverné par Mgr Bardou, des Missions Étrangères de Paris, le champ d'apostolat de ses religieuses. Peu après cette extension, par suite de malentendus sur des questions d'œuvre et de discipline, elle fut déposée de ses fonctions de provinciale. À elle et à ses sœurs du vicariat de Coïmbatour, il fut demandé, en mai 1876, ou d'accepter certaines conditions qu'elles jugeaient arbitraires et offensantes pour leur propre conscience, ou d'abandonner la congrégation de Marie Réparatrice. Après avoir consulté deux prélats étrangers aux affaires du Maduré, Mère Marie de la Passion et 20 religieuses du Coïmbatour optèrent pour la seconde alternative.
33Au lendemain de cette douloureuse scission, l'avenir de leur petit groupement se trouvait dépourvu de toute existence canonique et paraissait bien compromis. Tandis que ses compagnes continuaient leur apostolat, sous la protection de Mgr Bardou, Mère Marie de la Passion s'embarquait à Madras le 25 novembre 1876. Quelques semaines plus tard, elle était à Rome et Pie ix, éclairé par les explications qu'elle lui fit donner, accorda à Mgr Bardou l'autorisation de fonder, dans sa mission, l'institut des Missionnaires de Marie, consacré spécialement aux missions. C'est ainsi que sans l'avoir cherché mais, tout simplement, « en marchant comme un âne qu'on fouette10 » pour reprendre sa propre expression, Mère Marie de la Passion, missionnaire par obéissance, devint elle-même fondatrice d'une congrégation missionnaire.
34Pour assurer la survivance et le développement des Missionnaires de Marie, il fallait un noviciat. Mère Marie de la Passion l'installa dans une petite maison de Saint-Brieuc, le 5 avril 1877. Des postulantes se présentèrent aussitôt et à un rythme tel qu'il fallut, pour n'être pas trop à l'étroit, déménager deux fois en dix-huit mois. Enfin, la propriété des Châtelets, située à sept kilomètres de Saint-Brieuc, ayant été achetée pour le jeune institut par le comte d'Erceville, le noviciat y fut transporté en 1880.
35L'intention de la jeune fondatrice n'était pas seulement de venir en aide au vicariat de Coïmbatour. Elle écrivait dès 1877 que la fin de son institut le rendait « universel ». L'autonomie des Franciscaines missionnaires de Marie ayant été reconnue par Léon XIII en 1884, elles ne voulurent être attachées ni à un seul territoire de mission ni à une seule société de prêtres missionnaires ; elles seront prêtes à accepter tous les champs d'apostolat que la Propagande leur confierait d'un bout du monde à l'autre. Le puissant attrait qui, depuis sa jeunesse, portait Mère Marie de la Passion vers saint François d'Assise, lui fit placer son institut sous la direction du Ministre général des Frères Mineurs et ajouter le titre de Franciscaines à son vocable, mais rien ne fut changé pour autant à son programme d'universalité.
36La famille religieuse fondée à Saint-Brieuc au printemps de 1877 s'est épanouie d'une façon merveilleuse. Le xixe siècle n'était pas fini qu'on voyait des Franciscaines missionnaires de Marie non seulement en Inde mais à Ceylan, en Chine et en Mongolie, en Afrique du nord, au Congo Belge et à Zanzibar, en Amérique du Nord au service des Peaux Rouges du Manitoba. En 1904, à la mort de leur fondatrice, elles étaient près de 3 000. En 1939, soixante-deux ans après l'ouverture de la petite maison de Saint- Brieuc, elles étaient 7 500 de 41 nationalités différentes. Pour trouver pareille efflorescence religieuse, il faut remonter au xiiie siècle qui vit surgir les ordres de saint François et de saint Dominique.
37Le rôle joué par la Bretagne dans cet épanouissement fut capital. Si la femme qui fut capable d'insuffler une telle vitalité à son institut était profondément chrétienne, elle était aussi une Nantaise de vieille souche qui résumait en elle, à un degré peut-être inégalé, les meilleures qualités de la
38société de sa ville natale. À une intelligence supérieure, à une volonté et une habileté qui finirent toujours par venir à bout des nombreux obstacles qu'elle rencontra sur sa route, elle joignait l'art de se faire obéir plus par l'amour que par la rigueur, mais c'est surtout par sa prodigieuse activité et par un véritable génie d'organisatrice qu'elle se montra fille de la ville de Nantes.
39Avant d'envoyer ses filles en pays de mission, elle ne se contentait pas de leur donner au noviciat une solide préparation spirituelle, elle les dotait d'une formation technique qui en faisait des dentellières, des tisseuses de tapis, des typographes, capables d'ouvrir et de diriger des ateliers11, d'une préparation médicale leur permettant de prendre en main le service d'hôpitaux, de dispensaires et de léproseries, par une préparation pédagogique qui trouvait son utilisation dans les œuvres scolaires fondées par l'institut : crèches et jardins d'enfants, orphelinats, écoles primaires, secondaires et ménagères. Son sens de la propagande se manifesta par l'organisation à Vanves, dès 1891, d'une importante imprimerie qui édita à bon compte des revues et des livres sur les missions, par le caractère artistique qu'elle s'efforça de donner à toutes les productions de cette imprimerie, permettant à G. Goyau d'intituler l'un des articles de la biographie qu'il lui a consacré : « Mère Marie de la Passion et l'esthétique du livre ». L'activité extérieure de cette fondatrice qui répétait à ses filles « Nous n'en ferons jamais assez » ne l'empêcha pas d'être une contemplative. Sa correspondance est un précieux document sur la psychologie de la vie mystique dans l'action.
40Les évêques de Saint-Brieuc favorisèrent de tout leur pouvoir le premier essor de l'institut. Ils considérèrent comme une faveur d'en posséder le berceau dans leur diocèse. Mgr David mérita d'être appelé le père et le protecteur des Franciscaines missionnaires de Marie. Dès sa première rencontre avec Marie de la Passion, en 1879, quand elle lui eut expliqué les circonstances qui l'amenaient à fonder un noviciat missionnaire, il lui accorda son entière confiance : « Cherchez une maison et installez-vous12 ». Son intérêt pour son œuvre ne se démentit jamais. En 1880, il dira au comte d'Erce-ville dont il connaissait les généreux projets : « Donnez les Châtelets aux Missionnaires de Marie, je vous aurai autant de reconnaissance que si vous les achetiez pour moi ». Alors qu'à ses débuts, l'institut était menacé dans son avenir, il contribua beaucoup par ses démarches près des autorités romaines à dissiper les préventions qui s'étaient accumulées contre la fondatrice13.
41Mgr Bouché, son successeur, avait été à même, par ses voyages en Extrême-Orient, de comprendre l'utilité pour l'Église d'une congrégation telle que celle des Franciscaines missionnaires de Marie. Comme Mgr David, il lui fut favorable dès le principe. Il soutint sa cause à Rome et lui obtint une complète régularisation canonique, écartant ainsi définitivement les menaces qui planaient jusque-là sur son existence14.
42L'institut des Franciscaines missionnaires de Marie étendit si rapidement son champ de recrutement que dès 1890, une centaine seulement de ses 495 religieuses étaient originaires de Bretagne. À cette date, il est vrai, il possédait déjà des maisons à Paris, à Marseille, en Italie, en Suisse, en Belgique et en Angleterre. Sans l'appoint des vocations bretonnes, tant de fondations n'auraient pas pu être réalisées en si peu de temps et par suite, les vocations nouvelles se seraient multipliées à un rythme moins accéléré.
43De 1877 à 1940, 422 Bretonnes ont été reçues parmi les Franciscaines missionnaires de Marie, 174 étaient nées dans les Côtes-du-Nord, 67 dans le Finistère, 63 dans le Morbihan, 60 dans la Loire-Atlantique et 58 en Ille- et-Vilaine.
44Dans les Côtes-du-Nord, le recrutement de cette congrégation présente la particularité d'avoir atteint son maximum dès la première décennie et d'être allé depuis en diminuant continuellement. Il avait donné 62 religieuses de 1881 à 1890. De 1931 à 1940, il n'en a donné que 7. Dans une statistique des jeunes filles françaises admises aux Châtelets de 1928 à 1938, ce département qui, pendant une trentaine d'années, avait été le principal pourvoyeur de ce noviciat établi sur son territoire, ne tenait plus que le onzième rang, à égalité avec les Vosges, la Gironde et l'Hérault.
45Les aspirantes provenaient surtout des cantons de langue française les plus rapprochés de Saint-Brieuc. Les seuls cantons de Saint-Brieuc, d'Étables, de Moncontour, de Quintin, de Ploeuc et la partie française du canton de Corlay en fournirent plus de 80.
46Cette localisation s'explique par la présence dans le sud-ouest du département de plusieurs maisons de Sœurs de Saint-Joseph de l'Apparition, congrégation à la fois enseignante et missionnaire, et par la barrière que fut la langue bretonne pour la propagande des religieuses des Châtelets. Les meilleurs agents de cette propagande furent peut-être les Sœurs quêteuses qui, par leur passage dans les familles, par les brochures et les revues qu'elles y laissaient, faisaient connaître leur institut. Comme presque toutes les premières Franciscaines missionnaires ne parlaient que le français, l'activité des quêteuses ne s'exerça guère dans la partie bretonne. Le canton de la Roche-Derrien devint cependant le centre d'une zone de recrutement assez importante : il a fourni une trentaine de religieuses.
47Dans le Finistère, le mouvement des Franciscaines missionnaires de Marie se fit jour d'abord dans les villes : Morlaix, Brest et Quimper. Lentement, il gagna les campagnes et continua de progresser. Il a rencontré beaucoup plus de succès dans le Nord que dans le Sud : les arrondissements de Brest, de Saint-Pol et de Morlaix ont donné 58 religieuses ; les arrondissements de Châteaulin, de Quimper et de Quimperlé n'en ont donné que 17. Les religieuses originaires du Morbihan proviennent de toutes les régions du département. Plus de la moitié entrèrent au noviciat des Châtelets entre 1891 et 1910. La Loire-Inférieure, département d'origine de Mère Marie de la Passion, ne donna que très peu d'aspirantes dans les débuts : 2 seulement, dont une nièce de la fondatrice, de 1877 à 1890. Son apport est très irréguliser passant par exemple de 26 religieuses de 1921 à 1930 à 8 de 1931 à 1940.
48Sœur Marie de Saint-Just (Anne-Marie Moreau)15 née à Fay-de-Bretagne (Loire-Atlantique) et sœur Marie de Sainte-Nathalie (Jeanne-Marie Herguin)16 née à Belle-Isle-en-Terre (Côtes-du-Nord) envoyées en Chine en 1899, y furent massacrées par les Boxers en même temps que cinq de leurs compagnes en juillet 1900. Elles ont été béatifiées en 1947.
49Au cours du dernier demi-siècle, la Bretagne a donné 64 franciscaines missionnaires de Marie dont 39 entre 1941 et 1950.
Société de Marie
50Bien que la congrégation missionnaire de la Société de Marie ne se reconnaisse ni fondateur ni fondatrice des liens étroits l'attachent à la « famille mariste » fondée en 1816 par J.-C. Colin et M. Champagnat, elle donne le nom de « pionnières » à des Tertiaires de Marie qui, sous le Second Empire, avaient rejoint en Polynésie Françoise Perroton ; pour répondre à un appel de deux femmes de l'île d'Ouvéa paru dans les Annales, cette dizainière lyonnaise de la Propagation de la Foi, avait osé s'embarquer pour l'Océanie sous sa propre responsabilité.
51En 1880, le Tiers Ordre de Marie, dépourvu d'existence canonique comme de noviciat, n'était encore que l'embryon d'une vraie congrégation. Cette année-là, le P. Méchin, mariste de la communauté de Saint-Brieuc, dont la sœur venait de prendre rang parmi les « pionnières » de Polynésie, réclama pour ces femmes missionnaires la solide formation religieuse exigée par l'apostolat en pays lointains. Il obtint de son supérieur général toute latitude pour entreprendre lui-même la fondation d'un noviciat.
52Au début de 1881, ce religieux eut à prêcher une retraite dans la cathédrale de Saint-Brieuc. Au nombre des retraitantes se trouvait Madame des Groues, fille d'un inspecteur des douanes qui avait terminé sa carrière à Nantes et, depuis vingt-trois ans - elle en avait alors quarante-cinq - veuve
53de Ernest Trousel des Groues. Son directeur, le P. Rey, jésuite de la communauté de Nantes, lui avait reconnu une vocation à la vie religieuse. Ses désirs la portaient vers la Société de Marie Réparatrice. Seul l'établissement de son fils avait retardé son entrée en religion. C'était précisément l'installation de celui-ci, récemment nommé inspecteur des douanes à Saint-Brieuc qui venait de l'amener dans cette ville. Son recueillement au cours de la retraite attira l'attention du prédicateur qui la supplia de prendre la direction du noviciat des Sœurs de la Société de Marie dont il se proposait la fondation. Elle reçut cette demande avec une surprise immense. Après réflexion et prière, elle décida de l'accepter. Dans sa pensée, il ne s'agissait d'ailleurs que d'un service à rendre provisoirement.
54Le noviciat des Sœurs du Tiers Ordre Régulier de Marie s'ouvrit à Saint- Brieuc, chez les Filles de la Croix, en août 1881. Un an plus tard, il était rue Gourrien, dans une maison achetée par le P. Méchin. Lorsqu'en 1887, les Maristes quittèrent le grand séminaire de Saint-Brieuc, il fut transféré à Lyon, près de la Maison-Mère de ces religieux. La maîtresse des novices était toujours Mme des Groues. Elle réussissait si bien qu'on ne s'empressait pas de lui chercher une remplaçante. Après avoir dirigé le noviciat six ou sept ans, elle prit elle-même l'habit des novices et s'engagea pour le reste de ses jours au service de la petite société.
55En 1881, l'institut n'avait encore reçu aucune Bretonne. L'ouverture du noviciat à Saint-Brieuc lui suscita dans le diocèse un courant de vocations : 18 entrées de 1881 à 1900 ; 19 de 1901 à 1940. Son recrutement dans le diocèse de Nantes connut un succès moins rapide mais plus important (69 religieuses dont 59 de 1901 à 1940) qu'il faut attribuer surtout à l'influence du P. J.-B. Bertreux. Ce missionnaire mariste, originaire de Saint-Jean-de- Boiseau, était parti en Océanie vers 1880. C'est de sa paroisse natale que les premières postulantes nantaises arrivèrent au noviciat. Devenu vicaire apostolique des Salomons septentrionales en 1912, il visita le grand séminaire de Nantes et réussit un coup de maître en y établissant le Tiers Ordre de Marie ; une fois entrés dans le ministère, les tertiaires orientèrent volontiers vers les Sœurs missionnaires de Marie leurs jeunes paroissiennes désireuses de partir dans les missions ; à lui seul, l'abbé Légot, vicaire à Héric, envoya quatre postulantes au noviciat de Lyon.
56En 1940, compte tenu de l'apport relativement modeste des diocèses de Quimper, de Rennes et de Vannes, la Bretagne avait donné à l'institut 116 religieuses qui représentaient 43 % de son recrutement français. Dans le classement par diocèse, celui de Nantes tenait de loin la première place, celui de Saint-Brieuc la troisième.
57En 1931, le Tiers Ordre Régulier de Marie devint la Congrégation des Sœurs missionnaires de Marie qui dépend directement de Rome. Les religieuses bretonnes ont joué longtemps un rôle important dans son gouvernement. En 1940, la supérieure générale et cinq des huit supérieures provinciales étaient des Bretonnes. La supérieure de la communauté qui, à Mokogaï, l'une des îles Fidji, était responsable de la léproserie la plus importante du monde, était aussi une Bretonne. Ce sont deux missionnaires, originaires l'une et l'autre de Saint-Jean-de-Boiseau, sœur Marie de Jésus (Marie Mainguy) et sœur Marie-Augustin (Anne Thabard) qui ont formé à la vie religieuse les Petites Sœurs indigènes de Fidji (en fidjien les Vukevuke). Lorsqu'en 1932, les Vukevuke célébrèrent le cinquantième anniversaire de la profession religieuse de sœur Marie de Jésus, 146 Fidjiennes avaient déjà émis leurs vœux ; 45 étaient mortes ; deux seulement avaient quitté leur congrégation.
58En 1942, sœur Marie Sylvia (Fanny Lossois), née à Saint-Père (diocèse de Rennes), supérieure d'une communauté des îles Salomon, fut arrêtée par les Japonais, privée de toute nourriture pendant huit jours, puis égorgée à l'approche des Américains.
59Après la Seconde Guerre mondiale, les Sœurs missionnaires de Marie ont maintenu leur recrutement breton jusque vers 1970 (26 religieuses dont 15 originaires du diocèse de Nantes et 6 de celui de Quimper). Elles sont aujourd'hui 650. Elles n'ont plus de noviciat en France. C'est dans leurs champs d'apostolat qu'elles suscitent des vocations. La constitution de leur Conseil général (1994) manifeste leur caractère international : une Samoaise, métisse japonaise-mélanésienne de nationalité française, une Américaine, une Australienne et une néo-Zélandaise.
Les Sœurs de Notre-Dame des Apôtres
60L'institut des Sœurs de Notre-Dame des Apôtres fut fondé à Lyon, en 1876, par le P. Planque, supérieur général des Missions Africaines de Lyon. Il n'est donc pas surprenant que le recrutement de ces deux instituts missionnaires manifeste un étroit parallélisme. Les diocèses les plus généreux sont les mêmes : Strasbourg, Nantes, Lyon et Rennes. Des 549 religieuses entrées dans l'institut féminin entre 1876 et 1940, près du tiers (256) venaient d'Alsace et un quart (157) de Bretagne. À elles seules, les Nantaises (115) représentaient 73 % des Bretonnes et plus de 20 % de l'ensemble des Françaises. Au cours du dernier demi-siècle, les Sœurs de Notre-Dame des Apôtres ont reçu 56 Bretonnes dont 30 Nantaises et 16 Rennaises.
61Mère Pauline (Marie-Louise Loteau) 1892-1938 née à La Planche (44) débarqua au Dahomey en 1918. À Porto-Novo, elle organisa une grande école qui compta 800 externes et 100 internes. Elle obtint de nombreuses conversions au catholicisme grâce à ses catéchismes pour adultes très fréquentés par les jeunes filles et les femmes indigènes.
Autres instituts
62Au xviiie siècle, Mme d'Youville, fille de Christophe Dufrost de la Jemmerais, un officier breton qui s'était fixé au Canada en 1687, fonda, sous le nom de « Sœurs Grises » le premier institut religieux féminin proprement canadien. Les Sœurs Grises étaient 1 500 en 1940. On en trouvait en Chine et en Afrique du Sud, mais leurs principaux champs d'action apostolique étaient, comme ils le sont encore, les missions confiées aux Pères Oblats dans l'Extrême-Nord canadien.
63De 1876 à 1923, 22 jeunes Bretonnes furent orientées par le P. Lecore, par Mgr Grouard et par quelques autres oblats vers le noviciat des Sœurs Grises de Montréal. Une seule était née dans le Finistère, toutes les autres dans le Morbihan.
64La congrégation des Catéchistes-Missionnaires de Marie-Immaculée, instituée vers 1890, par Mère Marie-Gertrude, a reçu 14 Bretonnes. L'Inde est leur principal champ d'apostolat.
65L'institut des Sœurs missionnaires du Saint-Esprit fut fondé en 1921, par Mgr Le Roy, alors supérieur général de la congrégation du Saint-Esprit. Les cinq diocèses bretons lui ont donné 39 religieuses (17 depuis 1920). Ces religieuses se dévouent dans les missions du Cameroun, de l'Afrique équatoriale, de Madagascar et aussi à la Martinique.
66L'institut des Petites Servantes du Sacré-Cœur, missionnaires catéchistes des Noirs d'Afrique, fut inauguré par Alice Munet, en 1922, sous l'égide des Missions Africaines. Les vingt Bretonnes qu'il a reçues ont été envoyées en Côte d'Ivoire ou au Togo.
67En 1932, à la demande d'un Malouin, Mgr Guyot de Boismenu, vicaire apostolique de la Nouvelle Guinée, Solange Bazin de Jessey, une jeune Ser- vannaise, est allée en Papouasie prendre la succession de Marie-Thérèse Noblet à la direction de l'institut indigène des Ancelles du Sacré-Cœur17.
Notes de bas de page
1 E. Dufourcq, Les aventurières de Dieu. Trois siècles d'histoire missionnaire française, Paris, 1993.
2 Colonel de l'Éprevier, Mère Salomée, Paris, 1934.
3 SRV, 12 août 1869, p. 561.
4 Ce récit s'appuie sur des souvenirs inédits conservés aux Archives de la Maison-Mère des Sœurs Blanches.
5 G. Goyau, La femme dans les missions, Paris, 1933, p. 166.
6 L'Éprevier, op. cit., p. 9-10, 54-56.
7 L'Éprevier, op. cit., p. 168-169.
8 Idem, op. cit., p. 5.
9 Almanach du cinquantenaire des Franciscaines missionnaires de Marie, 1927, p. 12.
10 Mot cité par G. Goyau, Mère Marie de la Passion et les Franciscaines missionnaires de Marie, Paris, 1935, p. 13.
11 G. Goyau, op. cit,. Livre III, chapitre III, « Franciscaines au travail et préceptrices de la loi du travail » et chapitre IV, « La typographie au service des missions : les fondations de Mère Marie de la Passion ».
12 La Très Révérende Mère Marie de la Passion, Vanves, 1929, p. 103.
13 Ibidem, p. 112, 122-124
14 Goyau, op. cit., p. 84-85.
15 M.T. de Blerer, Sœur Marie de Saint-Just, une des sept victimes de Tai-Yuan-fou, Vanves, 1932.
16 Idem, Sœur Marie de Sainte-Nathalie, une des sept victimes de Tai-Yuan-fou, Vanves, 1932. On trouvera plus de détails sur le martyre de ces deux religieuses dans M.T. de Blerer, Missionnaire et martyre : Marie-Hermine de Jésus, franciscaine missionnaire de Marie, 1929
17 Sur les Ancelles, voir Marie- Thérèse Noblet, missionnaire en Papouasie, Lyon, 1930.
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