1 « C’était un être véritablement insociable », écrit Rodolphe Darzens (Préface du Reliquaire, Paris, Genonceaux, 1891, p. xxiv).
2 Jules Guillemot, « Eugène Scribe », La Revue Contemporaine, 31 janvier 1864, p. 232.
3 Jean-Claude Yon, Eugène Scribe, la fortune et la liberté, Saint-Genouph, A. G. Nizet, 2000, p. 166-175.
4 Edmond et Jules de Goncourt, Journal, éd. Robert Ricatte, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1989, t. I, p. 389 (année 1858). Je souligne.
5 Voir pour cette distinction éclairante, Nathalie Heinich, L’Élite artiste. Excellence et singularité en régime démocratique, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque des sciences humaines », 2005.
6 La récurrence du phénomène cénaculaire, dont le Cénacle de Hugo constitue un point d’orgue, est remarquable : de la Secte des Méditateurs (1798-1803) aux Mardis de Mallarmé (1878-1898), en passant par le cénacle de la Muse française, le premier salon de l’Arsenal, le Grenier de Delécluze, les Mercredis de Vigny, le Petit Cénacle, la société des Buveurs d’eau, le cénacle réaliste de Courbet, les Samedis de Leconte de Lisle, les Mardis de Mendès, les Vendredis du Guerbois, les Dimanches de Flaubert, les Jeudis de Zola et ceux de Daudet, le cénacle des Nabis, les Samedis de Heredia, ou encore les Dimanches de Goncourt – sans parler de formations plus hybrides comme le groupe du Doyenné, le salon de la rue Frochot, les dîners Magny, le « salon » de Nina de Villard, les réunions du Passage Choiseul, ou encore le premier cercle du Zutisme, la forme-cénacle connaît une fortune constante, d’autant plus remarquable qu’elle est circonscrite à une période bien délimitée : le XIXe siècle.
7 Jean-Marie Goulemot et Daniel Oster, Gens de lettres, écrivains et bohèmes, Paris, Minerve, 1992.
8 Voir dans ce volume l’article d’Évelyne Thouvenot : « Scribe, un camarade barbiste », p. 319-332.
9 Scribe, entouré de sacs emplis de pièces d’or ou de lingots, chevauche sa locomotive qui fonctionne à pleine vapeur. Il en sort, sous forme de fumée, des opéras-comiques, des opéras, des drames, des mélodrames, des ballets, des vaudevilles, des comédies. Derrière, dans une modeste remorque, les collaborateurs, Mélesville, Bayard, alimentent la machine.
10 C’est-à-dire, au sens où l’entend Max Weber (Économie et société), un groupe d’adeptes peu dotés en légitimité, qui ne peuvent donc prétendre à prophétiser avec le leader, mais qui lui offrent, selon les cas, argent, services ou logement, et se montrent souvent plus combatifs que les anciens pour défendre la cause.
11 Henri de Latouche, « De la camaraderie littéraire », Revue de Paris, 11 octobre 1829 (repris dans Anthony Glinoer, La Querelle de la camaraderie littéraire. Les romantiques face à leurs contemporains, Genève, Droz, 2008, p. 53-61).
12 En son temps, Latouche avait déjà fustigé « l’encamaradement des arts » en lançant quelques flèches empoisonnées à David d’Angers et Louis Boulanger, les deux promoteurs de l’image du cénacle, le premier avec ses médaillons, le second avec ses lithographies.
13 Eugène Scribe, La Camaraderie ou la Courte-Échelle (cité par A. Glinoer, op. cit., p. 201-207).
14 « L’illusio, c’est le fait d’être pris au jeu, d’être pris par le jeu, de croire que le jeu en vaut la chandelle, ou, pour dire les choses simplement, que ça vaut la peine de jouer » (Pierre Bourdieu, Raisons pratiques, Paris, Le Seuil, coll. « Points », 1996, p. 153).
15 Métaphores extraites de l’article fondateur de Sainte-Beuve : « Des soirées littéraires ou Les Poètes entre eux », dans Paris ou Le Livre des Cent-et-un, Paris, Ladvocat, t. II, 1832 (repris dans Portraits littéraires, éd. Gérald Antoine, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1993, p. 294-301).
16 Le mot est couramment employé à la fin du XIXe siècle pour désigner le cénacle, notamment par Camille Mauclair dans Le Soleil des morts (1898).
17 Philibert Audebrand, Léon Gozlan : scènes de la vie littéraire (1828-1865), Paris, Librairie illustrée, 1887 p. 48.
18 Gérard de Nerval, L’Artiste, 31 mars 1844 (à propos de La Sirène à l’Opéra-Comique), repris dans Œuvres complètes de Nerval, éd. Jean Guillaume et Claude Pichois, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », t. I, 1989, p. 785.
19 Sur ce concept inspiré de Weber, voir l’article de David Vrydaghs, « Des cafés aux dancings. La conduite de vie surréaliste en matière éthylique et ses réfractions esthétiques », Revue Contexte [en ligne], septembre 2009.
20 Auguste Jal, « Les soirées d’artistes », dans Paris, ou le Livre des Cent-et-Un, op. cit. (repris dans Léon Techener, Souvenirs d’un homme de lettres [1795-1873], 1877, p. 521). Je souligne.
21 Pour Vigny, la poésie ne s’adresse qu’à « quelques élus, élus entre mille milliers de mille » (Journal d’un poète [décembre 1830], dans Œuvres complètes, éd. Fernand Baldensperger, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade, t. II, 1948, p. 931).
22 Frédéric Soulié, « La camaraderie et l’association », La Presse, 21 octobre 1836 (cité par A. Glinoer, op. cit., p. 209).
23 Stendhal, Racine et Shakespeare n° II, ou Réponse au Manifeste contre le romantisme (1825), « Lettre VI », éd. Roger Fayolle, Paris, Garnier-Flammarion, 1970, p. 130.
24 Cité par Jean-Claude Yon, Eugène Scribe, op. cit., p. 74.
25 Lettre de Scribe au Drapeau blanc sur Le Charlatanisme « et sur l’espèce de scandale qu’il a produit dans les journaux », 19 mai 1925 (cité par J.-C. Yon, ibid., p. 325).
26 Pierre Bourdieu, Les Règles de l’art [1992], Paris, Le Seuil, coll. « Point/Essais », 1998, p. 134.
27 Balzac, Illusions perdues, éd. P.-G. Castex, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », t. V, p. 349.
28 Sylvestre de Sacy, Recueil des Rapports sur les progrès des lettres et des sciences en France, Imprimerie impériale, 1868, p. 7. Je souligne.
29 Ibid., p. 26.
30 Stéphane Mallarmé, « Hérésies artistiques. L’Art pour tous », L’Artiste, 15 septembre 1862, repris dans Œuvres complètes, éd. Bertrand Marchal, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 2003, t. II, p. 360-363.
31 Journal d’un Poète (4 février 1842).