Introduction
p. 11-12
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Index géographique : France
Texte intégral
1Le Finistère a fourni peu de personnalités politiques d’envergure nationale. Un homme a pourtant mené une importante carrière sous la Troisième république ; carrière aujourd’hui largement méconnue. Ce Finistérien, Charles Daniélou, a eu une trajectoire politique brillante et atypique : jeune poète, il part tenter l’aventure littéraire à Paris, devient ligueur d’extrême droite lors de l’affaire Dreyfus, puis député conservateur en 1910, maire de Locronan, et passe plus de vingt ans à droite. Après la Première Guerre mondiale, il rompt avec son camp pour rejoindre Aristide Briand et la gauche et débute une carrière riche de plusieurs temps forts : il est réélu député, devient sous-secrétaire d’État puis président de la Gauche radicale et plusieurs fois ministre.
2Son parcours fut hors du commun, sa notoriété grande, et son itinéraire original. Car rares sont les hommes politiques qui, longtemps engagés à droite, évoluent vers la gauche et accèdent ensuite à d’importantes responsabilités. Or, pour Daniélou, c’est cette évolution qui lui a ouvert les portes des ministères et qui fut la clé d’une carrière d’envergure nationale.
3Sa vie ne fut pas linéaire. Elle fut celle d’un personnage complexe dont l’itinéraire politique fut marqué par des ruptures, des engagements contraires mais aussi des fidélités. Son action politique a eu des incidences à tous les niveaux : du plan local aux affaires internationales. Alors comment expliquer l’oubli dans lequel est tombé celui qui fut « l’une des personnalités politiques les plus en vue dans le Finistère [...] dont la notoriété a été grande sur le plan national et même international1 » ? Mais plus que le problème posé par cet oubli, étudier la carrière de Charles Daniélou entraîne de multiples questions : comment jeune homme se retrouve-t-il à Paris, au moment de l’affaire Dreyfus, aux côtés d’écrivains prestigieux, puis comment devient-il membre d’une ligue antidreyfusarde alors qu’il avait été élevé par un père, maire de Douarnenez, républicain et anticlérical ? Engagé à droite pendant une vingtaine d’années, comment devient-il un des proches collaborateurs de Briand et comment entre-t-il au sein des gouvernements du Cartel des gauches en 1925-1926 ? Par quel tour de force réussit-il à se faire accepter par son nouveau camp et à donner un nouvel essor à sa carrière entre 1928 et 1933 ? Voilà quelques-unes des questions que pose l’étonnant parcours de ce Finistérien en politique.
4Il est d’autant plus étrange que rien, ou si peu, n’ait été écrit sur lui et qu’il n’ait laissé dans les mémoires que peu de choses : le souvenir d’un maire radical, artisan de l’essor de Locronan, ministre à plusieurs reprises et surtout père du célèbre cardinal Jean Daniélou. Les dictionnaires de parlementaires ou de ministres lui consacrent bien quelques lignes mais au total on s’aperçoit que son action politique est méconnue, que Charles Daniélou est un oublié. De cette personnalité, jamais étudiée, on ignorait tout ou presque. Le défi de ce travail consistait donc à tenter de reconstituer son parcours politique.
5La diversité et la complémentarité des sources utilisées ont permis de retrouver assez d’éléments pour apprécier l’étendue de son action politique. Les témoignages de membres de la famille Daniélou, la lecture de la majeure partie des ouvrages qu’il écrivit, la consultation de nombreuses liasses de documents aux archives départementales du Finistère, de bulletins, de revues et de la presse, avec notamment le dépouillement systématique du Courrier du Finistère et du Bas Breton, ont permis de suivre, au plus près, le déroulement de sa carrière politique et de mieux apprécier, au-delà de ces moments particuliers que sont les élections, le climat, l’atmosphère, les enjeux politiques et l’action du maire, du député, du ministre que fut Charles Daniélou.
6Cette biographie présente les origines, la jeunesse et surtout l’engagement et l’action du conservateur régionaliste que fut Charles Daniélou jusqu’aux années 1919-1920. Elle retrace ensuite son évolution politique vers la gauche, sa montée en puissance auprès d’Aristide Briand et les âges d’or de sa carrière, avant d’évoquer le soir de sa vie.
Notes de bas de page
1 . Le Télégramme de Brest, « M. Daniélou vient de mourir », 2-3 janvier 1954
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