Composer des opéras pour enfants : témoignage
p. 305-306
Texte intégral
1Composer pour les enfants m’a semblé être une nécessité quand, dans les années 1970, j’ai souhaité donner à mon fils aîné, alors âgé de dix ans, le goût du chant et de l’opéra. Existaient principalement alors des ouvrages de compositeurs anglo-saxons dont la qualité musicale était incontestable, mais que la traduction des chants dénaturait complètement.
2À cette période de ma vie, je composais pour la télévision des musiques très diverses, génériques, musiques pour des téléfilms, chansons… et les premiers jingles publicitaires. Je me voyais donc plutôt devenir compositeur de musique de film et de comédie musicale. Conjointement à ces activités, j’avais été admise au Conservatoire national de musique de Paris dans la classe d’accompagnement d’Henriette Puig-Roget, musicienne exceptionnelle et pédagogue de très grande valeur, qui avait succédé à ce poste à Nadia Boulanger. Dès l’obtention de mon prix d’accompagnement, j’ai été nommée assistante-accompagnatrice dans la classe de chant de Janine Micheau. De ma proximité avec cette grande artiste lyrique et ses élèves date ma passion pour le chant, la voix et le répertoire français d’opéras et de mélodies. En effet la carrière de Madame Micheau s’était déroulée principalement autour du répertoire des compositeurs français : Gounod, Bizet, Massenet, Debussy, Ravel et Poulenc. J’écoutais, je faisais travailler les élèves, je me cultivais et je décidai de cesser de rêver d’entrer dans le cercle très fermé et entièrement masculin des compositeurs de films afin de composer uniquement pour la voix : voix d’adultes, voix d’enfants… Les quatre contes musicaux pour les petits datent de 1978. Composés quand mon second fils avait dix ans, ils ont été très vite adoptés par les enseignants des classes primaires et maternelles. À l’occasion de la parution d’un CD1, on me demanda d’écrire un cinquième conte : Simon, le garçon qui aimait les mots, en référence à mon petit fils Simon. Presque trente-cinq ans après ! Et c’est sans doute ce dont je suis la plus fière : avoir gardé une inaltérable part d’enfance. Après avoir passé mon certificat d’aptitude de professeur d’accompagnement et été nommée à ce poste au Conservatoire d’Amiens, j’ai eu l’honneur d’être nommée professeur de formation musicale pour les chanteurs au CNSMP. Dans ce cadre, j’ai travaillé sur des ouvrages pédagogiques destinés aux chanteurs : prosodies rythmiques et exercices sur les intervalles ardus et barbares que les très beaux textes sur lesquels les notes ou les rythmes étaient posés (La Bruyère, Chamfort, Montesquieu) rendaient plus supportables. Mettre en musique de grands auteurs et offrir aux enfants de beaux textes à chanter me permet d’accepter de porter sans trop de complexes ni de réticences l’appellation de compositeur.
Notes de bas de page
1 Aboulker Isabelle, Cendrillon, CD FA 830, Frémeaux & Associés, 2003.
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La création lyrique en France depuis 1900
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