Dire et ne pas dire : la dramaturgie du traumatisme dans Sept Enfants juifs, de Caryl Churchill
p. 159-173
Résumés
Écrite début 2009 en réaction immédiate à la violence des combats qui s’étaient déroulés en janvier dans la bande de Gaza, Sept Enfant juifs a été montée au Royal Court en février 2009 et présentée comme l’histoire d’Israël en dix minutes. Elle a immédiatement été taxée d’anti-sémitisme, en dépit du fait que ses deux premières scènes traitent des persécutions subies par le peuple juif en Europe et de l’Holocauste. C’est ce paradoxe que la présente étude souhaite interroger, en analysant l’inscription du traumatisme dans une dramaturgie de la voix et du silence, où la figure spectrale de la petite fille renvoie autant à l’univers de la pièce qu’à la figure archétypale d’Anne Frank afin de mettre en lumière les traumatismes de la répétition.
Presented as the history of Israel in ten minutes, Churchill’s 2009 short play raised a controversy centred on accusations of anti-Semitism, despite the fact that its first two scenes deal with anti-Semitic persecutions perpetrated in Europe, as well as with the trauma of the Holocaust. The purpose of this paper is to address this paradox by analysing how the play inscribes trauma in a dramaturgy based on silence and voices, with the central figure of a ghostly Jewish child—both omnipresent in the text and perpetually absent from the stage—who is reminiscent of the central figure of Holocaust narratives, Anne Frank, a feature which turns the play into a traumatic repetition of past sufferings.
Extrait
1Dans l’œuvre engagée et novatrice de Caryl Churchill, qui s’est attachée à mettre en question la forme théâtrale et à la renouveler afin de faire entendre la voix des opprimés, et en particulier des femmes, Sept Enfants juifs1 occupe une place particulière, en raison des circonstances de sa composition ainsi que des conditions de sa représentation, en raison aussi de l’énorme polémique qu’elle a suscitée. Écrite en réaction aux événements qui se sont déroulés dans la bande de Gaza en janvier 2009, la pièce sort des cadres conventionnels, tant par sa forme que par son statut. Comptant un peu plus de mille trois cents mots dans sa version originale anglaise, sa représentation dure une dizaine de minutes. Lorsqu’elle a été produite pour la première fois au Royal Court en février 2009, les billets étaient gratuits, et une quête en faveur d’une organisation non gouvernementale (Medical Aid for Palestinians) d’aide médicale à la Palestine était faite à la sortie. Churchill a cédé t
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