L’Inde et les Anglais à l’Opéra-Comique
Qui sont les autres dans Lakmé ?
p. 125-139
Texte intégral
1Lakmé, opéra de Léo Delibes, sur un livret de Philippe Gille, Arnold Mortier et Edmond Gondinet, fut représenté pour la première fois le 14 avril 1883 à l’Opéra-Comique. Dès sa création, l’œuvre a rencontré un vrai succès, en France et à l’étranger, et est devenue un des piliers du répertoire de l’Opéra-Comique dans la première moitié du XXe siècle. Lakmé est un opéra exotique, mais ce n’est pas un opéra exotique « de plus », présentant les visions fantasmées de l’Orient attendues par le spectateur. Derrière cet exotisme bien vite qualifié « d’exotisme de pacotille » se cache une vision renouvelée et originale de la rencontre souvent traitée à l’opéra entre l’homme européen et la femme « orientale ». Les Européens de Lakmé sont des Anglais de 1880. Anglais ou Indiens, dans Lakmé, tous les personnages sont donc des autres pour le public parisien de 1883, des autres proches (Anglais) ou lointains (Indiens). Face à l’altérité évidente que représentent les Indiens, comment ces proches sont-ils présentés ? Sont-ils différents ou ressemblants ? Quel sens donner à leur présence ? Comment sont-ils perçus ?
2Avant de poursuivre l’analyse, il semble nécessaire de donner un bref résumé du livret. « La scène se passe de nos jours dans une possession anglaise de l’Inde1 », est-il précisé d’emblée. Lakmé est une jeune hindoue, fille du brahmane Nilakantha. Au cours d’une excursion, un petit groupe d’Anglais, deux officiers, deux jeunes filles et leur gouvernante, tombe par hasard sur le jardin sacré et apparemment désert de la maison du brahmane, et profane le lieu en y pénétrant. L’un des jeunes gens, Gérald, y demeure seul à la demande de sa fiancée Ellen, pour y dessiner les bijoux que Lakmé y a laissés, quand celle-ci apparaît. Coup de foudre partagé. Gérald s’éclipse à l’arrivée du redoutable brahmane, qui, voyant la clôture brisée, jure de venger l’outrage. Le deuxième acte nous transporte sur la « place publique d’une ville hindoue un jour de marché2 », le jour de la fête bruyante et colorée de la déesse Dourga. Au milieu de cette agitation, Lakmé, contrainte par son père déguisé en mendiant, chante la Légende de la fille du paria (le fameux air des clochettes) dans le but d’attirer Gérald. Celui-ci se laisse prendre au piège. Après avoir revu Lakmé, il est poignardé par Nilakantha et ses sbires. Au troisième et dernier acte, Gérald se réveille au milieu d’une forêt vierge sous l’œil bienveillant de Lakmé, qui l’a sauvé. Leur chant d’amour est interrompu par Frédéric, l’ami de Gérald, qui rappelle à son compagnon ses devoirs de soldat et de fiancé. Là se place un trio entre Frédéric et les deux jeunes Anglaises qui l’ont suivi et le taquinent, tandis que Gérald est obligé de se cacher derrière un buisson. Après cette entrevue, Gérald n’est plus le même et Lakmé s’en rend compte. Elle se donne la mort en avalant une fleur vénéneuse, non sans avoir protégé son amant de la vengeance de son père en le faisant boire à la coupe sacrée qui fait de Gérald son époux. Le rideau tombe sur le désespoir de Gérald aux pieds du corps sans vie de Lakmé.
Genèse du livret
3Afin de comprendre comment les auteurs de Lakmé en sont venus à mettre en scène des Anglais, il faut essayer de retracer la genèse du livret, qui est loin d’être claire. En effet, l’option anglaise n’a pas été immédiate : Delibes a composé son premier acte et le début du deuxième à partir d’un livret où les Européens étaient français. Le changement de nationalité a eu lieu semble-t-il, dans le courant de l’automne 18813. Que disent les sources du livret à cet égard ? De quels pays viennent les personnages et leur appartenance nationale est-elle soulignée par les auteurs ?
4Les premiers commentateurs de l’opéra ont d’abord présenté Lakmé comme une adaptation libre du roman Le Mariage de Loti, grand succès de librairie paru en mars 18804. L’adaptation en aurait été taillée sur mesure pour le talent spécial de la jeune cantatrice Marie Van Zandt, tout juste engagée à l’Opéra-Comique. Mais, ainsi que l’a découvert Betje Clier5, la source d’inspiration la plus proche du livret est un recueil de récits de l’érudit voyageur Théodore Pavie, paru en 18536.
5En réalité, le livret de Lakmé est très probablement le résultat d’une hybridation entre le roman de Loti et les récits de Pavie, car même si les décors et l’intrigue de l’opéra sont littéralement plus fidèles à ceux-ci, l’atmosphère générale n’est pas éloignée de l’univers de l’officier de marine écrivain, et Arnold Mortier, l’un des auteurs du livret, a revendiqué cette filiation7.
6Sur les quatre récits de Pavie ayant inspiré les librettistes, un seul, Les Babouches du brahmane8, histoire de la vengeance d’un brahmane contre un Anglais sacrilège, met en scène le monde anglo-hindou. Encore ne présente-t-il qu’une histoire individuelle. Nulle trace de ce petit groupe de cinq personnes qui fait une irruption dissonante dès le début de l’opéra. Sir Edward, le héros, est désigné indifféremment comme un Européen ou comme un Anglais. Ses seuls traits distinctifs sont qu’il apprécie le confort et voyage avec de la bière anglaise. Deux autres récits de Pavie, Sougandhie et Padmavati9, sont situés dans les colonies françaises, la présence européenne y restant très discrète. Quant au quatrième récit, Chérumal le Mahout10, il met en scène un marchand arabe face aux hindous, et aucun Occidental.
7Le roman de Pierre Loti, lui, conte les amours d’un officier de marine anglais avec une très jeune Tahitienne, Rarahu, abandonnée avec nostalgie à la fin du récit, lorsque fatalement l’officier repart en Europe. Loti lui-même, alors que son roman est largement autobiographique – il avait séjourné à Tahiti en 1872 – fait curieusement de son héros un officier anglais, Harry Grant, alors que Tahiti est passée sous protectorat français en 1842 et que l’histoire qu’il raconte s’y déroule en 1875. On oublie d’ailleurs complètement en lisant le roman de Loti que le héros est anglais, tant sa voix se confond avec celle son auteur bien français.
Présentation des Anglais dans Lakmé
Un exotisme anglais
8D’un point de vue lexical, les noms des personnages ne sonnent pas très anglais. Ils sont ambivalents (Rose, Frédéric, Gérald, Ellen), sauf celui de la gouvernante, Mistress Bentson, qui lui, ne laisse aucun doute sur la nationalité. Lorsque les héros étaient encore français, seules les femmes avaient un nom différent : Ellen était Rose, Rose était Henriette, et Mistress Bentson était Madame Vau.
9Les évocations de l’Angleterre dans le livret sont rares. C’est dans la première scène où intervient le quintette qu’elles sont les plus prononcées. Les femmes sont appelées Miss et Mistress lors de leur première scène. Une phrase de Gérald, dans cette même scène, faisant allusion à Nilakantha, sonne comme une parodie de tournure anglaise : « Très positivement nous n’avons pas été présentés11. » À part une évocation par le même Gérald de « Sa Majesté la reine d’Angleterre12 », les propos les plus marqués sont encore une fois dans la bouche de la gouvernante : « Quand je pense que nous serions si bien à Londres, à Hyde Park, humant ce joli brouillard qui nous fait le teint frais13. » Après cette première scène d’exposition, rien dans le texte ne nous rappelle l’Angleterre à l’acte II, et l’on rencontre seulement trois fois les mots « anglais » ou « Angleterre » à l’acte III. En réalité, ce sont les autres composantes du spectacle qui situent l’action.
10Léo Delibes a composé plusieurs morceaux destinés clairement à évoquer l’Angleterre, dont l’un au moins est directement inspiré d’un authentique air anglais : il s’agit de l’entracte no 1 qui ouvre l’acte II, baptisé Les Fifres. On l’entend à nouveau un peu plus tard dans l’acte14 pour accompagner un défilé de troupes. Au troisième acte, le chœur des soldats en coulisse qui rappelle Gérald à son devoir, même s’il n’est pas adapté d’une mélodie « authentique », évoque immanquablement l’Angleterre par son accompagnement de fifres et de tambours15.
11Il est symptomatique que la musique choisie pour l’introduction du deuxième acte de l’opéra soit cet air des fifres, alors qu’on aurait plutôt attendu dans ce contexte exotique un rappel des danses des bayadères ou de la musique accompagnant le cortège de la déesse Dourga. Cette introduction – choisie assez tard dans le processus de composition, il faut le souligner16 – montre l’importance que les auteurs accordaient au côté anglais de leur opéra. L’imagination de Delibes a été stimulée par ces militaires (fig. 1). Dans une lettre à Philippe Gille d’octobre 1882, au moment où commençaient les répétitions, il écrit :
« Voici l’air des fifres. Il s’appelle : Réveille. Fais l’impossible pour l’entendre et rapporte-nous, je te prie, un petit recueil bien colorié des uniformes de l’armée anglaise et de l’Inde surtout. Je rêve de ces militaires ! Tous les dessins que tu trouveras à ce sujet seront les bien venus [sic]17. »
12Car les effets de la musique trouvent leur écho dans la mise en scène, et principalement dans les costumes. Les deux héros masculins portent un habit militaire sombre soi-disant authentique, mais finalement peu évocateur. Plus typiques sont les uniformes des figurants et des choristes qui défilent au deuxième acte : petits fifres, matelots et officiers anglais et indiens. Les costumes des Anglaises sont de couleurs vives, mais qu’ont-ils de particulièrement britannique ? Une certaine originalité, une audace dans le mariage des couleurs sonnaient peut-être immédiatement aux yeux des spectateurs parisiens de 1883 comme un marqueur d’outre-Manche. Ces légers décalages dans la mode sont difficiles à percevoir de nos jours. Mais il est certain que quelques touches sont là pour bien marquer l’insularité des Anglaises de Lakmé : des rubans écossais au deuxième acte pour Rose, et surtout la coupe des costumes de chasse des dames au troisième acte : typiques de l’Anglaise aux Indes, a priori plus sportive et plus soucieuse de confort que d’élégance. Ces costumes, « jupe très courte et veste de drap à grand col de velours, bottes en cuir jaune comme deux véritables sportswomen18 », ont été jugés impudiques par les jeunes chanteuses qui devaient les porter (fig. 2).
13L’effet de la mise en scène est en tout cas tout à fait réussi au deuxième acte (fig. 3), si l’on en croit Le Figaro :
« M. Thomas a tiré un parti merveilleux de l’idée des auteurs. Il nous a bien transportés aux Indes modernes et, grâce à lui, le lever de rideau du second acte, avec le va-et-vient des marchands indigènes, des promeneurs européens, des officiers en uniformes rouges, des fonctionnaires en costumes éclatants, des marins tout blancs, constitue le tableau le plus pittoresque et le plus varié qu’on puisse imaginer19. »
14Ainsi, même si les décors de Lakmé évoquent avant tout l’Inde, la présence anglaise est bien marquée dans la mise en scène, notamment en ce deuxième acte, où les figurants et les personnages secondaires, dont les costumes sont taillés pour évoquer l’Angleterre, sont au moins aussi nombreux que les Indiens. L’Angleterre est un élément constitutif du décor, une composante à part entière de l’exotisme de Lakmé. Les illustrations du numéro du journal Les Premières illustrées consacré à Lakmé reproduisent d’ailleurs uniquement des costumes de militaires anglais20.
Un exotisme ciblé
15Le caractère anglais des Européens de Lakmé est marqué diversement selon les personnages et les moments de l’opéra. Les moins caractéristiques, dans leur langage et leur costume, sont les deux héros masculins. En revanche, les femmes sont plus anglaises, et principalement la gouvernante. Il est intéressant de mettre en relation ce degré de caractérisation et la façon plus ou moins positive dont nous sont présentés les personnages. Il n’y a pas de véritable méchant dans Lakmé. Mais les personnages européens nous sont plus ou moins sympathiques. Ils partagent tous au départ une certaine arrogance et un mépris implicite pour les Indiens, bien marqués dans leur première apparition.
16Cependant Gérald et Frédéric sont plus sensibles au charme de la civilisation indienne. Dans sa première scène, Frédéric tente en vain de retenir ses compagnons, qui ne le prennent pas au sérieux. Gérald, lui, est d’abord très sûr de lui. « Les officiers de Sa Majesté la reine d’Angleterre se moquent des brahmanes21 », répondil à Frédéric qui le met en garde contre le danger qu’il y a à rester plus longtemps dans le jardin de Nilakantha. À la scène suivante, son revirement à la vue des bijoux de Lakmé, qu’il renonce finalement à dessiner en est d’autant plus spectaculaire22.
17Les femmes anglaises en revanche restent toujours dans la tonalité de leur première scène : Mistress Bentson est constamment ridicule, en Anglaise obtuse transplantée aux Indes, incapable de s’adapter, regrettant les brumes de Hyde Park et ridiculisée au deuxième acte où on lui vole sa montre23. Quant à Ellen, c’est elle qui brise la clôture de bambous et entre dans le jardin la première, c’est elle aussi qui demande à Gérald de dessiner les bijoux. Dans la mise en scène de la création, elle se met à y cueillir des fleurs comme si elle était chez elle24. Au cours de l’opéra, elle ne varie pas, audacieuse, sûre d’elle, volontiers ironique. Elle exprime certes quelques regrets au deuxième acte25, mais on la retrouve au troisième pareille à elle-même, et d’une superficialité presque insupportable, lorsqu’avec sa compagne elle fait irruption dans la forêt où se cache Gérald. Rose, plus en retrait, reste dans le sillage de sa cousine, uniquement intéressée par son flirt avec Frédéric. Mais les deux jeunes filles, au premier comme au dernier acte, apparaissent ensemble, et toujours pour rompre le charme. Dans la version initiale de l’opéra, Ellen avait au deuxième acte un solo où elle exprimait son inquiétude devant l’éloignement de Gérald26. Cet air n’a finalement pas été gardé, comme pour accentuer le côté superficiel des deux cousines et les mettre sur le même plan : Ellen et Rose sont quasiment indistinctes, l’une va avec Gérald, l’autre avec Frédéric, mais elles n’ont aucune profondeur psychologique et sont réduites à la fonction de perturbatrices jacasseuses27 (fig. 4).
18Ces Anglais sont les seuls Européens de Lakmé, nulle autre nationalité occidentale n’est présente qui pourrait servir de point de comparaison. Mais on peut remarquer que, de façon subtile, les Européens les moins sympathiques de l’opéra sont aussi les plus marqués du sceau de l’Angleterre. Les personnages plus neutres, comme Frédéric, mettent en évidence les défauts des personnages plus typiques, comme les trois femmes, et tiennent le rôle qu’un tiers étranger aurait pu jouer entre les Indiens et les Anglais. C’est une façon subtile et détournée d’induire dans l’esprit du spectateur une association entre comportements déplaisants et anglicité, une affirmation implicite de la différence française.
Pourquoi des Anglais dans Lakmé
19Étant donné ce contexte de la production de l’opéra, nous pouvons maintenant formuler quelques hypothèses sur les raisons et les significations de la présence des Anglais dans Lakmé.
20On n’a tout d’abord aucune information sur le moment exact où les librettistes ont décidé de changer la nationalité de leurs protagonistes. Que s’est-il passé au cours de ces neuf premiers mois de l’année 1881, y a-t-il eu un événement déclencheur ?
21Lakmé est conçue deux ans après l’arrivée au pouvoir des républicains, qui a marqué une reprise de l’expansion coloniale de la France. Cette politique est menée pour des raisons nationalistes et économiques, mais aussi avec la conviction d’apporter lumière et progrès aux populations indigènes, en dénonçant leurs croyances traditionnelles, ceci en fort lien avec la promotion de la laïcité28. Soutenue par Léon Gambetta29 et Jules Ferry30, cette politique n’est cependant le fait que d’un petit nombre. Les radicaux y sont opposés pour des raisons idéologiques, et ils partagent avec la droite la crainte que la colonisation détourne les forces vives de la France de la revanche contre l’Allemagne. Loin d’encourager cette expansion, l’opinion publique s’y montre d’abord indifférente, voire hostile.
22C’est dans ce contexte que le protectorat français sur la Tunisie est signé en mai 1881, suivi d’insurrections au mois de juin, qui jettent le doute dans l’esprit des parlementaires sur le bien-fondé de la politique coloniale.
23Sur ce terrain, les ambitions françaises se heurtent rapidement à celles de l’Angleterre. Si les Britanniques ne semblent pas avoir eu de vues sur la Tunisie, ils mènent depuis plusieurs années des actions discrètes visant à contrer l’influence française à Madagascar : en juin 1881, éclate une crise ouverte entre Français et Anglais implantés dans l’île, dont il est cependant difficile de mesurer le retentissement en métropole31.
24Est-ce parce que la trame des Babouches du brahmane est la plus proche de celle de l’opéra que les auteurs ont finalement décidé de situer leur action dans une possession anglaise de l’Inde ? C’est une explication possible, mais sans doute insuffisante, puisque ce choix n’a pas été fait dès le départ.
25Est-ce l’opportunité de scènes comiques qui les a conduits à angliciser leurs Européens ? Il est certain que le personnage de Mistress Bentson donne aux auteurs une nouvelle ressource comique qui permet d’accentuer le contraste constamment recherché avec la gravité de Lakmé. Le personnage de l’Anglais burlesque est d’ailleurs récurrent dans l’opéra-comique, on le retrouve dans Fra Diavolo et dans Carmen.
26La présence des Anglais autorise également un effet exotique supplémentaire, avec les costumes pittoresques des soldats en particulier, on l’a vu. La mise en œuvre dans le deuxième acte, tout en extérieur et animé de nombreuses scènes de foule, de ce double exotisme, à la fois anglais et indien, a pu séduire les auteurs ainsi que Léon Carvalho, à la fois directeur de l’Opéra-Comique et metteur en scène.
27Mais la mise en scène des Anglais va aussi de pair avec la décision de situer l’action à l’époque contemporaine, l’Inde contemporaine ne se concevant pas sans les Anglais. Les récits de Pavie, publiés en 1853, se déroulent en effet au XVIIIe siècle ou dans la première moitié du XIXe siècle. Ce pourrait être la lecture du Mariage de Loti qui a provoqué la décision de placer l’action à l’époque contemporaine. Le roman, rappelons-le, se déroule dans le Tahiti de 1875 et raconte avec désenchantement l’amour puis l’abandon de la petite Rarahu par un officier de marine anglais.
28Les auteurs ont pu être influencés plus généralement et plus subrepticement par le contexte politique en ces débuts de la Troisième République. La question se pose pour la République de définir qui sont les citoyens, cette notion de citoyenneté débouchant sur celle de nationalité32. Le thème de l’invasion parcourt la presse, le Français a besoin d’affirmer son identité bafouée, des stéréotypes d’étrangers se figent contre lesquels le Français peut se définir. Parmi ces stéréotypes, figure celui de l’Anglais.
29Cet Anglais, un peu par amalgame avec l’Américain, incarne la société industrielle, réveillant le fantasme d’une civilisation en marche que l’on ne peut arrêter, quels qu’en soient les effets pervers33. Les auteurs de Lakmé, nés dans les années 1830, ont bien connu le Second Empire, époque de bouleversement économique et d’essor industriel. Ils arrivent à un moment de leur vie où ce progrès peut-être les inquiète : leur nostalgie de la nature s’exprime dans Lakmé d’autant mieux qu’elle est opposée aux représentants typiques de la société industrielle que sont les Anglais. L’Inde immobile forme un contraste avec la moderne et « hystérique » Angleterre, cet antagonisme entre vitesse et permanence étant lisible dans la dramaturgie et dans la musique.
30Ainsi les scènes parlées, très réduites, sont réservées aux Anglais (sauf un cri de Lakmé et une intervention d’Hadji, le fidèle serviteur de Lakmé, mais traité en mélodrame). Le chant est partagé : aux Indiens, un chant lyrique et poétique ; aux Anglais, le style syllabique d’opéra-comique, des rythmes sautillants sur des paroles prosaïques :
« Un quintette en mi bémol, vivement mené entre les deux officiers et les trois Anglaises qu’ils accompagnent, nous ramène tout à coup aux réalités européennes […]. Sortir d’un rêve oriental, sensuel et mystique, par un refrain à la Boieldieu première manière […], n’est-ce pas revenir de plus loin que de Madras à Paris34 ? »
31L’effet de contraste entre les styles musicaux accentue l’altérité indienne. Gérald est le seul à traverser cette altérité, dans ses duos avec Lakmé. Il s’est en quelque sorte converti après son air des bijoux35 et vit dans un entre-deux, et plus rien, à partir de ce moment-là, ne nous rappelle qu’il est anglais.
32La mise en scène des Anglais permet de souligner ce qui les distingue des Français dans leur relation aux Indiens. Car s’il n’y a pas de Français dans Lakmé, l’identité française se profile en creux par ce qu’elle n’est pas : ni indienne, ni anglaise, elle est une hypothétique troisième voie originale.
33Tous ces facteurs se sont certainement combinés pour entraîner les librettistes à faire de leurs personnages des fils d’Albion. Le résultat en est un portrait en filigrane, finalement et peut-être inconsciemment assez peu flatteur. Comment les spectateurs l’ont-ils perçu ?
Réception critique
34Chez les soiristes, journalistes chargés de dépeindre le côté mondain et brillant de la soirée de première, les Anglais sont plutôt appréciés, car ils mettent de la vie, du pittoresque et de la couleur. C’est le côté décor exotique de l’Angleterre qui frappe le plus :
« L’apparition au milieu des chœurs indiens de Mlles Rémy, Molé et Pierron en éclatantes toilettes de chez la bonne faiseuse, avec des panaches étonnants et des ombrelles multicolores a beaucoup réjoui le public36. »
35Mais généralement, leur présence perturbe les critiques. L’effet de contraste délibéré entre Européens et Indiens est parfois mal passé. Ce qui dérange, c’est la cassure du rêve exotique, la rupture de ton, principalement au troisième acte, jugée trop brutale. Au point que le trio du troisième acte et la scène parlée qui suivait entre les deux femmes et Frédéric ont été supprimés après quelques représentations seulement37.
36Henry Fouquier reproche aux auteurs ces oppositions : on lui gâche son rêve orientaliste. « Quand j’ai visité des villes arabes, la rencontre d’un promeneur en paletot et en chapeau de haute forme me blessait l’œil, comme une note discordante fait souffrir l’oreille38. » Le livret de Lakmé est finalement trop réaliste aux yeux de certains, qui souhaiteraient « qu’on [leur] supprime tout ce fatras et qu’on fasse de Talazac un simple Indien, d’une tribu ennemie39 ».
37Les critiques attribuent souvent l’arrogance et la superficialité des personnages au fait qu’ils sont anglais. Le mécanisme d’association discret mis en place par les auteurs du livret (les femmes sont à la fois les plus antipathiques et les plus anglaises) fonctionne à merveille, éveillant une anglophobie latente qui s’exprime au moindre prétexte. Car même si les librettistes restent assez sobres dans leurs caractérisations des Anglais, les seules petites touches qu’ils prodiguent suffisent à orienter certaines critiques parmi les plus lues. L’Anglaise manque d’élégance et de formes : « Je ne me sens pas le courage d’approuver les accoutrements par trop anglais de Mlles Pierron, Rémy et Molé. On ne peut décemment pousser si loin le mauvais goût : trop anglais ! trop anglais40 !… » Mistress Bentson est « grande, droite, maigre, une vraie Anglaise41 ». Enfin, Louis Besson, journaliste assez en vue résume : les Anglais « sont bien les gens du monde les plus désagréables, au théâtre comme à la ville du reste42 ».
38Un petit nombre reproche à ces Anglais de ne pas ressembler suffisamment à l’idée qu’ils s’en font : superficiels et arrogants, ils le sont parce qu’ils sont Anglais, c’est une évidence implicite ; mais il leur manque d’autres traits de l’Anglais (froideur, suffisance, inélégance) qui permettraient de mieux les distinguer. Gérald s’enflamme trop vite, son costume d’officier, quoiqu’authentique, lui donne l’allure d’un conducteur de tramway, les demoiselles portent des robes bien parisiennes… Saint-Juirs, le critique du quotidien républicain La France, est explicite :
« Ma critique, une critique de détail, porterait plutôt sur le caractère beaucoup trop français des personnages. Ces officiers anglais sont des chasseurs d’Afrique ; et les filles du gouverneur, dans le jardin du brahmane, se conduisent comme des fleuristes parisiennes faisant l’école buissonnière à Montmorency43. »
39On touche ici à une des ambivalences de Lakmé : le style opéra-comique, alors revendiqué comme le style français par excellence, renvoie les auditeurs à leur propre pays, et certains d’entre eux sont gênés par le fait que ces Anglais sonnent parfois plus français qu’anglais. Peut-être auraient-ils préféré des Anglais plus typiques, pour éviter toute identification avec eux-mêmes de ces personnages plutôt antipathiques.
40L’Anglais devient ainsi le bouc émissaire du malaise des spectateurs devant la présentation sans fard de l’oppression coloniale. Cette anglophobie, bien que légère et inégalement partagée, est symptomatique d’un tournant dans les relations entre la France et l’Angleterre en ce début des années 1880 : après un Second Empire anglophile, des rivalités coloniales de plus en plus sérieuses commencent à opposer les deux pays.
41Entre le moment où l’opéra a été composé (la version non orchestrée est achevée le 5 juin 1882) et celui où il a été créé (14 avril 1883), se sont déroulées les affaires d’Égypte aboutissant finalement, par suite de la non-intervention du gouvernement français, à une opération militaire anglaise et l’établissement de fait d’un protectorat anglais44.
42Cette humiliation française explique peut-être le ressentiment de certaines plumes, d’autant qu’un certain nombre d’articles anglophobes sont parus dans la presse à l’été 188245. Quant à l’Inde à proprement parler, on constate justement que le nombre d’ouvrages publiés sur Dupleix et sur le mythe de l’Inde perdue par les Français connaît une nette progression à partir des années 1880 : la domination sur le sous-continent avait fait l’objet d’âpres luttes entre Français et Anglais au siècle précédent, se soldant par la marginalisation de l’influence française46. Au cours des années 1880-1890, la critique de l’attitude impérialiste des Anglais en Inde devient d’ailleurs un thème récurrent du courant anglophobe dans la presse française47.
43La rencontre entre civilisations mise en scène dans Lakmé est donc tout à fait en prise avec l’actualité de ce début des années 1880. Elle montre toutes les inquiétudes que la colonisation pouvait soulever. L’opéra donne à la fois le sentiment qu’elle est inéluctable mais qu’elle est en passe de faire disparaître à jamais un monde mythique et poétique48.
44C’est de cette façon que certains critiques semblent avoir lu l’opéra. Armand Gouzien, ami assez proche de Delibes écrivant dans Le Rappel, journal à tendances radicales, prend discrètement parti dans son résumé du livret : tout est raconté du point de vue indien, et le brahmane, sous sa plume, n’est plus fanatique, mais persécuté. À propos du régiment de Gérald, au troisième acte, il écrit : « Les troupes anglaises vont se mettre en route, il s’agit de ce que les conquérants appellent la pacification des tribus révoltées. » Puis il conclut : « L’étranger rejoindra son drapeau ; il retrouvera plus tard la blonde fiancée qui l’attend, en préparant avec calme le thé de la famille, entre deux versets de la Bible, et il la fera peut-être sourire, en lui contant l’histoire de la petite déesse amoureuse du temple hindou49. » Eugène Hubert du Gil Blas est plus radical : « Quelque chose comme un massacre des Anglais par les hindous vengeant Lakmé finirait mieux l’opéra50. »
45Faut-il voir dans Lakmé une critique sous-jacente de la colonisation, ou une sourde attaque de la colonisation à l’anglaise ? Les intentions conscientes des auteurs n’allaient sans doute pas aussi loin. Mais il est certain que ces Anglais ont été les boucs émissaires de la confuse mauvaise conscience de certains spectateurs de l’Opéra-Comique.
46En tout cas, ces personnages anglais ont semble-t-il posé problème aux Anglais eux-mêmes au moment de la création de Lakmé à Londres, le 6 juin 1885. Selon Le Ménestrel, a priori bien informé (c’était le journal de l’éditeur de la partition), « les trois rôles de dames anglaises ont été enlevés51 ». Les dames bien sûr. Le miroir tendu était-il trop cru ?
Notes de bas de page
1 Gondinet E. et Gille P., Lakmé, opéra en trois actes, Paris, Calmann Lévy, 1883, p. de distribution. Cette précision de temps ne figure pas dans la partition réduite pour chant et piano (Delibes L., Lakmé, opéra en trois actes, Paris, Heugel, 1883). Le manuscrit de censure du livret porte, quant à lui : « La scène se passe de nos jours dans une île des Indes (possession anglaise) » (Lakmé, opéra comique en trois actes, copie manuscrite, Archives nationales, F18 700).
2 [Mise en scène] de Lakmé rédigée par Mr Charles Ponchard [1883], relevé de mise en autographié, Bibliothèque historique de la ville de Paris, L 12 II, p. 16.
3 Delibes a commencé sa partition en juillet 1881. Le premier acte (version piano/chant) est achevé en septembre de la même année. C’est dans le chœur d’introduction du 2e acte, composé en octobre 1881, que l’on trouve pour la dernière fois une trace des Français (le nom d’Henriette est barré et remplacé par Rose). Jurenas J. B., An Examination of the Autograph Manuscripts of “Lakmé” by Léo Delibes, Ann Arbor, UMI, 1987.
4 Loti P., Le Mariage de Loti-Rarahu, Paris, Calmann Lévy, 1880. Le roman de Pierre Loti a d’abord paru dans la Nouvelle Revue en 4 livraisons en janvier et février 1880. C’est ce roman qui apporte la notoriété à l’écrivain-officier de marine. Aziyadé, son premier opus, paru en 1879, était passé inaperçu.
5 Cronin C. P. D. et Clier B. B., « Theodore Pavie’s Les Babouches du Brahmane and the story of Delibes’s Lakmé », Opera Quarterly, 12/4, 1996, p. 19-33.
6 Pavie T., Scènes et récits des pays d’outre-mer, Paris, Michel Lévy, 1853. Théodore Pavie (1896), fils et frère d’importants éditeurs angevins liés aux écrivains romantiques, a effectué de nombreux voyages extra-européens entre 1829 et 1840, en Amérique du Nord et du Sud, en Égypte, en Inde (1839) et à la Réunion, en rapportant des dessins et des récits qu’il publie notamment dans la Revue des Deux Mondes. Érudit orientaliste, il enseigne le sanscrit au Collège de France de 1853 à 1857.
7 Un strapontin de l’orchestre [Arnold Mortier], « La soirée théâtrale », Le Figaro, 15 avril 1883. Voir l’analyse des sources du livret dans Lacombe H., « Lakmé ou la fabrique de l’exotisme », L’Avant-scène opéra, no 183, mars-avril 1998, p. 68-73, et dans le chapitre consacré à Lakmé de la biographie de Léo Delibes par Pauline Girard, Bérengère de l’Épine et Marie-Laure Ragot, à paraître.
8 Publié initialement dans La Revue des Deux Mondes, 15 octobre 1849, p. 298-315.
9 Publié initialement dans La Revue des Deux Mondes, 15 juin 1851, p. 985-1018.
10 Publié initialement dans La Revue des Deux Mondes, 1er novembre 1852, p. 446-477.
11 Gondinet E. et Gille P., op. cit., acte I, scène 5, p.8.
12 Ibid., p. 17.
13 Ibid., p. 17.
14 Delibes L., op. cit., no 11, p. 164.
15 Ibid., no 19, p. 251-255.
16 Jurenas J. B., op. cit., p.42.
17 BnF, département de la musique, « La-delibes leo-20 », 16 octobre 1882.
18 « Voilà donc ces fameux habillements que les jeunes et chastes cantatrices refusaient porter, les trouvant attentatoires à leurs pudeurs » (Martel C., « La soirée parisienne », Le XIXe siècle, 16 avril 1883).
19 Un Strapontin de L’orchestre [Arnold Mortier], art. cit.
20 Les Premières illustrées, n°14 (2e année), 1883.
21 Gondinet E. et Gille P., op. cit., acte I, scène 5, p. 17.
22 « Eh bien ! non ! Je ne veux plus toucher à ces bijoux. Ce serait, pour moi, comme profanation » (ibid., acte I, scène 6, p. 20).
23 Acte II, scène 2.
24 [Mise en scène] deLakmé rédigée par Mr Charles Ponchard, op. cit., p. 7.
25 « J’aurais eu de vrais remords si ma curiosité avait causé le moindre chagrin à cette fille » (Gondinet E. et Gille P., op. cit., acte II, scène 4, p. 34).
26 « C’est un peu de jalousie, pourquoi le dissimuler. » Cet air d’Ellen portait le no 9 dans manuscrit autographe de la partition chant-piano, et aurait dû se placer juste avant ou après la scène 4 de l’acte II. Il n’a pas été orchestré. Voir Jurenas J. B., op. cit., p. 22 et 77.
27 On pourrait également voir dans le portrait peu flatteur de ces Anglaises si sûres d’elles et la culotte un relent d’anti-féminisme. L’Anglaise incarne à merveille la femme émancipée. Lakmé par contraste est la jeune fille rêvée, celle qu’on ne rencontre plus dans ce monde occidental trop civilisé.
28 La loi sur l’instruction primaire, gratuite, laïque et obligatoire, date de 1882.
29 Président du Conseil du 14 novembre 1881 au 30 janvier 1882. Il meurt brusquement 31 décembre 1882.
30 Président du Conseil du 23 septembre 1880 au 10 novembre 1881, puis du 21 février 1883 au 30 mars 1885, la chute de son gouvernement étant alors provoquée par sa politique au Tonkin.
31 Darcy J., France et Angleterre : cent années de rivalité coloniale : l’affaire de Madagascar, Paris, Librairie académique Perrin, 1908.
32 Sur ce point, voir les travaux de Laurent Dornel.
33 Sur ce thème, voir l’analyse de la réception des Hanlon-Lee par Martinez Ariane dans présent volume.
34 Vitu A., « Lakmé », Le Figaro, 15 avril 1883.
35 « Fantaisie aux divins mensonges », acte I, scène 6, no 4 de la partition chant-piano.
36 Martel C., art. cit.
37 Le relevé de mise en scène de la création tient compte de cette suppression : « La scène III et le trio qui suit n’existent plus à la scène », [Mise en scène] de Lakmé rédigée par Mr Charles Ponchard, op. cit., p. 40.
38 Fouquier H., « Causerie dramatique », Le XIXe siècle, 17 avril 1883.
39 Panserose [Louis Besson], « Paris la nuit », L’Événement, 16 avril 1883. Le critique de La Petite République française, regrette la présence des « petites Anglaises folâtres » (Pétrus, « Premières représentations », La Petite République française, 17 avril 1883).
40 Hubert E., « La soirée », Gil Blas, 16 avril 1883.
41 Un strapontin de l’orchestre [Arnold Mortier], art. cit.
42 Panserose [Louis Besson], art. cit.
43 Saint-Juirs [René Delorme], « Premières représentations », La France, 16 avril 1883.
44 Delibes a croisé personnellement cette histoire coloniale puisque, lors de son voyage à Constantinople à l’été 1882, « reçu avec la plus grande sympathie à l’ambassade de France à Constantinople, il lui a été donné de voir de près les coulisses de la fameuse conférence chargée de débrouiller les affaires d’Égypte » (Le Ménestrel, 10 septembre 1882, p. 323).
45 Guiffan J., Histoire de l’anglophobie en France de Jeanne d’Arc à la vache folle, Dinan, Terre de Brume, 2004, p. 127-128.
46 Malangin R., « Dupleix dans la presse parisienne de la fin du XIXe siècle. Une coloniale en Inde », Lettre du CIDIF (en ligne.), nos 16-17, juillet 1997.
47 Guiffan J., op. cit., p. 130-131. En 1885, Octave Mirbeau publie dans Le Gaulois sous le mystérieux nom de Nirvana une série de « Lettres de l’Inde ». Ces articles sont en réalité commandités par le diplomate François Deloncle qui, envoyé en mission en Inde par Jules Ferry en 1883, avait rédigé un certain nombre de rapports confidentiels dont Mirbeau s’inspire directement. Dans ces lettres de propagande déguisée, la colonisation anglaise dans le sous-continent, peinte sous des couleurs très négatives, est opposée à la politique française « civilisatrice », supposée plus respectueuse et plus humaine. Mirbeau O., Lettres de L’Inde, Michel P. (dir.), Caen, L’Échoppe, 1991.
48 1882 est aussi l’année où le capitaine de frégate Henri Rivière s’aventure de plus en au Tonkin, s’emparant de la citadelle de Hanoï le 25 avril 1882. Les nouvelles des événements du Tonkin jouxtent dans certains quotidiens le compte-rendu de Lakmé. Jules Ferry fait voter des crédits pour l’envoi de troupes au Tonkin le 10 mai 1883. En septembre 1883, mêlé aux événements du Tonkin en tant qu’officier de marine, Pierre Loti publie dans Le Figaro des articles très critiques à l’égard des actions militaires françaises dans la région, qui lui vaudront d’être rappelé en France (Le Figaro, 28 septembre, 13 et 17 octobre 1883).
49 Gouzien A., « Les Théâtres », Le Rappel, 15 avril 1883.
50 Hubert E, art. cit.
51 Johnson T., « Chronique de Londres », Le Ménestrel, 14 juin 1885, p. 221-222.
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