Il conte di Carmagnola. Manzoni biographe et patriote
p. 93-106
Texte intégral
« Royaume italien, disais-je, nous ne pouvons plus l’être, du moins dans son intégralité ; devenir province d’une nation étrangère est ce qu’il importe avant tout d’éviter : former une partie de l’État italien le plus consistant est ce qu’il importe de réaliser. Qu’à cela tendent donc nos vœux, à cela s’il le faut les forces qu’il nous reste. Qu’on demande un prince italien, de quelque dynastie qu’il soit, peu importe, même étrangère ; un prince qui a son royaume en Italie est toujours un prince italien. […] Si, dans le système des réintégrations, la Maison de Savoie, déjà la plus forte dans l’Italie du Nord, devait le devenir encore plus, mieux vaut lui appartenir que d’augmenter le nombre ou de faire partie des duchés italiens fractionnaires. »
Federico Confalonieri, avril 18141.
1L’objet de cet article sur la première tragédie de Manzoni, Il conte di Carmagnola, est de montrer que le véritable sujet de la pièce n’est pas le comte, ce condottiere passé du service du duc de Milan à celui de la république de Venise dans la guerre contre Milan et qui, accusé de trahison et condamné à mort, sera exécuté sur la Piazzetta le 5 mai 1432, mais Carmagnola, c’est-à-dire le Piémont. Alors que rien, aucun élément formel, aucune preuve ne permet d’affirmer que Carmagnola est innocent ou coupable, selon Manzoni il est innocent. La question qui se pose alors est de savoir pourquoi Manzoni fait de Carmagnola un innocent. La réponse est : parce qu’il est piémontais. Cette appréciation découle, d’une part, de l’analyse des Notizie storiche qui accompagnent le texte de la tragédie2 et retracent la vie de Carmagnola de sa naissance à la mort, et d’autre part, de la prise en considération des facteurs politico-historiques extra-littéraires – le contexte – liés à la période de rédaction de la pièce (entre 1816-1819, 1820 pour la publication) et dont Manzoni ne pouvait évidemment pas faire état à cause de la censure3.
2Ainsi, selon Manzoni, et ce sera ma conclusion, Carmagnola ne peut être qu’innocent, parce que le Piémont est appelé à jouer un rôle primordial dans l’histoire de l’Italie d’après 1815. Il ne peut être qu’innocent parce qu’il est le symbole de la capacité militaire que le Piémont seul peut mettre au service de la cause nationale, capacité sans laquelle – dans la perspective modérée de « révolution par en haut » qui est celle de Manzoni par rapport au Risorgimento – l’unité de l’Italie ne peut se réaliser.
3Voyons comment Manzoni développe son argumentation dans la biographie qu’il trace de Carmagnola dans les Notizie storiche.
4Francesco Bussone est né dans une famille de paysans à Carmagnola autour de 13904. Remarqué, à cause de son air fier, par un soldat alors qu’il gardait son troupeau, il est enrôlé dans l’armée de Facino Cane, le célèbre condottiere qui, à la mort du duc Giovan Maria Visconti, a permis à son successeur à la tête du duché de Milan, Filippo Maria, de reconquérir les villes qui s’étaient révoltées contre le duc son père. Devenu lui-même condottiere au service de Filippo Maria, en quelques années Carmagnola accomplit de tels exploits, que pour le récompenser, le duc l’anoblit. Francesco Bussone devient comte de Carmagnola. Par parenthèse, il faut noter ici la référence au thème, cher à Manzoni, de l’ascension sociale – celle qui, dans les Promessi sposi, permettra à Renzo Tramaglino, simple ouvrier et paysan, de devenir patron d’une filature à la fin du roman : ascension qui est la traduction sur le plan social des aspirations du Risorgimento.
5Tous les historiens, écrit Manzoni, considèrent Carmagnola comme l’artisan de la puissance de Filippo Maria Visconti. Il reprend en peu de temps Plaisance, Brescia, Bergame et s’empare de Gênes, qui sera ainsi réunie au Milanais. Comme l’écrit Pietro Verri dans sa Storia di Milano, cité par Manzoni, Filippo Maria qui était sans pouvoir en 1414 et comme prisonnier à Pavie, possédait vingt villes en 1424 grâce à la valeur du comte de Carmagnola5. Cependant sa réputation même finit par lui aliéner les faveurs du duc. Carmagnola est envoyé à Gênes comme gouverneur et la direction de l’armée lui est retirée. Il décide alors d’aller voir le duc dans son château d’Abbiategrasso, mais il est éconduit et jure de faire regretter au duc son attitude. Alors, poursuit Manzoni, il se rend au Piémont pour s’entretenir avec Amédée, duc de Savoie, « son prince naturel », et fait tout ce qui est en son pouvoir pour faire de celui-ci l’ennemi du duc de Milan. Puis de là il se rend à Venise où il arrive en février 1425.
6Arrêtons-nous un instant. Dans la Biografia Piemontese, que Manzoni cite dès le début des Notizie storiche, Tenivelli précise, ce que Manzoni ne fait pas, quel fut l’objet de l’entretien entre Carmagnola et son « prince naturel » :
« Carmagnola se présenta à Amédée VIII, premier duc de Savoie, et il lui communiqua son projet qui était d’aller à Venise, et de convaincre cette république d’entrer en guerre contre le Milanais, et de fournir ainsi l’occasion au duc de Savoie d’attaquer avec avantage de sa part la Lombardie6. »
7Quand Carmagnola arrive à Venise des pourparlers sont en cours entre Florence et Venise. Florence est déjà engagée dans une guerre contre Milan. Les Vénitiens sont indécis. Le doge propose alors au Sénat de consulter Carmagnola. Celui-ci conseille la guerre. La guerre est déclarée. Manzoni écrit dans les Notizie istoriche : « L’alliance avec les Florentins et d’autres États italiens fut décidée à Venise le 27 janvier 1426. » Tenivelli, lui, précise ce que Manzoni omet de faire, quels sont ces autres États italiens : en plus du duc de Savoie, Nicolò III d’Este, marquis de Ferrare ; Giovanni Francesco Gonzaga, marquis de Mantoue, Alphonse d’Aragon, roi des Deux-Siciles, ainsi que la république de Sienne7. Au cours de la campagne menée contre Milan, précise encore Tenivelli, le duc de Savoie parviendra même à menacer Milan « en faisant la guerre dans la région de Verceil, selon les accords conclus avec Carmagnola quand celui-ci avait été au Piémont8 ». Là encore Manzoni omet cette précision.
8Ainsi dans sa biographie de Carmagnola, Manzoni élimine toute allusion précise au duché de Savoie afin de masquer les visées expansionnistes de la dynastie savoyarde, représentée ici par Amédée VIII, dont Tenivelli indique bien qu’il fut le « premier duc de Savoie ». Parler d’un duché de Savoie expansionniste au XIVe siècle, c’était indiquer clairement la politique que Manzoni souhaitait que le Piémont menât après la Restauration. Mais ce souhait ne pouvait être qu’indirectement suggéré.
9D’autres précisions sur cette guerre proviennent de Machiavel. Dans l’alliance entre Florence et Venise contre Milan, il était stipulé, écrit Machiavel dans les Istorie fiorentine, que chacune des deux parties s’engageait « de façon que les terres conquises en Lombardie reviendraient aux Vénitiens, et celles de Romagne et de Toscane aux Florentins9 ». Cette guerre concerne donc toute l’Italie, duché de Savoie compris. On touche là à un point central de la pièce, mais pour comprendre la portée politique de cet affrontement, il faut attendre la fin de la tragédie et la conséquence que Manzoni tire de la condamnation de Carmagnola. Revenons à la biographie. Citant Machiavel, Manzoni écrit :
« La guerre se déroula en Lombardie où elle fut menée avec bravoure10 par Carmagnola qui, en quelques mois, s’empara de nombreuses terres du duc de Milan, ainsi que de la ville de Brescia, et cette conquête, à cette époque, et selon les méthodes de guerre d’alors, fut tenue pour admirable. »
10À la suite de l’intervention du pape Martin V, la paix est conclue à la fin de l’année 1426, mais la guerre reprend bientôt. Au cours de cette campagne, Carmagnola assiège les troupes du duc de Milan rassemblées près au château de Maclodio. L’ennemi est battu et Carmagnola fait des milliers de prisonniers, ce que Manzoni commente ainsi dans les Notizie storiche :
« La nuit qui suivit la bataille les soldats victorieux remirent en liberté presque tous les prisonniers. Les commissaires vénitiens qui suivaient l’armée s’étant plaints auprès de Carmagnola, celui-ci demanda ce qu’étaient devenus les prisonniers, et comme on lui répondait qu’ils avaient été tous relâchés, à l’exception de quatre cents d’entre eux, il donna l’ordre que ces derniers soient aussi relâchés, selon l’usage. »
11C’est évidemment à partir de ce moment que les Vénitiens commencèrent à nourrir des soupçons sur la fidélité de Carmagnola. À tort, affirme Manzoni, pour qui cette pratique s’explique facilement :
« Un historien qui, non seulement écrivait à cette époque, mais qui avait aussi servi dans ces guerres, Andrea Redusio, est le seul que je sache, qui ait donné la vraie raison de cet usage militaire d’alors. Il l’attribue à la crainte qu’avaient les soldats de voir les guerres se terminer trop tard et d’entendre les peuples crier : “À la bêche, les soldats.” »
12Manzoni explique que les Vénitiens eurent donc tort de s’alarmer :
« En prenant à leur solde un condottiere, ils devaient s’attendre à ce qu’il fasse la guerre selon les lois communément suivies ; et ils ne pouvaient, sans manquer de discernement, prétendre qu’un général prît l’engagement risqué de s’opposer à un usage si utile et si cher aux soldats, s’exposant par là à être haï par toute l’armée et à se priver de tout appui. Ils avaient bien raison de prétendre de lui de la fidélité et du zèle, mais pas un dévouement sans limite : ce dévouement on ne l’accorde qu’à une cause que l’on a embrassée par enthousiasme ou par devoir. »
13Cet argument, qui semble irréfutable, est aussi celui-ci que donne Sismondi dans l’Histoire des Républiques italiennes du Moyen Âge, dans laquelle, on l’a vu, Manzoni puisa son inspiration pour sa tragédie :
« Lorsque la bataille n’avait pas été sanglante, elle se terminait sans que les combattants conservassent aucun ressentiment les uns contre les autres. Les vainqueurs ne voyaient plus dans leurs prisonniers que des frères d’armes ; la plupart avaient servi ensemble dans quelque guerre précédente et avaient contracté avec des hommes devenus des adversaires, des liens d’amitié et d’hospitalité guerrière11. »
14Le plaidoyer de Manzoni en faveur de l’innocence de Carmagnola se heurte sur ce point au commentaire de Pietro Verri, dont il cite un passage à la fin des Notizie storiche. Voici ce qu’écrit Pietro Verri :
« Soit qu’il fût éloigné, par une répugnance de son esprit, d’apporter la destruction à un prince dont il avait autrefois obtenu les honneurs et sous lequel il avait acquis la célébrité ; soit qu’il ait eu encore confiance que le duc, humilié, vînt lui faire des propositions d’accommodement et lui sacrifiât les misérables ennemis qui avaient osé lui écrire, c’est-à-dire ses très vils courtisans ; ou pour tout autre motif que ce soit, le comte de Carmagnola, malgré le désaccord des commissaires vénitiens et malgré leur ferme opposition, voulut renvoyer, désarmés certes, mais libres, au duc tous les généraux et les très nombreux soldats qu’il avait faits prisonniers dans la bataille du 11 octobre 1427. Le duc en peu de jours réarma de nouveau et reconstitua son armée, […] si bien que Carmagnola, peu de temps après, eut à nouveau en face de lui cette même armée qu’il avait eu, désarmée, en son pouvoir12. »
15Manzoni conteste la façon dont Pietro Verri présente les choses, mais passe sous silence sa conclusion :
« Pour ce qui est des prisonniers, chacun voit les erreurs du récit que j’ai transcrit. Le comte de Carmagnola ne renvoya pas, libres, tous les prisonniers, mais seulement quatre cents ; il ne renvoya pas les généraux, puisque parmi eux seul Malatesti fut pris et ne fut pas relâché ; il n’est pas exact de dire que les soldats furent renvoyés au duc : ils furent simplement mis en liberté. Et je ne vois pas pourquoi on entre dans des conjectures pour expliquer la conduite de Carmagnola à cette occasion, alors que l’histoire l’explique par un usage courant de la guerre. »
16Reprenons maintenant la biographie de Carmagnola.
17Une nouvelle paix, conclue entre Venise et Milan, est à nouveau rompue en 1431. Manzoni écrit, toujours dans les Notizie storiche : « La guerre, n’eut pas pour le comte d’aussi heureux résultats que les deux guerres précédentes. Deux condottieri du duc l’attirent dans un piège, l’armée vénitienne est battue, et son commandant lui-même est obligé de s’enfuir. » Affirmation qu’il commente ainsi plus loin : « Les historiens vénitiens accusent ici Carmagnola de trahison. Les historiens qui n’ont pas assumé la triste tâche de justifier ses assassins ne lui font d’autre reproche que de s’être laissé tromper par un stratagème. » Puis il rapporte une nouvelle mésaventure que connaît Carmagnola :
« Le 18 octobre, Carmagnola donna l’ordre à Cavalcabò, l’un de ses condottieri, de surprendre Crémone. Celui-ci réussit à en occuper une partie, mais comme les habitants s’étaient soulevés en masse, il dut abandonner l’entreprise et retourner au camp. Carmagnola ne jugea pas bon de soutenir cette entreprise avec le gros de son armée ; et je trouve étrange que cela lui ait été imputé à trahison par le gouvernement vénitien. La résistance, probablement inattendue, du peuple explique très bien pourquoi le général ne se soit pas obstiné à attaquer une ville qu’il espérait occuper tranquillement par surprise : la trahison n’explique rien. […] Mais la Seigneurie, ayant résolu, selon l’expression de Navagero, de se débarrasser de Carmagnola, elle chercha par quel moyen elle pouvait l’avoir, désarmé, en son pouvoir. »
18Le gouvernement de Venise, ce symbole d’un pouvoir perfide, invite alors Carmagnola à Venise sous prétexte de le consulter pour conclure la paix. Quand il arrive au palais ducal on l’arrête, on le jette en prison, une commission secrète l’examine, le condamne à mort et le 5 mai 1432 il est conduit, bâillonné, entre les deux colonnes de la Piazzetta et exécuté. Manzoni commente cette exécution en se plaçant du point de vue de la justice, et en s’appuyant sur le peu de validité des raisons, et le manque de « preuves » :
« On n’a rien d’authentique sur l’innocence ou la culpabilité de ce grand homme. Il fallait s’attendre à ce que les historiens vénitiens, qui voulaient écrire et vivre en paix, le trouvassent coupable. Ils expriment cette opinion comme une donnée de fait, avec cette certitude et cette désinvolture qui est naturelle chez ceux qui parlent en faveur de la force. Sans se perdre en conjectures, ils affirment que Carmagnola fut convaincu de crime par la torture, par des témoins et par ses propres lettres. De ces trois moyens de preuve, le seul que l’on sache avec certitude avoir été appliqué, c’est le premier moyen, infâme s’il en est, celui qui ne prouve rien. »
19Manzoni ici va jusqu’à accuser Pietro Verri, pourtant inspirateur de Beccaria et lui-même auteur des Osservazioni sulla tortura, de prendre pour argent comptant le témoignage des historiens vénitiens et de se faire en quelque sorte leur complice en ne défendant pas la thèse de l’innocence de Carmagnola.
20La condamnation légitime de l’usage de la torture dans la procédure pénale – qui peut avoir comme résultat de faire acquitter, comme dit Beccaria, un coupable de forte constitution capable de résister à la torture, et de condamner un innocent peu résistant – n’implique évidemment pas qu’un accusé doive être considéré comme innocent parce qu’il a avoué sous la torture. Que la torture ait été appliquée à Carmagnola ne prouve pas que celui-ci soit innocent, et faire de la torture appliquée à Carmagnola la preuve de son innocence est un pur sophisme. Mais surtout, pour défendre le point de vue qui est le sien, Manzoni fait abstraction d’un commentaire capital, qu’il ne peut ignorer. Dans le chapitre xii du Prince, où il fait l’éloge des armées « nationales », Machiavel dénonce les dangers que font courir au prince les chefs d’armées mercenaires qu’ils prennent à leur service. Il existe, écrit Machiavel, deux types de chefs mercenaires : ceux, qui ne valant rien, ou ne valant plus rien, entraînent la ruine du prince qui les emploie ; et ceux qui, parce qu’ils sont d’excellents capitaines, n’aspirent qu’à leur propre grandeur et deviennent des rivaux du prince. Il faut donc s’en méfier et, dans les deux cas, les éliminer.
21Et Machiavel prend précisément l’exemple de Venise et de Carmagnola pour illustrer ces deux cas : les chefs mercenaires qui ne valent rien ou ne valent plus rien, ou ceux qui peuvent devenir des rivaux.
« Si l’on considère les progrès des Vénitiens, on verra qu’ils agirent sûrement et glorieusement tant qu’ils firent la guerre eux-mêmes, c’est-à-dire avant qu’ils ne dirigent leurs entreprises sur la terre, opérant alors très vaillamment avec leurs gentilshommes et leur peuple armé. Mais quand ils commencèrent à se battre sur terre, ils abandonnèrent cette vertu et suivirent les usages des guerres italiennes, et au début de leur progression sur la terre, comme ils n’avaient que peu de territoire et qu’ils avaient une excellente réputation, ils n’avaient guère à craindre de leurs capitaines. Mais quand ils accrurent leur domaine, et ce fut sous Carmigniuola, ils eurent une preuve de cette erreur car, ayant vu sa très grande vaillance quand ils avaient battu le duc sous sa direction et, voyant par ailleurs combien il était devenu froid dans la guerre, ils estimèrent qu’ils ne pouvaient plus vaincre avec lui parce qu’il ne le voulait pas, et qu’ils ne pouvaient le licencier pour ne pas reperdre ce qu’ils avaient conquis ; aussi, pour se garantir, furent-ils obligés de le tuer13. »
22On comprend que Manzoni ait renoncé à aller contre Machiavel à propos de Carmagnola car, s’il ne pouvait qu’être d’accord avec l’idée de la suprématie d’une armée nationale sur une armée mercenaire, en revanche il ne pouvait réfuter l’idée de la culpabilité du condottiere sur un autre plan : Machiavel ne se demande pas si Carmagnola est un traître, s’il est coupable ou pas, sur un plan juridique ou moral ; il le condamne d’un point de vue politico-militaire, en tant que représentant symbolique d’une institution néfaste, le mercenariat.
23Mais l’histoire de Carmagnola ne s’arrête pas avec sa mort. Manzoni écrit à la fin des Notizie storiche, en citant littéralement une autre source, celle des Rivoluzioni d’Italia de Denina, dont il donne aussi la référence exacte en note14 :
« Le sort de Carmagnola fit grand bruit dans toute l’Italie ; et il me semble qu’en particulier les Piémontais le ressentirent très douloureusement et en gardèrent mémoire, comme l’indique l’anecdote suivante que raconte Denina. Le premier soupçon qu’eurent les Vénitiens du secret de la ligue de Cambrai vint des rapports d’un de leurs agents à Milan qui avait appris “qu’un certain Carlo Giuffredo, Piémontais, qui était l’un des secrétaires d’État du gouvernement de Milan au service de Louis, disait aux gens de son entourage que le moment était venu où serait amplement vengée la mort du comte Francesco Carmagnola, son compatriote”. Je n’ai pas cité ce trait, pour applaudir à un sentiment de vengeance et de patriotisme municipal, mais comme un signe de l’intérêt que l’on portait à ce grand capitaine dans cette noble et belliqueuse partie de l’Italie, qui le considérait plus spécialement comme lui appartenant. »
24Ces considérations sont écrites entre 1816 et 1819 par un Milanais qui, les yeux tournés vers le Piémont, explique, sur la foi d’une anecdote, que la ligue de Cambrai, signée en 1508 contre la république de Venise, avait été conclue entre le roi de France, le roi d’Espagne, le Pape et l’Empereur, pour venger la mémoire du comte de Carmagnola, exécuté par les Vénitiens quelque soixante-quinze ans plus tôt, en 1432, non parce que ceux-ci étaient convaincus qu’il les trahissait dans la guerre contre Milan, ou parce qu’il était devenu militairement impuissant, comme dit Machiavel, mais parce qu’il était… piémontais !
25Dans Delle Rivoluzioni d’Italia, avant de rapporter l’anecdote que cite Manzoni, Denina écrit à propos de Venise et de la ligue de Cambrai :
« En somme, si la ligue de Cambrai avait eu pleinement le résultat qu’elle s’était proposé, et que les forces de tant de princes unis tous ensemble laissaient présager, une grande partie de l’Italie des Alpes jusqu’à Tarente sur tout le côté qui est tourné vers la mer Adriatique, devait changer de sort et de condition. Ce qui est étonnant, c’est que le Sénat vénitien se soit laissé si imprudemment exposer à de si terribles tempêtes, en se fiant trop aux protestations d’amitié ancienne que lui faisait le roi de France. Il est certain que le traité de Cambrai fut conclu sans que les Vénitiens soupçonnassent le moins du monde que la machine était dirigée contre eux15. »
26La ligue de Cambrai n’a donc pas été conçue, comme le voudrait Manzoni, pour venger Carmagnola, mais pour en finir avec la puissance vénitienne qui, d’ailleurs, avait bien failli périr à la bataille d’Agnadello en 1509.
27En novembre 1871, Manzoni reçut une invitation de la part de la municipalité de Turin désireuse de recueillir des autographes des « hommes des différentes provinces qui de différente façon ont virtuellement coopéré à l’indépendance nationale ». Il y répondit par un texte, long et argumenté, intitulé Dell’Indipendenza dell’Italia, dans lequel il déclarait :
« Quoique la connaissance correcte de moi-même puisse et doive me déconseiller d’accepter l’honneur que ce respectable Comité se propose de faire à mes pauvres caractères, le désir prévaut en moi de saisir l’opportunité d’exprimer […] le sentiment très vif que je nourris pour cette partie de l’Italie16 d’où un tel honneur m’est offert avec une indulgence excessive. […] Qu’il me soit permis d’ajouter que, depuis plus d’un demi-siècle, vit en moi ce sentiment dont je souhaite parler et qui, dans l’esprit de chaque Italien, auquel ce nom rappelait douloureusement une patrie, commença par être une espérance lointaine, et est maintenant devenu une reconnaissance éternelle ; le sentiment, dis-je, que de cette partie de l’Italie, dût, pût, un jour, venir le risorgimento de la partie malheureusement plus vaste, du reste du pays. Cette partie était en effet la seule à qui pût convenir le nom d’État ; […] la seule, dis-je, dans cette malheureuse Italie où un tel nom était appliqué également à tant d’autres parties, formées et transformées, agrandies et diminuées par des étrangers dominateurs. […] Parmi ces États, il était le seul qui eût une vie propre, une politique à lui, le seul où la valeur italienne fût armée et disciplinée, de génération en génération, en une véritable armée ; le seul donc qui avait pu se défendre par lui-même dans plus d’un cas, et contracter des alliances utiles et non serviles, et inscrire dans son histoire de nobles batailles et élargir son territoire, sous le gouvernement d’une maison italienne depuis des siècles, non cadette, ni créature d’étrangers puissants, admirable par tradition de courage et de constance, et même, si l’on veut, d’ambition, mais d’une ambition doublement bénéfique parce que, par de nouvelles acquisitions, il faisait participer un plus grand nombre d’Italiens à son indépendance, et en même temps il augmentait la seule force que l’on put dire italienne17. »
28Déjà dans l’essai La Rivoluzione francese del 1789 e la Rivoluzione italiana del 1859 qu’il avait commencé à rédiger peu après l’unité, Manzoni avait écrit à propos de l’Italie de 1815 dominée par l’Autriche :
« Quand, à la domination d’une puissance étrangère sur une partie de l’Italie, s’ajouta sa prédominance sur tous les autres États d’Italie, moins un, de sorte que celle-ci se trouva liée, pourrait-on-dire, par une unité de servitude ; alors la reconnaissance unanime de la raison du mal créa la reconnaissance unanime que le seul et vrai remède était dans l’unité nationale, était d’accepter le seul moyen capable de l’obtenir, était, que dis-je, de l’invoquer, en gardant les yeux et les espérances tournées vers cette partie de l’Italie et cette Maison, d’où seul pouvait venir un tel moyen18. »
29Ce seul moyen, évidemment, était la guerre.
30De la même façon, dans Dell’Indipendenza dell’Italia, Manzoni avait rappelé que le royaume de Sardaigne avait été le seul État à s’être opposé aux armées françaises pendant la Révolution :
« C’était le seul État italien qui, vers la fin du siècle dernier, avait soutenu une guerre contre la France, alors que pour les autres, une partie s’était contentée de la déclarer, et le reste avait pris le parti, équivalent, mais plus modeste, de rester neutre. L’armée italienne […] avait su retenir pendant trois ans de ce côté des Alpes le nouvel envahisseur, comme ce vaillant garçon hollandais qui avait opposé à l’eau sur le point d’envahir la digue son dos, petit mais tenace, en attendant de l’aide19. »
31Une autre preuve de ce que l’on pourrait appeler la « piémontophilie » politique de Manzoni est le poème Marzo 1821, dédié à la mémoire d’un poète soldat de l’indépendance allemande, Theodor Körner, mort à la bataille de Leipzig, la « bataille des nations » en 1813, et dont le nom est cher, écrit Manzoni dans la dédicace, « à tous les peuples qui combattent pour défendre ou conquérir une patrie ».
32Le poème, que Manzoni ne put publier qu’en 1848, mais dont il avait gardé le texte dans sa mémoire – « le seul endroit qui pût échapper à la police » –, célèbre les Piémontais qui, franchissant le Tessin pour libérer leurs frères lombards, avaient fait tomber les barrières qui séparaient deux régions d’Italie pour réunir, en une seule nation, un peuple :
« Immobiles sur la berge aride,
Les yeux sur le Tessin à peine franchi,
Tout absorbés dans leur nouveau destin,
Assurés, dans leurs cœurs, de l’antique vertu
Ils ont juré : plus jamais cette eau
Ne coulera entre deux rives étrangères,
Aucun lieu ne sera où surgiront des barrières
Entre Italie et Italie, jamais plus.
Un peuple libre. […]
Un par les armes, la langue, l’autel,
Les mémoires, le sang et le cœur. […]
Ô jours de notre rédemption. »
33Comme on le voit le piémontais Carmagnola ne pouvait être qu’innocent, et la « noble et belliqueuse partie de l’Italie » dont il était le fils, comme il est dit à la fin des Notizie storiche pouvait remplir au cours du Risorgimento le rôle auquel une longue tradition militaire l’avait préparé.
34Enfin comment ne pas se rappeler, à propos de Carmagnola, ce qu’écrivait à son propos Francesco Lomonaco dans le troisième volume de ses Vite de’famosi capitani d’Italia, paru à Milan en 1805 :
« Enflammé par une colère divine, champion de la raison, Carmagnola va chercher, comme Hannibal, des ennemis contre son ennemi capital, Filippo. Accueilli de bonne grâce par Amédée VIII, appelé le Salomon du siècle, il lui raconte en détail l’histoire de son malheur : il s’efforce de s’emparer de son cœur ; il emploie tout son talent pour lui démontrer la nécessité de combattre le duc de Milan, héritier non seulement du trône, mais des crimes, des trahisons et de l’ambition de ses ancêtres ; il l’assure et le rassure qu’avec huit ou neuf mille hommes il pénètrerait au cœur du Milanais ; qu’il en occuperait les forteresses ; qu’il en chasserait le duc, vengeant ainsi ses injures et celle des autres. Mais Amédée, bien qu’il vît l’utilité de ses conseils, […] ne les suivit pas. Si bien que ses visées s’évanouirent comme celles d’Hannibal à la cour d’Antioche.
Qui regarde les vents ne sème pas ; et qui regarde les nuages ne moissonne pas, comme dit le livre de la Sagesse. Dans ces mots emphatiques est cachée la maxime qu’il faut prévoir, anticiper, forcer l’occasion, ne jamais l’attendre20. »
35Quand Lomonaco écrivait ces lignes, Milan était la capitale du royaume d’Italie, créé par Napoléon, mais quand Manzoni écrivait sa tragédie, elle était devenue la capitale du royaume lombard-vénitien qu’il faudrait arracher à l’Autriche pour faire l’Italie.
36Ce rôle que Manzoni souhaitait voir joué par le Piémont dans l’unification de l’Italie ne reposait pas que sur un désir ou une intuition de sa part.
37Déjà en 1816, l’Autriche s’inquiétait de l’état d’esprit qui régnait au Piémont. Dans un rapport à Metternich, le gouverneur général de la Lombardie écrivait :
« Le roi de Sardaigne, à peine replacé sur son trône par les armes victorieuses de l’Autriche, a aussitôt oublié ce bienfait imminent (sic), son cabinet nous fait une espèce de guerre continuelle, et des condescendances, que l’on est en droit d’attendre d’un État limitrophe, jusqu’aux plus simples égards, tout nous est refusé par cette cour qui ne voit dans son allié naturel qu’un ennemi qui médite à s’approprier une partie de son territoire. […] La faible constitution du roi ne permettant pas d’espérer que son règne sera de longue durée, l’ineptie reconnue de son successeur donne lieu à supposer que les partis qui existent en Piémont et surtout dans l’ancienne république de Gênes s’agiteront à la première occasion, se combattront et ne pourront guère être réprimés par un prince plus faible encore que Victor-Emmanuel. Je ne parle point du prince de Carignan, qui ne cesse de former l’espoir des amis de l’indépendance italienne et dont l’avènement au trône sera certainement marqué par un changement de système de gouvernement qui, d’une certaine manière ou de l’autre, peut avoir des suites fâcheuses. […] Dans tous les cas possibles il me paraît de la plus haute importance de nous ménager un parti en Piémont et à Gênes pour influer sur les événements qui peuvent avoir lieu dans la suite, et pour empêcher qu’un pays, qui ne devrait être qu’une barrière de nos possessions italiennes, ne devienne peut-être l’avant-poste de la France (de tous les Bourbons) contre nous21. »
38Quelques mois plus tard, le gouverneur militaire de la Lombardie, le général Bubna, envoyait à Metternich des Notes sur le Piémont rédigées par un de ses collaborateurs à la suite de son séjour à Turin :
« La position topographique de ce royaume le rend très intéressant sur tous les rapports, et mérite l’attention la plus exacte de la part de ses voisins, surtout de l’Autriche et de la France. Dans le cas d’une guerre entre ces deux puissances, le Piémont se pénétrant de l’avantage de la localité, cherchera sûrement à en tirer parti en se déclarant pour l’une de ces deux puissances belligérantes et il n’y a pas de doute que ce sera pour celle qui lui proposera les plus grands avantages. C’est ainsi que les rois de Sardaigne se sont toujours agrandis sur ses deux voisins et surtout sur la Lombardie. […] Dans tous les temps sa politique a visé à un agrandissement en Italie et dans ce moment plus que jamais elle s’abandonne à de grandes idées d’agrandissement sur la Lombardie. Tout le monde en Piémont rêve des traités secrets dont le but est de porter le sceptre piémontais jusqu’à l’Adige. Cette opinion pour cet avenir brillant est si générale et si fortement enracinée qu’on ne peut douter que ce ne soit le gouvernement qui donne cette impulsion aux têtes piémontaises. Dans toutes les classes de personnes on trouve cette folie d’agrandissement si bien établie que tous les raisonnements possibles pour la détruire sont inutiles. On pousse la chose jusqu’au point de mettre en avant des droits qu’on appelle sacrés et dont l’accomplissement, fondé sur la justice, doit être inévitable22. »
39Voici enfin ce qu’on peut lire dans un rapport sur l’état moral et politique de l’Italie après le congrès de Vienne, rédigé par le comte Cotti di Brusasco, chargé d’affaires sarde à Saint-Pétersbourg :
« Il est évident, par les faits et par les événements, que tant que cette rivalité existe, l’Europe ne doit point espérer de véritable repos. Il paraît que le seul moyen d’éteindre cette rivalité serait d’établir dans le nord de l’Italie un État qui fût assez fort pour défendre les Alpes, et fermer à tout étranger les portes de l’Italie. Les formes de cet État sont tracées par la nature : les Alpes et les Apennins entourent le bassin du Pô, cette belle vallée qui commence aux pieds du Mont-Cenis et se termine aux montagnes de la Carniole. […] Non seulement les montagnes et les langues, véritables limites naturelles, indiquent les bornes de cet État, mais aussi les mœurs, les habitudes et les relations. En effet rien de commun entre le Piémont et le Dauphiné, entre le Vénitien et l’Autriche ; tandis qu’au contraire tout le nord de l’Italie est précisément au même degré de civilisation, il y a rapprochement d’opinions et communauté d’intérêts ; je dirai même que sous plusieurs rapports, les habitants ont beaucoup plus de rapports entre eux, qu’avec les habitants de la Toscane, de Rome, de Naples.
L’Italie septentrionale, sans compter les duchés de Parme et de Modène, a une population de sept à huit millions. Un tel État ne pourrait donner de jalousie à personne. Placé entre deux puissances dont chacune a plus du triple de la population à peine suffirait-il à soutenir son indépendance, et encore n’y parviendrait-il pas sans le secours de la Russie. Il y a deux cents ans qu’Henri IV avait aperçu lui-même cette vérité, et avait proposé de placer la Maison de Savoie sur le trône des rois lombards. […] Le cours naturel des choses et les vœux de l’Italie l’y appellent. C’est la seule Maison régnante italienne ; et il importe peut-être au repos et à l’équilibre de l’Europe, que la couronne de fer soit ceinte par des princes qui n’appartiennent pas plus à la Maison d’Autriche qu’à celle des Bourbons23. »
40Dès lors il est évident qu’un jour le comte de Carmagnola serait vengé.
Notes de bas de page
1 Federico Confalonieri, « Réflexions après la chute du Royaume d’Italie », in Memorie, Milan, Hoepli, 1890, p. 84-85.
2 Alessandro Manzoni, Il conte di Carmagnola, éd. Giuseppe Sandrini, Milan, Centro Nazionale di Studi manzoniani, 2004, p. 12-22. Toutes les citations des Notizie storiche se réfèrent à cette édition.
3 Comme on le sait l’idée de composer une tragédie est venue à Manzoni à la lecture de L’Histoire des Républiques italiennes du Moyen Âge de Sismondi. Le 25 mars 1816, Manzoni écrivait à Fauriel : « Cette fois j’espère achever une tragédie que j’ai commencée avec beaucoup d’ardeur et d’espoir de faire au moins une chose neuve chez nous. […] Le sujet est la mort de François Carmagnola ; si vous voulez vous rappeler son histoire avec détail, voyez-la à la fin du huitième volume des Rép[ubliques] Italiennes, de Sismondi. L’action commence par la déclaration de guerre des Vénitiens au duc de Milan (p. 378) et se termine par la mort de Carmagnola qui est décrite à la fin du volume. Elle tient un espace de six ans ; c’est un fort soufflet à la règle de l’unité de temps, mais ce n’est pas vous qui en serez scandalisé », Alessandro Manzoni, Tutte le lettere, tome 1, Milan, Adelphi, 1986, p. 157 ; cf. aussi la lettre du 13 juillet, ibid., p. 161.
4 La description de la vie de Francesco Bussone di Carmagnola figure, à côté de celle de neuf autres capitaines piémontais connus, dans le troisième tome de Carlo Tenivelli, Biografia Piemontese, Turin, Presso Ignazio Soffietti, 1787, p. 149-208.
5 Pietro Verri, Storia di Milano, continuata fino al 1792 da Pietro Custodi, vol. 1, Florence, Le Monnier, 1851, p. 431-432. La première édition en deux tomes parut à Milan en 1783-1798 ; elle se terminait avec la vie de San Carlo Borromeo.
6 Carlo Tenivelli, Biografia Piemontese, op. cit., p. 163.
7 Ibid., p. 165.
8 Ibid., p. 171-172.
9 Niccolò Machiavelli, Le Istorie fiorentine, a cura di G. B. Niccolini, Florence, Le Monnier 1851, p. 189-190. Manzoni devait posséder les Istorie fiorentine dans l’édition des Opere de Niccolò Machiavelli, Milan, tip. L. Mussi, 11 vol., 1810-1811. En décembre 1810, Manzoni avait adressé au pape Pie VII, une demande d’autorisation pour lire les œuvres de Machiavel qui figuraient alors à l’index des livres interdits (Alessandro Manzoni, Tutte le Lettere, op. cit., p. 110).
10 Manzoni utilise le terme « virtuosamente » pour qualifier la bravoure de Carmagnola.
11 Jean Charles Léonard Simonde de Sismondi, Histoire des Républiques italiennes du Moyen Âge, vol. 8, Paris, H. Nicolle, 1809-1818, p. 398-399.
12 Pietro Verri, Storia di Milano, op. cit., p. 437.
13 Niccolò Machiavelli, Il Principe, in Opere, a cura di Corrado Vivanti, vol. 1, Turin, Einaudi-Gallimard, 1999, p. 152.
14 Carlo Denina, Dalle Rivoluzioni d’Italia, Venise, dalle Stampe di Giovanni Gatti, 1784. La note de Manzoni indique : Rivoluzioni d’Italia, livre 20, chap. 1.
15 Carlo Denina, Dalle Rivoluzioni d’Italia, op. cit., vol. 4, p. 77-78. Tenivelli écrit de son côté : « On lit dans les Annales de Muratori que le malheur de ce grand capitaine, le plus célèbre en son temps, fit un bruit incroyable en Italie. […] Francesco Carmagnola était d’un caractère impétueux, mais généreux. Muratori le dit orgueilleux selon l’usage de nombreux écrivains italiens qui, lorsqu’ils doivent parler de quelque personnage de cette très noble province d’Italie, qui s’appelle “Piémont”, ou bien en taisent les vertus, ou bien n’en relèvent que les vices », Biografia Piemontese, op. cit., p. 175-177.
16 Manzoni entend : le Piémont.
17 Alessandro Manzoni, Dell’Indipendenza dell’Italia, in Tutte le opere, éd. Alberto Chiari et Fausto Ghisalberti, Milan, Mondadori, vol. 4, 1963, Saggi storici e politici, p. 681-682. Les italiques sont de nous.
18 Ibid., La Rivoluzione francese del 1789 e la Rivoluzione italiana del 1859, p. 314-315. Les italiques sont de nous.
19 Ibid., Dell’Indipendenza dell’Italia, op. cit., p. 682.
20 Le texte de Lomonaco est reporté comme une évidente source possible de la tragédie dans l’Appendice II de l’édition des œuvres de Manzoni du Centro Nazionale di Studi Manzoniani, op. cit., p. 389-416. Le passage cité dans notre texte est aux pages 402-403. Manzoni connaissait Lomonaco, et sûrement les Vite de’famosi capitani. Dans une lettre datée : Paris, 31 août 1805, et adressée à Vincenzo Monti, il écrivait que Lomonaco était un homme « qu’il estimait et aimait pour sa probité », Alessandro Manzoni, Tutte le lettere, op. cit., p. 161.
21 Saurau à Metternich, Milan, 23 mai 1816, in Le relazioni diplomatiche fra l’Austria e il regno di Sardegna, serie 1, vol. 1 (27 avril 1814-17 juillet 1820), éd. di Narciso Nada, Rome, Istituto storico italiano per l’età moderna e contemporanea, 1964, p. 475-476.
22 Notes sur le Piémont, Milan, 5 décembre 1816, ibid., p. 481. Dès 1815 le roi Victor-Emmanuel avait alerté l’Angleterre sur le fait que l’extension de la domination autrichienne en Italie du Nord (à la suite de la création du royaume Lombard-Vénitien) affaiblissait le Piémont dans son rôle de gardien non seulement contre la France, mais aussi face à l’Autriche. Voir Nicomede Bianchi, Storia della politica austriaca rispetto ai sovrani e ai governi italiani dall’anno 1791 al maggio 1857, Savone, L. Sambolino, 1857, p. 25-27.
23 Nicomede Bianchi, Storia documentata della diplomazia europea in Italia dall’anno 1814 all’anno 1861, vol. 1, Turin, Dall’unione tipografico-editrice, 1865, p. 454-455.
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