1 Nous avons décidé de privilégier l’expression « historiographie du cinématographe » pour désigner l’ensemble des discours historiques portant sur les vues animées avant, grosso modo, 1915, puisque comme le remarque pertinemment André Gaudreault : « Dans les années 1900, le mot “cinématographe” est en effet assez généralement utilisé, sans référer directement ni aux frères Lumière ni à leur appareil, pour désigner l’ensemble des activités destinées à la fabrication et à l’exploitation des vues animées » (André Gaudreault, « Les vues cinématographiques selon Georges Méliès, ou : comment Mitry et Sadoul avaient peut-être raison d’avoir tort (même si c’est surtout Deslandes qu’il faut lire et relire) », in Jacques Malthête et Michel Marie [dir.], Georges Méliès, l’illusionniste fin de siècle ?, Paris, Colloque de Cerisy/Presses de la Sorbonne Nouvelle, 1997, p. 115). L’expression « historiographie du cinématographe » a ainsi l’avantage de contextualiser, dans sa formulation même, la réalité que nous tentons d’appréhender.
2 Pour plus de détails sur le paradigme de la cinématographie-attraction, voir A. Gaudreault, Cinéma et attraction. Pour une nouvelle histoire du cinématographe, Paris, CNRS Éditions, 2008.
3 Charles Le Fraper, Les projections animées. Manuel pratique à l’usage des directeurs de cinéma, des opérateurs et de toutes les personnes qui s’intéressent à la cinématographie, Paris, Édition du Courrier cinématographique, 1914, p. 3. C’est nous qui soulignons.
4 Simon Popple, « “Cinema Wasn’t Invented, It Growed”: Technological Film Historiography Before 1913 », in John Fullerton (dir.), Celebrating 1895: The Centenary of Cinema, Londres, J. Libbey, 1998, p. 19. Notre traduction : « Cet essai examine les diverses sources de l’historiographie technologique du cinéma en Angleterre avant 1913. »
5 Frank Kessler et Sabine Lenk, « L’écriture de l’histoire au présent. Débuts de l’historiographie du cinéma », Cinémas, vol. 21, no 2-3, printemps 2011, p. 28.
6 Émile Kress, Conférences sur la cinématographie, Paris, Comptoir d’édition de « Cinéma-Revue », 1912, p. 14.
7 Victorin Jasset, « Étude sur la mise en scène en cinématographie », Ciné-Journal, no 166, 28 octobre 1911, p. 33.
8 Ibid.
9 Ibid.
10 Clément Maurice, « Le cinéma sur les boulevards. Notre enquête », Ciné-Journal, no 297, 2 mai 1914, p. 22.
11 Jacques Malthête nous a confirmé lors du colloque « Méliès, carrefour des attractions » qu’il n’y aurait que deux occurrences de gros plans dans l’œuvre de Méliès (deux occurrences qui seraient d’ailleurs assez tardives).
12 John B. Rathbun, Motion Picture Making and Exhibiting, Chicago, Charles C. Thompson Company, 1914, p. 76-77. Notre traduction : « Les images animées sont particulièrement bien adaptées pour créer des illusions. Les contes de fées dans lesquels les personnages apparaissent et disparaissent comme par magie se prêtent particulièrement bien au procédé photographique, et presque n’importe quel cauchemar, peu importe s’il est grotesque ou bizarre, peut être reproduit par une habile manipulation de la caméra. Le fabricant de vues français, Méliès, qui fut jadis un prestidigitateur, a été parmi les premiers à profiter de cette propriété de la caméra et à faire des films à trucs. Ses premières productions étaient des répétitions des trucs qu’il exécutait sur scène. »
13 C’est nous qui soulignons. Notre traduction : « Ses premières productions étaient des répétitions des trucs qu’il exécutait sur scène. »
14 Ibid., p. 77-78. Notre traduction : « Au fur et à mesure que l’art de la “motography” s’est développé, les vues à trucs sont devenues de plus en plus difficiles à produire, puisque le répertoire de sujets à traiter devenait limité et les spectateurs étaient plus raffinés et critiques. Ceci, bien sûr, a abouti à une augmentation considérable des coûts de production, de sorte que les vues à trucs sont maintenant rarement fabriquées, à moins qu’une idée complètement et radicalement nouvelle soit reçue par un producteur. »
15 F. Kessler et S. Lenk, op. cit., p. 40-41.
16 Roland Cosandey, « Georges Méliès as L’Inescamotable Escamoteur. A Study in Recognition », in Paolo Cherchi Usai (dir.), Lo schermo incantato. Georges Méliès (1861-1938)/A Trip to the Movies. Georges Méliès, Filmmaker and Magician (1861-1938), Pordenone/Rochester, Edizioni Biblioteca dell’Immagine/Le Giornate del Cinema Muto/International Museum of Photography at George Eastman House, 1991, p. 67. Notre traduction : « Certaines traces nous portent à croire que Méliès n’était pas un observateur distant de sa monumentalisation. Au contraire, il semble qu’il ait joué un rôle actif dans ce processus. »
17 F. Kessler et S. Lenk, op. cit., p. 41.
18 A. Gaudreault, Cinéma et attraction. Pour une nouvelle histoire du cinématographe, op. cit., p. 201-202. Souligné dans le texte. À l’instar de Frank Kessler et Sabine Lenk, nous citons Méliès d’après l’édition critique établie par Jacques Malthête dans A. Gaudreault, Cinéma et attraction. Pour une nouvelle histoire du cinématographe, op. cit., p. 195-222.
19 Malgré tout, il n’est évidemment pas interdit de poser l’hypothèse selon laquelle le terme « truquage » est entré dans l’espace public par d’autres voies que celle du texte de Méliès.