Chapitre VIII. Le second âge d’or d’une carrière politique : président de groupe et ministre (1930-1933)
p. 145-164
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Texte intégral
Charles Daniélou, éphémère ministre de la Marine marchande (février-mars 1930 / décembre-janvier 1931)
Jean Moulin, sous-préfet de Châteaulin, est l’homme de Daniélou
1À la fin de 1929, Jean Moulin, jeune sous-préfet d’Albertville récemment promu à la deuxième classe, attendait avec impatience une nouvelle affectation. Il décida d’intervenir auprès d’amis, députés radicaux, et surtout auprès de Charles Daniélou dont « l’influence va se révéler décisive1 ». Moulin était l’ami d’enfance de Georges Izard, gendre et ancien chef de cabinet de Daniélou qui intervint auprès de son beau-père pour que celui-ci rencontre son ami. Suite à l’entretien entre les deux hommes, et à l’intervention de Pierre Cot, le maire de Locronan accepta de proposer la candidature de Moulin au poste, bientôt vacant, de sous-préfet de Châteaulin. Jean Moulin fut effectivement nommé à ce poste le 8 janvier 1930 ; ce qui enchantait Charles Daniélou comme le montre la lettre qu’il adressa à Antonin Moulin :
« J’ai été heureux de pouvoir m’assurer dans mon département la collaboration de votre fils. Je souhaite que la Bretagne lui plaise et qu’il y fasse du bon travail pour son avenir2 »
2Les conditions de sa nomination mais plus encore l’importance politique considérable de Daniélou dans sa circonscription rendaient le député de Châteaulin incontournable pour le nouveau sous-préfet. D’ailleurs des liens se nouèrent entre Moulin et le maire de Locronan :
« Après onze mois de séjour à Châteaulin, Jean avait noué des relations personnelles et confiantes avec "son député", ainsi qu’avec sa famille3 »
3Car au-delà des relations professionnelles, Jean Moulin fréquentait Charles Daniélou et lui rendait visite à Kergwénolé. C’est là qu’il rencontra assez régulièrement celui qui le marqua profondément : Max Jacob4 C’est là aussi qu’il se lia d’amitié avec Louis Daniélou qui le suivit, en octobre 1933, au ministère de l’Air lorsqu’il devint le chef de cabinet de Pierre Cot et pendant la guerre à Londres. Par sa nomination, par ses idées politiques radicales et par leurs liens personnels, Jean Moulin est bien l’homme de Daniélou.
Le président de la Gauche radicale, éphémère ministre
4En février 1930, la presse révèle qu’une polémique oppose Charles Daniélou au président du Conseil, André Tardieu. Le Bas Breton5 affirmait que le président de la Gauche radicale avait refusé de répondre à une convocation de Tardieu aux chefs de sa majorité ; montrant ainsi de façon claire que le groupe dirigé par Daniélou ne soutenait plus le gouvernement. Dans la même logique, le député du Finistère refusait d’entrer dans le ministère Tardieu, empêchant ainsi le président du Conseil de renforcer l’élément centre gauche de son gouvernement, car Daniélou ne voulait pas participer à un ministère d’où les radicaux étaient exclus. Le président du Conseil, très mécontent du refus de Daniélou, avait déclaré : « J’aurai sa peau...6 » Ce n’était pas là de vaines paroles : il tâcherait de se venger en 1932. Pour l’instant, Le Progrès du Finistère, dans un article intitulé « L’incident Daniélou », attaquait le choix de la Gauche radicale :
« Cette attitude définit bien l’esprit de cette Gauche radicale ni chair ni poisson, ni cartelliste ni nationale mais où deux sentiments animent les membres : la peur de ne pas paraître assez avancés et le désir de faire partie de la majorité quelle qu’elle soit pour en recueillir les avantages, portefeuilles et menues faveurs7 »
5Le Bas Breton, favorable à Daniélou, faisait campagne de son côté contre Tardieu qui d’ailleurs tombait le 17 février 1930, chute à laquelle Daniélou n’était pas étranger.
6La Gauche radicale, « ne désespérant pas d’une concentration8 » avait contribué à faire tomber le premier ministère Tardieu. L’attitude d’une fraction du centre et notamment de la Gauche radicale qui ne voulait pas se couper des radicaux, explique les deux expériences radicales menées ensuite par Chautemps et Steeg, expériences auxquelles Daniélou participa.
7Le Président de la République, Gaston Doumergue, confia à Camille Chautemps le soin de composer le nouveau gouvernement. Celui-ci forma un ministère de gauche, mais qui faute d’appuis suffisants à la Chambre ne se maintint que du 21 février au 1er mars 1930. Incontournable par sa présidence du groupe pivot de la Chambre, Charles Daniélou fut appelé au gouvernement mais cette fois avec rang de ministre : Chautemps lui confiait, le 21 février 1930, le ministère de la Marine marchande. Le Courrier du Finistère commentait, à sa manière, ce nouveau succès politique du maire de Locronan : « On savait, écrit Le Journal des Débats, que Daniélou se verrait récompensé par un petit portefeuille d’avoir voté contre Chéron et Tardieu9 »
8Après la chute de ce cabinet, l’hebdomadaire conservateur se félicitait de cet échec dans un article intitulé « La leçon de la crise » car cela montrait qu’un nouveau Cartel des gauches n’était désormais pas viable. D’ailleurs :
« Le ministère Chautemps-Daniélou était un défi au bon sens, un défi aux volontés les plus certaines du pays telles qu’elles se sont exprimées depuis la crise de juillet 192610 »
9Ce court passage au ministère de la Marine marchande avait déçu Daniélou mais les crises ministérielles donneraient sans doute l’occasion au président de la Gauche radicale de figurer à nouveau dans un gouvernement.
10Le Sénat renversa le deuxième ministère Tardieu le 4 décembre 1930 en profitant de la faillite du banquier Oustric dans laquelle Raoul Péret, ministre de la Justice, était gravement compromis. Le sénateur Jules Steeg forma un nouveau gouvernement auquel la Gauche radicale accepta de participer. Et, le 13 décembre 1930, Daniélou se voyait confier, une fois encore, la Marine marchande dans ce cabinet de centre gauche. C’était l’occasion pour Le Courrier du Finistère de lui consacrer une notice pleine d’ironie :
« M. Daniélou, ministre de la Marine marchande. Navigateur émérite est allé de la Mer blanche à la Mer rouge, du royalisme au cartellisme, sans s’y perdre corps et biens. N’a laissé en chemin que ses convictions, si peu consistantes qu’elles ont fondu comme du sel de la sagesse, puisqu’il misa sur le Cartel et gagna. D’où il suit que M. Briand, son ancien patron, se trompait absolument sur son compte quand il disait de lui : « le petit Daniélou... il est vraiment trop bête11 »
11Charles Daniélou participait donc ainsi, pour la seconde fois avec rang de ministre, à des gouvernements de centre gauche. Être à la tête de la Gauche radicale lui permit de jouer un rôle important lors des nombreuses tractations qui eurent lieu pour composer ces ministères d’alternance.
12Le nouveau ministre de la Marine marchande vint deux semaines après sa nomination inaugurer à Camaret un voilier de trois mâts : le Charles Daniélou12 Voir un navire-école porter son nom fit sans doute chaud au cœur du ministre dans la vie duquel la mer et les marins tenaient une grande place, non seulement à cause de ses origines douarnenistes, mais aussi par l’action qu’il mena comme député puis à la tête de la Marine marchande. L’inauguration du Charles Daniélou se fit en présence de quelques personnalités parmi lesquelles Jean Moulin. Les discours furent prononcés par le préfet, le président du Conseil Général et par le poète Saint-Pol-Roux.
13Président de la Gauche radicale depuis 1928, Charles Daniélou était incontournable dans cette Chambre issue des dernières législatives. Adversaire déclaré de Tardieu contre qui il vota chaque fois que l’occasion se présenta, il souhaitait favoriser une autre politique, une alternance avec l’appui des radicaux et des modérés. Cette tactique lui permit d’être à deux reprises au gouvernement. Éphémère ministre de la Marine marchande, il eut le temps de demander à la Chambre l’ouverture de crédits destinés à réparer les dommages causés à la flotte par la violente tempête des 18 et 20 septembre 1930.
14Il publia en 1930 un nouvel ouvrage chez Eugène Figuière : Paroles nationales. Il évoque dans ce livre tour à tour la politique, la natalité, l’économie ou la colonisation. Il y critiquait, par exemple, l’attitude de la SFIO qui refusa de participer au gouvernement : « En refusant de participer à l’action gouvernementale qui leur a été proposée, les socialistes ont perdu le bénéfice des résultats obtenus. Leur abstention fut une erreur de leur parti13 » Cet ouvrage est une suite de réflexions sur des thèmes très variés ; comme est diverse l’activité d’un homme politique, député-maire, président de groupe et ancien ministre. À la lecture de ce livre, le public pouvait mieux connaître : « L’un de ces représentants les plus avertis et les plus capables de défendre la cause nationale14 »
15Redevenu député après la chute de Steeg, Daniélou fut nommé rapporteur du programme naval en 1931 et 1932 car : « l’autorité qu’il avait acquise à la Chambre15 » ne fut pas diminuée par son entrée dans les différents gouvernements. D’ailleurs, en juin 1931, il défendit le projet de construction d’un nouveau cuirassé. Si ces années contribuèrent à affirmer davantage encore la présence de Daniélou à la Chambre et au gouvernement, 1931 et 1932 furent celles de la mort du maître mais aussi celles d’un nouvel âge d’or de sa vie politique.
La mort de Briand et les législatives de 1932
La fin d’une collaboration : la mort de Briand
16Charles Daniélou vécut de très près l’élection présidentielle de 1931 qui vit s’opposer Briand à Doumer. L’ancien président du Conseil, qui ne souhaitait pas se présenter, avait été poussé par une partie de son entourage. C’est ce que confirma Daniélou, témoin privilégié des hésitations et de l’échec de son patron qui lui avait toujours dit : « Vous ne me voyez tout de même pas dans ce rôle de représentation16! » Pour Daniélou, si certains membres de l’entourage de Briand le poussèrent à se présenter, le rôle joué par des hommes comme Laval et Tardieu avait également été important car ils voyaient là un bon moyen de faire quitter le Quai d’Orsay à l’inamovible Briand. Une fois sa décision prise, il déclarait à Daniélou :
« Après tout, qu’est-ce-que je risque ? J’ai besoin de repos. Si je suis élu, je me reposerai à l’Élysée qui est une maison bien tranquille, et si je ne suis pas élu, j’irai me mettre au vert à Cocherel17 »
17Daniélou et Loucheur accompagnèrent Briand tout au long de l’après-midi et de la soirée du 13 mai 1931. Ayant obtenu les soutiens des radicaux et des socialistes, il recueillit 401 voix mais le président du Sénat, Paul Doumer, qui était soutenu par une partie des radicaux et surtout par les modérés, en avait rassemblé 442. Distancé, Briand se retira après ce premier tour. Daniélou raconte : « Malgré tout le sang froid dont il était capable, Briand ressentit vivement son échec. Je ne l’avais jamais vu si exsangue [...]18 »
18Cet échec était le début de la fin pour Aristide Briand qui s’éteignait dans son appartement de l’avenue Kléber le 7 mars 1932. Membre du premier cercle auprès de lui, Daniélou fut un témoin privilégié de ces moments tragiques et assista aux obsèques de Briand à Cocherel où il accueillit le président du Conseil, Édouard Herriot, venu présider la cérémonie. La mort de Briand mettait fin à une longue collaboration et à leur amitié, car si Daniélou lui rendait quotidiennement visite au Quai d’Orsay, il le rejoignait également à Cocherel et à l’île Miliau : « Aux derniers jours de l’été, il m’arrivait souvent de venir retrouver Briand à Trébeurden, dans cette île où lui-même était l’hôte d’une amie19 » Là, sans doute parlaient-ils de politique mais plus encore de la mer ? : « Je devais une bonne part de la sympathie qu’il me témoigna au cours de sa vie à cette mer qui depuis notre enfance avait exercé sur l’un et sur l’autre de nous une emprise pour le moins égale20 »
19La rencontre d’Aristide Briand avait modifié la vie de Daniélou. Elle l’avait conduit à changer de camp politique et lui avait permis d’accéder aux responsabilités et d’être associé aux affaires aux côtés de Briand durant quinze mois. Entièrement dévoué à son « patron », Daniélou rendait hommage à l’apôtre de la paix : « Une seule pensée avait inspiré toute la vie politique d’A. Briand, la paix. [...] Paix sociale, paix des esprits, paix des nations ! Tel avait été tout le programme de sa vie21 » Le 10 mars 1932, Charles Daniélou ainsi que des amis intimes et des collaborateurs de Briand, tel que Peycelon, fondèrent une « société des amis d’A. Briand » dont l’objet était de veiller à la survivance de ses idées. Daniélou faisait partie du comité de direction chargé d’administrer l’association.
20En 1935, il publia Le vrai visage d’Arisitide Briand. Sans être véritablement une biographie, cet ouvrage retrace son enfance, sa jeunesse et raconte de nombreuses anecdotes sur Cocherel et sur les relations qu’entretenait Briand avec le personnel politique de l’époque. Ce livre, qui est un témoignage de Briand au quotidien, permettait à Daniélou de tordre le cou à certaines légendes, comme celle consistant à dire qu’il ne lisait pas : « Je n’ai pas souvenir d’être un jour entré dans sa chambre sans l’avoir trouvé assis à sa table et plongé dans un de ses livres22 » Mais au-delà de ces anecdotes, ce livre est un hommage à celui qui avait ouvert les portes d’une carrière politique nationale à Daniélou. À la lecture du Vrai visage d’A. Briand, les amis et des adversaires de Briand retrouvaient : « Les motifs qui leur firent aimer ou discuter l’homme qui n’eut d’autre programme que son amour de la paix : paix sociale, paix religieuse, paix internationale, triptyque émouvant à la réalisation duquel il a consacré toute sa vie23 »
21Avec cette disparition, Charles Daniélou perdait son plus puissant soutien politique. Quelle allait-être la suite de sa carrière ? Certains déclaraient déjà que sa vie politique était désormais finie. Les législatives de 1932 apporteraient un début de réponse.
Les législatives de 1932 : la rancune de Tardieu, l’aide de Jean Moulin
22En décembre 1931, Jean Moulin envoya une note à son préfet dans laquelle il évoquait la situation politique de la première circonscription de Châteaulin. À cette date, seul Daniélou s’était déclaré. Il aurait face à lui un candidat de droite, un socialiste et un communiste. Mais si les noms de Balanant, démocrate populaire, et de Masson, député socialiste qui quitterait la deuxième circonscription pour la première, et celui de Larvol, le nouveau conseiller général URD circulaient, aucun d’entre eux n’avait pour l’heure fait acte de candidature. Pour Jean Moulin, Daniélou se présenterait dans une situation au moins aussi bonne qu’en 1928 et serait sans doute élu sinon au premier tour, au moins facilement en cas de second : « À moins de candidature radical-socialiste ou républicaine-socialiste, hypothèse peu admissible24 » C’est pourtant ce cas de figure qui s’avéra exact et ce sont cinq candidats qui se lancèrent à la conquête de ce mandat détenu, sans discontinuer, par Daniélou depuis 1919.
23La droite, sans leader à opposer au député sortant, investit Louis Larvol lors de la réunion de la Fédération départementale de l’URD à Châteaulin, le 31 janvier 1932. Cet agriculteur de cinquante-cinq ans, maire de Plomodiern depuis 1919, venait d’être élu conseiller général de Châteaulin et bénéficiait de l’appui du clergé : il pourrait rassembler un grand nombre de suffrages sur son nom. Cependant, Jean Moulin estimait qu’il n’était pas « de taille à mettre en danger le député sortant25 » malgré sa bonne implantation dans les milieux paysans « où son chapeau breton et sa qualité de cultivateur26 » lui attirent des sympathies.
24À gauche, la SFIO présentait François Mével, agriculteur et maire de Saint-Rivoal. S’il pouvait rassembler de nombreuses voix dans les environs de sa commune où il jouit d’une certaine popularité : « Il ne semble pas que le Parti socialiste soit disposé à faire un gros effort en sa faveur. L’organe du parti Le Breton socialiste n’a pas dit un mot, dans son dernier numéro, de sa candidature27 » Si Mével ne pouvait espérer recueillir qu’un nombre de voix limité, son attitude, dans l’éventualité d’un second tour, pourrait influer sur les chances de Daniélou. Le Parti communiste avait investi, comme en 1928, Pierre Marot, un martin-pêcheur de quarante-cinq ans, conseiller municipal de Douarnenez. Cette candidature ne recueillerait qu’un nombre infime de suffrages et ne modifierait pas le résultat du scrutin.
25En revanche, une candidature étrange pourrait, à l’évidence, influer sur le déroulement et les résultats de cette élection. Celle de Jean Disarbois, commis principal au ministère de la Marine marchande, originaire de la presqu’île de Crozon, qui se présenta sous l’étiquette « radical indépendant de gauche ». Cet ancien cheminot de trente-sept ans qui fut révoqué pour propagande communiste puisait désormais ses arguments dans L’Ami du peuple28 ce quotidien antiparlementaire et antisémite fondé par le parfumeur Coty. Classé radical indépendant, Disarbois chasserait sur les terres électorales de Daniélou, ce qui était une vraie aubaine pour Larvol. Disarbois « cache sous une étiquette incolore une haine violente contre Daniélou29 ». Cette attitude n’était pas désintéressée. En effet, il « dispose pour ses tournées, affiches, etc., de fonds qui pourraient bien n’être pas uniquement le fruit de ses économies30 ». Il semble que la candidature de Disarbois ait été poussée afin de susciter une rivalité entre Daniélou et un autre candidat radical, concurrence qui profiterait à Larvol.
26Jean Moulin, comme Charles Daniélou, était convaincu que Disarbois était la créature de Tardieu qui avait juré d’avoir « la peau » du député-maire de Locronan. Cette candidature surprise, les moyens financiers dont il disposait pour sa campagne et la solide haine vouée à Daniélou tendent à confirmer cette hypothèse. D’ailleurs, l’attitude de Tardieu entre les deux tours devait corroborer cela définitivement.
27Charles Daniélou avait face à lui quatre adversaires. Député sortant, ancien ministre, président de la Gauche radicale, il bénéficiait d’un grand prestige :
« De par sa personnalité et le rôle qu’il a joué dans les conseils de gouvernements, M, Daniélou jouit d’une grande autorité, notamment auprès des populations maritimes. Très actif, ayant des vues larges, il a doté sa circonscription d’avantages certains dont lui sont reconnaissants les bénéficiaires31 »
28Daniélou avait œuvré pour que le tribunal de Châteaulin soit rétabli, fondé le syndicat d’électrification de Locronan dont il était le président, avait fait aboutir le projet d’agrandissement du port de Camaret et était intervenu pour que Landévennec soit le port de réserve de Brest. Classé au centre gauche, il avait contre lui la droite et notamment ceux qui lui « reprochent sourdement de les avoir abandonnés32 », mais aussi certains éléments qui, à gauche, « l’accusent, plus ou moins ouvertement, de tiédeur et aussi de ne pas obéir aux injonctions de leur chapelle33 ». Conservant toutefois un grand prestige, il recueillerait « un sérieux apport de voix personnelles34 ». Le 14 avril 1932, Jean Moulin estimait qu’en rassemblant un grand nombre de voix de gauche auxquelles viendraient s’ajouter des suffrages modérés et personnels, Daniélou devait « triompher au second tour de scrutin35 ». C’est une campagne rude qui opposa Daniélou à Larvol, et Disarbois s’affirma bien comme l’homme de Tardieu.
29Face aux professions de foi de Disarbois qui déclarait simplement que « rien absolument rien des belles promesses [de Daniélou] n’a été réalisé36 ! » et de Larvol qui jouait sur sa qualité de cultivateur et insistait sur la ruralité de la circonscription en déclarant qu’il était nécessaire d’avoir : « un représentant qui prenne à cœur les intérêts des paysans et non un député qui, uniquement préoccupé par les satisfactions personnelles, n’hésite pas à leur sacrifier les intérêts directs des électeurs37 » ; Charles Daniélou diffusait, dans une profession de foi dense et assez longue, ses promesses, ses projets, en huit points. Le député sortant insistait sur son profond enracinement dans cette circonscription et sur le travail qu’il y avait accompli depuis « un quart de siècle de vie politique au milieu38 » et au service de ses électeurs. La protection de la famille, les lois sociales, la protection de l’agriculture, le petit commerce, l’équilibre financier, la protection de la pêche, la sécurité et la paix, et les affaires locales formaient ses thèmes de campagne. Daniélou utilisait ses passages au gouvernement et ses fonctions à la Chambre pour impressionner les électeurs. Car dans ces temps troublés où des problèmes graves et nouveaux se posaient, il était, selon Daniélou, nécessaire d’avoir « l’expérience des choses publiques39 ».
30Il insistait sur ce qui faisait sa force et sur ce que Larvol n’avait pas : l’expérience et le bilan de vingt-cinq ans de vie politique locale et nationale. Le maire de Plomodiern apparaissait d’autant plus effacé qu’il refusait de rencontrer Daniélou lors de réunions contradictoires. Larvol préférait faire des visites à domicile et n’assurait aucune conférence, se dérobant « chaque fois que Daniélou le conviait à une réunion publique. Cette attitude ne laisse pas d’être commentée défavorablement40 ».
Une campagne musclée pour une victoire de Daniélou
31Le refus de Larvol de débattre avec Daniélou faisait dire au Bas Breton, sous le titre « Daniélou triomphe, Larvol se cache41 », que le maire de Plomodiern avait « un bœuf sur la langue42 ». Le Bas Breton évoquait les tournées du député sortant dans les communes de la circonscription mais n’attaquait pas Larvol à la mesure de la violente campagne orchestrée par Le Courrier du Finistère contre Daniélou. L’hebdomadaire conservateur employait le mode ironique, utilisait le passé politique de Daniélou pour tenter de le discréditer. Le 9 avril paraissait un article intitulé : « L’homme indispensable : qu’il disparaisse et la France est perdue43 ! » Évoquant la carrière ministérielle du maire de Locronan, le journaliste écrivait :
« Quart de ministre [Haut-commissaire], moitié de ministre [...] sans arriver à passer ministre tout à fait [...] ministre ? Non, intérimaire44 »
32La suite de l’article est encore plus ironique :
« Modestement, il déclare qu’il doit se classer parmi les hommes d’État. Boufre ! Richelieu, Talleyrand, Briand même n’ont qu’à bien se tenir ! Heureusement pour eux, ils sont morts : Charlik allait les éclipser45 »
33Le Courrier du Finistère attaquait, comme depuis 1924, l’évolution politique de Daniélou, ce qui n’était que des plus prévisibles. Ce qui l’était moins, en revanche, c’était l’attaque lancée le 23 avril :
« Et dites-nous donc, M. Daniélou, qu’est-ce que vous faisiez pendant la guerre ? Louis Larvol était au front lui. Et vous plus jeune que lui en pleine vigueur, où étiez-vous46 ? »
34On imagine ce que ce type d’argument peut susciter à la fois chez les anciens combattants et chez les plus jeunes. Pour Daniélou, mis en cause quatorze ans après la guerre, cette attaque était un coup bas auquel il devait répondre vigoureusement afin de tuer dans l’œuf une polémique qui ne pouvait que lui nuire et brouiller son image. Dès le lendemain, il répondait au directeur du Courrier du Finistère :
« Je n’ai pas l’habitude de répondre aux calomnies. Je les méprise. Mais il y a des limites que je ne saurais laisser dépasser. Vous écrivez que je n’ai pas été au front pendant la guerre et que mon adversaire y était. Vos informations sont fausses47 »
35Daniélou évoquait ensuite son engagement volontaire et ses diverses affectations en Flandre, Artois, Champagne et exigeait la publication de sa lettre à la même place que l’article incriminé. La campagne était acharnée et outre ce type d’attaques, Le Courrier du Finistère essayait de susciter l’adhésion des paysans pour le candidat conservateur en déclarant sans cesse que Daniélou se moquait du « paysan Larvol ». Ainsi, pouvait-on lire, le 16 avril 1932, sous le titre « Daniélou contre les paysans » :
« Récemment M. Daniélou disait : on présente contre moi un paysan ! Comment faire une campagne d’idées dans ces conditions ? Est-ce que M. Daniélou suppose que le paysan n’a pas d’esprit ? Est-ce pour cela qu’il vote contre les paysans48 ? »
36Larvol insista, durant toute sa campagne, sur sa profession de cultivateur, déclarant que son adversaire n’avait jamais rien fait pour eux. Mais lui, en revanche, étant un des leurs, serait bien placé pour servir les intérêts de cette circonscription rurale. Il masquait son inexpérience politique en valorisant un « passé neuf et droit49 ».
37Face à ces attaques, Daniélou diffusa un tract qui avait pour titre : « Larvol n’est pas le candidat des paysans50 » :
« [...] Il n’a aucune des qualités voulues pour faire un parlementaire. Il n’a jamais reçu qu’un commencement d’instruction primaire et est complètement dépourvu de toute culture intellectuelle. Il n’a pas la possibilité de discuter la moindre question économique, sociale ou financière - pas même les questions agricoles, comme il l’a lui-même démontré en se refusant à participer à aucune réunion publique pendant la campagne électorale51 »
38En déclarant plus loin que si Larvol lui était opposé c’était surtout parce que le camp conservateur n’avait trouvé personne d’autre, Daniélou était à son tour sans complaisance pour cet adversaire. Mais il cherchait aussi à ménager l’électorat paysan.
39Si Daniélou était naturellement attaqué sur sa droite, Disarbois, le candidat radical indépendant que l’on disait « ambitieux et vaniteux52 », menait toute sa campagne contre le député sortant en le poursuivant dans ses réunions et en répandant rumeurs et calomnies. Il était clair qu’il faisait ainsi le jeu de la droite et que sa seule ambition était de faire échec à la réélection de Daniélou. Il déclara d’ailleurs publiquement « qu’il valait mieux voter pour M. Larvol que pour M. Daniélou53 ». Disarbois n’était pas du tout attaqué par la presse conservatrice dont il était l’allié objectif. Seul, Le Bas Breton dénonçait « le communisant Disarbois qui a reçu mission de poursuivre Daniélou dans toutes ses réunions, faisant ainsi le jeu du réactionnaire Larvol [...]54 ». Troublant la campagne de Daniélou, Disarbois permettait à Larvol de mener en paix la sienne.
40Si la candidature parasitaire suscitée depuis Paris par Tardieu rendait difficile la campagne de Daniélou, celui-ci trouva sur place un auxiliaire d’importance : le sous-préfet de Châteaulin. Jean Moulin « se dépensa sans compter pour appuyer "son" candidat, faisant la tournée des notables locaux55 », ce qui ne plaisait évidemment pas au Progrès du Finistère qui déplorait qu’un sous-préfet fut mêlé à la campagne. Car Moulin avait parcouru la circonscription en demandant aux maires, relais électoraux essentiels, de soutenir la candidature Daniélou.
41Ce soutien était d’autant plus précieux pour le député sortant que le ton employé par l’organe local de la SFIO, Le Breton socialiste, faisait douter du bon report des voix socialistes en cas de second tour car on pouvait y lire le 9 avril que ce journal :
« N’a aucune raison de prendre la défense de M. Daniélou contre ses électeurs mécontents. L’écarter de la Chambre sera considéré par nous comme un geste d’assainissement, une mesure de sauvegarde, de revanche, de probité politique56 »
42L’attitude des socialistes, en cas de second tour, était donc des plus floue et leur soutien nullement assuré. Par ailleurs, quelle serait la conséquence, en nombre de voix, de la présence de Disarbois ? À la veille du premier tour, Charles Daniélou avait des raisons d’être inquiet.
43Le premier tour qui se déroula le 1er mai 1932, déboucha sur un ballottage. Avec 4 850 voix, Daniélou arrivait derrière Larvol qui en avait rassemblé 5 771. Disarbois avait obtenu 1 761 voix, Mével 1 577 et Marot
4414557Si Daniélou était distancé, il le devait à Disarbois qui, originaire de la presqu’île, avait obtenu 1 044 voix dans le canton de Crozon ; suffrages qui avaient conduit au ballottage. Daniélou, avec ses 4 850 voix, faisait moins bien qu’en 1928 : il avait alors recueilli 5 706 voix au premier tour. Le socialiste Mével perdait 1 348 voix par rapport à 1928, comme Marot du PCF qui avait 196 voix de moins. L’ensemble des candidats de gauche avait donc eu à souffrir de la présence de Disarbois. Mais c’est Daniélou qui payait le prix le plus élevé. De son côté, avec ses 5 771 voix, Larvol faisait mieux que le candidat conservateur de 1928 qui n’avait alors rassemblé que 4 843 suffrages.
45En comparaison à 1928, Charles Daniélou perdait des voix dans trois cantons sur quatre (Crozon, Le Faou, Pleyben) mais augmentait son score dans celui de Châteaulin : 2 092 voix contre 1 878 quatre ans plus tôt. Ces résultats provoquèrent le joie du Courrier du Finistère :
« Larvol arrive en tête magnifiquement. M. Daniélou peut bien déverser sur lui tout son dédain de parvenu pour le candidat « paysan » : le candidat « paysan » l’a battu, et de loin58 ! »
46Quant à Daniélou, il déclarait qu’avec 4 850 voix :
« La République triomphe [...] malgré une campagne de mensonges, de calomnies, de corruption, comme nous n’en n’avions jamais connue59 »
47La situation de Daniélou était préoccupante. Il lui fallait maintenant impérativement réussir à faire le plein des voix de gauche. L’aide du sous-préfet serait à nouveau précieuse. Mais André Tardieu en décida autrement : prévenu que Moulin était favorable à Daniélou, il le convoqua à Paris et lui ordonna d’y rester jusqu’après les élections.
Tardieu « n’ayant pu avoir la peau de Daniélou [qu’il a juré d’avoir], a voulu assouvir sa petite vengeance sur son sous-préfet. C’est pourquoi j’ai été convoqué par le ministre de l’Intérieur [Albert Mahieu] qui m’a reçu en personne ce matin60 »
48En contraignant Jean Moulin à rester à Paris jusqu’au samedi 7 mai afin de l’empêcher d’œuvrer en faveur de « son » député, il était clair que Tardieu manœuvrait, intriguait, pour nuire à Daniélou. Cela corroborait les soupçons planant sur l’origine de la candidature de Disarbois, l’homme de Tardieu. Mais Disarbois annonçait le 3 mai 1932 son retrait de la campagne et son désistement en faveur de... Daniélou61. Si le socialiste se désistait aussi en faveur de Daniélou, le communiste Marot se maintenait, tout comme Petitot, socialiste communiste, nouvellement déclaré. La situation électorale, le 5 mai 1932, était la suivante :
« M. Larvol a des chances sérieuses de succès, mais M. Daniélou en faveur de qui se sont désistés MM. Disarbois et Mével, semble n’en avoir pas moins. Toutefois, la candidature de M. Petitot paraît à son désavantage et, de toute façon, le candidat le plus favorisé l’emportera de peu sur son concurrent62 »
49Le second tour, qui se déroula le 8 mai 1932, déboucha sur une nouvelle victoire de Charles Daniélou : avec 7 341 suffrages, il devançait de 802 voix Larvol qui n’en avait rassemblé que 6 539. Daniélou avait pleinement bénéficié des reports de voix du candidat socialiste et sans doute d’une partie de celles de Disarbois. Sans réserve de suffrages, Larvol n’avait augmenté son score que de 668 voix ; résultat bien insuffisant pour battre un député sortant bien implanté, bénéficiant de relais électoraux et du travail effectué avant le premier tour par Jean Moulin. La discipline républicaine avait sauvé Daniélou. Ce succès n’était naturellement pas du goût du Courrier du Finistère qui prévoyait l’avenir politique du vainqueur à sa manière :
« M. Daniélou, dont le drapeau se teinte de plus de rouge à chaque élection (il faut bien ! Les temps sont durs) sera choisi pour porter le drapeau de l’internationale, en 1936. Cela ni ne l’étonnera ni le changera63 »
50Satisfait des résultats nationaux qui voyaient la défaite de la majorité conduite par le président du Conseil Tardieu, Daniélou exprimait sa joie dans Le Bas Breton :
« Demain, grâce à vous, la France dirigée par une majorité de gauche, reprendra ses glorieuses destinées dans le cadre de nos institutions républicaines délivrées par votre énergie du régime fasciste qui les menaçait64 »
Une tentative avortée : celle de constituer le groupe Républicain radical
51Au lendemain de ces élections qui virent une majorité de gauche s’installer à la Chambre, Charles Daniélou, ainsi que d’autres membres de la Gauche radicale, tentèrent de fonder un nouveau groupe parlementaire : le groupe Républicain radical. Ce groupe se placerait immédiatement à la droite des radicaux socialistes et accepterait de soutenir un gouvernement ayant le soutien socialiste, avec ou sans participation. Ses membres seraient prêts à entrer dans un ministère de gauche. Mais ce projet tourna rapidement court car Daniélou et ses amis ne purent réunir suffisamment de députés pour former leur groupe. Ils rejoignirent alors la Gauche radicale qui, selon Le Courrier du Finistère : « n’a même pas tué un demi veau pour le retour de ses petits prodiges65 ». Charles Daniélou s’inscrivit à la commission de la Marine militaire ainsi qu’à celle des Assurances et de la prévoyance sociale et fut nommé au comité consultatif des entreprises de capitalisation et d’épargne. En octobre 1933, le ministre du Travail, Dalimier, le désigna pour faire partie de la commission supérieure des allocations familiales, nouvellement instituée.
52Le 7 août 1932, l’organisation Gwenn ha Du fit exploser le monument rappelant le traité d’union de la Bretagne à la France situé dans la niche de l’Hôtel de ville de Rennes. En novembre, ce même groupe coupait, à la limite de l’ancien duché, la voie ferrée par laquelle arrivait Édouard Herriot, président du Conseil, qui se rendait à Nantes inaugurer une plaque commémorant le traité de 1532. Face à ces événements, Charles Daniélou, régionaliste de l’URB66, fit partie des députés Finistériens tels que Cadoret, Mazé ou Perrot, qui contactèrent Herriot pour l’assurer de :
« La fidélité et du loyalisme des populations qu’ils représentent envers la France et pour lui marquer leur affection respectueuse67 »
53Ces députés jugeaient ce geste d’autant plus inadmissible qu’il était dirigé contre Herriot qui avait « toujours marqué sa sollicitude envers leur belle province qu’il connaît particulièrement68 » et surtout parce qu’il était « le premier président du Conseil à lui rendre officiellement visite69 ». Daniélou ne soutenait ni de près ni de loin les menées séparatistes de Gwenn ha Du et s’il était sensible à l’idée régionaliste, il ne pouvait la concevoir qu’au sein de la nation française. Il était resté fidèle à l’URB malgré son passage à gauche ; une gauche pourtant si éloignée du conservatisme social prôné par le marquis de l’Estourbeillon.
54Afin de célébrer la victoire électorale de Daniélou, un banquet républicain fut organisé à Pont-de-Buis, le 16 octobre 1932. Autour du député réélu étaient réunis : Georges Le Bail, Le Gorgeu et Lancien tous trois sénateurs, les députés Albert Le Bail, Perrot et Cadoret et de nombreux maires parmi lesquels ceux d’Argol, de Ploéven, de Camaret et de Châteaulin. Cinq cent personnes étaient présentes à ce banquet « offert par le syndicat d’initiative et la population ouvrier70 » de Pont-de-Buis ; ce qui se voulait révélateur de l’attachement des ouvriers au député radical. Jean Moulin était également présent. Justifiant sa venue, il déclara que :
« [...] Représentant un gouvernement républicain qui a la plus vive estime pour le député de Châteaulin, j’ai tenu à m’associer entièrement à cette manifestation et à venir apporter à M. Daniélou l’expression de la sympathie des chefs éminents qui président aux destinées de notre pays71 »
55Puis, chacune des personnalités présentes fit un discours ; certaines préconisaient l’union des gauches, d’autres, comme Le Gorgeu, déclaraient que si les adversaires de droite s’étaient autant acharnés contre Daniélou cela prouvait : « qu’ils avaient conscience de la place importante72 » que Daniélou occupait à la Chambre. Georges Le Bail, après avoir, comme à son habitude, salué la mémoire d’Eugène Daniélou ; « ami pour lequel [il] conserve sa plus grande admiration73 », se félicitait du succès de Charles et de l’échec de « ceux qui voulaient avoir sa peau74 ». Daniélou évoqua aussi la rancune de Tardieu : « nous avons connu, pour leur avoir refusé notre collaboration, la violence de leurs ressentiments75 ». Cette rancune avait bien failli lui coûter son mandat de député, ce qui aurait du même coup mis un terme à sa carrière politique au plan national. Député dans une Chambre à majorité de gauche, il pouvait espérer faire partie des ministères à venir, même si, avec la disparition de Briand, il avait perdu son plus puissant appui.
Onze mois à la tête du jeune ministère de la Santé publique (décembre 1932-octobre 1933)
Ministre de Paul-Boncour et de Daladier
Ministre de Joseph Paul-Boncour (18 décembre 1932-30 janvier 1933)
56La chute du ministère Herriot conduisit le Président de la République, Albert Lebrun, à charger Paul-Boncour, sénateur du Loir-et-Cher, de former un nouveau gouvernement. La majorité de gauche, issue des législatives de 1932, l’amena à constituer un gouvernement à ossature radicale avec quelques représentants du centre. Si ce ministère était très proche du précédent, le président du Conseil avait souhaité l’élargir sur la droite et le centre. C’est dans ces conditions que Charles Daniélou fut sollicité pour y figurer. Député de la Gauche radicale, il représentait l’élément centre gauche. Il était clair que : « La présence d’hommes comme Laurent-Eynac ou Charles Daniélou constituait un gage donné aux modérés76 »
57Charles Daniélou entra dans ce gouvernement, le 18 décembre 1932, comme ministre de la Santé publique. L’obtention d’un ministère par le maire de Locronan avait constitué une réelle surprise, même pour le sous-préfet de Châteaulin :
« [...] Daniélou a décroché la timbale. Qui aurait dit ça il y a quelques mois ! [...] Car ses ennemis et hélas ses amis avaient déclaré qu’il ne serait plus jamais ministre puisque Briand avait disparu. Il a fort heureusement plus d’un tour dans son sac77 ! »
58De son côté, Jean Moulin était appelé comme chef adjoint de cabinet de Pierre Cot, sous-secrétaire d’État aux Affaires étrangères. Ainsi, avec des responsabilités différentes, le député et le sous-préfet de Châteaulin étaient tous deux appelés au gouvernement. Cette nomination surprise au ministère de la Santé publique fut accueillie avec ironie par Le Courrier du Finistère :
« C’est M. Daniélou qui reçoit la Santé. Le malheureux élu du Cartel ne peut s’élever très haut, si l’on ose dire, sur l’échelle des portefeuilles. Il suffit d’y être. Il se contente de ce qu’il peut78 »
59Si être en charge du ministère de la Santé n’était, selon Le Courrier du Finistère, pas très reluisant, il reconnaissait tout de même :
« [...] En tout esprit de justice, que la mortalité générale ne s’accroît pas à proportion de l’incompétence du « patron » de la Santé publique. Courage79 ! »
60Ce courage s’adressait-il au ministre ou aux futurs malades ? Le nouvel an fut l’occasion pour le ministre de revenir dans le Finistère. Il reçut, le lundi 2 janvier 1933, son conseil municipal et quelques amis à Kergwénolé puis se rendit accompagné de Larquet, préfet du Finistère, et de son fils, François, qui était alors son secrétaire particulier, à la sous-préfecture de Châteaulin où il fut reçu par Jean Moulin. Ce fut pour lui l’occasion de justifier sa présence au gouvernement en déclarant qu’ainsi il « défendait une politique de gauche80 » et souhaitait que l’année qui débutait soit justement celle de l’union des gauches. Cette visite ministérielle ne fut pas du goût du Courrier du Finistère qui affirmait que des malades avaient été spécialement convoqués pour être présentés au ministre :
« On sait qu’ils vinrent peu nombreux n’ayant qu’une confiance très limitée dans les vertus curatives du ministre81 »
61Charles Daniélou, ministre thaumaturge ! Le 28 janvier 1933, le ministère Paul-Boncour fut renversé par la Chambre lors de la présentation des projets financiers. Daniélou n’était-il donc destiné qu’à être un ministre éphémère ? Les radicaux, maîtres du jeu, feraient-ils encore appel à lui ?
Ministre d’Édouard Daladier (31 janvier 1933-25 octobre 1933)
62Edouard Daladier forma un nouveau gouvernement dans la lignée des deux précédents. Ce ministère essentiellement radical était consolidé par la présence de Paul-Boncour au Quai d’Orsay et :
« Étayé vers la droite par les modérés Georges Leygues, Laurent-Eynac et Charles Daniélou82 »
63Édouard Daladier souhaitait voir Daniélou conserver le ministère de la Santé et le confirmait dans ses fonctions le 31 janvier 1933. Daniélou était donc une nouvelle fois ministre car il permettait de renforcer l’élément centre gauche du premier ministère Daladier. Au cours de la législature issue des élections de 1932 : « Les ministres bretons [eurent] une influence et une présence encore plus réduite que par le passé83 » Daniélou était le seul Breton à figurer dans les gouvernements Paul-Boncour et Daladier avec rang de ministre. En effet, l’autre Breton, Guy La Chambre, député d’Ille-et-Vilaine, était quant à lui sous-secrétaire d’État à la Guerre dans le cabinet Paul-Boncour puis à la présidence du Conseil dans celui de Daladier.
64La confirmation de Daniélou au ministère de la Santé publique permettait au Courrier du Finistère d’ironiser sur l’espérance de vie du gouvernement Daladier. En effet, dans un article intitulé « M. Daniélou, ministre éphémère », l’hebdomadaire conservateur annonçait :
« M. Daladier a repris M. Daniélou dans son équipe. Tout le monde pense que ce n’est pas un gage de longue vie84 »
65Le même hebdomadaire conseillait au président du Conseil de se priver de Daniélou car « il porte la guigne85 » et s’il « quitte ses opinions politiques à sa volonté ; il quitte ses portefeuilles contre sa volonté86 ». Le Courrier du Finistère publia en ce début d’année un poème de jeunesse de Daniélou paru le 2 juillet 1903 dans La Libre parole, à l’époque où il était membre de la Ligue de la patrie française. Daniélou évoquait les ministres « aux regards trompeurs87 » et à la « face sinistre88 » qui seraient un jour châtiés par le peuple :
« Mais un jour, la foule blasée
Se glissera sur leur chemin
Et bondira, le fer en main
Dans le palais de l’Élysée89 »
66Il est vrai que depuis cette époque Charles Daniélou était lui aussi entré à l’Élysée, un portefeuille sous le bras. Ministre de la Santé pendant près d’un an, il œuvra dans de nombreux domaines.
L’action de Daniélou ministre de la Santé publique
67Nommé ministre le 18 décembre 1932, Charles Daniélou prenait possession, rue Tilsitt, d’un jeune ministère, créé en mars 1930, par André Tardieu, afin de prendre en compte les problèmes démographiques. Ministre de la Santé publique durant onze mois, il déclara que ce ministère devait faire un effort de concentration administrative et de synthèse technique.
68La première intervention de Daniélou en tant que ministre de la Santé eut lieu le 17 février 1933 quand il fut interpellé à la Chambre sur les fraudes commises au concours de l’internat de 1932. Des candidats avaient marqué leurs copies afin que des correcteurs, complices, puissent les sur-noter. L’affaire fut révélée et les résultats de l’enquête amenèrent Daniélou à annuler le concours. De nouvelles épreuves furent organisées et, afin de ne pas pénaliser les candidats honnêtes, le ministre décida de majorer d’un point et demi leurs notes. Mais, dans le même temps, il réclamait des sanctions contre dix-sept candidats dont la culpabilité était prouvée et contre les correcteurs complices. En fin de débat, Daniélou déclarait :
« C’est une circonstance douloureuse, croyez-le bien et vous le sentez comme moi, qu’un tel débat ait pu se dérouler dans cette assemblée, et qu’un ministre de la Santé publique ait été appelé à fournir des explications sur des fraudes commises en matière d’examen, pour des hommes qui entre tous devraient inspirer une confiance indiscutable90 »
69Le 8 mars 1933, Charles Daniélou prononça un discours programme au Sénat. Il déclarait souhaiter faire établir une carte sanitaire du pays et subordonner la création d’établissements hospitaliers ou sanitaires à l’approbation du ministère. Il justifiait ce renforcement des prérogatives de l’État ainsi :
« Messieurs, je ne suis pas un étatiste en matière d’hygiène et de Santé publique, je sais trop ce que nous devons à une collaboration de l’initiative privée, mais je suis convaincu que celle-ci ne sera pas diminuée en écoutant les sages avis de nos conseillers techniques qui sont les maîtres de science. La participation de l’État veut qu’il ne soit fait de ces crédits qu’un usage d’une utilité incontournable91 »
70Daniélou affirma avec force vouloir faire revivre, dans l’administration des organismes constructeurs de logements sociaux à bon marché :
« L’esprit philanthropique et social que le législateur à voulu et qui tendait à disparaître dans l’affairisme de notre temps92 »
71Les sujets d’intervention du ministre de la Santé publique se rattachèrent aux problèmes démographiques (natalité, hygiène, enfance), aux allocations familiales, à l’assistance publique et à la lutte contre la tuberculose. Il intervint aussi en faveur des habitations à bon marché ou pour bâtir une organisation sanitaire départementale.
72Charles Daniélou était préoccupé par les problèmes que connaissait la France en matière de natalité. En effet, les années trente voyaient les classes « creuses », décimées par la guerre, arriver à l’âge de la procréation, d’où un important déficit de naissances. S’il pouvait se féliciter, devant le Conseil supérieur de la natalité, de représenter depuis longtemps « une région qui peut être donnée en exemple au reste du pays au point de vue de la natalité93 » la situation du pays l’inquiétait beaucoup. Il devait d’ailleurs l’évoquer durant la semaine de l’enfance, le 13 mai 1933 :
« À aucun moment peut-être de notre glorieuse histoire un ministre chargé de la Santé publique ne s’est trouvé en face d’une situation plus angoissante qu’aujourd’hui94 »
73En effet, la dépopulation menaçante était dangereuse pour l’avenir du pays. Il replaça l’action menée en faveur de la santé dans un contexte politique plus global et rendit un hommage appuyé à la politique de paix menée par Briand :
« Il ne servirait à rien de garder nos enfants des maladies de la nature, si leur adolescence devait être vouée, au milieu des pires souffrances, à une mort prématurée par les armes95 »
74Mais, l’important était, pour faire face à la menace, d’avoir un peuple fort, sain et nombreux. La natalité lui apparaissait alors comme la seule cause qui « importe car il ne s’agit rien de moins que de la sauvegarde du pays qui repose sur la famille et l’enfant96 ».
75Face à ce problème important, l’État avait décidé de développer une politique d’incitation à travers la loi Loucheur qui favorisait les familles pour l’attribution des logements sociaux, et par les allocations familiales. L’administration des Habitations à Bon Marché, créée par la loi Loucheur du 13 juillet 1928, dépendait du ministère de la Santé. Daniélou intervint donc à plusieurs reprises à ce sujet. Le 11 juin 1933, il défendit cette loi qui avait permis, grâce à l’aide de l’État, de développer un important programme de construction d’habitations à loyers modérés : « Vous pouvez compter sur mon esprit social, continuateur de l’esprit des Ribot et des Loucheur pour [...] » (faire en sorte que la loi Loucheur) « entre d’une manière définitive dans notre législation régulière [...]97 ».
76Un mois plus tard, le 11 juillet 1933, Daniélou déclarait vouloir réformer l’article 20 de la loi Loucheur afin d’en favoriser l’application pour l’amélioration de l’habitation rurale. Ministre de la Santé, il faisait le lien entre logement et hygiène de vie. Vantant les mérites des HBM dont les « larges baies98 » remplacent désormais « les petites ouvertures de jadis à peine plus larges que des meurtrières de donjon99 », il jugeait que rien n’était plus important que l’air, la lumière et l’eau, et que cette loi permettait le développement physique et moral de la famille par l’accès à la propriété.
77« La propagande doit constituer une des activités essentielles d’un ministère de la Santé publique100 » En effet, pour Daniélou, la communication devait permettre de faire connaître les enseignements de l’hygiène partout en France mais aussi de combattre les fléaux sociaux.
78De l’action de Charles Daniélou au ministère de la Santé publique, il est possible de retenir trois grandes préoccupations. Son interpellation à la Chambre en plein scandale des fraudes de l’internat, sa proposition de loi concernant les HBM et les loyers modérés ainsi que son intervention, en mars 1933, dans la discussion du budget car, malgré les difficultés financières, et alors que bien des ministères voyaient leur budget diminuer, Daniélou parvint à maintenir le budget du ministère de la Santé. Très occupé par ses responsabilités ministérielles, Charles Daniélou ne retournait dans le Finistère qu’à de très longs intervalles. Il bénéficiait de la présence de « son » sous-préfet sur le terrain pour « tenir en mains la circonscription101 » pendant son absence. En effet, Jean Moulin, qui fit partie du cabinet de Pierre Cot dans le Ministère Paul-Boncour, avait décliné l’offre que lui fit Cot d’entrer à nouveau dans son cabinet au ministère de l’Air. Il préférait retrouver Châteaulin afin d’avoir toutes les chances de devenir sous-préfet de première classe. Ce choix satisfaisait Daniélou qui « n’avait pas, malgré un accord de surface, vu d’un très bon œil [son] départ de Châteaulin102 ». Le 24 octobre 1933, le gouvernement Daladier, abandonné par les socialistes, fut renversé. Daniélou redevenait député. Sans doute espérait-il faire partie des nouvelles combinaisons menées par les radicaux.
Notes de bas de page
1 Daniel Cordier, Jean Moulin, l’inconnu du Panthéon, tome 1, Une ambition pour la République, Paris, Jean-Claude Lattès, 1989, p. 539.
2 Lettre de Charles Daniélou à Antonin Moulin, 13 janviers 1930, cité par D. Cordier dans Jean Moulin [...], op. cit. p. 817.
3 Daniel Cordier, Jean Moulin [...], op. cit, p. 556.
4 . Idem, p. 579.
5 Le Bas Breton, 15 février 1930.
6 Idem.
7 Le Progrès du Finistère, 15 février 1930.
8 Jean-Marie Mayeur, La vie politique [...], op. cit., p. 293.
9 Le Courrier du Finistère, 1er mars 1930.
10 Idem, 8 mars 1930.
11 Ibidem, 10 janvier 1930.
12 Lettre de Sophie Bassouls à l’auteur, 13 avril 1993. Information confirmée par D. Cordier dans Jean Moulin [...], op. cit. p. 556.
13 Charles Daniélou, Paroles nationales, op. cit. p. 11.
14 Idem, p. 1.
15 Jean Jolly, Dictionnaire des parlementaires [...], op. cit., p. 1935.
16 Charles Daniélou, Dans l’intimité de [...], op. cit., p. 345.
17 Idem, p. 347.
18 Ibidem, p. 349.
19 Charles Daniélou, Dans l’intimité de [...], op. cit., p. 181.
20 Idem, p. 181.
21 Ibidem, p. 355.
22 Charles Daniélou, Le vrai visage d’Aristide Briand, Paris, Eugène Figuière, 1935, p. 75.
23 Jaffrennou, An Oaled, 1935, p. 416.
24 ADF 3 M 324, fiche sur C. Daniélou, sous-préfet de Châteaulin à préfet, décembre 1931.
25 . ADF 3 M 324, sous-préfet de Châteaulin à préfet, le 14 avril 1932.
26 ADF 3 M 324, sous-préfet de Châteaulin à préfet, le 14 avril 1932.
27 . Ibidem.
28 Ibidem.
29 Ibidem.
30 Ibidem.
31 ADF 3 M 324, fiche sur Daniélou, sous-préfet de Châteaulin à préfet, le 2 mars 1932.
32 Idem.
33 Ibidem.
34 ADF 3 M 324, sous-préfet de Châteaulin à préfet, le 2 mars 1932.
35 Idem, le 14 avril 1932.
36 ADF 3 M 324, profession de foi de Disarbois, 1932.
37 ADF 3 M 324, profession de foi de Larvol, 1932.
38 ADF 3 M 324, profession de foi de Daniélou, 1932.
39 Idem.
40 ADF 3 M 324, sous-préfet de Châteaulin à préfet, le 14 avril 1932.
41 Le Bas Breton, 16 avril 1932.
42 Le Bas Breton, 16 avril 1932.
43 Le Courrier du Finistère, 9 avril 1932.
44 Le Courrier du Finistère, 9 avril 1932.
45 Ibidem.
46 Le Courrier du Finistère, 23 avril 1932.
47 Idem, 30 avril 1932.
48 Ibidem, 16 avril 1932.
49 Ibidem.
50 ADF 3 M 324, tract de Daniélou, législatives de 1932.
51 Idem, 5 mai 1928.
52 ADF 3 M 324, commissaire spécial de police de Brest à préfet, le 20 novembre 1932.
53 ADF 3 M 324, sous-préfet de Châteaulin à préfet, le 27 avril 1932.
54 Le Bas Breton, 23 avril 1932.
55 Daniel Cordier, Jean Moulin [...], op. cit., p. 561.
56 Le Breton socialiste, 9 avril 1932.
57 ADF 3 M 322, élections législatives de 1932.
58 Le Courrier du Finistère, 7 mai 1932.
59 Le Bas Breton, 7 mai 1932.
60 Lettre de Jean Moulin à son père, le 5 mai 1932, citée par Daniel Cordier, Jean Moulin (...],op. cit., p. 563.
61 ADF 3 M 324, lettre du préfet au ministre de l’Intérieur, le 5 mai 1932.
62 Idem.
63 Le Courrier du Finistère, 14 mai 1932.
64 Le Bas Breton, 14 mai 1932.
65 Le Courrier du Finistère, 18 juin 1932.
66 Daniélou était toujours membre de l’URB malgré le caractère conservateur de l’organisation.
67 et. Le Bas Breton, 26 novembre 1932.
68 Idem.
69 Ibidem.
70 Ibidem, 22 octobre 1932.
71 Ibidem.
72 Ibidem.
73 Ibidem.
74 Ibidem.
75 Ibidem.
76 Serge Berstein, Histoire du Parti radical, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1980-1982, p. 253.
77 Lettre de Jean Moulin à Laure Moulin, 20 décembre 1932, cité par Daniel Cordier, Jean Moulin [...], op. cit., p. 828.
78 Le Courrier du Finistère, 24 décembre 1932.
79 Idem.
80 Le Bas Breton, 7 janvier 1933.
81 Le Courrier du Finistère, 7 janvier 1933.
82 Serge Berstein, Histoire du Parti radical, op. cit., p. 259.
83 Histoire de la Bretagne et des pays celtiques, op. cit., p. 108.
84 Le Courrier du Finistère, 4 février 1933.
85 Le Courrier du Finistère, 4 février 1933.
86 Ibidem.
87 Ibidem, 28 janvier 1933.
88 Ibidem.
89 Ibidem.
90 Charles Daniélou, La Santé publique, Paris, Eugène Figuière, 1936, p. 42.
91 Idem, p. 22.
92 Ibidem, p. 23.
93 Ibidem, p. 72.
94 Ibidem, p. 108.
95 Ibidem, p. 99.
96 Ibidem, p. 75.
97 Ibidem, p. 131.
98 Ibidem, p. 236.
99 Ibidem, p. 236.
100 Ibidem, p. 12.
101 Daniel Cordier, Jean Moulin [...], op. cit., p. 575.
102 Idem, p. 575.
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