Du déni à l’exclusion. La condition juridique du métis en Nouvelle-Espagne au XVIe siècle
p. 61-73
Texte intégral
1Le métis est le produit dans sa chair de la rencontre entre le nouveau monde et l’ancien monde. Il est le fruit de l’union d’un Européen et d’une Indienne. Son histoire se confond avec celle de la conquête et de la colonisation. Si le métis existe dès le début de la période coloniale en Nouvelle Espagne, il ne forme pas pour autant aussitôt une entité particulière. Il y a des métis ou plutôt des enfants d’Espagnol et d’Indienne, mais pas de groupe métis. Ce n’est en fait que progressivement au cours du XVIe siècle que s’élabore la catégorisation et la classification des individus dans des groupes en fonction de leurs origines, de leurs parents ou de leur couleur de peau.
2Quelle place alors est faite aux métis dans la Nouvelle-Espagne du XVIe siècle ? Comment cette catégorie sociale a été comprise à l’époque de la construction de la société coloniale par le pouvoir à travers la législation ? Par ailleurs, peut-on saisir dans la documentation officielle des évolutions dans la façon dont des métis sont perçus ?
Le temps des républiques
Les enfants d’Espagnols et d’Indiennes
3Le métissage est une réalité en Nouvelle-Espagne dès l’époque de la Conquête. Les conquistadors ont reçu des femmes des caciques afin de fortifier des alliances avec les cités ennemies de Mexico-Tenochtitlan ou en signe de soumission. En 1519, Hernán Cortés reçoit à Tlaxcala, cinq belles Indiennes, toutes filles de caciques. Elles sont aussitôt baptisées dans un ancien temple vidé de ses idoles, blanchi à la chaux et orné d’une croix et d’une image de la Vierge. Une des femmes, doña Luisa, est donnée à Pedro de Alvarado, le principal capitaine de Cortés. Ils auront ensemble deux enfants, Pedro et Leonor1. Ils n’ont pas attendu ces dispositions pour fréquenter les Indiennes. Les Espagnols se sont appropriés des femmes d’Indiens vaincus. La conquête a généré son lot de violences, et celles faites aux femmes (rapts et viols) en font malheureusement partie. Le conquistador Bernal Díaz del Castillo s’en fait l’écho2. Les conquérants ont vécu sur le pays. Il n’est pas certain que ces femmes aient été bien considérées par les Espagnols et que les enfants nés de ces unions aient été d’une façon ou d’une autre reconnus.
4Après la Conquête, les relations entre les Espagnols et les femmes indigènes se sont poursuivies, d’autant plus qu’il y a peu de femmes de la Péninsule ibérique. La monarchie a pu souhaiter ces unions surtout si elles étaient contractées avec des femmes indigènes issues de hauts lignages.
5Cependant, les Indiennes épousent rarement in facia Ecclesia les Espagnols avec qui elles vivent, elles sont et demeurent des concubines. Il y a peu d’épouses légitimes reconnues par le sacrement du mariage. Cette situation est scandaleuse aux yeux de l’Église qui réclame d’y mettre fin. Le roi enjoint les célibataires à se marier. La provision de 1539 met les encomenderos dans l’obligation de se marier dans les trois ans afin de régulariser leur situation sous peine de perdre leur encomienda3. Il est vraisemblable que de nombreuses concubines furent alors délaissées car bien peu de conquistadors ont épousé une femme indigène, ils sont à peine 11 % selon Bernard Grunberg4, et ont plutôt cherché à trouver une épouse espagnole. Les enfants nés des relations entre Espagnols et Indiennes sont donc le plus souvent des enfants naturels, on parle d’enfants illégitimes et de bâtards.
6Les documents notariés permettent de percevoir l’importance des relations entre Espagnols et Indiennes. Le phénomène est donc connu et reconnu. La plus ancienne mention d’enfants issus d’union mixte dans les archives des notaires de Mexico date de 15255. Mais ce sont les testaments qui racontent le mieux les histoires familiales et le métissage. En 1528, Diego de Sanabria, naturel de Cáceres, vecino de Mexico, lègue 50 pesos à sa fille Isabelle qu’il a eu d’une Indienne, Beatriz. Prévoyant, il souligne que cette somme doit servir à son mariage. Mais il ne veut rien imposer et ajoute qu’elle pourra disposer de la somme comme elle l’entend6. En 1528, García de Chávez fait de sa fille María, une métisse, fille d’une Indienne, son héritière universelle7. Le 6 décembre 1537, Bernardino de Santa Clara établit son testament. Il cite tous ses enfants naturels et légitimes et les déclare ses héritiers à part égale. Il y a parmi eux deux métis, Pedro et Vicente, qu’il a eu de deux femmes indiennes différentes8. La monarchie elle-même reconnaît l’ampleur du phénomène de métissage. Soucieuse du bon ordre social, elle souligne en 1533 les obligations des parents dans l’éducation et la formation des enfants métis9.
La société duale
7Cependant, ces enfants métis ne sont pas formellement identifiés comme tel, le mot métis « mestizo » d’ailleurs n’existe pas au début de la colonisation ou plutôt n’est pas utilisé. Il n’y a pas de métis pourrait-on dire, mais seulement des enfants d’Espagnols et d’Indiennes. Ils appartiennent, quoique produit de la mixité, à l’un des deux groupes définis, les Espagnols et les Indiens, qui sont au début de la colonisation les deux catégories de personnes reconnues comme constituant la société. S’y ajoutera par la suite une troisième composante, les Noirs, en général esclaves. La politique officielle qui prévaut alors, est celle de la séparation des populations, il y a une république des Indiens et une république d’Espagnols, elle ne permet pas au métis de se constituer en groupe reconnu. Les métis sont donc intégrés aux groupes existants, en général celui du père. Charles Quint invite en 1533 l’audience de Mexico à veiller à ce que les pères biologiques espagnols de ces enfants les prennent avec eux et les élèvent10. Les enfants métis ne peuvent appartenir à deux mondes. Ils appartiennent avant tout à un monde espagnol.
L’Église et les métis
8De nombreux débats sur la place du métis agitent l’Église naissante de la Nouvelle-Espagne. Comment doit-on les accueillir ? Les Dominicains ont une piètre opinion des métis. Ils se prononcent ouvertement contre leur ordination. Le chapitre provincial de 1535 rappelle ainsi sa position : « Il a été décidé que dans notre couvent de Mexico [...] nous n’admettrons ni Indiens, ni métis11. » Pour les religieux, les métis s’apparentent aux Indiens. Ils en ont les vices et le peu d’aptitude pour les choses spirituelles. Cette représentation a la vie dure. En 1567, le provincial des Augustins de Castille écrit ainsi à leur propos qu’« ils sont des petits fils d’indiens idolâtres ou des fils d’idolâtres12 ».
9Cependant, l’évêque de Mexico, le franciscain fray Juan de Zumárraga, a une autre vision de la construction de l’Église dans la colonie et entend leur faire une meilleure part. La junte ecclésiastique qu’il convoque en 1539 se rallie en partie à ses vues et ouvre aux métis les quatre ordres mineurs de l’Église. Ce qui laisse entrevoir l’éventualité de leur ordination13.
L’apparition du métis
10Le terme de métis (mestizo) qui signifie la reconnaissance d’un groupe particulier et identifiable apparaît dans la documentation produite par l’Église dans les années 1530, mais le pouvoir politique tarde à mettre un nom sur ce groupe.
Les métis dans les actes officiels
11La première mention de « mestizo » dans les actes de cabildo de Mexico date de 1547 et dans les cédules royales, de 1548. Ainsi, le cabildo de Mexico lors de la délibération du 17 mars 1547, mentionne les « mestizos » en tant que groupe, à côté des Noirs et des Morisques. C’est pour leur interdire de fréquenter les caciques indigènes14. La cédule royale de 1548 adressée à l’audience de Nouvelle-Espagne évoque les épouses métisses des Espagnols et s’inquiète des cas d’adultères15. Deux autres cédules en 1549 mentionnent des métis. L’une du 27 février 1549, spécifie : « Qu’aucun mulâtre ou métis ou homme qui n’est pas légitime ne puisse avoir des indiens, ni une charge royale ou publique sans obtenir une autorisation spéciale16. » L’autre du 1er juin 1549 insiste pour : « Qu’aucun métis qui n’est pas vecino ou fils légitime d’un vecino ne puisse avoir d’indiens17. »
12La complexité de la société de la Nouvelle-Espagne est reconnue tout à coup par les autorités. Elle est composée d’Espagnols, d’Indiens, de Noirs, de métis et de Mulâtres. Les métis ne sont pas le seul groupe nouveau qui est mentionné. Il y a aussi les Mulâtres, les enfants des Espagnoles et des Noires. Si chaque groupe a une existence propre, les métis sont associés systématiquement aux Mulâtres. Ils sont compris comme des groupes différents des autres, ils ont une caractéristique commune : ce sont des sang-mêlés.
13Le terme de métis possède rapidement une connotation péjorative. La mixité du sang est mal perçue, on n’en attend rien de bon. Cela conduit à attribuer aux métis toutes sortes de mauvais penchants comme s’ils avaient hérités uniquement des travers des uns et des autres. Les documents officiels soulignent leur prédisposition au désordre. La cédule royale du 18 février 1555 leur prête de mauvaises intentions et de mauvais comportements. Ils pèchent contre la religion et s’adonnent à l’idolâtrie, ils se moquent de la morale, ils sont adultères et fornicateurs18. La mauvaise réputation vient vite.
Les premières discriminations
14Les premières mentions de métis dans les documents officiels de la colonie correspondent aux premières mesures vexatoires. Si elles ne visent pas explicitement les métis en tant que tels, ils sont particulièrement visés en raison de leur état d’enfants illégitimes ou sans honneur. Un lien étroit est établi entre métissage et illégitimité, au point d’ailleurs, comme le note Magnus Mörner, que le mot métis signifie l’illégitimité19. Cela justifie la discrimination. Les enfants de ces unions ne peuvent avoir les mêmes droits que les autres. Dans un monde où la reconnaissance sociale se fait par le mariage et la construction d’une famille, la bâtardise est une tâche.
15Ainsi tout office royal public est interdit par la cédule du 27 février 1549 aux métis, Mulâtres et Espagnols de naissance illégitime20. Les métis qui ne sont ni vecino ni enfant légitime d’un vecino ne peuvent pas davantage avoir des Indiens à leur service21. Tout horizon ne leur est cependant pas fermé. D’une part, les services rendus, les honneurs reçus, comme le fait d’être vecino d’une ville, affranchissent des tares de la bâtardise. Un métis vecino peut donc avoir des Indiens à son service. Cela montre que dans cette société de la Nouvelle-Espagne, il existe une double hiérarchie qui passe par le sang et par les honneurs. D’autre part, les métis peuvent obtenir un office avec une autorisation spéciale du pouvoir qui les distingue en leur reconnaissant des mérites22.
16Les métis ne peuvent, d’une façon générale, avoir d’armes ni en porter. Certes, cette interdiction touche toutes les catégories sociales, alors que les autorités civiles tentent de réguler les rapports entre les individus et endiguer la violence, mais nous trouvons des cédules spécifiques aux métis (et aux Mulâtres). Les arguments utilisés pour justifier cette interdiction sont significatifs. Le roi préconise ainsi qu’il convient de leur interdire le port d’armes car ils sont nombreux et mal intentionnés23. Les métis peuvent cependant obtenir des licences spéciales des autorités pour porter des armes.
17Un autre indicateur qui montre que les métis ne sont pas vraiment considérés comme les autres composantes de la société sont les peines qui leur sont infligés quand ils commettent un délit. Elles sont différentes de celles des Espagnols. En 1550, une vingtaine d’Espagnols et de métis sont accusés d’avoir enfreint la loi interdisant la vente de vin aux Indiens d’Acapulco et de Coyuca. Les peines encourues sont une amende de cent pesos, le bannissement des villages et la perte de la possibilité de faire du commerce pour les Espagnols, et cent coups de fouets pour les métis24. À Mexico, quand la pesée de la viande est contrefaite, un métis reçoit cent coups de fouet, et un Espagnol écope d’une amende25. Mais il est vrai que les métis disposent en général de peu de ressources26.
Les métis et les Indiens
18Les métis en raison de leurs origines diverses conduisent les autorités à leur prêter un double visage. On suspecte d’une part qu’ils s’entendent avec les Indiens et qu’ils se lient avec les caciques pour leur vendre du vin ou d’autres produits interdits, et d’autre part, qu’ils traitent mal les Indiens et ravissent leurs filles27. Bon nombre d’affaires témoignent de ces comportements coupables. Nous avons vu plus haut le trafic d’alcool à Acapulco. À Chilapa, en 1552, c’est un métis, Burgueño, qui maltraite les Indiens avec la complicité de quelques marchands espagnols28. Mais les métis sont-ils vraiment plus sujets à ces comportements que les autres groupes de la société de Nouvelle-Espagne ? N’y a-t-il pas une focalisation sur leur cas en raison d’une suspicion à leur encontre ?
19Pour les autorités, il convient d’éviter ou de limiter à tout prix les relations entre les métis et les Indiens car ils risquent d’offrir une image très dégradée de l’Espagnol et de pervertir les Indiens. Aussi ne peuvent-ils résider plus de trois jours dans un village indien29. Ils ne peuvent pas davantage au nom de la séparation des républiques vivre parmi les Indiens. Il apparaît cependant qu’un certain nombre de métis habitent dans les villages indiens. Pedro de Talavera réside ainsi à Teutenango vers 155230. En fait, seuls les métis qui ont été élevés par leur mère peuvent s’établir dans un village indien31.
20Les métis ne peuvent pas exercer de responsabilités auprès des Indiens. Ils ne peuvent pas être protecteurs d’Indiens, car cela est préjudiciable aux Indiens32. Ils ne peuvent pas être caciques33.
21Si les autorités cherchent à ne pas les voir en contact avec les Indiens, les communautés indiennes les repoussent aussi parfois. À la fin du XVIe siècle, les caciques indigènes refusent de voir confier aux métis des charges d’autorité d’alguazil ou de lieutenant par le corregidor34. Ils contestent les droits des métis à la terre bien souvent en arguant le fait qu’ils ont du sang espagnol35. Mais le fait que certains métis revendiquent les droits appartenant à la noblesse indigène auprès de la Couronne a pu provoquer aussi cette réaction des Indiens.
Le temps des exclusions
22Le dernier tiers du XVIe siècle voit les discriminations à l’encontre des métis augmenter.
Le virage de l’Église
23Après s’être montrée conciliante à l’égard des métis, l’église de Nouvelle-Espagne opère dans les années 1550 un changement radical. Les métis ne sont plus souhaités dans le clergé. Cela s’explique par le changement de génération de religieux et de responsables. Zumárraga, l’un des artisans de la junte de 1539, est mort en 1548 et son successeur au siège épiscopal, Alonso de Montufar, ne partage ni son analyse ni ses attentes. Le concile mexicain de 1555 se prononce contre l’ordination des métis36.
24Cependant tous les ecclésiastiques n’adoptent pas cette position en raison de leurs convictions propres mais aussi de leur pragmatisme puisque les besoins en encadrement religieux sont importants et que les vocations ne sont pas nombreuses. L’évêque du Michoacan, Vasco de Quiroga, poursuit les ordinations de métis. La monarchie s’en inquiète en 1556, « es gran ynconviniente37 ». Il n’est d’ailleurs pas le seul à agir ainsi car la monarchie rappelle à l’ordre les nombreux évêques d’Amérique qui poursuivent les ordinations de métis38. Le motif avancé par la monarchie pour justifier la prudence à propos des ordinations n’est pas que les prétendants sont métis, mais qu’ils n’ont pas les qualités requises, « no tienen suficiencia para ello ». Cette remarque illustre la perception que l’on a des métis. Ce sont des individus peu fiables, inconstants, finalement assez proches en ce sens des Indiens.
25Les métis ne sont plus davantage désirés dans les ordres religieux. Même les Franciscains se montrent désormais très réservés sur leur présence dans leurs couvents. Les statuts de la province du Santo Evangelio précise que les métis ne peuvent prendre l’habit franciscain. Mais leur cas pourra s’ils y tiennent être examiné par le provincial et soumis à son approbation. C’est le cas par cas qui prime39.
L’exclusion de l’administration
26Les métis sont pratiquement exclus à la fin du XVIe siècle de tout emploi administratif au niveau de l’audience et des autres institutions coloniales. L’ordonnance royale du 15 novembre 1576 leur interdit les charges de secrétaire (escribano), ou de greffier (notario público)40. La cédule royale adressée à cette occasion au gouverneur de la province de Venezuela fait référence pour justifier cette interdiction aux désordres que cela a produit par le passé dans la province41. Le métis est toujours perçu comme un élément perturbateur.
27Il n’est pas dit que ces interdictions soient toujours observées faute de personnes capables d’assurer les tâches administratives. En effet, en 1580, l’audience de Santa Fe en Nouvelle-Grenade écrit au roi qu’il y a de grands inconvénients à ce que les métis occupent des charges d’escribanos de cámara de l’audience, ce qui laisse entendre qu’ils figurent à ce poste à cette époque. Ce n’est pas tant leur condition de métis que leur participation à de nombreuses affaires qui est dénoncée par les magistrats qui redoutent des conflits d’intérêt. En 1586, le roi doit donc rappeler que les emplois d’escribanos ne peuvent revenir aux métis42.
28On ne doit pas non plus leur vendre d’office de receptores. On veut des gens dignes de confiance43. Les métis ne peuvent être corregidores, mais il y a des exceptions. Diego Díaz del Castillo, fils du conquistador et compagnon de Cortés, Bernal Díaz del Castillo, et d’une Indienne obtient une charge de escribano et notario público et devient même corregidor avant 156844. Il est vrai qu’il a été reconnu et légitimé par la cédule royale du 30 septembre 1561. Et le fils de Bernal Díaz n’est pas n’importe quel métis. Cependant, il n’exerce pas dans une province importante.
29Les métis ne peuvent exercer certains métiers. Le cabildo de Mexico leur interdit par exemple par l’ordonnance du 10 mai 1574 les offices de cirier et de fabriquant de chandelles45.
30L’administration coloniale ne leur est cependant pas totalement fermée. Des métis exercent comme interprètes ou agents auprès des communautés indigènes. Diego Muñoz Camargo (1528-1600) est le fils d’un compagnon de Cortés, Diego Muñoz et d’une Indienne46. Il est interprète officiel en 1568 du cabildo de Tlaxcala47. Fernando de Alba Ixtlilxochitl (1578-1650) est un quarteron descendant de la famille royale de Tetzcoco. Il occupe plusieurs charges officielles dans des communautés indiennes. Il est ainsi en 1612 juge gouverneur de Tetzcoco puis de la province de Chalco48.
31Ces mesures discriminatoires à l’encontre des métis dans la seconde moitié du XVIe siècle s’expliquent par plusieurs facteurs. D’une part, comme nous l’avons souligné, les métis sont mal perçus. D’autre part, ils sont plus en plus de plus nombreux, probablement sont-ils quelques milliers au milieu du XVIe siècle. On en compte officiellement 2000 à Mexico en 156049. Le métissage s’est généralisé et diversifié. Ils forment une minorité visible. Comme le note Magnus Mörner, les métis ne peuvent former un groupe et donc une entité particulière qu’à partir du moment où ils sont un nombre significatif50. La question de la place des métis se pose avec d’autant plus d’acuité dans la société que ceux de la première génération sont devenus adultes et qu’ils risquent de prendre des places aux fils d’Espagnols.
Quelle place pour les métis ?
32Le processus d’exclusion génère chez les métis un sentiment d’abandon. Ils ne peuvent participer comme les autres groupes reconnus à la vie de la colonie. Ils ne peuvent prétendre à de nombreuses places. Délaissés par leur famille (ils ne peuvent facilement s’appuyer sur les Espagnols, et sont souvent sans rapport avec la famille de leur mère), touchés de plein fouet par les bouleversements sociaux des années 1550 provoquées par l’effondrement démographique et la désorganisation du tissu économique, ne pouvant compter sur personne, ils grossissent les rangs des vagabonds jusqu’à en constituer la plus grande part51. Leur errance est redoutée car elle est porteuse de désordres, « leurs parents sont morts, et ils vont perdus », s’inquiète la monarchie en 155552. Les métis sont particulièrement fragiles dans cette société. Le vagabondage n’est pas un phénomène exclusivement mexicain. Il touche toute l’Amérique espagnole53 et même la Péninsule ibérique. Il est la conséquence des retournements de conjoncture éco-nomique. Le fait que la question se concentre sur les métis en Amérique et en Nouvelle Espagne en particulier montre combien leur situation est difficile.
L’éducation des métis
33Le pouvoir royal n’entend pas laisser de côté les métis et souhaite leur prise en charge54. Il propose d’agir à plusieurs niveaux. D’une part, il veut fixer les errants dans des villages où ils seront encadrés et instruits par les religieux55. Les autorités redoutent par-dessus tout les désordres mais aussi les intrusions des métis dans les villages indiens56. D’autre part, il faut leur trouver une activité car bien souvent ils n’exercent aucun métier et n’ont aucun office ou charge57. Le roi Philippe II demande en 1569 au vice-roi de Mexico, Martín Enríquez, de placer les métis au service de seigneurs pour qu’ils apprennent un travail ou de leur faire travailler la terre. Ceux qui refusent doivent être signalés aux corregidores, aux alcaldes mayores et aux autorités municipales58. Le pouvoir agit pour contraindre un groupe, les vagabonds et les errants, à rentrer dans le cadre général de la société qui a été défini. En les mettant au travail, ils deviendront utiles à la colonie.
34Dans les villes, il existe des institutions qui sont spécialement dédiés aux métis, du moins dans leurs débuts, comme le collège de San Juan de Letrán59. Le 20 novembre 1552, le roi insiste pour que le collège prenne en charge les métis pauvres et leur enseigne la doctrine chrétienne et les bonnes manières, et toutes les choses nécessaires pour apprendre un métier. Il demande à ses officiers de donner 600 pesos d’or de mine par an audit collège. Un autre collège doit prendre en charge les jeunes filles métisses où elles seront encadrées par des femmes espagnoles vertueuses60. Le roi ne semble pas faire le même cas des métis du Pérou en matière éducative. Il n’envisage en 1573 que des institutions pour les enfants d’Espagnols61.
L’évolution de la position de l’Église
35Dans ce contexte, une ouverture est cependant réalisée dans le domaine religieux. En 1582, le roi Philippe II redessine les contours de l’ordination des métis. Il précise ainsi que l’interdiction d’ordination des métis ne concerne que les enfants d’Espagnols et d’Indiennes et non les autres. Il leur reconnaît en outre des capacités62. Le troisième concile mexicain de 1585 lui emboîte aussitôt le pas. Il permet l’ordination des métis de la deuxième ou de la troisième génération. Seuls ceux de la première génération sont toujours exclus63. Ils ont trop de sang indien.
36La proposition est suivie dans les autres territoires d’Amérique. En 1586, le roi invite l’archevêque de Lima à donner l’ordination sacerdotale à un métis péruvien, Antonio de Garay, qui lui avait adressé sa requête, le jugeant « honnête et de bonne vie et exemple64 ». Le ton se fait plus compréhensif. En 1588, le roi transmet les conditions auxquelles les métis peuvent être ordonnés et les filles entrer en religion dans l’archevêché de Lima. Il rappelle qu’ils doivent être de bonne vie, instruits et de naissance légitime. Il convient d’honorer certains lignages qui ont su prêter main-forte aux Espagnols et de les récompenser, ce sont « les enfants de principales qui ont aidé dans la découverte, la pacification et la colonisation ». Les filles pourront aussi entrer dans les couvents65. La méfiance envers les métis demeure cependant, comme le montrent les nombreuses cédules royales soulignant les conditions nécessaires à leur ordination66.
Conclusion
37La place des métis change tout au long du XVIe siècle en Nouvelle-Espagne en raison de leur évolution numérique et de la redéfinition des enjeux de la société coloniale. Avec le temps, le poids des métis est plus important, ils forment désormais un groupe. La législation réduit bientôt l’espace des métis en limitant leurs possibilités d’affirmation sociale. Ils se placent alors sur les créneaux qui leur sont laissés pour prospérer. Mais certains métis obtiennent malgré tout des postes et des responsabilités. Le caractère « métis » ne fait pas tout. En fait, il y a une prise en compte de l’individu en fonction de ses qualités, de ses services et de ses ascendants.
38Les discriminations persistent tout au long de la période coloniale. La législation du XVIIe siècle aggrave encore leur situation en leur interdisant les rangs de l’armée67. Les préjugés et les stéréotypes, déjà forts, se renforcent.
Notes de bas de page
1 Bernal Díaz del Castillo,Historia verdadera de la conquista de la Nueva España, Madrid, Espasa Calpe, 1984, chap. 77.
2 Michel Graulich, « “La mera verdad resiste a mi rudeza” : forgeries et mensonges dans l’Historia verdadera de la conquista de la Nueva España de Bernal Díaz del Castillo », Journal de la Société des Américanistes, 1996, 82, p. 79.
3 Cédule royale [Cr], Valladolid, le 23/08/1538, dans Genaro García,Documentos inéditos o muy raros para la historia de México, Mexico, Porrúa, 1982, p. 420 ; Provision royale, le 8/11/1539, dans Diego de Encinas,Cedulario indiano [1596], Madrid, Cultura hispánica, 1945, t. 2, p. 248.
4 Bernard Grunberg,L’univers des conquistadors, Paris, L’Harmattan, 1993, p. 174.
5 Poder, 12/10/1525, dans Agustín Millares Carlo, José Ignacio Mantecón,Índice y extractos de los protocolos del archivo de notarías de México DF, Mexico, El Colegio de México, 1945, t. 1, p. 55. À Hispaniola, à Cuba, des Espagnols ont eu des enfants de femmes indiennes. On en retrouve des mentions dans les archives des protocoles des notaires de Mexico (A. Millares Carlo, J. I. Mantecón,Indice y extractos, op. cit., t. 1, p. 170 et 362-363).
6 « Para su cazamiento o para lo que ella quisiere », Testamento de Diego de Sanabria, le 9/05/1528, dans A. Millares Carlo, J. I. Mantecón,Índice y extractos, op. cit., t. 1, p. 287.
7 Poder para testar, le 11/09/15289, dans A. Millares Carlo, J. I. Mantecón,Índice y extractos, op. cit., t. 1, p 317.
8 Testamento de bernardino de santa clara, le 6/12/1537, dans A. Millares Carlo, J. I. Mantecón,Índice y extractos, op. cit., t. 2, p. 158-161.
9 Cr, Monzon, 1533, dans Vasco de Puga,Provisiones, cédulas, instrucciones para el gobierno de la Nueva España, Madrid, Ediciones Cultura Hispánica, 1945, f° 88.
10 Cr, Monzon, 1533, dans V. de Puga, Provisiones, op. cit., f° 88. Il existe une cédule de la même teneur adressée à l’audience de Santo Domingo en 1535 (Cr, Madrid, le 17/08/1535, dans Richard Konetzke,Colección de documentos para la historia de la formación social de Hispanoamérica 1493-1810, t. 1, 1493-1592, Madrid, CSIC, 1953, p. 168).
11 « Se determinó que en nuestro convento de México [...] no se admitieran indios ni mestizos a que la estudiaran ni se permitiera mororan de asiento dentro de nuestros claustros », Acta de cabildo del orden de S. Domingo, 1535, cité dans Pedro Fernández Rodríguez,Los domenicos en la primera evangelización de México 1521-1550, Salamanque, ed. San Esteban, 1994, p 270.
12 « Eran hijos de indias y españoles [...] son nietos de indios idólatras o hijos de idólatras », Carta del provincial, le 3/06/1567, cité par Antonio Rubial García,El convento agustino y la sociedad novohispana 1533-1630, Mexico, UNAM, 1989, p. 28.
13 « Los cuatro órdenes minores de la Iglesia algunos mestizos e indios [...] para la Iglesia establecidas para el servicio della en tiempo que había la inopia de ministros sacerdotes que agora hay, y para ayudar a los sacerdotes y ministros de los sacramentos, y tratar con revenrencia las cosas sagradas y benditas del altar », Junta eclesiástica de 1539, dans Joaquín García Icazbalceta,Don fray Juan de Zumárraga. Primer obispo y arzobispo de México, Mexico, Porrúa, 1947, t. 3, p. 152-153.
14 Actas de cabildo de México, le 7/03/1547, dans Actas de cabildo de la ciudad de México [ACM]. Mexico, 1889-1906, liv. V, p. 175-176.
15 Cr, Valladolid, le 10/09/1548, dans D. de Encinas,Cedulario indiano, op. cit., t. 4, p. 344.
16 « Que ningún mulato, ni mestizo, ni hombre que no fuese legítimo, pudiese tener indios, ni oficios real ni público, sin tener para ello especial licencia nuestra », Cr, Valladolid, le 27/02/1549, dans R. Konetzke,Colección de documentos, op. cit., p. 256.
17 « Ningún mestizo que no sea vecino o hijo legítimo de vecino de las dichas Indias, pueda llevar indios cargados », Cr, Valladolid, 01/06/1549, dans Alonso de Zorita,Cedulario de 1574. Leyes y ordenanzas de las Indias del Mar océano, Mexico, Secretaría de hacienda y crédito público/Miguel Ángel Porrúa, 1985, p. 342.
18 « Andan perdidos, idolatrando y comitiendo otros delitos y pecados, fornicios y adulterios, robos y muertes », Cr, Valladolid, le 18/02/1555, dans R. Konetzke,Colección de documentos, op. cit., p. 328-329.
19 Magnus Mörner,Le métissage dans l’histoire de l’Amérique latine, Paris, Fayard, 1971, p. 56.
20 Cr, Valladolid, le 27/02/1549, dans R. Konetzke,Colección de documentos, op. cit., p. 256.
21 Cr, Valladolid, 01/06/1549, dans A. de Zorita,Cedulario de 1574, op. cit., p. 342.
22 Cr, Valladolid, le 27/02/1549, dans R. Konetzke,Colección de documentos, op. cit., p. 256.
23 « Son y muchos y crecen cada dia mas y mal intentionados que convernia mucho que nos mandasemos que ninguno dellos pudiese traer armas, porque como son hijos de indias, en comitiendo delito, luego se visten como indios y se meten entre los parientes de sus madres, y no se pueden hallar », Cr, Madrid, le 19/12/1568, dans R. Konetzke, Colección de documentos, op. cit., p. 436-437. D’autres cédules rappellent cette interdiction pour le Pérou (Cr, El Pardo, le 01/12/1573, dans R. Konetzke,Colección de documentos, op. cit., p. 479 ; Cr, Madrid, le 10/12/1566, dans R. Konetzke,Colección de documentos, op. cit., p. 420).
24 Orden, le 16/12/1551, dans Peter Gerhard,Síntesis e índice de los mandamientos virreinales 1548-1553, Mexico, UNAM, 1992, p. 575.
25 Ordenanza de carne, Mexico, le 30/08/1578, dans R. Konetzke,Colección de documentos, op. cit., p. 511. Voir aussi Ordenanzas de regatones, Mexico, le 6/10/1587, dans R. Konetzke,Colección de documentos, op. cit., p. 587.
26 Les Indiens voient aussi souvent leurs peines commuées en raison de leur insolvabilité. Durant un procès de l’inquisition contre les Indiens idolâtres d’Azcapotzalco, en 1538, l’inquisiteur, le franciscain fray Juan de Zumárraga, commue l’amende en une peine car dit-il « son pobres » (Procesos de indios idólatras y hechiceros, Mexico, AGN, 2003, p. 107).
27 Cr, Monzon, le 28/08/1552, dans A. de Zorita,Cedulario de 1574., op. cit., p. 349-350.
28 Orden, le 7/10/1552, dans P. Gerhard,Síntesis e índice, op. cit., p. 294.
29 Acta de cabildo de la ciudad de México, le 7/03/1547, dans ACM, liv. V, p. 175-176 ; Cr, Madrid, le 2/05/1563, dans Recopilación de leyes de los reynos de las Indias [RLI] [1681], Madrid, Centro de estudios políticos y constitucionales/Boletín oficial del estado, 1998, VI-III-XXI, t. 2, p. 212 ; Cr, Madrid, le 25/11/1578, dans R. Konetzke,Colección de documentos, op. cit., p. 513). Au début du XVIIe siècle, de nombreuses cédules renouvellent ces interdictions des villages indiens aux Espagnols, aux métis, aux Mulâtres et aux Noirs. C’est la même chose dans les autres territoires américains : Pérou, Chili, Guatémala (Cr, San Lorenzo, le 8/07/1577, dans R. Konetzke,Colección de documentos, op. cit., p. 504 ; Cr, San Lorenzo, le 5/09/1584, dans R. Konetzke, p. 554 ; Cr, Madrid, le 18/02/1587, dans R. Konetzke,Colección de documentos, op. cit., p. 572).
30 Relación de Teutenango, dans René Acuña, (éd.), Relaciones geográficas del siglo XVI, Mexico, UNAM, 1986, t., p. 277.
31 M. Mörner,Le métissage, op. cit., p. 60.
32 Cr, Madrid, le 20/11/1578, RLI, VI-VI-7, p. 243.
33 Cr, Madrid, le 18/01/1576, dans R. Konetzke,Colección de documentos, op. cit., p. 491. La décision est prise par le roi alors que deux enfants de conquistadors prétendent obtenir le caciquat dans deux villages du district de Tunja en Nouvelle-Grenade.
34 AGN, Gp, 2, exp 695, 16/04/1580, f° 141; AGN, Indios, 3, exp 820, 1591, f° 195v.
35 Ils contestent les droits de la mère du chroniqueur de Tetzcoco, Fernando de Alba Ixtlilxochitl, au caciquat de Teotihuacan car elle est métisse (G. Vázquez Chamorro, « Introducción », dans Fernando de Alva Ixtlilxochitl,Historia de la nación chichimeca, Madrid, Historia 16, 1985, p. 22).
36 « Mandamos a nuestros provisores y oficiales que nadie sea admitido, especialmente al orden sacro [...] y si el tal a sido o es [...] o fuere mestizo, indio o mulato », Concilio de 1555, dans José Antonio Llaguno,La personalidad jurídica del Indio y el III concilio provincial mexicano (1585), Mexico, Porrúa, 1963, p. 169.
37 C. R., Valladolid, le 12/09/1556, dans V. de Puga,Provisiones, op. cit., fol. 190 r ; C. R., Valladolid, le 12/09/1556, dans V. de Puga, Provisiones, op. cit., fol. 190 r.
38 En 1568, le roi reproche à l’évêque de Quito d’avoir ordonné des métis (Cr, El Pardo, le 2/12/1568, dans R. Konetzke,Colección de documentos, op. cit., p. 436). Il intervient à nouveau pour le même motif auprès de l’évêque en 1575 (Cr, El Pardo, le 10/10/1575, dans R. Konetzke,Colección de documentos, op. cit., p. 490), en 1576 auprès de l’archevêque du royaume de Nouvelle-Grenade (Cr, Madrid, le 18/01/1576, dans R. Konetzke,Colección de documentos, op. cit., p. 491), en 1577 auprès de l’évêque de Cuzco (Cr, Madrid, le 13/12/1577, dans R. Konetzke,Colección de documentos, op. cit., p. 506) et en 1578 auprès de l’archevêque de Lima (Cr, El Pardo, le 2/12/1578, dans R. Konetzke,Colección de documentos, op. cit., p. 514).
39 « Ordenamos que ningún indio ni mestizo pueda ser recebido al ábito de nuestra orden [...] si no fuere por el P. provincial y discretos de la provincia juntamente », Códice franciscano, Mexico, S. Chavez Hayhoe, 1941, p. 132.
40 Ordonnance, Madrid, le 15/11/1576, dans RLI, V-VIII-40, t. 2, p. 153.
41 « Nos somos informado que algunas veces provéis en oficios de escribanos a mestizos, los cuales demas de no poderlos usar, hacen agravios y vejaciones a las personas que con ellos tienen negocios », Cr, Madrid, le 15/11/1576, dans R. Konetzke,Colección de documentos, op. cit., p. 498.
42 « Tienen mucha mano en los negocios y ejercen los oficios con queja y agravio de las partes », Cr, Valence, le 01/02/1586, dans R. Konetzke,Colección de documentos, op. cit., p. 567.
43 « Vendereis [los oficios] a personas beneméritas fidedignas de inteligencia y confianza, que no sean mulatos, ni mestizos en lo que mas pudiere », C. r., San Lorenzo, le 05/09/1584, dans R. Konetzke,Colección de documentos, op. cit., p. 555.
44 Winston A. Reynolds,El corregidor Diego Díaz del Castillo (hijo del conquistador) ante la inquisición de México (1568-1571), Madrid, Ediciones José Porrúa Turranzas, 1973, p. 1-5. Il apparaît que les métis occupent un certain nombre de charges de ce type dans le gouvernement du Chili en 1584 (Cr, San Lorenzo, le 5/09/1584, dans R. Konetzke,Colección de documentos, op. cit., p. 554).
45 Ordenanzas para el oficio de cereros, Mexico, le 10/05/1574, dans R. Konetzke,Colección de documentos, op. cit., p. 484.
46 G. Vázquez Chamorro, « Introducción », dans Diego Muñoz Camargo,Historia de Tlaxcala, Madrid, Historia 16, 1986, p. 9.
47 Acta de cabildo de Tlaxcala, le 13/11/1568, dans Arthur J. O. Anderson, Frances Berdan F., James Lockhart, The Tlaxcalan Actas. A Compendium of the Records of the Cabildo of Tlaxcala (1545-1627), Salt Lake City, University Of Utah Press 1986, p. 151-152.
48 G. Vázquez Chamorro, « Introducción », dans F. de Alva Ixtlilxochitl,Historia de la nación chichimeca, op. cit., p. 21.
49 Charles Gibson,Los Aztecas bajo el dominio español (1519-1810), Mexico, Siglo XXI, 1967, p. 390.
50 M. Mörner,Le métissage, op. cit., p. 43.
51 Cr, Valladolid, le 03/10/1558, dans A. de Zorita,Cedulario de 1574., op. cit., p. 350.
52 « Son muertos sus padres y ellos y ellas andan perdidos », Cr, Valladolid, le 18/02/1555, dans R. Konetzke,Colección de documentos, op. cit., p. 328-329.
53 Au Guatemala, (Cr, Madrid, le 17/04/1553, dans R. Konetzke,Colección de documentos, op. cit., p. 315), au Pérou (Cr, Valladolid, le 13/02/1554, dans R. Konetzke,Colección de documentos, op. cit., p. 320).
54 Cr, Valladolid, le 18/02/1555, dans R. Konetzke,Colección de documentos, op. cit., p. 328-329 ; Cr, Valladolid, le 03/10/1558, dans R. Konetzke,Colección de documentos, op. cit., p. 363 ; Cr, Madrid, le 15/01/1569, dans R. Konetzke,Colección de documentos, op. cit., p. 442.
55 Cr, Valladolid, le 03/10/1558, dans A. de Zorita,Cedulario de 1574, op. cit., p. 209-210.
56 M. Mörner,Le métissage, op. cit., p. 60.
57 « Hay muchos mestizos que viven suelmente y no tienen oficios en que se ocupar y queriendo proveer en ello », Cr, Valladolid, le 03/10/1558, dans R. Konetzke,Colección de documentos, op. cit., p. 363 ; Cr, Madrid, le 15/01/1569, dans R. Konetzke,Colección de documentos, op. cit., p. 442.
58 Cr, Madrid, le 15/01/1569, dans R. Konetzke,Colección de documentos, op. cit., p. 442.
59 Pilar Gonzalbo Aizpuru,Historia de la educación en la epoca colonial : el mundo indígena, Mexico, El Colegio de México, 2000, p. 198.
60 Cr, Monzon, le 18/12/1552, dans A. de Zorita,Cedulario de 1574, op. cit., p. 119. Le roi invite le vice-roi du Pérou à établir des maisons pour accueillir ces filles souvent orphelines : « Hijas de cristianos ya difuntos, que murieron en nuestro servicio [...] andan perdidas entre los indios » (Cr, Inspurg, le 25/12/1551, dans R. Konetzke,Colección de documentos, op. cit., p. 298).
61 « Los colegios no parece que conviene que se funden para ellos, sino solamente para hijos de espanoles y espanolas y gente bien nacida » écrit-il en 1573 (Cr, El Pardo, le 1er/12/1573, dans R. Konetzke,Colección de documentos, op. cit., p. 479).
62 « Se entiendan solamente con los hijos de india o indio y espanol o espanola y no con los demas descendientes, siendo habiles et suficientes », Real repuesta, Lisbonne, le 4/06/1582, dans R. Konetzke,Colección de documentos, op. cit., p. 544.
63 « Tanpoco se admitirán a órdenes indios ni mestizos así desendientes de indios como de moros en el primer grado, ni mulatos en el mismo grado », Decretos del III Concilio provincial de 1585, dans J. A. Llaguno,La personalidad jurídica del Indio, op. cit., p. 279.
64 « Habil y suficiente, honesto y de buena vida y ejemplo y teniendo dispensacion sobre su legitimidad », Cr, Valence, le 9/02/1586, dans R. Konetzke,Colección de documentos, op. cit., p. 569.
65 « Vida y costumbres, y hallando que son bien instruidos, habiles, capaces y de legitimo matrimonio nacidos », « hijos de personas principales, que me servieron en el descubrimiento, pacificacion y poblacion de esas provincias », Cr, San Lorenzo, le 31/08/1588, dans R. Konetzke,Colección de documentos, op. cit., p. 595 ; Cr, 28/09/1588, dans RLI, I-VII-VII, t. 1, p. 55.
66 Cr, El Pardo, le 28/11/1590, dans R. Konetzke,Colección de documentos, op. cit., p. 607-608.
67 M. Mörner,Le métissage, op. cit., p. 57.
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