Annexe. Rencontre franco-suedoise1
p. 165-170
Texte intégral
1- INTRODUCTION
FM – Pourquoi les rapports avec le PS français n’ont ils jamais été très étroits ?
OP – Il y a eu l’ALGÉRIE. Cf. à cet égard la réunion de l’IS à Copenhague. Nous avons de bonnes relations avec le F.L.N et nous avons durement ressenti le voyage de Guy MOLLET à ALGER.
FM – C’est là que date la déchéance de la 4ème République, car l’armée est devenue arbitre. Ce qui a conduit à DE GAULLE.
OP – C’est dommage, car historiquement le Parti Socialiste Suédois et français étaient très proches – BRANTING était de culture française.
FM – Nous espérons que vous serez à la manifestation Léon BLUM.
2- DÉBAT GENERAL
OP – L’année passée a été mauvaise, nous avons connu le chômage.
Les conséquences
International : trois erreurs ont aussi créé des problèmes :
Problème balance extérieure
Inflation
Nous avons eu une politique dure un peu trop tard et l’avons abandonnée, trop tard aussi.
Il y a eu également la baisse des stocks industriels.
7 m d’économies. Pour autant, nous espérons un redressement en Juin.
Notre programme
– Changement du marché du travail
– Développement du bien être social (augmentation de l’emploi)
Le nombre des adultes au travail est le plus important du monde industriel.
Population active : 1972 : 75 %, peut encore être augmentée.
Pour politique d’égalité, avec pour base, augmenter l’emploi, aussi politique régionale : éducation sur le marché du travail, changer l’environnement du travail au poste de travail même
Bruit, santé, etc…
Une nouvelle législation interviendra en 1973 pour renforcer le pouvoir des travailleurs dans l’entreprise.
Démocratie industrielle :
1°) Loi sur la sécurité de l’emploi
En 1970 nous avons fait une loi : on ne peut congédier les gens de plus de 65 ans.
2°) Comité
– Sur les droits patronaux à la direction de l’entreprise
– Pour donner aux syndicats la possibilité de négocier ce genre de droits
– Pour avoir des représentants des travailleurs dans la direction de l’entreprise, peut être de l’Etat.
La négociation ira à l’échec, donc, nous ferons une loi pour imposer.
L’expérience allemande (Mitbestimmungsrecht) a démontré que la présence seule ne suffit pas. Il faut donc que le travailleur soit présent à la Direction de l’Entreprise.
GD – Et s’il n’y a pas d’accord avec le patron ?
OP – Il y a des contre-mesures possibles. La grève, par exemple, qui n’est pas autorisée pour cet exemple.
Si on fait un contrat pour 3 ans, le patron achète la Paix pour l’Entreprise.
Tout cela est complexe :
le droit à la sécurité
le droit à la direction
le droit à l’environnement social
l’égalisation de la position sociale entre le tertiaire et le secondaire.
Il peut y avoir des différences de salaires, mais pas dans le traitement social, donc mêmes conditions de pension, d’assurances, etc…
La réforme de 70
Il n’y a pas de différences dans les entreprises d’Etat entre ouvriers et employés.
L’éventail des salaires est réduit de 1 à7
nous avons augmenté les bas salaires de 30 %
les hauts salaires de 10 %.
FM – On dit que vous êtes très en avance sur le plan social. cf. Redistribution des revenus. Mais pas assez sur le plan de la maîtrise de l’Économie, vous laissez les monopoles subsister.
OP – C’est vrai, mais le secteur public de l’Economie représente 43 % du total. Logement, Education, Santé ;
Il y a quelques médecins privés : 10 %
Système comparable à celui de la Grande Bretagne. Banques et crédit sont contrôlés par l’Etat. Il y a des représentants de l’Etat dans les banques d’affaires. Le fonds de pension est alimenté par les patrons, soit 40 milliards de Kr.
Un fonds national (une énorme part de l’épargne collective). Ces fonds sont contrôlés par l’Etat, ce qui donne un contrôle pratique par l’Etat.
FM – Donc, très fiscalisés ?
OP – En 1966 16 M Kr Milliards
En 1971 30 M Kr Milliards
FM – Mais le besoin social s’accroît plus vite que le revenu national. Comment y arrivez-vous ?
PO – On augmente les impôts et les contributions patronales.
La difficulté actuelle est l’augmentation des impôts locaux (par les communes) 23 %, ce qui fait que la pression fiscale devient très lourde.
Part de l’Etat 5 % dans les mines, Fer
Elus : 50 %
50 % Ville et Privé
Distribution : Elus, Etat
Assurances ¼ en secteur coopératif
Ordinateur : Privé
Navigation : Privé
Construction navale : part importante du secteur privé.
Tout ceci est le résultat d’une tradition. Nous avons nationalisé au départ. Maintenant, nous préférons contrôler. Aujourd’hui, ça ne marche plus. Ce qui est important, c’est de nationaliser la fonction davantage que la propriété.
Nous devons avoir une politique industrielle, de coopération avec le secteur privé.
Compagnies mixtes : 50/50 Etat-privé, Industrie atomique par exemple ; Industrie chimique (en discussion).
Industrie pharmaceutique
Nous avons nationalisé la distribution des médicaments. Au même moment, l’Etat a acheté une ou deux usines pour contrôler l’industrie (15 à 20 % environ).
FM – Nous voudrions le faire pour le bâtiment
OP – 80 % de la construction se fait par les municipalités, les coopératives et les syndicats.
95 % des fonds viennent de l’Etat.
FM – Nous voudrions le faire pour la viande.
OP – pour la viande, nous avons le monopole des Coopératives de paysans, pour le lait, la viande et le fromage.
FM – Considérez-vous qu’il n’est pas très important de laisser subsister la grande propriété industrielle ?
OP – Oui.
Deux choses sont importantes :
La démocratie économique par la planification est plus efficace.
Nous avons aussi changé les prix dans le sens de la baisse.
Nous avons fait un plan national d’utilisation des sols.
Et démocratie à la basse dans l’Entreprise.
La nationalisation n’est pas une politique en soi.
Elle ne vaut que par un but. Mais si c’est nécessaire, nous le ferons pour combattre le chômage.
FM – Un communiste vous dira que c’est nécessaire pour détruire la puissance économique du capital.
OP – Pour nous, le problème n’est pas détruire, mais de créer une Suède plus Socialiste que les pays soviétiques, car le système est plus efficace et plus démocratique.
Par exemple :
A | B | |
Revenu annuel | 30 000 Kr | 60 000 Kr |
Après l’impôt | 23 700 | 31 000 |
Le secteur public représente 100 milliards de KR
28 % reviennent aux Pensions
30 % à l’éducation
25 % à la santé
15 % à la dépense
10 % aux communications
3 % pour le marché de l’emploi.
FM – Quelle est votre plus grande difficulté actuelle ?
OP – Clairement, l’économie.
Nous avons du chômage, nous n’en n’avions pas.
La croissance : | 1,2 % en 1970 | 4 % avant |
3,5 % environ en 1971 |
FM – Quelles mesures envisagez-vous ?
OP – Les bourgeois ont dit : il faut baisser les impôts et les cotisations patronales.
Nous avons dit : ce n’est pas une solution. Cherchons où est le chômage et combattons le.
Par exemple : nous avons construit (grands travaux publics, actions anti pollution, etc…)
Aide aux groupes faibles : pensionnés, familles nombreuses, étudiants, 120 000 étudiants et en plus 120 000 ouvriers en reconversion, donc méthodes sélectives.
Ces mesures n’augmentent pas la consommation intérieure mais créent des emplois.
RP – Quelles sont les incidences du marché commun sur cette situation ?
OP – Cela dépend du marché commun et surtout de la France.
Nous avons dit au Marché Commun : nous sommes prêts à faire une union économique très poussée. Ils ont dit non, il faut entrer dans la Communauté.
Nous avons répondu : échanges libres et progression pas à pas. Mais 2 difficultés :
Les Intérêts protectionnistes
Les Institutions du Marché.
Notes de bas de page
1 « Rencontre franco-suédoise », 20 janvier 1972, Centre d’archives socialiste, Fonds Robert Pontillon 8 FP 7/160. Nous remercions la Fondation Jean Jaurès de nous avoir autorisé à reproduire ce document, dont nous reproduisons la présentation et la typographie.
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